feat. Owen ap Braedan

Aelys se retourna vers Gaelle. Une brise tiède les accueillit. Tout autour d'eux, Brocéliande la majestueuse avait surgi par enchantement. Sans explication, rien... l'instant d'avant les deux jeunes femmes se trouvaient encore dans un canapé à Pré-au-Lard. Aelys fit signe à sa nièce de la suivre entre les arbres millénaires. Sous les pieds nus de la jolie blonde la mousse fleurissait en petites étoiles blanches virginales, mais Aelys ne semblait pas s'en rendre compte, ou du moins ça ne la choquait en rien. Elle était dans son élément là. Elle reconnaissait chaque arbre comme un individu à part entière, et la lumière d'or du soleil qui filtrait à travers la canopée trouvait son pareil dans le blond des cheveux de la fille du barde Taliesin, aimé entre tous.
Elle avait le pas léger et presque insouciant. Un cerf croisa leur chemin dans un bond souple et s'arrêta sur un promontoire un peu plus loin dans les bois pour les regarder passer.

Un instant Aelys s'arrêta, tendant l'oreille.

- Viens, nous avons une journée de marche Gaelle...

Une journée de marche qu'est-ce que c'était à côté du temps qu'il avait fallu pour emmener Gaelle jusqu'ici. Jusqu'à ce moment où elle allait renouer avec ses origines. Il y avait bien des dangers dans Brocéliande mais rien d'aussi mauvais et hostile qu'il y avait à Londres, là où tout ne cherchait qu'à précipiter leur mort.
Un étrange grondement fit vibrer l'air. Aelys tendit le bras sur le côté, comme pour garder Gaelle derrière elle et la protéger de quelque chose d'invisible...

Gaëlle en restait le cul par terre. Assise dans la mousse certes mais le cul par terre tout de même. La transition avait été tellement soudaine que la petite rouquine n'avait pas même eue le temps de dire ouf ni même de se raccrocher à la première branche venue pour ne pas tomber. Et croyez moi jamais canapé ne parait si haut que lorsque vous dégringolez subitement de sa hauteur. Mais pour l'heure ce qui captivait surtout la jeune irlandaise c'était la riche végétation environnante, c'était comme si elles avaient transplanées, mais les sensations, le ressenti, toutes ses impressions étaient totalement à l'opposé. Comment Aelys avait-elle réussie ce prodige ? Est-ce que tout les celtes pouvaient faire ça ? Est-ce qu'elle même en était capable ? Et cette forêt... il y avait quelque chose dans ces bois qui lui mettait le cœur en fête, comme si quelque chose enfoui tout au fond d'elle même résonnait en un lointain échos avec ce monde qui l'entourait.

De joie, Gaëlle s'élança les bras grands ouverts en pirouettant et virevoltant sur elle même, comme enivrée par l'atmosphère. Jour ou nuit elle n'aurait su le dire et s'en moquait. Elle se tenait encadrée entre Aelys et Noreen et dans sa tête rien ne pouvait l'atteindre. Alors quand sa tante se stoppa nette en tendant le bras pour lui barrer le passage, elle se figea à son tour plus de surprise qu'autre chose avant de percevoir à son tour quelque chose d'étrange qui semblait vibrer dans l'air. Curieuse plus qu'inquiète, elle tendit le bras dans la direction dont il lui semblait provenir avec un geste du menton interrogateur.

Aelys détourna un instant le regard vers la main tendue de Gaelle.

- Je n'en sais rien encore... mais ne t'inquiète pas..., chuchota la blonde en s'abaissant.

Elle avait quelque chose de sauvage Aelys et à cet instant, la chemise et la veste en jean qu'elle portait semblaient curieux sur elle. Comme si elle n'était pas faite pour ça. C'était d'ailleurs le cas, mais de cela, Gaelle aurait tout loisir de se rendre compte un peu plus tard. Une bourrasque de vent fracassa quelques branches au dessus de leur tête. Aelys tira Gaelle avec elle vers l'arrière. Il y avait une odeur d'orage dans l'air mais dans le regard de la blonde, ce n'était pas de la peur. Cela ressemblait plus à une forme d'excitation...

Elle leva le nez et eut juste le temps d'empoigner le col de Gaelle et de bondir sur le côté, qu'une énorme branche s'écrasa à l'endroit où elles s'étaient trouvées juste avant. Un esprit était visiblement contrarié, ça n'avait rien de dramatique a priori mais on pouvait tout de même y laisser la vie. Aelys ne s'inquiétait pas pour elle, du moins pas outre mesure, mais pour Gaelle qui ne connaissait pas encore, il y avait du soucis à se faire. Une flèche siffla dans leur direction, juste sous le nez d'Aelys qui restait toujours bien devant Gaelle...

