la lamentable histoire de
Matthias de Salamine

" La vie joue à me massacrer. (...) Un jour tu seras libéré, une main te touchera et te donnera le monde en cadeau. " (Marc Pautrel)

† Matthias Johann de Salamine. †




▨ Shame on you, he said.
"La journée avait été longue. C'est ce que c'était dit Matthias, en tout cas. Lui qui était habitué à passer ses heures avec Keith, il n'avait maintenant plus le choix que de traîner avec le silencieux Reynar et autant dire que les dialogues et les échanges étaient limités."

▨ God, don't you know that i live with tones of regrets?
"Dans le lit d'hôpital, Matthias était allongé, dans des draps blancs. Il n'y avait personne à cette heure-ci de la nuit. Cela faisait deux jours qu'il était ici. En réanimation. Il n'était pas mort, non. Il vivrait également."

▨ The Fall of Mika'il.
"Matthias leva la tête. Un éclair venait de traverser le ciel, dessinant dans le ciel une marbrure dorée. Le petit blond eut un sourire en coin, un sourire attendri. Dieu était partout."

▨ I'll never be the same.
"Il avait été ramené rapidement à Sainte Mangouste, tremblant de peur, trop stressé, trop angoissé. Les joues mouillés de larme, il était resté prostré toute la sainte soirée, jusqu'à que la morphine l'emporte sur la peur, et que le petit blonde s'endorme, presque paisible dans son grand lit aux draps blancs. "

▨ Losing my religion...
"Matthias regardait la grande bâtisse devant lui, avec un petit air perdu. Était-ce au moins ce qu'il désirait, revenir auprès d'eux, maintenant qu'il n'était plus rien? Il avait perdu tout ce qui était important à ses yeux. Plus de croix autour de cou, plus de ses grands yeux qui brillaient encore hier d'une foi inébranlable."

▨ Lux æterna luceat agnus dei, Domine.
"La décision venait d'en haut. Logique. Après tant d'années de paix, il fallait bien que ça arrive, et le Conseil avait été clair : il serait juger comme n'importe qui, et ce, après avoir purger sa peine comme n'importe qui. Gabriel avait bien essayé de remonter l'estime de ses frères, mais Metatron n'avait pas été sympathique durant la séance."

▨ Angelus A Divinis.
"La justice divine était une chose bien mystérieuse même pour ceux qui se trouvaient au plus près de l'Eternel. Sans jamais l'avoir vu pourtant. Seul Metatron avait eu ce privilège. Elemiah lui n'aurait peut-être plus même le privilège de contempler la face de ses semblables sous peu. Il s'en doutait. Un ange qui désobéissait, il n'y avait qu'une seule sorte de châtiment."

▨ Your little piece of heaven turned too dark.
"L'appartement était calme ce matin là. Généralement, il l'était. Mais ce silence là était différent. Allongé sur le canapé, Matthias écoutait ce silence en fixant le plafond. Keith dormait sans doute encore, car le plancher n'avait pas encore craqué sous son poids... pas d'ange non plus."

▨ The rules of attraction.
"Au coin de la rue, y a un groupe de jeune qui gueule des insanités, qui font des reprises des Pink Floyd, et Matthias, qui frissonne dans le glas du soir, se dit qu'il fait tout le temps nuit sur cette ville, mais que les gens ont encore chaud au coeur, et qu'ils trouvent le courage de descendre dans les rues, pour hurler, hurler et hurler encore qu'ils sont libres et qu'ils sont forts."

▨ Le Bal d'Avril.
"Matthias observait du coin de l'oeil Keith, et quand il partit enfin, il soupira. C'était une bêtise, de faire comme s'il était heureux avec cette vie là. Il n'était pas heureux. Il détestait cette idée de bal. Non, pire encore, il détestait l'idée que Keith y aille avec Mascha."

▨ Hymn to my invisible friend.
"Jewel était rentrée chez elle pour le week end. La serpentard n’avait pourtant jamais considéré cette maison banlieusarde si calme et gentillette comme son chez soi. Elle y avait toujours été une étrangère, un parasite, une indésirée."

▨ Rising With The Morning Sun.
"Il fait sombre sur Londres, mais ce n’est pas à cause des démons. Mais ce matin n’est pas comme les autres. Parce qu’autour de la table, il n’y a que la tête blonde de Matthias de Salamine, les yeux cerclés de rouge. Ses yeux verts ont peut-être pleuré, mais maintenant ils sont secs."

▨ ...puisque la fin précède toute naissance.
"Il a plu cette nuit, à torrent. La neige a fondu sous les larmes des amants maudits et encore ce matin l'eau vous serait arrivé au genou. Mais l'eau coule comme le temps et sous les pas léger de Marie, elle défie la gravité et flotte en gouttelettes argentées."

▨ Newborn.
"C'était la première fois que Keith pouvait ramener ses fils à la maison. Il n'avait pas forcé Mascha, il avait simplement attendu qu'elle les lui laisse. Il était visiblement hors de question pour elle de venir, à cause de Matthias si il avait bien compris, et bien que la raison de cette inimitié lui échappait totalement, il n'avait pas insister."

