THIS LOVE, THIS HATE,
TEMPERANCE.

« Papa a fait quoi ? » Le regard de sa sœur jumelle se perdit vers le sol. Sven se passa une main sur le visage avant de se laisser tomber sur le fauteuil. Défaisant sa cravate, retirant sa chemise de son pantalon, décrochant sa ceinture, il se passa une seconde fois les mains sur le visage avant de tendre sa main gauche sur le côté, en claquant des doigts. Un elfe de maison apparut aussitôt. « Oui, maître ? » « Deux doigts, et sans glaçon. » « Bien, maître. » L'elfe se précipita à la tâche, tandis que Kay le regardait avec cet air que l'on a lorsque l'on vient de dire une chose qu'il aurait peut-être mieux valu cacher. L'elfe revint, lui donnant son verre de Whisky pur feu. Sven le remercia d'un signe de tête, et l'elfe ne tarda pas à s'éclipser aussi vite qu'il était arrivé. « Kay, dégage, s'il te plaît. J'ai besoin d'être seul. » Sa jumelle s'apprêta à répondre quelque chose. Elle semblait vouloir rester près de lui, voyant très bien que la nouvelle le déroutait en tout point. Russell s'était fait un plaisir à vanter les mérites de leur père sur la mort de leur oncle. Un oncle qui, lui, avait toujours été présent malgré ses opinions concernant son grand frère. Troy n'était plus. La vie lui avait été arrachée par son propre frère. Kay s'échappa sous le regard insistant et noir de Sven. Il n'était pas dans son assiette, et la violence qui faisait rage en lui, émanait par tous les trous de sa peau.

Pourquoi... ? Mais alors pourquoi avait-il tué son oncle ? Pourquoi avait-il tué son propre frère ? Qu'avait fait Troy pour mériter cela ? Ou plutôt, que n'avait-il pas fait pour subir cela ? Tant de questions virevoltaient à travers son esprit. Il en avait mal à la tête, comme un trop plein d'informations. Sven avala son Whisky d'un trait, la chaleur de l'alcool le pénétrant, l'enivrant de son pouvoir. Tout semblait prendre place dans son esprit, et cette impression bizarre de n'être que le seul à douter de l'homme qui était son père, le rendait malade. Malade, car sa propre mère l'avait tant moussé aux yeux de ses enfants pour qu'ils l'aiment, pour qu'ils l'adulent, pour qu'ils se battent pour lui... Et voilà que ses idéaux étaient secoués comme jamais. Les fondations de sa façon d'être étaient ébranlés. Avec la rage d'un démon, il hurla en envoyant le verre de toute ses forces de l'autre côté de la pièce. Il perdait le contrôle de la situation, il fulminait. Le verre se brisa en mille morceaux, et Sven disparut au même moment.

Il réapparut dans sa chambre où il fit pivoter une bouteille d'encre noir. Le mur se dissipa doucement, mais Sven le pénétrait déjà. Descendant les escaliers, il se retrouva rapidement dans la cave, où une fenêtre rependait les faibles lueurs du soleil crépusculaire. Il siffla. Ce fut bref, et très court. Une chouette vint à son appel, et alors qu'il écrivait rapidement quelques mots pour rencontrer sa meilleure amie afin de discuter, il comprit quelque chose. Il comprit ce qui manquait à sa potion pour parvenir à toucher Tempérance, pour braver cette malédiction dont elle faisait l'objet. Signant rapidement la lettre comme quoi il priait Tempérance de le retrouver dans une église abandonnée dans le vieux Londres, Sven transplana chez Dame Brocéliande.

[…]

Il devait être un peu plus de minuit... Ou peut-être pas encore. Sven n'en savait rien. Il n'avait pas regardé l'heure, et avec le changement de saison, il était encore un peu perturbé par la position de la lune dans le ciel. L'église était vide, il n'y avait personne. Sven avait dans sa poche trois fioles pleines. Mais il n'avait pas sa superbe habituelle. Il semblait fatigué, profondément fatigué. Peut-être même vulnérable. Sa chemise n'était pas rangée dans son pantalon, sa cravate avait disparu, laissant quelques boutons ouverts et mal boutonnés. Et ses yeux... Ses yeux étaient noirs. Il n'avait plus de blancs, tout était noir, comme si ses pupilles s'étaient dilatés à la manière d'un félin pour y voir dans la lumière nocturne de la nuit.

