Elle le voit baisser les yeux et ne tarde pas à faire de même, pensive. Se pourrait-il que la terre entière puisse quand eux ne le pourraient pas ? Même avec la meilleure volonté du monde. Caleigh s’écarte d’elle, c’est qu’il n’y a sans doute plus rien à faire. Elle le regarde la regarder et tous les deux se trouvant bien marris.

« Vous devriez… vous asseoir… sur… enfin… vous asseoir sur moi Violetta. »

Une expression de stupeur se peint sur le visage de l’épouse de Caleigh, sa jolie bouche en bouton de rose s’entrouvre et se referme tout aussitôt. Il lui paraît même impensable de faire subir un tel affront à son époux, son aimé. Un instant elle hésite, redoutant de mettre à mal son honneur :

« Vous êtes sûr ? »

Mais il lui tend la main alors c’est qu’il est sûr. La petite main de Violetta tremble dans la sienne mais elle obéit et vient d’abord près de lui puis, l’embarras se lisant sur son visage, ses yeux glissent un peu de côté. Elle passe une jambe par-dessus lui, comprenant sans trop de mal ce qu’il entendait par s’assoir sur lui et quelque part de cet angle de vue là, cette partie de lui l’impressionne. Mal assurée, elle réclame de sa conduite, prend les mains de son époux et les place sur ses hanches pour qu’il la guide. Alors doucement, tout doucement elle l’ose, pas tout d’un coup mais il n’empêche que cette tentative-là lui arrache un grand éclat de voix surpris et sonore. Ses doigts se ferment dans ses paumes encore posées sur le ventre de Caleigh. Enfin elle porte une main à sa bouche pour exprimer toute sa gêne et dans le même temps elle a eut peur de lui faire mal…

Quand elle lui prit la main, Caleigh sentit un poids s’envoler. Sa première crainte dans ce lit, c’était encore de passer pour un dégénéré aux yeux de sa femme. Ils venaient tous deux de familles prudes, alors ce n’était pas si facile que ça d’imposer ses désirs au lit, si sains fussent-ils, par la simple peur de voir les yeux de l’autre remplis de doute et de dégoût. Aussi, quand Violetta grimpa au dessus de lui, il l’observa, les yeux brillant quelque part. Elle était encore plus jolie ainsi, et s’il ne se souciait que trop peu de son honneur mis à mal sur le moment, c’était sûrement parce qu’une chose sur le moment captait toute son attention.

Il la fixe, pose ses mains sur ses hanches quand elle le réclame et l’approche doucement de son bassin. Il l’observe, la regarde, détaille son visage et quand enfin elle ose un petit cri, il reste bête. Comme ça ? Il haussa un sourcil, pince les lèvres finalement et comme elle n’ose plus – sans doute qu’elle s’est elle-même faite peur – il ose un petit mouvement de hanches en elle, soupirant discrètement par la même occasion, son sang recommençant doucement à bouillir dans ses veines.

Ils s’observent une seconde après ce petit cri de plaisir qui les a surpris tous les deux et a empli la pièce. Ce n’est que sous l’impulsion de que Violetta sort de sa surprise. Sa bouche restée entrouverte laisse passer son souffle dont la musique semble provenir de ce petit mouvement de rein qu’à eut Caleigh.

Elle s’essaye à la même chose tout en se rendant compte qu’elle ne sent plus la gêne qui lui tenait le corps crispé. Elle se détend alors petit à petit, donne une nouvelle impulsion douce qui va épouser la même initiative chez Caleigh et à mesure qu’ils répètent ce curieux balais Violetta ferme les yeux, les mains toujours sur celles de son époux. Elle soupire d’avantage, jusqu’à ce que son corps se cambre. Une cascade de cheveux blonds lui balaye les épaules comme sa tête retombe un peu en arrière et qu’elle offre sans vraiment l’avoir calculé une vue de son corps nu criante de beauté et de souplesse. Ses doigts font des entrelacs avec ceux de Caleigh et elle sent que son corps lui échappe peu à peu. Comme si enfin, elle n’était plus qu’un seul corps qui ne connaissait plus la limite physique entre elle et lui. Sous la douce friction, son corps s’illustre en spasmes voluptueux et alors elle a ce murmure doux et puissant à la fois, cette phrase qu’elle n’a pas commandée mais qui est comme un sacre sur le corps de son époux:

