Elle sortit de cette affreuse baraque du 13 Warwick Avenue. Elle préférait de bien loin le luxueux appartement de son oncle sur Mayfair Street mais M. Winchester n'aimait pas mêlé sa vie privée à ses projets de grandeur, ce que la jolie blondinette attribuait au bon sens. Elle était juste passée récupérer un ordre de mission et, comme elle faisait flamber le joli morceau de parchemin, un sourire éclosait sur ses lèvres, un peu mesquin. On devait cela à un bref instant d'auto-satisfaction. Yon était quelqu'un de perspicace et dans ses choix, il ne passait jamais à côté.
Elle se serra dans son large manteau noir et transplana au lieu dit du rendez-vous. Ponctuelle, comme toujours. Elle se retrouva sous à la brise nocturne, attendant que l'homme dont ils devaient se chargeait ce soir montre son nez. Et accessoirement, elle attendait Cem aussi.

Si la première fois qu'elle l'avait vu débarquer presque à l'improviste à une réunion, elle avait sorti les griffes, et si elle avait récidivé quand Yon avait annoncé qu'ils feraient équipes, aujourd'hui elle ne pouvait nier qu'elle n'aurait voulu aucun autre partenaire. Leur intelligence efficace se complétait naturellement évitant pertes de temps et agacement notoires. Angeline n'était pas quelqu'un de patient. Moins encore quelqu'un de conciliant. Elle ne tolérait pas ses propres erreurs (comme si erreur il y avait venant d'elle pauvres fous), ce n'était pas pour passer celles des autres. Elle n'aurait pas supporté un pitre ou un imbécile pour la seconder. Mais avec Cem s'était différent. Déjà, il ne la secondait pas, même si ça l'aurait tué de le dire. Ils étaient comme sur un pied d'égalité.
Mais ce n'était pas toutes ces choses qu'elle avait en tête à l'instant. Les lumières s'étaient allumées derrière les fenêtre qu'elle surveillait en attendant. Une silhouette haute, c'était leur cible. Un petit juge minable mais qui servirait de porte d'entrée au magenmagot, du moins c'était ce qu'elle entrevoyait. Yon ne leur donnait jamais ses motivations, jamais les vraies du moins. Il avait raison mais ça laissait une désagréable sensation de frustration. C'était peut-être aussi sa façon à lui d'éprouver leur aveugle fidélité. Une chose qui déplaisait à Angeline, mais de l'autre côté de la ligne, pour elle il y avait bien pire que les petits secrets de Yon Winchester.

Comme si lui, Cem Astier, était sa boniche. Une mission… Mon cul ouais une mission, il ne faisait que ce qu’il voulait après tout. Mais tout de même, Cem ne pouvait pas le nier, il aimait le plan de Winchester et c’était pour ca qu’il avait rejoint les mangemorts. Il y avait retrouvé Angeline, et avait feint la plus grande indifférence tandis qu’elle s’était excitée toute seule. Ca l’avait fait rire lui. Cem aurait surement préféré être en mission avec Luke, ou encore avec Azur. Pourquoi ? Parce que c’était surement les deux seuls « amis » qu’il avait. A vrai dire Cem ne les considérait pas comme des amis, mais c’était bien ce qu’il était. Mais ce genre de relation était inconcevable pour le petit génie. A près coup Cem comprit que faire équipe avec Angeline ne le rebutait pas tellement non plus. Après tout il aimait bien son côté infecte et supérieur, ca lui allait comme un charme.
A l’heure prévue, le jeune homme arriva devant l’appartement de leur future victime. Les mains dans les poches de son pantalon noir, Cem, pour une fois, ne fumer pas. Un miracle. Ca aurait été le cas si il n’y avait pas eut un bon paquet et demi de fumer durant le restant de la journée… Le blondinet regardait Angeline, et une fois arrivé à son niveau il se tourna en direction de la fenêtre que la belle hongroise regardait à l’instant même. Alors, histoire de se la péter, bien entendu, il décrivit le personnage, d’une neutralité déconcertante.

« Elliot Parsons. 47 ans. Juge de formation. Jamais marié, rien d’étonnant vu sa tronche. Ne pense qu’à l’argent et aux gonzesses. Un lâche de premier ordre. Mais tout de même, il paraitrait qu’il a un assez bon sens de l’humour… Mouais. Bon. On y va ? »

Il se tourna de nouveau vers la blondinette, et esquissa un sourire noir. Ce genre de situation l’amusait définitivement. Une légère poussée d’adrénaline le prit, mais il restait globalement très serein face à la situation. De toute manière il n’avait rien à perdre. Il pourrait pourrir à Azkaban que ca lui en serait complètement égale.