L'église était profanée. L'église n'était plus. Ce n'était plus qu'un vestige anglican, bravant comme il le pouvait le passage du temps, et de la météo. Les bancs étaient plus ou moins renversés, les peintures étaient abimés, et il n'y avait plus d'or. La poussière semblait être la pièce maîtresse de cette nouvelle décoration tout à fait glauque et digne d'un film à la Burton, avec un paquet de feuilles mortes. Une faible brise soufflée en son sein, rafraîchissant la température comme il le fallait. Mais cela ne faisait pas reculer Sven qui prit place à la première rangée de banc, non loin de ce qu'il pouvait rester de l'autel où l'on voyait encore la croix de bois que Jésus avait porté avant de mourir dessus, poignardé par les romains. Il resta là, attendant la venue de Tempérance, l'ai songeur, comme si la fatigue provoquée par son accès de colère faisait à présent effet. Un contrecoup, en sommes, mais qui lui faisait du bien. Il semblait apaisé, malgré ses yeux étranges.

Aussi curieux que cela puisse paraître, Temperance ne s'était jamais couchée aussi tôt que depuis qu'elle suivait plus ou moins le rythme de vie de Sylar Blake. De longues soirées à lire, souvent en silence même si ce n'était pas pour lui déplaire. Ensuite ils s'endormaient, chacun de leur côté, sans se toucher. Le plus souvent c'était elle qui sombrait la dernière ce qui lui laissait le temps d'avoir une pensée pour Thomas, parfois pour tout autre chose. Ce soir là, elle n'avait pensé à rien. Elle ne s'était même pas endormie en fait. Les minutes s'étaient effeuillées devant elle en prenant leur temps, presque avec perversité. Elle écoutait le souffle paisible de Sylar qui dormait. Qui eut cru que l'insouciance se serait fait lit d'un homme dont on disait qu'il était capable du pire. On ne l'aurait jamais dit à le regarder dormir près d'elle.

Temperance suivit du regard la longue ligne courbe de sa bouche comme elle semblait vouloir dessiner un sourire sur ces lèvres interdites. Ou peut-être était cette étrange et éternelle fossette qui était venue se planter là, à la commissure de ses lèvres, comme un mauvais coup de rasoir. C'est vrai qu'elle lui donnait un petit air madré à souhait. Temperance aimait cette fossette. Elle en aimait le dessin espiègle et la présence presque incongrue. Elle sourit et se retourna dans le lit, fixant le mur sans plus trouver le sommeil. Morphée lui-même semblait redouter son étreinte mortelle. Un bref instant elle passa son doigt sur sa bouche comme pour se rappeler un baiser voler à travers le voile d'un rideau sans pourtant ramener auprès d'elle tout ce sentiment de culpabilité et d'illégalité qui l'écrasait dès qu'elle se trouvait en présence de Thomas, son ami d'enfance.
Son pouce courait sur sa bouche quand un hibou vint frapper à la fenêtre. Elle fronça les sourcils et sortit du lit pour aller voir qui cela pouvait bien être à une heure pareille.


« Sven? »

La voix de Temperance dissipe le silence dans un écho. Quel est cet étrange lieu de rendez-vous? Et depuis quand son ami la convie-t-il a des messes de minuit? Elle reconnait sa silhouette baignée dans l'obscurité, là, au premier rang. Ces épaules cassées, cette étrange posture. Ce n'est pas Sven, elle voit sans mal que quelque chose ne va pas.

« Quest-ce que... »

Mais elle s'interrompt en même temps que sa main gantée de velours se pose sur l'épaule du fils Mustang. Dans un mouvement inquiet elle lui relève le menton pour mieux voir ses yeux.

« Tes yeux! Qu'as-tu fais?... »

Les yeux. Le miroir de l'âme, ce lieu si étrange qui pour elle n'est rien de plus qu'un livre, un manuel d'utilisation presque. C'est bien la première fois qu'elle est incapable de déchiffrer un état d'esprit dans le regard de quelqu'un mais qu'importe car le reste de sa personne parle pour lui. Il est accablé moralement et fatiguée.

