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 Quand un expat' en rencontre un autre.

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PROFIL & INFORMATIONS









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Quand un expat' en rencontre un autre. #Ven 4 Fév - 23:28


Lukas commençait à avoir l’habitude de faire la navette entre Ealdwic, le Ministère et le Domaine Rocstone. Et il abhorrait ça plus que tout ! Le sorcier nourrissait une haine grandissante pour l’Angleterre, lui qui avait dû, bon gré mal gré, fuir Vienne il y a deux mois. Et si ce n’était pas pour l’hospitalité chaleureuse des Rocstone, il y a bien longtemps qu’il aurait quitté le pays. Mais pour aller où ? Il y avait donc une certaine résignation dans le pas du Chercheur de Sorts alors qu’il déambulait dans les couloirs de l’aile sud de l’université. Balto, le berger de Beauce, sur ses talons, ils prenaient tous les deux la direction de la Chambre des Sortilèges.
D’ordinaire les couloirs auraient été bondés et bruyants, les sortilèges auraient fusé de tous les côtés et les enchantements divers et variés auraient agrémenté ce capharnaüm. Mais l’été était là. Il y avait très peu de monde à l’université ; plus de cours, les seules personnes présentes étaient d'assidus chercheurs silencieux.
- Que vient-on faire là, maître ? demanda Balto discrètement.
- Un rendez-vous, répondit Lukas. Pour le ministère.
- Nous ne sommes pas au ministère, aboya le chien avec l’alacrité d’un GPS.
- Tu es perspicace mon cher Balto, se moqua le sorcier en souriant. A vrai dire, je n’ai aucune idée de pourquoi le ministère a tenu à ce que ce rendez-vous se tienne en dehors des murs du ministère, précisément.
Lukas ouvrit la grande porte de chêne de son bureau, qui se trouvait au bout d’un couloir sans fenêtre et sur laquelle était accrochée une plaque lisant :
LUKAS K. USTAZ
♦ Magister en Sortilèges et Enchantements à l'Université d'Ealdwic
♦ Chercheur de Sorts au Ministère de la Magie Britannique
♦ Liseur au Collège des Magiciens de Vienne

___

Spécialité : La Magie et ses Failles.
Cours enseigné : De l’inefficacité du Fidelitas au fatalisme de l’Avada Kedavra.

___

❖ FRAPPEZ ET ELLE VOUS FRAPPERA ❖
Aussitôt rentré, Balto alla se vautrer dans son panier et ne quitta plus la porte des yeux.
Le bureau de Lukas était pour le moins incongru. Impossible d’en dire la taille à première vue. Il était haut de plafond et très sombre. Tout comme dans le couloir, ici non plus il n’y avait pas de fenêtre bien que l’on pût apercevoir des rideaux bleuâtres sur certains pans de murs. Face à la porte de chêne était déroulé un tapis, dans les tons bleu nuit lui aussi, qui menait à un large bureau de chêne finement sculpté. Le tout était éclairé de torches qui répandaient une lumière azure, laissant néanmoins certains recoins dans un noir presque total. Malgré l’étrangeté de l’endroit, il en émanait une certaine chaleur accommodante qui découlait de cette ambiance mystique propre aux lieux d’enchantement. L’incongruité principale de l’endroit résidait dans la quantité incommensurable de livres qui s’y trouvaient et dans leur agencement. De larges piles d’ouvrages montaient du sol jusqu’au plafond, semblant faire office de piliers à la voute de pierre. Mis à part un périmètre d’une dizaine de mètres autour du bureau, il semblait qu’aucun endroit ne soit épargné par les livres. Des petits chemins serpentant entre les piles menaient dans les entrailles du bureau sans que l’on puisse dire jusqu’où ils allaient. Le bureau du Chercheur de Sorts transpirait la magie.
Lukas n’avait pas pris la peine d’aller s’asseoir à son bureau. Il resta debout, les mains derrière son dos, le regard perdu dans le vide ; il portait un jean et une chemise bleue. On ne lui avait donné aucune indication sur la personne qu’il attendait. Il savait juste qu’il devait lui faire une mise à niveau. Ce qui l’ennuyait au plus au point, n'importe qui aurait pu le sentir.
Il était 17H lorsque Balto grogna. Un grognement furtif, d’une seconde à peine. Il y avait quelqu’un derrière la porte.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Quand un expat' en rencontre un autre. #Sam 5 Fév - 1:36


Et quelqu’un entra sans frapper…

L’ombre qu’elle projeta sur le tapis bleu était longue et noire. Pocahontas en personne mais vêtue d’une veste d’aviateur datant du début du siècle dernier avec des converses avachis aux pieds. Non, pas tout à fait Pocahontas, mais certainement une race autochtone. Une métisse. Sa figure caramel inexpressive affichait l’ennui absolu. Une figure saisissante dont l’exotisme n’était pas tant liée à ses traits ou leurs couleurs mais plutôt à leur mobilité.

Samuelle avait entrebâillé la porte de chêne pour jeter un coup d’œil à l’intérieur de la pièce. Pas par défi : C’est l’affiche qui l’avait rendu perplexe. Frapper et elle vous frappera? Ayant aperçu le professeur, elle l’ouvrit plus largement et se glissa dans la pièce… Pour se figer immédiatement à la vue du Beauceron. « ARGL! » s’étrangla-t-elle avant d’ajouter d’une voix blanche : « C’est votre chien? » Face au danger immédiat, elle fit rapidement des yeux le tour de la pièce… En commençant par le plafond…

Elle avait à la main un morceau de parchemin sur lequel, même à cette distance qui les séparait, il pouvait reconnaitre les sceaux, marques et entêtes du Ministère de la magie. Une recommandation de Rocstone Père du Bureau de la Coopération Magique Internationale. Il se rappela l’avoir croisé, une tasse de porcelaine vide à la main, se baladant dans le couloir menant au bureau d’Harkaitz…

Tout en surveillant l’animal des yeux, toujours prête à se ruer hors de la pièce, elle agita le parchemin dans la direction du sorcier. Qu’est-ce qu’un animal de cette taille foutait dans un panier? Bon sang, ce n’est pas un chien d’intérieur! « On m’envoi apprendre les rudiments de la magie : baguette, sortilège et enchantement… » Elle dégluti péniblement, la gorge sèche. « Excusez-moi, je suis terrifiée par les chiens depuis qu’un grand danois a essayé de mon bouffer quand j’étais petite… »









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Quand un expat' en rencontre un autre. #Sam 5 Fév - 3:27


