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 Le journal d'un Fou.

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PROFIL & INFORMATIONS









Izaak A. Solokoff

Izaak A. Solokoff
CRIMINEL. ► meurtrier.
membre du staff.

► MESSAGES : 93
Le journal d'un Fou. #Dim 26 Sep - 12:47




feat Sindri de Lassithi, 50ans, prince lycanthrope de sang-pur.

Ils avaient mis le feu au bûcher. On avait ramassé les corps durant deux jours. L'odeur était insoutenable, mais tout le monde restait noble. Beaucoup pleuraient, car beaucoup étaient morts. À côté de moi, il y avait mes frères, et mes autres frères. Au loin, on voyait le visage dur de Lacoon, enfermé, l'œil noir et mauvais. Pour la première fois peut-être, on voyait les larmes de Tibérias tombaient lentement de ses yeux, comme une petite pluie. Les frères de Sasha étaient là, et ils se serraient tous. Ella était pelotonnait contre Oskar, imitant quelque part Elladora et Kirill. Mais moi, je ne pleurs pas. Ce spectacle m'écœure. Il sonne faux. Ils sont tous là, et ils pleurent, sans se demander pourquoi, ni même comment. À mon doigt, j'ai mis les deux bagues, Sasha. La mienne, et la tienne. Celle que je voulais t'offrir, pour notre anniversaire, pour cette première fois où tu m'as embrassé. C'était dans une semaine. Mais tu n'es pas là. Ils pensent tous qu'elle est morte, car on ne l'a pas retrouvé, car on a retrouvé un cadavre de loup brûlait, tout petit comme le sien. Mais moi, moi je sais que ce n'était pas elle, alors je ne pleurs pas. Je ne pleurs pas car je ne connais pas cette personne que l'on enterre, et que si j'ai mal à l'intérieur, c'est car tu n'es pas avec moi, mon amour, et qu'ils pensent tous que tu es morte. Je ferme les yeux, tourne les talons et je pars, je m'éloigne. On me regarde, on me fixe, on s'interroge. Ils doivent tous penser que je suis irrespectueux, que je ne t'aimais pas. Mais ils ne savent rien de ce que je ressens sur le moment. Ils ne savent pas combien j'ai envie de hurler et de pleurer en même temps, quand je pense que tu es entre leurs mains. Je me penche, je coule sous ma tente et j'en sors avec de quoi manger, et une bijou. Celui que j'aurais du t'offrir le lendemain, et que tu n'auras pas vu. Ne t'inquiètes pas, Sasha. Je te retrouverais. Je le jure. Je me relève, avec mon sac, et il y a Khôma qui arrive en courant. Il m'attrape par le col, me secoue un moment. Il pleur pour toi. Il me secoue et me jette sur le sol. Quelqu'un le retient.

« Pourquoi tu pleurs pas?! Elle est morte, et tu pleurs pas?! »

Je le regarde, droit dans les yeux. Il y a une assemblée qui me juge du regard. Lev, qui doit me détester. Mishka, qui ne comprends pas. Khôma, qui a mal, qui aimerait m'exploser la gueule. Et tes soeurs, qui sont là, aussi. Peut être que s'il le fait, ses frères le feront aussi. Je me redresse.

« Elle n'est pas morte. »

Khôma a un air désespéré qui lui va mal. Ses yeux sont tout rouges, et moi, je suis calme. Car je sais que tu n'es pas morte. J'en suis persuadé.

« Je vais la chercher. »
« Arrêtes de dire n'importe quoi, Sindri. Tu l'as vu comme moi... »

Oskar est là, il essaye se tempérer, mais ça servirait à quoi? Ils ne m'écoutent pas. Ça m'énerve, Sasha. Ils disent tous que tu es morte, mais non. Tu es là, quelque part, et je te retrouverais. Même si ça doit me prendre une éternité.

