NOBODY SAID
IT WAS EASY

« Les nuits s'enchaînent sans que je ne puisse trouver la force de résister à mes cauchemars. Ils sont de plus en plus violents, et la peur de m'endormir m'assaille, me rend anxieux. Je suis accablé, oppressé par l'abstrait de mes songes, n'arrivant même pas à me réveiller de moi-même, comme si j'étais piégé dans mon propre sommeil. Je n'ai d'admirable le fait de retenir mes cris, au détriment de ma gorge, irritée, blessée. Elle me brûle autant que mes yeux, fatigués de retenir les larmes qui les assiègent. Que dois-je faire ? Quoiqu'il m'arrive de rêver, je me plonge malgré moi dans un profond coma. Mon réveil dépend de ma réaction face aux atrocités de mes chimères. Je ne sais encore combien de temps cela va durer, tout ce que je demande, c'est une nuit, une seule, sans tomber dans les méandres funèbres de mon esprit. »

Cette nuit tant désirée n'aura finalement peut-être pas lieu. L'adolescent n'eut qu'à sceller ses paupières pour s'endormir. La fatigue n'était plus qu'une douce amie, présente sous ses prunelles bleutées, sous la forme d'adorables cernes violettes. Quels supplices crapuleux voilà. Plongé dans ses draps, tourné sur le côté, son visage si tendrement enfouis dans l'oreiller, il n'eut plus qu'à s'égarer dans le monde si mystérieux des rêves pour aspirer à, qui sait, se retrouver dans un territoire idyllique, et pouvoir enfin dormir tranquillement, ne serait-ce qu'une nuit. Malheureusement pour lui, la porte tant désirée ne s'ouvrit pas, le laissant dans un couloir sombre, humide et étroit. Tomas regarda autour lui, effectuant un pivot de la tête, avant de se rendre compte qu'il ne pouvait plus bouger son corps. Cette sensation d'étouffer, il la connaissait que trop bien. L'air semblait se raréfier. À plein poumon, il tenta de capturer le peu d'Oxygène qu'il pouvait trouver, ne voyant même pas les murs qui se refermait sur lui, comme les serres d'un rapace se refermant sur sa proie. Il était aveugle, sourd, muet. Seule la sensation d'être piégé était encore présente. Plus d'air, il plongea. Poumons noyés, poitrine brûlante, cœur stoppé. Toute sa cage thoracique était endolorie, comme si elle était entrain de se faire broyer. Du sang, son sang. L'eau avait le goût du sang, l'odeur du sang. Mais il ne voyait rien. Avait-il encore ses yeux ? Ou comme son cœur, venait-il de se les faire arracher ? Souffrance insoutenable, et dans un torrent infernale, l'achevant, le capturant dans ses vices, il se réveilla.

Souffle coupé, yeux écarquillés, tout son corps venait de s'élever, brusquement. Ses sueurs froides perlaient le long de son visage. Sa gorge était sèche, sa respiration difficile. Tomas posa machinalement sa main sur son cœur, complètement affolé. L'autre se logea devant ses yeux, submergés par les larmes d'angoisses. La fatigue le consterna, anéantissant le peu de force mentale qu'il lui restait, pour le faire craquer, le faire pleurer une bonne fois pour toute. Hors de question. L'adolescent se leva de son lit, difficilement, se tenant prudemment au mur le plus proche. Il souffla un bon coup, appuyant sa main sur son ventre tout aussi retourné par le cauchemar. Il déglutit, s'approchant silencieusement de l'unique fenêtre de la chambre, s'appuyant aux barreaux et y reposant son front, brûlant. Reprendre son calme était la seule marche à suivre désormais. Il n'arrivera pas à fermer l'œil de la nuit, c'est indéniable, mais si au moins il pouvait éliminer tous les malaises qu'il venait d'accumuler, ce sera déjà une bonne chose de faite.

