« Vous êtes contente j’espère Miss Foxner.
- Très. »

La sale caboche de Fox passa devant le professeur de potion en toute insolence. Visiblement elle ne partageait pas l’opinion de l’homme sur l’intérêt de prodiguer des cours à des jeunes qui ne mettraient jamais vraiment en pratique. Quel intérêt alors ? Du moins c’était son point de vue. Et elle ne jugeait pas que « ça vous servira pour l’examen » soit une mise en pratique.

« J’connais l’chemin. »

Elle traça droit devant pour prendre l’escalier qui menait au bureau de la directrice Grey. Deux jours avant elle aurait eu le loisir de tomber sur l’ancien directeur qui lui aurait sûrement proposé une tasse de thé et des langues de chat pour discuter avec elle. Mais non. Là c’était mort pour le petit goûter. Ca allait chauffer pour son matricule.

« Encore vous Miss Foxner »

Fox sursauta comme elle ne s’était pas attendue à voir la directrice avant d’avoir poussé la porte. Celle-ci lui servit quelques remarques bien senties sur son manque de bonne volonté et l’informa que la porte était ouverte. Fox haussa les épaules, se mordant la langue pour ne pas répondre et entra dans le bureau. Il y avait un autre type. Sur le moment elle s’arrêta pour le fixer, elle avait cru que c’était Will, un de ses amis à Gryffondor. Elle fronça les sourcils, il était vraiment bizarre :
« Quoi ? T’as bouffé de la soupe à la grimace ou quoi ? », elle s’assit à côté de lui et une feuille apparut devant elle. Sa punition. Fox leva les yeux au ciel et sortit sa plume, « comme si c’était en copiant des lignes qu’on apprenait quelque chose. Je sens que ça va être long jusqu’à la fin de l’année. »
Et elle ne dit plus rien… pour l’instant.

« Quoi ? T’as bouffé de la soupe à la grimace ou quoi ? »

Aucun son de sa part. Aucune remarque. Il n’en pensait pas moins. Il avait appris à ne rien ressentir. Il ne ressentait rien. N’était pas impulsifs. Elle elle l’était. Il le devinait. Le savait. Ne trouvait pas cela déplaisant. Passionner. Téméraire. Enragé. Pleine de colère. Têtue. Elle était tout cela. Provocante aussi sûrement. Besoin d’attention. Désirs de violence. Il n’était pas encore sûr. L’avenir le lui dirait. Il ne répondrait pas toutefois. Elle ne semblait pas
sympathique. Lui non plus. Ça ne voulait pas dire qu’il ne l’était pas. Elle non plus sûrement. Il était perspicace mais ne jugeait pas. Jamais. Sans savoir.
« Comme si c’était en copiant des lignes qu’on apprenait quelque chose. Je sens que ça va être long jusqu’à la fin de l’année. »

Pas de sourire de sa part. Ce n’était pas dans ses habitudes. Son visage n’en adopter que rarement. En coin le plus souvent. A peine devinable. Ses lèvres ondulant à peine. Elle pensait d’une façon qu’il comprenait. Il n’était pas sociable. Il n’allait pas vers les autres. Les autres venaient à lui. Avec naturel. Sans désirs de sa part. C’était toujours ainsi. Pas cette fois…

« Peut-être pas »

Regard. Profonds. Le silence règne. Il la regarde. Ignore pourquoi. Se concentre sur sa feuille…

Le pire c’était que Fox écrivait vite et que Grey le savait pertinemment aussi, comme elle arrivait à la fin de la page, un nouveau texte apparaissait et tout ce que Fox en pensait c’était… la barbe. Recopier le règlement ça servait à rien surtout qu’il n’y avait aucune clause sur l’utilité des …
« Peut-être pas »
Elle finit sa phrase et leva le nez assez… perplexe.
« Peut-être pas ? Euh… bon d’accord. »
Faire abstraction. Après tout peut-être que Karly lui avait pris le chou… encore. Fox trouvait ça marrant plus qu’autre chose mais les histoires de couples (comme elle se plaisait à dire pour l’énerver) c’était pas trop son truc. Elle continua donc de copier mais au bout de deux secondes :
« Non pas d’accord en fait. Sérieux qui êtes vous et qu’avez-vous du William Slayers que je connais ? On dirait… pas toi. T’as pris une potion ? t’as testé la cam de cem que je t’avais dit de pas toucher ? Grey t’as « normalisé »» , normalisé ce n’était pas un mot d’ado normal justement, du coup elle se reprit, « …elle t’as fait un lavage de cerveau. »
Là c’était son cerveau de galeriste qui détectait une merde dans le système. William n’aurait jamais sorti un truc dans le genre. Elle s’écarta un peu, méfiante. Un seul coup d’œil pour englober le tout de ce faux William. Ca n’était pas William.
« Et depuis quand Will a un tatouage ? T’es quoi au juste, son jumeau caché… et me sort pas que c’est ça j’ai passé l’âge des feuilletons à l’eau de rose. »
Tout d’un coup elle avait l’air sérieux du travail. Elle allait le savoir de toute façon, que l’imposteur lui réponde ou non. Elle avait largement dépassé le quota de mots qu’elle pouvait sortir à un type qu’elle ne connaissait ni de Merlin ni de Morgane d’ailleurs. Fox était plutôt quelqu’un de circonspect en terrain inconnu. Elle était prudente.