Oh pour ça non, Gaëlle n'était pas inquiète. Du moins pas encore. Il y avait bien trop de choses nouvelles et excitantes pour qu'elle s'inquiète de quoique ce soit alentour. Pourtant à voir la soudaine expression d'Aelys, Gaëlle se mit à scruter vers les arbres alentour à la recherche de ce qui avait bien pu mettre sa tante dans pareil état.

A peine avait-elle fait un pas en avant qu'elle la tira violemment en arrière alors qu'une grosse branche tomba juste à l'endroit où elle se trouvait naguère. Pas même le temps de reprendre son souffle que la voila poussée une fois de plus hors de... de quoi exactement ? Un vrombissement fila juste à ses oreilles, le temps pour Gaëlle de rentrer la tête et de se planquer enfin derrière Aelys comme celle-ci le lui ordonnait incidemment.

Aelys ne cilla pas, forte de l'idée que si on avait voulu la tuer on aurait pas visé juste sous son nez. Elle fronça les sourcils doucement. Elle savait pertinemment qu'elle n'était pas sur les terres de Awstin ap Bledri, chef hostile. Caer Heddwch n'était plus bien loin et c'était là qu'elles trouveraient Hafgan et le père d'Aelys en cette saison. Mais il semblait que les choses prenaient une autre direction. Aelys arracha la flèche de l'écorce moussue dans laquelle elle s'était fichée et un fin sourire passa comme une caresse sur ses lèvres.

- Au moins je te trouve contente de me voir., fit une voix, droit devant elle.

Bientôt un homme sortit de la pénombre. Il était grand, bien plus qu'Aelys et ses cheveux bruns bouclés le donnait plus picte que scot, quoiqu'il les porta plutôt courts pour un celte. Il s'abaissa promptement comme quelque chose cingla au dessus de sa tête, puis il se dépêcha de se rapprocher des deux femmes.

- Je suis toujours contente de te voir Owen. Qu'est-ce qui se passe?
- Drest s'est cru plus malin que tout le monde. Je savais que tu allais venir je me suis dit que tu aurais besoin..., il décocha une flèche droit devant pour dévier quelque chose, ... d'une escorte.

A les regarder impossible de pouvoir dire s'il y avait entre ces deux-là un lien de famille, ou d'une autre nature. Ils se connaissaient c'était tout ce que l'on pouvait dire.

Tu viens à Caer Lial avec moi., ordonna Owen sans hausser le ton. ... c'est plus prudent pour elle., rajouta-t-il comme il connaissait parfaitement bien la tête de cochon d'Aelys.

Il lui jeta un regard appuyé. Les deux se défièrent du regard en silence, puis Owen les empoigna l'une comme l'autre pour les jeter dans un arbre creux, juste au moment où un énorme fracas ce fit entendre derrière eux. Aelys se retrouva le nez dans la poussière, dans une espèce de galerie souterraine.

En route. Mieux vaut ne pas s'attarder. C'est le problème de Drest tout ça. Pas le notre.

Aelys acquiesça et fit signe à sa nièce. Un petit coup d'oeil pour s'assurer qu'elle était encore entière, juste le temps qu'il fallait pour que Owen les ait distancées de quelques bons mètres, leur laissant tout loisir de parler comme elles l'entendraient, du moment qu'elles avançaient. Aelys souriait. Tout avait l'air "on ne peut plus normal". Du moins pour elle.

Gaëlle - Je pense très sincèrement avoir droit à une petite explication concernant la situation actuelle Ae'... Et laisse moi te dire que tes fréquentations laissent à désirer... T'as de la chance de m'avoir avec toi tu sais, j'te servirai de chaperon comme ça ! Première règle, on ne sort pas avec les garçons qui vous tirent dessus !

Cette fois ce fut Aelys qui en en resta muette une seconde avant d'éclater d'un grand rire. Devant elles, Owen jeta vaguement un regard par dessus son épaule. Difficile de dire ce qu'il pensait de cet éclat de rire, ni même s'il écouta quoique ce soit de ce qu'Aelys dit par la suite.

- Des explications, oui en effet. Nous allons vers Caer Lial, le village d'Owen. J'avais prévu de t'emmener directement voir mon père mais il semblerait qu'un jeune apprenti druide se soit cru plus malin que l'esprit du rite. Owen a raison, mieux vaut être prudent dans ces cas là. Il ne faut pas jouer au plus fort avec les Dieux.