Pas même le froid rigoureux des barreaux n'avaient réussis à apaiser les flammes brulantes des démons de ses nuits. Ses paupières lourdes, il s'autorisa à fermer un instant les yeux. Une nuit encore, où il devra lutter pour ne pas retomber dans les pièges satyres du sommeil, une nuit encore, où il devra rester là, debout, immobile, égaré entre deux mondes : Celui de la peur, et du désir. Éveillé Tomas se sentait en sécurité, apte à réagir face aux imprévus, qu'ils soient offensifs ou non. Mais dans ce cas présent même le fait d'être conscient l'effrayait. Aussi juvénile que puisse-être cette crainte, elle demeure fermement encrée dans la psychologie même de l'adolescent. La peur du noir n'a jamais été inconnue à ses yeux. Il n'est pas de ceux qui paniqueront une fois la nuit venue, il va cependant refouler cette angoisse au plus profond de son être. Là est-ce peut-être la raison de ses cauchemars ? Oui, dans un sens, cette possibilité serait compréhensible, néanmoins elle ne serait là qu'une infime partie de ce qui compose tout ce problème psychique.

Tomas était aveuglé par l'obscurité de la pièce, rendu sourd par ses pensées désabusées & noyé dans un mutisme désolant, si bien que seul le touché était encore perceptible. Or, ce n'est bel et bien que lorsqu'une main se posa sur son épaule, qu'il put s'en rendre compte. La surprise était d'ailleurs telle, que l'adolescent se retourna vivement, chassant malgré-lui ce qui devait être un signe de réconfort, si gracieusement offert. Yeux grands ouvert, légèrement relevé vers son interlocuteur, il n'eut comme réflexe que de reculer, se heurtant la seconde qui suivit au mur. Il n'eut pas le temps d'aller bien loin. La personne face à lui était sensiblement reconnaissable : avec sa voix, de prime abord. C'était un élève de la même année que la sienne, appartenant bien évidemment aux Gryffondors. Aleksander, il ne sait plus comment. Outre ceci, c'était donc son camarade de chambre. Tomas déglutit face à la première affirmation du blond. Il demeura aussi muet que précédemment, ne daignant lui répondre qu'une fois questions posées.

« Oui je vais bien. » Affirma-t-il sans hésitation, bien que la sincérité de ses propos reste à démontrer. « Non non ça va… » Déjà, remarquez la tournure que cet interrogatoire prend. L'adolescent passa une main sur sa nuque, fixant d'un regard embarrassé son voisin, avant de lui-même se décider à lâcher quelque chose. « Pourquoi tu ne dors pas, toi ? » Certes, cette question n'a rien à voir avec le sujet de base. Mais que voulez-vous, Tomas n'aime pas être le centre d'attention. Il resta donc là, songeant finalement à s'appuyer contre le mur, reposant un instant son corps, bien que faiblement. Pour être franc, cette situation le gênait plus qu'autre chose. Se retrouver coincé entre deux points donnés est quelque chose qui l'angoisse. Dans ce cas-ci, il était piégé entre le mur, derrière lui, et Aleksander. Bien entendu, le Gryffondor ne semble pas être dangereux pour un sou, néanmoins c'est une présence non négligeable, et dont naturellement, notre protagoniste est à même de se méfier.

Les minutes s'écoulant, la patience du blond s'évapora. Il déglutit une énième fois et détourna son regard bleuté sur le côté. Au final, qu'est-ce qu'il veut l'autre ? L'adolescent serra les dents, fronçant de surcroît les sourcils, lâchant, cash. « Bon, tu veux quoi alors ? Si je n'ai pas envie de dormir c'est mon problème, pas le tient. » Oh ? Deviendrait-il agressif ? Oui, sans aucun doute. La fatigue faisant, Tomas se sent vulnérable, c'est un fait. Et une fois ce sentiment encré dans son esprit, la première chose qui lui vient à l'esprit, c'est de grogner. Oui, comme un chien pourrait le faire. Il ne va pas mordre, mais simplement grogner. Ce qui, dans un sens, est terriblement mignon.