Balto releva la tête et arbora un port altier. Lorsque la porte s’ouvrit et qu’une tête passa par l’entrebâillement, le Beauceron esquissa un mouvement de relève rapidement avorté par un simple et subreptice geste de la main de son maître. Finalement le chien resta couché et posa sa tête sur ses pattes avant avec une certaine nonchalance. Néanmoins ses yeux ne quittèrent pas l’individu qui venait de faire irruption sur son territoire.
Lukas plissa légèrement des yeux pour entrevoir la métisse qui se trouvait encore dans l’ombre de la grande porte de chêne. Bien qu’à cet instant, seule sa silhouette ne se définît, la femme aux cheveux d’ébène semblait avoir une dégaine pour le moins particulière.
- ARGL ! émit-elle. C’est votre chien ?
Lukas arqua un sourcil. « Non, mon bureau fait aussi office de chenil et les chiens errants ont l’habitude d’y faire un tour » eut-il envie de répondre. Mais Lukas savait se tenir. Il avait été élevé dans les hautes sphères de la société viennoise même si ses racines étaient implantées des les caniveaux des faubourgs de cette même ville. Cette dualité se retrouvait souvent chez le sorcier. Il n’observait généralement les règles qu’à demi-mesure. Même son physique semblait en contradiction avec son statut. A la lecture de la plaque clouée à la porte de son bureau, on eût pu s’attendre à un certain type de sorcier. Lukas, lui, ressemblait plus à un aventurier qu’à un professeur. Il avait les cheveux longs et bruns, il faisait plus jeune que son âge et des cicatrices parsemaient son visage sans jamais le destituer de son charme certain. Lukas était un professeur populaire.
Le Chercheur de Sorts sentit bien l’apeurement de la métisse vis-à-vis de Balto ; mais il ne fit rien pendant un moment. Lorsque cette dernière se rapprocha, tout en gardant ses distances, Lukas distingua le parchemin qu’elle tenait dans les mains et qu’elle ne tarda pas à tendre dans sa direction. Le sorcier concéda deux pas en avant et récupéra le papier.
Ce ne fut qu’alors qu’il remarqua les yeux jaunes de la métisse. Il fit immédiatement un pas en arrière. Balto remua. Il la jaugea de son regard céruléen pendant un moment puis retourna près de son bureau en décachetant la recommandation.
- On m’envoie apprendre les rudiments de la magie : baguette, sortilège et enchantement…
Lukas eut l’impression que les chutes du Niagara lui tombèrent sur les épaules. Les rudiments de la magie ? Le Ministère se foutait royalement de lui. Il s’était retourné rapidement vers la métisse comme pour s’assurer qu’elle ne rigolait pas. Gardant toujours le silence, Lukas se plongea dans la lecture du parchemin.
- Excusez-moi, je suis terrifiée par les chiens depuis qu’un grand danois a essayé de me bouffer quand j’étais petite… dit-elle après avoir dégluti difficilement.
- Vous n’avez rien à craindre de Balto, mademoiselle… Daee. dit-il en dénichant son nom dans la lettre de recommandation puisqu’elle ne s’était toujours pas présentée.
Balto releva la tête vers son maître, comme s’il venait d’être appelé, à ceci près que ce ne fut absolument pas le cas. Puis il glapit légèrement avant de se lever d’un air résigné et s’en alla s’enfoncer dans le dédale de livres, les oreilles baissées, la queue entre les jambes. Au détour d’une pile d'ouvrages, Samuelle aurait pu jurer qu’il lui avait tiré la langue avant de disparaître complètement.
Lukas posa le parchemin sur son bureau et se retourna vers la métisse.
- Melle Daee, qu’entendez-vous ex-ac-te-ment par rudiments ? demanda le Chercheur de Sorts, à la fois intrigué et las. Selon la lettre que vous m’avez remise, il semblerait que vous n’ayez aucune formation académique en matière de magie. Ce qui en soit n’est pas forcément singulier. Je doute que vous soyez Cracmol néanmoins, et vu votre âge il semble peu probable que vous n’ayez jamais ‘appris’ la magie d’une quelconque manière que ce soit. Sinon elle vous aurait déjà consumé. En outre vous êtes en poste au Ministère. Alors j’aurai trois questions : premièrement, quelles sont vos réelles compétences ? deuxièmement, disposez-vous d’une baguette ? et enfin, qu’elles sont les attentes du Ministère - et les vôtres - eu égard à ses cours ?
Lukas récupéra sa propre baguette sur son bureau.
- Vous répondez à ses questions en me suivant, s’il-vous-plait ? dit-il en se dirigeant entre deux piles de livres qui montaient jusqu’au plafond. Au fait, je m’appelle Lukas.
Le sorcier continua d’évoluer au milieu des ouvrages empilés qui étaient comparables à des termitières géantes. Un vrai labyrinthe ! Au détour d’une pile et après cinq bonnes minutes de marche en zigzag, ils arrivèrent dans un endroit dénué de livres. Une ‘clairière’ perdue au milieu de cette jungle de papier.
Il fallait descendre quelques marches pour se retrouver dans un espace qui ressemblait à une arène rectangulaire, ou une piscine vide c’était selon. A chaque bout il y avait des coussins et des gros poufs. Lukas s’assit sur l’un d’entre eux.
- Bien, soupira-t-il. Montrez-moi ce que vous savez faire. Faites de la ‘magie’. Allez ! Faites ce que vous pouvez., finit-il en pointant du doigt le centre de l’arène avant de s’installer confortablement au fond du pouf comme quelqu’un s’apprêtant à comater devant une série B.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Quand un expat' en rencontre un autre. #Sam 5 Fév - 4:57


Des yeux jaunes… Jaune jaune jaune… Vif, Doré et brillant. Toujours en mouvement, tremblotant dans son orbite comme une pièce d’or sur du vif-argent. Des yeux qui n’avaient rien de commun même chez les sorciers.

Samuelle suivit le ‘professeur’ en marchant à reculons jusqu’à ce qu’un dédale ne lui voile définitivement l’ouverture par laquelle l’animal avait disparu. Elle rattrapa ensuite l’homme, lui marchant presque sur les talons et se retournant nerveusement à plusieurs reprises. Elle marmonnait en français toute sa désaprobation…

« Eh bien loucasss, » Il pouvait être presque sûr qu’elle faisait un effort pour massacrer la prononciation de son nom. « Je ne suis pas une cracmol… » C’était rassurant… Et peut-être pas : elle marchait derrière lui et après tout, il ne la connaissait pas. « Je ne suis pas allée à l’école parce que les écoles n’existent pas là d’où je viens et que de toute manière la magie que je pratique ne s’étudie dans les livres… » Il n’avait pas besoin d’en savoir d’avantage sur sa magie. La raison de leur réunion était sa magie à lui, pas la sienne.

Samuelle resta plantée au centre de la ‘piscine’, face à lui. Elle ne payant pas de mine… Seul ses yeux avaient quelque chose de surnaturel. Elle tenait sa baguette à l’envers. Elle le faisait exprès… Parce qu’en se faisant passer pour plus cruche qu’elle ne l’était, la métisse espérait être officiellement déclarée inapte. On exige peu de ceux dont on attend peu. Elle s’éclaircit la voix et agita la baguette… « ALAKAZAM!?! » Il ne se passa rien. Elle ricana… « Mais non, je blague… » Tout à coup, Lukas eut la désagréable impression que c’était lui qui était en examen. « Enfin… Non mais oui en fait… On m’a donné cette baguette ce matin au ministère… Je n’en connais ni le maniement ni l’utilité… » Elle mentait… Mais elle mentait tellement bien! « Je crois que les attentes du ministère sont que je m’initie à votre magie civilisée… Et les miennes sont de satisfaire à leurs exigences avec le minimum d’effort? »

Subitement la métisse franchit l’espace qui les séparait et se penchant au-dessus de Lukas, lui sourit en lui tendant la main. « Je m’appelle Sam! » Un sourire tout rose… « Qui vous a fait ça? » demanda-t-elle sans la moindre délicatesse en désignant ses cicatrices de la baguette… Une baguette qu'elle tenait par le bon bout cette fois. « Ou peut-être comment vous êtes-vous fait ça? » spécifia-t-elle avec une pointe d’insolence.

C'était subtil. Oui bon, il y a un éléphant dans la pièce, mais on ne voyait plus que lui. Ce n'était pas là le genre de propos qui s'échangeait normalement entre un homme et une femme dans un grand bal de Vienne et pourtant ça ressemblait furieusement à une invitation à danser...









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Quand un expat' en rencontre un autre. #Sam 5 Fév - 13:33


Lukas n’avait pas eu besoin de faire usage de la légilimencie - art dans lequel il était maître et occasionnellement professeur - pour savoir que Samuelle manquait cruellement de franchise à son égard. Une chose était sûre : la métisse ne pouvait se permettre de montrer une once de fébrilité au cours de cette leçon, sans quoi le sorcier pénètrerait son esprit comme un éléphant - lui aussi, à sa manière - dans un magasin de porcelaine résolu à emporter avec lui autant de services à thé qu’il le pourrait.
Le regard du Chercheur de Sorts n’était pas aussi luisant que celui de Samuelle, néanmoins l’azur était dangereux. Bon nombre de personnes s’étaient perdus dans la déferlante des yeux de Lukas ; une vague scélérate qui s’était mise à tourbillonner comme le tambour d’une machine à laver lorsque Samuelle parla sobrement de la magie qu’elle pratique et qui ne s’étudiait pas dans les livres. Lukas était un théoricien de la magie. Bien qu’il n’eût pour intime et unique but depuis des années que celui de mener à terme la composition d’un enchantement très particulier, il n’en restait pas moins intéressé par tous les secrets de la magie ; des magies. Bien décidé à en savoir plus et alerte du fait que Samuelle ne semblait pas, elle, décidée à en dire d’avantage, il la scrutait avec d’autant plus d’attention. Elle n’avait pas le regard vide d’un démoniste. Pendant un moment, il se demanda si elle n’était pas carrément un démon. Métaphoriquement parlant ? Il commençait à le croire…
La grande majorité des sorciers auraient pouffé de rire lorsque Samuelle s’était écriée « ALAKAZAM !?! », sa baguette pointé dans le mauvais sens. Lukas, pédagogue, n’avait pas esquissé un mouvement ni même un sourire. Ses sourcils se froncèrent après coup face aux explications de la métisse. Il avait déjà rencontré des élèves récalcitrants à l’idée de travailler. Mais jamais une telle perfidie n’avait semblé émaner d’un de ses étudiants avec une telle force ; c’était comme si une aura fourbe enveloppait la sournoise Samuelle.
La métisse se retrouva penchée au-dessus de lui en une fraction de seconde. Lukas se raidit dans son pouf. Elle se présenta - enfin- et tendit une main au Chercheur de Sorts que celui-ci serra sobrement. Elle n’avait pas les mains d‘un alchimiste ; l’alchimie était donc aussi à exclure. Puis elle pointa sa baguette, cette fois dans le bon sens, sur ses cicatrices, l’interrogeant à ce propos. La déferlante azure s’intensifia. Du bout de l’index, il déplaça la baguette de Samuelle sur le côté et se redressa légèrement. Ils étaient tellement proches l’un de l’autre que de l’électricité semblait parcourir l’espace entre l’Or et l’Azur.
- Certaines expériences tournent mal parfois, surtout lorsque les cobayes se rebellent… murmura Lukas sur un ton neutre.
Le sorcier se glissa hors de l’emprise de Samuelle et se retrouva debout à ses côtés.
- Hé bien Sam, reprit-il. Nous allons commencer. Déchaussons-nous si vous le voulez bien.
Mais d’un mouvement du poignet qui tenait sa baguette, Lukas se chargea de faire disparaître les chaussures. Les deux paires réapparurent quelques mètres plus loin, dans un coin de l’arène.
Sans un mot Lukas se rapprocha de Samuelle et releva son pantalon afin de dévoiler sa cheville gauche. Pas de rond pourpre sur le talon. Elle n’était donc pas une Chevaucheuse et la magie draconienne pouvait être exclue également. Lukas afficha un fin sourire et regarda Samuelle.
- J’vérifiais que vous avez bien le pied sûr, mentit le Chercheur de Sort.
Il s’éloigna de Samuelle. Ses pieds nus glissaient sur le parquet luisant qui tapissait le fond de l’arène, craquant par endroit.
- Très bien, reprit-il sur un ton pédagogue. Qu’il est fâcheux que cette baguette ne soit pas la votre. Si elle vous a été donnée, elle ne vous a donc pas choisi. Bref ! Si, au cours de cette leçon, vous sentez que votre bras se désarticule, faites moi signe avant qu’il ne tombe !
Il comptait bien la mener, cette danse.
Soudain, sans qu’une formule ne soit prononcée, sans qu’un mouvement ne crie garde, un sort rouge flamboyant plongea à seulement quelques mètres des pieds de Samuelle, noircissant le parquet. Un deuxième le suivait de près et fonçait, lui, droit sur la métisse.
Lukas venait de mettre un coup de pied dans la fourmilière, bien décidé à en trouver le reine.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Quand un expat' en rencontre un autre. #Sam 5 Fév - 17:01


