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 The rules of attraction. (pv)

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PROFIL & INFORMATIONS









Matthias J. de Salamine

Matthias J. de Salamine
MAGISTER. ► ès HDLM.

► MESSAGES : 171
The rules of attraction. (pv) #Sam 21 Aoû - 22:16




« Tu sais Matthias, les cheveux courts. Ça te donnerait un petit air... euh, moderne. »
« Tu crois? J'ai toujours eut les cheveux jusqu'aux épaules. » réponds t-il, tout doucement.
« Essaye! Tu verras bien! »

Elle rit fort et lui met un petit coup de coude, relève le nez et va voir le client qui se présente à la caisse. Matthias travaille dans une épicerie moldue. Il n'y a que rarement quelqu'un, alors... Il fait souvent l'inventaire. Il fait un peu tout ici, comme ça, la jeune fille est tranquille, elle ne fait que la caisse. Et sa grand mère, qui est la propriétaire de la maison, et qui a une jambe dans le plâtre. Matthias se plaît bien ici, et si la paye n'est pas énorme, avec les heures qu'il fait, il arrive à payer le loyer. Et la plus part des factures. Keith travaille aussi, alors la vie est facile. Ils se permettent même quelques sorties, quelques excès. Rares. Mais de temps en temps, ça fait toujours plaisir. D'ailleurs, ce soir il sort. Chez le coiffeur. Il a décidé ça, comme ça, juste après que Julia l'a dit. La porte s'ouvre, et au même moment, c'est James Morrison qui passe sur les ondes. Il sent le courant froid qui se faufile de dehors à l'intérieur chaud. Il fait très froid dehors. Selon ce qu'il en sait, Fubuki est revenu à Londres, même si elle est loin du centre, traînant au Nord. Lui le sait pertinemment. Un instant, son regard se perds dans la ruelle, à travers la vitrine. Un instant, il a le visage dur de ceux qui se doutent de quelque chose, mais finalement, il détourne le regard, regarde l'heure. Avec cette nuit perpétuelle, on ne pourrait même pas différencier 13h de 20h... Et encore une fois, il a finit le boulot à 22h. Au même moment, Julia revient, tout sourire, et se pointe devant Matthias, la bouche en coeur.

« Tu fermes les volets, et tu peux rentrer chez toi. Il n'est pas très sérieux de rentrer à n'importe quelle heure... »
« D'accord Julia. »
« Je file de suite, Mamie a besoin de moi. Tu oublies pas de fermer, hein! »
« J'ouvrirais demain, alors je prends les clefs. »
« Tu veux vraiment ouvrir demain? Il est déjà tard, je ne t'en voudrais pas si tu venais un peu plus tard, tu sais... »
« Non, non, ça ira. Ne t'inquiètes pas. »
« Bon... D'accord. »

Il attrape les clefs, et Julia part déjà. Matthias se retrouve seule. Bon... A 22h, pas sûr qu'il y ait beaucoup de coiffeur ouvert. Il sort dehors, ferme la porte derrière lui, et sert autour de lui sa longue veste, et avance sur Silver Road, l'air de rien. Il tourne, et au loin, un homme fait la manche. Il fait froid ce soir, il y a de la neige dans les rues, il y a bien sept centimètres, et cet homme... oui, cet homme est en chemise, il a des chaussettes troués. Matthias soupire, sort les clefs de la poche de sa veste, son portefeuille et il tends ses gants, son écharpe et sa veste à l'homme. L'homme le regarde, un instant, interloqué, et il souffle mille merci entre ses lèvres, en s'agenouillant devant le blond. Matthias a un petit rire gêné, lui demande de se relever, et finalement il repars, désolé de ne pas pouvoir faire plus. Il sait qu'il ne peut pas faire le mieux du monde. Il n'est pas dieu. Il n'est pas assez riche pour se permettre de prendre tout le monde chez lui. Dans la vie, il faut être réaliste. C'était bien beau l'époque où il pensait pouvoir changer le monde et les inégalités, allant contre l'église qui pensait que tout le monde avait sa place, et qu'il y avait du bien dans les rangs et les faussets sociaux. Au coin de la rue, y a un groupe de jeune qui gueule des insanités, qui font des reprises des Pink Floyd, et Matthias, qui frissonne dans le glas du soir, se dit qu'il fait tout le temps nuit sur cette ville, mais que les gens ont encore chaud au coeur, et qu'ils trouvent le courage de descendre dans les rues, pour hurler, hurler et hurler encore qu'ils sont libres et qu'ils sont forts. Matthias s'enfonce dans sa rue, parcourt les derniers mètres en grelotant, le nez et les joues rouges. Pour sûr qu'il a choppé la crève, lui qui est si fragile, malgré sa haute taille et son air de caïd. Il monte les marches, rapidement, et entre dans l'appartement. Il referme la porte, attends un instant dans l'entrée, écoute le silence dans la pièce. Keith est là. Et il est seul. Pas de Mascha. La frayeur s'échappe de lui. Il se dirige vers la salle de bain.

« J'ai pas faim ce soir Keith, j'vais prendre une douche! »

Et la porte de la salle de bain se referme déjà derrière lui. Il regarde le miroir, s'observe un instant, et finalement sort son paquet de cigarette, en allume une. Il inspire, recrache la fumée en une volute grisée, et il a un petit sourire. Ses yeux sont clairs, mais ses cheveux, lourds, forment comme une auréole trop gentille autour de son visage. Il sort la tondeuse qui se trouve sous le lavabo, la branche, l'allume. Il n'est pas coiffeur. Il ne l'a jamais été d'ailleurs. Mais pas besoin d'être coiffeur pour se couper les cheveux. Il attrape un sabot, le met sur la tondeuse, et rase directement la nuque. Ses cheveux tombent en paquet sur le sol. Là tout d'un coup, la radio de la salle de bain se mets en route. C'est Queen. C'est Queen, et une batterie puissante qui donne le tempo à des voix d'hommes. Matthias écoute d'une oreille, alors qu'il se rase le contour des oreilles, le regard fixe dans le miroir. Il n'est pas une fille. Il n'a pas les cheveux longs, ni une poitrine d'enfer. Cette nuit encore, il a rêvé à Keith. C'est malsain, quand il se réveille et qu'il n'ose même pas regarder sous la couette, trop sûr de s'être encore laisser aller. Ça ne devrait pas arriver, surtout quand on sait qu'il dort dans le salon, et que bien souvent, la couette tombe sur le sol, laissant le jeune homme en caleçon à la vue de tous. Soit, c'est humain, mais c'est une « big disgrace », quelque part. Il continue calmement. Puis finalement, quand il a fini de raser la nuque et le contour des oreilles, il ressemble à un de ses hommes du moyen-âge, un scribe, un moine féru d'écriture. Il rit et se moque de lui même, laissant tomber sa clope en riant. Elle lui brûle la peau, il siffle et finalement la reprends de sur le sol. Il éteins la tondeuse, attrape ses ciseaux et là, sous des coups impulsifs et irréguliers, il coupe, coupe, et coupe encore dans la masse des cheveux bouclés qui bientôt ne le sont plus. Ils sont raides comme ils sont courts. À son souvenir, il n'a jamais eut les cheveux courts. Et sa mémoire remonte à l'époque où il avait cinq ans. À cette époque, il avait les cheveux longs jusqu'aux omoplates... Petite fille, dans un habit étriqué, qui ne mangeait que du pain et de l'eau chaude. Il se rappelle du père Épiphane, qui se moquait parfois de voir qu'il était une vraie fille. Il a bien grandi, le jeune homme. Aujourd'hui, il ressemble à un de ses punks gays du coin. Avant-hier, il n'a rien dit à Keith, mais un mec a attrapé sa tignasse et a crié « avec des cheveux comme ça, j'suis sûr que t'es qu'une pédale! ». Fag. Matthias n'a rien dit, il a juste regardé l'homme, a zieuté son crâne rasé, ses chaussures de sécurité, et sa ceinture en forme d'aigle. Il a eut un sourire fin, a tourné le dos et est partit. S'il n'était pas partit à cet instant, sans doute qu'il l'aurait tué. Qu'importe. Il regarde rapidement sa nouvelle coupe, et... franchement, c'est raté. Il écrase sa cigarette finie, et éclate de rire pour lui. Quand Keith va voir ça, il va être choqué. Pour sûr. Finalement le jeune Salamine se lève, se déshabille et entre dans la douche. L'eau froide le fait trembler un peu, il se crispe sous l'eau, mais s'habitue finalement. Malgré l'eau froide, il se sent bouillant comme le diable. Il a l'impression d'avoir le corps en feu. Ça brûle. Il soupire, se lave, les cheveux coupés tombent et glissent dans le receveur. Il éteins l'eau, ressort, s'essuie et finalement sort de la douche, une serviette autour des hanches. Une nouvelle cigarette à la bouche. Il passe dans le couloir, mais s'arrête à l'ouverture qui donne sur le salon. Keith est dans le canapé. Matthias le regarde, un instant, silencieux. Il s'appuie sur la bordure, avec un tout petit sourire en coin, les bras croisés.

« Pas trop fâché? J'aurais du te prévenir que je rentrerais tard, j'suis désolé, j'ai pas pensé à t'appeler... En faite, j'ai même pas vu l'heure. C'est Julia qui m'a foutu dehors... » Il a l'air... mitigé. Amusé, et un peu gêné. Il a une cigarette à la bouche. Depuis un mois, il fume devant Keith. Même si il sait qu'il aime pas ça. « Je m'habille, et on se regarde un film tous les deux, ce soir? »

Il a un air calme. Matthias aime travailler, plus qu'aller à Poudlard en réalité. Il est tellement calme qu'il oublierait presque qu'il vient de défoncer sa coupe, cette coupe qu'il porte depuis qu'il a cinq ans, et qu'il a aux lèvres une cigarette qui sent le tabac comme pas possible, dans une maison saine. Matthias est peut être trop calme, en faite... Même s'il tremble, qu'il est gelé et nu sous sa serviette. C'est vraiment le pire, depuis qu'il a été excommunié...









