Matthias s’arrêta au milieu de la rue et leva la tête sur la grande église qui se tenait là, droite et fière devant lui. Ses doigts se serrèrent un peu plus fort sur la lanière de son sac en bandoulière et toutes les émotions remontèrent à nouveau en lui. Le séminaire qu’il n’aurait jamais, la dernière maîtrise de l’exorcisme qui lui serait une bonne fois pour toute fermée. Il baissa les yeux, comme frappait par l’ultime évidence que sa vie tombait en miettes depuis Poudlard. Au Vatican, tout était si monotone, si banale. Ils n’étaient que quatre, et ils avaient vite pris les plis de ne vivre qu’à quatre. On les avait lâchés comme des fauves affamés dans une jungle de tentation. Et où en était-il aujourd’hui ? Il eut un sourire en baissant la tête, comme honteux de ce qu’il était devenu, de ô combien il pouvait être laid à présent, laid comme cent démones. Un pauvre homosexuel frustré, qui ne valait finalement pas bien mieux que cette succube de Mascha. Il les détestait tous tellement dans ses moments.
Il tourna les talons, le mal ayant fait sa besogne en son estomac, à le lui retourner entièrement et lui donnait cette mauvaise sensation d’avoir été frappé profondément dans la chaire. Il avait tellement désiré, pour une fois de sa vie, il avait vraiment voulu, et on lui avait dit non. Il marcha calmement, accrocha par trois fois une cigarette à sa bouche. Il n’était pas tard. Il avait travaillé toute la matinée à l’épicerie, puis il avait été en cours, une heure, et il avait regagné le fleuriste où il avait travaillé quelques heures, et enfin il avait assisté à deux heures de cours sur l’histoire des sorcières brûlées par l’Inquisition moldue. Les coïncidences le tueraient plus vite que la cigarette, sourit-il. Il en alluma une troisième en bas de l’immeuble où il s’arrêta, quelques longues secondes. D’une parce qu’il ne fumait pas dans l’appartement – pour les petits – et aussi parce qu’il n’avait pas encore envie de foire la face de Keith. Parce qu’à chaque fois c’était le même rituel : s’abrutir le corps à coup de nicotine pour oublier, ou tout du moins masquer la fatigue et la lassitude dans ses yeux. Pour ne pas avoir à s’expliquer non plus. Il s’étira, retira la cigarette et la jeta sur le sol, l’écrasant du pied. Bien. Le chemin de croix maintenant. Il monta les marches calmement, pour ne pas être essoufflé une fois arrivé en haut, et toqua trois fois à la porte avant d’y entrer.
Ça avait beau être son appartement avec Keith, il avait toujours eut le mauvais pressentiment qu’un jour, quelque chose changerait à l’intérieur et qu’il ne voudrait pas voir ça. Mais aujourd’hui, il n’y avait rien. Il referma la porte derrière lui et se dirigea aussitôt dans le salon, lâchant son sac de cours au pieds du canapé sans le ranger, sans même y faire vraiment attention, et continua sa route dans la cuisine, affamé. Il n’était que 19h pourtant, mais c’était déjà bien assez pour que le ventre du blond ne réclame de quoi le remplir. Matthias ouvrit la porte du frigo, s’y pencha et en sortit un jus d’orange. Il le posa sur la table et sortit un verre et s’arrêta aussitôt. Il tendit l’oreille, pas rassuré, mais entendit l’eau de la douche coulait. Il eut un sourire en coin, et se servit un verre. Logique. La douche… logique.
Keith Whiteley
SORCIER.► décédé.
► MESSAGES : 236 Sam 14 Mai - 16:47
Un petit cri aigu, c'était à ça que ressemblait le rire d'un si petit enfant. Noah donna un grand coup du plat de la main. Le geste était plutôt incontrôlé mais le splash de l'eau semblait beaucoup l'amuser. Des deux c'était celui qui adorait l'heure du bain. Et visiblement il fallait, comme toujours que son père en profite aussi. Les mèches brunes alourdies par les gouttelettes d'eau tiède, Keith rinça les cheveux de son fils. Nemaniah le premier puisqu'il n'aimait pas l'eau. Il le souleva et le posa délicatement sur l'énorme coussin, juste à côté de lui. C'était toujours le moment où il était un brin nerveux. Difficile de s'organiser, de garder un oeil sur Noah et sur Nemaniah, il y avait toujours un moment où le jeune homme regrettait de n'avoir pas une deuxième paire de bras à disposition. Malgré tout, tout ce passa sans la moindre anicroche. Keith prit ses deux fils dans les bras, un peu comme il put, et sortit de la salle de bain. Le bruit de la porte du frigo lui indiqua que Matthi était rentré. Il poussa la porte de sa chambre du bout du pied, coucha Nemaniah sans problème alors que Noah se mettait à pleurer en s'accrochant au t-shirt de son père. Comme s'il avait eu peur d'être abandonné. Keith n'avait jamais su d'où ça pouvait lui venir. C'était comme ça. Finalement le petit ange abdiqua. Keith enfila un t-shirt sec et sortit.