Tous ceux qui avaient côtoyé Samuelle, à un moment ou un autre, savait qu’elle ne disait pas souvent la vérité. Le problème n’était pas là. Le problème était de savoir quand elle la disait… La légilimencie pouvait être d’un certain recours mais un recours limité. Samuelle serait bientôt une langue de plomb qui ne pratiquait pas l’occlumencie, discipline inutile dans le chaos de son esprit. Lukas pouvait bien pénétrer son esprit, il aurait du mal à trouver le service à thé dans ce magasin de porcelaine, et encore d’avantage quand il réaliserait qu’il se trouvait rapidement transposé entre les strates de sédiment de leur argile originelle. La structure de son esprit n’était pas humaine. Ou peut-être pas tout à fait humaine.

Manquer de franchise? C’était un doux euphémisme. Autant dire que la planète Jupiter est plus grosse qu'un canard.

Samuelle avait les mains fines avec de longs doigts caramel qui n’avaient visiblement jamais été astreint à de rudes tâches. À voir son attitude, ce n’était pas étonnant. La paume douce et le poignet vigoureux, sa peau était marquée de vilaines cicatrices au-dessus de la carpe. Lukas l’analysait… Elle s’en rendait compte… Ses yeux bleus cherchaient au-delà des apparences. Il n’avait pas peur d’elle. N’était pas dupe. Un éclair de contrariété embrasa son esprit : un curieux. Eh meeeerde…

« Des cobayes qui se rebellent? » remarqua-t-elle d’un ton qui n’avait rien de neutre, lui. « Vous voulez dire que leur consentement n’était pas acquis? » Mais l’humeur de la métisse s’assombrit encore lorsqu’il prit des libertés avec ses chaussures. Et encore un peu plus lorsqu’il lui tripota la cheville. « Hey! » Elle sautilla en s’écartant de lui, fronçant les sourcils dans une attitude revêche. Il cherchait, le salaud. Et il mentait! Rien ne l’exaspérait autant qu’un autre menteur. Surtout un mauvais menteur!

« Cette baguette m’a été donnée parce qu’aucune n’a voulu me choisir… » Paradoxe. Rien d’étonnant… Elle allait dire autre chose lorsqu’il lui balança un premier sortilège. Elle en perçu la chaleur sur ses pieds nu. « Non mais vous êtes MALADE?!? » Vociféra-t-elle, « Je vous ai dit que je ne savais pas… » Utiliser une baguette? Lancer un sortilège? Se défendre? Des trois c’est la dernière assertion qui était la plus fausse.

Samuelle se jeta au sol avec la vivacité d’une athlète. Le sort percuta le mur derrière elle dans une pluie de débris. Elle aurait pu se laisser atteindre. Il n’allait quand même pas la tuer… Ce serait un coup de bluff magnifique. Pourtant quelque chose dans la réponse de l’homme au sujet de ses cicatrices lui disait qu’il serait bien capable de lui faire du mal pour satisfaire sa curiosité. Lukas la vit plaquer la main par terre, la baguette dans son poing, comme si elle allait se relever. Ses yeux jaunes brillaient de colère comme de l’or en fusion. Et c’est le dernier geste qu’il vit distinctement de son élève.

La magie n’était pas difficile à trouver dans une université magique. Samuelle la capta autour d’elle, la concentra, la catalysa et l’insuffla directement au parquet par le bout de ses doigts. Des arbres. Des arbres abattus, ébranchés, sciés, planés, modelés et fixés en place par des clous innombrables. Les végétaux n’était pas son matériel de prédilection mais ils n’eurent pas besoin de beaucoup d’encouragement pour gauchir : Le Parquet, entre eux, s’ouvrit en choux-fleur dans un grand craquement de bois sec qui s’émancipe tout à coup après des années de contraintes. Dans la panique, elle ne s'était pas donné la peine de se restreindre à la force nécessaire.

« ARGL!!! C’est dégoutant! Ce parquet est tout collant de cire et de vernis! » fit une voix au delà de l'amoncellement de planche.









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Quand un expat' en rencontre un autre. #Sam 5 Fév - 19:01


Lukas n’était pas stupide ; il savait qu’il ne trouverait pas la reine de cette fourmilière si facilement et en si peu de temps. Lukas était fou ; il se risquerait à creuser plus profond, encore, toujours, sans relâche ni ménagement. La folie du Chercheur de Sorts, voilà une rumeur à son égard qui n’avait eu de cesse de grandir ces dernières années. Une folie terrifiante qui avait embrasé les plus hauts cercles de Vienne lorsque des murmures s’étaient fait entendre relatant la nature des recherches de Lukas Ustaz ; un enchantement capable d’annihiler la magie présente dans un être. Il fallait être un sorcier sacrément dérangé pour se risquer dans cette branche de la magie tout aussi obscure qu’immaculée. Lukas n’était mû que par la soif du savoir. Il était de ces savants fous qui avaient une vision propre de leurs recherches sans se rendre compte de l’impact qu’elles auraient sur le monde qui les entourait. Funambule, marchant sur le fil de l’inconscience, il avait dû fuir son pays natal et poursuivre ses recherches en Angleterre, dans le plus grand secret.
Lukas pensait que c’était des gens simples qu’il fallait se méfier ; des gens qui ne payaient pas de mine, des indigents, des sans-pouvoirs car en eux résidait un volcan caché dont l’activité était impossible à prévoir. Les gens puissants étaient si prévisibles. Si bien que l’innocence feinte de Samuelle, en plus de le laisser perplexe, lui inspirait une grande défiance.
En faisant feu sur Samuelle une première fois, Lukas ne chercha qu’à la déstabiliser. Cette valse prenait des allures de course d’endurance et Lukas travaillait la métisse au corps : la pousser dans ses retranchements, ne pas la laisser lui mentir.
Le crépitement de la deuxième salve couvrit la voix de Samuelle. Cette fois, il l’avait visée. Le sort filait droit sur elle. Il était persuadé qu’elle allait réagir. Un simple sort de protection, un simple sort de déviation. Mais non. Rien. La métisse se jeta au sol pour éviter le sort et celui-ci fit voler le parapet en éclat derrière elle.
Lukas écarquilla les yeux. Elle n’avait rien fait. S’était-il trompé ? Il fit un, puis deux pas en avant, s’apprêtant à rejoindre son ‘élève’. Puis il s’arrêta net lorsque l’Or fondit sur lui. Elle mentait tellement bien. Sa main se resserra sur sa baguette. Quelque chose se préparait, il le sentit. Il fixait les yeux et les lèvres de Samuelle, toujours persuadé que le danger viendrait de là. Mais il se trompa. Sans qu’il n’ait eu le temps de rien voir venir, le parquet s’éventra devant lui comme si une énorme taupe le chargeait. En un clin d’œil il se retrouva dans les soubassements de bois de l’arène, une écharde de la taille d’un bras de troll en travers de la cuisse.
- ARGL!!! C’est dégoutant! Ce parquet est tout collant de cire et de vernis! entendit dire de loin le Chercheur de Sort.
- SALE HARPIE ! s’écria Lukas à l’intention de Samuelle, sur un ton qui, s’il n’avait pas été crié, aurait presque été jovial.
Dans les soubassements, le sorcier peina à se relever. D’un geste vif du poignet tenant sa baguette, il fit sortir l’écharde de sa cuisse et réprima un cri de douleur. La douleur de Lukas, ce fut l’élément déclencheur de ce qui arriva par la suite. Un aboiement rauque et continu se rapprochait de l’arène. Balto accourait avec une célérité démesurée même pour un chien de sa carrure. Ses aboiements auraient couvert le bruit d’une dizaine de marteau-piqueurs, aussi surréaliste que celui puisse paraître. Le chien noir et feu était arrivé sur le parapet, il grognait après Samuelle et ses poils hérissés conjugués à sa carrure gonflée lui donnaient les traits d’un véritable lion. De toute évidence, ce chien n’avait presque rien de canin.
- BALTO ! s’écria Lukas des fondations de l’arène.
Aussitôt les grognements cessèrent et le chien disparut de nouveau dans les dédales d’ouvrages. Un silence s’installa. Puis un rire à gorge déployé se fit entendre des soubassements. Le rire éloigné s’interrompit brutalement. A présent, la voix de Lukas émanait de juste en dessous de là où se trouvait Samuelle.
- Je vous ai demandé ce que le Ministère attendait de ces leçons, je vous ai demandé ce que vous en attendiez. Mais de toute évidence, la seule question qui prévaut est : qu’attendez-vous de moi ?
Il y eut un CRACK ! sonore.
Lukas avait transplanné et se trouvait à présent de nouveau dans l’arène, à l’opposé de Samuelle,à un endroit où le parquet tenait encore debout. Entre eux, le sol semblait avoir pris l’apparence de la Cordillère des Andes. Ils ne pouvaient se distinguer l’un l’autre.
L’air devint plus lourd tout d’un coup. Plusieurs piles de livres qui montaient jusqu’au plafond se mirent à onduler, comme des serpents charmés par une musique inaudible.
- Nous savons tous les deux que vous n’avez pas besoin de cette mise à niveau, dit Lukas. Que devrais-je marquer dans mon rapport au Ministère à votre sujet ? ‘Après avoir tenté de lui enseigner des mécanismes de défense de base, Samuelle Daee à éventré une partie du bureau, causant par la même occasion une blessure à la jambe gauche de son professeur. Et tout ça… sans baguette.’
Lukas rigola encore une fois. Les piles de livre ondulaient encore plus vite, suivant les courbes que le sorcier exerçait avec sa baguette.
- Je suis certain que tout cela intéresserait le Ministère, Sam. Votre niveau potentiel de dangerosité ne doit sûrement pas figurer dans leurs fichiers, j’me trompe ?
Une des piles de livres fondit sur Samuelle décrivant un arc de cercle, tel l’aiguillon d’un scorpion ; plusieurs centaines d’ouvrages, pesant au moins cinq kilos chacun ; assez pour en finir avec ce qui restait du parquet en tout cas.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Quand un expat' en rencontre un autre. #Dim 6 Fév - 14:50


