Et bien on va attendre... (matthias)

Deuxième couloir à droite. A droite ou à gauche ? Elle avait un doute. Ne confondait-elle pas avec l’itinéraire qui la mènerait en arithmancie ? Si c’était le cas, elle se trouvait tout de même quelques étages bien trop bas étant donné qu’elle était dans les cachots de l’école, en train d’essayer de refaire le chemin qui la mènerait à la salle de potions. Pas qu’elle devait y avoir cours dans peu de temps. Non, non, elle faisait juste du repérage car force était de constater qu’elle n’avait toujours pas ses repères, et que pour elle ce château constituait un véritable dédale. Finalement Andrew ne lui avait-il pas dit quatrième couloir à gauche ? Ce n’était plus un doute c’était sûr et certain, maintenant elle n’avait plus qu’à tourner à chaque couloir et voir lequel la mènerait au bon endroit. Pour certains leur temps libre leur servait à réviser des cours, d’autres pour préparer l’on ne sait quelle mauvaise blague, d’autres encore à ressasser de sombres plans que même Dieu ne saurait tolérer, et il y avait Katherina qui s’en servait pour éviter de se perdre… ce qui soyons honnête ne portait pas ses fruits.
De là où elle se trouvait, elle entendit une rumeur de rires (s’apparentant d’ailleurs plus à des gloussements de poules qu’à des rires véritables, mais soit il ne faut pas juger trop hâtivement). Vers la droite. Elle prit donc le premier embranchement à droite. Génial une nouvelle bifurcation. La Serdaigle poussa un long soupir. Elle irait plus vite à attendre que quelqu’un passe dans le coin plutôt que d’essayer de s’en sortir seule. Au pire si d’ici une heure elle était toujours aussi seule, elle repartirait pour la grande aventure, mais là, elle préférait s’abstenir. De toutes manières, qu’elle soit seule ici, ou bien dans la salle commune, à la bibliothèque, dehors assise dans l’herbe, le résultat demeurait le même. Elle pariait que même ici, elle serait bien moins dérangée (ce qui normalement n’était pas là pour l’arranger puisqu’elle cherchait la sortie).

Katherina s’assit donc en tailleur contre le mur en plein milieu du couloir. Nouveau soupir. Elle posa ses mains sur les genoux, ferma les yeux. Elle faisait le vide dans son esprit. Oublier là où elle était, voilà ce qu’elle désirait. Oublier le lieu pour en imaginer un autre. Comment était le monde qu’elle voyait ? Pas beaucoup plus différent que celui-là. En réalité c’était le même, au détail prêt qu’elle était une jeune fille tout ce qu’il y avait de plus normal. Pas de Vatican, pas de d’Eglise, pas de prière, pas de chambre, pas de rituel, pas de démons, pas de voix, pas de cauchemars. Rien de tout cela. Juste une demoiselle, la peau pâle, les cheveux lui retombant sur les épaules et la démarche presque assurée. Un bruit lointain lui rappela la fraîcheur des cachots. Elle rouvrit les yeux, se rendant compte que de manière automatique, elle avait attrapée la fine croix dorée qu’elle portait autour du cou… Que voulez-vous, les voies de Dieu sont impénétrables.

Il lui sembla que les échos venaient à son encontre, néanmoins, elle ne bougea pas d’un cil pour autant. Si quelqu’un devait venir alors elle se relèverait, si non, et bien elle était bien mieux assise au sol. Il n’y que des solutions pas de problèmes.

Keith avait été si heureux de lui dire que sa soeur était revenue, et lui en avait eut le coeur crevé. Comme si... comme si c'était une bonne idée. C'était tout simplement cruel de sa part de lui faire partager ce « bonheur », quand lui... lui? Lui, il était seul maintenant. Son ange était déchu, ses ailes étaient tâchées de noires, et il souffrait en silence, sans pouvoir reprocher à qui que ce soit cette faute. Si ce n'est à lui même. Keith avait aussi ses souffrances, sa cécité, ses douleurs. Mais il avait sa soeur, maintenant. Alors, avait-il seulement besoin de Matthias? Le blond se le demandait encore. Tout comme il se posait milles questions sur sa foi, sur ses prières silencieuses et ses pleurs sans larme. Il avait passé tant de temps à croire que quelque chose pourrait se passer, que... non. C'était vraiment trop douloureux et cruel, de lui faire croire qu'il pouvait ne voir que lui, quand il pensait à sa soeur. Keith est vraiment trop cruel.

