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 Because we always lost what we don't deserve.

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PROFIL & INFORMATIONS









Ismaël L. Lockheed

Ismaël L. Lockheed
AGENT DU MINISTERE.
► langue-de-plomb.

► MESSAGES : 20
Because we always lost what we don't deserve.  #Lun 23 Mai - 12:46





    Il ouvrit les yeux, lentement. La brûlure du lampadaire du coin lui arracha une grimace. Sa pupille se rétracta et il se redressa, baillant. Plus loin, deux clochards dormaient comme lui, sur des bancs crasseux du petit parc où il s’était perdu. Il eut un rire et se détacha du banc, avec un petit sourire en coin. Un simple coup de main enleva toute la poussière qui s’était accumulée sur ses épaules durant sa petite sieste nocturne. Un clochard se rapprocha, le regard perçant, fixant du coin de l’œil le banc de l’inconnu. Le blond, lui, ne cillait pas et eut un sourire fin. « Hey, mec’, c’est ton banc ? » Ismaël eut un rire joyeux – de si bon matin, ça faisait plaisir. « Non, non, va y, prends le. » Il devait être quatre heures du matin, mais c’était déjà assez tôt pour Ismaël pour retourner au boulot. Il passa à l’appartement, qui ne ressemblait à rien, mais vraiment rien. C’était une chambre de bonne. Un lit, un frigo et une douche. Le moins cher qu’il ait trouvé, non pas parce qu’il n’avait pas vraiment de quoi s’en payer un, mais parce qu’il n’y restait jamais. Il était un marcheur solitaire, un marcheur qui ne venait ici que pour se laver et voir si il avait fait les courses. Il ne les faisait jamais. Il aurait du le savoir. Il regarda le frigo vide, en sortit une canette de coca fraîche, et le referma. Un rapide coup d’œil aux alentours. Même ses fringues étaient pourries.

    Il eut un sourire joyeux en coin, se rappelant de toutes ses fois où à Saint-Mercy les gens l’avaient regardé avec cet air condescendant, comme si il n’était qu’une larve, alors qu’il était certainement plus doué que n’importe qui dans cette connerie d’université de merde. Il les emmerdait. Aujourd’hui il avait un très bon salaire, et il devait verser les ¾ à sa pute de mère qui avait osé vendre la maison. Si ça c’était pas de l’amour familial, qu’est-ce que c’était. Il jeta la canette dans la poubelle vide, attrapa des vêtements propres et les enfila. Un jeans trop large et troué aux niveaux des deux genoux et du mollet droit, un marcel noir et une chemise de bûcheron canadien rouge à carreaux blancs. La super tenue de travail, en somme. Il attrapa la petite valide magique qu’il avait abandonné en revenant du travail, où son travail était fait. Il n’avait plus qu’à le mettre au propre aujourd’hui et le rendre ce soir, en temps et en heure. Devant le nez d’Ezra. Il ferait une gueule… ça serait encore drôle, et ennuyeux à la fois. Il le détestait, sérieusement.

    Il détourna les yeux, attrapa ses chaussures dont les semelles partaient n’importe comment, tâchées de peinture par endroit, et partit au travail avec une dernière touche de parfum. Et voilà. Il était propre, il sentait bon, et il avait toujours l’air d’un clodo dans sa chemise à manche courte alors que dehors il faisait 17° peut être. Au maximum. Il se mit à trottiner jusqu’au ministère, ce qui représentait quelque chose comme une petite demi-heure de course rapide. Il arriva à 6 heure pile, comme tous les jours ou presque. Il poussa la porte, salua le concierge avec un large sourire. Le concierge l’aimait bien ; le « Ricain », parce qu’il n’était pas comme les connards d’en haut, même si il bossait dans les grandes galeries fermées. Le « Ricain » le saluait tous les matins et parfois l’aidait à passer le balais le soir, pour passer le temps, parce que finalement, il s’emmerdait dans ce bâtiment à la noix. Il ne servait à rien, ou presque à rien. Ce que eux trouvaient difficile à traduire, lui trouvait ça tellement simple que ça le dérangeait. Il avança calmement, attrapa l’ascenseur, s’arrêta à l’étage des mystères et avança calmement vers la machine à café. Il acheta un long café noir sans sucre, et, avec sa mallette sous le bras, se dirigea à son bureau. Un petit complexe rond, qui ressemblait à une sale de réunion que l’on aurait amputé de ses tables. Un truc flippant, sans fenêtre, et un plafond sobre. Les murs étaient recouverts d’étagères de dictionnaires et de livres de référence. Tout ça pour traduire une dizaine de malheureuse pages par semaine, et en plus, même pas dans l’ordre. Si ça, c’était pas du foutage de gueule, qu’est-ce que c’était… !