L'invitation n'avait rien de malveillant, certes, mais elle n'avait que le goût amer de l'ordre, aux yeux de Tomas. Là était-ce peut-être encore ce côté grincheux qui persistait à vouloir s'ajouter dans les vices de l'adolescent ? Bien sûr qu'il ne bougea pas. Pourquoi irait-il rejoindre docilement ce qui éveille en lui l'angoisse ? Il n'est pas maso, bien loin de là. C'est même probable que la douleur soit le pire sentiment qu'il soit à même de rencontrer. Ainsi donc, il resta solidement en place, fixant son voisin en haussant un sourcil, perplexe sûrement. Le blond face à lui semblait fort simplet : croire naïvement qu'il peut atteindre Tomas avec de futiles paroles est tout aussi inutile qu'idiot. Notre protagoniste, n'entend que ce qu'il veut bien entendre, et rien d'autre. Aleksander prit comme directive de lui indiquer de retourner dormir d'un simple signe. Qu'au final, le blond ignora totalement. Cet entêtement était assez agaçant à la longue, c'est vrai, mais le gryffondor avait le mérite d'être persévérant, c'est déjà ça. En outre, cette assurance qui émanait de son camarade était admirable, mais elle inspirait à la fois la méfiance. Tomas n'avait de cesse, ces derniers temps, observé le jeune homme. Il était plutôt extraverti, sociable et bienveillant. Néanmoins, il n'a pas cherché à approfondir davantage les minces informations qu'il avait de lui. Il sait qu'il a des origines vélanes, point. Enfin, qui ne le sait pas ? C'est presque comme s'il s'appeler « La Vélane » au lieu d'Aleksander.

Tomas poussa un énième soupire face à l'acharnement de son camarade. Il l'observa, glissant les mains dans les poches de son short à carreaux et s'absentant un moment dans ses pensées. Sa méfiance même le fatiguait, à vrai dire. Il vint se frotter la joue, analysant toujours plus vigoureusement la personnalité du blond, bien qu'au final, il ne sache toujours pas que faire ou que dire. L'ex-Serpentard, inspira un bon coup, avant de daigner se montrer plus coopérant. Il leva ses prunelles bleutées vers leurs voisines, et afficha une moue accablée, et perplexe à la fois. Se confier ou non, telle était la question. « C'est que… » Murmura-t-il entre ses fines lèvres, sans pour autant arriver à terminer sa phrase. Il fronça ses sourcils, avant de, subitement, retrousser l'extrémité vers le haut et pousser, ce qui semblait être un petit gémissement consterné. Il jeta un vif coup d'œil vers son lit, puis vers les autres garçons présents dans la pièce, profondément endormis. « … Je ne peux pas dormir. »

L'adolescent se mordit la lèvre inférieure. Il venait de briser toute une partie de la méfiance qu'il avait envers Aleksander, jusqu'à même aller au-delà de toute espérance : Tomas attrapa brusquement le bras de son camarade et le tira légèrement vers lui. Sa main tremblante empoigna maladroitement le poignet le blond, le serrant naturellement pour le garder près de lui, pour capter toute son attention. Son regard se noya dans les prunelles du cinquième année, et sans se détacher de son regard, il lui susurra : « Dès que je ferme les yeux et que je m'endors, je vois des choses, des choses … Dégoûtantes ; Du sang, des cadavres. J'entends des cris, des pleures ; J'ai l'impression d'étouffer, j'ai l'impression qu'on m'arrache les tripes. J'vois des chiffres, des Runes, des visages que je ne connais même pas… J'y comprends rien ! Et je ne peux même pas me réveiller, j'y arrive pas. » Ses yeux s'étaient d'eux même écarquillés dans une terreur obsessionnelle. Il n'avait jamais confié ce secret, pas même à ses parents, non, surtout pas à eux.