« Peut-être pas ».
« Peut-être pas quoi ?».
Elle avait un regard incisif, le genre de regard qui pouvait faire fermer sa gueule à n’importe qui, ou du moins ce genre de regard qui vous pétrifie le temps d’un instant, juste le temps qu’elle puisse voir ou trouver sur vous ce qu’elle voulait. C’était suffisant.
Elle ne cillait même pas, elle avait quelque chose de presque militaire dans la façon de faire. Mais s’en rendant compte elle changea d’attitude. Pas la peine de trop attirer l’attention sur elle. Et puis ce n’était pas elle la question. Une idée lui vint pour tester la véracité de sa théorie. Quelque chose de simple. Un rôle à jouer, et ça elle savait très bien le faire. C’était une as, une actrice hors paire, même son père avait forcé de l’admettre.
« Excuse moi », elle soupira l’air sincèrement désolée, « C’est qu’avec Grey qui est tout le temps sur mon dos j’ai un peu tendance à devenir parano. C’est vrai, quel genre de folle irait inventer un truc pareil ? », elle rit –tout à fait son genre soit dit en passant - « Vraiment désolée Will, t’es là alors ça tombe sur toi… ».
.Arrêt sur image. Là ce que vous êtes en train de voir ce n’est rien d’autre que Fox en train de rouler un peu des hanches pour se faire pardonner par son sex friend –comme si ça aussi c’était son style –
« Mais je veux bien me faire pardonner si tu me dis quand est-ce que tu as eu le temps de te faire ça… ».
Et là ce que vous êtes en train de regarder c’est Fox posant ses mains sur la ceinture d’un type dont elle sait pertinemment que ce n’est pas William, pour se hisser sur la pointe des pieds et souffler sur ses lèvres :
« …entre hier soir et ce matin s’entend. Avoue que c’est Raven… je serais même pas fâchée… ».
Et là c’est Fox en train d’embrasser un parfait inconnu de la façon la plus parfaite qu’on puisse imaginer. Et dire que c’était la première fois qu’elle embrasser un garçon, elle pourrait le rajouter sur son cv pour que la Galerie la laisse passer à des rôles d’infiltration plus sérieux, elle était majeure après tout. Mais là, un bras passé autour de son cou, le poing posé sur le torse de l’imposteur, elle retrouvait sa jolie saveur de gosse des rues et son regard incisif :
« Tu embrasses bien c’est déjà ça mais ça me dit pas qui tu es « William ». Enfin… je t’avouerai que je n’ai aucune idée de ce que donne Will à ce genre d’exercice et je préfère pas le savoir. ».
Elle s’écarta de lui pour aller s’appuyer contre la fenêtre, redevenue l’habituelle Fox.
« t’es décidé à m’aligner plus de trois mots ou il faut encore que je te dise pourquoi tu n’es pas William Slayers. ».
L’habitude des interrogatoires. Wagner avait toujours tendance à dire qu’elle n’était pas assez fine psychologue pour tirer toute la substantifique moelle de leurs hôtes. Mais généralement elle obtenait quand même à peu près ce qu’elle voulait et ça se voyait dans son regard.

« Je serais curieux de savoir ce qu’tu pourrais m’apprendre d’avantage sur mon frère en restant silencieux, afin de tester encore ta patience, mais ton baiser m’en a dissuader. »

Un petit sourire de diablotin triomphant apparut sur le minois de sale gosse de Fox. Est-ce que ça voulait dire qu'elle embrassait bien? Bon elle n'irait ni le lui demander ni lui avouer que c'était la première fois qu'elle embrassait quelqu'un sur la bouche. Mais bon hein, elle allait quand même le prendre pour un compliment.