    Ismaël se plaignait pas. Après tout, il avait sans doute une des meilleures payes du bâtiment avec Ezra, leur projet étant visiblement très « intéressant » pour le ministère (et pourtant il n’y avait vraiment rien d’intéressant dans des papiers bibliques et coraniques), et ils avaient un bureau entier, en fond de couloir, où ils pouvaient faire ce qu’ils voulaient. Tout ce qu’ils voulaient. Et les heures sup’ étaient payées. Quoi de plus beau ? Il poussa la porte, la referma à clef – machinalement puisqu’après tout lui et Ezra avaient une clef spéciale – et se posa à son bureau. Il bu quelques gorgées chaudes de son café, sortit ses papiers de sa malette, et les mit sous des feuilles vierges. Il travaillerait seulement cet après-midi. Là, il était fatigué. Il s’avachit dans son fauteuil, avec un sourire satisfait de retrouver la chaleur de ce dernier, et s’endormit ainsi. Les pieds sur le bureau, le siège basculant en arrière, ne pouvant jamais tomber de lui-même (merci un sortilège fort utile !) et ronronnant dans son sommeil. Bien. C’était une bonne journée de boulot qui s’annonçait.












Ezra Salzmann

Ezra Salzmann
AGENT DU MINISTERE.
► langue-de-plomb.

► MESSAGES : 11
Because we always lost what we don't deserve.  #Lun 23 Mai - 22:37


    6H00 du matin, dans un petit pavillon de la banlieue londonienne, un réveil sonne. La main d'Ezra émerge de sous ses draps, arrêtant presque aussitôt le bip qui retentit dans la chambre. Un sourire, déjà, dès le matin, et il se tourne pour regarder Rachel, sa femme qui dort encore profondément. Ses prunelles bleu ciel caressent du regard le haut de son dos dénudé et il a un soupir de satisfaction. Il fait toujours ça, tous les matins le même rituel, se réveiller à 6h pour la regarder dormir pendant une demi-heure, avec ce sourire béat et amoureux. Il caresse ses épaules du bout des doigts, juste un peu pour ne pas l'extirper de son sommeil. Ezra est le genre de type qui peut facilement vous énerver, pour la bonne et simple raison qu'il a une existence parfaite, presque aseptisée. Son passé a été un inextricable enchevêtrements de faits malheureux mais son présent est une merveille chère à ses yeux. Un cadeau de Dieu pour être passé à travers les épreuves qu'il lui avait envoyé. C'est ce que Ezra dit toujours. Un cadeau. 6H30. Il se lève enfin, va prendre une douche puis son petit-déjeuner, vêtu de son peignoir ; pancakes et beurre de cacahuètes, un cappuccino sans sucre et une tartine de pain perdu. Puis, il prépare celui de sa dulcinée ; scones, confiture de coings, jus d'oranges fraîchement pressé. Nouveau détour vers la salle de bain. Il se brosse les dents, enfile son costume, un gris anthracite aujourd'hui, noue sa cravate, un noeud Windsor ou rien, un coup de peigne dans ses cheveux mi-longs. Il retourne dans la chambre, dépose un baiser sur le front de sa femme, repasse par la cuisine pour récupérer son repas de midi, bien au frais dans sa petite boîte hermétique, et les couverts aussi. Rachel avait pensé à tout. 7H30. Ezra prend la navette, quelques rues plus bas, son attaché-case sous le bras, direction le ministère. Il y sera dans une heure. Une heure pas perdue puisqu'il en profite pour ressortir les traductions de la semaine et les relire de fond en comble pour bien se les remettre en mémoire et être encore plus efficace au travail. Encore plus impliqué qu'il ne l'est déjà. Ezra, c'est ce type trop honnête qui se retiendra d'aller aux toilettes, sous prétexte que ce n'est pas encore l'heure de sa pause et qui restera quinze minutes plus tard que l'heure de fin de service s'il est arrivé quinze minutes en retard le matin. Mais entre nous, ça n'arrive jamais, les retards, avec Ezra Salzmann. Il est toujours là pile à l'heure.