Il lâcha Aleksander, cachant mécaniquement ses yeux avec l'une de ses mains, reprenant péniblement une respiration normale. Lâcher tout ça l'avait retourné. Il déglutit et revint sagement s'appuyer contre le mur derrière lui. Finissant tout de même par reporter son attention sur son camarade. « Tu dois croire que je suis fou. » Sourire amer, et le blond baissa les yeux, ne rajoutant qu'une fois son calme repris : « Surtout, ne le dis à personne …! » Ce n'était pas un ordre, mais plutôt une supplication.

Souffle coupé. L'adolescent resta inerte, seul son cœur, venant de faire un bon immense dans sa poitrine, semblait encore vivant. La chaleur du corps d'Aleksander lui était méconnue, totalement nouvelle. C'en était embarrassant, terriblement. Jamais il n'avait été aussi proche de quelqu'un, et jamais l'on ne l'avait pris dans ses bras aussi affectueusement. Ses joues s'empourprèrent d'elles même tandis que sa poitrine n'avait de cesse de tambouriner contre le torse de son camarade. Son visage frôlait celui du blond, il pouvait humer son parfum sans difficulté, et ressentir toute la douceur exquise de sa peau. C'était comme si, tout ce à quoi il pensait il y a quelques secondes, venait d'être réduit en cendre. En cet instant même, son esprit était vide, éteint. Il ne pensait plus, il éprouvait. Quoi donc ? Un profond bien-être, un sincère réconfort. Ses mains vinrent timidement se glisser dans le dos du Gryffondor, caressant malgré lui, son enveloppe charnelle, si savoureuse puisse-t-elle être. Toujours plus incertain, il plongea son visage dans le cou de l'étudiant, touchant du bout de son nez sa chaire délectable. Ses fins doigts vinrent s'accrocher au tissu, l'empoignant fermement, refusant par tous les moyens de lâcher prise, comme si cet instant était plus précieux que tout au monde. Tomas ferma ses paupières, s'abandonnant à la chaleur qui émanait du corps d'Aleksander, sans arriver à s'en détacher.

Ainsi, le blond indiqua à notre protagoniste la meilleure marche à suivre : en parler à l'Infirmière. Certes, Tomas y avait déjà songé, ce à maintes et maintes reprises d'ailleurs, mais pour au final arriver à la conclusion que l'adulte devra obligatoirement prévenir ses parents, ce bien avant de lui administrer quelconques remèdes. Il secoua donc légèrement la tête de haut en bas, pour acquiescer, bien qu'au final il sait pertinemment qu'il n'ira pas la voir, à moins qu'Aleksander l'accompagne. Et encore ! Faut-il arriver à le persuader. Néanmoins, il le sait, il ne tiendra pas longtemps s'il s'entête à ne pas dormir. Tôt ou tard, il croulera sous la fatigue, c'est indéniable. Cependant, jusqu'à ce que ce jour arrive, Tomas compte bien jouer l'insomniaque, ne serait-ce que pour éviter, une fois encore, de retomber dans ses macabres cauchemars.

Sans s'y attendre, le Gryffondor l'invita à dormir à ses côtés, pour cette nuit. L'adolescent desserra son étreinte, doucement néanmoins, se détachant péniblement d'Aleksander pour finir par passer sa main sur sa nuque. Il leva ses prunelles bleutées vers lui, et esquissa timidement un petit sourire, gêné. « Ouais…Si tu veux. » Pour être franc, le « Si tu veux » était surtout présent pour ne pas montrer une entière réjouissance, bien qu'au fond Tomas soit réellement rassuré. Disons qu'il est peut-être un peu trop fier et narcissique pour l'avouer ? Quoiqu'il en soit, il suivit son camarade jusqu'à son lit, s'installant le premier, se glissant sous les draps et se collant légèrement au mur pour laisser suffisamment de place à l'élève, pour que dans un second temps il reste une certaine distance entre eux. Tomas se coucha, reposant sa tête sur sa main, laissant tout naturellement l'oreiller à son propriétaire. Qu'il, au passage, n'osa regarder. Il faut avouer que la situation était un tant soit peu embarrassante. Deux garçons dans le même lit, à moins qu'ils soient frères, c'est assez étrange. Enfin, l'ex-Serpentard ferma ses paupières pour la seconde fois, avant d'esquisser une petite grimace. La peur de s'endormir l'assaillait encore. Il déglutit et ré-ouvra les yeux, portant son doux regard sur son camarade, le suppliant presque de ses prunelles humides. «Est-ce que…Je peux te tenir la main…? » Il ne sait si cela chassera ses songes funèbres, mais au moins, il se sentira déjà plus en sécurité.

