La journée avait été longue et les révisions encore plus éprouvantes. Les vacances de printemps étaient enfin arriver mais, les événements magiques qui détraquaient l'environnement et les humeurs de Dame Nature jouaient beaucoup sur le moral et la santé des élèves. La nuit était permanente et tellement opaque que l'espoir de revoir les doux rayons du soleil mouraient de jour en jour. Le jour ne se différenciait pas de la nuit et beaucoup d'animaux ou de végétations étaient déboussolés. Personne n'arrivait à réellement s'y retrouver. Vous vous couchiez et vous levez sous la nuit. Pire qu'en hiver. Beaucoup de personnes étaient tombés malades à cause de cela. Le soleil manquait beaucoup et les dépressions n'étaient pas les seuls cas de maladies graves. Beaucoup de carences étaient évités magiquement grâce aux plats cuisinaient par les elfes de maisons mais toutes n'étaient pas contrecarrées. Un quart des élèves étaient touchés dont Esther McGregor. Rendant visite tous les jours à sa petite sœur, Karly prenait son mal en patience et commençait même à s'habituer à l'infirmerie. Petit à petit. Ce qui n'était pas au goût de l'infirmière. Une fois de plus, elle venait de la virer dans le couloir, prétextant que les malades avaient besoin de calme et de patience or sa présence perturbait tout ceci. En quoi une personne silencieuse pouvait déranger ? Ce n'était pas elle qui avait veillé sur Esther depuis un an ? Ou avait-ce été Esther qui avait veillé sur elle ? La question pouvait bien se poser. Déambulant dans les couloirs, la jeune Gryffone ne put s'empêcher de jeter un coup d'œil par les fenêtres. Rien. Pas un seul brin de soleil à l'horizon. Certes, il était déjà tard et elle n'était pas loin de manquer le couvre-feu. Après tout, elle était en route vers sa salle commune. Ce n'était pas comme si elle fraudait le règlement. Elle devait être d'autant plus vigilante depuis son entrevue avec la Directrice. Avril était là et pourtant, on se serait cru encore en hiver. Un soupir las s'échappa de ses lèvres pour se perdre dans une brume grise qui s'éleva dans les airs. Reverraient-ils un jour un halo lumineux et la vie rejaillir des arbres ? Elle ne l'aurait sans doute jamais implorer avant mais, il lui tardait de revoir les fleurs et la végétation prendre vie. Même si elle délaissait complètement cette matière depuis la mort de sa mère, elle s'y sentait extrêmement liée. Tout comme Esther.

Jamais autant d'hiboux n'avaient déferlé dans la Grande Salle. On pouvait même en voir faire la course dans les couloirs, en vue d'apporter le plus rapidement de lourds colis à leurs destinataires. Depuis l'apparition du Poète, les sorties à Pré-au-Lard avaient été supprimé... tout comme toutes sorties en général. Le parc restait ouvert mais la nuit constante et les ombres qui gambergeaient dehors ne donnaient guère envie de s'y aventurer. Dans ses conditions, tout le monde préparait la venue du bal par d'autres intermédiaires. Comme ils le pouvaient. Le bal d'Avril en ravisait beaucoup. Comme si cet événement allait pouvoir chasser l'amertume et la tristesse des cœurs le temps d'une soirée. Karly avait quelque peu du mal avec cette idée mais, si elle pouvait marcher pourquoi la contrer ? Après avoir donné le mot de passe à l'éternelle Grosse Dame qui se goinfrait de gâteaux depuis qu'on lui avait dit qu'elle chantait faux (piètre consolation, depuis elle ne faisait que geindre), la Gryffone discuta quelques instants avec ses amis qui disputaient une partie de cartes inflammables. Cassie avait déjà perdue plus de la moitié de ses sourcils et Willara avait le visage noirci à quelques endroits. Seul Jason semblait s'en tirer avec quelques cheveux en moins et un petit trou sur sa chemise. Prétextant être fatiguée de sa longue journée de révision avec le professeur Grey alors que le week end venait de commencer, elle les laissa sous le coup des explosions de cartes. Cela la fatiguait d'avance, réellement. Le professeur Grey n'avait pas vraiment été d’accord avec son retour à Poudlard. Bien au contraire. Elle ne figurait pas sur le tableau d'honneur. Plutôt sur celui des renvois, d'après la jeune femme. Heureusement, ou malheureusement, on lui avait permis de revenir. A condition qu'elle fasse ses preuves. Tomber sous le joug de la drogue n'était pas légal et encore moins toléré dans l'enceinte d'une école ou bon nombre de jeunes gens en bas âge se trouvaient. Elle devait en payer le prix. Heureusement que la thérapie du Docteur Sextis avait bien opéré sinon, elle aurait été bonne pour retourner à Sainte Mangouste ou alors au Centre des Soeurs Fracasse. Ses trois femmes portaient mal leurs noms puisqu'elles avaient ouvert ce centre de désintoxication, en étroite collaboration avec Sainte Mangouste, pour toutes les personnes qui étaient gravement atteint de dépendance. Guérir d'une surdose de drogue pouvait être possible. Guérir de sa dépendance était en réalité bien plus difficile. Mais, elle y était arrivée après tout, non ? Il était d'ailleurs un peu ironique qu'aujourd'hui, elle aide les Soeurs Fracasse dans leur lutte anti-dépendance. Les billywigs n'étaient pas les seules drogues dangereuses. Des biens plus dangereuses existaient. Ils y en avaient tellement. Tout en repensant à tout ce qu'elle avait pu voir lors de son séjour, Karly finit de se mettre en pyjama afin de se mettre au lit, sans prêter attention à ce qui l'entourait. Ce ne fut qu’une fois qu’elle ferma les yeux et ouvrit la porte à Morphée, qu’elle entendit son prénom murmuré dans la nuit. Cette voix. Elle ne l’avait pas entendu s’adresser à elle depuis bien longtemps. Et pour cause : Karly ne savait pas comment débuter la conversation avec sa chère amie. Elles étaient tombées toutes deux dans la dépendance des billywigs et aujourd’hui, Karly lui aurait hurlé dessus d’arrêter maintenant avant que les choses ne dégénèrent. Mais, elle ne le pouvait pas. Après tout, c’était elle qui avait flanché et non Kaprice. Kaprice avait su garder le contrôle de la situation et Karly l’avait perdu. Elle s’était perdue dans ses tourbillons, au point de revoir sa mère à travers ses souvenirs. Elle devait être tellement déçue.

« Pas encore. Morphée est venu boire un grog avant… »

Humour quelque peu déplacé, et bien écossais. Karly n’avait trouvé que cela à lui répondre. Après tout, si elle lui répondait, c’est qu’elle ne dormait pas. Mais, elle ne voulait pas l’ignorer non plus. C’était Kaprice. Pas n’importe qui. Et elle l’avouait de bon cœur : le caractère de la Gryffone lui manquait. Aussi explosif que Willara mais, bien plus rapproché du sien. L’entendre lui faisait plaisir. Hors, elle ne voulait pas gâcher ce plaisir.

« Ne me dis pas que c’est le bal qui t’empêche de dormir, Kap’ ? »