« Comment tu peux en être si certain? Y a son corps qui brûle, et toi, tu veux te barrer? Arrêtes Sindri. C'est de la merde ce que tu nous fait là. Tu pars comme si t'en avais rien à foutre d'elle. Alors dis-le, tout simplement, que tu ne l'ai... »
« Ta gueule Khôma. » C'est la première fois que je dis un gros mot. C'est la première fois que j'ai envie de cogner ton frère, Sasha. C'est la première fois que j'ai envie de tout exploser. « Tu sais rien, alors ferme ta putain de gueule. Elle n'est pas morte. »

Je tourne le dos, attrape mon bagage. Quelqu'un retient Lev, je crois. Lev ou Khôma, je n'en sais rien. Je n'ai pas envie de savoir. Si je pars de ce camp, et si je n'ai plus le droit de montrer mon visage ici avant de t'avoir retrouver, ça me convient Sasha. J'ai juste besoin de toi, moi. Je suis différent des Orlov. La vie en famille, c'est bien pour les autres. Ne pas voir mon frère pendant dix siècles, ça ne me fera rien. Je me fous de tout. Tout ce que je veux, moi, c'est toi. Alors j'attrape la bride d'un cheval, je monte dessus avec juste un sac. Je ne regarde pas derrière. Ça ne m'intéresse pas. Ça ne m'intéresse plus. Qu'ils pleurent s'ils veulent, mais moi, je ne perdrais pas espoir. Car ce n'était pas toi, j'en suis sûr. J'étais au sol quand ils t'ont pris, et s'ils préfèrent penser que tu es morte, ça les regarde, pas vrai? Pendant que le cheval avance, y a mes yeux qui pleurent. C'est pas moi. C'est juste mes yeux. Je crois que tu leur manque. Je n'avais pour habitude de ne voir que toi, jour et nuit, à n'importe quel moment, alors, je crois qu'ils te pleurent, toi. Juste parce que ton absence leur fait mal. Y a l'odeur des cadavres qui brûlent dans mon dos, mais aucun n'a ton odeur. Ils ne savent pas de quoi ils parlent. Ils pensent tout savoir, mais ils ne font que voir avec leur yeux, et aucun avec leur coeur. Ils ne t'aimaient pas comme je t'aime, Sasha. Aucun d'entre eux n'a de l'espoir. Le seul qui t'aimait comme moi... non. Le seul qui tu as aimé comme moi, ce fut Izaak. Alors Izaak espèrera, comme moi, et il viendra te chercher s'il l'apprends de ma bouche, et pas de la leur. Ils vont lui envoyer une lettre. Ils vont lui mentir. Je devrais lui dire la vérité, pour lui faire comprendre que tu n'es pas morte dans la boue comme ces autres.

Nous sommes en automne. Ton Izaak peut être n'importe où à cette époque. Mais je jure que je le chercherais. Je sais que je n'y arriverais pas seul, Sasha. Je ne suis même pas un chasseur. Je ne sais même pas tenir une épée correctement. La seule force que j'ai, c'est celle dont j'ai hérité, c'est cette rage qui me pousse à venir te chercher, alors que tous me prennent pour un fou. Tu es quelque part dans ce monde. Ils te cachent. Ils t'ont enlevé à moi, et ils te font du mal comme j'ai mal à l'intérieur. Je le jure, Sasha, qu'ils paieront tous. Même si je dois les chercher une éternité, je jure qu'ils paieront tous autant qu'ils sont...




_______________ 2050 - Début du voyage _______________









Izaak A. Solokoff

Izaak A. Solokoff
CRIMINEL. ► meurtrier.
membre du staff.

► MESSAGES : 93
Le journal d'un Fou. #Dim 26 Sep - 14:53




feat Sindri de Lassithi, 50ans, prince lycanthrope sang-pur.
feat Izaak de Thébaïde Solokoff, chasseur de chasseur.
feat Skyler " Darwin " Rockwell, .