« Je ne sais si mon cœur avait un jour autant tambouriné dans ma poitrine. Et je ne sais encore moins si ce désir, que j'eu ressentis en cet instant, n'avait été aussi puissant que ceux qui l'eurent un jour précédé. Mes yeux s'étaient embrumés eux-mêmes, et je n'avais de cesse de lutter contre le sourire béat qui s'acharnait à vouloir s'immiscer à travers les traits de mon visage. Je n'avais qu'une seule envie : me rapprocher, encore et encore de lui et ainsi sentir la chaleur de son corps, les battements de son cœur et être bercé par son doux souffle, si délectable. Je voulais enfouir une fois encore le bout de mon nez dans son cou, effleurant sa peau de mes lèvres, retenant ardemment le baiser qui menaçait de s'en échapper. Je voulais aussi entrelacer mes doigts aux siens, enchaîné par l'avidité qui me poussait à découvrir chaque parcelle de son enveloppe charnelle, aussi infimes puissent-elles êtres, sans que ma raison ne puisse y avoir une quelqu'un emprise. Je ne désirais que son corps, dans son entièreté : l'explorer, le toucher du regard, le caresser de mes lèvres, et bien plus encore. »

Ses joues s'empourprèrent à nouveau en sentant les chaudes mains d'Aleksander envelopper la sienne. Il baissa naturellement les yeux, sa timidité l'y forçant. Tomas était tendu, c'était indéniable, et de ce fait il n'osait faire aucun mouvement, c'est à la limite même si sa respiration n'était-elle pas aussi méticuleusement contrôlée. Il ferma une nouvellement fois ses paupières, fronçant légèrement les sourcils en laissant s'échapper de ses lèvres un fin soupire, n'ayant comme signification que ce qui semblait être un encouragement, pour affronter son sommeil. Néanmoins, une nouvelle fois, une boule d'anxiété se forma à l'intérieur même de son corps. Il serra l'une des mains du blond, avant d'abandonner et d'ouvrir ses yeux. Un énième soupire s'échappa de sa bouche, se murmurant à lui-même –bien que son camarade puisse sensiblement l'entendre– « J'vais pas y arriver. » Le Gryffondor leva ses douces prunelles vers son voisin, l'observant longuement, sans un mot. Le sentiment qu'il ressentait en ce moment même, était plus puissant encore que le simple désir d'être près du blond. C'était étonnement … Étrange. L'adolescent réfléchit pendant un bon moment, avant d'enfin, oser se décider à se rapprocher de son compagnon. Il se glissa vers lui, doucement, ayant pris soin de fermer les yeux, sa réserve l'y obligeant naturellement. Son crâne vint se déposer sur l'oreille gentiment offert par Aleksander, et de par sa proximité avec l'étudiant, ses cheveux blonds se mêlèrent à leurs voisins, amoureusement. Son genou vint se heurter timidement à l'une des cuisses du sorcier, affolant d'autant plus les battements de son cœur, de par la maladresse du touché. Il esquissa une légère grimace, s'apparentant à une moue embarrassée. Dans un dernier geste de tendresse, Tomas attira les mains de son camarade vers son visage, désireux de profiter de la chaleur de sa peau en la collant délicatement contre le coin de sa bouche, ses lèvres quant-à elles, ne manquant pas de se reposer sur ses phalanges. D'un simple murmure, achevant le peu d'angoisse qu'il restait en lui, il susurra à Aleksander un simple : « Merci. » Suivit d'un « Bonne nuit » Après quelques minutes de somnolence, qui se changèrent très vite en un profond sommeil, pour la première fois en près d'un mois : Serein.

