Les jours étaient de plus en plus court pour une Joleene qui menait maintenant une double vie. Il s’était avéré que prendre l’identité d’Emily Spencer, une étudiante en sixième année de Magicomagie avait été beaucoup plus simple qu’elle l’avait d’abord penser. Kidnapper la jeune femme avait été un jeu d’enfant après quatre longues semaines d’observations du train de vie de l’étudiante et cette dernière croupissait maintenant bien sagement au fond de la cave de la jeune O’Sullivan depuis bientôt trois semaines. Prendre sa place à l’université avait été largement dans ses cordes bien qu’elle n’ait jamais étudié la médecine auparavant et qu’elle était loin d’avoir 25 ans. Quand à prendre sa place dans l’Ordre du Phoenix, un jeu d’enfant qu’elle aurait pu faire les yeux fermés. S’en était incroyable. La jeune femme se demandait s’il était si facile d’infiltrer les mangemorts. C’est vrai, quatre semaines d’observation où elle n’avait pas lâché sa cible d’une semelle avaient été largement suffisante à avoir tous les codes, mots de passes et autres informations dont elle avait besoin. Cet Ordre de pacotille ne méritait pas sa réputation chez les mages noirs, c’était certain. Ceci lui prenait tout de même une bonne partie de son temps. La jeune femme avait réussi à déserter les rangs de Cracbadaboum pour l’instant où elle avait un job d’assistante, mais elle savait que ce n’était que temporaire. L’école de jeune sorciers était pour le moment un peu sans dessus-dessous comme Summer était plus ou moins recherchée par le ministère et qu’elle devait très probablement se cacher quelque part. alors, il y avait deux solutions maintenant, soit a fermait et Joleene était dans de beaux draps pour trouver un autre emploi, soit elle devrait très bientôt y retourner pour faire ce qu’on attendait d’elle. Et puis il y avait les mangemorts. La jeune O’Sullivan devait se battre pour garder sa place aux yeux de Yon avec cette petite peste de Caelan qui lui volait la vedette. Tout cela était très épuisant, donc. Les moments de répits étaient rares et pourtant, la brunette allait pouvoir en savourer un ; une soirée bien au calme dans son appartement du chemin de Traverse était grandement méritée. Mais il fallait encore qu’elle rentre. Elle n’était pour l’instant encore qu’à pré-au-lard où elle avait eu deux trois bricoles à faire pour l’Ordre du Phoenix, à savoir mettre des affiches débiles un peu partout. Avec l’apparence d’Emily, bien entendu. Elle devait donc attendre que le poly nectar finisse d’agir avant de rentrer. La jeune femme prit donc le chemin de la cabane hurlante, endroit où on ne pourrait certainement pas remarquer sa transformation physique. C’était un lieu que tout le monde évitait d’ordinaire. Joleene devait avouer que ce n’était pas un environnement rassurant pour quiconque étant légèrement superstitieux. Mais la jeune femme en avait vu bien d’autre et cet endroit était pour elle à peine digne d’une fête foraine de bas étage. Il en fallait largement plus que ça pour espérer l’effrayer. Et au fond, tout ce que cet endroit avait, c’était des légendes vieilles de cent milles ans. C’est vrai quoi, il ne s’était pas vraiment passé grand-chose là dans les décennies qui précédaient. Quel était donc le risque? La jeune femme entra donc d’un pas décidé dans le domaine alors que le soleil poursuivait doucement sa course dans le ciel, s’approchant dangereusement de l’horizon. La brune poussa la porte en bois qui s’ouvrit dans un grincement tenant plus du gémissement que d’un bruit normal de vieux fer rouillé. L’endroit était sombre, aussi la jeune sorcière sortit-elle d’un coup sec sa baguette, l’allumant sans un mot. Le silence régnant n’était pas pour lui déplaire. En fait, elle aurait presque pu aimer cet endroit s’il n’y faisait pas si froid. La jeune femme avança doucement dans la vieille bâtisse, prenant garde de là où elle mettait les pieds, le sol étant jonché de poutres tombées, de meubles arrachés, de vaisselle cassés et d’autres objets du quotidien jetés dans un pêle-mêle comme si on s’était battu ici. Bien sur, ce n’était qu’une mise en scène aux yeux de la jeune fille qui continua son chemin sans y prendre garde. Soudain, elle croisa son reflet dans un miroir ébréché. Le physique d’Emily était vraiment irréprochable, il fallait bien lui reconnaître ça. Et ce n’était pas désagréable, non vraiment. Plongé dans la contemplation de ce visage qui n’était pas le sien, Joleene remarqua une tâche verte dans ses yeux noisette, signe que la transformation allait commencer. Ce n’était jamais une partie de plaisir, et, bien qu’elle ne fut ni douillette ni geignarde, elle aurait dit bien volontiers que c’était un peu douloureux. Mais elle s’accrochait à l’idée qu’à la longue, on s’y faisait. Elle s’assit sur le fauteuil le plus proche, dans une volée de poussière, serrant les dents d’avance. Oui, son corps allait perdre une dizaine de centimètre en quelques secondes et ce n’était pas vraiment anodin. Elle ferma les yeux et posa sa tête contre le rebord du fauteuil, posant ses mains qui changeaient déjà de forme sur les accoudoirs. Puis ce fut le tour des bras, puis des pieds et des jambes. Quand enfin, son buste se tassa pour reprendre sa forme originelle, sentant son cœur comme prit dans un étau, Joleene ne put retenir un hurlement de douleur. Après quelques instants, le calme reprit sa place et la jeune femme ouvrit délicatement ses yeux. C’est bon, c’était fini.