« Tant mieux parce qu'en fait je n'ai absolument aucune patience. Enfin il parait... »

Elle gardait son petit air canaille, fière de son coup.

« Bon du coup tu me dis?... »

Sous entendu, de quoi il retourne vraiment. Elle s'attendait à un polynectar raté ou quelque chose comme ça. Mais au moins Fox semblait moins disposée à l'allonger sur une table d'autopsie et à l'examiner jusqu'à ce qu'elle ait trouver ce qu'elle voulait. En fait quelque chose lui disait que peut-être il allait se montrer moins sur la défensive. Il fallait pourtant qu'elle fasse remarquer quelque chose...

« Au fait... je rêve où tu as essayé de saboter le pseudo couple de ton "frère" pendant une minute? »

Les bras croisés sur sa poitrine, elle levait un petit sourcil moqueur en attendant la réponse.

« Tant mieux parce qu'en fait je n'ai absolument aucune patience. Enfin il parait... »

Sawyer eut un sourire à peine visible. Il était curieux. Curieux de vérifier ses dires. Il n’était pas agaçant. Ne chercher pas à pousser les autres a bout. Son calme pouvait troubler toutefois. Il était également perspicace et fin observateur. Capable de déceler la colère là où d’autre ne la voyait pas.

« Bon du coup tu me dis?... »

Il hésita. Le suspense. Une façon de tester sa patience. Elle était sans doute Gryffondor. Possédait-elle la force d’aller à l’encontre de sa nature ? Pourrait-elle contrôler son impulsivité ? Il souhaitait le savoir. Se poser des question. Lui qui ne s’en poser jamais aucune.

« Au fait... je rêve où tu as essayé de saboter le pseudo couple de ton "frère" pendant une minute? »
« Croit ce qui t’arrange. »

Trop fier pour avouer. A elle. A lu même. Il était innocent. Il se sentait comme tel. Il voulait protéger William. Rien de plus. Il souhaiter saboter. Certes. Mais sûrement pour les raisons qu’elle aurait pût trouver. Elle se méprenait sur lui. Sur ses pensées. Il resta surpris du ton employé aux mots frère toutefois. Ironique. Un brin moqueur. Elle n’avait toujours pas compris. Elle lui faisait face. Voulant se montrait forte. Donnant l’illusion qu’elle l’était peut-être. Mais ne l’était pas. Ne deviner pas.

« Je suis le frère de William. Je suis Sawyer. Et toi ? Qui es-tu ? »

Il voulait savoir. Pouvoir la nommer dans sa tête. Dans ses pensées. Si ses pensées étaient à l’avenir dirigées vers elle par exemple. Sait-on jamais…

« Croit ce qui t’arrange. »
« Je crois ce que je vois. Et c'est vrai que ça m'arrange. »

Il voulait jouer à "je réponds à côté", elle était aussi très forte à ça. Mais elle n'allait pas le lui dire. Tout comme elle ne dirait pas que, si elle n'avait pas de patience, elle savait très bien faire semblant. Ca n'était pas un problème du tout pour elle ça. Un petit sourire mutin vint fleurir sur ses lèvres. Elle s'amusait bien.

« Je suis le frère de William. Je suis Sawyer. Et toi ? Qui es-tu ? »
« Moi ? Oh je suis juste la fille qui est dans le bureau avec toi. Tu demanderas à Will je suis sûre qu'il pourra faire un petit effort de mémoire rien que pour moi. »

Et voilà qu'elle se rasseyait le plus naturellement du monde. Etait-elle en train de se foutre de lui? Même pas vraiment. Fox aimait jouer. Ele voulait savoir de quelle trempe il était fait. S'il avait les couilles et le cran suffisant pour avoir ce qu'il voulait. En quoi d'autre il s'opposait à son frère. Elle avait presque l'air de se passionner pour sa punition. Alors... c'était bien dire qu'elle s'amusait comme une petite folle.
Enfin elle posa les dernière ligne sur sa copie. La reine des enfers serait contente. A parier qu'elle le jèterait au feu sans même le lire. Quel intérêt de lire/faire un truc pareil aussi? Elle posa les copies sur le bureau, omettant à dessin de mettre son nom sur la copie, puis avec un petit regard trop amusé, elle chantonna:

« On se revoit en cours Slayers bis, quand tu auras fini ton évaluation de niveau. »

Elle fit un petit clin d'oeil et sortit, les mains dans les poches. Notait qu'elle ne s'était pas amusée à le taquiner sur le fait que selon son résultat il atterrirait dans une classe inférieur. Elle en doutait franchement.