Son nom se fait entendre dans cette étrange endroit. Sven releva doucement le visage vers la tête de Jésus, un sourire, bien que fin, presque imperceptible, se dessinait sur son visage parfait. Un regard derrière lui, il ne bougea pas, reposant son regard sur la silhouette de celui que l'on appelait Jésus, fils de Dieu. Sven se passa une main sur le visage, alors que les pas de sa meilleure amie suivait l'écho de sa voix. Par sa simple présence, elle venait de réchauffer le cœur si froid, si glacial, si mort, que Sven commençait déjà à se sentir mieux. « Quest-ce que... » Sven murmura. C'était inaudible. Même lui aurait eut du mal à l'entendre si ce qu'il disait ne se répercutait pas dans son esprit. Il ne répéta pas, préférant louer le silence plus ou moins apaisant, mais surtout étrange, de cet ancien lieu de prière. « Tes yeux ! Qu'as-tu fais ?... » Sven eut un sourire amusé. Mais son regard ne l'était pas. Il observa sa main avec une curiosité étrange, avant de finalement se relever, l'observant droit dans les yeux, d'égal à égal. Malgré sa grande taille, Sven sait qu'en Tempérance, il a trouvé son alter égo. Après tout, c'est bel et bien sa meilleure amie non ? Il soupira doucement, son souffle allant caresser la peau délicate de son amie d'enfance, avant qu'il ne lui prenne la main avec douceur.

« Ta malédiction... Tes maux... Ils ne vont pas tarder à disparaître... » Un sourire énigmatique, Sven joint ses deux mains sur la main de sa meilleure amie. Puis, avec une délicatesse troublante, une de celle qui vous fait quelques effets plus ou moins prononcés tant par la sensualité du geste que par sa douceur, il lui retira le gant sans toucher sa peau. Observant sa main pendant quelques secondes qui parurent être des heures, il rajouta, dans un murmure : « Regarde... » Et là, inspirant doucement, comme faisant entrer le courage dans ses poumons, il leva la main de Tempérance à la hauteur de son visage, puis, fermant ses yeux, il approcha la main de sa meilleure amie contre sa joue.

Contre toute attente, la potion de Sven sembla faire effet. Un sourire sur ses lèvres, il ré-ouvrit les yeux, avant de lever sa propre main sur la joue de sa meilleure amie. Puis, il l'attira contre lui, la serrant de toutes ses forces, comme pour rattraper tous les gestes amicaux, presque fraternelles qu'ils auraient dû échangé durant leur enfance, mais en vain. Il enfouit son visage froid (il était froid comme la mort, dégageant une tiédeur presque morbide, mais vivante) dans le cou de Temperance, avant de briser tout doucement le silence, en murmurant seulement ces mots : « Je crois que tout s'écroule. » Il n'en rajouta pas plus, préférant profiter de ce qu'il faisait avant qu'il ne doive prendre l'antidote afin d'éviter de produire une dégénérescence de son système immunitaire.

Amusant comme les gens les plus proches d'elle avaient pris cette habitude de la toucher en lui soufflant dessus. Un sourire passa sur ses lèvres en guise de bonsoir, pour autant elle n'oublie pas ses interrogations. Là devant lui, son égal sauf peut-être en centimètres, elle l'observe et attend patiemment qu'il lui fasse la plus étrange des réponses:

« Ta malédiction... Tes maux... Ils ne vont pas tarder à disparaître... »

Son sourire à elle prend un pli étrange. Que veut-il dire par là? Elle pose les yeux sur leurs mains qui se tiennent. C'est étrange, sans doute n'aurait-elle pas de tels gestes sans cette malédiction. Ca paraitrait plus déplacé encore que ça ne l'est.
Mais voilà que Sven s'est mit en tête de lui retirer son gant et comme elle retire sa main pour le prémunir de sa peau au toucher mortelle, forcément le gant s'échappe et la laisse nue.