Ma jument était morte après cinq mois de course. Je crois que c'est à cause des baies que l'on a mangé sur le chemin. Si je n'ai rien sentit, elles devaient être empoisonnés. Je ne sais même pas vers où je marche. Seul mon instinct dicte mes pas. On dit que les Solokoff se terrent au plus profond de la Hongrie, qu'ils ne sont plus que deux, peut être trois, et qu'ils ne chassent plus que pour se nourrir, de peur de se faire tuer. Je sais que c'est faux. Izaak n'a pas peur de se faire tuer, comme Sasha. Car Sasha a une part de Izaak en elle, dans son éducation, dans sa façon de penser. Elle n'abandonnera pas, où qu'elle soit. Au plus profond de moi, je me déteste, car ma tête est remplie de souvenir, et plus j'y pense, moins j'arrive à réfléchir. Je n'arrive tout juste pas à penser à autre chose qu'à elle. Je m'arrête, en pleine nuit, au milieu d'une forêt. Vers où je vais maintenant que je suis perdu? Je ne sais même plus pourquoi je suis ici. Pour chercher Izaak ou Sasha? Pour pleurer? J'ai froid à l'intérieur. C'est la douleur, elle revient quand j'y pense. Alors je soupire, je ferme les yeux, me concentre, et je recommence à marcher. Je marche, seul, dans le froid. J'ai un manteau. J'ai pas manger depuis deux jours. Je crois que je vais mourir ici, tout seul, si je ne trouve pas bientôt de quoi manger, autre chose qu'une dizaine de baie. Je rêve de viande. Quand je ferme les yeux, j'imagine du sang, qui coule, qui est tout chaud. J'aurais du tuer mon cheval avant qu'il ne soit empoisonné. J'aurais du le saigner et le manger. Je regarde la nuit, sans grand espoir, et.. ah. Une violente douleur remonte tout mon corps. Quelque chose vient de se refermer sur ma jambe. Je n'ai pas crié ; je me suis mordu la langue sans le faire exprès. Mon corps tremble violemment. J'ai l'impression d'avoir perdu quelque chose. Je me penche, et je regarde. C'est un piège-à-loup... en argent. Quand j'y pose les mains, elles brûlent, et la douleur secoue mon être tout entier. L'odeur me donne envie de vomir. Je vais mourir. Ici.

« Tu regardes pas où tu mets les pieds. T'es vraiment bête. »

C'est un visage jeune qui me sourit, perché sur un rocher à une dizaine de mètre de moi. Je relève le nez, renifle. La douleur m'endolorie. Je ne sens plus ma jambe. Lui, il approche, attrape un peu de mousse et la jette sur les dents acérés du piège et l'écarte avec les mains, recouvertes d'un gant épais. Il libère ma jambe qui ne bouge presque plus. Il est jeune, et il sent le loup. Et le sang, aussi. Il me regarde, écarte mon pantalon et jette un coup d'oeil sur la blessure, puis se redresse, en me tendant une main.

« La Hongrie, c'est pas très touristique pour les loups, mon pote. Si tu voulais mourir, fallait le dire plus tôt. »

Je comprends pas trop. Je lui donne la main, il m'aide à me relever. Je m'appuie sur lui, malgré que je suis un géant face à lui. Il est tout petit.

« Tu pourras rester une nuit chez nous, mais après, faudra vite repartir vers la Bosnie, ou la France. En France, y a pas grand danger, mais la Hongrie, c'est bourré de piège, et pour qui s'y connaît pas, c'est casse-gueule. La durée de vie pour un loup ici, c'est deux jours, alors imagine. »

Je suis un peu dans le vague, alors je le suis, sans savoir où je vais. Il y a des débris d'argent sur ma plaie, et ça me démange. Ma peau lutte pour se refermer. Ils ont mis de la poudre d'argent sur les pièges, de petits éclats pour qu'ils s'incrustent au plus profond de la chair. Je tourne de l'oeil, mais je supporte, et il m'amène je ne sais où. Je vais peut être mourir. Peut être que ce mec est un chasseur. Je ne sens plus rien d'autre que le sang. Et il fait tellement noir que je vois pas son visage. Après quelques minutes pourtant, on s'arrête et on tourne de sens, puis plus tard, il y a une lumière dans le vague. Il s'approche encore, et sous un gros rocher recouvert de mousse, bien protégé du vent, il y a un petit campement. Une caverne d'ours abandonné avec l'âge, pas trop humide. Au profond de la roche, il y a un feu et dessus, un peu de viande qui cuit. Trois beaux lapins et un faisan. Et il y a deux lits. Il me pose sur le sol, me sourit quand il s'assoit en face de moi.

