LET IT ALL BURN!
C’était un soir calme, comme tous les soirs. Jusqu’à maintenant, il n’y avait pas eut d’éclat de voix ou de grandes disputes comme il en avait eut cent entre Mahel et Lucian. Ca avait été le calme, juste le calme. Lykkos n’était pas bavard comme Milly, pas piquant comme Lucian, pas joueur comme Lazarus. Il était autre chose, et Mahel s’en accommodait. Après tout, elle n’aurait pas vraiment pu se plaindre comme elle lui avait demandé de l’accompagner. Maintenant qu’il était là, elle profitait du moment. Elle lui avait proposé un bout de chemin, à deux. Au sens propre du terme. Jusqu’à la belle Istanbul, ses marchés et sa grande ville, bruyante mais tellement chaleureuse. C’était ce qui manquait le plus à Mahel peut-être, cette compagnie chaude qu’avait cette famille, cette façon de la pousser alors qu’elle marchait, juste pour le plaisir de la voir réagir aussitôt, de la voir s’offusquer et hurler. Sa famille lui manquait, mais c’était toujours comme ça au bout d’un moment. C’était souvent le cas quand elle ramassait des branchages pour faire le feu, pour le dîner, pendant que Lykkos chassait. Elle pensait beaucoup, à Milly surtout, sa “petite” soeur. Mais tout ça était bien loin. Il n’y avait, dans cette forêt, qu’elle et Lykkos. Et c’était déjà beaucoup. Elle releva le nez, les bras chargés de branche et de brindille. Un coeur de sciure de bois pour faciliter le démarrage du feu. Elle avait appris ça d’un trappeur. Elle renifla l’air. Quelque chose avait changé. La question était : quoi? Elle resta un instant sur place puis tourna le dos. Elle se faisait encore des idées. Elle fit quelque pas jusqu’au camp mais une odeur plus singulière la fit s’arrêter à nouveau. Elle regarda au dessus de son épaule, mais rien à l’horizon. Folle. Elle tournait folle. Elle secoua la tête, dépitée, et repartit jusqu’au campement, formant un cercle parfait avec les branches, allumant aussitôt pour qu’il y ait un peu de braise quand Lykkos reviendrait. Elle se posa à côté de son sac, gardant un oeil sur les arbres et l’horizon, perplexe. Elle avait ce pressentiment, ce moment de déja-vue. Comme si quelque chose en elle brûlait sans qu’elle ne le voit. Un signal. C’était sûr, c’était un signal. Ça voulait clairement dire “tiens toi prête, il va arriver quelque chose de grand”. Dans le cas présent, elle ne se demanda pas quoi, mais quand. Elle gardait tous ses sens en éveil, et le plus important - l’instinct - comme une arme aiguisée. La main posée sur son couteau cranté (le mouvement dont elle aurait besoin en cas de surprise devrait être le plus rapide possible). Au moindre mouvement suspect, ça serait un bain de sang.
“ Bêêêêê”
Lykkos venait de revenir, tenant un énorme mouton par la laine. La bête mettait de la mauvaise volonté mais le loup avait un large sourire. Ca allait les changer des cerfs.
“ Tu es nerveuse?” demandait le lycien en même temps qu’il égorgeait la bête sans autre forme de procès.
Une gerbe de sang bien rouge gicla sur le sol, mais le loup contint l’hémorragie au mieux du plat de la main, gardant la tête de la bête en l’air pendant qu’elle mourrait. D’ordinaire, il une prise pareille il l’aurait mangée toute crue sans prendre la peine de s’adonner à aucune sorte de préparation. Mais là c’était différent. Il avait de la compagnie. Relevant le nez un instant, le lukk fléra ce que le vent avait à leur donner comme nouvelles, puis reposa ses yeux sombres sur Mahel.
“ J’aime pas cette odeur. ”
La louve se leva, cherchant quelque chose à travers les arbres, mais rien. Il n’y avait rien, et pourtant, elle le sentait. Cette odeur de cendre chaude. Elle était sûre : elle n’avait déjà sentie quelque part. Il y a longtemps peut-être. Elle fronça les sourcils, un brin inquiète. Cette odeur lui donnait mal à l’estomac sans bien savoir pourquoi. Elle recula d’un pas, agacée, et sortit de son sac un deuxième couteau. Un loup en cage n’aurait pas été plus nerveux. Elle n’aimait pas ça. Elle fit le tour du feu et fit une dizaine de pas dans la forêt, restant en vue de Lykkos. Mais toujours rien. Elle s’accroupie, et même à niveau des buissons, rien. Elle devenait folle ou il y avait cette odeur de plus en plus persistante? Lykkos la suivait du regard, lui aussi attentif. Cependant lui ne trouvant rien de familier à cette odeur en particulier, et sachant que c’était la saison des grands brûlis, n’était pas aussi troublé que Mahel. Il reste vigilent pourtant. La règle d’or d’une vie comme celle des lukks. Il finit par lui faire signe d’approchait comme il attaquer à découper la viande et à déosser la bête avec une dextérité remarquable. Ce serait fait en un rien de temps.