« Sven... », proteste-t-elle
« Regarde... »

Elle ne voit pas la folie suicidaire qu'elle a vu dans les yeux de Thomas. Mais les yeux de Sven ne lui permette pas de savoir vraiment. Elle sait simplement qu'il est étrangement calme, pas nerveux. Pas comme s'il s'apprêtait à tenter quelque chose de désespéré. Et si sa main fait un brin de résistance quand ses doigts effleurent la peau de Sven c'est un tel choc... sa peau déjà si claire pâlit et ses doigts la picotent parce qu'ils ne se souvenaient même plus ce que c'était que toucher en douceur, sans que rien ne se passe. Pas même un cri comme avec Sean...

Elle l'observe, effleurent de plein gré le contour de son visage et le laisse même poser sa main sur sa joue. Alors elle réalise. Reprend des couleurs. Et c'est un grand éclat de rire qui l'étouffe et la suffoque. Il la serre dans ses bras et pendant une seconde le monde s'écroule dans un final sans défaut.

« Je crois que tout s'écroule. »
« Tout s'écroule. », répète-t-elle avec un sourire.

Elle en profite un peu elle aussi et finalement pour se rendre compte que...

« Ta peau est glacée. Qu'est-ce que tu as fait Sven? Comment est-ce que c'est possible? »

Elle éclata de rire. Sven en ferma les yeux, de délice. Elle le prenait bien, elle semblait émue de voir, de sentir sa peau contre la sienne. Le fils Mustang sentit une intense reconnaissance l'enflammer, voyant que son travail prenait forme. Il ne put s'empêcher de se dire, que, finalement, il n'était pas si mauvais que ça. Il fallait l'avouer : Saoirse l'avait bien aidé, bien qu'indirectement. Sven la contempla longuement tandis qu'elle lui touchait le visage, comme pour pouvoir rattraper le temps perdu. Il ne pouvait s'empêcher de sourire, comme victorieux. Chose qu'il était. Tel un Empereur qui admire son œuvre, il entendit cette dernière lui demandait : « Ta peau est glacée. Qu'est-ce que tu as fait Sven? Comment est-ce que c'est possible? » Sven eut un petit rire amusé, avant de lui répondre : « C'est parce que je suis mort. » Sa tête se met à lui tourner. C'était violent. Tout à coup, Sven ressentit le contrecoup de la potion. Sûrement le contact avec Tempérance qui en avait accélérer les effets. Ses jambes cèdent sous son poids. Il se rattrapa tant bien que mal sur sa meilleure amie tout en évitant de lui faire mal, avant de se laisser glisser sur le banc de bois. Il la poussa sur le côté, comme pour éviter tout rejet. Dans son ventre, il le sent. Et même si lui, il était prévenu, Tempérance vit du sang jaillir des lèvres de son meilleur ami, qui vomissait une espèce de liquide noirâtre. Du sang séché.

« C'est pas encore parfait... » Il eut un sourire, malgré sa pâleur et la sueur qui se faisait apercevoir sur son visage, grâce aux rayons de lune. Il sortit un mouchoir blanc et immaculé avec lequel il se frotta le visage. S'essuyant la commissure des lèvres, il sortit de son autre main trois flacons. Une avec un liquide noir, et deux avec un liquide si vert, si clair, si brillant qu'on se demandait encore comment était il parvenu à une telle couleur. La magie donnait ce petit truc surnaturelle qui pouvait même, parfois, surprendre ses manipulateurs. Sven sortit un autre mouchoir dans lequel il mit une noir et une verte. Les enroulant dans le tissus, il les posa près de lui sur le banc, tandis qu'il défaisait le bouchon de la troisième fiole. « A partir de là, tu peux remettre ton gant. » Il eut un sourire nostalgique. Comme si il regrettait déjà ce moment. Mais il ne tarda pas à vider la viole dans sa bouche. Déjà, cette dernière semblait faire effet. Reprenant peu à peu des couleurs, il s'avachit sur le banc tout en attrapant le mouchoir dans lequel il y avait les flacons. Il les lui tendit. « Je suppose que toi, et Sylar méritaient cela. »