« Hey... y a de l'osso bucco si tu veux au frigo. Je savais pas ce que t'aurais envie de manger. » , fit-il simplement en voyant Matthi avec son jus d'orange.
Il ne dit rien quand à l'odeur de clope, après tout il n'avait pas vraiment le droit de dire quelque chose. Matthi faisait déjà l'effort de ne pas cloper dans l'appart'. Lui dire qu'il se bousillait la santé? Il devait sans aucun doute déjà le savoir. Par habitude il sortit deux assiettes. Un regard à sa montre. En fait ce n'était que sept heures, il s'était laisser tromper par sa faim.
« On mange maintenant ou t'as prévu un truc? »
Matthias J. de Salamine
MAGISTER. ► ès HDLM.
► MESSAGES : 171 Sam 14 Mai - 17:53
Matthias apporta le verre à ses lèvres en appuyant sur la vieille radio qu’il avait dégoté. D’apparence, elle était vraiment pourrie, à la limite du vintage, mais Matthi’ l’aimait bien, et aussi parce qu’elle captait les émissions magiques et lui permettait de rester en contact avec ce monde quand il n’entrait dans la magie elle-même que de rares heures dans la semaine, son cursus étant davantage basé sur les écrits. Il ne regrettait pas d’avoir pris Histoire de la Magie, loin de là ! mais il ne pouvait pas s’empêcher de constater qu’il lisait plus qu’autre chose. Et ça ne le dérangeait pas. Il étudiait donc l’Inquisition Espagnole et la première épuration des sorcières, un sujet qui n’avait pas cessé de faire rire les élèves de sa classe. Il ne leur en voulait pas ; à force, il avait développé une armure qui le protégeait contre les choses qu’on lui mettait dans les dents. En les avalants, en les encaissants sans rien rétorquer, il avait tout simplement était plus intelligent qu’eux. Après tout, son dernier souvenir du Vatican n’était pas non plus merveilleux, alors il n’allait pas non plus les défendre. C’était encore une aberration de voir que l’église qui avait lutté contre les sorciers avait en son sein une forme de magie unique et particulière que seules les églises, les mosquées et autres dogmes importants pouvaient enseigner. Une aberration qui faisait sourire les élèves sarcastiques. Matthias, en somme, les emmerdait. Il haussa un sourcil en voyant Keith s’arrêtait devant lui, et décrocha de sa bouche son verre, avalant le liquide amer. Le jus d’orange lui bousillait l’estomac, mais au moins, ça lui permettait de ne pas être fatigué.
« Hey... y a de l'osso bucco si tu veux au frigo. Je savais pas ce que t'aurais envie de manger. » Il lui aurait bien rétorqué qu’il n’avait jamais le temps de manger entre les cours et le fleuriste, mais Keith était assez pris par les jumeaux pour que le blond lui mette ça dans la tête. Il eut juste un sourire pincé, et haussa les épaules, le regardant sortir deux assiettes. Il fronça un peu les sourcils, plus vraiment sûr de l’heure à laquelle il venait d’arriver et avisa l’horloge ; mais non, il était bien toujours sept heures. « On mange maintenant ou t'as prévu un truc? » « Mh, j’ai faim mais j’ai une dissert’ sur laquelle plancher… » Il le regarda, un instant, puis détourna le regard vers l’horloge, et repose ses yeux sur lui : « A la limite, tu me racontes ta journée et à la demi, on va dire qu’il sera l’heure de manger, ‘kay ? »
Un simple sourire en coin, adorable, presque trop con. Il se tuait lui-même finalement, à le regarder. C’était dans ses moments-là qu’il aimait juste s’asseoir et l’écouter. Regarder n’importe où et l’écouter. Il tira une chaise, sortit un verre de plus et posa l’eau sur la table, s’asseyant, vraiment sérieux quant à l’idée de l’écouter pour le plaisir de l’écouter. Ça n’avait rien d’une confession – au plus d’un caprice de grand garçon. Matthias fixa ses yeux sur Keith, attendant qu’il réagisse.
Keith Whiteley
SORCIER.► décédé.