Il est rentré tard hier soir, tard dans la nuit, comme une ombre. D’ailleurs il n’a vu personne. Car il n’y avait personne. L’appartement était froid, sans vie. Comme une tombe. Matthias n’a rien dit. Il s’est assis et à manger un bout de ce qui traînait depuis deux jours dans le frigo, et c’est dans le silence le plus totale qu’il a pris une douche juste après. Se sentir propre à nouveau, ça lui a fait du bien. Pas d’être seul, mais d’être propre. Ensuite il s’est assis dans le canapé, a regardé l’heure, et il a conclu que Keith ne reviendrait pas ce soir non plus, parce qu’il avait des enfants maintenant, et que Mascha n’était sans doute pas sortit de Sainte Mangouste. Deux enfants. Il regarde l’écran noir de la télé, il se penche dans son canapé, les coudes sur les genoux, et il pleur silencieusement, comme une énième fois dans cette vie qu’il trouve de plus en plus ridicule à vivre. Se peut-il seulement que cette vie est encore le moindre sens?
Tout s’effondre, s’effrite, et il crève lentement à l’intérieur. Il lui serait facile de se pendre maintenant, alors qu’il n’y a personne dans l’appartement. Ca serait une drôle de surprise pour quand Keith rentrerait. Mais il ne le fera pas. Il ne cille pas, même quand une lumière éclaire la petite pièce comme une myriade d’étoiles réunis ici bas, sur terre. Mika’il est la plus belle des étoiles, parce qu’il peut être aussi grand que beau, doux que fier et terrible à la fois. Il est un homme parmi les dieux, et Matthias ne saurait si l’avoir en Ange Gardien est un bien ou un mal, parce qu’à la réflexion, est-ce par ce qu’il est fort et parce qu’il est faible qu’il en a hérité ? Il n’en a jamais rien su. Il se rappelle juste que la première fois qu’il l’a vu, il a été subjugué par cette beauté sans nom, par cette chaleur, et par cet être qui, tout drapé de soie, respiré autant que la richesse que la bonté. Mika’il était un homme de coeur et de parole, mais il avait toujours été même dans les moments les plus durs, et ne l’avait jamais tenu responsable de rien. Matthias releva les yeux, pleins de larme, et Mika’il avait un sourire sur la bouche, un sourire grandiose et éclatant, comme une mère qui se moque des chagrins ridicules de son enfant. Lui n’avait eut de mère, mais il aimait ce sentiment, même s’il n’était pas de ceux qu’il connaissait. Mika’il approcha, froissant le satin de son vêtement en se posant à côté de son protégé. Matthias essuya nerveusement ses yeux sous le regard amusé de l’archange, qui déplia ses six longues ailes derrière elle.
“Tu vas te rendre malade pour peu de chose. Tu ne devrais pas être heureux? Ton meilleur ami a après tout deux enfants.” Aucune réponse. Matthias se tendit comme à chaque fois qu’on lui parlait de Keith, parce qu’ils n’avaient pas le droit. Pas même Mika’il. Il resta un instant prostré, à serrer son jeans, puis souffla douloureusement : “Keith est la dernière personne que j’aimerais voir en ce moment.” “Menteur.” Mika’il roule des yeux alors que Matthias glisse sur le canapé, pose la tête sur ses cuisses et l’ange passe sa main chaude dans ses cheveux blonds courts. “Je les préférais avant. Tu étais plus beau avec les cheveux longs.” Matthias ne réponds pas et ferme les yeux, alors que les lourdes ailes de l’archange s’élèvent et forment comme une bulle de plume blanche et noire auteur d’eux, les protégeant d’être vu et de voir. Mika’il est calme ce soir, car il n’a rien à faire, et c’est pourquoi il perds librement son temps, qu’il caresse les cheveux blonds de son protégé en pensant à tout autre chose. A demain, ou peut être à dans un siècle, il n’en sait rien. Il imagine seulement, il cherche à lire les pensées les plus profondes du jeune Salamine, et il ne trouve rien qu’une profonde douleur, et c’est bête mais c’est comme avoir rater quelque chose. L’archange le sait : son protégé n’est pas heureux, et au plus profond de lui ça l’embête. Il aimerait vraiment faire quelque chose, mais rien ne lui vient à l’esprit, alors il passe ses mains sur son front.
“Tu es triste?” La voix claire de Mika’il est une caresse et Matthias ouvre doucement les yeux. La musique s’est mise en route, et c’est le disque de Keith. C’est Ben Harper. Mika’il sourit doucement. “Tu pars toujours perdant. Tu penses que le monde s’est fait par les pleurs d’un homme? Si tu ne tentes rien, tu n’auras jamais rien. Si tu ne demandes pas, qui saura ce que ton cœur recèle? Tu l’aimes à en mourir, un tel amour n’est pas péché Matthias. Regarde moi. Oui, regarde moi avec tes yeux magnifiques. Tu l’aimes, et c’est ce qui compte le plus au monde.” Mika’il eut un petit sourire, radieux, alors qu’il passait sa main dans la tignasse blonde de Matthias qui ne comprenait plus vraiment. Est-ce qu’il devait aller voir Keith? Est-ce qu’il devait tenter sa chance? Essayer, comme poser un ultimatum. Oui ou non. Et exiger une réponse, claire et nette. Une dernière réponse. Mika’il se leva lentement, se pencha et déposa un baiser sur le front de Matthias qui ferma les yeux, comme un enfant devant sa mère. Mika’il, les cheveux trop longs sur ses hanches et a un air de madonne, eut un rire claire.
“Sois courageux Matthias, courageux et bon.” Et comme l’ange avait finit de parler, il disparu dans un petit éclat d’étoile, laissant tomber sur le sol une plume, comme ultime preuve de son passage. Matthias resta un instant en suspens, puis referma les yeux, amusé. Il tenterait sa chance. Mais demain...