Samuelle n’était pas une duelliste. Pas parce qu’elle ne rencontrait pas d’adversaire, mais plutôt parce qu’elle n’était pas du genre à laisser une chance à ses adversaires de se relever. Elle s’approcha du trou faisant craquer ce qui restait du parquet et se pencha au-dessus pour voir si son professeur avait besoin d’aide… Oui, parce qu’elle avait voulu créer un obstacle entre eux, pas le précipiter dedans…

Toute sympathie s'évanouie de son esprit lorsque le chien surgit. Lukas l’avait effrayé. Mais ce n’était rien comparé à Balto… Samuelle échappa un cri de terreur et fit volte-face pour fuir à toute jambe devant lui. « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH!!!! Rappelez votre chien!!!! »

Samuelle reprenait son souffle, pliée en 2, ses mains prenant appui sur ses cuisses… Elle faisait approximativement face à Lukas, se guidant sur sa voix pour connaitre sa position. Elle l’écoutait parler, contrariée. Il ne savait pas ce qu’elle avait fait… Mais il serait maintenant curieux de le savoir… Il lui répugnait de le laisser assouvir sa curiosité. Elle pouvait encore lui mentir… « Ok, ok temps mort… Je crois qu’on a commencé sur de mauvaises bases » Elle se redressa juste à temps pour sentir le déplacement d’air formé par la colonne de livre dans son dos et se retourner, surprise.

Lukas entendis le « HUMPF! » sonore de l’impact mou d’un objet de grand poids sur un humain étonné, immédiatement suivit d’un bruit de chute, du fracas qu’une avalanche de livre et du gémissement de ce qui restait du parquet. Lorsqu’il contourna le trou pour constater sa victoire, la métisse gisait par terre sous un monticule de livre et produisait de lamentables étincelles avec sa baguette en tentant de maladroits ‘Wingardium leviosa’

Elle était dangereusement près du bord, sans appui de la hauteur des omoplates en montant. Lorsqu’elle l’aperçu, elle bascula la tête en arrière, étendit les bras en croix et déclara : « C’est bon, je me rends! Sortez-moi de là! » Ce pouvait être une ruse mais elle souffrait visiblement. Recevoir 500 kg de bouquin sur la tête ne se faisait pas sans contusions. « Vous voulez que je vous dise? Vous avez raison… je n’ai pas atteint cet âge, tout en côtoyant des individus pire que vous sans avoir les moyens de me défendre… » Sauf qu’elle était assez rusée et perfide pour choisir ses batailles. « Apprenez-moi à donner le change… » fit-elle entre 2 inspirations. « Montrez-moi comment éviter d’attirer l’attention de gens de votre espèce… »









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Quand un expat' en rencontre un autre. #Dim 6 Fév - 16:00


- ET ORDO ET SENSUS ! s’écria distinctement Lukas.
Les livres, dans un frottement rapide et éventé, allèrent reformer la pile un à un ; jusqu’à ce que du sol au plafond elle reprenne la forme d’une gigantesque termitière. Puis le parquet de l’arène se referma. Tous les morceaux se joignant les uns aux autres jusqu’à la plus petite écharde. Le parapet retrouva son état premier de la même manière. Et le tout luisit de nouveau comme si une horde de méticuleux elfes de maison avait nettoyé et ciré chaque recoin à l’aide de brosses à dents. Tout sembla comme si rien ne s’était passé, et pourtant…
Samuelle était allongée sur le sol. Lukas s’avançait vers elle. Sa chemise bleue était tailladée en lambeaux, laissant apparaître son torse finement musclé. Sur un côté, son jean avait pris une teinte violette à l’endroit où l’éclat de bois avait transpercé sa cuisse. Il boitait légèrement mais ne semblait pas éprouver une gêne considérable. Sa baguette était pointée droit sur la métisse. Il avançait tel un matador prêt à porter l’estocade fatale.
- Les gens comme… vous ne se rendent jamais, Sam. dit-il en manquant de remplacer le vous par nous. Ils continuent jusqu’à la mort sans relâche et parfois, pour certain d’entre eux, bien après.
Arrivé à quelques mètres de Samuelle, l’Azur déferla avec vigueur. Contre toute attente, Lukas rangea sa baguette et s’abaissa pour aider son élève à se relever, mais au lieu de la reposer d’aplomb, il la garda dans ses bras. La danse avait baissé de tempo, mais elle n’était pas finie…
- Je n’ai pas pour habitude de poser des questions aux personnes franches, dit-il avec un sourire en se mettant à marcher en direction des poufs et divers coussins.
Il avait dit cela comme pour justifier tout ce qui venait de se passer. Par la même occasion, il jeta un coup d’œil au front de Samuelle, au niveau de la ligne d’implantation des cheveux. Il n’y vit aucune marque et écarta la Théologie comme magie de prédilection de la métisse. Après réflexion, il écarta également la magie Vaudou. Le Chercheur de Sorts continuait sans relâche, mais discrètement.
Arrivé près des coussins, il la déposa sur l’un deux. Elle aurait pu jurer qu’il l’avait plutôt lancée que déposée. Avant de s’asseoir sur le sol en face d’elle, Lukas frappa des mains. Comme venus de nulle part, deux verres, une bouteille d’eau et une grande tablette de chocolat filèrent dans les airs pour venir se poser à côté de Samuelle.
- Si vous buvez autre chose, n’hésitez pas à demander.
Le sorcier s’étira pendant un moment en silence tout en regardant la métisse avec la plus grande attention, avant de sourire et de reprendre la parole.
- D’où venez vous Sam ?
Cette rencontre était-elle sur le point de prendre un nouveau tournant ?









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Quand un expat' en rencontre un autre. #Dim 6 Fév - 17:41


Une surprise l’attendait en la prenant dans ses bras… Un sonore : « Posez-moi par terre im-mé-dia-te-ment!! » suivit d’énergiques contorsions qui lui laissèrent apprécier la fine musculature de cette femme toute en courbe. Non, la métisse n’était pas une fillette.

Une main plaquée sur son bras, l’autre sur son épaule, Samuelle ressentait de façon aiguë l’amplitude du pouvoir du sorcier. C'était trop de proximité, de familiarité avec un étranger. Elle retrouva son calme seulement une fois qu’il l’eut balancé sur un pouf. Ses traits exprimaient l’indignation la plus pure: « Vous m’avez balancé une demi tonne de bouquin sur la tête et vous me demandez ce que je bois??? » C'était une bien étrange conclusion à une danse... Elle avait mal partout, partout partout… Elle était moulue et des marques violacées commençaient à apparaitre sur son visage. Samuelle enleva sa veste de cuir et examina ses bras méticuleusement en lançant un regard de reproche au sorcier chaque fois qu’elle se découvrait une nouvelle marque. Douillette? Pas du tout… Mais elle n’était pas en position de force. Autant se faire passer pour plus faible qu’elle l’est. Les métisses sont sans âge apparent. Elle avait l’air d’une enfant meurtrie même si son dossier indiquait ses 33ans. Tricheuse!