Elle avançait toujours d'un pas rapide, à bonne distance d'Owen cela dit. Difficile ici de dire ce qu'elle pensait de lui. Tout ce qu'on avait c'était ce que les deux avaient pu se dire jusque là. Au dessus d'eux la terre gronda. Aelys releva le nez, sentant de là l'odeur de la pluie. Après une heure de marche dans les galeries lovées entre les racines des arbres, Owen décida qu'il fallait s'arrêter.

- Plus loin les galeries vont être submergées par la pluie. Du moins il y a de grandes chances. On va dormir là., là dessus il les abandonna dans un renfoncement et disparut.
- Il va nous trouver de quoi manger., expliqua Aelys, Ca va toi? Pas trop fatiguée?, cela faisait quand même une bonne journée de marche qu'elles venaient de se faire et si pour Aelys c'était une habitude, pour Gaelle ça n'allait peut-être pas être la même chose, Si la pluie s'arrête à l'aube on pourra être à Caer Lial dans la matinée. Des question?

Elle supposait bien que oui. Et puisqu'Owen n'était pas là Gaelle se sentirait peut-être plus libre de dire ce qu'elle pensait.

Chic je meurs de faim ! Ben comme tu vois, je suis crevée et détrempée.

Aelys eut un sourire doux et couvrit sa pauvre petite nièce avec sa veste. Elle aurait déjà moins froid et le souffle de Noireen sur elle achèverait de la réchauffer. La blonde se passa une main dans les cheveux pour se délasser. Elle aussi commençait à avoir faim. Courir sur les toits de Londres ne nourrissait pas son celte...

- Dis la prochaine fois tu pourra au moins me laisser enfiler quelque chose d'autre qu'un simple teeshirt et une culotte ?
- C'est noté je ferais un effort. Je te prêterai une robe quand on arrivera à Caer Lial et puis Owen te prêtera son manteau quand il reviendra ...

Justement Owen...

- Au fait d'où tu le sors celui-là ? Et tant qu'à y être qui est ce Drest et qu'est-ce qu'il veut exactement ?

Aelys fit une drôle de moue, mi amusée mi embêtée.

- Drest? Oh il n'y a pas grand chose à dire de plus. C'est le fils de Seán ap Cerridán. Il devait être confronté à son rite de passage à l'âge adulte ce matin mais c'est un fanfaron., voilà pour Drest, rien à dire donc. Quant à Owen, il est le fils du chef de Caer Lial, Breadan. Quand il a défait les guerriers de mon clan, il n'a demandé qu'une seule chose... et elle lui fut accordée., petit regard malicieux à sa nièce comme elle savait qu'elle poserait la question, Tu apprendras à l'aimer si tu veux bien lui laisser un peu le temps. C'est un guerrier, il est dur c'est dans sa nature. Mais il n'est pas que ça...

- Mh... Ne compte pas trop sur moi pour faire d'effort dans ce sens

Aelys hocha la tête sans rien plus préciser. Elle savait pertinemment que sa jeune nièce finirait par revoir son jugement sur Owen. Elle n'insista pas, surprise malgré tout de ne la voir poser aucune autre question au sujet du guerrier, pour privilégier l'information qui n'était pas importante. Cela lui montrait que la rouquine n'était pas encore assez attentive. Elle ne voyait que la surface du lac qui brille sous le soleil, et non les trésors qui se cachent dans ses profondeurs.

Mais malgré tout, la jolie blonde ne laissa pas la question sans réponse:

- Quand on passe à l'âge adulte, il est de coutume de passer un certain nombre d'épreuves. Cela varie d'un clan à l'autre mais le plus souvent on affronte un esprit-fauve de Brocéliande...
- Le rite?

Aelys détourna le regard vers Owen qui revenait à pas de loup, les bras chargés de quelques fruits qu'il avait pu trouver dans les environs. Il leur tendit à chacune une curieuse racine noire qui ne faisait pas particulièrement envie. Sa main s'attarda imperceptiblement sur celle d'Aelys qui le remercia d'un sourire.

- Je lui explique le B à A BA. Drest lui a fait fort impression.

Owen eut un petit rire moqueur.

- Il n'y a vraiment pas de quoi. Quand tu rencontreras Drest je pense que tout ce que tu auras à en dire c'est que c'est un petit fanfaron qui a besoin de grandir. Il ne faut pas t'inquiéter, on ne craint rien ici.
- Ca arrive parfois...tu ne manges pas?, demanda Aelys en tendant des baies rouges sombres au creux de sa main.