Keith Whiteley

Keith Whiteley
SORCIER.► décédé.

► MESSAGES : 236
The rules of attraction. (pv) #Dim 22 Aoû - 10:21


Si Keith était à la maison ce soir là c'était qu'il prenait le boulot à quatre heure ce matin. Il avait commencé par travailler à la bibliothèque et comme Matthias, il lui avait fallu prendre un deuxième boulot dans une épicerie, puis finalement, grâce au directeur de la biothèque, il avait pu entrer comme agent d'entretien au British Museum et donc retrouver un peu plus de temps libre pour préparer ses examens de fin d'année.
Il s'était levé à dix-sept heures environ après être rentré vers onze heures du matin. Ca ne le dérangeait pas de travailler de nuit. Généralement il se faufilait hors de leur appartement et quand il revenait Matthias était parti lui aussi. Alors c'était toujours le même rituel, il fermait, jetait les clés sur la table et direction la douche. En sortant il prenait un café et se demandait ce qu'il allait faire à manger. Ce soir là c'était poulet à la moutarde et haricots. Il mettait la table et attendait. Une heure... deux heures. Le repas était froid. Bon. Tant pis, il mangeait. Keith n'aimait pas manger seul. Il n'aimait pas s'inquiéter non plus. Ses doigts pianotaient nerveusement. Il finit par se lever et faire la vaisselle, ses pensées divaguant parfois fois en circonvolutions sasnauskiennes qu'il avait autrefois pris bien plus de plaisir à voir visiter ses moments libres. Les temps avaient changés. Et il n'avait pas la tête à ça de toute manière. Il pensait à cet enfant qui n'existait peut-être que dans sa tête. Pourtant il en était sûr. Ses pensées prirent un tournant dantesque où il se voyait cacher son propre enfant. Il se noyait la tourmente. Pourquoi mentirait-elle? Il n'avait plus la patience de passer toutes ces petites fantaisies. Pas pour ça. Il voulait savoir. Il fallait qu'elle arrête. Là maintenant!

« J'ai pas faim ce soir Keith... »

L'interrupteur de secours. La voix de Matthi qui venait de rentrer. Le tourbillon manichéen qui le tourmentait se dissipa en une seconde. Avait-il vraiment à ce demander qui de lui ou d'elle était le tortionnaire? Non. C'était futile. Keith se retourna vers son meilleur ami, faisant signe que tout marchait. Il attendit que Matthi disparaisse dans la salle de bain pour mettre les restes au frais. Dommage. Ce serait tellement moins bon une fois réchauffé. Pas grave. Il fit la vaisselle, utilisant sa baguette pour le pas tirer l'eau pendant que son coloc' prenait sa douche quoiqu'il se doutait qu'il devait la prendre froide. Simple... délicatesse de la part de Keith. Sans doute superflue. Enfin...

« Pas trop fâché? J'aurais du te prévenir que je rentrerais tard, j'suis désolé, j'ai pas pensé à t'appeler... En faite, j'ai même pas vu l'heure. C'est Julia qui m'a foutu dehors... »
« Oh ç... », Keith s'interrompit, un peu choqué de cette nouvelle vision d'un Matthias de Salamine aux cheveux courts, la clope au bec - oh Dieu savait comme Keith détester l'odeur de ses clopes mais peut-être qu'il détestait encore plus cette nouvelle lubie de son meilleur ami. Fumer c'était... résolument destructeur pour des gens qui avaient reçu leur éducation. Mais il n'était pas sa mère, ni le cardinal pour lui dire quoique ce soit. Un jour il exploserait. Ca reviendrait sur le tapis d'une histoire qui n'avait aucun lien avec la clope mais au moins ça serait dit. peut-être que Matthi se serait arrêter avant. « Si tu voulais du changement c'est plutôt réussi. Une idée de Julia? », demanda le préfet de Serpentard d'un ton amusé.

Ca ne lui allait même pas mal c'était juste, terriblement différent. Il allait lui falloir un petit temps d'adaptation pour s'y faire mais ça n'était pas un mal en soit. Le changement. Lui garderait sans doute ses boucles brunes mi-longues. Keith eut un sourire amusé. Peut-être que finalement c'était Julia qui allait réussir à faire franchir le pas à Matthi. Car même ici il gardait la dernière de ses habitudes prises au Vatican: rejeter ce genre d'attachements à une autre personne. Marrant de voir comme quand Keith s'en détacher peu à peu, il lui semblait que Matthi n'était peut-être pas une cause désespérée de ce côté là finalement. Il n'y avait qu'un truc pour le faire tiquer: pourquoi était-il si calme. Trop peut-être. Ou alors c'était que Keith devenait paranoïaque. L'idée lui tira un sourire en coin, un peu blasé.

« Je m'habille, et on se regarde un film tous les deux, ce soir? »
« Okay. »

Okay? Non, il aurait du dire autre chose. Mais curieusement il ne dit rien. Il pense aux boucles blondes de Matthias et il se dit que ça achève de marquer la fin d'une époque, et que peut-être, ça n'est pas plus mal. C'était ce qu'il avait toujours voulu dans le fond. Être libéré des mensonges de l'église. Mais cette vie là, où un Matthias à la coupe rock le regardait en tirant sur sa cigarette, où il s'évertuait à pousser la fille qu'il avait aimé dans ces retranchements pour qu'elle lui avoue que oui, elle était enceinte de lui (aurait-il pu une seule seconde penser que ce n'était pas de lui?), et où sa petite soeur s'était perdu dans un monde trop dur pour elle... était-ce vraiment ça qu'il avait voulu? Enfin... cette vie là n'avait pas que des défauts non plus. Il l'appréciait même.
La tourmente acheva de se dissiper et Keith retrouva ce regard lumineux de toujours, les traits détendus.

« Mais je te préviens on ne se refait pas le vieux péplum pseudo religieux de l'autre fois. »









Matthias J. de Salamine

Matthias J. de Salamine
MAGISTER. ► ès HDLM.

► MESSAGES : 171
The rules of attraction. (pv) #Dim 22 Aoû - 22:04




Un instant, Matthias cru que Keith s'était arrêté pour dire autre chose, pour quelque chose qui l'aurait fait cruellement sourire, et qui l'aurait poussé à franchir ce qui depuis des mois le bouffait de l'intérieur et le rendait infecte pour bien des gens. Mais non. Ce n'était que sa coupe, ses cheveux. Ses cheveux qui plus jamais ne seraient long, car plus jamais il ne serait ce petit garçon aux cheveux longs et aux boucles d'or, presque « belle » quelque part, avec toute la féminité des travestis antiques. Il ne voulait pas ressembler à Mika'il. Il ne voulait pas non plus ressembler à une fille. Pour la première de sa vie, il voulait qu'on le regarde, non pas qu'on remarque sa belle gueule, mais il ne voulait tout simplement pas qu'on dise « il a un visage d'ange ». Il en avait juste marre d'être un ange. Il avait ce sentiment rebelle au plus profond du coeur, et ça le taraudait.

« Si tu voulais du changement c'est plutôt réussi. Une idée de Julia? »

Matthias regarda Keith, plus fixement. Pendant un infime moment, il s'était fâché de l'entendre parler de Julia. Il était nu, avec juste une serviette, et la seule chose qui traversait l'esprit du jeune préfet, c'était l'existence de Julia, vingt deux ans, célibataire? Mais il ne se fâcha pas, et eut un fin sourire, un sourire qui ne voulait rien dire, ou trop. On voyait bien que quelque chose n'allait pas, mais quoi exactement, personne n'aurait su le dire. Il se contenta de hausser les épaules.

« Si ça n'avait été que Julia, je n'aurais rien fait. » Il ferma les yeux, humble un instant. « Juste que je risque de tuer le prochain qui ose me dire que je suis pédale car j'ai les cheveux longs et une gueule d'ange. Marre de me faire accoster par des skins heads sexuellement refoulés et frustrés... » Silence. « Et puis, ça fait du bien de changer. »

Il l'a dit sans y penser, mais après tout, il ne peut pas filtrer tout ce qu'il va dire. Faut bien que ça sorte, un jour ou l'autre. Un instant de silence qui emplie la pièce, et comble quelque part le désespoir de Matthias : il pourrait être nu que ça ne changerait rien. À ce moment même, Keith doit être en train d'imaginer sa petite vie de famille avec Mascha, et son enfant. Avec un peu de chance, ça sera un garçon. Alors il faudra repeindre la chambre de Matthias en bleu, pendant qu'il ira chercher un appartement pas très loin, pour que « tonton Matthi » voit le « petit Keith ». De la merde. Il déteste cet excès de jalousie qui brûle dans ses veines, qui bouillonne en lui, malgré qu'il tremble comme une feuille. Il a la crève, c'est sûr, mais il s'en fout. Demain, c'est samedi. Dimanche, c'est repos – dodo.

« Je m'habille, et on se regarde un film tous les deux, ce soir? »
« Okay. »

Matthias a un sourire réjoui. Il n'en demandait pas plus. Regarder un film avec Keith, le peu de temps qu'ils se voient, c'est tout ce qui lui fait plaisir. C'est son petit bonheur de la fin de semaine, ou des vacances, quand ils travaillent tous les deux comme des forcenés, et qu'ils se retrouvent à peine pour manger. Qu'importe, car juste après, pendant deux, trois heures, ils sont ensemble devant la télé. Juste ensemble. Et personne d'autre. Ni Mascha, ni Reynar, ni Nicolas. Juste eux. C'est cette vie qui, intérieurement, a toujours tenté Matthias. Ne vivre qu'avec Keith, ne se nourrir de sa présence et de son amitié. Le monde entier peut bien être détruit, si seulement Keith reste avec lui, à ses côtés, fidèle en amitié. En amitié seulement. Matthias sait qu'il ne peut pas lui demander de l'aimer, car il en aime une autre, car il va avoir une vie. Une autre vie. Et que Matthias ne fera jamais le poids face à l'amour d'une vie, aussi morale soit le bon Keith. On ne confonds pas un frère avec une femme, surtout quand le frère est de coeur... et est amoureux de soit. Matthias détourne la tête, un instant.

