Le batteur de Serpentard, son sac de cours sur l'épaule se traînait sans grand enthousiasme à travers les couloirs. Il n'avait jamais été un grand fan des cours mais là, ça dépasser tout ce qu'il avait imaginer. Un cours de rattrapage avec la fille la plus ... comment dire... la plus... la moins sexy de l'école: Gretchen McAlister, à l'heure où il aurait pu aller retrouver Aaron. Autant dire qu'il était ravi. Et tout ça il le devait à Avril Adler. Une petite brune qui soufflait le chaud autant que le froid. Il lui aurait bien arraché son tailleur à cette diablesse pour lui avoir fait un coup aussi bas.
Quoiqu'il en soit, il n'était plus temps. Il se vengerait en lui faisant du pied sous la table et si arrivait à se mettre à côté d'elle, il ferait même mieux. Se coltiner ce genre de truc et n'en retirer aucune satisfaction personnelle ça n'était pas du tout le genre de Kelso. Ok pour cette fois il ne pourrait allonger cette peste d'Adler sur la table mais il allait lui en donner l'envie ou du moins prendre son pied à la faire rougir de honte.

Il n'était pas vraiment sadique dans le fond, juste un peu frustré d'avoir toujours à ce satisfaire sur des objets moins désirables à ses yeux. Et puis il fallait quand même le reconnaître, Adler avait de ses reins qu'on a envie de tenir entre ses mains et une bouche qu'il suffisait d'avoir embrasser une fois pour se laisser à l'imaginer à toutes sortes de fantaisies. Pour autant, le beau brun ne s'en satisfaisait pas. Il avait largement autre chose à faire un vendredi soir que de disserter sur l'histoire de la magie. Encore s'il avait eu Adler en tête à tête au lieu de McAlister, finalement Maëlan lui aurait au moins éviter ça. Cela dit, Kelso n'aimait guère devoir quoique ce soit au capitaine de l'équipe, se dernier étant assez prompte à jouer des autres et à les faire chanter. Il en savait quelque chose lui qui se trainait un souvenir plutôt gênant d'une soirée bien arrosé avec le beau Dashwood... d'ailleurs puisqu'on parle du loup:

Kelso - Hey, c'est bien là le "cours"?, demanda-t-il complètement blasé, franchement la barbe quoi... elles auraient pas pu avoir une autre idée que ça...

Il s'était arrêté devant le cachot numéro 17, pas bien loin des cuisines, là où personne, pas même les profs, ne venait jamais. C'était bien pour ça que le prof d'histoire leur avait refilé ce coin là, ils ne dérangeaient personne.

La perspective de passer la soirée avec Kelso et McAlister ne l'enchantait guère mais elle se raccrochait à un point positif qui sur passait toutes les déconvenues du monde: elle avait fait s'auto-saboter Maël, et ses projets de cours de rattrapage en tête à tête étaient ruinés. En d'autres termes elle avait gagné. Ce n'était même pas tant le fait d'avoir gagné mais plutôt le fait d'avoir tenue tête si bien qui lui laissait ce sourire radieux sur les lèvres. Elle n'en était que plus jolie d'ailleurs. Julia lui demanda à quoi l'on devait ce sourire mais Avril ne répondit que par une mimique mutine diablement silencieuse avant de disparaître sous la douce. Elle ne mit pas bien longtemps parce qu'elle avait horreur d'être en retard. Une jolie robe à motif tartan gris ardoise et perle, coupe droite, un ruban pour que ses cheveux ne la gênent pas. Pas ce genre de ruban ridicule que l'on pouvait voir sur des filles comme McAlister ou Debby Thompson non, plutôt quelque chose de terriblement distingué et classe. Rien de comparable avec des rubans de gamines, Avril avait toujours eu ce quelque chose de très femme, et elle le cultivait malgré la délicatesse de ses traits. C'était sans doute ce mélange qui donnait envie à tant de garçons de croquer dans la pomme, mais le fruit se refusait toujours.

Elle descendit, prête à prendre directement la direction des cachots, un trieur d'histoire à la main. C'était sans compter sur Adonis Dashwood, le seul des Dashwood qu'Avril ne pouvait pas encadré et c'était réciproque. Elle n'aurait même pas su dire pourquoi ni comment les choses avaient commencées mais il lui sembla que comme d'habitude c'était totalement gratuits. Elle n'avait fait que passé et ça avait suffit à Adonis pour l'ouvrir. Des fois elle se demandait si:

Avril - Tu sais Adonis, si je te plais tant que ça tu devrais songer à changer de technique. Et d'ailleurs je n'ai pas le temps de m'occuper de toi là..., jeta-t-elle perfidement après avoir perdu dix bonnes minutes à se prendre la tête avec ce crétin d'Adonis.

Elle arrivait donc en retard, pour passer la soirée avec Kelso et McAlister, alors il ne fallait guère s'étonner que son sourire radieux ce soit évanoui en chemin. Elle rajusta un peu le chemisier qu'elle avait passé par dessus sa robe et poussa la porte de ce qui allait devenir une salle de torture jusqu'à...

Avril - J'aurais du m'en douter tiens...
Maël – Bonsoir Avril, je t’attendais.
Avril - Je présuppose que les deux autres ont été malencontreusement mis hors de course? , elle posa son sac et son trieur sur la table avisant Maël et sa posture un peu trop décontracté pour un cours d'histoire, elle eut un petit sourire d'abdication, bien. Je ne sais même pas si je dois être fâchée ou me réjouir de n'avoir pas à supporter ces deux imbéciles en plus d'avoir déjà eu droit à un long échange forcé avec ton frère...