“ Si tu as un vrai doute, mieux vaut manger cru et déplacer le camp. Laisse-donc le feu.”
Il fronça les sourcils, se rinçant les mains avec l’eau de sa gourde pour retirer le sang qui lui collait à la peau, une pratique qui ne lui était pas habituelle. Si Mahel y prêtait attention, elle remarquer aussi qu’il avait également pris garde à ne pas tâcher ses vêtements. Pourtant on savait bien que les lukks se moquaient généralement de ce genre de détail. Généralement il faisait un tour tout en habit dans la première rivière et l’affaire était réglée pour lui. Mahel releva le nez, puis tourna la tête, fixant Lykkos comme elle marchait vers lui. Elle s’arrêta pourtant, une énième fois, un frisson lui remontant le long du dos. Ses pupilles se rétractèrent aussitôt. Le feu. Elle eut un feulement malgré elle, bondissant droit devant elle. Une colonne de feu immense comme un loup ancien traversa la forêt à une vitesse impressionnante. Une attaque qu’elle connaissait par coeur. Elle se releva d’un autre bond, fixant un point qui n’existait pas. Ce salaud avait déjà transplané. Cette odeur, maintenant, elle s’en souvenait. Leur dernière rencontre s’était soldé par une défaite de Mahel. Six semaines cloué au lit. Il ne l’avait pas mis à mal ; il l’avait détruite. Mais elle n’avait pas peur. Parce que si elle commençait à avoir peur maintenant, ce combat était fini davance. Elle regarda Lykkos, mais ce n’était plus vraiment le temps. Une deuxième colonne se préparait déjà, brûlant bien plus loin dans la forêt.
“ Je savais que j’aimais pas cette odeur. ” souffla t-elle avant de se mettre en mouvement, pour éviter d’avoir le poil roussi par la colonne qui s’élançait à nouveau, et cette fois-ci directement sur le campement.
Avery Klyde jugeait l’ennemi de loin, ennemi vicieux et vile. Lykkos lui aussi observait. Il avait eu écho de ce fameaux Klyde, par rapport à Mahel. Guerrier patient comme son père, il ne montrerait aucune de ses armes avant d’être sûr de pouvoir frapper et toucher sa cible. Dénouant ses épaules dans un dur craquement, il scrutait les colonnes de flammes qui ne tarderaient pas à les encercler complètement. Il ne faisait pas bon moisir ici. D’instinct il tendit le bras vers la jeune louve, laissant sous entendre qu’ils ne restaient pas là pour voir ce qui allait se passer ensuite. Par définition, Lykkos évitait le combat quand c’était possible, pourtant on savait que peu d’adversaires avaient vraiment de quoi l’inquiéter. Un regard à Mahel. Ils levaient le camp, tout de suite.
Elle le regarda, hocha la tête et le suivit. Enfin, sur une dizaine de mètre à peine car une autre colonne de feu leur barra le chemin. Elle eut un grognement, son regard glissant par instinct vers la droite. La tignasse rouge feu au loin indiquait qu’elle ne s’était pas trompée. Elle eut une moue agacée et reprit la flamme, son pieds piétinant les flammes sans peur. Elle n’avait pas envie de rester, pas envie de le revoir, mais ce n’était pas le cas de tout le monde. Klyde Avery adorait absolument Mahel depuis qu’elle lui avait arraché un oeil, quand il n’était encore qu’un simple humain, sans pouvoir, triste et seul. Maintenant qu’il avait pactisé par un djinn, le jeune homme se retrouvait à la tête du Département d’Elite des Djinns de la Helsing Corporation, avec carte blanche en ce qui concernait les attaques de front. Hugo Van Helsing n’avait pas peur d’une guerre : c’est ce qu’il cherchait.
Le rire dément de Klyde Avery s’entendait de là où les deux loups étaient là. Son rire... ça l’énervait. Ca l’énervait vraiment. Il fallait qu’elle se souvienne. Elle avança plus vite à côté de Lykkos, sans pouvoir le rattraper, mais ça ne l’inquiétait pas. Elle n’était pas faite pour être rapide mais puissante. Elle avait une hallebarde sur le dos : comment aurait-elle pu être rapide? Un cercle rouge s’enflamme et une tignasse rousse en sortit. A quoi? Vingt mètres d’eux, peut-être plus. Mahel s’arrêta aussitôt, le fixa. Elle fit un pas en arrière, par habitude. Ce n’était pas de la fuite. Se rappeler de ce qu’avait dit Vasco, toutes ses années. Ce qu’avait dit Nabor et Lapyx aussi. Mais rien n’arrivait dans son crâne que les souvenirs.