« Mais je te préviens on ne se refait pas le vieux péplum pseudo religieux de l'autre fois. »

Matthias va pour rétorquer, mais finalement se tait, et a un petit rire.

« Je m'habille, et on regarde ce que tu veux. »

Et déjà il disparaît dans le couloir, atterrit dans sa chambre, laisse tomber sur le sol la serviette. La porte est entrebâillée, mais il sait que Keith ne se lèvera pas, ou n'entrera pas sans demander s'il est correctement habillé. Le Vatican, ou le bonheur de la non-intimité. Il mets juste un caleçon noir, et enfile une chemise extra large et longue, qu'il a acheté spécialement pour dormir. Quand il était encore petit – et qu'il ne dépassait pas Keith – cette chemise faisait sur lui l'effet d'une pouche, et rendait son corps presque androgyne. Aujourd'hui, il y rentre un peu mieux, et la chemise ne tombe que sur le haut de ses cuisses. Ses épaules bien larges font de son corps un espèce de V taillé dans le marbre, délicat et finement musclé. Ça se voit bien, que Matthias bouge, s'exerce. Ce n'est pas de la musculation : c'est du travail. Il revient finalement, enfilant des chaussettes et traînant derrière lui une couverture. Ce soir encore, il s'endormira dans le canapé, sous sa couverture, comme il n'arrive pas à dormir dans sa chambre. Ça lui rappelle de « mauvais souvenirs », le noir de la chambre, le silence aussi. Dans le salon, c'est différent. La fenêtre est ouverte la nuit, pour que ça « respire », et aussi parce que Matthias aime avoir froid. La nuit. Il écrase sa cigarette dans la cuisine, jette le mégot dans la poubelle et entre dans le salon. Il s'assoit à un bout du canapé, remonte ses jambes sur le tissu, et finalement envoie la couverture sur tout le canapé, ronronnant déjà à l'idée de s'endormir ici (même si en fin de soirée, il ne ronronne plus vraiment, mais panique de ne pas dormir à trois heures de son réveil...). Il regarde Keith, et avec un sourire amusé, souffle :

« J'ai entendu dire qu'il y avait un film de romance à la télé ce soir. Ça pourrait être drôle. » Il réfléchit, se rappelle le titre. « Je crois que c'est... Le secret de Brokeback Mountain. Elle a dit que ça me plairait. Ça commence dans dix minutes en plus. Y a une histoire d'un homme qui perds son amour, blabla, et il a une femme et des enfants je crois, mais il doit aimer une autre femme en dehors de son mariage, mais vu que c'est mal vu, il peut pas l'épouser... 'fin bref. J'ai pas bien compris ce que Julia me racontait, mais elle, elle a trouvé le film génial. Surtout que d'après elle, Ledger a un rôle d'enfer... même si j'ai pas bien perçu la signification de l'expression 'd'enfer'... Ou y a Jurassic Park. »

Il a un sourire moqueur et amusé. Parfois, il se fait rire. Il sait bien qu'il a des lacunes, qu'il ne comprends pas tout, mais peut-il se reprocher d'avoir grandi dans un monde stérile et stérilisé? Aucune bactérie, aucun microbe dans des murs où rien ne pouvait entrer, où tout était contrôlé. Avant cette nouvelle vie, Matthias ne connaissait même pas la radio, pas même les Dogs, ou les classiques. Ce qu'il écoutait en permanence, c'était la chorale de la Chapelle, qui récitait en boucle les cantates et autres cantiques et psaumes de David. Plus rarement, il avait eut le droit à l'opéra, avec des grandes œuvres comme Faust, mais jamais rien qui aurait pu faire germer en leurs âmes pures et chastes une pensée perverse. Alors imaginer, un seul instant, que Le secret de Brokeback Mountain, par inadvertance, se trouve être un film gay... lolz?










Keith Whiteley

Keith Whiteley
SORCIER.► décédé.

► MESSAGES : 236
The rules of attraction. (pv) #Lun 23 Aoû - 18:34


« Si ça n'avait été que Julia, je n'aurais rien fait. Juste que je risque de tuer le prochain qui ose me dire que je suis pédale car j'ai les cheveux longs et une gueule d'ange. Marre de me faire accoster par des skins heads sexuellement refoulés et frustrés... Et puis, ça fait du bien de changer. »

Keith le savait parfaitement bien. Matthias n'aimait pas parler de lui. Il s'emportait quand on touchait aux sujets qui l'atteignaient d'une manière ou d'une autre, l'amour en faisant grandement partie. Et d'ailleurs on ne pouvait pas reprocher à Keith de ne pas y mettre toutes les précautions. Il ne lui demanderait pas ouvertement la nature de sa relation avec Julia. Il lui en parlait parfois, preuve qu'elle avait une place sur l'échiquier mais de là à dire qu'elle avait réussi l'exploit qu'aucune autre avant elle n'avait su... non. Keith n'aurait pas parié là dessus. Il l'espérait simplement, prenant en compte les changements qui s'effectuaient chez son meilleur ami, peut-être que... une autre chose... cette histoire de Skin heads. Keith ne dit rien. Il n'en pensait pas moins. Ca ne lui plaisait guère de savoir que ce genre de types tapaient des réflexions à Matthi, d'autant qu'ils n'y avaient généralement pas que les réflexions qu'ils tapaient. Keith était typiquement le genre de mec à respecter les distances de sécurité, l'espace vital des autres. Ce n'était pas un Serpentard pour rien. Lui aussi vénérait une sorte de zone de non-agression. Pour autant, il était un peu trop proche de Matthias pour ne pas franchir l'interdit en cas de besoin.

Il attendit tranquillement sur le canapé, ruminant quelques projets qu'il ne partagerait pas avec son colocataire, par simplement précaution. La minute Sasnauskas était passée. La minute "mon enfant imaginaire" aussi. Il pouvait se consacrer parfaitement à un moment de détente avant de prendre le boulot. Ces moments là étaient précieux pour Keith. C'était sans doute ceux qu'ils préféraient. Les moments où il n'avait rien d'autre à penser que regarder un film avec son meilleur ami, et discuter de tout et de rien. Parfois critiquer un mauvais acteur, ou rire d'un costume trop grotesque. Leur petite routine où il ne pouvait rien se passer d'autre que des broutilles sans gravité. Voilà ce qu'il appréciait. Peut-être que si la vie avait pu être comme ça avec Mascha, il serait passé outre tout ce qui l'exécrait chez elle et aurait aborder son avenir plus sereinement. Mais il n'y avait qu'avec Matthias qu'il pouvait recréer des moments d'absolue tranquillité. Ce n'était pas que tout était parfait. Ils se prenaient la tête comme tout le monde, et à fortiori parce que étant amis, ils n'avaient parfois aucune raison de chercher à faire profil bas l'un devant l'autre, là où un couple aurait du peser le pour et le contre, se retenir pour ne pas se pourrir. Eux, ils étaient libres et ils n'avaient pratiquement aucune raison de se prendre la tête.

Keith évitait de parler de Mascha. Pas seulement parce qu'il savait que Matthias ne l'aimait pas mais aussi parce que ce n'était pas le genre de chose dont il aimait parler. Il respectait donc que Matthias ne lui raconte pas sa vie en dehors de l'appart. Quelque part, ça ne le regardait pas vraiment. Ca l'intéressait c'est tout.

Ayant le choix entre un film de dinosaures et un film romantique que Matthias semblait vouloir voir, Keith ne fit pas le difficile. Et puis effectivement, du moment qu'il ne se refaisait pas le coup du péplum poussiéreux, Keith serait content. Il avait découvert la télé en découvrant la vie en appartement et c'était un divertissement plutôt sympa à la vérité, même s'il se plaisait parfois à imaginer ce qu'en penserait le Vatican. Il se rappelait la messe condamnant déjà la pelicula obscena alors ... Le film commença, et Keith, calé sous son bout de couverture eu un demi sourire en voyant Heath Ledger, l'air bougon éteindre une cigarette. Puis débarqua un brun qui se chargea d'entamer la conversation. Ca fit rire Keith qui fit remarquer:

« On dirait toi et moi quand je fais des miennes et que tu fais la gueule. Ca commence bien. »

Puis il ne dit plus rien et suivit le film jusqu'à ce que ça ne dérape et qu'il ne se mette à regretter d'avoir comparer les deux personnages principaux à eux. Visiblement son double cinématographique avait un faible pour le pendant de Matthias qui n'avait pas vraiment l'air emballé au début. Déjà à ce moment là le préfet de Serpentard donna un petit coup d'oeil à Matthi l'air de rien, se doutant que regarder deux hommes se dévorer passionnément ne devait pas être tout à fait de son goût. Enfin, ça ne l'avait jamais été jusque là alors... Le brun s'éclaircit la voix et continua de regarder le film. La scène d'amour étant passé, voilà que les deux protagonistes se mettaient sur la gueule. Finalement Keith passa outre la remarque qu'il avait faite au début du film et se plongea complètement dans l'histoire.











Matthias J. de Salamine

Matthias J. de Salamine
MAGISTER. ► ès HDLM.