« C'est naturel, tes cheveux bleus? » Je le regarde, absent, puis bafouille :
« O-oui... J'suis né comme ça. »
« T'es un sang-pur alors? »
« Euh... »
« C'est le bien-aimé Prince Sindri de Lassithi. »

Une troisième voix vient du fond, et sans me retourner, je sais qui s'est. La question qui me vient surtout, c'est pourquoi est-il là? Je tourne le dos, mais il est déjà à gauche du jeune homme qui m'a aidé. Je le regarde. Il n'a pas changé. Je sens tout d'un coup le poids de ton absence, Sasha. C'est drôle. Je ne serais jamais aller le voir si tu n'avais pas disparu. Il me regarde aussi.

« Tu as fais tout ce chemin pour m'annoncer la mort de Sasha? »

Il a une drôle de mine. Je crois qu'il est fâché. Le jeune homme à sa gauche se lève et sort, avec un drôle de sourire.

« Elle n'est pas morte. »
« Ce n'est pas ce que disait la lettre de Lacoon. »
« Ils disent tous de la merde. Ils comprennent pas. »
« Je comprends que ça peut être dur de perdre celle que tu aimes, Sindri » c'était la première fois qu'il ne l'appelait pas le garçon aux cheveux bleus « mais ce n'est pas une raison pour venir me voir et essayer de me persuader qu'elle ne l'est pas. »

Le ton de Izaak est dur. Il ne me croit pas. Je le regarde, et... oh, je crois que je vais pleurer. Pourquoi personne ne veut me croire? Je n'ai jamais dis que la vérité, alors... Non! Elle n'est pas morte! Je me relève. J'en oublie même la douleur qui lacère la jambe. Si c'est comme ça, alors j'irais seul. Je m'en fou de qui, de où et de quand. Ce que je sais, c'est que je veux ma Sasha, et je la veux maintenant. Je repars. Qu'ils aillent tous brûler en enfer.

« Ce n'est pas très sérieux, Sindri. »
« Elle n'est pas morte, et je retrouverais ceux qui l'ont pris. »
« En es-tu seulement persuadé? »
« ... » Je regarde mes pieds. J'ai envie de pleurer. « Le cadavre ne portait ni mon collier, ni ta dent. Elle est trop petite, et pas assez longue. Elle était trop petite, et elle.. »

Merde, je chiale. Mes larmes coulent, et je ne sais pas pourquoi. Je dois être fort aujourd'hui, mais... non. Je n'y arrive pas. Je pleurs, et je pleurs de plus en plus fort. Ma cage thoracique éclate, et je pleurs, c'est compulsif. Je tombe sur le sol, pris de spasme. J'ai tellement mal, mais il ne peut pas comprendre, parce qu'il ne l'aime pas comme je l'aime. Il ne peut rien comprendre de tout ça. Et je pleurs, tellement, plus fort encore. Pleurer... Désolé Sasha, je suis peut être pas aussi fort que les autres. Je renifle, mais ça s'arrête pas. J'essaye, je te le jure, mais ça veut pas. C'est pas moi qui pleur. C'est pas moi qui pleur! C'est mes yeux! C'est mes yeux...!