Elle s’empara du chocolat… Partager? Pas son genre… Elle avait partagé son pouvoir toute sa vie et avait dû rompre avec son univers pour gagner sa liberté. Boudeusement, elle répondit : « …du nord… » Elle savait que la question n’était pas géographique. Le moyen le plus sûr de ne rien obtenir avec Samuelle, était de demander. « Je sais ce que signifie le verbe renoncer… » dit-elle soudainement. « Je sais aussi reconnaitre lorsqu’il est temps de le faire. » Elle se ménagea un silence, plongeant dans le regard bleu du sorcier. « Mais vous avez raison, je n’ai jamais pu m’y résoudre… » Davantage bagarreuse que bretteuse, le trait le plus distinctif de son style de combat était sa façon à nul autre pareil d’y survivre. « Je ne suis pas une harpie! » Mais elle n’était pas totalement humaine. Ses yeux luisirent fugitivement. « Et je ne suis pas dangereuse! » Sa potentialité était grande, mais toute sa volonté était fixée sur un but unique : une pierre.









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Quand un expat' en rencontre un autre. #Dim 6 Fév - 19:07


- La lecture a toujours tendance à me donner soif, je pensais que vous auriez atteint des sommets de déshydratation après tous les livres que vous avez… rencontrés ?
Il jouait et il jouait bien. Tantôt aussi sérieux que la mort, tantôt aussi cocasse que la vie. Une danse à deux temps, déroutante.
- La marque sur votre joue droite, reprit-il avec un air goguenard. Je serais prêt à parier que c’est Rendre votre grand-mère chèvre : Maléfices à l’égard du troisième âge de Firmin Granchmin. Un très bon livre ! Épais, mais ça vous le savez sans doute déjà…
Balto se montra au détour d’une pile de livres. Il s’assit pendant un moment et regarda les deux sorciers avant de disparaître à nouveau. Samuelle allait devoir se faire à la présence du Beauceron. Il n’aimait pas rester longtemps éloigné de son maître. Ils étaient tous les deux liés d’une manière qui dépassait l’entendement, même dans le monde des sorciers.
Alors que Samuelle lui lançait des regards torves à l’examen de ses blessures occasionnées par la chute des livres, Lukas remplit les deux verres d’eau et en prit un pour lui, laissant le deuxième à la portée de la métisse. Cette dernière fondit sur la tablette de chocolat. Le sorcier souriait. De toute évidence, il était plus détendu depuis leur affrontement. Pas de doute. La bagarre, ça détend et ça rapproche ! A moins que ça n’éloignait ? Il continuait à la regarder avec intérêt mais la suspicion s’était quelque peu atténuée dans ses yeux azurs.
- Nous sommes donc tous les deux des étrangers, ici. dit-il lorsqu’elle lui apprit qu’elle venait… du nord. Elle aurait pu venir du nord de l'Angleterre, mais Lukas savait identifier un expatrié lorsqu'il en voyait un.
Grimace en aparté. Il se surprit à en venir à leur trouver des points communs. Quant aux assertions suivantes de Samuelle, elles firent sourire Lukas jusqu’à la dernière qui le fit littéralement pouffer.
- Et je ne suis pas dangereuse !
- Allez dire ça au Ministère, répondit-il. Moi et mon parquet on s'est déjà fait une opinion à ce sujet.
Le Chercheur de Sorts finit par se relever. Il vérifia que sa cuisse avait bien fini de saigner puis s’approcha de Samuelle.
- Allez ! Debout ! dit-il en lui arrachant le peu de chocolat qui lui restait dans les mains. Vous m’avez demandé de vous enseigner quelque chose, alors, au travail !
Il lui attrapa la main et la remit sur pied.
- Oups ! J’avais oublié. Pas de contact. dit-il en ayant l’air faussement embêté. Par ici, si vous le voulez bien.
Il la suivit jusqu’au centre de l’arène.
- Inutile de soigner vos blessures de guerre dès à présent, au cas où il y en aurait d’autres. informa-t-il, gouailleur.
Une fois tous les deux au centre. Luka s’appliqua à rester derrière la métisse sans jamais la toucher. Néanmoins, il était tellement proche d’elle que la situation en était ridicule.
- On va travaillé votre position tout d’abord. Si vous voulez passer pour une sorcière aux yeux de tous, vous devez avoir l’air d’une sorcière. La baguette tenue dans le bon sens. Prolongement de votre main. Impossible de mal la tenir, ou de la laisser tomber, ça reviendrait à laisser tomber votre main. Compris ? demanda-t-il avec une alacrité militaire. Relevez le menton, gonflez votre poitrine. Tenez-vous droite. Fixez un point devant vous. Votre cible. Pointez votre baguette. Imaginez que je suis en face, si ça peut vous aider. Les pieds légèrement écartés. Pas trop. Abandonnez cette attitude de nageuse prête à plonger. Vous êtes une sorcière.
Quittant le dos de Samuelle, il la contourna pour se placer juste en face d’elle.
- Quant à votre accoutrement lorsque vous serez au ministère, troquez votre veste d’aviateur pour une robe de sorcier.
Un mouvement de baguette et Samuelle se trouvait vêtue d’une robe de sorcière gris-moche, trouée par endroit et, à coup sûr, elle devait gratter.
- Par-fait ! éructa le Chasseur de Sorts avec un contentement railleur non dissimulé.
Après être resté pendant un moment à seulement quelques centimètres de la baguette de Samuelle, comme par défi, Lukas retourna se placer derrière elle.
- On va commencer par le sortilège de lévitation, que vous avez la-men-ta-ble-ment essayé d’effectuer tout à l’heure, susurra-t-il à l’oreille de la métisse. N’oubliez pas votre position, ni le mouvement à effectuer : tournez, abaissez, pointez. Vous connaissez la formule, alors c’est parti ! Faites léviter un livre. Un seul !
Intérieurement Lukas était sur ses gardes au cas où ils se feraient ensevelir tous les deux sous une pile de livres.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Quand un expat' en rencontre un autre. #Lun 7 Fév - 5:13


Samuelle garda le silence, réservée et méfiante, pendant que Lukas faisait de l’humour… Sa figure exprimait la prudence : Elle le fixait des yeux, jouant l’intimidation. Suffisamment alerte cependant pour remarquer l’incursion du chien, se raidissant conséquemment. Elle n’avait pas vraiment baissé sa garde… Elle mesurait soigneusement les informations qu’elle lui livrait de manière à détourner son attention de celle qu’elle voulait garder pour elle. Un peu comme on jette un os à un chien de garde avant d’escalader la clôture du verger…

« Je serai une étrangère partout dans le monde. »
répondit-elle lorsqu’il lui en fit la réflexion. « Je ne peux pas rentrer chez moi… » Elle croqua dans la tablette de chocolat. « Entre autre parce qu’on me juge dangereuse. Pas à cause de la forme de magie que je maitrise, mais plutôt à cause de celle que je ne maitrise pas. » Elle laissait entendre qu’elle parlait de la magie civilisée. Perfidie. Il s’agissait bien de magie sauvage; celle dont son frère aîné avait hérité et qui était complémentaire à la sienne.

Faire de Samuelle Daee une sorcière conventionnelle? Ça allait demander beaucoup de travail.

Elle suivit de bonne grâce ses indications, piquée dans fierté, mais elle n’avait pas cette superbe caractéristique aux anglais. Le résultat n’était pas très orthodoxe. Ok pour la tenue de la baguette, mais pour ce qui était du reste… Se tenir droite? Relever le menton et gonfler la poitrine? Ça allait demander vraiment beaucoup de travail! Et puis sa proximité la troublait. Samuelle sentait le flux de sa magie. Il était trop près. Il la rendait nerveuse. Le contact… D’un seul contact elle pourrait lui voler son pouvoir.

Et c’est alors qu’il la défia, prenant encore des libertés sur sa personne, l’affublant d’une toge immonde. Quand Lukas retourna dans son dos, Samuelle ne broncha pas. Tel que commandé, elle s’efforça de tisser à la pointe de sa baguette le sortilège de lévitation. Ses gestes étaient trop amples, pas assez mesurés.