Il n'y avait plus de sourire sur ses lèvres. Sylar évoquait le nom de Blake dans l'esprit de Mustang, ce qui était normal étant donné son nom de famille. Mais Blake signifiait Mangemort, et Mangemort signifiait bien entendu son père, l'objet de toutes ses embrouilles qui lui traversaient l'esprit. Si c'était bel et bien ce qu'il pensait, même si il conserverait cette conviction de fils parfait, et fier de son père tant qu'il n'en aurait pas les preuves, il était lui même un mensonge. La pupille de ses yeux commençaient à s'éclaircir lorsqu'il redressa son regard vers sa meilleure amie qu'il invita à s'asseoir à côté de lui, en retirant la poussière d'un revers de son mouchoir usagé. Il murmura : « Je crois que je suis un mensonge, Tempérance. Je crois que... Je pense que l'on fait tous partit d'une vaste farce. Ils se moquent de nous... » Le visage de Sven est fuyant. Il ne cesse de regarder autours d'eux, comme si il avait peur d'être surveillé. Le fils cadet de Mustang semblait être tourmenté, comme un diable en cage. Il ne savait réellement quoi faire, ni quoi se dire pour se convaincre. Mais tout semblait trouver mécanisme à sa taille dans son esprit, tant est si bien qu'il parvenait à tout relier sachant très bien qu'il n'aurait pas fallu autant de temps à un sorcier extérieur à en faire le rapprochement.

« C'est parce que je suis mort. »

Il y avait fort à parier que si elle avait été en train de boire un café elle se serait étouffée avec. Comment auriez vous réagi à sa place? Le pire étant qu'à bien regarder Sven, il n'était pas difficile de le croire sur parole. Temperance blêmit. Elle n'avait pas beaucoup d'amis. Et parmi ces quelques heureux élus, très peu pouvaient se vanter d'être suffisamment aimé pour qu'elle ait pu être réellement peinée d'apprendre leur mort. Peinée voire désemparée. Il y avait son frère. Ses trois Blake. Et il y avait Sven.

« Sven si c'est une blague elle n'est pas drôle. »

Mais il n'a pas le temps de confirmer que c'est bien une blague. Elle le rattrape de justesse. Pour la première fois depuis qu'ils se connaissent c'est lui qui est le plus faible. Pourtant elle ne s'en offusque pas, c'est son ami. Tout ce qu'il y a c'est qu'elle s'inquiète et le voir cracher du sang n'arrange rien.

« Sven merde qu'est-ce que t'as foutu? Ca marche pas tu es en train mourir, j'aurais jamais tu te laisser... »
« C'est pas encore parfait... »

Tu m'en diras tant... pourtant Temperance le laisse faire puisqu'il n'a pas l'air de s'alarmer outre mesure c'est qu'il doit savoir un minimum où il va. Elle l'observe l'oeil sceptique. Mais elle a quand même en minimum confiance en la mixture qu'il ingère. Pourtant elle prête à transplaner directement à Sainte Mangouste s'il le faut. Mais l'effet est quasi immédiat.

« A partir de là, tu peux remettre ton gant... Je suppose que toi, et Sylar méritaient cela. »

Elle prit les fioles dans sa main à nouveau gantée. Elle n'aurait su dire ce que ce cadeau lui faisait. Un bien fou et une angoisse terrible à la fois. Devait-elle vraiment donner cette potion à son fiancé? Ou devait-elle en parler à Thomas?
Elle plongea son regard dans celui de Sven. Elle savait qu'il ne portait pas les Blake dans son coeur pourtant il faisait ce geste. Pour elle.
Doucement elle vint s'assoir près de Sven et poser sa main sur son épaule.

« Tu sais ce que ça représente pour moi... »

Ca façon à elle de lui dire merci. Elle posa son front sur son épaule en prenant bien garde de ne pas le toucher. Cela ne dura qu'un instant. Bref. Mais suffisant. Elle lui reprit le menton pour voir si ses yeux retrouvaient leur aspect normal. Puis, rassurée quelque part, elle le libéra.