    8H30. Ezra arrive au Ministère de la Magie, à la même heure que tous les matins, avec le même sourire et le même salut pour le réceptionniste qui renseigne les visiteurs à l'accueil et qui se fend d'un « Bonne journée, Monsieur Salzmann ! ». Comme tous les jours, Ezra se contente d'un geste de la main pour le remercier ; il ne parle pas beaucoup, c'est de notoriété publique, mais il a l'air si aimable que les gens ne lui en veulent même pas. 8H45. Première pause devant la machine à café, juste avant l'entrée dans le Département des Mystères. 9H00. Il sort la clef ouvrant son bureau et entre, refermant derrière lui le verrou. Habitude ; il n'aime pas qu'on le dérange quand il travaille. Ses prunelles se posent sur Ismaël, glissent sur son visage et déjà, il fronce les sourcils. Certes, son collègue arrive plus tôt que lui chaque matin et repart plus tard, mais Ezra ne le voit jamais travailler et ça l'énerve, car cela lui donne l'impression qu'Ismaël est un fainéant qui ne mérite pas sa paye. L'Américain est un peu sa croix ; apparemment brillant mais tellement immature et agaçant qu'il en a fini par appréhender d'aller au bureau, parfois, de savoir qu'il va passer dix longues heures dans la même pièce que ce type, ce type qu'il a bien essayé d'apprécier mais qui est tellement à dix mille lieues de tout ce qu'il est que c'est juste physiquement impossible. Il passe devant Ismaël, sans rien dire, pose ses affaires sur son bureau, s'installe posément, attends cinq minutes, les yeux fixés sur Lockheed qui ne fait pas mine de se réveiller. Et ça l'agace. Prodigieusement. Il soupire, contrarié. Ismaël a encore cet air négligé, ces fringues improbables pour un employé du Ministère ; il voit d'ici les trous dans son pantalon qui lui donnent l'air d'un clochard tout juste sorti de son carton. Il se lève, esquissant une moue ennuyée, attrape le premier dictionnaire qui lui tombe sous la main et le claque à plat sur le bureau d'Ismaël, juste devant son nez, pour le réveiller. Effet garanti. « Debout, fainéant. Il est déjà 9H05, tu n'es pas payé pour faire la sieste, Ismaël. » La remontrance est dite sur un ton de reproches. Pourtant, il le sait, il n'est nullement son supérieur et il ne peut l'obliger à rien mais ils sont une équipe. Si le travail n'est pas assez convainquant, ils trinquent tous les deux. Et Ezra tient trop à sa place pour laisser un Californien le faire virer à cause de son oisiveté maladive. Sans un mot de plus, il fait volte-face, retourne s'asseoir à son bureau et sort les photographies sur lesquelles il travaille en ce moment ; des tablettes cunéiformes trouvées en ancienne province de Canaan. Une plaie. Efficace, on l'a dit, il se met tout de suite au travail et c'est sans lever les yeux de sa feuille, continuant toujours d'écrire frénétiquement qu'il interroge. « Tu as fini ta partie ? » Son ton un brin moqueur laisse clairement présager qu'il en doute, mais il ne dira rien. Pas encore.









Ismaël L. Lockheed

Ismaël L. Lockheed
AGENT DU MINISTERE.
► langue-de-plomb.