“ Ma dame, monsieur... ” Klyde, entourait de flamme, sortit du cercle, les poings toujours en feu, toujours attentif. “ On me fait infidélité, Mahel? ”
Il rit. Il rit et ça l’énerve. Elle s’offusquait, fronçait les sourcils, la lame de son couteau cranté glissant lentement à l’extérieur. Elle n’avait qu’une envie : le tuer. Mais elle ne pouvait pas. Première règle d’un duel à mort : ne sous-estime jamais ton ennemi. Seconde règle : si ton ennemi est plus fort, bat toi quand même; la fuite est pire qu’une mort. Mahel sortit entièrement la lame de son petit fourreau. Lykkos posa une main sur l’épaule de la petite louve, exerçant une légère pression. La première règle pour aborder un combat, peu importe l’adversaire, c’était la tempérance. Fuir aux yeux de Lykkos était aussi une option. Non pas qu’il était lâche mais il risquait rarement la vie d’un plus jeune inutilement, instinct de protection de l’espèce sans doute. Dans tous les cas, il n’agirait pas en tête brûlée. Il ne tirait même pas ses épées, laissant passer à qui le voudrait qu’il n’était pas prêt. Il l’était pourtant, prêt et bien prêt.
“ Je ne suis pas friand de bavardages inutiles chasseur de tête...”
“ Je ne t’ai pas parlé, chien. ” lança Klyde, avec un air dédaigneux. Il ne manquait plus que ça : un clébard qui parle. C’était peut-être la meilleure, tiens. Il joignit ses mains et les flammes rouges virèrent au bleu. Autour de lui, la nature était déjà morte, brûlée, calcinée. Cette vieille odeur de cendre. Mahel grimaça, elle regarda sur le côté, une seconde à peine. Trop, sans doute. “ Mais puisque tu es pressé... ”
Mahel n’était pas prête. Pas à ça, en tout cas. Les flammes bleus virèrent à l’éclair jaune puis bleu. Tout autour de Klyde, ça crépitait. Le plus haut degrés de chaleur qui mettait le feu aux arbres autour. L’éclair est attiré par le fer, c’est bien connu. Mahel recula d’un pas, comme Klyde avançait. Un éclair, ça ne les tuerait pas. Sauf si cet éclair touchait leur crâne, leur cervelle, et le grillait sur une bonne dizaine de minute. Pour leur faire connaître la douleur, en passant. Et... Mahel se décalla, un éclair passant, éclatant un arbre. Est-ce qu’il était vraiment ...humain, ce gars? Lykkos n’attendit pas d’avoir une réponse ni une seconde attaque pour riposter. La chaleur ne l’avait jamais incommodé, merci les régions inhospitalières dans lesquels les lukks traînaient leur carcasse à l’année, même si là ça n’avait bien sûr rien de commun. On entendit le crissement particulier de l’adamantine sur les harnais de Lykkos. La pierre dure et noire solide et quasiment inaltérable qui n’avait pour seul défaut que son poids. Les deux épées râclèrent le sol soulevant une vague de sable lancé à grande vitesse vers le djinn dont les flammes, plus chaudes que la moyenne ne manquèrent pas de faire fondre le minéral, le changeant en une matière liquide dangereusement chaude et surtout collante. Lykkos n’attendit guère de voir le résultat. En un claquement de doigt, il avait revêtu sa forme la plus naturelle. Celle d’un immense loup au pelage cassis, presque noir, le poil ras. Sans prévenir, ses crocs se refermèrent sur l’avant-bras de la rouquine qui se retrouva balancée à cheval sur la bête. Personne ne chevauchait les lukks de lycie, certainement pas un aussi racé que Lykkos, qui parce qu’il venait de Qadesh serait toujours dans le coeur de Lukk. Mais les circonstances ne permettaient pas d’épargner la tradition. Lykkos était un loup fort et rapide. Aussi fila-t-il tout droit dans un premier temps, soulevant sur son passage un nuage de poussière qui faisait écran opaque. Puis, avant que tout ne retombe, le loup c’était faufilé hors de vue dans la forêt en flamme, là où on ne penserait pas le voir. Il courrut sans relâche, grognant par moment. Il emprunta les chemins de schiste sur lesquels ses pas de loup ne marqueraient pas puis, comme par chance, ils n’étaient plus si loin d’Istanbul, la Magnifique, il dévia plein nord, trouvant refuge dans la grotte maritime la plus humide qu’il put trouver. Là, le coeur prêt d’éclater sous l’effort considérable qu’il venait de fournir, il s’allongea doucement pour ne pas désarçonner son cavalier avant de se laisser tomber sur le flanc la langue pendante mais l’oeil brillant, toujours attentif. Bientôt la marée monterait et ils ne pourraient plus sortir jusqu’au petit matin. Elle resta près de lui, mais toujours prudente. L’oreille tendu, elle cherchait une odeur, quelque chose, mais rien ne