« Je crois que je suis un mensonge, Tempérance. Je crois que... Je pense que l'on fait tous partit d'une vaste farce. Ils se moquent de nous... »
« Qu'est-ce que tu as ce soir Sven? »

Les yeux clairs de l'écossaise le détaillaient, retrouvant cette sale manie qu'elle avait de décrypter tout ce qu'un visage pouvait trahir mais aussi, ses mains. Doute. Abattement. Colère aussi un peu. Et déception. Grande déception.

« Ton père? »

Toujours le père. Surtout avec Sven quoiqu'il n'en parlait jamais.

Oui, il savait ce que ça représentait. Il le savait car il avait eut du mal à ne pas pouvoir la prendre par la main lors de leurs jeunes années, lorsque les élèves se mettaient deux par deux, ou qu'il cherchait un binôme pour un sport en particulier, ou pour un exposé, où malgré tout, ils finissaient toujours par briller. Malgré cela, ils avaient réussi à passer au delà de ça et faire de leur amitié, de quelque chose de fort et d'incassable. Du moins, Mustang le voyait comme ça. Il n'avait jamais eut de soucis avec Tempérance, bien au contraire. Et ils avaient toujours été là, l'un pour l'autre. Alors, même si lorsqu'elle lui avoua que ça lui faisait grandement plaisir, il sentit comme un pincement au cœur de devoir partager sa découverte, il le faisait parce qu'elle était sa meilleure amie, et qu'elle n'avait pas pu avoir les mêmes contacts que l'on a avec sa petite copine / son petit copain. Il savait qu'elle n'avait jamais pu embrassé quiconque, et que le contact humain qu'ils venaient d'avoir été son premier. Du moins, de ce que savait Sven. « Qu'est-ce que tu as ce soir Sven ? »

Le fils Mustang eut un léger sourire. Il leva son visage vers cette dernière. Elle lisait en lui un peu trop facilement, et même si il aurait envoyé chié une autre personne face à cette question, il lui adressa juste un petit sourire plein de douleur, tandis qu'elle continuait : « Ton père ? » Sven leva un pouce, comme pour lui signaler qu'elle avait raison. Il se passa une main sur le visage, avant de la regarder par en dessous, alors qu'il appuyait ses coudes sur ses cuisses après avoir joint ses mains, voûtant ainsi son dos. « Il a tué mon oncle. » Il était d'ailleurs connu Troy. Connu pour mener une résistance face à son frère. Mais jamais les deux frères ne s'étaient levés la baguette l'un contre l'autre. Ils s'aimaient tellement qu'ils avaient toujours tenté de faire les choses par d'intermédiaire personne, répugnant l'idée de se battre l'un contre l'autre. Du moins, c'était ce qu'il s'était toujours dit... Et puis, Troy avait toujours été là quand Sven en avait eut besoin. La présence bienveillante avait permit à ce qu'il ne finisse pas comme Russell. Ce dernier était tellement barge, tellement enfoncé dans la magie noire, tellement fanatique de son père, qu'il en était sûrement devenu l'un des sorciers les plus puissants alors qu'il n'avait que 26 ans. « Il m'a gêné. Voilà ce qu'il m'a dit, lorsqu'il nous a dit l'avoir tué... Après m'avoir fiancé avec cette fille de putain asiatique. » Il cracha au sol, jurant par tous les noms d'oiseaux magiques qu'il connaissait.

« Mais mon oncle... C'est mon oncle... Il était transparent avec moi, comme moi je l'étais avec lui, même si nous étions pas tout le temps d'accord. Je savais qu'ils se battaient l'un contre l'autre indirectement, mais... Jamais, ô grand jamais, mon oncle ne voulait lever la baguette vers son frère. La famille était importante... C'est ce que mon père disait, ce qui nous avait gardé souder face aux détracteurs lorsque mon père s'était enfui, et que ma mère ne cessait d'être surveiller par le Ministère britannique. Et puis... Puis, il m'a forcé à me fiancer avec une fille que je ne connais ni d'Adam, ni d'Eve - que je ne connais pas non plus -, alors qu'il laisse le choix à Russell de choisir, tout comme lui, il a eut le droit en épousant ma mère... » Il parlait sans s'arrêter, exprimant ses pensées sans jamais réellement faire attention à Tempérance. Oh, il la savait là, mais c'était comme si il se parlait à lui même. S'expliquant sa propre façon de penser. « Puis... Y a tellement de zone d'ombre dans cette famille si parfaite... Je me demande presque si ce qu'il nous a raconté est vrai... Je ne lui fais plus confiance, mais... Mais tu crois que c'est mal que d'essayer de passer au dessus et de faire comme si de rien n'était ? » Il avait relevé le regard vers Tempérance, les traits du visage emplie d'une tristesse particulièrement amère.