► MESSAGES : 20
Because we always lost what we don't deserve.  #Mer 1 Juin - 13:46





    Dans son sommeil, il revoit le ciel magnifique de la Californie, les oiseaux marins qui déchirent les cieux dans des cris rauques pour certain. Ils sont magnifiques ses oiseaux, à l’image de la Californie elle-même et de ses palmiers verts et immenses. L’odeur du sable chaud, du springbreak aussi lui reviennent à l’esprit, et il se détend dans son siège. Et bientôt c’est le ciel entier qui s’enflamme, comme une braise soufflée, et il y a un avion, là, qui déchire les nuages épais. Ismaël a a un léger froncement de sourcil, et ses yeux déjà se mouillent, de la peur au ventre, de ce rêve qui n’en finit pas de le hanter et qui toujours le cloue au sol comme si c’était là sa place – au sol. Il se crispe sur son siège, endormi encore, trop pour pouvoir s’échapper de ce rêve. L’avion approche, et il prend feu. Il est juste là, juste devant. Il fonce vers lui. S’il ne se décale pas, l’hélice va le hacher en morceau, il va mourir. Il va mourir comme ça… Ismaël a un léger froncement de sourcil et sursaute, réveillé, ses yeux bleu foncé cherchant la raison de cet affolement soudain, et surtout, de ce brutal retour à la réalité. Il cherche, et il trouve bien vite, comme la voix cingle dans l’air, autoritaire.

    « Debout, fainéant. Il est déjà 9H05, tu n'es pas payé pour faire la sieste, Ismaël. » Il le fixe, ses yeux encore mouillés par le rêve et aussi sa sieste improvisée. Il le déteste sur le moment, il le déteste, lui et son air hautain à deux balles. « J’suis pas payé non plus pour te supporter, Ezra, mais j’le fais tous les jours. » Connard, ajoute mentalement sa répartie légendaire alors qu’il se redresse sur son siège ensorcelé pour ne jamais tomber à la renverse quand il se penche à l’intérieur. Il passe ses mains sur ses yeux, baille discrètement derrière sa main et regarde l’heure. Il est encore trop tôt pour se mettre au travail. Il a une moue significative, un peu embêté, comme un lion qui n’aurait pas eu son dîner à l’heure. Dans le bâtiment, peu de gens l’apprécie. Un peu parce qu’il n’est pas anglais, et qu’il vole le travail de tous les commis du ministère, ensuite parce qu’il est intelligent sans en avoir l’air et que c’est davantage une arme qu’un don, après parce qu’il possède l’un des meilleurs postes et des meilleures payes du bâtiment, et surtout parce qu’il est sang-mêlé. Un sang qui semble avoir terni la réputation du bureau du mystère. Quelle honte pour les sang-purs de ne pas avoir le savoir qu’un pauvre petit connard d’américain même pas pur a, n’est-ce pas ? C’est peut-être pour ça qu’il ne parle qu’avc les gratte-papiers du troisième, et aussi la secrétaire, parce que tout comme lui, ils sont ses esclaves d’une société plus moderne, plus sophistiquée, et aussi un poil plus conne aux yeux du jeune Lockheed. Il baille finalement, son cerveau à nouveau en place, et pose ses yeux sur Ezra. « Tu as fini ta partie ? » « Non. Et je t’emmerde. »

    Réponse automatique du vieux lion qui n’a franchement pas envie de parler. Ismaël se lève, sort dehors, et revient quelques minutes plus tard. Il a deux cafés, un qu’il pose sur le bureau d’Ezra. Il le fixe, un instant, a un sourire, et se détourne. Il revient s’asseoir dans son siège, l’air de rien, avec juste un sourire pour toute chose ce matin. Il se rassoit dans son fauteuil, boit quelques gorgées de son café encore brûlant et attrape une feuille vierge. Il la plie, soigneusement, lentement. Il y met un peu d’amour dedans, parce qu’un avion en papier, c’est son truc à lui. Il y en avait partout, des avions, dans sa chambre. Une réminiscence d’un passé encore obscur. Il regarde l’avion, et attrape sa baguette. L’avion s’anime alors, se renforce, et c’est au grès d’une bise qui n’existe passe qu’il s’élève et volète dans la pièce. L’avion vole, vole, et il se dirige dangereusement vers Ezra. Ismaël le fixe, et a un mauvais sourire. Maintenant. L’avion s’écrase brutalement, dans un piquet agressif, et s’éclate contre le gobelet fin qui tombe à la renverse, se déversant sur les papiers d’Ezra Salzmann. Ismaël a un large sourire, follement amusé. Il le fixe, et son regard veut tout dire « et maintenant, tu fais quoi pauvre con ? » mais il ne dit rien. Il le fixe juste, le détaille. Ce qu’il est moche…