« Lukas, permettez-moi de vous apprendre une règle qui tient certainement dans la plupart des civilisations. » Elle avait à peine élevé la voix, concentrée sur son sortilège même si elle pouvait sentir son souffle sur sa joue. « On n’enlève pas les vêtements d’une femme sans lui demander sa permission. » Il pouvait l’entendre sourire… « Rendez-les moi… Et je vous conseille de ne pas vous tromper! Wingardium Leviosa! »

Le sortilège fusa avec une trajectoire erratique, hors de contrôle. Il frappa une colonne de livre au premier tiers du bas et en expulsa un volume exceptionnellement volumineux… Les Constellations du Grand Migaas. Il rebondit deux fois sur le sol et termina sa course en abatant 3 autres colonnes. Au bowling, s’aurait été un coup magnifique. « Eh merde! » fit-elle en français…









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Quand un expat' en rencontre un autre. #Mer 9 Fév - 0:24


Spoiler:

Lukas eut du mal à déglutir l’eau qu’il avait dans la bouche. Sa gorge se resserra lorsque Samuelle lui apprit qu’elle ne pouvait pas rentrer chez elle. Il écarquilla même les yeux lorsqu’elle déclara que la raison à cela résidait dans le fait qu’on la jugeait dangereuse. Lukas avait dû fuir Vienne ; et s’il ne pouvait pas y retourner, c’était précisément car on l’y jugeait dangereux, à cause de ses recherches. Cette sensation bizarre que les mots de Samuelle eurent pu être les siens le mit très mal à l’aise pendant un court instant.
La leçon qui suivit chassa de l’esprit de Lukas ces dernières pensées. Il était rare qu’il s’amusait autant avec un élève. Le Chercheur de Sorts avait toujours considéré la partie ‘enseignement’ de son travail comme quelque chose ‘à faire’. Une tâche qu’il exécutait sans grande conviction, la recherche étant véritablement son cheval de bataille. Quoi qu’il en fût, Lukas était un bon professeur. Il savait captiver les élèves, parfois de manière plus ou moins controversée, et leur transmettre un savoir de manière efficace. C’était en partie pour cela que le Collège des Magiciens de Vienne l’avait recruté en tant que Liseur.
Lukas sourit largement lorsque Samuelle, avec sa verve, laquelle il commençait à croire, la caractérisait tant, lui signifia de lui rendre ses vêtements.
- Eussiez-vous l’obligeance de me convaincre que vous êtes civilisée, je vous les rendrais volontiers, gente demoiselle, murmura-t-il à son oreille avant de relever les yeux pour voir le sort de lévitation se diriger vers une pile de livre.
Il fit une grimace avant même que le sort ne s’échappe de la baguette de la métisse ; sachant déjà que c’était foutu. Les Sortilèges et Enchantements c’était son domaine. Il était capable de savoir si un sort était bien lancé les yeux fermés, rien qu’au bruit qu’il faisait en sortant de la baguette du lanceur.
- Oui c’était bien de la maarrdeuh, eut-il pour seule réponse face à la vulgarité de Samuelle, tentant de l’imiter dans un Français plus qu’approximatif.
Lukas ne parlait pas Français, seulement quelques petits trucs : bonjour ; au revoir ; bon appétit ; houlala mon ami ; voulez-vous coucher avec moi ce soir ; fromage ; vin ; putain ; garçon, l’addition s’il vous plait ; merde. Tout cela avec un accent autrichien à couper au couteau.
Soudain, un aboiement persistant se fit entendre de loin, il résonna avec une force incomparable. C’était Balto, mais il semblait être assez loin de là où se trouvaient son maître et Samuelle. La tonalité de l’aboi ressemblait presque à une alarme.
Lukas arrêta ses pitreries aussi sec. Il fit quelques pas rapides au centre de l’arène puis tourna autour de lui-même.
- Quelqu’un arrive, dit-il alors sobrement.
Sur ses gardes, il semblait fixer le vide. Samuelle put voir la main du sorcier plonger dans la poche arrière de son jean troué et en sortir sa baguette. De toute évidence Lukas était en position de combat.
Il y eut un CRACK ! sonore quelque part dans les piles d’ouvrage qui jouxtaient le parapet de l’arène. La baguette du Chercheur de Sorts crépitait.
- Je ne dénoyaute jamais les cerises de mon clafoutis, dit une voix sucrée et chaleureuse.
- Grand-mère Margaret !! s’écria Lukas sur un ton joyeux et enfantin.
Il y eut un deuxième CRACK ! sonore et une vielle femme vêtue d’une robe de sorcière couleur pervenche apparut devant le Chercheur de Sort avant de se jeter dans ses bras.
- Que je suis content de te revoir ! s’exclama Lukas qui arborait à présent un sourire ravi.
- Moi aussi, moi aussi, mon petit Lukas, répondit Grand-mère Margaret.
Margaret MacFarlane était la grand-mère maternelle de Lukas, de la branche anglaise donc. C’était une sorcière très âgée qui avait quitté Écosse il y a plus de trente ans, après la mort de son mari, pour aller s’installer à Vienne avec sa fille. Elle avait écrit de nombreux livres de cuisines, son domaine de prédilection, dont certains avaient leur place dans les cuisines des plus grands restaurants. Et par pure tradition, elle ne dénoyautait jamais les cerises de son clafoutis, ce que Lukas détestait étant petit. En outre, c'était une très bonne amie des Rocstone, chez qui Lukas logeait.
- Grand-mère, je te présente Samuelle Dae, mon élève. Elle vient du nord, ajouta-t-il avec un large sourire.
- Enchan… dit-elle avant de s’interrompre et de se retourner vers son petit-fils.
- Non, pas ce genre d’élève, dit-il alors que son sourire s’évanouit légèrement, quelque peu mal à l’aise.
- Ho ! Et bien alors, oui, je suis enchantée Samuelle !
La vielle femme s’était déplacée, difficilement et en se déhanchant, jusqu’à la métisse et lui donna une accolade des plus chaleureuse. Lukas pouffa.
- La pauvre enfant, elle n’a pas le sou pour s’acheter une robe plus colorée, laissez-moi arranger ça.
Grand-mère Margaret sortit sa toute petite baguette et décrivit des cercles exagérément grands en direction de Samuelle. Dans une pluie de paillette, la robe grise de la métisse se transforma en une élégante robe… de soie… rose… finement brodée au niveau du col et des manches. Lukas manqua de mourir de rire intérieurement.
- Pas de broderie en bas, vous risqueriez de marcher dessus, conseilla la petite vielle femme avec un clin d’œil complice à l’adresse de Samuelle.
Inutile de dire quoi que ce soit de désobligeant à Grand-mère Margaret, elle n’entendait que ce qu’elle voulait bien entendre.
- Pourquoi es-tu là Grand-mère ? demanda Lukas en se rapprochant d’elle avant qu’elle ne décide de s’attaquer à la coiffure de Samuelle.
Le visage de la vielle femme parue soudainement préoccupé. Elle resta un moment silencieuse avant de regarder de nouveau son fils avec un ai grave.
- Les Patriarches ont quitté Vienne, dit-elle. Ils sont en route.
Lukas pâlit.
- Et papa ? demanda-t-il.
- Il n’a rien pu faire pour les en empêcher.
- Combien sont-ils ?
- On dit que neuf d'entre eux se sont portés volontaire.
Margaret soupira puis regarda Samuelle avec mansuétude avant de reporter son regard sur son petit-fils.
- Attends une minute, dit Lukas en fronçant les sourcils. Balto a aboyé avant que tu n’arrives.
- Balto n’aboi jamais lorsque j’arrive, il sait que c’est moi. Où est-il ?
- S’il n’est pas venu c’est qu’il sait qu’il ne doit pas…
Les yeux de Lukas et de Grand-mère Margaret s’écarquillèrent en même temps. En une fraction de seconde, Lukas avait posé une main sur l’épaule de sa grand-mère et une autre sur celle de Samuelle. CRAAaack… Samuelle put sentir ses entrailles être secouées pendant un court instant. Ils n’avaient pas réussit à transplaner.
- Ils sont déjà là, murmura Grand-mère Margaret apeurée.
Lukas afficha un air interdit. Margaret eut un hoquet de stupéfaction et saisit fermement le bras de Samuelle. Quatre sorciers enveloppés dans des capes rouges sortirent de derrière des piles d’ouvrages. Encapuchonnés, leur visage n’était presque pas visible.
- On ne va nulle part, dit une voix gutturale semblant tout droit sortie de l’enfer.
Impossible de savoir qui des quatre hommes avaient parlé. Lukas fit un pas en avant, la baguette fermement ancrée dans sa main, afin de se positionner entre Samuelle et Grand-mère Margaret, et les Patriarches. La stupéfaction de son visage avait laissé place à une étrange concentration.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Quand un expat' en rencontre un autre. #Mer 9 Fév - 3:36


D’abord sur ses gardes, Samuelle se détendit quand elle vit apparaitre la vieille. Pas parce que les vieilles sont inoffensives… Les petites vieilles sont de l’espèce la plus vicieuse. Mais parce que Lukas semblait réellement heureux de la voir.