« Tu penses trop, et parle peu. Tu ne sais rien de ce que pense Keith. Ni de comment il te porte dans son coeur, Matthias. »
« Son coeur, son coeur... c'est le mien qui saigne. »

Matthias tourna dans un couloir, le regard droit, fixe. Le jeune homme était du genre arrogant, aux premiers abords, car il avait le visage des jeunes Apollons de Michel Ange, avec un nez petit et une bouche tordue d'un sourire qui le rendait fort. Matthias avait le dédain sur le visage, comme un masque. Derrière, il avait mal. Il fallait bien cacher un sentiment par un autre. Les couloirs étaient déserts. L'oeil de Mika'il, aussi clair que vert, balayait les horizons. Sa présence était sécurisante, rassurante pour Matthias qui se tenait serré contre l'ange aux six longues ailes, aussi blanches que noires. Elles étaient magnifique, longues et douces, mélanges de plumes de cygne et de corbeau. Il ressemblait à quelque chose de plus beau qu'un ange. Un hybride, sans doute. Un hybride au regard sincère et calme.

Ils retournaient calmement vers les cachots, l'oeil bienveillant de Mika'il gardait Matthias, et le blondinet avançait, d'un pas calme. Jusqu'à ce couloir tout droit, où il s'arrêta. Il releva le nez, posant son regard sur la petite forme au milieu du couloir. Que... Elle. Matthias fronça doucement les sourcils, alors que Mika'il s'arrêtait, derrière son protégé, un peu amusé de la chose. Matthias resta un instant dans le silence, à voir ce qu'elle pouvait bien faire, et finalement s'approcha un peu.

« Je ne suis pas sûr que ce soit le bon endroit pour attendre Keith. »

Comme il parlait, il y avait une pointe d'amertume. Il se montrait toujours comme ça. C'était une habitude, depuis qu'il avait été excommunié.

Quelques regards furtifs dans la direction des pas. Mais pas plus, elle préférait ne pas gâcher trop rapidement la surprise. Ce n’était rien, c’est vrai. Mais lorsque vous avez toujours l’habitude de voir apparaître les mêmes personnes, au même moment, pour vous dire toujours la même, et ce pendant toute votre vie, ces petits plaisirs anodins que vous vous offrez ont des saveurs pour le moins atypiques. Katherina n’était pas comme les autres. C’était un fait, voire une institution. Elle n’avait pas la même vie, pas ma même vision des choses, elle était décalée, et certainement le serait-elle jusqu’à la fin de sa vie désormais. Bien sûr, elle apprendrait, mais son mode de vie l’avait tellement conditionné qu’elle ne pouvait s’en défaire totalement. Les yeux à nouveau légèrement fermés, elle se rendit compte que la personne qu’elle avait entendu devait être dans le même couloir que elle. De plus elle avait stoppé son avancée ? Ce qui suscita de l’intérêt au fond de la jeune femme. Pourquoi tel comportement ? Une personne qu’elle connaissait ? Fort peu probable elle n’avait pas de réelles relations dans l’école encore. Une personne se demandant ce qu’elle faisait là assise sur le sol froid des cachots ? Elle y croyait déjà beaucoup plus. Fin sourire aux lèvres, elle releva alors la tête, et ouvrit ses yeux qu’elle posa sur la personne qui avait suscité tant de questionnement en son être. Oh.. Matthias de Salamine. Serpentard de son état qui l’avait prise en grippe dès son arrivée. Et comme toujours, elle en était arrivée à la même question : pourquoi ? Qu’avait-elle fait pour qu’il soit à la fois si indifférent avec elle, ou bien alors qu’il soit amer et désagréable ?

Matthias - Je ne suis pas sûr que ce soit le bon endroit pour attendre Keith.

La Serdaigle eut un sourire imperceptible. Elle ne lui en voulait pas pour son comportement, d’ailleurs elle était plutôt du style à tendre l’autre joue, tout du moins pour le moment. Le regard de la demoiselle se perdit un instant dans le dos de Matthias. A nouveau tout un tas de questions l’envahirent, toutes porteuses de ce même mot : pourquoi ? Mais elle ne voulait pas mettre les pieds dans pareil aventure, elle ne voulait pas parce que c’était Matthias, et parce qu’il ne la portait pas son cœur. Pour dire vrai, elle avait l’impression que son cœur avait une autre personne en son sein…

Katherina - C’est que tu dois penser à lui pour m’en parler directement. Tu dois l’attendre bien plus que moi…, à la fin de sa phrase elle voulut plonger ses iris aujourd’hui azurs dans ceux du vert et argent. Elle était calme et posée. Comme si la voix et les dires de Matthias ne l’atteignaient pas, ce qui était en partie vrai au final. Jugeant qu’il n’était pas très respectueux de rester au sol si elle devait lui parler, elle prit alors appui sur les paumes de ses mains et se releva rapidement. Frottant ses mains les unes sur les autres, elle ajouta de cette même voix aussi douce qu’agaçante. De mon côté j’attendais plutôt quelqu’un pour m’indiquer la salle de potions, ou la sortie.

A nouveau elle chercha son regard mais abandonna. Cela ne se faisait pas de regarder droit dans les yeux une personne. Mais pourquoi déjà ?