Ezra Salzmann

Ezra Salzmann
AGENT DU MINISTERE.
► langue-de-plomb.

► MESSAGES : 11
Because we always lost what we don't deserve.  #Mer 8 Juin - 0:11


    « Debout, fainéant. Il est déjà 9H05, tu n'es pas payé pour faire la sieste, Ismaël. » « J’suis pas payé non plus pour te supporter, Ezra, mais j’le fais tous les jours. » Le jeune homme fronce les sourcils mais ne répond pas même si, bien entendu, cela l'agace ; il n'est pas le genre qui provoque les conflits sciemment. Tant qu'il peut l'éviter, il le fera, en partie parce que c'est un pacifiste notoire mais surtout parce que les conflits amènent généralement des bagarres et que ça aussi, il préfère l'éviter, trop marqué qu'il a été par ses passages à tabac en règle quand il était gosse. Il serre un peu les dents mais ne réplique pas, se plonge aussitôt dans son boulot pour oublier qu'en face de lui, il y a cet idiot d'Ismaël qui refuse de bosser correctement et qui menace tous les jours de lui faire perdre son emploi. Il lève les yeux vers lui, inquiet de savoir s'il a fini son travail, même s'il en doute sérieusement, car il commence à le connaître, l'Américain. « Tu as fini ta partie ? » « Non. Et je t’emmerde. » A nouveau, Ezra pince les lèvres, agacé par son comportement des plus puérils mais il ne dit rien, toujours pas, car il en faut bien plus pour le faire sortir de ses gonds. Il se contente d'un simple soupir blasé avant de reprendre le travail, ses yeux bleus fixés sur les inscriptions retranscrites en pattes de mouche par un scribe quelconque et qu'il doit traduire. C'est plus laborieux pour lui que pour Ismaël, même s'il estime fournir deux fois plus de travail que son collègue, principalement parce que les langues ne l'ont jamais vraiment intéressé, il est arrivé là plus par hasard qu'autre chose mais en fin de compte, il s'y sent bien. Ismaël, lui, ça pourrait être un génie s'il s'en donnait les moyens, Ezra en est convaincu, pourtant, il continue à le détester pour sa fainéantise et son flegme. Il ne le remercie même pas lorsqu'il lui ramène un café qu'il pose sur son bureau, pas plus qu'il n'y touche pour tout dire. D'ailleurs, il lui lance un regard noir lorsqu'il aperçoit son manège et son avion en origami ridicule ; un vrai gamin, ce type. Des fois, c'est à se demander comment il a pu être embauché ici. Mais Salzmann ne se soucie pas plus avant de lui, bien trop occupé par sa tâche en cours. Aussi, il ne voit pas l'avion de papier voler dangereusement au dessus de sa tête, guidé par un Ismaël qui a l'air de beaucoup s'amuser. Ce n'est que lorsque son gobelet de café se renverse, répandant le liquide brûlant sur ses feuilles, qu'il réagit, en sursautant et en se levant brusquement de son siège.