« Elliot Parsons. 47 ans. Juge de formation. Jamais marié, rien d’étonnant vu sa tronche. Ne pense qu’à l’argent et aux gonzesses. Un lâche de premier ordre. Mais tout de même, il paraitrait qu’il a un assez bon sens de l’humour… Mouais. Bon. On y va ? »

Si ça n'avait été Cem, on aurait sans doute pu attendre de Miss Corvin quelques répliques moqueuses parfaitement désagréables qui seraient venues comme une douche froide s'abattre sur la gueule de celui qui aurait osé cette réplique. Mais M. Astier semblait jouir d'un statut particulier. Bien loin de s'en faire un souffre douleur, la glaciale hongroise se para d'un fin sourire triomphant:

« C'est si galamment proposé... »

Un pas dans le vide, un craquement sonore. Une main glissée l'air de rien dans celle de Cem sous prétexte d'un transplanage et les deux acolytes se retrouvaient devant la porte de leur future victime. C'est Angeline qui frappa, un petit sourire supérieur qui la couronnait parfaitement.

« Vous travaillez bien tard M. Parsons... »
« Que voulez-vous? J'ai fini ma journée revenez demain. »
« Que vous êtes agréable M. Parsons. Hélas je suis au regret de vous dire que vous n'avez pas fini, ou alors vous c'est vous qui êtes fini. Et ne m'interrompez pas quand je parle M. Parsons, j'ai une sainte horreur qu'on m'interrompe. », annonça-t-elle en entrant, poussant ledit M. Parsons du bout de sa baguette à l'intérieur de son propre appartement.

« C'est si galamment proposé... »

Un sourire. Angeline Corvin pouvait se narguer d’être la seule personne sur terre à réussir à faire naitre ce genre de sourire sur le visage de Cem Astier. Un sourire qui n’avait rien de la folie morbide caractéristique du blond. Il était plutôt sincère, voir tendre bien que presqu’imperceptible. Cem se sentait comme ca vis-à-vis d’elle. Il était difficile de croire qu’ils avaient presque failli se tuer mutuellement il y avait quelques mois de cela. Maintenant ils formaient un duo qu’on pouvait presque qualifier de choc. Une sorte de duo qui écrasait tout sur leur passage. Ecraser. C’était un peu le symbole de leurs actes communs. Que ce soit eux ou les autres, ca finissait toujours comme ca.
Il sentit la main d’Angeline dans la sienne, et son sourire se fana aussitôt. Pourquoi ? Cela n’était connu que de lui. Il transplana avec son Ange à ses côtés pour se rendre chez Eliot Parsons.

« Vous travaillez bien tard M. Parsons... »
« Que voulez-vous? J'ai fini ma journée revenez demain. »
« Que vous êtes agréable M. Parsons. Hélas je suis au regret de vous dire que vous n'avez pas fini, ou alors vous c'est vous qui êtes fini. Et ne m'interrompez pas quand je parle M. Parsons, j'ai une sainte horreur qu'on m'interrompe. »

Cem entra dans l’appartement, mains dans les poches, comme il en avait l’habitude. Il aimait la manière de faire d’Angeline, et ne l’interrompait pas quand elle partait dans ce genre de réplique. Le Astier préférait regarder la décoration, sincèrement dépité du peu d’utilité de celle-ci. Simple, banale, et à la fois revendicatrice d’un certain style. Si on l’écoutait il n’y aurait rien dans un appartement mis à part des prises de notes, des livres et des chaudrons pleins de mixtures expérimentales de son propre crue. Une fois qu’il eut fait le tour du propriétaire, il se focalisa sur Parsons. Posté derrière lui, il lui dit d’un ton posé, mais où sa folie pointait de manière inexplicable.

« Faut pas flipper comme ca. On ne vous fera pas de mal… Tout du moins, pas si vous êtes assez intelligent pour ne pas nous contrarier bien entendu. Je n’aime pas être contrarié vous voyez Parsons. »
« Que voulez vous de moi ? »
« Chaque chose en son temps. Asseyez-vous Parsons. »

« Faut pas flipper comme ca. On ne vous fera pas de mal… Tout du moins, pas si vous êtes assez intelligent pour ne pas nous contrarier bien entendu. Je n’aime pas être contrarié vous voyez Parsons. »

Angeline adorait cette façon qu'il avait de sous entendre que le reste de l'humanité avait l'air d'être littéralement amputé d'intellect face à la toute puissance du leur. Et puis, il fallait le reconnaître, Cem Astier ne manquait pas de style non plus. Elle dardait Parson du regard, l'invitant à s'en remettre au conseil avisé de Cem.
Le juge Parsons obtempéra, les mains tremblante.

