Une épée fonçait vers elle. Un cri, du sang, un cadavre. Kim se réveilla en sursaut. Elle regarda autour d’elle effrayée avant de se rappeler qu’elle était dans la résidence universitaire. Comme à chaque fois lors de l’anniversaire de la mort de son frère Karl, elle cauchemardait de cet instant tragique où à la fois ses pouvoirs s’étaient manifestés pour la première fois et où elle avait perdu son frère ainé. Trempée de sueur froides, elle se leva pour aller prendre une douche froide histoire de s’éclaircir l’esprit. Une fois cela fait, elle enfila rapidement la première chose qui lui tomba sous la main à savoir un short en jean et un vieux sweat un peu défraichi avant d’attraper son balai et de prendre la direction du terrain de quidditch.

Le soleil venait de se lever, donnant à l’herbe verte encore humide de rosée un halo clair. La luminosité faisait briller les trois anneaux de chaque côté du terrain. La jeune Ryan-Maier du mettre sa main devant ses yeux pour ne pas être éblouie par la clarté. Elle aimait beaucoup cet endroit, cela ne valait certes pas l’océan et le quidditch n’avait rien en commun avec le surf, son sport préféré, mais c’était ce qui lui provoquait le plus de décharge d’adrénaline qu’elle avait sous la main. Et puis, comme elle était sorcière après tout, même si franchement ça ne l’enchantait pas énormément, c’était normal qu’elle aime ça. La jeune américaine n’avait pas choisit d’étudier les Sport pour rien non plus. Kim fit quelques pas sur le terrain avant de s’assoir en tailleur en plein milieu. Elle était seule, ce qui était normal à cette heure matinale. Elle posa les mains sur le sol, les paumes tournées vers l’herbe et ferma les yeux, comme pour une prière silencieuse. Ce qui n’était pas loin d’être le cas d’ailleurs. Mais c’était plus une prière à son esprit de laisser de côté tout ce qui la contrariait, le sujet majeur étant tout de même sa mère, cette sorcière qui s’était cachée dans la peau d’une moldue et qui avait préféré laisser sa fille se faire interner que de dire qu’elle pratiquait la magie, laissant tout le monde croire que cette pauvre enfant de 6 ans avait planifié de tuer son frère ainé. Kim allait se venger un de ses jours, mais pas tout de suite. Elle allait profiter de la vie avant, elle savait que c’était ce que son frère aurait voulu. C’est pour ça qu’en sa mémoire ce jour, elle chasserait la figure maternelle de ses pensées. Quand sa respiration fut totalement calme, presque comme si elle dormait, la jeune femme rouvrit alors les yeux. Elle crut apercevoir une ombres dans les gradins mais cela disparut si vite qu’elle crut presque à une hallucination, ça ne serait pas la première vois que cela lui arriverait.

Kim se releva délicatement, tout en souplesse, attrapant son balai au vol avant de décoller. Elle laissa son balai prendre de la vitesse avant de prendre un virage serré pour faire le tour du terrain. Echauffement traditionnel. Elle revoyait dans l’ordre comment on entrainait une équipe. Elle avait l’intention cette année de voir si elle pouvait postuler au titre de capitaine de l’équipe de l’université. Ca serait une grande première, de mémoire, aucune femme n’avait jamais accédé à ce poste. C’était un challenge. Après quelques tour où elle prit de la vitesse la jeune femme retourna vers le centre du terrain sans pour autant perdre de vitesse. C’était le moment de revoir quelques figures utiles dans son rôle de poursuiveur, place qu’elle affectionnait tout particulièrement, mais elle savait et avait déjà joué à à peu près tous les postes. Attrapeur à Durmstrang alors quelle n’avait que 11 ans, gardienne à Beauxbâtons à 12 et 13 ans, batteuse à Salem à entre ses 14 et ses 15 ans et poursuiveuse depuis qu’elle était sur le sol anglais. Son palmarès en imposait mais pas encore assez à son goût. Elle voulait être propulsée au top. La jeune femme amorça une descente en piquée et enchaina avec une remontée en flèche, à 90° avec le sol. Quand enfin son esprit fut vide de toute pensée, elle se prit quelques instants de pause et monta sur son balai comme sur un surf. Kim adorait fair ça. Certes, on avait pas les mêmes sensations que sur l’eau et c’était légèrement dangereux, mais elle avait confiance en son expérience pour le pas tomber. Debout sur son balai, elle sentait l’air propulser ses cheveux blonds qui fouettaient son visage. De tout en bas, on devait la prendre pour une parfaite folle, si quelqu’un la voyait. Ce dont elle n’avait strictement rien à faire d’ailleurs. La moitié des étudiants la prenaient légèrement pour une folle, certains ajoutaient même qu’elle était schizophrène ce qui était pourtant loin d’être le cas. Cependant, encore une fois, elle vit une silhouette près du terrain. Qui encore une fois disparut rapidement. Elle devenait parano ou quoi ? Qu’importe. Elle descendit jusqu’au sol et attrapa le souaffle d’entrainement que le coach laissait à disposition pour les gens comme elle. Il était légèrement usé, mais il ferait très bien l’affaire pour s’entrainer à lancer. Kim reprit de l’altitude et se mit à un bout du terrain. Elle lança le souaffle le plus loin possible puis sprintait pour le rattraper avant qu’il ne tombe trop bas et recommençait ainsi de suite jusqu’à ce qu’elle se trouve en face des anneaux et qu’elle le lance à travers avant de recommencer. Elle faisait ça presque mécaniquement, sachant pourtant que c’était très mauvais de faire ça au feeling, ce dont elle se rendit bien vite compte.