► MESSAGES : 171
The rules of attraction. (pv) #Lun 23 Aoû - 23:33




Matthias essayait de se rappeler sa vie au Vatican. Il essayait aussi de comprendre comment un écran si petit (en réalité, il fait 127 centimètres) pouvait avoir tant de mauvaises influences sur un être. Après tout, chaque homme avait son libre arbitre. N'étais-ce pas exagéré de dire, voir même d'interdire de regarder ce genre de film, d'écouter certaines musiques? Quelque part, il commençait à croire que cette grande institution croyait protéger leur fidèle en leur interdisant de vivre, et que à cette vie, qui n'en était finalement pas une, il n'avait rien eut pour se protéger, pour l'appréhender. On jetait des agneaux innocents dans un banc de requin, en espérant fortement que la foi l'est en sorte. C'était un drôle de rite, un passage de l'âge adolescent à l'âge adulte peut être. De ce que Matthias savait, son quartier était pauvre. Il y avait deux petites bandes dans le coin, qui se frappaient sur la tête la nuit, mais pas de meurtre. Pas encore. Un jour, ça déraperait, car quand on sort une batte de baseball, il faut s'attendre à ce que l'homme en face sorte un couteau. Lui n'intervenait pas. Il n'était ni noir, ni blanc. Il était neutre en cette terre, et si les gens étaient assez bêtes pour croire qu'une couleur réglait le destin d'un homme, son intelligence ou encore son mérite, c'est qu'ils n'avaient rien compris eux aussi à la vie. Matthias, lui, avait été frappé par a culture rock, punk. Plus que ça, contestataire. Petit rebelle en devenir, il avait comprit l'importance du vote, de la citoyenneté, mais également de la morale dans la rue, de l'éducation. Pendant toutes ses années, on avait mit des oeillières sur ses yeux, on lui avait fait croire que la misère n'était que pour ceux qui le méritent, et qu'on peut tout faire quand on le veut. Lui, il avait commencé à travailler, et il avait vu la misère d'une autre façon. Il avait vu des hommes dépensaient des centaines de milliers pour un bateau, et de l'autre côté de la rue, des enfants mourir de faim ou de maladies ridicules. Il avait deux travail en même temps. Il était fleuriste sans diplôme, payer une misère, et il aidait à une épicerie. Des gens n'avaient pas de travail, ils n'avaient rien, et ils dormaient dans les rues, alors qu'il faisait froid, alors qu'il faisait noir. Oui, il avait comprit que le Vatican avait mentit sur ça. Sur ça, oui, mais sur le reste...? Le bien était-il le bien? L'homosexualité, le suicide, tout ça, étaient-ce réellement des péchés, des abominations de la nature? Lui avait vu deux femmes s'embrassaient dans le parc, et il avait trouvé ça beau, avant de se rendre compte que ça aurait du être dégoûtant... Mais le sentiment d'amour gratuit, donné sans vouloir en retour, n'était-il pas la plus grande des vertus? Il avait oublié le Vatican, plongé dans le film, et pendant un moment, il avait sentit la chose. Il n'avait pas fait attention à ce que venait de dire Keith, et quand il comprit que ça n'avait rien d'un film de romance normal, il se crispa. Bien serré dans le coin du canapé, sa main droite serra à faire craquer le cuir de l'accoudoir, alors que son autre main serrait la couverture sur ses cuisses. Il ne regarda que le baiser, ferma les yeux aussitôt, et quand il les rouvrit, ce n'était pas le bon moment. Il devint rouge écarlate, quand Heath Ledger, si indécis, se laissait tenter. C'était le diable. Le diable, tu entends? Tu es marié! Dans son crâne, ça explosait. Matthias avait viré à l'écarlate, et il serra un peu plus les cuisses. Son imagination... Son imagination juxtaposait les personnages, les images, les noms et les lieux. C'était mauvais. Son coeur accéléra brutalement dans sa poitrine, comme s'il était en colère, ou s'il était affolé. Il serra les dents, et finalement ils se battirent. Car lui, il aime sa femme, et qu'il ne veut pas être une sale pédale. Et aussi, car... Car... Matthias sent les larmes montées, mais aucune ne coulent. C'est bête, quand il avait les cheveux longs, ça passait inaperçu. Il reste tranquille, sans un mot. De toute façon, sa gorge est trop serrée pour qu'il parle. Il attends, un peu... Le film déroule. C'est long, c'est ennuyeux. Ça prends des tournures presque choquantes. Non, pas choquantes. Juste dommage. La fin se prépare, mais Matthias ne regarde plus vraiment le film. Son esprit se joue de lui. Encore, encore, ça se file... et son corps réagit sans doute de trop pour Matthias. Il serra un peu plus les cuisses et resta figé devant le film. Son regard n'osait même s'éloigner de l'écran pour regarder Keith. Pour sûr qu'il l'aurait violer. Il resta concentré sur le film, vécu chaque épisode comme une frappe. Julia avait dit que ce film lui « plairait ». Dans quel sens l'avait-elle dit? Non... Pas possible. Il ferma les yeux à plusieurs reprises. Et quand la fin arriva, plus vite qu'il n'y pensait, son corps s'était rendormi, et son démon était redevenu à nouveau sage dans son centre. Oui, qu'il se calme. Il regarda la fin, les pleurs de Ledger, sa vie foirée, ratée. Son mensonge constant. Le générique, enfin. Il eut un sourire, non, pas un sourire. Un rictus, une grimace, alors que sa main se posait sur son front, glissait sur ses yeux. Il pleurait. Incontrôlable. Bordel il était trop bête. Ce film ne lui plaisait pas du tout. Julia était cruelle, elle était mauvaise. Demain, il arriverait en retard puisque c'était comme ça. Il retenait sa respiration, alors que les larmes, rares mais généreuses tellement elles étaient rondes et claires, roulaient sur sa joue et s'écrasait sur son vêtement. Lui aussi, il finirait ainsi? À pleurer sur un bout de chemise, quand Keith serait partit avec Mascha, loin de lui? Il tremblait de chaud. Il avait la crève, c'était sûr maintenant. Ce jour était pourri. Il serra les dents, son dos se courba et ses épaules se secouèrent sans qu'ils ne le veuillent. Bravo. Film de merde. Il craquait. Comme si c'était le meilleur moment du monde pour craquer. Il inspira, hoqueta comme sa respiration était saccadée. Il se pencha, prenant sa tête entre ses mains, et siffla, d'une voix serrée et basse :

« J'suis désolé... j'suis désolé, c'est débile... J'suis désolé... tellement... »

De quoi? D'avoir peur de finir comme ça? Oh, Matthias... Pauvre petit homme. Un film ridicule, débile, qui le fait pleurer à chaque larme quand il comprends que sa vie ne veut rien dire, quand il comprends que sa petite passion est un interdit qui lui coutera cher. Que s'il ne le dit pas, jamais, il souffrira, et qui sait, il en mourra. Il est Ledger au coeur d'or, celui qui reste derrière, alors que Keith vit sa vie, libre comme l'air... Non. Keith n'est pas Gyllenhal. Keith ne l'aime pas « de cette façon ». C'est dégoûtant. Cette vie est merdique. Tellement merdique que Matthias sert ses mains dans ses cheveux. Il a envie de tuer tout ce qui est autour de lui. Il était Mister Hyde, en habit d'homme.











Keith Whiteley

Keith Whiteley
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The rules of attraction. (pv) #Mar 24 Aoû - 0:07


Le film se poursuivait mais Keith n'arrivait guère à y accorder toute son attention. Pas que le sujet le dérangeât plus que ça mais il sentait Matthi particulièrement tendu à côté de lui. Il aurait peut-être du à un moment ou un autre proposer de zapper. Mais la situation semblait comme bloquée et le générique était déjà là de toute manière.
Keith se retourna pour voir un Matthias effectivement pâle comme un linge, au bord des larmes. Puis il éclata:

« J'suis désolé... j'suis désolé, c'est débile... J'suis désolé... tellement... »
« Eh Matthi non, qu'est-ce que tu as? C'est qu'un film.»

Keith approcha prudemment, posant sa main sur le front de Matthias comme quand ils étaient petits et que l'un d'eux était malade. Keith se rappelait très bien Matthias qui retenait ses larmes quand sa tête le lançait à mourir. Keith lui ne pleurait qu'après trente coups de fouet alors. Cette époque était loin. Mais parfois ils en retrouvaient des bribes. Il avait peut-être coupé ses cheveux mais ils étaient toujours les mêmes frères qu'avant. La main toujours sur le front de Matthias, sous quelques mèches de cheveux blonds, Keith sourit avec une certaine tendresse:

« Tu as de la fièvre, reste là. »

Il se leva et alla faire un tour dans la salle de bain, du côté du placard à potion. Il en revient avec une fiole de Doulourante, efficace sur les poussées de fièvres. Il la tendit à Matthias sans rien préciser. Il n'était pas vraiment le genre bonne maman même si comme grand frère il ne faisait pas trop mal.

« Je sais bien que c'est pas juste ce film ou la crève... en ce moment t'es irritable, tout le temps sur les nerfs. Je sais que tu prends vachement sur toi pour que ça n'ait l'air de rien mais moi je le vois. Qu'est-ce que tu as Matthi? Depuis quand tu ne me dis quand un truc ne va pas? », sa voix était toujours la même, forte et tranquille. Douce et rassurante. Compréhensive mais pourtant pas prête à se laisser refuser une réponse.









Matthias J. de Salamine

Matthias J. de Salamine
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The rules of attraction. (pv) #Mar 24 Aoû - 0:35




Il avait un peu honte, de pleurer comme ça, pour rien. Peut être que les skinheads avaient raison, qu'il n'était qu'une fille. Une fille qui pleur, même si elle a les cheveux courts. Une fille, qui arrive à triquer en pensant à son meilleur ami sur un film de merde. Son monde s'émiettait à chaque nuit, à chaque fois qu'il pensait à dormir. Il n'avait pas le droit de pleurer, quand il n'était qu'un outsider. Il se détestait quand il craquait, alors qu'il avait été jusqu'à maintenant si fort, si... bordel de merde. Il pleurait sans le vouloir...

« J'suis désolé... j'suis désolé, c'est débile... J'suis désolé... tellement... »
« Eh Matthi non, qu'est-ce que tu as? C'est qu'un film. »

Qu'un film. Ouais, ce qu'on dit. Ce que tout le monde dit. Il aimerait le frapper comme il a dit ça, mais au final, il se laisse faire. Il se tait, et tends le visage quand la main de Keith touche son front. Il ferme les yeux, à cet instant, et découvre encore une fois la caresse rassurante de sa peau sur la sienne. Mais déjà, cette pensée effleurante devenait malsaine et perverse comme ses joues s'empourpraient, à l'idée de pouvoir embrasser cette peau, avec la bouche. Il fronça doucement les sourcils, mais déjà Keith se détachait de lui. Matthias ouvrit à nouveau les yeux, souffrant d'un mal sans-nom.