    « Qu'est-ce que... » Ses prunelles bleues se posent sur le gobelet puis sur l'avion de papier, et remontent enfin sur le visage visiblement réjoui d'Ismaël. Il n'est pas long à faire le rapprochement et à comprendre que Lockheed s'est encore fait un plaisir de lui gâcher sa journée. Bien sûr, il suffirait d'un sort pour que tout disparaisse et qu'on en parle plus, alors Ezra pourrait se draper dans son silence et sa dignité et se remettre au boulot sans même lui accorder plus qu'un regard. Ce serait la réaction idéale mais Salzmann n'y pense même pas sur le coup, il est à des lieues de ça. Sa main frappe à plat sur le bureau métallique, tandis que ses doigts se referment rageusement sur eux-mêmes, le poing serré.« C'est quoi ton problème, Lockheed ? » Il gronde déjà, sans le vouloir. Il n'est pourtant pas un habitué de la confrontation, mais Ismaël ne cesse de le chercher depuis quelques temps et, Ezra a beau être pacifiste, il ne faut pas non plus lui demander de jouer les moutons soumis. Il le fusille du regard, ses iris prenant une teinte plus froide encore, qui contraste affreusement avec l'air doux de son visage. « Tu veux pas bosser ? C'est toi que ça regarde, mais ne m'empêche pas de faire mon boulot, bon sang ! » Il sort sa baguette, furieux, mais se contenant plutôt bien toutefois, et fait un sortilège de transfert des plus simples, faisant disparaître la tâche de café de ses parchemins pour la faire réapparaître sur ceux d'Ismaël, chose qui ne devrait pas le déranger outre-mesure vu le soin apporté par l'Américain à ses affaires. « T'es qu'un... un... » Il cherche ses mots car il n'a que peu l'habitude d'insulter les gens ou de chercher à leur faire du mal par ses paroles ou par ses actes.« ...un pauvre abruti ! » Et ce disant, il lui balance au visage le gobelet de plastique vide. Bien sûr, on a sans doute déjà entendu mieux comme insulte, mais Ezra n'est pas très doué à ça, il y a bien peu de chances qu'il parvienne à blesser Ismaël de quelque façon que ce soit, mais essayer, c'est déjà réussir un peu.









Ismaël L. Lockheed

Ismaël L. Lockheed
AGENT DU MINISTERE.
► langue-de-plomb.

► MESSAGES : 20
Because we always lost what we don't deserve.  #Lun 18 Juil - 16:41



    « Qu'est-ce que... » « Oops? » Ismaël a un petit sourire heureux sur le visage, parce que le voir en colère, c'est son cadeau du jour. Il aime quand Ezra le fixe comme ça, le regard noir, juste pour le plaisir de savoir qu'il le déteste à ce moment-là. Tous les deux, il le sait, ils ne pourront jamais s'entendre car Ismaël n'aime pas qu'on le commande ou qu'on le voit comme un enfant. Il prépare des expositions, des conférences. Il est très intelligent, et le traiter comme un attardé, jamais. Il va lui apprendre, à Salzmann, que les apparences, c'est juste de la bêtise, c'est rien que des images. Il faut aller au delà. Et Ismaël, avec une moue boudeuse, le voit se fâcher comme rarement. Peut-être qu'il y a été un peu fort, mais un sort suffirait à ne pas s'engueuler comme ça, pas vrai? L'américain hausse un sourcil. Il n'a pas peur du jeune homme. Il le mettrait au sol d'une seule clef. Il sait comme se battre, mais Ezra n'a pas l'air, lui. Et puis de toute façon, Ismaël a depuis longtemps décidé qu'il ne frapperait plus les gens. Ça ne rapporte rien que des ennuis. Comme le coup du café, d'ailleurs. « C'est quoi ton problème, Lockheed ? » « Moi j'en ai pas. C'est le balais que t'as entre les fesses qui est un sacré problème chez toi, Salzmann, alors du coup, j'essaye de le déloger. » Ismaël roule des yeux, et un instant, il a un sourire furieusement amusé sur les lèvres, l'imaginant à quatre pattes avec, en effet, un balais littéralement en lui. Il se gratte le menton sur le moment. Forcément, ça a un côté intéressant, mais il oublie bien vite. Ismaël n'a pas un mauvais fond. Son but ce n'est pas tant que Ezra se fasse virer ou le haïsse, c'est qu'il le laisse tranquille. Qu'il cesse de le réveiller, qu'il cesse de lui envoyer sans cesse des piques, et tout le reste également. Qu'il cesse juste de prendre en compte son existence. Ismaël fait la moue cependant, parce que Ezra a l'air vraiment, vraiment en colère. Le plan se déroule mal.