- Combien de temps encore avant d'arriver là bas ?

Owen qui ne comprenait pas le langage des signes détourna le regard, comme pour leur laisser un peu d'intimité. Il termina de manger et se leva pour aller faire un tour de ronde. Lorsqu'il revint, il retrouva les deux jeunes femmes endormies. Un sourire doux et il tira un peu la veste d'Aelys sur son épaule. Il pouvait avoir des geste tendres de ce genre, dont elle n'avait pas conscience. Ou alors elle n'en disait jamais rien.

Le lendemain, c'est lui qui vint les tirer du sommeil, annonçant qu'il fallait se remettre en route. Toujours très pragmatique. Ils arrivèrent à la sortie du souterrain aux environs de midi. A l'air libre, des rires se faisaient entendre. Caer Lial n'était vraiment plus loin.

- Tu vas voir, tout le monde est très gentil dans le village d'Owen. Et puis on va pouvoir faire un bon repas.

Comme elle disait cela, une ravissante jeune fille arriva en courant vers eux. Elle se jeta au cou d'Owen, le visage rieur, comme il la serrait dans ses bras avec un large sourire lui aussi.

- Gaelle je te présente Oona.
- Enchantée., répondit Oona en quittant les bras d'Owen qui lui posait un baiser sur le front.

De prime abord c'était une jeune femme qui respirait la bonne humeur et qu'on imaginait danser d'un pas léger au rythme des musiques celtes.

- J'ai un cadeau de bienvenue pour toi..., fit-elle en sortant de sa poche un petit bracelet d'herbe séchée qui ne payait pas de mine...

Comment avait-elle pu savoir quAelys arrivait avec Gaelle?

Gaëlle suivait les deux celtes, attentives à tout, les yeux grands ouverts comme si elle cherchait à tout voir et tout retenir, émerveillée. Retrouver la voute des arbres après toute cette obscurité n'aurait pu lui apporter plus de plaisir, si bien qu'un court instant elle couru en avant, tournoyant sur elle même la tête renversée en arrière laissant éclater sa joie. Les rires qui parvinrent bientôt à leurs oreilles lui remit les pieds sur terre alors qur Caer Lial était en vue. «Tu vas voir, tout le monde est très gentil dans le village d'Owen. Et puis on va pouvoir faire un bon repas.»

Gaëlle allait répondre quelque chose, le sourire aux lèvres, mais fut prestement coupée par un tourbillon humain qui semblait avoir prit Owen pour cible. La jeune irlandaise nota avec une pointe de surprise la transformation que ce dernier semblait avoir subit. Tiens donc, serait-il humain finalement ?«Gaëlle je te présente Oona.» L'ouragan avait donc un nom, jolie ouragan d'ailleurs pensa-t-elle avec un air appréciateur. Plus grande qu'elle, la nouvelle venue possédait de magnifiques cheveux blonds bouclés qui lui arrivaient aux épaules et de très jolis yeux d'un bleu clair magnétique. «Enchantée.»

Gaëlle lui répondit par un large sourire suivit de quelques signes rapides. Il y avait quelque chose chez cette fille qui parlait à son cœur, elle l'aimait bien sans même la connaître encore. Peut être à cause de son enthousiasme apparent... et aussi un peu du fait qu'elle s'inquiétait soudainement moins des relations qu'Owen pouvait entretenir avec Aelys. «J'ai un cadeau de bienvenue pour toi...» La rouquine ouvrit de grands yeux de surprise mais qui aurait pu dire ce qui la surprenait le plus ? Recevoir ce cadeau inattendu des mains d'une inconnue ou bien que tout le monde ici paraissait déjà au courant de sa venue ? Le bracelet quand à lui était tout simplement magnifique. De petites fleurs de joncs venaient ponctuées les entrelacs d'herbes avec tant de délicatesse qu'elle n'osait à peine l'effleurer. «Merci Oona, il est très joli.»

« Merci Oona, il est très joli.»
« Contente que ça te plaise. C'est Maenowen, notre druide qui l'a enchanté pour toi. », expliqua la jolie Oona comme si de rien n'était.

Elle ne semblait faire absolument aucun effort pour lire les signes de la nièce d'Aelys, un peu comme si cette dernière avait déclamé. Oona se débrouillait de très très loin mieux que la fille de Taliesin elle même... il fallait le faire vous ne trouvez pas?