T-T ce retard est totalement inadmissible, et je comprendrais si tu ne veux pas continuer ce rp. excuse moi mille fois, sincèrement...! en plus, le poste est merdique. je mérite la crucifixion!
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« Je ne suis pas sûr que ce soit le bon endroit pour attendre Keith. »

Pourquoi était-il si méchant avec elle? Non, pas méchant. Froid et indifférent, plutôt. De ça, il n'en savait rien. Tout ce qu'il savait, c'est qu'en la voyant comme ça, il avait peur, peur de perdre Keith, et son amour. C'était devenu une obsession au fil des années. Il ne voyait que lui. Pas forcément comme un objet sexuel, ou comme un partenaire. L'amour de Matthias était chaste et pure (à l'époque), et il ne voulait voir que les yeux de Keith sur lui, faisant attention, le couvant tendrement, même si Keith était aveugle, même s'il était blessé. Matthias pensait tout simplement qu'ils pouvaient tous deux se suffire, l'un à l'autre. Si l'un était à terre, l'autre lui tendrait toujours la main. Ils étaient un couple sans le savoir, comme ils avaient leur habitude, leur réflexe, et que tous deux s'étaient habitués à vivre ensemble. Ce n'était pas le Vatican qui les avait rendu ainsi. Ils avaient toujours été ainsi, même quand ils étaient tous petits. Ils ne se connaissaient pas avant, ni d'ève, ni d'adam. Ils ne parlaient pas même la même langue, car Keith était israélite, et que le jeune Matthias était islandais. Tout aurait du les éloigner, car Keith avait les cheveux sombres et une religion étrange, et car Matthias était blond et était chrétien. Il y aurait pu avoir une guerre entre eux, une guerre sainte, mais loin de tous ça, loin de l'amour religieux même, ils avaient trouvé en leur âme des inclinations particulières, qui étaient devenus des attentions délicates entre eux. Rien de pervers, rien de vil non plus. Ils étaient frères de coeur, et plus que ça, ils croyaient chacun en eux. Alors l'idée qu'elle arrive, et en tant que « nouveauté », mais également que « soeur de sang », elle puisse lui voler ce nid douillet dans lequel il avait grandi, l'idée lui paraissait aussitôt insurmontable et détestable, le rendant tout simplement infecte. Il n'y pouvait rien. C'était dans sa nature, que d'être jaloux.

« C’est que tu dois penser à lui pour m’en parler directement. Tu dois l’attendre bien plus que moi… »

Il eut un sourire moqueur, un peu en retrait dans cette conversation. Il n'aimait pas s'entendre dire qu'il attendait Keith. Quelque part, tout le monde pensait qu'il en était dépendant, mais c'était une chose différente que d'en dépendre, et d'y être accroché. Matthias aurait pu vivre seul. Ça lui était tout à fait possible. La seule chose qu'il ne voulait pas, c'était ne plus le voir. Le blond était responsable et ordonné, mais visiblement pas assez pour que les gens pensent de lui qu'il était débrouillard et indépendant. Ce n'était pas grave. Il ne s'intéressait pas à ce qu'on disait. Matthias hocha la tête pour lui-même.

« J'allais le rejoindre justement. » Silence, un instant. « J'ai toujours cru qu'on pensait sans cesse à sa famille. Mais visiblement, je me suis trompé. »

Matthias, lui, pensait sans cesse à ce qu'aurait pu être sa vie si il avait eut une père et une père, ou un seul parent, ainsi qu'un foyer. Une vie ridicule, ou une vie de plaisir? Il n'en savait rien. Il n'avait jamais eut la chance d'avoir qui que ce soit, alors l'ami qu'était Keith s'était superposé au frère qu'il n'avait jamais eut, et finalement, Keith était le frère de Matthias, par défaut. Et Matthias pensait sans cesse à Keith. Même si c'était excessif, ça avait le mérite d'être vrai, une vraie amitié, un amour réel et profond. Sans arrière pensée. Peut être que Katherina ne ressentait pas le besoin de penser à lui, maintenant qu'elle était « libre » du Vatican après tout...

« De mon côté j’attendais plutôt quelqu’un pour m’indiquer la salle de potions, ou la sortie. »

Il releva le nez, chercha un instant du regard, avec un sourire calme et serviable, comme c'était là sa plus grande qualité.

« Tu n'étais pas loin, c'est à quatre porte d'ici. Le Grand Cachot est toujours très calme en dehors de cours. » Il réfléchit, un instant, puis soupire, un peu curieux malgré lui : « Tu ne comptes pas faire exploser la salle, n'est-ce pas...? »

Il a un petit sourire amusé. Pensant un instant, il oublierait presque que cette fille s'approprie toute l'attention et l'affection de Keith, qu'elle porte dans ses veines son sang, et qu'elle a sur le visage la beauté même de leur famille. Keith est plus beau pourtant... Mais ce n'est qu'une question d'habitude. Matthias a toujours vécu avec Keith, alors, à force, on s'y habitue.

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