« Un homme de bon sens, c'est une qualité qui va nous servir monsieur Parsons. »
« Qu'est-ce que vous me voulez à la fin... je... je n'ai pas de liquide sur moi. »
« Ne m'insultez pas imbécile, je suis bien plus riche que vous ne le serais jamais, je n'ai pas besoin de faire la manche. Et mon cher ami non plus. », ne JAMAIS contrarier Miss Corvin. La belle devenait très vite venimeuse et menaçante.

Elle se tempera, toujours aussi glaciale pourtant.

« Vous allez revenir sur votre vote dans l'affaire O'Bright... pour commencer. »
« Je ne vois pas pourquoi je ferais une chose pareille. J'ai posé un jugement, l'accusé a été condamné. Fin de citation. »

Angeline leva les yeux au ciel, exaspérer par le manque de déduction logique de leur victime. Elle allait sortir directement les supplices les plus désagréables qu'elle connaissait si c'était elle qui poursuivait.

« Oh explique lui Cem, tu seras un ange. »

« Vous allez revenir sur votre vote dans l'affaire O'Bright... pour commencer. »
« Je ne vois pas pourquoi je ferais une chose pareille. J'ai posé un jugement, l'accusé a été condamné. Fin de citation. »
« Oh explique lui Cem, tu seras un ange. »

C’était fatiguant de toujours devoir tout expliquer à tout le monde. Comme si le commun des mortels était vraiment trop arriéré pour comprendre même le plus simple. C’était pourtant évident, il n’avait pas le choix, sinon il allait mourir. Cem n’était pas un ange, et pourtant il allait expliquer, parce que clairement Parsons avait besoin qu’on lui fasse un bon gros schéma au tableau. Cem posa son regard azur sur Angeline, et roula des yeux de désespoir vers leur victime du jour. Ca le fatiguait ces abrutis, et elle, elle le comprenait bien, c’était surement la même chose pour elle. Le jeune homme vint s’asseoir en face de Parsons, le visage fermé, laissant un silence pesant s’abattre sur les épaules du bureaucrate. Une fois assis, le jeune homme sortit sa baguette et commença à s’amuser avec sans rien dire. Puis, en même temps que sa voix repoussait le silence pour emplir l’espace d’humour morbide, des fibres d’argent sortirent du bout de sa baguette et serpentaient lentement vers l’homme.

« Voyons Parsons, vous ne voulez pas que nous employons le même raisonnement que vous ici. Cela serait fort regrettable. Sinon… »

Les filaments atteignirent les pieds de l’homme dans un touché légèrement électrique, et montèrent le long de ses vêtements en le ligotant sous le regard effrayant de Parsons. Il avait essayé de s’en débarrasser, de se débattre, mais rien n’y faisait, le sort préféré du Mangemort était bien ficelé justement. La voix de Cem prit un ton grave et burlesque tandis qu’il mimait à merveille un juge solennel et théâtral.

« L’accusé a été condamné à la non coopération. Son châtiment : oh non, on ne peut pas le dire comme ca. Trop horrible. Fin de citation. »

Il reprit son sérieux alors que les fils finissaient de le mettre en cage. Et alors que Cem se désintéressait totalement de la conversation, il se mit de nouveau à jouer avec sa baguette, la faisant tourner entre ses doigts l’air de rien.

« Vous voyez le principe Parsons ? »
« Vous n’allez pas vous en sortir comme ca ! Je suis un homme important et… »

Ca y est, ca le saoule.

« Voyons Parsons, vous ne voulez pas que nous employons le même raisonnement que vous ici. Cela serait fort regrettable. Sinon… »

A ces mots, Angeline tira une chaise pour s'installer confortablement. Ce n'était pas la première fois qu'elle voyait Mr. Astier à l'oeuvre, et, appréciatrice, elle ne voulait surtout pas que le spectacle soit gâchée par quoique ce soit. Si on avait pu lui apporter du caviar de sirène avec une coupe d'hydromel, le moment aurait été parfait en tout point.

« Vous voyez le principe Parsons ? »
« Vous n’allez pas vous en sortir comme ca ! Je suis un homme important et… »
« Vous êtes un insecte comparé à moi Monsieur Parson. Enfin on ne peut pas vous en vouloir, c'est à peu près le cas de la plupart des gens. », elle regardait ses ongles, l'air tranquille. « Allons ne faites pas l'enfant vous voulez... je n'aime pas qu'on me fasse perdre mon temps. »
« Jeune fille - »
« Je ne vous permets pas .», coupa-t-elle sèchement.