venait. Crispée, elle attendait, puis les heures passèrent, et la marée fut là, empêchant quiconque d’entrer ou de sortir. Alors elle se détendit, un peu, toujours sous l’effet de l’adrénaline. Elle ne se rappelait plus de qui l’avait dit, mais un de ses frères lui avait dit : “la bravoure, c’est quand tu es le seul à savoir que tu as peur”. Sans doute avait-elle eut peur, sinon comment expliquait qu’elle n’avait rien essayé? Elle baissa les yeux, honteuse. Elle avait vraiment honte. Honte de s’être laissée faire, d’avoir attendu. Que dirait Masael? Non, pire, Vasco si un jour il l’apprenait? Elle posa ses mains sur sa tête, la posant sur ses genoux pour réfléchir, un instant. Il fallait qu’elle réfléchisse. Lykkos la regardait faire. Il suivait sans trop de mal le chemin des pensées de la petite rousse. S’il n’avait pas dû s’en tenir à sa forme de loup, il le lui aurait dit: fuir ce n’est pas toujours être lâche. En revanche frapper sur un coup de tête pour bêtement, inutilement perdre sa vie, ç’aurait été de la pure bêtise. Aucun guerrier censé n’aurait pris cette option, qu’il ne fuit fou ou suicidaire. Certains l’étaient. Pas lui. Il eut un long long grognement guttural et se leva pour aller coller un coup de langue sur cette sale petite teigne qui lui tenait compagnie. Il croyait voir la mauvaise tête de Lefteris quand il y avait quelque chose qui le turlupinait. Elle releva le nez, le fixa avec ce regard de tueur qu’elle avait quand quelque chose n’allait pas, mais finalement soupira, posant son front contre sa gueule.
“ J’suis désolée. Tout ça c’est ma faute. Si j’avais … mh, non, je savais. J’aurais du rester à la maison. ”
La guerre n’était pas vraiment loin, et elle avait tenu tête à son père. Ca avait hurlé dans la maison, parce qu’elle voulait partir, parce que si c’était la guerre, ça serait peut-être la mort. Si c’était la mort, elle voulait avoir marcher une dernière fois. Juste une dernière fois. Elle fronça doucement les sourcils. Il lui souffla à la figure comme début de réponse, puis il montra les crocs. Quelqu’un qui n’aurait pas connu ce fauve se serrait enfui tout de suite mais Mahel certainement pas. Il lui mit un coup de la tête sans ménagement, puis lui mordit l’épaule sans y mettre vraiment de quoi percer la peau. De l’affection à la lycienne sans doute, ou bien peut-être la grondait-il, comme les adultes avaient toujours à le faire avec les louveteaux. Finalement il l’attira contre lui, sa tête passée sans mal par dessus l’épaule de Mahel. Un espèce de ronronnement résonnant du fond de sa gorge, comme une vibration lente et pénétrante. Douce peut-être. Si ça n’avait été par égard pour elle, le vieux lukk aurait repris sa forme humaine, bien assez peu pudique pour cela. L’humidité ambiante les glacerait sans aucun doute au fil de la nuit mais mieux valait ça que le feu et la mort, surtout si la mort était stupide. La guerre approchait, Lykkos ne pouvait pas se permettre de manquer sur le front. Il était fort et si pour une raison ou une autre, il avait dû ne pas y être, alors oui, il aurait vraiment manqué. Allongée juste à côté de lui, la fatigue la frappa, mais elle lutta. Tout d’abord avec force, puis les paupières se firent lourdes, vraiment lourdes. Et elle tremblait de froid, sans se plaindre, sans un mot. Elle fronçait parfois les sourcils, quand un courant marin venu d’on ne sait où passait les fissures du fond de la caverne, infimes fissures qui permettaient à plusieurs insectes de venir et repartir. Le courant passait dans son dos, et elle grognait pour elle, accrochée à Lykkos. Mais le froid de la grotte se fit encore plus terrible, et si elle était habituée à la chaleur de l’Andalousie, à une chaleur suffocante, elle avait également connu le froid de la norvège. Et une seule chose marchait contre ce genre de froid : une bonne fourrure. C’était dans ces moments qu’elle maudissait sa mère d’avoir une fourrure courte. Ca aurait été tellement mieux une bonne fourrure, bien longue... Mais non. Elle se décrocha de Lykkos, s’étendit, et ses os craquèrent en choeur. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas transformée - parce qu’elle n’en voyait aucune utilité, chassant à la main - et s’ébroua. Son pelage était court, rouge feu comme ses cheveux, mais un éclair blanc marquait son ventre jusqu’à son poitrail, ultime marque des Lusitanie en somme. Un étrange mélange entre deux meutes. Elle se secoua une dernière fois et vint se coller à Lykkos, sans aucune gêne, car c’est ce qu’elle faisait avec ses frères et sa soeur quand en Norvège ils étaient pris dans le blizzard, ou quand ils traversaient un désert... Tous ses moments là. Elle ronronna un instant, imaginant l’immense masse de son père, et Milly se glissait entre lui et leur mère, Lazarus, Landres et Lucian ne manquant pas de faire leur place également, et elle... Elle grimpant sur son père, surplombant le tas de fourrure, le vieux Masael grognant des importuns qui s’accaparent sa couche. Mais là, il n’y aurait que Lykkos et elle. Elle enfouit son nez sous sa gorge de Lykkos, fermant les yeux. Elle se sentait en sécurité. C’était rassurant. Rassurant et .. calme. Vraiment calme. A sa façon il la serra bien contre lui, un brin dominant sans le vouloir, mais il semblait que cet amas de fourrures dépareillées ne faisait plus qu’un, le temps d’une courte nuit. Il ne dormit que d’un oeil, mais suffisamment pour se reposer. Dans sa meute, il y en avait toujours au moins un qui ne dormait pas. Plus selon le contexte. Il n’y avait que pendant les toutes jeunes années qu’on dormait à poings fermés. Un peu avant l’aube, quand la mer redescendit, il s’écarta de Mahel tout doucement, surtout sans la réveiller, puis descendu sur les rochers, un coup d’oeil alentour, il reprit forme humaine et se plongea dans la Mer Noire. Pêcher en mer c’était plus simple comme ça, et puis l’eau fraîche faisait du bien à sa peau halée par le soleil de Qadesh. Elle ouvrit un oeil, regarda où elle était. La caverne. Elle roula sur le côté, mais elle était plus légère qu’à l’habitude. Elle arqua un sourcil, leva la main et remarqua de longs doigts, fins et blancs. Super. Elle était sous sa forme humaine. Elle soupira, se redressa et tira à elle son sac, le seul qu’elle avait pu sauver. Elle en sortit le sous-vetement le plus vieux du monde : la culotte. Une ingénieuse invention! Elle tira une chemise et la déchira en une bande longue, qu’elle entoura autour de sa poitrine, la serrant comme elle le pouvait, à la manière des femmes d’une autre époque, amazone ou nonne, qu’importe, pourvu que ça ne la gêne pas. Elle tira une dernière bandelette et s’attacha le peu de cheveux qu’elle avait en une queue de cheval ridiculement petite, mais au moins, ça lui dégageait davantage la vue périphérique. Elle tira un pantalon militaire, plus large qu’elle, et le serra avec une ceinture de fortune en corde. Et enfin enfila un t-shirt blanc, marcel typiquement masculin, mais qui allait comme un gant. Peut-être à cause de ses épaules un peu trop larges pour être vraiment celles d’une femme. Elle se redressa, avisa ce qui restait dans son sac. Quelques pierres précieuses au fond, offertes par son grand-père, et une pile de vêtement propre. C’était ce qui comptait le plus, les vêtements. Les gens n’aiment pas voir rôder des gens nus, aussi bien fait soit-il. Elle releva le nez, regarda autour d’elle en raccrochant à sa ceinture les armes qui gisaient sur le sol. Ses deux couteaux et son épée lycienne. Voilà. Prête. Elle remit en place les dernières choses qui traîner et attira à elle Beatriz, vérifiant qu’il ne lui était rien arrivé. Cette chose était peut-être ce qui compter le plus aux yeux de la louve, plus encore que son corps. Qu’on lui tranche le lard, pourvu qu’on ne casse pas cette beauté forgée. Au même moment un énorme loup noir bondissait dans l’entrée de la caverne la gueule pleine d’eau. La Mer Noire était connu pour être relativement pauvre en poisson. Il s’ébroua avisant Mahel d’un drôle d’air presque amusé, si tant est qu’un loup ait pu le paraître. Elle eut un regard de seigneur russe, relevant le nez, ce qui la rendait à la fois arrogante et amusante :
“ Si tu me mouilles encore, j’te tonds. ”
Et Lykkos d’en remettre une couche juste histoire de... il se retrouvait le poil tout hérissé, puis tournant le dos, en signe qu’ils ne s’attardaient pas plus longtemps, il désigna Istanbul. Elle voulu rétorquer mais se tut, et se releva, tirant son sac sur son épaule, secouant sa tête pour que les mèches mouillées retrouvent leur place initiale dans le chaos qu’était les cheveux de Mahel. Elle se rapprocha de Lykkos, prête à prendre la route malgré qu’elle n’avait ni manger la vieille ni ce matin. Elle avait connu pire, à jeuner toute une semaine à cause des bêtises humaines. Comme la fois où elle s’était retrouvée en plein milieu d’un affrontement et que bêtement, elle s’y était mêlée. Bêtement. Elle ne faisait plus ce genre de faute. Elle avait beaucoup appris de ses années à voyager seule. Elle avisa le loup cassis, et grimaça :