Elle écouta cette drôle de confidence donnée sur le ban d'une église. Ca aurait pu l'être aussi sur un divan. Mais c'était sans doute mieux ainsi. Temperance ne prenait pas le rôle du psy, seulement celui de l'amie et c'était déjà pas mal.
On avait beau dire toutes les familles de sang pur n'étaient pas logées à la même enseigne. Dans sa famille par exemple, les choses avaient toujours, toujours, suivi leur cours sans le moindre accro au plan initial. De cette façon Caleigh Hatcher avait épousé Violetta Bathory. Warren épouserait Ophelie Ravensdale et Temperance deviendrait Madame Sylar Haxley Blake. Et à leur tour ils auraient tous des enfants qui suivraient le plan initial sans jamais y déroger. Encore qu'elle ne soit pas concernée par l'alinéa sur la prospérité de la lignée. Tout s'arrêterait très certainement à elle, en ce qui la concernait. Comme le disait souvent Violetta Hatcher, on ne vous demande pas de vous aimer juste de vous tolérer. Ce n'était pas dans sa famille que deux frères s'entretueraient ou qu'un époux égorgerait sa femme dans son sommeil, pourtant, ce n'était pas les occasions qui manquaient. Parfois elle se demandait même par quel miracle son père, Caleigh Hatcher, n'avait pas encore trouvé le moyen de se débarrasser de son épouse. La meilleure explication était qu'il suivait le plan, et que de fait, il n'avait même pas cherché...

Pour sa part, elle pouvait comprendre que Sven n'ait pas envie de suivre "le plan". Qui en avait jamais eu vraiment envie après tout? Personne sans doute mais c'était comme ça. Pour sa part, Temperance ne se trouvait pas trop à plaindre puisqu'elle aimait son fiancé. On ne pouvait pas en dire autant de Sven Mustang qui se retrouvait affublé d'une fille sortie d'on ne sait où.

« Puis... Y a tellement de zone d'ombre dans cette famille si parfaite... Je me demande presque si ce qu'il nous a raconté est vrai... Je ne lui fais plus confiance, mais... Mais tu crois que c'est mal que d'essayer de passer au dessus et de faire comme si de rien n'était ? »

Elle laissa un silence passer. Elle aurait pu répondre non, tout autant que oui en fait. Il n'y avait pas de bonne réponse à une question pareille. Il y avait seulement des pour et des contre.

« Je ne sais pas Sven. Tout ce que je peux te conseiller c'est de garder la tête froide surtout devant un homme comme ton père... »

La phrase était lourde de sens comme souvent avec Temperance, mais elle témoignait surtout d'une certaine inquiétude. Si Temperance ne pouvait que se réjouir de voir les Blake au pouvoir, il n'en restait pas moins que ce climat de transition politique la laissait nerveuse. Elle voyait d'ici le jour où tout se casserait la gueule et ce jour là ne présageait rien de bon. Ni pour elle, ni pour personne de ceux à qui elle tenait.

« Je ne sais pas Sven. Tout ce que je peux te conseiller c'est de garder la tête froide surtout devant un homme comme ton père... » Sven médita cette réplique. Le jeune Mustang l'observa longuement avant de poser sa tête contre l'épaule vêtue de sa meilleure amie. Une larme coula, puis une autre. Elle ne pouvait le voir, bien qu'elle pouvait toujours s'en douter. C'était toujours quelque chose d'assez troublant lorsqu'on le voyait plier face à ses sentiments. Sven avait toujours été quelqu'un de droit, de chaleureux, mais plein de convenances. Il n'était donc pas du genre à faire parler ses émotions tant que son esprit n'est pas réfléchit aux diverses conséquences que cela pourrait entraîner sur son image. Son petit côté machiavélique faisait également de lui, une personne d'une sensibilité proche de zéro. Du moins, c'était ce que l'on pouvait penser de sa personne. Pourtant, la réalité était tout autre. Et même si il savait se contrôler, garder la tête hors de l'eau, être fier de ce qu'il était, et rendre, par la même occasion, fière sa famille d'avoir un tel élément parmi eux, Sven était comme n'importe quel homme : Doter d'une sensibilité. Son amour pour les potions lui était venu grâce à l'isolement qu'elles procurent pour être réaliser. Un exutoire comme un autre, en fin de compte.