Au même moment, la langue de l'homme claqua bruyamment et il manqua s'étouffer avec un épais filet de sang qu'il recracha sans sommation. L'homme était livide.

« Bien. Maintenant que vous avez enregistré les termes de notre accord, vous allez... oui ça saigne beaucoup les extrémités. Bref où en étais-je? Ne vous avais-je pas dit que j'avais horreur qu'on m'interrompe? »l'homme bafouilla, incapable d'articuler avec sa langue à moitié coupé, « Eh bien vous le saurez maintenant. Et cessez donc d'essayer de parler, ce n'est pas ce qu'on vous demande dans l'immédiat. »

Elle s'était mis à tourner autour de lui comme un prédateur.

« Ce que nous allons faire Monsieur Parson, c'est que nous allons gracieusement vous laisser jusqu'à demain soir pour réclamer les conclusions de votre jugement et y apporter quelques petits ajustements... et je ne saurais que trop vous recommander de tenir votre langue quant à notre petite visite de courtoisie. Quoi d'autre? », elle adressa un regard à Cem...« Je crois bien que ce sera tout pour cette fois. Nous allons vous laissez aller expliquer à Ste Mangouste comment vous vous êtes fait cette vilaine plaie. Il va de soi que vous allez être inventif pour expliquer ce petit... accident. »

Elle lui adressa un regard sévère puis pris la direction de la sortie, attendant Cem à l'extérieur.

« Tu m'emmènes dîner? », annonça-t-elle d'un ton léger.

Ce n'était pas une question bien sûr, c'était une exigence. Il était d'ailleurs si rare qu'elle ait envie de passer du temps avec un autre qu'elle, que la chose était à marquer d'une pierre blanche.

« Vous n’allez pas vous en sortir comme ca ! Je suis un homme important et… »
« Vous êtes un insecte comparé à moi Monsieur Parson. Enfin on ne peut pas vous en vouloir, c'est à peu près le cas de la plupart des gens. Allons ne faites pas l'enfant vous voulez... je n'aime pas qu'on me fasse perdre mon temps. »
« Jeune fille - »
« Je ne vous permets pas .»

Cem, assis dans le sofa à côté de Parsons, semblait ne plus du tout faire gaffe à la conversation. A vrai dire il sifflotait tout simplement et regardait un peu partout d’un air curieux. La seule chose qui le ramena à la réalité fut le claquement sourd qui s’était fait entendre. Cela lui fit d’ailleurs lâcher un petit rire malsain et fondamentalement amusé. Et comme Cem était une grande gueule, il ne pouvait définitivement pas laisser passer une occasion de faire une remarque déplacée.

« Ca doit faire mal ça. »

Il se mit à étudier le plafond, en sifflant de nouveau. Un air redondant et qui restait facilement dans la tête, celui de la marche funèbre.

« Bien. Maintenant que vous avez enregistré les termes de notre accord, vous allez... oui ça saigne beaucoup les extrémités. »

Il rit de nouveau, et se remit à siffler, comme un début de routine qui le faisait passer du rire à la mort en une demi seconde. Angeline savait tout de même trouver les mots justes, et drôles, un parfait rythme, ponctué de marche funèbre.

« Bref où en étais-je? Ne vous avais-je pas dit que j'avais horreur qu'on m'interrompe? Eh bien vous le saurez maintenant. Et cessez donc d'essayer de parler, ce n'est pas ce qu'on vous demande dans l'immédiat. Ce que nous allons faire Monsieur Parson, c'est que nous allons gracieusement vous laisser jusqu'à demain soir pour réclamer les conclusions de votre jugement et y apporter quelques petits ajustements... et je ne saurais que trop vous recommander de tenir votre langue quant à notre petite visite de courtoisie. Quoi d'autre? »
« Ouh, bien trouvé le tenir sa langue. »

Cem se tourna vers Parsons, et il lui offrit un grand sourire pas du tout de situation. Ce dernier avait répondu avec un regard qui se voulait plein de défi, mais qui au final le rendait semblable à un chiot apeuré. Comme c’était mignoooooonnnn ! Les chiots ça faisait de la bonne potion de combustion spontanée. L’ancien gryffondor bondit sur ses jambes sans crier gare, comme un signal que le supplice était presque fini.