“ Si tu restes comme ça, ça va être la repère. ”
Un grognement qui signifiait probablement oui. Lykkos se posa pour réfléchir un instant. A Istanbul les gens avaient toujours été, et étaient toujours des amateurs de luxe, et de vanités. On y trouvait encore des montreur d’ours, des montreurs de bêtes plus grosses, plus étrange même, et lui, l’immense loup au poil ras ne pouvait pas passer pour un chien. En revanche, avec son harnais toujours sur le dos, parfaitement ajusté grâce aux sangles coulissantes que les lukks utilisaient depuis des lustres, il pouvait passer pour une bête domestiquée. Il suffisait de ruser suffisamment. Il se contortionna du mieux qu’il put pour retirer ses fourreaux tout en arme du harnais et les déposer de Mahel, chose qu’aucun lukk n’aurait tolérer de faire en temps ordinaire. Il n’y avait rien de plus intime que les armes. D’un coup de dent il s’appropria ce qui tenait lieu de ceinture à la rouquine. Il lui jeta la corde dans les mains, grognant comme un ours mal léché. Une laisse. A lui. Son père en aurait été malade. Ne restait plus qu’à trouver un moyen de dissimuler cette voyante chevelure rousse qu’avait Mahel. Mais ça, ce n’était pas de son ressort. Il se coltinait déjà la laisse... Elle tenait la laisse, à peine. Il voulait vraiment... ? Elle arqua un sourcil, mais ne dit rien, parce que ça aurait été l’énerver, et sans doute le mettre encore plus à mal qu’il ne l’était. Elle eut un semblant de réflexion et tira de son sac un éternel keffieh noir et le mit à la façon des bédouins. Si elle avait le teint clair, ses yeux verts l’auraient facilement fait passer pour une de ces femmes du désert. Enfin, avec ce pantalon et le marcel, ça ne s’accordait pas très bien. Elle grogna. C’était ridicule. Elle sortit un énième bout de tissu, le vira, et plongea la main plus profond dans le sac. Il n’y avait rien. Alors elle serait prise pour une de ses gamines pro-anarchistes. Istanbul était une grande ville, alors il fermerait les yeux sur une gamine de seize ans d’apparence, avec un keffieh noir et un pantalon militaire. Elle attrapa la laisse, remit le sac sur son dos, et regarda la hallebarde avec un soupir. Elle le savait. Ce n’était pas une arme de voyage. Elle se maudit dix fois et l’entoura un drapeau aux couleurs de la Jordanie. Elle eut une réflexion, mais la Turquie ne pouvait que bien s’entendre avec la Jordanie, en tant que berceau de l’humanité. Elle ramassa les armes de Lykkos et les rangea à sa ceinture. Alors là, elle ressemblait à un bédouin hyper dangereux, le genre sanguinaire. Cool. Elle passerait les portes d’Istanbul comme ça... Elle secoua la tête, dépitée, et rangea les poignards dans son sac. Il ne restait maintenant plus que trois épées à caser... Alors là, c’était le cirque. Trois épées. Elle les rajouta au sac, les bourrant tant bien que mal, mais ne força pas. Le but n’était pas de percer le cul du sac. Elle regarda à quoi ressembler son sac... Et ça ne ressemblait à rien. La pauvre hallebarde ressemblait à un oriflamme avec un drapeau d’un pays dont elle ne connaissait quasiment rien si ce n’est la langue et l’actuelle situation. Un chien énorme en laisse, qui ne manquerait pas de la mordre si elle tirait dessus. Et un sac plein à craquer, qui ne supportait pas le poids des épées à coup sûr. Elle eut un rire nerveux et dépité, tirant deux épées du sac, les accrochant à sa ceinture. Elle ne pouvait pas faire mieux. Elle remit le sac sur son dos, attrapa la laisse, hochant la tête pour faire comprendre à Lykkos que... qu’elle était “prête”, si on pouvait le dire. Ils se mirent en marche et évidemment, aux portes de la ville on les regarda d’un drôle d’air. Le loup fit mine de passer la queue entre les pattes au moindre regard de sa “maîtresse” ce qui suffit à convaincre qu’il était bien “dressé”. On lui demanda pourtant de lui passer un muselière. Le loup dut vraiment prendre sur lui pour ne pas gronder. Il montra les dents aux gardes mais pas à la rouquine. Deuxième problème:
“ Et ça? C’est pour quoi?”, demanda l’un des douaniers en désignant le sac de Mahel et l’énorme truc emballé qu’elle trimbalait. Et elle du prendre sur elle pour ne pas répondre “c’est un cadeau de ta mère, connard”, un poil agacé par le temps que ça mettait de passer avec un chien et un sac d’arme. Elle laissa glisser le sac à ses pieds, enlevant lentement le drapeau de la magnifique pièce forgée.