« Daee… Je m’appèle Samuelle Daee » rectifia-t-elle. « Ça se prononce da-é » L’expression de la métisse, lorsqu’il fit enfin les présentations, était narquoise… Comme c’est mignon… Pouvait-il lire dans ses yeux d’or. La dignité du strict professeur venait d’en prendre pour son rhume. Surtout lorsqu’il fut nécessaire de spécifier ‘Non, pas ce genre d’élève’. Le haussement de sourcil de la belle était équivoque…

Samuelle montrait à cet instant l’un des aspects les plus fascinants de son improbable personnalité. Polie, réservée, charmante, a-d-o-r-a-b-l-e. Elle répondit affablement aux familiarités de Margaret, serrant les dents lorsqu’elle joua les fées marraines. Son franc parlé s’était envolé, complètement démunie devant celle qui lui rappelait Oncle Paul. Elle prit la chose avec une certaine élégance, murmurant même un empathique « Merci! » tout en admirant son nouvel accoutrement. Elle était à la torture. De la soie? Rose? Brodée??? AVEC DES PAILLETTES???? Non, Samuelle n’était pas préparée à ça. C’était cruel. C’était vraiment très cruel… Elle aurait dû se méfier d’avantage, se rappela-t-elle… Les petites vieilles sont les plus vicieuses…

Et dans tout ce qui suivit, la seule question qui tarabusta vraiment Samuelle, c’est : Pourquoi il avait voulu l’emmener avec lui et sa grand-mère? Étonnant… La métisse se dégagea doucement de l’étreinte de Margaret, lui chuchotant : « Où sont les 5 autres? »

La sorcière se profila aux côté de Lukas. Des éclats de lumière tourbillonnaient dans ses yeux jaunes. « Et eux, ce sont vos oncles? » le nargua-t-elle en passant devant à pas mesuré. Elle étendit ses longs bras caramel au-dessus de sa tête. « Je me rends! Je n’ai rien à voir avec eux! » déclara-t-elle joyeusement créant une fantastique diversion. Samuelle, en s’exposant, veillait à ne pas nuire au champ de vision de Lukas. « Voici ma baguette! Tenez, prenez-la! » Bluff. Une seule autre personne dans la pièce savait que celle-ci lui était parfaitement inutile. Elle était une redoutable tricheuse... « Je suis ici pour des leçons particulières », babillait-elle innocemment, « Je n’ai aucune envie d’être mêlée à vos histoires! » poursuivait-elle avec emphase… Elle mentait avec conviction, ils auraient peu de chance de la circonvenir.

Samuelle se tenait au premier plan dans sa robe ridicule. Il y avait de la magie dans l’air… Samuelle la sentait comme certains sont sensibles à l’électricité statique. Allongeant le cou comme si elle s’étirait ou suivait un fumet particulier, elle chercha le pouvoir. Pas derrière, mais devant elle… Prête à capter et catalyser leur flux magique.









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Quand un expat' en rencontre un autre. #Jeu 10 Fév - 0:39


- Prions pour qu’ils ne soient pas là, mon enfant, répondit Grand-mère Margaret dans un murmure.
La vielle femme se dandina derrière Samuelle lorsque cette dernière se rapprocha de Lukas. Les yeux du Chercheur de Sorts étaient mi-clos. Il semblait être ailleurs, ce qui était particulièrement inopportun au vu de la situation. Il ne bougea pas d’un centimètre lorsque la métisse prit la parole, il ne dit rien, ne fit rien, ne la regarda pas ; c’en était même à se demander s’il respirait encore. Une vraie statue de cire.
Grand-mère Margaret rugit de colère. Elle se planta sur le devant de la scène en écartant Samuelle d’un coup de coude. Sa hargne n’était pas dirigée à l'encontre de la métisse mais bien vers les sorciers en rouge, les Patriarches de Vienne.
Elle pointa un doigt inquisiteur sur l’un d’entre eux.
- Van Verboten ! s’écria-t-elle rouge comme une pivoine. Je t’ai reconnu, grand efflanqué ! Et toi aussi Burckner ! Tu te tiens comme ton père, cet imbécile, se tenait avant qu’il ne lâche la rampe ! Et les deux autres ? Hein ! Hooo mais je finirai bien par trouver qui vous êtes !
Trois sorciers s’étaient déplacés, glissant silencieusement aux abords du parapet. A présent chacun d’entre eux se trouvait à une arête du rectangle que formait l’arène. Grand-mère Margaret, dans une colère noire, continuait de les maudire à tour de rôle et scandait toute une tripotée de noms autrichiens afin d’identifier les deux Patriarches restants. Pour elle, mettre un nom sur ses visages encapuchonnés semblait aider. D’autant plus que, bien que ce fussent des sorciers d’un âge avancé, elle les battait tous largement étant d’une génération au-dessus. En somme, elle les engueulait avec l'autorité et la légitimité d'une mère réprimandant ses enfants.
- Et moi qui ai amené TROIS tartes au citron à ta sœur, pas plus tard que la semaine dernière, je n’arrive pas à croire que tu aies le culot de venir ici ! continua-t-elle de hurler sans relâche.
- Suffit ! hurla un des Patriarches en autrichien.
S’en suivit une détonation et un fin jet de lumière violacée plongea en direction de la bouche de Grand-mère Margaret. Aussitôt il fut dévié par un contre sort donnant lieu à une seconde détonation.
Grand-mère Margaret eut un hoquet de stupéfaction. Le contre sort ne venait certainement pas d’elle. Et s’il venait de Lukas, ce dernier avait retrouvé immédiatement sa position figée. Il semblait être en plein… recueillement. Grand-mère Margaret se dandina une nouvelle fois au côté de Samuelle.
- Je vois que tu as une nouvelle élève Lukas… dit-un des Patriarches dans un Anglais presque impeccable.
- Nous avons retrouvé une de tes anciennes protégées… dit-un autre.
- Ses ossements gisaient sous les dalles de la grande esplanade du Collège…
- Nous parlons bien sûr de Maria, l’étudiante qui était censée être en excursion en Amérique Latine sur tes conseils…
- Maria Klein, fille du Patriarche lui-même retrouvé assassiné il y a quelques années…
Grand-mère Margaret émit un petit crie à nouveau et s’accrocha à la robe de Samuelle. Elle venait de comprendre. Les Patriarches ne s’étaient pas déplacés jusqu'ici pour les recherches de Lukas, mais parce qu’ils pensaient qu’il avait tué un Patriarche de Vienne.
- Ils vont le tuer sans autre forme de procès, murmura Grand-mère Margaret dans le dos de Samuelle. Et nous avec lui pour avoir été témoin de cette injustice...Si nous sommes chanceuses, ils ne feront que nous torturer jusqu'à ce que nous perdions la tête.
Mais que faisait Lukas ? Inerte et débout. Il ne répondait ni par la parole ni par le geste aux accusations des Patriarches. Soudain, un aboiement tonitruant se fit entendre dans tout le bureau. Si fort qu’on pouvait sentir les piles de livres vibrer. Le signal. Lukas sembla sortir de sa torpeur et fixa immédiatement Samuelle.
- Le parquet, Sam ! hurla-t-il à couvert de l’aboiement démesurément bruyant de Balto. Fais-nous descendre dans les soubassements !
Au même moment, une épaisse fumée blanche envahit l’arène avec la rapidité d’un flash. Lukas faisait tournoyer sa baguette au-dessus de sa tête.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Quand un expat' en rencontre un autre. #Jeu 10 Fév - 3:59


La réaction de Lukas l’intrigua. Qu’est-ce qu’il foutait avec sa magie civilisée? La sorcière décida donc de gagner du temps… Faire diversion… Grand-mère Margaret semblait presque plus doué qu’elle aux vues de la situation. Elle se laissa bousculer. Ah! On était donc en famille!?! La métisse sourit en son for intérieur. Les familles étaient toutes les mêmes… Elle baissa les bras et laissa toute la place à la petite vieille… Après tout, elle était plus à redouter qu’elle-même. Margaret avait l’expérience, la connaissance et puis qui ferait de mal au troisième âge?

Margaret lui annonça la suite des réjouissances; mourir ou être torturée à la folie. Samuelle eut un rire et se rembrunit de façon spectaculaire.

Nous
? Quel nous? Nous grand-maman, moi et toi, ou nous avec les guignols en rouge? Samuelle n’avait pas l’habitude de penser en termes de nous… Elle avait, en quittant son milieu d’origine, rayé ce mot de son vocabulaire…

Il avait tué des gens… À cette époque c’était presque banal… Mais ça ne l’était pas pour Samuelle. Tuer quelqu’un c’était lui infliger une finalité. Un choix dont on ne revenait pas. Et Margaret savait de quoi il était question puisqu’elle avait réagi lorsqu’il l’avait appelé son élève. Pas ce genre d’élève là, pas le genre dont on enterre les ossements sous les dalles de l’esplanade? Ce genre d’élève était-il de ceux qui lui avait valu ces cicatrices? Il avait montré de l’intérêt pour elle… Il avait cherché à assouvir sa curiosité… Il avait surtout montré de l’intérêt pour elle quand il avait vu de quoi elle était capable…

La plupart des gens qui lui avait montré de l’intérêt l’avait fait précisément pour ce dont elle était capable. Servir faisait partie de ses mœurs, de son éducation, mais ça n’avait jamais été son choix. Et Samuelle détestait cela. Mais lorsqu’il avait réalisé qu’ils n’étaient plus seul, il avait cherché à l’emmener avec lui et Margaret. Samuelle décida que c’était ce nous là…

Au mépris du danger, Samuelle s’accroupit au sol, entrainant Margaret au sol d’une bonne secousse qui la jeta par terre. « Attention, ça va secouer! » Elle plaqua sa main de baguette contre le parquet. Perdue dans la fumée, personne ne vit son geste.