► MESSAGES : 236 Jeu 19 Mai - 19:00
« Mh, j’ai faim mais j’ai une dissert’ sur laquelle plancher… » « Oh euh… Okay pas d'soucis. »
Le moins que l'on pouvait dire c'était que Keith n'était pas un colloc' envahissant. Même avec ses deux gamins dont la mère avait littéralement disparu dans la nature. Au début le plan c'était qu'ils se ménageaient un genre de garde partagée, une semaine chacun en gros, enfin comme ça les arrangeaient. Ca avait permis à l'un comme à l'autre de se ménager une vie, et surtout pour Keith, de ne pas imposer ses enfants à Matthi, si adorables fussent-ils. Avec Mascha qui avait complètement quitté le tableau, la donne était différente. Les garçons dormaient dans la chambre de leur père, visiblement pas trop perturbés. Il avait dû lâcher son boulot pour en prendre un autre plus compatible avec ses obligations de père mais qui payait moins bien. Il avait entasser toutes les affaires des petits ou presque dans sa chambre et en vérité, la seule chose qui trahissait qu'il y avait bien deux enfants ici, c'était les biberons dans le placard et les petites bouteilles de lait infantile. Si vous passiez au bon moment, il y avait une chance pour que vous tombiez sur le tapis d'éveil ou le petit parc démontable.
Les yeux verts de Keith se posèrent sur les cheveux blonds de Matthi, un bref instant.
« A la limite, tu me racontes ta journée et à la demi, on va dire qu’il sera l’heure de manger, ‘kay ? » « Et ta dissert'? », fit Keith en tirant malgré tout la chaise en face du blondinet.
Un petit sourire taquin passa sur les lèvres du brun, puis, sans se faire prier d'avantage, il commença à lui raconter sa petite routine. Ses aller et venues entre les chambres de Sainte Mangouste. Némaniah qui l'avait douché à midi avec son biberon et Noah le soir avec l'eau du bain. Il lui raconta l'infirmière Elise qu'il soupçonnait d'avoir des problèmes avec le chef de service des affections magiques pathologiques et cette petite fille qui pensait que son vaccin risquer de lui provoquer "une disparition pas trop logique"... le tout par moment ponctuer de ce rire d'ange, haut et clair, que Keith avait toujours eu. Un rire que le Vatican avait bien souvent puni à coup de trique ou à force de punitions toutes plus mauvaises les unes que les autres. Par chance, le garçon ne gardait de cette époque que les cicatrices dans son dos, et aucun souvenir.
« Et toi les cours? »
Matthias J. de Salamine
MAGISTER. ► ès HDLM.
► MESSAGES : 171 Jeu 19 Mai - 21:08
« Et ta dissert'? »
Matthias regarda Keith, un instant, eut un sourire amusé, soufflant par le nez alors qu’il s’asseyait. Sa disserte. Moins vite il la toucherait, moins il s’ennuierait à définir ce qui avait causer la poussée de la haine de la religion envers les pratiques magiques. La peur d’être pris sur leur champ de domaine ? Ou plus intimement, la peur que le mal vainque le bien ? La Religion gardait ses secrets en son sein, et comme ils étaient tous saints hommes, aucun ne parlerait. Il fallait donc faire une dissertation sur des rumeurs, des on-dit, des hypothèses – tout ce que Matthias détestait finalement, que de faire quelque chose sur du vent, pas vraiment sûr d’où ça finirait. Il avait beau être un des rares croyants du cours, il n’en restait pas moins peut-être le plus terre à terre.
Il le regarda finalement, l’écouta aussi, buvant à la fois ses rires et ses mots, comme si il était un prophète d’une autre époque. Bien sûr, il n’avait pas cette chaleur particulière qui l’avait longtemps bercé, il avait perdu ce quelque chose de frémissant quand ensemble ils se parlaient, mais ça ne le dérangeait pas outre mesure. Il avait finalement succombé à ses propres péchés, encore une fois. Retomber amoureux d’une seule et même âme, pourtant finalement un peu différent de la première. Ce Keith avait quelque chose de moins, mais ce quelque chose de moins le rendait finalement un poil plus fragile que l’ancien Keith, et cette faiblesse, loin d’être féminine, ne faisait qu’embrouiller davantage Matthias. Il savait, Keith n’était pas faible, mais dans son for intérieur, il ne pouvait repousser cette envie impérieuse de protéger ce petit ange du monde extérieur. De le protéger quitte à souffrir lui-même comme il souffrait un peu du travail et des cours, de toutes ses journées à courir pour y arriver. Il faudrait déménager sur le campus tôt ou tard, mais là encore, ça ne serait qu’enfermer davantage Keith dans cette bulle où il n’y avait plus de magie, juste lui et ses fils, et la survie.
