Parce que Cesare, ou plutôt Dante dans sa version anglaise, ne pouvait pas tout le temps se tourner vers Natalia… Certes il était complétement paumé par la présence soudaine d’un nouveau cours le jour même, cours dont il ne voyait l’existence qu’une fois sa moitié envolée pour la journée entière loin de lui. Le jeune homme cracha un juron en italien, sa langue maternelle, dont il ne se déferait jamais des automatismes. Il allait devoir se débrouiller seul, et ce n’était pas un mal en soit, ça devait bien arriver un jour ou l’autre, et le jour en question était celui-ci. Lui qui était une putain de bille en anglais, et qui n’avait pas vraiment pris la peine de se chercher de nouvelles connaissances dans ce nouveau pays qu’il préférait regarder en tant qu’observateur pour le moment, lui, qui allait devoir trouver où se trouvait cette putain de salle de « Défense appliquées ». Dieu que ça ne voulait rien dire en plus cette UE. Ca y est, il était saoulé. Cependant, le sicilien ravala tant bien que mal sa colère pour se diriger tout naturellement vers l’entrée de la célèbre Université Anglaise.
Il poussa un nouveau juron lorsqu’il entra dans le hall et, qu’avec lui, se glissa une brise glaciale 100% anglaise. Lui qui venait tout droit de la Sicile ensoleillée, il allait vraiment avoir du mal à se faire au temps anglais. Mais la météo était un luxe qu’ils ne pouvaient de toute manière pas se permettre, alors un juron, bien que bénéfique pour les nerfs ne changerait rien au fait qu’il allait se les peler sévère cette année… Bref, une fois cela fait, le sicilien chercha du regard une aide quelconque. Certes il était entouré d’élèves, mais, bien qu’il soit plus que sociable, le jeune homme préféra se tourner vers un membre du personnel. Non pas qu’il avait honte de son terrible accent italien, non ça il faisait depuis longtemps avec maintenant, mais c’était tout simplement plus naturel pour lui de demander à cette brunette qui était, lui semblait il, l’hôtesse d’accueil ou un truc du genre. Alors, avec un papier tatoué de son emploi du temps de la semaine, le jeune homme interpella la jeune femme avec un sourire qui se voulait désolé et il lui demanda.

« Scusi. Où est… euh… cét salle dé classé ? Yé soui oune peu perdou. »

Putain de bordel de cul de merde, ça avait pourtant si bien commencé ! Si seulement il avait écouté Cos de l’époque de Aurora, il serait pas aussi naze en anglais. Cesare aurait pu le savoir, après tout Cos était un modèle de perfection, il aurait dû faire comme lui plutôt que de jouer son pseudo rebelle de bras droit qui n’avait qu’à savoir cogner plutôt que de parler…

« La sala che cercate è al terzo piano... Il migliore per fare la festa. »

Dante écoute la jeune femme avec attention sans même se rendre compte qu’elle lui parle italien. Bizarrement, pour une fois, le jeune homme avait l’impression de tout avoir très bien compris, et ça, ça ne lui arrivait pas souvent, ou alors seulement lorsque c’était Natalia avec qui il parlait. Donc il est affiche un sourire de remerciement et reprend son emploi du temps. Oui Cesare n’est pas l’homme le plus rapide du monde. Ô, si on avait parlé duel ou quidditch ca il aurait compris vite fait bien fait mais pour une chose aussi banal que l’italien…
Tiens d’ailleurs, cette fille vient bien de lui parler italien (ouiii un bon point pour le sicilien un !) ! Une fois se petit détail capté, le jeune homme détourne rapidement la tête vers celle qui vient de l’aider et son sourire se fait encore plus grand alors qu’il poursuit la conversation dans sa bonne vieille langue natale. Que du bonheur pour lui qui était quotidiennement torturé par ce foutu anglais.

« Oh un'italiana! Non puoi sapere a che punto ciò mi fatto piacere di sentire la lingua del paese. Siccome l'hai dovuto notare il mio inglese non è eccellente… »
« Oh une italienne ! Tu peux pas savoir à quel point ça me fait plaisir d’entendre la langue du pays. Comme t’as dû le remarquer mon anglais est pas ouf… »

Oui sur ce point le sicilien ne pouvait vraiment pas se leurrer. L’éternel lunatique est bel et bien mis de bonne humeur par la seule phrase de la jeune femme. Lui qui avait plus l’habitude d’être aigri ces derniers temps, venant à peine d’arriver en Angleterre pour se heurter à la barrière de la langue et la frustration de ne pouvoir faire ce qu’il aime, c’était la première fois qu’il rencontrait une italienne à Ealdwic et ça lui faisait du bien. Mais malheureusement il avait ce foutu cours à la con…

« 3 piano eh? Grazie per l'info è simpatico. Ho in effetti un poco il tempo… »
« 3ème étage hein ? Merci pour l’info c’est sympa. J’ai un peu le temps en fait… »

Il venait de jeter un coup d’œil à sa montre et avait décidé de s’auto persuadé qu’il avait LARGEMENT le temps d’arriver en cours ce qui n’était pas forcément évident. Mais Cesare sacrifiait sans hésiter ce cours (qui serait surement inutile de toute manière) pour rester ici à parler un peu italien. Cem savait qu’il aimait Natalia plus que tout, mais parler tranquillement avec quelqu’un d’autre faisait tellement plaisir…