Alors qu’elle lançait le souaffle à travers l’anneau, un peu trop fort peu être, celui-ci fonça vers l’entrée du terrain où se trouvait une jeune femme … qui l’esquiva de justesse. Kim fonça vers le sol, elle savait bien qu’elle n’avait pas été seule. Elle atterrit juste devant la jeune femme bredouillant :

« Excuse moi, j’ai lancé un peu fort, ça t’a pas touché j’espère ? »

« Y’a pas de mal. T’es une lève-tôt, toi ! Il y a peu de monde qui viendrait aux aurores pour… jouer avec un souaffle. »

Kim esquissa un faible sourire. Elle n’avait pas vraiment prévu de se lever à cette heure-là, mais c’était un mal pour un bien. S’entrainer était vraiment important quand on convoite le poste de capitaine. Se vider la tête pour éviter de devenir vraiment folle, cette fois-ci, l’était également. En ce jour funèbre, il n’y avait vraiment que ça pour retenir ses pulsions suicidaires et ses envies de meurtres … et c’était sans exagérer. Mais ce vol l’avait légèrement calmé de la panique qui l’avait gagné quand elle s’était levée. C’est pourquoi elle répondit calmement :

« C’est toujours mieux de s’entrainer le matin, il y a moins de monde … »

Ce qui n’était pas faux en soit. La jeune américaine venait toujours de bonne heure s’entrainer pour éviter la cohue des joueurs du dimanche qui en fait ne savent pas jouer et les supportrices en folies dont les cris sont pires qu’insupportables. Non, elle n’était pas associable du tout, ni agoraphobe, elle connaissait juste la valeur du silence. C’est pour cela que les gens la trouvaient bizarre. Elle avait remarqué que ceux de sa génération, qu’importe les pays, avaient la langue bien pendue et pour dire des choses dépourvues du moindre intérêt. Sauf peut-être ceux de l’est mais leur simple aura donnait la même impression. Malgré le fait qu’elle ait été plongée dans ses pensées, elle avait tout de même rattrapé la passe que lui avait fait la jeune femme. Par réflexe. Elle caressa du plat de la main le cuir usé, c’était une sensation familière et rassurante.

Des passes, ça te tente ?
« Avec plaisir! Tu as ton balai ? Il y en a là-haut sinon »

Kim désigna d’un geste le pied des anneaux les plus proches, à l’endroit où elle-même avait prit le vieux souaffle. Bon certes, ce n’était pas des balais de toute première jeunesse, mais ils volaient. Et pas trop mal, la jeune Ryan-Maier pouvait l’affirmer comme en cours ils leurs avaient demander de les utiliser à la place de leurs balais habituels. Pour vérifier leur capacité d’adaptation avait supposé la jeune étudiante. Sans attendre la réponse de la jeune femme, elle enfourcha son balai et décolla immédiatement, effectuant un tour de stade en attendant que la jeune femme la rejoigne. Elle réalisa alors qu’elle avait complètement oublié de lui demander comme elle s’appelait. Leo’ était certaine de ne jamais l’avoir vue ici. La nouvelle promotion supposait-elle. Mais bon, pour l’instant, ça n’avait pas grande importance. Elles allaient ensemble faire leurs esprits se reposer sur un doux nuage blanc cotonneux par le sport et voilà tout.