« C'est drôle. J'aurais jamais cru que cet imbécile* aurait eut raison. » Izaak a un sourire. Un sourire amusé. Y a rien de drôle! « Je vais t'aider, mais il faut que tu saches plusieurs choses avant de partir avec moi, Sindri. » Je renifle, j'essaye de le regarder, mais mes yeux sont pleins de larme. « Il y a de fortes chances que l'on meurt dans notre tentative, et ce, bien avant d'avoir vu Sasha. Il y a également beaucoup de chance pour qu'elle soit morte avant même que l'on arrive. Sais-tu qui l'a enlevé? »
« Je... Non, je l'ignore. Ils ont rien dis à ce sujet. » J'essuie mes larmes, me calme, un peu.
« La Helsing Corporation, ça te dit quelque chose? » Je secoue la tête. Rien. « C'est une usine de fou. Leur but et d'éradiquer la race lycane et vampyr de la planète. Pour ça, ils volent des mômes et les entraînent. Ils récupèrent des tordus de l'armée, ou des héros de génocide, et ils les enrôlent. Ils ont plusieurs unités d'élite, constitué de dhampyr, et d'êtres humains dégénérés. À mes yeux, ils n'ont plus rien d'humain que l'apparence. »
« Mais... »
« Ne cherche pas. Si je t'expliquais tout ce qu'ils font, et comment ils le font, tu vomirais. » Il s'assoit sur le sol, calme. « Tu pourrais mourir pour elle? »
« OUI! » J'ai crié, sans faire exprès. Ça le fait rire, un peu.
« Alors on partira dès demain. »

Silence. Il attrape un lapin et me le tends. La viande est à peine cuite, mais j'ai trop faim. Je mange. Et je me rappelle de quelque chose. Je relève le nez, le regarde. Il a un rire, il doit savoir à quoi je pense. C'est un peu gênant. Il hausse les épaules.

« C'est Darwin. Mon mordu. »
« C'est pas Darwin, c'est Skyler. » Le jeune homme est de retour alors qu'il se laisse tomber devant moi, autour du feu. « Skyler Rockwell. »
« En-enchanté. »

Il sourit et commence à manger son lapin. C'est le silence maintenant. Je regarde mes pieds.
J'arrive, Sasha.

cet imbécile est en réalité Gavril.*


_______________ 2051 - Arrivée au camp de Izaak _______________









Izaak A. Solokoff

Izaak A. Solokoff
CRIMINEL. ► meurtrier.
membre du staff.

► MESSAGES : 93
Le journal d'un Fou. #Dim 26 Sep - 19:23




On avait pris la route une semaine plus tôt. Izaak m'avait donné une arme. Un pistolet. À balle. Il m'avait dit que c'était plus utile d'une arme blanche. Je trouvais ça un peu stupide. Il avait trois katana à la ceinture, et Skyler – que Izaak appelait toujours Darwin – avait une dague longue. Pourquoi je les suivais sans dire un mot? Je ne sais pas. Peut être par respect. Izaak avait un passé conséquent. Moi... moi, je n'avais même pas tenu une arme de toute ma vie. Sauf si on part du principe que le scalpel pour dégrossir les pierres est une arme. Skyler a eut une vie de merde, a dit Izaak, mais il ne m'a rien dit de plus. La seule chose qu'il m'a dit, c'est que Skyler était un survivant, et qu'il se débrouillait bien. En dehors des arrêts pour manger, on marche jour et nuit. On ne dort quasiment pas. Skyler n'a pas l'air d'en souffrir. Je crois qu'il n'y a que moi qui en souffre. Ma petite vie tranquille. Mon petit quotidien. Ma maison, mon atelier, et ma vie paisible, au calme et au chaud. Tout ça me manque. Ça, et mes bains avec Sasha. À nos discutions stériles, et nos plaisirs, tout simplement. Sa présence, me manque. Tout simplement. Son corps et ses baisers. Alors j'avance, pour retrouver tout ça, en sachant pertinemment qu'on ne retrouverait jamais notre quotidien. Qu'il y aurait cette peur. On avait grandi dans le calme et dans la paix, mais chacun de nous commençait à comprendre l'étendu du danger. Avant, on était invulnérable. Aujourd'hui, on risquait la mort à chaque instant, à chaque pas. C'était juste terrible. De devoir vivre en tremblant. Tout ce que l'homme allait préparer, c'était une guerre ouverte, où les vampyrs et les lycanthropes se monteraient contre les humains. Ils déclencheraient une nouvelle … oui. À nouveau.