Elle aurait été capable de nombreuses autres facéties mais elle ignorait ce que Lukas attendait d’elle. L’occasion n’était pas aux excentricités. Quelques coudées les séparaient. Au lieu de dresser un obstacle entre eux comme elle l’avait fait la première fois en libérant tout son pouvoir en un point unique, et eut égard à la résistance de Margaret, son bras balaya une tranchée entre leur position et celle de Lukas. D’un effleurement, Samuelle projeta sa magie devant et derrière elle. Le bois, momentanément libéré de ses contraintes un peu plus tôt, n’en fut que plus prompt à se gauchir. Le parquet au pourtour éclata dans une pluie d’éclisses et d’échardes alors que tout un pan du plancher s’effondra par le milieu comme une caldera. BRAOUM!!

Lukas, Margaret et Samuelle glissèrent tous ensembles dans les soubassements de l’université dans un grand nuage de poussière et de toiles d’araignée. Là dessous, Lukas et Margaret virent luire les yeux surnaturels de Samuelle... Comme ceux d'un chat au crépuscule. Et si le bois n'était pas sa matière de prédilection, la pierre, et la poussière par extension, l'étaient, elles... Elle eut un vilain ricanement alors que d'une impulsion, des siècles de poussière accumulée là remontèrent dans le bureau du professeur dans un geyser acre et étouffant. « Ne compte pas sur moi pour t'aider à faire le ménage, ma coopération n'ira pas jusque là!! » fit-elle en aidant Margaret à se remettre debout.









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Quand un expat' en rencontre un autre. #Ven 11 Fév - 14:13


CRACK ! FRUSH ! BOOM !
Samuelle avait eu beau crier gare, la pauvre Grand-mère Margaret n’en fut pas moins secouée. La vielle femme avait pulvérisé le centenaire depuis longtemps, il n’en restait pas moins qu’elle n’avait pas eu à endurer une telle violence depuis que son baba au rhum avait essayé de la tuer il y avait bien cinq ans maintenant. A coup sûr, son cœur s’arrêta de battre dès qu’ils entamèrent leur brusque chute, heureusement l’atterrissage eut l’effet d’un défibrillateur et remit en route la machine. Elle laissa échapper un cri des plus stridents lorsqu’ils descendirent dans les entrailles profondes de l’arène.
- Hiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! Et puis. AAATchaaaah !
La poussière dans ces soubassements régnait en maître depuis des années. Mais elle fut rapidement délogée par la métisse aux yeux luisants d’or. Lukas se releva, lui-aussi, et dévisagea Samuelle pendant un court instant. Son visage était inexpressif, mais son regard azur était empli de divers émotions et sentiments. Au fond de lui il était terrifié. Les sorciers les moins aguerris auraient sans doute trouvé les aptitudes de Samuelle, cools. D’autres plus avertis, l’auraient considérés comme une sorcière puissante. Mais pour quelqu’un comme Lukas, qui vouait sa vie à pousser la magie à ses limites et à lui faire endurer tortures et expériences afin qu’elle lui livre ses secrets, Samuelle représentait l’électron libre dont il ne maîtrisait ni la pratique, ni détenait le savoir.
Il avait voulu l’emmener. Il l’avait tutoyée. Il comptait bien la sortir de là. Quels étaient ses motifs ? Il y avait peu de chance que lui-même le sache. Lukas : un esprit tourmenté qui tourmentait les esprits. Aurait-il été possible que l’élève en soit venu à chambouler le professeur ? Rien n’était moins sûr.
Grand-mère Margaret remercia Samuelle d’une petite tape sur l’épaule lorsque cette dernière l’aida à la relever.
- Par ici, vite ! murmura Lukas prestement.
Prenant sa grand-mère par le bras, il la pressa dans les entrailles des soubassements. Régulièrement, il jetait des coups d’œil derrière lui. Les Patriarches n’abandonneraient pas.
Il y eut une trappe, puis un petit escalier, puis un long couloir très étroit. Le sol de pierre était humide voire, par endroit, parcourue d’eau. L’odeur était nauséabonde.
Soudain, la baguette de Lukas éclaira Balto qui arrivait à leur rencontre à grandes cavalcades, sortant de l’ombre. Ils s’arrêtèrent.
- Jusqu’où s’étend l’enchantement d’anti-transplanage ? demanda Lukas.
- A la moitié du petit jardin, répondit le chien.
Oui, c’était bien Balto qui avait parlé. Il avait l’exacte même voix que son maître. Une faculté étrange et mystérieuse que Lukas et le Beauceron gardait secrète, mais le temps pressait. Grand-mère Margaret, elle, ne semblait pas surprise le moins du monde.
- Mène-les y, ordonna Lukas à Balto.
Puis il disparut. Comme s’il avait supposé que Samuelle aurait cherché à le retrouver, juste derrière elle et Grand-mère Margaret se trouvait, à présent, un mur de lumière laiteuse qui condamnait magiquement le chemin vers les soubassements.
- Venez mon enfant, dit Margaret en prenant le bras de Samuelle. Il arrive que l’homme se doive de résoudre ses problèmes dans la solitude.
La voix chaleureuse de la vielle femme était teintée d’effroi. Mais elle connaissait bien son petit fils ; elle savait de ce dont il était capable. Hélas, elle connaissait aussi très bien les Patriarches…
Balto aboya sèchement, sommant les deux sorcières de le suivre. Sur une dizaine de mètres, il couru devant elles, jetant des coups d’œil en arrière pour voir si elles le suivaient bien.
Puis il y eut de nouveaux escaliers mal agencés et une nouvelle trappe que le valeureux Beauceron ouvrit d’un coup d’épaule. Ils finirent par se retrouver dehors, dans les jardins de l’Université. Il faisait nuit. Balto se tapissa dans l’ombre pendant un moment, scrutant les alentours, ses sens en éveil. Puis il fit signe à Samuelle et Grand-mère Margaret que la voie était libre.
- Maître Lukas veut… que Grand-mère Margaret… nous fasse transplaner hors d’ici, dit-il lentement, comme s’il réfléchissait. Mais il veut… que ce soit Mademoiselle Samuelle qui choisisse la destination.
- Comment va-t-il Balto ?
- Maître Lukas ne veut pas que je réponde, eut pour seule réponse le Beauceron.
S’il ne courait pas devant les deux femmes, elles auraient pu voir son regard si inexpressif. Un regard qui ne présageait rien de bon.
Balto s’arrêta finalement là où l’enchantement prenait fin. A peine s’était-il arrêté qu’il laissa échapper un jappement de douleur, fléchissant sur ses pattes pourtant robustes.
- LUKAS ! s’écria Margaret en s’approchant du chien.
C’était bien le nom du maître et non celui du chien qu’elle avait crié. Balto se secoua de tout son long comme s’il essayait de retrouver ses esprits. Margaret plongea ses yeux dans celui du Beauceron mais ce dernier détourna son regard. Elle n’insista pas, elle savait que Balto ne décidait pas. La vielle femme posa une main sur la tête du chien puis pris la main de Samuelle et la regarda, résignée. Elle était prête à transplaner mais suivait les dernières instructions du Chercheur de Sorts : c’était à Samuelle qu’il incombait de trouver la destination.
- Trouvez un endroit où nous serons en sécurité mon enfant, dit-elle d’une voix qui avait perdu une grande partie de sa chaleur.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Quand un expat' en rencontre un autre. #Ven 11 Fév - 22:38


Samuelle était bien plus qu’un électron libre. Elle était sauvage comme la magie qu’elle incarnait. Elle n’aimait pas qu’on lui impose des choix, qu’on lui donne des ordres, qu’on referme les passages derrière elle. Samuelle fit volte-face. « ARGL! »

Le mur luminescent n’était rien pour elle… Parce que le mur ne faisait qu’obstacle au passage alors que ceux qui l’encadraient étaient de pierre. Cette même pierre qu’elle avait effleuré tout le long de leur fuite… Elle aurait pu se faufiler. Si elle l’avait voulu. Ce nous dont il avait parlé n’avait pas tenu longtemps… Rejetée, la métisse choisie de soutenir Margareth. « Qu’il aille au diable! » maugréa-t-elle en français.

Elle se laissa entrainer dehors jusqu’à ce que Balto leur donne les directives de Lucas. Elle n’aimait pas les chiens guides non plus, et surtout pas ceux qui parlent avec la voix de leur maître… La sécurité? Un refuge? Samuelle ne connaissait qu’un refuge et c’était le sien. Il n’était pas question qu’il devienne le leur puisqu’il n’y avait pas de nous! Elle n’était pas généreuse. Elle avait appris à servir, pas à donner. « Je sais où je veux aller! » Elle était en colère. « Mais qu’est-ce qui lui fait croire que je veux vous y emmener! » Elle était en colère parce qu’un instant, elle avait cru en ce nous… Elle avait laissé Margareth lui prendre la main. « Y’a intérêt à ce que ce soit ses dernières volontés! MAINTENANT! » ordonna-t-elle.

Elle fixa son esprit sur leur destination, concentrant toute sa détermination sur l’espace à occuper et laissa Margareth trouver son chemin dans le néant.


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