Elle se sentait libre, en paix avec elle même. Pour la première fois depuis des mois elle se sentait bien, apaisée. La Rédemption lui semblait loin derrière elle, plus en tout cas que certains souvenirs bien trop vivace à son gout. Et si elle se mit à frissonner à cet instant précis ce n'était surement pas dû à un courant d'air froid sur sa peau. Le monde devenait fou... même s'ils parvenaient à se débarrasser définitivement des fantômes et du Poète et à refermer les portes qui pouvait dire quelles en serait les conséquences ? La famine, la peste, la guerre peut être ? Pareille catastrophe faisait ressortir le plus mauvais dans le cœur des hommes. Non pas, elle chassa tant bien que mal son élan de pessimisme en secouant la tête, après tout ils y en avaient toujours pour se serrer les coudes. Il fallait l'espérer en tout cas. Seth qu'elle était d'humeur mélancolique ce soir... La faute de ce maudit ciel couvert et noir. L'été ne devrait pas être loin normalement et l'on ce serait cru en décembre...

Kheeva soupira en laissant retomber le rabat de la tente. Rétrospectivement, il faisait presque plus clair à l'intérieur de celle-ci que dehors, même si sous ses sens tout lui paraissait en nuance de gris. Meilleur aussi. C'était étrange mais assez amusant, elle connaissait chacun des objets qui se trouvait là ou presque, un peu comme de vieux amis perdus de vue que l'on redécouvre avec plaisir. C'était plutôt approprié d'ailleurs, une manière comme une autre de renouer avec un passé et un bonheur qu'elle avait cru perdu pour toujours. Ses yeux glissait lentement d'un objet à l'autre, un vase de terre-cuite, des vêtements pliés soigneusement, un couteau au manche de corne gravé d'un loup bondissant, des draps froissés... et dedans... La louve eut un léger sourire en posant ses yeux sur lui. Il avait l'air si sérieux, si serein quand il dormait. Son sourire s'accentua en même temps que montait en elle une irrépressible envie de le réveiller. Sa main repoussa la seconde bretelle de sa robe de soie noire qui glissa au sol en même temps qu'elle glissait sous les draps pour se lover contre lui. Un bras passé autour de son torse, elle le regardait respirer doucement et à ce moment là elle s'en voulut presque. Presque. Doucement elle commença par déposer deux baisers au creux de son cou, avant de venir lui titiller le lobe de l'oreille du bout des dents.

Jake était exténué ce soir. Fatigué, oui. Quand il entra dans sa tente, il venait de sortir de la douche. Ses cheveux coupés courts afin de le différencier de ses oncles et de son père étaient en bataille sur son front, sur le haut de ses yeux vairons. Jake avait les yeux vairons, comme n'importe quel Orlov, comme son petit frère. Il était fier. Ses yeux étaient d'un côté bleu glacial, de l'autre d'un bleu opaque est foncé. Jake a le sang de ses deux parents. Il est le calme qui s'énerve. Il est le glacial qui s'enflamme à la moindre étincelle. Mélange de la Russie antique et de la France de sa mère, il est le fruit de deux parents qui s'aimaient, qui se sont aimés au point d'en mourir. Il se rappelle des yeux de sa mère, et puis du néant quand elle a disparu. Il a longtemps regardé son père, et il n'a rien vu. Il y avait de la peine, mais de la fausse? Il n'en a jamais rien su. Il n'a pas demandé. Son esprit d'enfant a réagi avant sa sagesse, et à sept ans, à l'enterrement de sa mère, il pointait du doigt son père, criant : « Tout ça c'est de ta faute! Tu as tué Maman! ». Jake n'avait pas été un enfant difficile, mais à partir de ce jour-là, il avait grandi différemment. Il avait essayé, autre chose, une autre vie. Il avait aimé deux filles, d'abord pour se moquer de son père, puis plus tard parce qu'il se sentait bien avec elles, en sécurité. Dans les bras d'une femme, dans les bras d'une mère? Elle était morte quand un fils veut se marier à sa mère. Jake entra dans son lit, et il repensa, à toutes ses fois ratées où il n'avait pas dit à Lheena qu'il était sincère, qu'il l'aimait, vraiment. Peut être pas depuis le premier regard, mais il l'aimait, elle, et sa sœur. Qu'importe, le sentiment amoureux était assez fort pour deux femmes, pour deux ventres à faire devenir rond, deux bagues à passer au doigt. Mais Lheena n'était pas là. Il n'avait pas perdu sa virginité avec elles, mais il ne se souvenait même plus des fois où il avait été ailleurs. Avant que tout ça ne soit sérieux. Avant de comprendre que cette infidélité occasionnelle était blessante. Leur ferait mal, à toutes deux. Il roula sur le côté. Son père était il comme lui? Quand Kheeva mourrait, penserait-il à une autre peau que la sienne? Aimerait-il une autre femme? Lui ferait-il la cours, un enfant, avant de la voir mourir à nouveau? Il voyait le visage de Lheena. De Kheeva à côté aussi. Leurs deux corps, leur rire dans l'acte, leur soupir, volupté. Il grogna. Trop longtemps. Mais sa fierté lui disait de ne pas agir comme un adolescent. Les plaisirs de chair ne sont bons que lorsqu'ils sont partagés. Jake s'endormit finalement, les cheveux mouillés et fatigué de sa journée. Fatigué comme s'il avait couru des centaines de kilomètres sans s'arrêter.