Une brise les caressa doucement, passant et repassant, tandis que l'on pouvait entendre les feuilles mortes bougeaient de quelques centimètres. La fraîcheur nocturne d'Octobre pouvait, de temps à autres, faire frissonner les deux jeunes amis d'enfance. Pourtant, Sven resta contre elle, jusqu'à pouvoir relever la tête, la lumière de la lune rendant les traces de ces larmes sur ses joues, scintillante de mille feu. Il s'essuya avec son mouchoir, avant de lui briser le silence avec sa voix douce et délicate, mais si masculine. Un paradoxe à la Mustang. « Il aura raison de moi, Tempérance. On ne peut rien lui cacher indéfiniment, tu le sais tout aussi bien que moi. » Il annonça, à demi-mot, une future rencontre avec son père pour le moins musclé. Peut-être, quoique, sûrement même, première rencontre avec son père où il y aurait autre chose que des mots d'échanger. Sven le savait. Tout son être le savait. « Il faut que j'aille voir ma tante. Elle protège mon père depuis qu'il s'est échappé d'Azkaban. » Sven éclata d'un rire sans joie. « Elle pense qu'elle parviendra à en faire un homme bien. » Sous-entendu que Sven en doutait. « Tu veux venir avec moi, voir ma Tante Zabrina ? Je pense y aller, histoire de lui poser quelques questions. »

« Il aura raison de moi, Tempérance. On ne peut rien lui cacher indéfiniment, tu le sais tout aussi bien que moi. »

Temperance cilla. Elle savait effectivement à quoi s'attendre de la part d'Heinrish Mustang. Ou plutôt non. Elle ne savait pas jusqu'où il pouvait aller. Cet homme avait-il seulement une limite?
La cadette Hatcher n'était pas une tendre quoiqu'elle fût bien élevée et raffinée. Elle avait grandi dans l'idée qu'elle avait la mort en elle et avec le temps, elle s'était faite à l'idée comme on pouvait se faire à n'importe quoi. Avec le temps, la mort lui était devenue familière, égale même. Elle y était indifférente qu'elle en soit ou non l'agent et il n'y avait que pour quelques exceptions bien rares qu'elle se souciait de savoir ou non ce qu'il advenait.

Un face à face avec Heinrish Mustang, pire encore quand on était son fils, ça ne présageait jamais rien de bon. Temperance était bien assez fine psychologue pour le savoir. Il verrait sans doute en Sven une image imparfaite de lui même, un objet de déception ou de frustration seule capable de le toucher véritablement. Il le défierait pour avoir le plaisir de gommer cette imperfection de la surface de la terre ou bien pour le plaisir de le voir se surpasser et de se voir, à travers lui, triompher malgré tout. Dans tous les cas ça ne pouvait que mal finir.

« Il faut que j'aille voir ma tante. Elle protège mon père depuis qu'il s'est échappé d'Azkaban. » Temperance sursauta un brin en entendant le rire soudain de Sven. « Elle pense qu'elle parviendra à en faire un homme bien. » Inutile de dire que cette bonne dame se leurrait mais Temperance ne se permit pas le commentaire bien que le ton de son ami ne laisser aucun doute quant à ce qu'il en pensait... « Tu veux venir avec moi, voir ma Tante Zabrina ? Je pense y aller, histoire de lui poser quelques questions. »
« Tu es une des rares personnes à pouvoir me demander à peu près tout, autant en profiter. », répondit-elle avait un sourire de chat.

Elle se leva, prête à partir sur le champs ou à rentrer retrouver Sylar.