Aelys sourit. Elle avait comme la plupart des gens ici, cette sale manie de ne pas donner d'explication sur les choses qu'elle trouvait évidente. Et comme beaucoup de choses entraient dans cette catégorie là pour Aelys, au final elle n'expliquait quasiment jamais rien. Comme là par exemple...
Owen fronça les sourcils, rappelant à l'ordre alors qu'il ne s'était strictement rien passé qui puisse le justifier:

« Aelys...»
« J'en aurais pas pour longtemps. Je suis là au plus tard demain matin.», répondit-elle sur un ton léger.

Owen se sentit l'envie d'ajouter quelque chose mais finalement il se tut et la regarda repartir vers la forêt.

« Tu passe la journée avec moi? », proposé Oona pour compenser. Owen acquiesça d'un regard, mais il était contrarié ça se voyait.

A croire que tout le monde ici bas était au courant de sa visite à part elle... C'en était même un peu flippant dans le genre d'après elle. Par contre autre surprise et très agréable pour elle celle-ci, Oona non seulement comprenait les signes mais encore semblait-elle les maitriser à la perfection. Rien que pour cela, Gaëlle eut un vif élan d'affection pour la jeune femme. Puis quelque chose dans l'attitude d'Owen juste à côté d'elles la fit soudainement tiquer et se retourner vers lui et... Aelys ? «Aelys...» Ce que Gaëlle reprit d'un froncement de sourcils inquiet. «J'en aurais pas pour longtemps. Je suis là au plus tard demain matin.»

La jeune femme fit un pas en avant en direction de sa tante avant de s'immobiliser aux côtés d'un Owen à l'humeur sombre, sans même prendre garde au fait qu'elle avait posée sa main sur son bras en un geste de réconfort silencieux. «Tu passe la journée avec moi? » Gaëlle se retourna vivement vers la jeune sœur d'Owen, tout sourire, en sautillant presque surplace. «Oh ouiiii !! Avec plaisir ! Tu me ferais visiter le village et ses environs dis ?» Puis avec un instant d'hésitation et une drôle de grimace comique elle rajouta malicieusement :«Enfin avant tout, tu n'aurais pas quelque chose à ma taille ?» Ce n'est pas qu'elle était particulièrement pudique, mais il fallait bien avouer que sa tenue ne convenait pas tout à fait adaptée aux randonnées en forêt. Surtout une forêt aussi sauvage et ancienne que Brocéliande.

Oona jeta un coup d'oeil à Gaëlle histoire de se faire une idée de sa taille pour les vêtements. Elle ne tarda pas à l'entraîner chez elle, sous l'oeil attentif d'Owen, et par lui dégoter une longue robe de couleur vive et une saie pour couvrir ses épaules.
A voir Oona, et les autres femmes de Caer Lial, on devinait que, pour sauvageonne qu'étaient les celtes de réputation, elle était coquette. Mais elle était suffisamment ouverte d'esprit pour concevoir qu'on n'aime pas vraiment la mode celte:

O O N A Ϟ « J'espère que ça t'iras. J'ai d'autres couleurs si tu n'aimes pas le bleu... tiens regarde. », fit la blonde en lui présentant d'autres robes. color=limegreen] « J'espère qu'Owen n'a pas été trop désagréable. Quand il est inquiet il est un peu brusque, c'est un guerrier. Mais au fond je ne connais pas de meilleur homme. Celle là? »[/color], expliqua-t-elle avec beaucoup de tendresse.

Dans ses yeux on voyait bien qu'elle adorait Owen. On aurait bien pu croire, si on n'en était pas averti, que c'était son époux. Après tout qui défendrait-on avec tant d'ardeur que son mari, son père ou son frère. De toute évidence Owen ne pouvait pas être le père d'Oona. Il n'était pas assez vieux. Quand à être son frère, lui brun, elle blonde, on aurait pu en douter très fortement. Alors ne restait plus que...