Matthias ferma les yeux, avec un sourire tendre comme le récit de sa journée touchait à la fin. Comme d’habitude, sa vie monotone ne lui tira qu’un sourire. Dans le fond, il ne pouvait s’empêcher d’avoir un peu mal pour Keith qui s’était retrouvé père célibataire de deux enfants du jour au lendemain, Mascha ayant disparu du coin, de sa vie – de leur vie. Il aurait aimé l’aider, mais il savait également que ce n’était pas son rôle, et qu’il ne pouvait pas l’habituer à l’aider. Il avait lui aussi ses problèmes, ses devoirs, et … ses heures de sommeil à rattraper.
« Et toi les cours? »
Matthias avisa l’heure, et eut un sourire en coin. Il haussa les épaules :
« De la lecture, que de la lecture. J’ai eut trois heures de cours sur une analyse poussée d’un texte du moyen-âge, et sinon, je suis allé bosser chez Julie, à l’épicerie, et j’ai fait mes deux heures chez le fleuriste. Journée banale, quoi. »
Il eut un sourire, comme pour mettre un terme à la discussion. Il n’aimait pas en parler. De son boulot, de l’école, car finalement, il allait se plaindre, et qu’il n’avait certainement pas le droit de se plaindre devant Keith. Il se leva finalement, sans plus un mot, et tira du tiroir des couverts et des verres. Matthias n’était pas le genre bavard. Il ne l’avait jamais été, et l’était de moins en moins. A Ealdwic, c’était la même chose, le même froid qui s’instaurait à chaque fois. Ce n’était pas vraiment sa faute. Il n’aimait juste pas parler. Il posa les couverts sur la table et sortit le plat de viande qu’il posa au milieu, s’asseyant. Il eut un instant d’hésitation, infime, et prit une prière à l’intérieure de sa tête. C’était une chose qu’il n’avait jamais non plus fait à voix haute, parce qu’il n’y avait aucun intérêt. Il posa son regard sur Keith, attendit qu’il se serve, et commença à manger, le visage serein quoi que fatigué.
Keith Whiteley
SORCIER.► décédé.
► MESSAGES : 236 Sam 21 Mai - 17:06
« De la lecture, que de la lecture. J’ai eut trois heures de cours sur une analyse poussée d’un texte du moyen-âge, et sinon, je suis allé bosser chez Julie, à l’épicerie, et j’ai fait mes deux heures chez le fleuriste. Journée banale, quoi. »
Keith a un petit sourire amusé. On ne se rend jamais bien compte de tout ce qu'on devrait chérir une journée banale. Et pourtant le brun n'est plus tant attaché à la vie terrestre. Quelque part sa mort lui a laissé quelque chose d'un petit peu morbide. Une tranquillité terrible face à l'éphémère qui le sépare des autres et le laisse incompris. Mais il ne s'en plaint pas. Après tout, lui non plus ne comprend plus ce qui autre fois lui semblait si simple apparemment. Dans ses relations à l'humain, il n'est que bonté et générosité. Il donne autant qu'il peut mais il a oublié qu'il faut aussi prendre. Prendre parfois quand on ne vous donne pas...
Toujours égal, il se sert et se met à manger. Ses boucles brunes qu'il n'a pas coupées depuis un petit moment lui adoucissent le visage et, c'est vrai, il ressemble à Elemiah. Quelque chose en moins cependant. Quelque chose tapis dans le vert de ses yeux et qui a le douce-amer de la nostalgie. Ca ne se voit presque pas en vérité. Mais c'est bien là. Tout d'un coup, il se crispe et étouffe un petit cri plaintif mué en grognement plus rauque. Sa fourchette retombe dans l'assiette dans un tintement sonore. Il y a quelque chose à l'intérieur qui lui fait terriblement mal. La douleur lui paralyse presque le bras mais il s'oblige à délier ses doigts, comme pour atténuer la sensation. Ce n'est pas comme si c'était la première fois que ça lui arrivait. Il sait que ce ne sont rien de plus que les anges qui lui parlent. Fou? Non pas encore, du moins pas du point de vue d'un exorciste mais pour le commun des mortels... Doucement, il tourne la tête dans un sens puis dans l'autre avec la sensation que chaque fibre de son corps est en train de se déchirer. Mais ça passe... petit à petit...
« C'est rien. T'aime? », demanda-t-il en désignant le plat d'un petit signe de tête.
Il préférait ne pas se fier à lui même pour savoir ce qui était bon ou pas. Généralement, il mangeait sans envie particulière c'était, juste un besoin de son corps.