« Je crois bien que ce sera tout pour cette fois. Nous allons vous laissez aller expliquer à Ste Mangouste comment vous vous êtes fait cette vilaine plaie. Il va de soi que vous allez être inventif pour expliquer ce petit... accident. » Comme se tourna nonchalamment vers Parsons avant de lui dire, de nouveau tout sourire, comme si ils étaient bons amis, voir les meilleurs. « L’excuse de la furie ça marche toujours, et surtout c’est pas totalement faux en soi. »

Cem allait emboiter le pas à Angeline et la suivre lorsqu’il s’arrêta en route. Puis lentement et en équilibre sur ses talon il se retourna pour offrir un énième sourire à Parsons. Sauf que celui-ci avait un air de démence, comme si Cem venait de comprendre quelque chose de primordial. Alors il retourna voir Parsons, toujours ligoté à sa chaise, et, après l’avoir pointé du doigt de son index comme un petit garçon qu’on réprimande, Cem commença sur un ton lent et posé qui ne lui allait pas le moins du monde.

« Vous savez quoi Parsons ? J’ai très, mais alors trèèèès, envie que vous soyez assez taré pour pas écouter la jolie dame qui attend là. Parce que, vous voyez, j’ai vraiment, mais alors vraaaaiiment envie… » Il fit mine de chercher le bon mot, qu’il connaissait pourtant déjà. Et en même temps qu’il reprenait, un mal sans nom prit Parsons au ventre. Il commença à crier, et Cem du lever la voix pour pouvoir terminer son petit discours. « De vous étriper. Alors s’il vous plait, ne nous écoutez pas, et je pourrais utiliser vos tripes dans ma prochaines potions, on a beau dire ce qu’on a beau dire, c’est les tripes d’humain qui marchent le mieux dans un chaudron, et les vôtres seront parfaites. A demain Parsons. A demain.»

Le scientifique tapota le ventre de Parsons, comme si celui-ci était une tête d’enfant qui venait de ramener un A. Puis il se redressa et parti en sifflotant, les mains dans les poches, sans se presser. Ce n’est que dix bonnes minutes après leur départ que les liens se défirent et que la douleur s’arrêta.

« Tu m'emmènes dîner? »

Son sourire avait disparu (ne cherchez pas la logique) et il tourna la tête vers Angeline sans rien répondre. Il se contenta de prendre sa main, et de transplaner dans un restaurant chic du centre londonien. Pas pour lui faire plaisir, mais parce que l’idée lui plaisait à lui aussi. Et soyons clairs, si ça ne lui avait pas plu, il ne l’aurait jamais fait. C’est toujours sans un mot que Cem se dirigea vers le gérant de la salle. Il ne le salua pas, et se passa d’ailleurs de toutes politesses.

« Une table pour deux, loin des cuisines, et de ces abrutis là-bas. » Il se tourna vers Angeline, et lui dit ce qu’elle avait déjà dû comprendre. « J’aime pas leur gueules. » Puis il se retourna vers le gérant et finit par lâcher une nouvelle remarque. « Et loin de vous. »

La main de Cem Astier se referma sur celle d'Angeline Corvin dans un froisse tout ce qu'il y a de plus détaché. Peu aurait pu se vanter d'avoir pu avoir un tel geste envers la froide magyare sans déclencher quelques formes de rébellion. La main de Miss Corvin, premier lord au gouvernement britannique resta presque sagement dans celle de Cem et mieux encore le laissa guider la suite de leur soirée.

Sans qu'elle ne s'en rende bien compte, elle ne lui reprit pas sa main bien trop occupée à se délecter des piques acides que Cem distribuait gratuitement. Un fin sourire se logea sur ses lèvres à mesure que la déconfiture de l'imbécile qui les accueillait. Vous pourriez objecter que le mec n'était en rien imbécile mais à en juger par son peu de répartie le pauvre homme tombait de seconde en seconde un peu plus bas dans... non ne parlons pas d'estime la seule personne qu'Angeline estimait vraiment c'était elle même... disons dans l'appréciation de la jeune hongroise. On les plaça à une table et ce n'est que là que la jolie poupée de porcelaine rouvrit sa jolie bouche :

« Tu sais si tu as tant envie de t'amuser, rien ne nous empêche de jouer les prolongations demain soir... », suggéra-t-elle tandis que ses yeux courraient sur le menu, « ...j'ai vu un dossier intéressant dans la salle de réunion ce matin. »

Là dessus la belle trempa ses lèvres dans sa coupe de champagne (s'il vous plait) et partit sur un tout autre sujet, tout aussi piquant et désagréable pour tout autre que Cem Astier.