D'ordinaire Gaëlle aurait catégoriquement refusée de ne serait-ce qu'essayer la robe qu'Oona lui tendait, mais après avoir passée une journée aussi peu vêtue et le fait de se retrouver en présence de parfait étranger elle ne songea même pas à faire le gros dos, trop heureuse d'avoir quelque chose à se mettre. Le bleu de la robe par contre, jurait atrocement avec ses cheveux aussi rejetât-elle son choix pour essayer une autre d'un vert profond qui faisait ressortir à merveille le vert de ses yeux. « J'espère qu'Owen n'a pas été trop désagréable. Quand il est inquiet il est un peu brusque, c'est un guerrier. Mais au fond je ne connais pas de meilleur homme. Celle là? » Gaëlle tourna la tête vers elle en lui lançant un regard perçant pendant qu'elle l'aidait à lacer le dos de la robe. Elle lui semblait un peu jeune pour s'être mariée avec un homme pareil mais après tout elle ne connaissait pas vraiment les coutumes de sa famille en la matière. Sa famille ? Ca lui faisait vraiment tout drôle de penser ça. En avait-elle le droit d'ailleurs ? A la réflexion elle aimait bien cette idée, elle se mit à penser à sa mère qu'elle n'avait jamais connue et se demanda à ce qu'aurait pu être sa vie dans le cas contraire. Aurait-elle vécue ici entourée de personnes comme Oona, Aelys et Owen ? Peine perdue, toutes ses questions resteraient sans réponse... La robe. Elle se mit à faire quelques pas en virevoltant pour voir comment celle-ci lui allait... Mais même avec toute la bonne volonté dont elle était capable, la petite rouquine ne tarda pas à se sentir étriquée, prisonnière de l'étoffe et aussi maladroite que pataude dans ces vêtements dont elle n'avait pas l'habitude. Juste comme on dit, il suffit de penser à quelque chose pour que cela arrive. Sans crier gare, elle se sentit partir en avant, battit maladroitement l'air des bras dans un réflexe idiot et s'affala face contre terre de s'être pris les pieds dans l'ourlet de cette foutue robe. Enfer et damnation elle savait bien qu'elle n'aurait jamais du accepter de porter un truc pareil ! Check list, poignets ok, chevilles ok, genoux ça avait l'air d'aller les coudes en place, sa dignité... celle là avait du profiter de la chute pour partir en vacance. C'te garce. « C'est là que je suis contente que ton mari ne soit pas dans les parages... J'aurai pourtant parier que j'étais capable de faire plus de trois pas attifer comme ça... Bonjour la crédibilité. » réussit-elle à signer depuis le plancher des vaches avec un sourire comique qui se transforma en grimace. Ouille... bobo...

O O N A Ϟ « Oh! »

Mais trop tard, la nièce d'Aelys s'étalait par terre, partant en avant sans que la pauvre Oona ait rien pu faire pour l'aider. La blondinette porta sa main à sa bouche et s'empressa d'aller ramasser son invitée, se confondant en excuses.

O O N A Ϟ « Je suis désolée, vraiment désolée! Il fallait me le dire, je vais te donner une robe courte. Tu te prendras pas les pieds dedans. »
G A Ë L L E Ϟ « C'est là que je suis contente que ton mari ne soit pas dans les parages... J'aurai pourtant parier que j'étais capable de faire plus de trois pas attifer comme ça... Bonjour la crédibilité. »
O O N A Ϟ « Mon mari?! », répéta-t-elle d'un ton amusé, « Oh ça il n'y a pas de risque. Les garçons ont beaucoup trop peur d'Owen pour venir me faire la cour... hélas quelque part je dirais. »

Elle avait un joli rire clair. Un carillon qui chantait à la gloire d'une belle journée d'été. Vraiment quelle drôle d'idée. Ce n'était pas qu'elle n'aurait pas aimé. Il y avait le beau Taran qui la regardait parfois, mais il n'y aurait eu que Owen pour oser relever un pareil défi. Ou peut-être était-ce elle qui idéalisait un peu trop son frère...

Elle remit le nez dans son coffre, et en sortit une robe qui arriverait sans doute juste au dessus du genou de Gaëlle. Elle n'avait pas de manches, ni de lacets inutiles. C'était une robe pour courir dans les bois plus qu'autre chose en fait...

O O N A Ϟ « Verte en plus! Mh, elle va bien aller avec tes yeux!!»

Elle eut un petit sourire de chat et tendit la robe.

Gaëlle essaya tant bien que mal de dire qu'il n'y avait pas de mal, que c'était pas grave et que tout allait bien, mais plus elle semblait le faire plus Oona semblait s'excuser et plus elle même disait que c'était rien, jusqu'à ce que d'un seul coup elle se mette à rire incontrôlablement, allez savoir pourquoi. Par contre elle ne comprit pas vraiment l'air amusé de la jeune fille enfin jusqu'à ce qu'elle déclare : « Oh ça il n'y a pas de risque. Les garçons ont beaucoup trop peur d'Owen pour venir me faire la cour... hélas quelque part je dirais. » Gaëlle eut un instant de flottement le temps pour elle d'assimilé l'information qu'on venait de lui délivrer sa nouvelle amie. « Hein ? Attends, Owen c'est pas ton mari ? »


La nouvelle robe que Oona lui présenta était bien plus au gout de Gaëlle, même si pour elle rien ne valait un bon vieux pantalon ou à défaut une longue tunique... en fait ouais elle aimait bien cette robe mais chut, vous allez casser sa réputation. Elle adorait être libre de ses mouvements et Oona avait raison sur un point, elle allait magnifiquement bien avec ses yeux. Bon par contre son genoux, lui commençait à prendre une drôle de couleur...