« Oh Caleigh… »

« Oh Caleigh… »

Il rougit et se laisse aller au doux plaisir de leurs reins. C’est la première fois qu’il y prend ce genre de plaisir, et si c’est inavouable, celui-ci est tout de même cent fois meilleur que toutes les fois passées. Lentement et tendrement il soupire, sa respiration se faisant lourde et saccadée. Il ne comprend plus ni ce qui le pousse à toujours la regarder, ni même ce qui fait que leurs corps s’épousent pour la première fois dans une harmonie complète. Il ferme les yeux et râle de plaisir, un râle qui s’échappe comme autant de soupirs unis, plus fort et plus puissant dans sa gorge.

Ses joues rouges ont été remplacées par cet air fiévreux, et s’il admire la souplesse du mouvement, la chute de reins interminable de Violetta, il sait qu’il n’en pourra plus bien longtemps. Tendrement ses reins vont plus vite et plus loin alors, ses mains impérieuses ramenant plus bas les hanches de son épouse et ses soupirs se font plus graves et chauds. Je t’aime, soufflent ses murmures entre deux mouvements, et c’est peut-être la première fois que Caleigh Hatcher comprend ce que c’est que faire l’amour – littéralement parlant.
Ses mouvements finalement se font plus maladroits, quand des longs frissons remontent son échine et le font râler de plus en plus fort sans qu’il ne le contrôle. Son organisme s’accélère, son cœur bat plus vite, et c’est en fermant les yeux et en fronçant les sourcils, feulant d’une voix rocailleuse qu’il conclut l’acte qui ouvre une nouvelle page dans la vie des Hatcher ; plus simple, plus sincère aussi.

Lentement alors il la regarde, reprend doucement son souffle et glisse avec elle, en elle, sur le flanc, posant des baisers amoureux sur sa bouche en la quittant lentement, étourdi et engourdi par tout cet amour dont il ne sait pas d’où il vient, mais qu’il ressent jusqu’aux bouts de ses doigts. Il soupire finalement, le sourire béat d’avoir enfin eut ce qu’il voulait, la serrant tendrement contre lui.
Un dernier je t’aime résonne, doux dans la chambre, un véritable murmure chantant à l’oreille de son épouse, qu’il garde là, dans ses bras, comme un ange que lui seul aurait le droit de garder. Pour lui.

En toute une vie, si Violetta avait quelques fois surpris d’autres femmes dans des conversations grivoises auxquelles elles semblaient prendre beaucoup de plaisir, elle n’avait jamais conçu le « plaisir » comme justement quelque chose de plaisant. Tout au plus une obligation. Il lui avait fallu trente ans pour découvrir ce que c’était que le « plaisir » et si elle rougirait demain matin au petit déjeuner en regardant son époux, elle ne pourrait plus désormais penser au plaisir que comme quelque chose de divinement bon.
Ce n’était pas seulement physique, c’était aussi retrouver l’homme qu’elle avait épousé comme au premier jour, se retrouver elle-même comme au premier jour et non plus triste et aigrie. Ce moment revêtait d’autant plus d’importance à ses yeux qu’il avait fallu travailler dur pour en arriver là.
Le seul regard que Caleigh porte sur elle est déjà une ambroisie pour son cœur et quand il la retient au plus près de lui, l’empêchant de fuir un plaisir trop instant elle en meurt d’amour. Il lui souffle des je t’aime qu’ils n’ont jamais osés avant, ne serait-ce parce qu’ils ne se sont jamais tutoyé et elle lui répond alors qu’ils exultent l’un et l’autre pour la première fois de leur vie. La voix de Caleigh gronde dans des accents inconnus et plaisants et c’est comme le début de quelque chose de nouveau.
Alors l’ouragan en eux se calme pour ne laisser que le fourmillement électrique du plaisir qui court jusqu’au bout de leurs doigts. Ils s’étendent l’un contre l’autre, encore groggy, un sourire d’aise sur les lèvres, Violetta les cheveux défaits comme jamais. Elle reste son ange, tout contre lui à répondre à ses mots d’amour et pour la première fois depuis longtemps, elle ne se retourne pas pour dormir de son côté mais prend son épaule comme rivage de ses songes. Elle va s’endormir bien vite, fatiguée mais comblée.