    « Tu veux pas bosser ? C'est toi que ça regarde, mais ne m'empêche pas de faire mon boulot, bon sang ! » Il le regarde faire, regarde la tâche marron claire qui se répand sur ses papiers et il ne cille pas, parce que lui, ça ne lui fait rien. Il pince les lèvres, lève les yeux sur Ezra, et il se demande un instant s'il va lui en vouloir à vie pour un simple avion de papier. Les anglais ne sont vraiment pas commodes, et qu'on ne lui fasse pas croire que son binôme est israélite – parce que son accent le trompe, et indique bien qu'il est un british boy. Ismaël l'observe, le détaille, puis soupire, un peu dépité. Décidément, il était mal réveillé ce matin, et il a fait quelque chose de trop. À savoir quoi. « T'es qu'un... un... » « …américain? » tente t-il, en cherchant à l'aider innocemment. « ...un pauvre abruti ! » Ah... Oui. Forcément. Il devait du s'en douter. Le regard clair d'Ismaël suit le gobelet vide qui s'envole dans les airs et s'écrase, voletant, léger, sur le sol, entre leurs deux bureaux. Il ne dit rien un long moment, puis tente, comme pour détendre l'atmosphère : « T'as raté ma figure, si c'était ce que tu visais. » Il a un sourire sur les lèvres. Ismaël ne se fâche pour rien. Il y avait bien une époque où il était un nerveux, un gars qui frappait avant de parler, mais il a grandi, et s'il a continué la boxe, c'est bien pour n'avoir pas à cogner les gens en dehors d'un ring. Il sort sa baguette, fait disparaître le café et fait lévité le gobelet vers la poubelle du petit bureau, silencieux. Il n'est peut-être pas l'heure de chercher Ezra.

    Ismaël attrape son dossier, l'ouvre, et il commence à recopier minutieusement – et surtout en silence – toutes ses notes une à une. Quand midi tape, un grand homme vient toquer à la porte, l'ouvre, les regarde tous les deux quelques secondes, et repars. Cette visite, et celle du soir, sont les deux seules quotidiennes des deux garçons. En dehors de cela, ils sont seuls, toute la journée, dans la même pièce, tous les jours de la semaine en dehors du dimanche et du lundi. Une semaine parfaite, un boulot parfait, des horaires sympathiques, flexibles, adaptables, et une charge de boulot conséquente à la paye. Ismaël pince les lèvres, à nouveau, pas sûr qu'inviter Ezra à manger au restaurant du coin soit une bonne chose, surtout qu'il sait que la femme de ce dernier (la bague, ça trahit bien des choses) lui prépare des petits plats. Bien. Il a fini ses copies, alors il les range dans une pochette et la referme. Une grosse enveloppe de kraft qu'il scelle. Il ne traduise jamais dans l'ordre, ils ne font que des petits extraits. Tout ce qu'il sait d'ailleurs, c'est qu'il travaille sur un mythe coranique. Un truc sur les Djinns. Comme si ça allait l'avancer, ça. Il roule des yeux, se lève, et sort du bureau. Il revient quelques secondes plus tard, un simple café à la main. Ça sera son seul repas de la journée. D'une parce qu'il ne voit pas l'intérêt de manger seul, si ce n'est le soir, et parce que... toute l'histoire du matin ne l'a pas mise de bonne humeur. Abruti, c'était un peu fort. Enculé, soit. Tapette, soit. Fils de pute, soit. Mais abruti, quand même. Alors il se repose dans son fauteuil, commence à siroter le café noir sans sucre, puis repose son gobelet. « Tu crois vraiment que j'suis un abruti sans dec'? » Il pose ça comme ça. Il n'est certainement un abruti. Il le sait. Mais quelque part, il y a le doute. Un gamin paumé et sans sous, c'est tout ce qu'il est, en réalité.












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