« Tu as de la fièvre, reste là. »
« C'est rien, laisse tomb... Keith... »

Déjà partit, disparu dans le couloir. Les larmes avaient cessé de couler. Peut être qu'il n'y en avait plus. Peut être. Peut être qu'il n'avait plus envie de pleurer, comme Keith gardait cette approche tactile avec lui, comme il n'avait pas peur. Comme il était encore le Keith qu'il avait connu, et pas un de ceux qui cherche à se détacher de vous quand il arrive le moment de faire un beau mariage et d'avoir une vie de famille stable. C'était sûr, on ne pouvait pas vivre la vie de Ledger, ni celle de son compagnon. On ne peut pas vivre avec une femme, avoir des enfants, et un amant. C'est malsain, c'est mentir. C'est péché. Un instant, son regard est dans le vide, et autour de lui, il n'y a que le silence. En fond, peut être le bruit de l'armoire à pharmacie, et ensuite, des pas dans le couloir, si infime. Matthias réfléchit, mais son esprit est vide. Y a comme un trou dans son esprit à ce moment. Puis finalement il redescends sur terre, regarde Keith, puis la fiole qu'il a à la main. Il la prends, la boit sans un mot. Si il ne tremble plus de chaud, il tremble d'une autre passion et sert la couverture contre lui. Son visage est rouge, mais ça, ça n'a rien à voir avec le froid dehors. C'est autre chose. De plus cruel.

« Je sais bien que c'est pas juste ce film ou la crève... en ce moment t'es irritable, tout le temps sur les nerfs. Je sais que tu prends vachement sur toi pour que ça n'ait l'air de rien mais moi je le vois. Qu'est-ce que tu as Matthi? Depuis quand tu ne me dis quand un truc ne va pas? »

Il pourrait répondre « y a rien », mais Keith ne s'en contentera pas. Peut-il le dire? Non. Se lever et l'embrasser? Oh, non, il dirait que c'est ce film qui a allumé en lui l'envie, que ce n'est qu'une putain de conséquence à ce qu'il vient de voir. Connerie. Ça n'est pas une conséquence. C'est une cause. Il se raidit, il s'énerve à l'intérieur, et il s'emporte contre lui, mais il ne pourra pas lutter éternellement. Une guerre éternelle, ça n'a jamais été la meilleur des solutions. Alors finalement, il souffle, détourne le regard. Il est un animal qu'on traque, un animal las et énervé plus que paniqué. Le genre qui vous mette un coup de patte et reparte, effarouché, sans vous attaquez. Pas encore. Le félin est endormit.

« Je déteste ce film. Sa fin, sa morale. Cette connerie. Ils avaient tout pour vivre heureux, et ils se sont cachés, pour rien. Pour des broutilles. Ils n'étaient pas gay, car ils s'aimaient. Ledger n'était pas gay. Gyllenhall aurait voulu s'en tapper un autre, car... car... » Il se lève, d'un coup sec. Il est énervé, terriblement énervé, et son air est plus terrible encore puisqu'il n'a plusses cheveux longs pour lui donner un air plus tranquille, plus angélique. « Julia a dit que ce film me plairait. Qui est-elle pour croire me connaître? Qu'est-ce qu'ils ont tous à dire que je ne suis qu'une putain de pédale? Je me coupe les cheveux, mais ça n'avance à rien. Si ça les amuse, à ces connards de crâne rasé, à se l'astiquer en croyant me connaître aussi... » Il siffle, serpent furieux. « Qu'est-ce qu'ils en savent, d'abord? Est-ce que j'ai choisi, moi? Est-ce de ma faute? Ça les regarde pas. Que je trique sur... sur... merde. »

Il se tait, finalement. Il a marché en rond, pendant cinq minutes, et maintenant, il s'arrête. Y a le canapé. Y a lui. Puis y a Keith. Et juste derrière Keith, y a la table. Sa main bouge nerveusement. Une cigarette, vite. Il ne souffre pas. Non, tu ne souffre pas. Répète toi cela, dix fois. Ensuite, tu pourras fumer. Ça t'anesthésiera un peu. Puis tu reprendras ta vie, tranquillement, sans avoir jamais prononcer cette phrase, ces mots. Tout ça n'existe pas. C'est une hallucination. Une grande hallucination... Tout ça est un grand cauchemar. Il va se réveiller. Vite.










Keith Whiteley

Keith Whiteley
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The rules of attraction. (pv) #Mar 24 Aoû - 1:07


Keith regardait Matthias tourner comme un lion en cage. Mais qu'est-ce qui lui prenait? Son meilleur ami était littéralement en train de péter une durite devant lui. Il l'écoutait parler et il ne ressentait qu'un flot de haine contenue. Quand est-ce qu'ils étaient devenus des étrangers l'un pour l'autre? C'était dingue ça. Si Keith avait l'air dur, mais dans le fond il était peiné. Il avait cru qu'il ne s'éloignerait jamais de Matthi. Jamais, depuis ce jour où il lui avait tendu la main quand lui était recroquevillé sur les pavés glaciaux des sous sols, le dos barré d'ecchymoses. C'était ce jour là. Cette poignée de main là, qui avait fait la différence et qui se rejouerait chaque fois que l'un tendrait la main à l'autre, pour l'empêcher de tomber, pour l'empêcher de sombrer, ou simplement comme pour se rappeler qu'il y avait un accord tacite entre eux. Ils seraient toujours là l'un pour l'autre. Alors pourquoi et surtout comment s'étaient-ils éloignés tout d'un coup, sans que Keith voit rien venir. A cause de Mascha? Non. C'était débile. Keith n'avait jamais rien fait pour laisser penser à Matthias qu'une fille allait le monopoliser, ou changer quoique ce soit. Ce n'était pas que Keith ne pensait pas qu'un jour il trouverait la fille avec laquelle il ferait sa vie, et que ce jour là il ne quitterait pas cet appartement mais ça ne l'éloignerait pas vraiment de son meilleur ami.

Keith suivait toujours Matthias du regard. Il en serait devenu fou alors tout d'un coup, comme Matthias avouait à demi-mot qu'il était plus attiré par les hommes que par les femmes, Keith l'attrapa par les épaules, fermement:

« Ca suffit! Arrête! Calme-toi merde! »

Il regardait Matthias dans les yeux, ses prunelles sombres, dures. Il ne bronchait pas, montrant cette figure d'autorité qu'il n'aimait pas montrer et encore moins avec lui. Matthias était son égal. Son meilleur ami. C'était quoi ce cirque là? Il était gay. Bien. Et alors? Keith s'en fichait royalement que Matthias soit gay ou hétéro. Ca ne changeait strictement rien, c'était toujours le même Matthias non? A croire que le grand blond avait pu en douter une seconde. Mais cela dit, il savait que pour lui c'était sans doute difficile à avaler. De trop.

« Calme-toi... »

Il le contenait et quelque part c'était un peu ridicule. Matthias était tellement plus grand que lui maintenant. Plus grand et même plus large d'épaule. Mais qu'importe. Keith avait de la force. Assez pour le contenir le temps qu'il se calme. Ou alors...









Matthias J. de Salamine

Matthias J. de Salamine
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► MESSAGES : 171
The rules of attraction. (pv) #Mar 24 Aoû - 1:26




Il avait cessé de tourner, et pourtant, la colère était encore là, tapie, bien au fond, en son sein. Il savait que ça allait sortir, qu'il n'était qu'une boule de nerf capable d'exploser. Matthias n'avait jamais été le plus méritant de tous, car il savait bien qu'à l'intérieur de lui, il y avait une envie de liberté, plus que ça, une envie de violence. S'il trouvait ça horrible de se battre, il prenait facilement goût à mettre une gifle, alors à chaque fois, il regrettait. Car il agissait trop vite. Et il n'était pas sans dire qu'en criant dessus, Keith aurait très bien pu prendre une gifle, comme n'importe qui d'autre qui lui aurait hurlé dessus alors qu'il était en colère.

« Ça suffit! Arrête! Calme-toi merde! »

Il aurait du crié « me parle pas comme ça! » mais il n'avait aucun droit de lui rétorquer ça, alors que Keith n'avait rien fait que de vouloir l'aider, comme un ami, comme avant. Avant que le corps humain ne prenne le dessus sur la foi morale, sur sa petite auréole. Que ce corps ne désire avec d'autant plus d'ardeur qu'il ne connu aucune caresse, pas même les solitaires et les honteuses. Rien. Pas un baiser, lui qui ne disait pas même bonjour en faisant la bise. Matthias était un glaçon, froid et distant, et pourtant, il avait ce quelque chose d'attirant. Keith était la chaleur qui l'attirait, lui. Mais lui avait déjà Mascha. Cet obstacle terrible, qui méritait de crever écraser sur la route. Après l'accouchement. L'enfant n'avait rien à faire dans cette histoire. Finalement il siffla, agacé. Il venait de remarquer que Keith lui tenait les épaules. Comme … non! Mais il ne comprenait donc rien de rien, celui-là?!

« Calme-toi... »

Le regard de Matthias resta dur. Immobile. Puis finalement, il lâcha, sur un ton des plus condescendants et froids qui soit :

« Je-ne-suis-pas-gay. » Son dos se raidit, comme il disait ses mots, et ses yeux devinrent plus terribles. « Je... Lâche moi, ça m'énerve. »

Il recula d'un pas, s'extirpant de ce toucher qui l'aurait presque rendu vulnérable. Ne pas le chercher, ne pas s'approcher. Comme un lion, ne pas faire de geste brusque, ni hurler. Rester calme. Matthias resta droit pourtant. Il ne courberait pas l'échine, pas pour une chose qu'avec le temps, il avait fini par admettre. Il le fixa, droit dans les yeux, et souffla finalement, sur un air las mais toujours aussi froid :

« Tu ne peux pas comprendre. Toi, tu as une vie en devenir. T'as Mascha, et bientôt, t'auras un enfant. Tu l'aime Mascha, et tu aimeras ton mioche. On habite pas avec sa famille chez un ami, alors tu prendras un appartement. Tu travailleras, et tu passeras du temps avec ta famille. De plus en plus de temps. Car si tu passes du temps avec ton ami, forcément ta femme se plaindra de ta disponibilité. Puis tu te marieras, et on baptisera ton enfant aussi. Et dans dix ans, Matthias sera le gentil meilleur ami du coin de la rue, qui regarde une famille évoluait. Merde. Je veux pas ça. Je veux pas que Mascha soit ta copine. Je veux pas que Mascha existe tout simplement. J'ai... J'ai... » Il secoua violemment la tête, comme pour se remettre les idées à leur place. « J'ai déjà trop parlé. C'est débile. C'est trop.. débile... »

Son corps se raidit à nouveau, et il siffla, plus à nerf que jamais :

« Convoiter la femme de son voisin est un péché... Mais alors, là... J'bats des records... »

La phrase n'était pas exactement la bonne. Il aurait du dire « le mari » de sa voisine, non?











