On a toujours besoin de sucre... PV

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Bien sûr, ce soudain besoin de sucre, c’était une excuse. Elle avait ce qu’il lui fallait dans l’appartement pour préparer de bons petits gâteaux, notamment des cookies ou des muffins, par exemple. Ce n’était qu’un prétexte pour savoir comment allait Maëlan, vu qu’Audran s’était retrouvé, bizarrement, chez elle sans que Maël ne l’ait amené et sans que la porte n’ait été ouverte. En fait, c’était bien simple, elle avait retrouvé le petit garçon dans le salon en sortant de la salle de douche, alors qu’elle l’avait traversé minutes plus tôt et qu’il était vide. La jeune femme avait froncé les sourcils devant cette étrangeté magique. Audran était-il précoce ? Non, c’était impossible. Le transplanage n’était, de toute façon, pas possible avant un certain âge. Un portoloin ? Qu’aurait fait Audran avec un objet qui l’aurait mené directement chez elle ? Non, décidément, ce n’était pas possible. Il y avait un mystère magique là-dessous.

La jeune femme, fort heureusement en peignoir au sortir de la pièce d’eau, avait rapidement préparé un petit déjeuner pour le garçon : pancakes au nutella et chocolat chaud avant de s’effacer deux minutes dans sa chambre pour enfiler rapidement un jean et un haut à manches longues, vue la météo dehors. Elle n’avait pas posé la moindre question au bambin qui devait, sans nul doute, se demander comment il s’était retrouvé là, mais avait mis un dvd pour enfants dans le lecteur dès qu’il avait eu terminé son repas du matin et, gardant la porte de sa cambuse ouverte pour savoir ce qu’il se passait, s’était dirigée vers celle de Maëlan. Bizarrement, la porte ne laissait passer aucun son. Et, lorsqu’elle avait voulu toquer, elle avait eu l’impression de toucher du beurre. Elle avait, donc, fait demi-tour pour retourner chez elle s’occuper de l’enfant qu’elle connaissait bien, à présent.

Comme d’habitude, elle avait joué avec lui, lui racontant des histoires, utilisant sa baguette pour faire apparaître des dizaines de petits oiseaux, ou se métamorphosant sous le regard de l’enfant pour le faire rire. Ce n’est que plusieurs heures plus tard – bien après le repas de midi et juste avant le quatre-heures – qu’elle retenta de toquer à la porte de chez Maëlan, donc, sous le prétexte du : je n’ai plus de sucre pour faire des gaufres pour ton fils…

réellement

Oh mon dieu, Isa’, dis-moi qu’Audran est avec toi ou que c’est Slayers qui l’a emmené boire une bière !

Isa était inquiète. Lorsqu’elle avait toqué à la porte le matin, il n’y avait eu aucun son. Comme si elle tapait dans du polystyrène. Qu’avait-il bien pu se passer dans cette cambuse ? Fort heureusement, à présent, les sons étaient normaux et le ‘toc toc toc’ qu’elle entendit lorsqu’elle tapa fa rassura grandement. Quoiqu’il se soit passé le matin, c’était donc fini. Mais dans quel état allait se retrouver Maël ? Etait-il seulement chez lui lorsque cette chose étrange s’était passée ? La blonde se mordillait frénétiquement la lèvre, jetant régulièrement des coups d’œil vers la porte de sa propre cambuse restée ouverte pour guetter les sons qui en sortaient et s’assurer qu’Audran ne se ferait pas mal, surtout. Finalement, la porte s’ouvrit sur Maëlan. Au moins, il était toujours en vie, et, très visiblement, paniqué. « Oh mon dieu, Isa’, dis-moi qu’Audran est avec toi ou que c’est Slayers qui l’a emmené boire une bière ! » La jeune femme esquissa un sourire qui se voulait rassurant, levant les deux mains en avant qu’elle abaissa et releva à plusieurs reprises pour lui faire signe de se calmer. « Slayers l’aurait emmené boire des bières à trois ans, je crois que je lui aurais passé l’envie d’en boire… Non, rassure-toi, ton fils est chez moi, avec son chat. » Prenant dans les siennes les mains de son ami, elle le poussa doucement à l’intérieur de l’appartement, laissant là aussi la porte ouverte pour qu’ils puissent entendre ce qu’il se passait dans la cambuse voisine.

« Raconte-moi ce qu’il s’est passé ce matin, pour que, d’un coup, ton fils se retrouve chez moi, comme s’il avait transplané, ce qui est impossible à son âge. Je passe dans le salon, je suis seule, je sors de la salle de bain, ton fils est là, inquiet et affamé… » Le regard clair de la métamorphe se fit insistant. Il était clair qu’elle soupçonnait quelque chose de pas net dans cette histoire, et qu’elle tenait à avoir la réponse. « Il a mangé, il a joué, il est calme. Là, il est devant un dessin animé et moi, je viens te réclamer du sucre pour lui faire des gaufres pour le goûter… » ajouta-t-elle avec un large sourire à présent amusé.

Ces deux-là, elle les adorait. Le père était un bon ami, le fils était son petit protégé. Elle aurait fait n’importe quoi pour l’enfant, dans la limite de son rôle. Elle n’en était pas la mère et jamais au grand jamais, elle ne chercherait à la remplacer. Le seul surnom qu’elle pourrait accepter de la part du petit, ce serait tatie ou marraine. Mais il n’en était pas moins qu’elle attendait des réponses, pour l’heure sur ce qui était arrivé à Maëlan le matin même, puisqu’elle reprit : « J’ai frappé à ta porte, ce matin, mais on aurait dit que cela absorbait les sons. Comme si je n’avais pas toqué du tout. Rassure-moi… Il ne t’est rien arrivé de grave ? »

Slayers l’aurait emmené boire des bières à trois ans, je crois que je lui aurais passé l’envie d’en boire… Non, rassure-toi, ton fils est chez moi, avec son chat.