G A E L L E « Hein ? Attends, Owen c'est pas ton mari ? »

Interloquée, Oona regardait Gaëlle avec des yeux ronds. Il passa cinq bonnes minutes avant la bouche de la blondinette ne bée pour laisser filer la réponse d'une Oona toujours pantoise:

O O N A « Mais...'fin...mais... ici on ne se marie jamais avec son frère!! Et puis ici à Caer Lial personne n'a deux épouses. Au pire on peut procéder à un échange d'épouse mais pas en avoir deux en même temps. Owen est déjà le mari d'Aelys... enfin c'est ... compliqué mais c'est Aelys son épouse. »

A la décharge de la pauvre Oona, elle ne savait absolument rien du monde extérieur. Brocéliande était en soi un monde à part, suffisamment vaste pour qu'un celte n'en face pas le tour en une vie ce qui expliquait qu'hormis Aelys dont la mère était née en Alba, personne ne s'amusait à faire des aller-retour entre l'un et l'autre monde. Ici, tout ce qu'on savait du "monde civilisé" c'était qu'il était peuplé d'hommes insensés qui les appelaient eux "les sauvages" et qui mangeaient les entrailles de la Terre Mère sans se soucier du lendemain.
Voilà comment Oona ap Breadan pouvait en déduire que peut-être, dans l'autre monde, les frères pouvaient épouser leur soeur et les pères leur fille et les époux prendre d'autres épouses et ainsi de suite. Bien sûr elle ne jugeait pas étant suffisamment ouverte d'esprit pour se dire que si une société fonctionnait comme ça c'était qu'elle y trouvait un bien au bout du compte et que ce genre de comportement qui aurait mis en péril leurs tribus à eux, ne devaient pas être préjudiciables pour les autres. Sinon pourquoi auraient-ils persisté?

O O N A « Aelys ne te l'avais pas dit? Enfin ce n'est pas étonnant en fait... », conclut-elle plus pour elle même.

[list]Gaëlle rendit son regard à Oona de plus en plus mal à l'aise devant le silence abasourdi de la blondinette. Mais si elle fut interloquée elle aussi, la réplique d'Oona la laissa totalement sur le cul.« Mais...'fin...mais... ici on ne se marie jamais avec son frère !! Et puis ici à Caer Lial personne n'a deux épouses. Au pire on peut procéder à un échange d'épouse mais pas en avoir deux en même temps. Owen est déjà le mari d'Aelys... enfin c'est ... compliqué mais c'est Aelys son épouse. » Gaëlle resta si scotchée par la nouvelle qu'elle resta interdite pendant les cinq minutes qui suivirent, la bouche à sont tour, grande ouverte, comme si sa mâchoire allait tout bonnement se détacher et lui tomber sur les pieds. Jusqu'à ce qu'elle se remette suffisamment pour rugir un :« QUOOOOIIII ??!!! » si tonitruant qu'il dut résonner dans toutes les têtes de Caer Lial et de ses alentours. Aelys. Owen. Owen. Aelys. Aelys était mariée à Owen. Owen avait épousé Aelys. Aelys était la femme d'Owen ?? C'était juste trop choquant, trop abrupte comme nouvelle pour elle, pour qu'elle puisse seulement le concevoir et pourtant... pourtant c'était comme ci une grosse pièce du puzzle se mettait en place et donnait au tout une nouvelle dimension, plus cohérente. Elle était tellement déboussolée par cette nouvelle qu'elle ne songea même pas à reprendre Oona concernant les mœurs matrimoniaux des britanniques d'aujourd'hui « Aelys ne te l'avais pas dit? Enfin ce n'est pas étonnant en fait... » Visiblement pas. Gaëlle décocha un coup d’œil acéré à Oona comme elle poursuivait en marmonnant. « Comment ça, c'est pas étonnant ? »

]« QUOOOOIIII ??!!! »

Oona fit un bond sur place comme elle ne s'était pas du tout attendue à ce que Gaëlle le prenne comme ça.