“ C’est le dernier modèle d’Hallebarde que j’ai eut en Espagne que je comptais revendre ou échanger contre de quoi manger. Ca et les épées. ” Les gardes dépassaient du sac, ça aurait été trop dur de mentir. Elle ferma les yeux, jugeant que c’était déjà suffisant comme explication, surtout qu’on ne pouvait pas se battre avec une telle arme, pas vrai? “ Ceux sont des modèles d’exposition. Ce ne sont pas des armes. ” dit-elle, dans un dernier petit rire. Les douaniers échangèrent un regard mais après quelques minutes de réflexion ils laissèrent passer la gamine et son “chien” bizarre. Lykkos en avait l’épine dorsal hérissée. Le regard mauvais, ses yeux noirs jetaient des flammes mais les passants se retournaient sur eux. Là un petit gamin sautillait bêtement sur place, aux yeux du loup blessé dans son orgueil il avait l’air d’un petit pot de jelly à la viande qui tremblait sur place.
“ Maman maman!!! Le chien!”, et le gamin de traîner sa mère voir le “chien”. Lykkos détourna la tête pour ne pas exploser sa muselière et le bouffer. “ Il est méchant? Est-ce qu’il a déjà mangé quelqu’un? Il aime les bonbons? Tiens le chien... allez allez mange le chien! Han il grogne!!!! Fais ton grrrr, fais ton grrrr, allez fais ton grrrrr!!!!”
Mahel fronça les sourcils, mais se retint de tout simplement le giffler. Un chien. Donc. Elle toussa.
“ Il mange quatre gamins par jour, alors tu ferais mieux de reculer. ” Et comme le ton était sérieux, presque dur quelque part, ça avait un impact certain. Les gamins... Aucun respect.
“ Mmmh, la demoiselle a raison Abdul, recule donc un peu.”
“ Même pas peur! Je peux l’avoir dis, je peux l’avoir!!!”
“ Combien pour votre chien mademoiselle?”
A travers le pelage noir, on pouvait voir les veines du “chien” saillir.
“ Il n’est pas à vendre. ” dit-elle dans un sourire forcé, se forçant à être poli. Après tout, ils n’étaient pas sensés savoir que sous ce pelage noir se cacher un grabataire de loup colérique. Elle détourna la tête, cherchant des yeux une “auberge”, sans plus se soucier du petit garçon. Mais d’autres gens s’étaient amassé autour d’eux, croyant qu’il s’agissait d’un spectacle. Lykkos gronda mais après une seconde, il accorda un espèce de regard à Mahel lui collant son énorme patte sur l’épaule. Les gens applaudirent bêtement et se mirent à leur jeter des pièces. La louve arqua un sourcil, sans bien comprendre ce qui se passait, pourquoi il y avait ce bruit métallique sur le sol, ayant le regard rivé sur la patte noire. Elle tourna la tête et la petite foule disparaissait, attirait par un gorille plus loin qui venait d’apparaître. La rouquine pencha la tête et profita finalement pour reprendre la marche, s’extirpant des grandes rues où ils seraient plus tranquilles, laissant derrière eux des enfants hurlant de joie, ramassant les pièces orphelines. Mahel s’arrêta un moment dans une petite ruelle, soupirant. Elle s’accroupie, regardant le loup.