Keith Whiteley

Keith Whiteley
SORCIER.► décédé.

► MESSAGES : 236
The rules of attraction. (pv) #Mar 24 Aoû - 11:36


Il n'était pas difficile de sentir venir le moment où Keith Whiteley allait être dépassé par la situation. Il le savait bien lui même. Déjà parce que n'était pas si souvent qu'il avait eu l'occasion de voir Matthias pleurer et encore moins craquer. Mais ce n'était pas pour autant qu'il prenait ses jambes à son cou. Il ne pouvait pas le lâcher. Il ne pouvait pas lui souhaiter une bonne nuit et passer à côté de lui en faisant semblant. Ce n'était pas vraiment comme ça qu'il voyait son amitié avec Matthi.

« Je-ne-suis-pas-gay. » La seule chose que Keith aurait pu répondre à ça, ça aurait été "ce n'est pas en faisant l'autruche que tu vivras mieux avec" alors il ne dit rien à ça. « Je... Lâche moi, ça m'énerve. »
« Okay ça va. J'te lâche. »

Il releva les mains ostensiblement. Ca l'énervait de voir Matthi se mettre dans un état pareil, tout simplement parce qu'il ne voulait pas parler. Keith ne demandait même pas à ce que ce soit à lui que le jeune homme se confie. Il s'en foutait. A lui ou à un autre pourvu que Matthi crache ce foutu venin qui le rendait à moitié fou. Ne leur avait-on pas assez vanté les mérites de la confessions. Et même si Keith avait toujours détesté être obligé de s'y prêté et qu'il s'était souvent amusé à s'inventer des péchés qui lui avaient coûté la discipline une fois sur deux.
Il regarda Matthi s'écarter avec la désagréable impression de le dégoûter. Drôle d'impression même.

« Tu ne peux pas comprendre. Toi, tu as une vie en devenir. T'as Mascha, et bientôt, t'auras un enfant. Tu l'aime Mascha, et tu aimeras ton mioche. On habite pas avec sa famille chez un ami, alors tu prendras un appartement. Tu travailleras, et tu passeras du temps avec ta famille. De plus en plus de temps. Car si tu passes du temps avec ton ami, forcément ta femme se plaindra de ta disponibilité. Puis tu te marieras, et on baptisera ton enfant aussi. Et dans dix ans, Matthias sera le gentil meilleur ami du coin de la rue, qui regarde une famille évoluait. Merde. Je veux pas ça. Je veux pas que Mascha soit ta copine. Je veux pas que Mascha existe tout simplement. J'ai... J'ai... »
« Tu rigoles j'espère Matthias? J'ai Mascha? J'ai Mascha?! Mais où est-ce que t'as vu que j'avais quoique ce soit! Je n'habiterai pas avec toi si j'avais l'intention de faire mes valises demain pour aller vivre une vie idéale avec Mascha... Tu ne veux pas que ce soit ma copine, mais ça ne l'est que dans ta tête. Où est-ce que tu as vu qu'un couple ça fonctionnait comme ça? Si je formais un couple avec Mascha je la verrais en dehors des fois où elle a besoin de moi. Ce n'est pas parce que je n'en parle pas spécialement que ça veut dire que tout est rose de ce côté là. Que j'aime mon gamin ça j'en doute pas une seconde, Mascha c'est autre chose. »

La vérité c'était que le Serpentard n'aimait pas qu'on lui parle de Mascha. Elle représentait le seul mur auquel il se heurtait et ça l'énervait désormais plus que ça ne l'attendrissait. Tout devenait infernal avec Mascha, il voulait bien prendre sur lui, se la fermer ne pas se plaindre, mais il avait vraiment plus que du mal à se voir jeter à la gueule un espèce d'avenir doré qu'il n'allait jamais avoir. Il n'en voulait même plus vraiment d'ailleurs mais même. Sur le coup, il avait réagi sans prendre en compte cet espèce de cri de détresse que Matthias venait de lui jeter à la figure. Puis, une drôle d'idée commença à faire son chemin... vraiment drôle d'idée...

« J'ai déjà trop parlé. C'est débile. C'est trop.. débile... »

Keith fronça les sourcils sans rien dire. L'idée faisait son petit bonhomme de chemin sinueux mais sûr. Le brun serra les poings, chassant les circonvolutions sasnauskiennes dans l'atmosphère.

« Crois moi ce n'est pas Mascha qui va te voler ton meilleur ami, pour ce que ça l'intéresse. T'as pas à... »
« Convoiter la femme de son voisin est un péché... Mais alors, là... J'bats des records... »
« ... t'inquiéter... », termina Keith, plutôt interdit.

Il laissa passer un ange, regardant Matthias sans plus aucune once de colère sur le visage. Il était juste... stupéfait.

« Tu... quoi?! »

Il aurait très bien pu comprendre la phrase de Matthias de travers si seulement il n'avait pas si bien connu le blondinet. Pas moyen de croire qu'il lui enviait Mascha. Il la détestait trop. Elle était trop tout ce qui le répugnait chez les autres. Trop... Mascha.
Keith sentit un drôle de noeud se former à sa gorge. Il avait beau retourner la phrase dans tous les sens, pour lui la traduction était sans équivoque, toujours la même, toujours aussi... difficile à manier. Keith n'avait pas énormément d'option pour le coup. Il pouvait faire l'autruche, prétendre avoir compris de travers, après tout un autre aurait pu. Il pouvait aussi dire que c'était l'heure et qu'il allait être en retard, ou alors il pouvait s'appuyer sur la table derrière lui, s'éclaircir la voix et dire:

« Depuis longtemps? »

C'était stupide comme question. Qu'est-ce qu'on en avait à foutre de savoir depuis combien de temps. Mais qu'auriez vous dit à la place de Keith? "Chouette! on s'appelle?", peut-être que vous vous seriez empressé d'aller au boulot avec quatre heures d'avance? Ou alors vous auriez avoué que c'était réciproque et depuis toujours. Seulement voilà, aucune de ses solutions ne convenaient à Keith Whiteley. D'une parce que ce n'était pas un lâche, et qu'il avait même de la fierté à toujours assumer qu'importe la situation. De deux parce qu'il ne s'était jamais trouvé d'attirance particulière pour un autre mec même en habitant avec son meilleur ami, et même en reconnaissant volontiers qu'il n'imaginait pas vivre sans lui. Il était donc dans une impasse. Il ne savait même pas ce que Matthias aurait voulu qu'il fasse car après tout, c'était lui, Keith, qui lui empoisonnait l'existence. Un sentiment de culpabilité énorme lui tomba sur le nez.

« Alors tout ça c'est à cause de moi... c'est moi qui te pourris la vie comme ça... », murmura-t-il plus pour lui même qu'autre chose.

Dire qu'il avait maudit tant de fois en silence contre cette chose inconnue qui mettait Matthias dans tous ses états. Pour le coup l'ironie était mordante. Ces yeux verts ne cherchaient que des réponses chez Matthi en attendant de le voir s'enfuir d'une minute à l'autre.









Matthias J. de Salamine

Matthias J. de Salamine
MAGISTER. ► ès HDLM.

► MESSAGES : 171
The rules of attraction. (pv) #Mar 24 Aoû - 21:51




« ... t'inquiéter... »

S'inquiéter. Quelle blague. Matthias détourna le regard, fixant un point qui n'existait sûrement que pour lui. Ce point se trouvait au milieu d'un mur. Il avait compris, n'est-ce pas? Il ne pouvait pas le dire plus clairement. Plus clairement, ça aurait été une douleur à l'intérieure de lui, une pointe près de son corps. Il ne pouvait tout simplement pas dire « je t'aime Keith ». C'était le genre de scène qu'on ne voyait que dans les films, c'était une connerie grotesque qui faisait croire à tous les hommes qu'on ne pouvait qu'être aimer en retour, et que l'amour était toujours réciproque. C'était tout simplement faux. Ça ne marchait pas comme ça. Ce n'était pas de la magie, qui voulait qu'une âme soit reliée à une autre. Matthias eut une grimace, un rictus comme il sentait le silence trop long. Qu'il parte, qu'il le frappe, mais pitié, qu'il ne pose pas ces questions débilement cinématiques, comme « pourquoi? » ou encore « comment? », et pire encore, « depuis quand? ». Tant de questions qui ne méritent aucune réponse, quand on pense que Matthias imaginait l'amour comme quelque chose d'éternel et de fort, comme une chose innée, à l'intérieur de soit. Il avait cette vision très Platon de l'amour, et ne pouvait pas imaginer une durée. Mais c'était forcément la question qui allait sortir, pas vrai? Le film. Le film. La bande son qui défile. Moment dramatique ; séquence émotion. Il ferme les yeux.

« Tu... quoi?! »

Je crève, tu comprends pas ou quoi? Je crève de te regarder, toi, seulement toi, de ne me réveiller en pleine nuit pour te rêver. Je crève de t'imaginer avec elle, la dorlotant, subissant ses crises et ses colères. Je crève de ne pas être une fille, de ne pas avoir une poitrine. Je crève, je crève, car Dieu a pas mal choisi, car je ne serais le premier et le plus parfait, et qu'un jour, oui, un jour, il arrivera un moment où tu me regarderas avec dégoût, avec un peu de colère, mais tu seras poli car je suis ton ami. Connard, je crève quand je parle! Je vomis ces sentiments qui me désolent, comme je n'en ai pas voulu, comme j'aurais aimé qu'ils n'existèrent jamais... Crois-tu que je choisi? Oh non, ne me regarde pas ainsi. Ferme les yeux, gifle moi, fuis moi. Mais ne me regarde pas comme ça. Il fixait ce point, qui lui semblait de plus en plus familier. Il entendit le bruit de la table qu'on sert, qu'on déplace en s'y collant. Son regard glissa, furtif. Sa belle figure, ses beaux yeux... Non, ne pas y penser. Il détourna aussitôt la tête, mais les images de ce foutu film passait en bande fond dans son crâne, lancinante douleur, putain de torture à deux balles. Il serra les dents, agacé.