« Mais... mais quoi? C'est pas bien? »

Pourtant à Caer Lial tout le monde s'était réjoui de voir que Owen prenait enfin femme et qu'il avait gagné la sienne avec tant de bravoure. Et on était tout aussi content de voir qu'il ne s'était pas choisi une épouse docile mais une tigresse qui lui tenait tête. Là où on comprenait bien moins c'était encore à se demander pourquoi il ne la soumettait pas mais on ne pouvait trop rien dire au chef. Enfin il y avait fort à parier que si dans un an ou deux Owen n'avait pas mis son épouse grosse on viendrait lui demander des comptes et les plus jeunes commenceraient à le défier ce qui n'était jamais très bon signe...

« Aelys ne te l'avais pas dit? Enfin ce n'est pas étonnant en fait... »
« Comment ça, c'est pas étonnant ? »
« Oh euh... eh bien peut-être que je ne suis pas la mieux placé pour parler de ça. Peut-être que tu devrais en parler à Owen. »
« Me parler de quoi ? »

La voix sûre d'Owen tonitruait presque comparée à celle de sa soeur. Le guerrier était là, tenant la tenture de la porte d'une main, l'air un peu grave. Oona sentant bien que le pavé était jeté dans la marre, esquissa un sourire misérable à Owen avant de s'excuser et de disparaître assurant à Gaëlle qu'elles se reverraient plus tard. Owen leva un sourcil, puis ses yeux gris roche se posèrent sur Gaëlle, plus conciliants.

« Est-ce que tu avais besoin de quelque chose ? »

Il ne pouvait pas deviner ce qui au juste méritait qu'on lui demande à lui et non à sa soeur...

« Mais... mais quoi? C'est pas bien? » Gaëlle l'aurait secouée comme un prunier en lui hurlant que non, c'était tout sauf bien, mais la pauvre Oona semblait déjà déboussolée, sinon terrifiée par sa violente réaction. Au fond d'elle, elle s'en voulait un peu de l'avoir mise dans cet état, mais la nouvelle l'avait plongée dans un état dont elle n'était pas prêt de sortir. Surtout si on se défilait sans arrêt à ses questions ! « Oh euh... eh bien peut-être que je ne suis pas la mieux placé pour parler de ça. Peut-être que tu devrais en parler à Owen. » Quand on parle du loup « Me parler de quoi ? »

La petite irlandaise avait des airs d'esprit vengeur avec ses poings sur les hanches à darder son regard sur un Owen qui entrait sans savoir ce qui l'attendait. Elle avait beau faire deux têtes de moins que lui, à l'instant où elle se rua sur lui, le menaçant de son doigt, elle paraissait tout aussi imposante que lui. Elle fit à peine attention à ce que lui disait Oona en s'éclipsant, son attention fixée sur son frère. « Est-ce que tu avais besoin de quelque chose ? » Ce qui lâcha la bonde de Gaëlle qui se mit à gesticuler en tout les sens et à toute berzingue. « Ouais, j'ai besoin d'une explication ! C'est quoi toute cette histoire ? Toi et Aelys ? J'arrive pas à y croire ! Qu'est ce qu'elle à bien pu te trouver pour t'épouser ? Vraiment... » Brusquement elle leva les bras au ciel avant de se mettre à faire les cent pas en continuant ses gesticulations. « Vraiment, je perds mon temps en plus à te parler de ça. Tu comprends pas ce que je raconte, pas vrai ? Tss, où diable sont passées Aelys et Oona pour faire la traduction ? » Elle se stoppa net en se retournant vers lui l'air soudainement lasse et blasée, avant de retourner un regard grave au guerrier. « Pff, j'imagine qu'on y peut rien de toute façon... »

« Ouais, j'ai besoin d'une explication ! C'est quoi toute cette histoire ? Toi et Aelys ? J'arrive pas à y croire ! Qu'est ce qu'elle à bien pu te trouver pour t'épouser ? Vraiment... Vraiment, je perds mon temps en plus à te parler de ça. Tu comprends pas ce que je raconte, pas vrai ? Tss, où diable sont passées Aelys et Oona pour faire la traduction ? Pff, j'imagine qu'on y peut rien de toute façon... »

Owen leva un sourcil. Difficile de dire s'il était hilare, contrarié ou perplexe.

« ... je vois que Oona ne t'as pas expliqué que son bracelet n'était pas un simple bracelet... »

Cela tombait sous le sens sans quoi la petite rouquine n'aurait pas fait cette remarque.

« J'ai vaincu tous les guerriers de Caer Heddwch et j'ai réclamé Aelys en tribu de leurs dépouilles. Mais personne ne lui a forcé la main, c'est elle qui a accepté en posant toute fois la condition qu'elle n'ait pas à se...», il s'éclaircit la voix, « ..donner. Ce qui fait de toi ma cousine.», conclut-il quasiment inattaquable.