“ Quel genre d’auberge... d’hôtel, va accueillir un loup dans une chambre? ” elle grimaça. Une écurie? Ce n’était peut-être pas le meilleur choix pour le pauvre loup. Elle passa ses mains de chaque côté de sa gueule et lui enleva la muselière. Tout pendant qu’ils éviteraient les grandes rues, il ne la porterait pas. D’une, parce qu’elle imaginait un peu la haine qui devait fourmiller en lui, et de deux, parce que c’était vraiment, vraiment cruel. Elle se remit à marcher et plus loin, une femme étendait sur le sol des vêtements “pas chers”, et “du pays”. Ça sentait juste la fibre chinoise à plein nez... La louve approcha, intéressée, et se pencha au dessus du stand qui n’était pas vraiment grand, mais ça suffirait. Elle jeta un regard au loup qui l’accompagnait. La femme en face tremblait déjà, comme si elle croyait qu’elle allait la menacer avec sa bête pour lui piquer ses vêtements de mauvaise qualité. La louve glissa sa main à l’intérieur de son sac, tirant deux pierres : une opale et un magnifique saphir, bruts tous deux. La femme arqua un sourcil, alors que Mahel jetait un regard au loup, une dernière fois, tirant un peu au hasard ce qu’il pourrait enfiler plus loin. Elle acheta ainsi un ensemble seulement et donnant l’opale à la femme qui bégaya qu’elle n’avait pas de monnaie, mais Mahel et le loup étaient déjà loin, ne se souciant que peu de la valeur d’une pierre de plus de cinq cent ans. Elle pencha la tête, et il n’y avait personne dans la ruelle humide. Ca sentait mauvais. C’était peut-être ça qui faisait fuir les gens. Elle laissa passer le loup, et tourna le dos. Pas parce qu’elle était pudique, mais parce qu’elle n’avait pas vraiment envie que quelqu’un passe et voit le loup se changeait. Elle lui tendit les affaires, le laissant se débrouiller. Il y eut un craquement rageur, un bruit de tissus froissé, et Lykkos, le beau prince de Qadesh était de nouveau là, l’air noir. Dans l’ensemble de draperie à la mode oriental, il semblait tout simplement dans son élément, ses yeux noirs et ses traits de syrien semblaient parfaitement accordés à l’ambiance d’Istanbul. Il eut un vague grognement qui signifiait autant “on n’en parle pas” qu’”on y va maintenant”, tout en rajustant son harnais à taille humaine pour y remettre ses épées. Il sortit du petit cul de sac à grands pas, l’air mauvais mais la tête haute. Il avait toute l’allure d’un prince et les regards des femmes sur lui faisait du bien à son égo malmené. Pour une fois, il n’irait pas les chasser ni leur faire peur pour avoir la paix. Il ne les calculait pas plus que d’habitude pour autant mais bon... Il poussa la porte d’une auberge comme s’il avait été le maître des lieux, excès de vanité qui n’était que le reflet de sa mésaventure du jour.
“ Je veux une chambre avec deux lits. Et je la veux tout de suite.”
“ B...bien... monsieur...”
Le réceptionniste lui tendit les clés d’une chambre mais quand il voulut les accompagner Lykkos l’envoya promener et monta avec Mahel, plus taciturne encore qu’on avait l’habitude de le voir.
Il s’assit sur le lit.
“ Ce soir on rentre, je te ramène chez ton père. Je vais nous commander à manger.”
Elle se jeta dans le lit, se lovant dans le douillet qu’elle avait toujours connu, sans plus écouter Lykkos. Il aurait pu annoncer la fin du monde que ça n’aurait pas compter. Mon dieu, y avait-il meilleur qu’un lit, un matelas de plume et un oreiller? Elle ronronna comme un chat et arqua un sourcil quand Lykkos sortit, faire ce qu’il avait dit qu’il allait faire et... qu’elle n’avait pas entendu. Elle serra l’oreiller contre elle, virant son keffieh, comme un chat rouge retrouve le confort du canapé après une journée passée à la journée. Elle se tourna dans le lit, regardant par la fenêtre. Elle se rappelait de toutes ses fois où Milly était venu dans son lit, par peur d’aller voir son père et sa mère, ou même parfois parce qu’elles savaient qu’il ne fallait juste pas. Elle remua dans le lit, tantôt sur le dos les bras en croix, tantôt en boule. Puis se redressa. Ça manquait de quelque chose. Elle se leva, tira son sac jusqu’à la salle de bain adjacente à la chambre et ferma à clef. Un bain chaud. Elle en avait rêvé! Elle fit couler l’eau, bouillante, et vira ses vêtements pour se glisser à l’intérieur, ses cheveux collant à son front. Bientôt Lykkos remonta, deux plats de viande d’agneau finement tranchée en lamelles savoureusement épicées (c’est là que tu vois que la narratrice commence à avoir la dalle u.u). Le fumet du plat envahit la pièce, mais le bruit de l’eau laissait bien deviner qu’il attendrait un peu. Il était un prince, pas un sauvageon contrairement à ce que l’on disait des lyciens. Il l’attendrait pour manger, et même si pour lui l’endroit était le pire du monde (aucun lukk n’aimait rester trop longtemps avec un toit au dessus de sa tête), il appréciait quand même la chaleur, l’odeur de la viande, et le reste. Mahel ne fut pas vraiment longue. Même si c’était un bain, et qu’elle avait l’habitude d’y baigner, le fumet de la viande avait laminé l’envie de confort. Dommage. Elle essora ses cheveux mal coupé, les attacha mouillé, et s’entoura d’une serviette, ouvrant la porte, les yeux brillants. Elle n’avait qu’une envie : manger. Elle approcha du prince, mais n’eut aucun regard pour lui. Là, ce qui l’intéressait, c’était... mon dieu, ça sentait trop bon. Elle repensait au mouton qu’ils avaient lamentablement perdu. Elle se posa toute proche, regardant Lykkos, comme si elle cherchait qu’il commence à manger. C’était comme ça, à la maison. On se posait, et on attendait que Vasco commence à manger pour manger. C’était une sorte de respect. La place du mâle protecteur avant les petits, sans doute.