Il ne l'avait pas entendu arriver. Dans son sommeil, aucun rêve. Le néant. Il n'avait que rarement rêvé. Peut être était-ce de leur faute? À cause de leurs disparitions répétées? Il se tendit, mais ne se réveille pas. Il ne se serait réveillé que s'il s'était sentit menacé, mais il n'y avait rien de tout ça. Il était tranquille. Vraiment. Il dormait, et pourtant, il sentit la chaleur de sa peau contre la sienne, et son parfum. Quel divin parfum que celui des retrouvailles. Il se laisse faire, fait encore un peu semblant de dormir. Il n'a aucun doute de qui elle est, et même si il ne voit pas son visage, il devine aisément qu'elle est taquine, la louve qui vient de le réveiller, taquine et joueuse. Leur histoire est comme ça. Des pertes et des retrouvailles. Ils n'auront jamais une vie normale comme les autres. Peut être n'auront ils jamais d'enfants et de jardin, mais au moins il l'aime, comme un loup n'aime qu'une fois, et quand il ouvre les yeux, elle est là, accrochée à sa peau, et pendant un instant, il goutte la sérénité, sans aucune peur, sans aucune angoisse. Il n'est pas question de monstre ou d'enfer, pas de chasseur ou de tuerie. Juste de ce corps contre le sien, si bon de le retrouver. Son corps réagit plus vite que sa pensée, ou est-ce parce qu'il vient de se réveiller? Sa main se soulève, se pose sur la nuque de la louve, ronronnant.

« Me ferais-je violé par vous, ma mie? Dans mon sommeil, qui plus est? Traîtresse de mon coeur. »

Il a un sourire lupin sur les lèvres, grimpe sur elle. Il est nu. Toujours quand il dort. Se tenant sur ses coudes, de chaque part de son visage, il embrasse sa bouche, passionné, puis sa gorge. Jake est un Orlov. Digne de son père et de son grand-père, il aime sans compter, sans regarder. Il est un Kveld plus jeune encore, de celui qui attends son aimée et fait sa vie, tout de même. Il se sert contre elle, heureux de retrouver le corps chaud de Kheeva, de ce corps qu'il ne doit être donné qu'à lui de toucher de cette façon, même si c'est une fois par siècle. Non, ça le mets en colère de penser à ça. Il chasse l'idée de l'infidélité avec ce vampyr et colle son visage sous le menton de la belle, embrasse sa jugulaire, les mains glissant le long de son corps pour tirer les cuisses de chaque côté de son bassin. Quel amour n'est pas nourri d'un feu qui dévore? Pas celui des loups, puisqu'il se nourrit de brasier ardent.

Elle sait qu'il fait semblant de dormir. Elle a toujours su dire quand il faisait semblant ou non. Elle en profite encore un peu pour le mordiller et le titiller jusqu'à ce qu'il daigne enfin réagir, c'est qu'elle est toujours aussi joueuse, une note d'insouciance dont elle n'a jamais su se départir. Elle relève la tête à sa question, mais à peine le temps d'ouvrir la bouche pour répondre qu'elle se retrouve sur le dos, Jake au dessus d'elle. Elle frissonne de plaisir en le sentant lui mordiller la gorge se pressant contre lui en passant la main dans ses cheveux. Elle aime le contact de ses boucles entre ses doigts, la manière dont ils lui glissent, c'est un geste de réconfort qui la rassure toujours un peu, une manière de renouer. Puis soudainement elle se retrouve coller à lui, ses jambes écartées presqu'avec violence, laissant échapper une exclamation surprise. Elle plonge ses yeux dans ses prunelles vaironnes, avant de laisser filtrer un fin sourire, puis aussi soudainement que lui contre-attaque en nouant ses jambes autour de ses hanches pour le faire basculer en arrière à son tour. Cette fois-ci c'est elle qui se retrouve en surplomb, profitant de son avantage momentané pour lui mordiller ses lèvres en l'embrassant avant de se laisser retomber sur lui vivement laissant échapper un léger soupir quand leurs bassins se rencontrent. Cela fait tellement longtemps... égoïstement elle songe que c'est la première fois qu'elle l'a pour elle toute seule, qu'elle n'a pas à le partager, une pointe de culpabilité l'assaille presqu'aussitôt alors que leurs regards se croise de nouveau, mais si elle en parait troublée, la culpabilité se fond aussitôt sous le désir qui se fait de plus en plus pressant. Les remords viendront plus tard, avec l'aube.