Elle s'assit à l'autre bout du canapé qui était diablement confortable. Elle n'aurait pas fait l'erreur d'aller se coller à Maël et encore moins de prendre le verre de Whisky qu'il lui avait si galamment servi en attendant qu'elle vienne s'enfermer là avec lui. Pas folle non plus. Il fallait qu'elle reste en pleine possession de ses moyens. Une seconde elle se demanda jusqu'où il avait pu pousser sa mise en scène. Est-ce qu'Adonis... non c'était stupide, Adonis n'avait pas besoin de Maël pour être une plaie ambulante.
Malgré elle, il semblait qu'elle était plutôt bien disposée. Après sa prise de tête dans la salle commune en fait, il n'y avait rien d'autre que l'idée de passer une soirée tranquille ou à jouter verbalement avec Mael qui aurait réellement pu la détendre. Elle décida donc de jouer fair play et d'accepter d'avoir perdu une autre manche.

Avril - Je t'ai prévu un long cours sur Grogan Stump... de quoi nous occuper au moins jusqu'à 23h en fait. Ne fais pas cette tête je sais que c'est que tu es un grand fan d'histoire.

Elle lui sourit, plus joueuse que moqueuse cette fois. La nuance était infime mais il devait en avoir l'habitude maintenant. Toujours bien à l'autre bout du canapé, elle retirait ses bottines noires, s'installant plus confortablement, les jambes repliées sur le côté. Un coup de baguette et son trieur vint se poser sur ses genoux, obéissant.

Avril - Alors? Tu as au moins une idée de qui est Stump?

Elle le regardait siroter son whisky comme si c'était du petit lait, mais elle ne fit pas de commentaire là dessus. D'une parce qu'elle n'était pas la personne qu'il allait écouté, de deux parce que n'étant ni de sa famille ni sa petite amie, ni même son amante, elle voyait mal à quel titre elle aurait été bienvenue d'en placer une. Elle finirait de toute façon par dire quelque chose, elle ruserait.
Avril le regardait faire, avec l'impression qu'il la déshabillait du regard. Ca n'avait rien de désagréable, au contraire c'était même flatteur et elle dut un instant détourner le regard vers son trieur pour ne pas rougir. Il avait cet espèce d'empire sur elle qu'elle savourait autant qu'elle le détestait. Tout simplement parce que ça n'avait rien d'une promesse et que quelque part, elle craignait qu'il ne se satisfasse jamais d'une seule. Mais ce n'était pour l'heure pas le propos.

Elle s'installait à l'autre bout du canapé et annonçait la couleur: Grogan Stump. Sujet passionnant s'il en était. Mais comme elle s'en était doutée, ce ne fut pas du goût de Monsieur Dashwood. Il lui prenait déjà le cours dans son trieur, et, lassée de faire de la résistance, elle s'allongeait dos contre lui, l'air de rien, la tête juste posé sur l'épaule de Mael pour lire en même temps que lui.

Avril - Tu es vraiment... impossible.
Maël – Il semblerait, miss Adler, que vous avez écrit ici que c’était un Ministre de la Magie. Vous voulez peut-être ses dates ?, elle levait une autre fois les yeux au ciel, 1811-1819 … Ce qui fait … 11 ans… Ouh, non euh… 8 ans… Mhh… Ca vous va, comme cela ma chère Adler ? J’ai répondu à la question ?

Elle détourna un tout petit peu la tête pour le regarder dans les yeux, avant de lui reprendre la feuille et de la ranger.

Avril - Pour ta gouverne mon cher et tendre Mael... tu sauras que Grogan Stump était un ministre très apprécié notamment pour avoir mit fin à un débat qui avait duré 5 siècles au sujet du terme "être" qu'il définit comme "une créature dotée d'une intelligence suffisante pour comprendre les lois de la communauté magique et pour prendre une part de responshabilité dans l'élaboration de ces lois." ... , abrégea-t-elle d'une voix chantante. Elle faisait court uniquement parce qu'elle avait espoir qu'avec un peu de chance, s'il ne décrochait pas, il retiendrait quelque chose de ce qu'elle venait de dire pour les ASPIC.

Comme elle laissait sa tête retomber vers l'arrière sur l'épaule de Mael, son regard passait sur l'effort de métamorphose qu'il avait du produire pour aménager le vulgaire cachot en salon agréable. Les rideaux tirés, ses doigts à elle qui caressaient doucement le cuir du canapé et la lumière chaleureuse et tamisé qui émanait des bougies... c'était sans doute ce point de détail là qu'elle préférait. Les bougies. Elle ferma tranquillement les yeux et soupira, comme la journée avait été longue pour elle:

Avril - Je suppose que tu vas vouloir suivre son exemple et mettre fin au débat?

Ce qui signifiait je n'y vois pas d'inconvénient. Elle tendit la main pour tremper ses lèvres dans son verre mais guère plus parce qu'elle voulait un minimum garder le contrôle. Le whisky pur feu n'allait pas l'y aider, surtout pas avec Mael.

Avril - Excellent choix., elle reposa donc son verre avant de reprendre, Mh... lumière tamisée, bougies... tu me soignes. Qu'est-ce que tu as derrière la tête?

Ce qu'il avait derrière la tête était bien évident mais cela faisait partie du jeu de le lui demander. Ils avaient l'un comme l'autre plaisir à s'écouter parler et à desceller ainsi les failles chez l'autre ou parfois simplement à se délecter des projets de l'autre, car il arrivait aussi qu'Avril puisse lui avouer d'une voix suavement posée, qu'elle goûtait un plaisir sans nom à croquer son sourire d'un regard ou à être dans ses bras en sachant qu'il n'y avait rien de parfaitement innocent dans leurs jeux. C'était comme entendu entre eux.