« Mes yeux s'étaient ouverts, avec une légèreté inconnue et une facilité oubliée. Avant de discerner quoique ce soit avec mon regard embrumé, j'eu, de prime abord, le sentiment exquis d'être enfoui dans un doux cocon. Ma main caressait quelque chose d'étranger: un tissu ouaté, brûlant d'une chaleur enchanteresse et je sentais le battement hypnotique d'un cœur paisible. Mon corps, dans son entièreté, avait été attiré par l'effervescence de l'enveloppe charnelle d'Aleksander, sans que mon embarras ne puisse-y-avoir une quelconque emprise. J'étais blottis contre lui, si bien dans ses bras avant même de pouvoir le distinguer aisément. Mon visage était calé entre son bras et son épaule, humant à chaque prise d'oxygène son parfum sucré. Pas même le fait qu'il soit un garçon, n'a réussis à me détacher de lui, la seule chose à quoi je pensais : C'était rester, des siècles si je le pouvais, ainsi. Mon unique désir était de passer une nouvelle nuit à l'identique de celle que je venais d'écouler. Alors que l'obscurité n'éveillait en moi que la peur, l'aube de ce nouveau jour avait donné naissance à un tout autre sentiment…Inqualifiable. »

Mais quelle heure était-il ? Il s'autorisa deux petites minutes, faisant semblant de dormir, les yeux semi-ouverts. Cette nuit là, il n'avait rêvé de rien, ou peut-être si ? Néanmoins il ne s'en souvenait pas. C'est comme si la présence d'Aleksander avait chassé toute la souffrance qu'engendrait ses cauchemars, comme si, rien qu'avec la chaleur de son corps, il avait éliminé toutes les peurs de l'adolescent. Tomas se redressa légèrement, appuyant tout un côté de anatomie sur son coude, lui-même délicatement enveloppé par le bras et les côtes de son camarade. Sa main était resté sur le torse de l'étudiant, et, penché sur lui, il l'observa, le fixa d'un regard profond, tentant de découvrir la force qui se dissimulait dans son âme, à travers ses prunelles bleutées. Il se mordit la lèvre inférieure, passant à la suite de ça, sa langue sur celle-ci. Rien, il ne voyait rien. Il voulait se dire que c'était normal, oui, normal de voir son cœur s'affoler ainsi. Mais pour quelle raison ? Guidé par ses désirs, le blond se pencha sur son camarade, venant déposer ses lèvres sur la joue de celui-ci, sans un mot. Or, tout s'enchaîna très vite dans sa tête, qu'était-ce donc … ?!

Image accélérée, il voyait une petite tête blonde, Aleksander ? Puis des larmes. Il entendait les battements de son cœur, il voyait des personnes…Inconnues, totalement inconnues puis ce qui semblait être sa mère, et enfin son père. L'espace de cinq petites secondes, il venait de voir ceci, comme si son esprit s'était plongé dans une phase de transe inexplicable. Tomas se redressa vivement, les yeux écarquillés, son cœur tout aussi affolé que dans cette sorte de vision étrangère. Il déglutit, passant une main sur son visage. Il devait être un peu dans les vapes…Pas étonnent, il n'avait pas autant dormis depuis plusieurs semaines. L'adolescent esquissa un vif petit soupire, amer et perplexe sur ce qu'il venait de lui arriver. Oui…Il devait être encore un peu endormi, c'est ça. Le blond reporta son attention sur Aleksander, pinçant ses lèvres, rougissant un peu. « Hum…On va peut-être pas parler de cette nuit…? Enfin, si les autres élèves l'apprennent et que ça remonte aux oreilles des Serpentards, je risque d'avoir des ennuis…Et je pense que toi aussi. » Aussi, le jeune étudiant se redressa, passant au dessus de son camarade pour descendre du lit et venir s'asseoir au bord du sien. Prenant bien évidemment soin de ne pas réveiller les autres élèves de la chambre.