Kheeva - T-t-t-t-t, tu n'es pas de taille contre moi mon amour... Tu sais que je gagne toujours contre toi...

Elle se soulève légèrement avant de se laisser retomber sur lui. Presqu'avidemment. Qui joue avec qui maintenant? Elle à un sourire satisfait.

Pendant un instant, il croit qu'elle est à lui, et seulement à lui, mais pour cela, il aurait fallu qu'il épouse une femme douce et pas une amazone. Sa Kheeva n'est pas une ménagère. Elle n'est pas sage comme Héméra, ou capricieuse comme Elladora, pas plus qu'elle n'est folle comme la jolie Elisheva. Kheeva, c'est une petite guerrière dans un corps de louve, et il sait bien qu'elle ne sera jamais de celle qui se laisse faire. Alors forcément, quand il veut la posséder, rapidement, pour ne lui laisser aucune chance de riposter ou rétorquer, elle contre-attaque aussitôt, et il se laisse faire. Il tombe sur le dos, le regard qui brille d'une intensité rare. Les yeux vairons du loup détaillent ce corps qu'il ne connaît que trop bien, mais qu'il n'a jamais vraiment regardé à l'unité. Il y a toujours eut deux chipies sous ses draps. S'il est déçu? Forcément que oui, parce que Lheena est morte, et que cette pensée lui fera toujours un mal atroce derrière le coeur, mais dans le même moment, il n'y peut rien, et ce n'est pas sans lui déplaire qu'elle s'offre toute seule à lui, et qu'il la possédera également. Et la perfide soupire quand leurs bassins se frôlent! Lui se crispe, et ceux sont ses mains, fortes et larges, qui se referment sur les draps pour les serrer, alors que ses paupières se referment à moitié. Ses sourcils se sont froncés, pas de colère, mais voilà, le désir est attisé, et rien ne l'arrêtera plus maintenant. Absolument plus rien. Il pourrait bien y avoir une boucherie dehors qu'il ne cesserait pas. Jamais.

« T-t-t-t-t, tu n'es pas de taille contre moi mon amour... Tu sais que je gagne toujours contre toi... »

Et encore une fois. Cherche t-elle la mort...? Il pose ses mains sur ses hanches. Soit. Il ne sera pas le « dominant », mais qu'importe, parce qu'après tout, elle a besoin de lui pour assouvir ses envies, et si il n'est qu'un objet, qu'elle s'en serve, qu'elle le jette, qu'importe. Lui ne demande qu'à être toucher, au plus profond de sa chaire si possible. Encore et encore. Alors oui. Il s'abandonne, si il ose dire, mais elle souffrira. Il pose ses mains sur ses hanches, la maintenant tout contre lui, et là, la fixant droit dans les yeux, il ondule du bassin, doucement, lentement. Très lentement. Il faut qu'elle sente la moindre vibration. Il aimerait qu'elle puisse jusqu'à ressentir le frisson qui remonte sa colonne vertébrale. Qu'elle ressent out ça, pour s'en mordre les dents et regretter. Et là, il la fixe, avec un sourire moqueur et amusé. Oui, il en a envie, mais il la fera rougir avant. Rougir et gémir sans vraiment la toucher.

Kheeva frissonna, parcouru par un mélange de douleur et de plaisir mêlé. mais elle s'en moquait, elle n'avait pas pu attendre plus longtemps. Son sourire s'adoucit peu à peu comme il pose ses mains sur elle, ses grandes mains qui font presque le tour de sa taille. Elle à toujours aimer qu'il la prenne dans ses bras, ça lui donnait l'impression d'être en sécurité dans un cocon douillet, que rien ne pouvait lui arriver... Mais le contact est plus intime cette fois-ci, plus encore lorsqu'il plonge ses yeux dans les siens, comme s'il cherchait à atteindre son âme. Rien qu'à voir son regard elle sait, il n'y aura pas de douceur ce soir, ils s'uniront avec violence, avec passion, mais pas avec douceur. Du moins pas tout de suite. Et lorsqu'il se met à bouger elle ne peut s'empêcher à son tour de clore ses paupières à moitié. Douleur et plaisir. Elle laisse sa tête basculer en arrière dans un soupir, le Cruel se joue d'elle ! Elle se laisse subitement retomber sur lui alors qu'il continue son manège, et plante ses ongles sous la peau de son torse. Qu'il souffre un peu lui aussi, chacun son tour ! Elle se tend vers sa bouche pour l'embrasser et étouffer dans l'œuf le sarcasme qu'elle sent venir poindre à l'horizon, puis s'attaque à sa gorge, en profitant pour y dissimuler ses joues. Le désir qu'il a fait naître en elle se dispute à la douleur, la faisant peu à peu reculer, elle en à assez de ce rythme et peu à peu lui en impose un nouveau, plus rapide, avant de se concentrer sur son cou. Elle le dévore du bout des lèvres et l'aiguillonne du bout des dents. Avant de soudainement le mordre pour de bon, juste assez pour faire perler son sang, sans que cela soit trop douloureux.