Merci de l’avoir gardé Isaïah, tu es la meilleure !

Il a mangé, il a joué, il est calme. Là, il est devant un dessin animé et moi, je viens te réclamer du sucre pour lui faire des gaufres pour le goûter…

J’ai frappé à ta porte, ce matin, mais on aurait dit que cela absorbait les sons. Comme si je n’avais pas toqué du tout. Rassure-moi… Il ne t’est rien arrivé de grave ?

Non ne t’en fais pas… Audran est apparu chez toi grâce au vaudou et … toute la matinée j’ai été en compagnie d’Avril. Impossible de nous défaire jusqu’à ce qu’elle disparaisse par magie.

Le père en panique se calma rapidement avec les gestes d’Isaïah. Forcément, si la jeune femme agissait ainsi, si elle était là, c’était qu’Audran était en sécurité chez elle. Si Audran n’y avait pas été, elle n’aurait eu aucune autre raison d’être là en cet instant. Maintenant, elle voulait surtout des explications sur le pourquoi du comment il s’était retrouvé dans sa cambuse, non que cela la dérangea réellement, mais tout de même… Elle aurait pu être entrain de traverser l’appartement toute nue, par exemple, et c’était le genre de situations pénibles qu’il fallait éviter avec un enfant de trois ans, si l’on voulait éviter les questions du genre : « Pourquoi t’as pas de zizi ? », « Pourquoi t’as des seins et pas moi ? J’vais en avoir aussi ? » Bref, le genre de questions qui avaient tout le temps de venir et qui ne devraient être posées qu’aux parents et pas être dues à la baby sitter. D’autant que si la question était venue, Isa aurait été bien en peine d’expliquer le pourquoi de la différence et que les garçons ne naissaient pas dans les choux et les filles dans les fleurs. Audran avait bien le temps encore avant de poser cette question, à ses parents. Heureusement, donc, que la jeune femme était sortie en peignoir de la salle de bains.

Elle entraîna donc le père inquiet dans l’appartement de celui-ci pour qu’il lui explique tout et s’assit à son invitation sur le canapé pendant qu’il allait leur chercher deux cocas bien frais. Elle gardait, bien entendu, l’oreille tendue en direction de son appartement, même si elle savait qu’Audran, plongé dans un dessin animé avec la promesse de bonnes gaufres ne bougerait pas du canapé où son chaton lui comptait fleurette à grands coups de ronrons. La reconnaissance de Maëlan la prit, néanmoins par surprise comme elle ne s’attendait pas à ce qu’il la prenne dans ses bras. « Merci de l’avoir gardé Isaïah, tu es la meilleure ! » « C’est normal ! Tu sais que je l’adore, ton fils. C’est un peu comme un petit frère, pour moi… » répondit-elle en se libérant doucement de l’étreinte de son ami, gardant néanmoins ses mains dans les siennes. Il n’échapperait pas à une explication, en tout cas, car elle s’était inquiétée pour lui les trois quarts de la journée. L’entendre rire, en tout cas, la rassura sur son état, lui indiquant par là même qu’il se détendait quelque peu. Que s’était-il passé pour qu’il soit aussi tendu qu’un arc prêt à décocher une flèche dans une cible ? « Non ne t’en fais pas… Audran est apparu chez toi grâce au vaudou et … toute la matinée j’ai été en compagnie d’Avril. Impossible de nous défaire jusqu’à ce qu’elle disparaisse par magie. » Cette fois, ce fut Isa qui se raidit. Non pas parce qu’il était question d’Avril mais parce qu’il était question de… « Tu as fait appel au vaudou ? Ou quelqu’un a utilisé le vaudou sur toi ? » demanda-t-elle d’un ton quelque peu réprobateur.

Pour la partie sur Avril, sachant qu’elle était le grand amour, pour ne pas dire le seul et unique amour de Maëlan, elle demanda simplement, inquiète pour son ami : « Et ça a été avec Avril ? » en pressant un peu plus ses mains sur celles du jeune homme. Elle garda pour l’heure le reste de son sermon sur le vaudou. Il n’avait sans doute pas besoin de ça pour le moment. Mais Audran aurait pu disparaitre n’importe où. Il avait vraiment eu de la chance que le petit se retrouve chez elle. Pour ce qui était de Slayers, ce n’était pas le problème, il était majeur et vacciné. Mais le petit… Is’ secoua la tête, réellement soulagée qu’il se soit retrouvé chez elle. J’aurais encore préféré qu’il me trouve dans une situation compromettante plutôt que ce qu’il soit perdu… songea-t-elle en secouant la tête.

C’est normal ! Tu sais que je l’adore, ton fils. C’est un peu comme un petit frère, pour moi…

Et il doit te considérer comme sa grande sœur ! Même si moi ça me file un coup de vieux à moi…

Et ça a été avec Avril ?

Plutôt bien.

Audran ! Tu devais pas regarder un dessin animé ?

Fini !

Gaufres ?

Oui, on… on va les faire ici… Tu veux bien, Isa ?

» «L'homme n'a besoin que de trois mètres de terre. L'homme ? Non, le cadavre. L'homme a besoin du globe terrestre tout entier.»
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