« Depuis longtemps? »

… Silence. Il maugréa quelque chose d'incompréhensible, avant de reprendre, tout doucement, comme quand on confesse une bêtise, avec ce visage sérieux de ceux qui ont fait une bêtise, mais qui n'en sont pas totalement responsable.

« Très longtemps. »

Il n'allait quand même pas dire qu'il lui devait son premier jeun purgatif, si? Pas plus qu'il avait parfois penser à se fouetter, comme faisaient les moines dans le passé, en espérant que ce genre de penser aller disparaître de son esprit, mais il savait que malgré la discipline, que malgré la mortification de toutes ses chaires, ça ne s'enlèverait pas. Le mal avait fait son chemin, et en quelque sorte, Matthias avait grandi avec, comme une seconde nature. Il n'aurait tout simplement jamais cru que Keith allait trouver une fille, allait être bientôt papa... allait avoir une vie, à côté de lui. L'idée que Keith lui échappait le rendait tout simplement fou. Ça le rendait tellement malade... Tellement... Oui, c'était douloureux. Trop douloureux de s'imaginer que du jour au lendemain, il allait trouver chaussure à son pieds. Pas aujourd'hui, non, peut être demain, peut être dans une semaine, dans un mois, dans un an. Un coup de foudre... Non. Ne pas y penser. Matthias serra les poings, fixant ce point. Ses yeux fixaient droit devant eux, mais déjà bien loin du visage du préfet. Il ne pouvait tout simplement pas lui faire face, pas après avoir avouer qu'il l'aimait, d'une façon aussi tordue que la douleur qui remontait jusqu'à lui, lente et terrible à la fois.

« Alors tout ça c'est à cause de moi... c'est moi qui te pourris la vie comme ça... »

Le blond resta interdit, mais juste un instant. Il tourna la tête, avec un air surpris, le genre d'air qu'il n'avait jamais. Il avait l'air de halluciner, ou quelque chose comme ça. Peut être qu'il avait mal entendu? Non! Il s'avança, pris d'une impulsion, et d'un coup, sans se rendre vraiment compte de ce qu'il pouvait bien faire, sans prévoir ce qu'il allait dire, il lui prit le visage entre les mains, sans pour autant être proche de lui, mais assez déjà pour que les yeux clairs du blond se perdent, se fixent dans le gris-bleu des yeux du brun. Il avait un air catastrophé sur le visage, comme si ce que venait de dire Keith était plus qu'un blasphème, c'était quelque chose qu'il avait de tout faux. C'était une bêtise.

« Non, non! La vie tous les jours avec toi est un vrai cadeau! Je t'assure! Je n'échangerais pour rien au monde ma vie actuelle! Passer du temps avec toi, m'asseoir, rire, manger avec toi, parler avec toi... Non, c'est sans toi que ça me fait mal. C'est pas pareil. »

Lentement il le regarda, et il sentit qu'il y avait un truc qui clocher. Il relâcha le visage et recula de deux pas, fermant les yeux pour les rouvrir, un peu plus loin sur le sol, sans plus le fixer. Le problème n'était pas là. Ici, la vie était agréable ; il ne mentait pas. Il était si bien quand il rentrait, quand il voyait Keith lui sourire, ou quand ils mangeaient ensemble en parlant un peu de leur journée. Parfois de leur lecture. D'autres fois, des cours. Ils parlaient, et c'était tout ce dont avait besoin Matthias. Il ne demandait pas grand chose... Pas grand chose qui était déjà beaucoup trop.

« Ce qui... me pourrit la vie, c'est... » Il eut un hoquet, sans le vouloir, sentant encore les larmes venir à ses yeux, mais celles-ci ne coulèrent pas, restant là, perchant sur le début de ses cils. « Je t'imagine sans cesse me laisser, car je me leurre pas. Je ne veux pas t'imposer ça. Je ne vais pas te forcer à... à... à m'aimer comme je t'aime. Ça serait hypocrite, et puis, ça ne me plairait pas. Ce qui me déplaît, c'est moi, moi et mes pensées. C'est pas toi. Ça ne sera jamais toi, puisque tu es tout pour moi. C'est juste que je pense de trop, à toi, et quand je pense à toi, je pense aux autres, aux filles, et je dois avouer que je pense toujours au jour où tu partiras. Ça ne rompra pas nos liens, non, mais... » Il laissa un silence, puis soupira, un peu gêné, rougissant d'un coup. « ...mais ça ne me satisfera pas, plus. »

Et ce jour là, peut être que je crèverais pour de vrai. Que je me suiciderais. Comme j'ai souvent pensé à le faire sous la douche, Keith. J'y pense souvent. Je crois que ce qui me manque, c'est le courage. Après tout, je suis un Serpentard, non? Matthias avait la tête haute, les joues rouges, mais il regardait ailleurs. Il n'était pas un lâche. Le jour où ça viendrait, il affronterait la mort sans trembler, sans peur. Il aurait une vie de merde, c'est ce qu'avait dit Ophale. S'il ne s'assumait pas, s'il ne faisait pas les bons choix, il allait mourir avant ses quarante ans. Il le savait. Il en était conscient. L'intérêt n'était pas de vivre autant qu'il le pouvait maintenant? C'était sa révélation, à lui. La première nuit où il avait dégoté cet appartement, il était passé dans le quartier pour chercher du travail. Il avait trouvé cette fille, Julia, dans la rue. Elle pleurait à côté de sa grand-mère qui venait de tomber sur le sol, après avoir été agressé par un voyou qui lui avait volé son sac. Autour d'eux, personne ne s'était retourné. Il avait approché, l'avait regardé, et lui avait tendu son téléphone pour appeler la police. Elle l'avait regardé, et avait dit : « vous n'êtes pas d'ici, n'est-ce pas? Sachez que vous êtes dans un pays où les livreurs de pizza arrivent avant la police ». Ça avait été son message, c'était devenu son chemin de croix. Aider les gens. Plus que ça : vivre comme bon lui semble. La seule chose qu'il ne pouvait pas choisir, c'était la personne que Keith aimait. Et si cette personne devrait être Mascha, ou une autre, alors... alors ça serait elle.











Keith Whiteley

Keith Whiteley
SORCIER.► décédé.

► MESSAGES : 236
The rules of attraction. (pv) #Mar 24 Aoû - 23:22


Inutile de dire qu'il y avait plus qu'un malaise. Matthias ne le regardait plus, et Keith avait lui aussi du mal à garder ses yeux verts sur son meilleur ami. Il faisait chaud tout d'un coup. Pas chaud comme quand il était avec une fille mais il n'avait jamais été aussi mal de sa vie. Il n'y avait rien qu'il puisse dire qui n'aurait pas été déplacé. Mais s'il ne disait rien, ils passeraient la nuit à se regarder en chiens de faïence.
Comment avait-il pu être si naïf. Si aveugle. Lui qui était tellement perspicace d'ordinaire. Lui qui passait son temps à aider les autres en démêlant les noeuds de logique qui leur semblaient impossible à défaire. Et lui, pauvre idiot, il avait pu passé à côté de ça. Alors qu'il se croyait toujours attentif, toujours là pour lui. Il se serait donné des baffes de n'avoir rien su, rien vu venir. Rien compris en somme. Et visiblement depuis longtemps. Et pire encore, il se serait donné des baffes à voir que la seule personne qui finalement rendait Matthias si irritable: c'était lui.
Mais il ne chercha pas à le lui cacher. Peut-être l'aurait-il du. Mais non. Matthias était la personne à laquelle il tenait le plus. Peut-être qu'il n'était pas amoureux de lui, mais il l'aimait plus que tout, à sa façon.
Quand Matthi s'approcha, Keith se raidit, ne sachant pas trop à quoi s'attendre d'autant qu'il lui prenait le visage entre ses mains comme si... non. Non c'était stupide. Ca ne ressemblait pas du tout à Matthias. Et pour la première fois, pour Keith, le fait que Matthias soit maintenant le plus grand faisait une différence notable. Il se sentait petit dans le sens il aurait pu être la fille dont Matthias était amoureux et non le contraire. Ses yeux verts dans les yeux bleus de Matthias, il ne semblait pas vraiment prêt à recevoir un baiser ni à en donner un. Il était tellement tendu. Et ce genre d'idées stupides se croisaient à haute altitude dans son cerveau. Sans doute que Matthias dut le sentir, à moins qu'il n'ait eu pitié de lui, ou bien qu'il se sentit aussi mal à l'aise mais il le relâcha et s'écarta un peu. Pour la première fois de sa vie peut-être Keith rougit quand son regard croisa celui de Matthias qui le fuyait.

« Non, non! La vie tous les jours avec toi est un vrai cadeau! Je t'assure! Je n'échangerais pour rien au monde ma vie actuelle! Passer du temps avec toi, m'asseoir, rire, manger avec toi, parler avec toi... Non, c'est sans toi que ça me fait mal. C'est pas pareil. »

Keith sourit. Quelque part à ce moment là c'était tout ce qu'il avait besoin d'entendre. Il aurait pu lui dire qu'il pensait la même chose, et s'était le cas, mais il avait peur d'être mal compris. Il ne voulait pas jouer avec les sentiments de son meilleur ami, déjà qu'il avait du mal à avaler que malgré tout il avait une part dans son mal être.