Il était sur le point de récupérer ses affaires, posées là, au bout de son lit. Correctement pliées, elles s'avéraient être composées d'un jean slim clair, à la mode des moldus, à savoir : Troué et délavé ; Ainsi que d'un T-shirt blanc, simple, d'un gilet rouge fin et le reste : Chaussette, boxer et autre accessoires comme une écharpe noire. Or, Aleksander s'approcha de lui. Tomas l'observa dans un mutisme intangible, le laissant docilement s'agenouiller face à lui, bien qu'avec la plus grande des incompréhensions. Il haussa par ailleurs un sourcil, ce pour montrer son interrogation au Gryffondor. Néanmoins, ce regard plein de question, s'absenta vivement sur ses genoux, où reposaient désormais les mains chaudes du blond. Ce dernier approcha son visage de celui de notre jeune étudiant étant resté immobile, bien que rougissant à mesure que la perception du souffle de son ami s'intensifiait. Aussi étrange que cela puisse être, l'adolescent ferma instinctivement ses yeux, se doutant, maladroitement peut-être, de ce que voulait Aleksander. Et de ce que lui, au passage, désirait aussi. Les deux lèvres des jeunes élèves se rejoignirent donc, Tomas s'étant, bien évidemment, légèrement baissé pour facilité ce contact. Il sentait le visage, frais et doux à la fois de son camarade, caresser le sien. Et il sentait aussi l'humidité de ses lèvres, si bien qu'il n'eut aucune hésitation à prolonger le baiser, luttant presque contre l'envie de l'approfondir.

L'adolescent posa ses mains sur celles du Gryffondor, le laissant couper le baiser de façon à pouvoir s'exprimer aisément. Tomas l'écouta, hypnotisé par le mouvement de ses lèvres qu'il n'hésita pas à capturer une fois sa phrase finie. Oui, celui qui d'ordinaire avait tout d'un jeune homme timide et réservé, venait d'embrasser l'un de ses camarades, avec tant de désir et de fougue que cela en était totalement étonnant. Il attrapa la lèvre inférieure du blond avec les siennes, ajustant leurs bouches onctueusement et portant la paume de sa main sur la joue d'Aleksander. Il la fit d'ailleurs glisser sur sa nuque, petit à petit, à mesure qu'il venait à explorer les différentes facettes du baiser, le changeant en quelque seconde alors, en un langoureux moment. Vous n'avez pas rêvé, il osa forcer l'entrée de la bouche de son compagnon, y introduisant sa langue, cherchant activement sa voisine. Leurs souffles se mêlèrent, s'essoufflèrent, ensemble, d'une façon exquise, terriblement exquise. Soupire coupé, respiration difficile, malgré lui, l'ex-Serpentard dû stopper le baiser. Il ouvra ses paupières, plongeant timidement ses prunelles dans celles de l'étudiant avant d'esquisser un petit sourire, et de lui susurrer : « C'est notre petit secret. » regard enfantin, et l'adolescent caressa un vif instant la joue d'Aleksander, pour finalement se relever. Il attrapa ses affaires et se dirigea vers la porte d'entrée de la chambre, ne se tournant vers son ami qu'une fois poignée tournée, lui adressant un petit clin d'œil ainsi qu'un grand sourire malicieux.

Ainsi donc il sortit de la chambre, laissant Aleksander seul dans ses pensées. Tomas alla se doucher et faire sa toilette du matin. Après ça seulement, il disparut dans le château, ne prenant soin de prendre qu'un livre d'histoire de la magie dans son sac de cours. Où allait-il ? Qui sait, sûrement se vider la tête de tous ses évènements et tenter de reposer les pieds sur terre. C'était puéril, c'est vrai, de vouloir en quelque sorte fuir celui dont il venait d'avoir un coup de foudre. Mais soyons indulgent, c'est la première fois que ce genre de situation lui arrive, et que, plus important encore, il ressent ce sentiment si puissant, et déstabilisant à la fois.