Il l'écouta encore parler et lui n'avait toujours rien dit, ce qui n'était pas habituel. Plus il écoutait Matthias plus il s'éloignait du petit Keith qui était arrivé à Poudlard et avait voulu goûter à tous les fruits défendus. Quelque part la seule chose dont il avait envie là tout de suite c'était de ne surtout jamais faire sa vie avec qui que ce soit. Peut-être pour ne pas blesser Matthias. Ou peut-être parce que les choses se compliquaient à faire peur. Au bout d'un moment il finit par baisser les yeux et répondre:

« C'est vrai... je ne t'aime peut-être pas comme... comme tu voudrais. Mais ... », il soupira. Ce n'était vraiment pas la chose la plus simple à dire, « Ecoutes... tu es la personne qui compte le plus dans ma vie. Et la personne que j'aime le plus... je donnerai n'importe quoi pour toi... même mes yeux... », cela il ne l'avait encore jamais avoué, ce n'était peut-être pas le moment,« J'ai pas prévu de partir où que ce soit avec qui que ce soit. C'est chez nous ici. On avait toujours dit qu'on vivrait ensemble, on croyait même qu'on pourrait prêcher dans la même église tu te rappelles? Tu me disais que tu me laisserais les cas désespérés parce que je les comprendrai bien. », il eut un drôle de petit rire en se rappelant cette époque. Leur vie était vraiment devenue n'importe quoi quand on voyait ce qu'ils avaient planifié petits, enfin, il aimait ce n'importe quoi tel qu'il était, « Je sais bien que dans quelques mois tu voudras sûrement pas de Keith et de son gosse qui ne fera pas ses nuits. Mais avant ça je partirai pas, à moins que tu ne me le demandes. Je sais que je peux pas t'imposer mon gamin pour autant... encore moins maintenant. Enfin bref, ce que je veux dire c'est que je partirai pas sauf quand tu auras envie que je parte. Voilà. »









Matthias J. de Salamine

Matthias J. de Salamine
MAGISTER. ► ès HDLM.

► MESSAGES : 171
The rules of attraction. (pv) #Mer 1 Sep - 22:48




C'est normal pour les enfants se tombaient amoureux, quand ils passent leur enfance ensemble, non? Il est souvent plus dur de tomber amoureux quand on ne connaît rien d'une personne. Parfois, Matthias essayait de se dire : comment aurais-je fait si je n'avais pas été orphelin? Si jamais je n'aurais mis les pieds au Vatican? Mais de tout ça, rien n'arrivait. Il savait qu'il n'avait ni père, ni mère. Au plus, il avait un couvent et la bonne Helga qui le couvait d'un oeil saint et aimant. Helga aurait pu être sa grand mère, et il l'aimait comme on aime une mère, même si jamais il n'avait pleuré dans ses bras comme un garçonnet le ferait. Non, pour Helga et pour Épiphane, il avait toujours essayait d'être fort, très fort. Du genre à ne jamais pleurer pour un rien, à toujours être bien sage et bien droit. C'est pour cela qu'il avait ce caractère docile, et si aujourd'hui il avait en lui cette adolescence, cette rébellion, il n'arrivait pas toujours bien à la canaliser. Son nouveau corps lui donnait de grandes possibilités, mais toutes celles là, il n'en ferait rien. Car il avait été confectionné pour être un démon enfermé dans la peau d'un ange. Un démon qui étendait un peu plus ses griffes en dehors de la cage doré de l'oiseau blanc. Un mal inconnu. Un mal présent, qui le rongeait.

« C'est vrai... je ne t'aime peut-être pas comme... comme tu voudrais. Mais ... »
« Je ne t'en demande pas autant. »

Matthias avait anticipé, peut être pas forcément bien, mais il ne voulait tout simplement pas que Keith pense qu'il lui en voulait pour ne pas l'aimer « comme ça ». Matthias n'avait jamais demandé cela. Tout ce qu'il désirait, c'était sa présence. Oui, sa chaleur, ses sourires, sa voix qui chantonne le matin, et ses yeux sur lui. Sa présence, même si elle n'était que platonique, suffisait à endormir la bête à l'intérieur de lui, et à le calmer, jusqu'à le rendre totalement inoffensif et sage.

« Écoutes... tu es la personne qui compte le plus dans ma vie. Et la personne que j'aime le plus... je donnerai n'importe quoi pour toi... même mes yeux... »

Matthias baissa les yeux. Ça, il n'en avait jamais rien su, même si on plus profond de son être, il avait tant aimé que ce soit ça. C'était sans doute méchant, égoïste, mais vous ne pouvez pas savoir à quel point cette simple parole pouvait apaiser le coeur de l'ange blond. Tout simplement car dans la religion chrétienne, rien n'est plus beau que le sacrifice de soi pour quelque chose que l'on aime. Jésus se sacrifia pour ses idéaux. Et Keith venait de se sacrifier pour lui. Pour sûr, le Cardinal Sirius ne voyait pas bien en Keith, sinon il aurait vu que son âme était de toutes la plus pure et la plus forte, et que ce n'était sans doute pas pour rien qu'il avait désormais un Général de la Milice, non, mieux, un Séraphin! Il avait eut un Séraphin, non pas parce qu'il était de ce genre d'homme à faire la guerre, mais car il n'avait pas besoin d'aide, ni même de protection. Il se suffisait à lui-même, alors que lui, angelot blond dans un corps de géant, il avait besoin de cette protection. De cette sur-protection. Comme par lui-même, il n'irait jamais bien loin qu'à l'autre bout de la rue.

« J'ai pas prévu de partir où que ce soit avec qui que ce soit. C'est chez nous ici. On avait toujours dit qu'on vivrait ensemble, on croyait même qu'on pourrait prêcher dans la même église tu te rappelles? Tu me disais que tu me laisserais les cas désespérés parce que je les comprendrai bien. »

Il eut un petit rire, qui se perdit dans sa gorge. Il ne ria pas, et regarda ailleurs sur le côté. C'était il y a longtemps. Ils étaient encore jeunes et innocents. Ils avaient cru pouvoir refaire le monde à l'aide de leur main sur le globe de la salle d'étude, à tracer et retracer ses routes imaginaires qui auraient pu lié les cœurs les uns aux autres. Matthias avait rêvé d'un monde rose, pas de couleur, mais pour l'image, la signification. Il y avait toujours pour lui l'idée d'un monde parfait, même si il comprenait l'inutilité du Vatican sur cette terre, et qu'il voyait de plus en plus ses idéaux basculaient, du garçon bien rangé à l'anarchiste activiste, de ceux qui sont dans les rues et regarde le monde tombait en miettes. La haine. Non, pire que ça : le racisme, l'homophobie, le sexisme. Tout ça méritait d'être éradiquer. Mais ça ne changerait pas. Car l'homme était bête.

« Je sais bien que dans quelques mois tu voudras sûrement pas de Keith et de son gosse qui ne fera pas ses nuits. Mais avant ça je partirai pas, à moins que tu ne me le demandes. Je sais que je peux pas t'imposer mon gamin pour autant... encore moins maintenant. Enfin bref, ce que je veux dire c'est que je partirai pas sauf quand tu auras envie que je parte. Voilà. »
« Si tu penses que ton enfant me dérangera, alors ça me vexe. »

Il eut un sourire, amusé quelque part. Keith pensait trop, mais leur situation actuelle n'était pas forcément des plus simples. Aussi bien la sienne que celle de son meilleur ami. Tous deux avaient une drôle d'histoire, et elle aura une drôle de fin. Il le savait par avance. Il reprit, sans lui laisser le temps de lui répondre, toujours avec un sourire calme et sans trouble, et des yeux qui ne fuient pas, qui ne fuient plus.

« Tu seras toujours là pour moi, et je serais toujours là pour moi. Je reste intimement persuadé que si nos deux anges sont allés jusqu'à plonger en enfer l'un pour l'autre, je peux faire pareil pour toi. Et un enfant, ce n'est pas la mer à boire. Au plus quelques nuits blanches, mais rien de plus. Il sera ton fils, et si je ne suis pas sûr qu'une éducation de deux pères soit la meilleure au monde, je reste persuadé qu'il sera plus heureux ici que dans une maison d'alcoolique ou de parents violents. » Il hocha la tête, pour lui même. « Je n'aurais jamais envie que tu partes. » Il ferma les yeux. « Et c'est bien ça le problème, quelque part. »

Ne pas le laisser partir. L'emprisonner, à jamais, le garder pour soit. Lui couper les ailes, qu'à jamais il soit cloué au sol, sous son emprise, la seule, la sienne. Toutes ses pensées, cupides et égoïstes, méritaient l'enfer. Et chaque jour, Matthias luttait, pour avoir moins envie de ce corps, pour ne pas chercher sans arrêt son attention et ses yeux. Sans s'en rendre compte, son regard avait été insistant, perçant, l'espace d'un instant figé sur les lèvres de Keith. Il eut un petit sourire, en coin, mitigé.

« Bref, il est tard, je... Je vais aller me coucher. Pour reprendre de la semaine... »

Fuir, pour son bien. Même si ça lui fait mal, qu'il sache que c'est juste pour son bien, pour le préserver. Keith n'est pas une femme. Il ne le sait que trop bien. Et c'est bien ça, le problème. Qu'il ne soit pas fragile comme une femme, facile comme une fille. Un baiser suffirait, fermer les yeux et sentir sa poitrine contre son torse... Non. Tout ça ne lui plairait pas. Lui veut sentir les mains du travailleur passaient sur sa nuque, il veut sentir chacune de ses cicatrices sous ses doigts, retracer avec sa bouche chaque coup que la discipline a gravé dans sa chaire. Il veut pouvoir dessiner ce corps les yeux fermés, et sentir combien sa peau peut devenir chaude. Il ouvre à nouveau les yeux, et redécouvre la vérité. Keith est un homme, qui aime les femmes. Qui va avoir un enfant. Il est tout ce que Matthias n'aura jamais. Il est le fruit de l'arbre défendu, trop haut perché, empêchant le péché de s'immiscer entre ses lèvres. À moins que l'enfant regarde le fruit, l'observe, mais jamais ne lève le bras pour attraper la pomme? Ça serait simple, pourtant. De l'attraper... Et de se brûler les lèvres du poison caché.












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