« Darwin, tu files chopper trois chevaux. »
« C'est Skyler. »

Le jeune homme aux cheveux châtain releva le nez et fila. Il obéissait comme un petit chien. C'était le chien alpha-mordu, visiblement. Moi, je n'ai jamais mordu, alors je ne comprends pas. Je le sais. Il y a un grand bruit, et plusieurs coups de feu. Un autre cri, puis le silence. Je sais ce qui s'est passé, mais je n'en dis pas mot. Parce que s'il faut tuer pour retrouver Sasha, alors je tuerais. Jusqu'à maintenant, on a toujours dit que le peuple lycan était un peuple guerrier. Je crois que je connais ce sentiment à présent. Celui de pouvoir tout tuer, juste pour elle. Je crois que j'en suis à présent capable. De faire ma première guerre sans pleurer. Parce que je suis un loup. Et parce que je connais le pouvoir de la colère en nos cœurs amoureux.

« Tu sais monter à cheval sans selle? »

Je relève le nez. C'est Skyler qui me montre mon cheval, qui n'a qu'un mords et une bride. Mais pas de selle. J'approche, j'attrape avec douceur la crinière et je monte dessus. Izaak et Skyler sont déjà sur leurs chevaux. Je les regarde, et on reprends la route. Skyler prends de l'avance en frappant sur les flancs de sa bête. Je me retrouve à la même hauteur que Izaak. Je le regarde, un instant, puis regarde à nouveau le vague. Je n'ai pas envie de penser à autre chose qu'à toi Sasha, alors même si ça me demande de la concentration, je penserais à toi. Je penserais à ton visage et à ta voix. J'ai oublié Jonas, mais toi, je le jure, je ne t'oublierais jamais.

« C'est de ma faute si la Hel. Corp. existe aujourd'hui. » Je le regarde, intrigué.
« Tu n'as pas besoin de me raconter. »
« Si. » Izaak a un sourire en coin, amusé. « Car tu as besoin de comprendre l'étendu de leur haine. »

Skyler, au loin, ne semble pas écouter. Il est content, sur son cheval, mais derrière son sourire assuré il regarde bien droit devant lui et il respire l'air, hume et filtre chaque particule qui traverse l'air. Mon attention retombe sur Izaak, qui malgré son air détendu, avance rapidement. Moi je dois m'accrocher à mon cheval, alors que lui arrive à rester en équilibre sur les épaules lourdes de sa jument.

« Tu dois connaître la famille Helsing, non? » Je secoue la tête. Je ne comprends pas. « Inculte. Abraham Stocker a un jour écrit un livre sur le Comte Dracula. De nos jours, c'est devenu une grande légende, mais on oublie bien souvent que Dracula est en réalité Vlad III Tepes. »
« Tu veux dire...? »
« Oui. Vlad Nospheratov, Chef du Conseil. » Le regard de Izaak est calme. « Dans le livre, Abraham Stocker parle également d'un être qui aurait tenté de tuer le fameux Dracula. Il se nomme Docteur Abraham Van Helsing. »
« Helsing Corporation...? »
« Presque. Mais écoute un peu plus au lieu de m'interrompe. » Je baisse les yeux, trop curieux. « Le fameux Abraham Van Helsing avait deux fils et une fille : Lorrimer, Jessica et Matthew. Il avait également un frère, Gabriel Van Helsing. Ce bon Gabriel Van Helsing tomba amoureux d'une humaine et hélas, elle mourru des mains de ce bon Vlad, et quoi que l'on eut dit que ce vieux Nospheratov était mort durant l'affrontement, autant dire que c'est de la grosse connerie. Après la mort de Sarah Valerious, Gabriel fit un pacte avec le Malin et tomba en disgrâce dans sa propre famille. Il fut alors appeler Gabriel Van Hellsing – avec deux l donc – et sa famille se divise en deux branches : une branche alchimiste, et une branche de maudits. Mais... »
« Ce n'est pas cette famille là qui est à l'origine des massacres. »
« Perspicace, petit homme. Non. Alors que Lorrimer et Jessica ont eut une vie glorieuse en Chine, Matthew, lui, a eut droit à une descendance digne de ce nom. Il se maria à une roturière, qui lui donna deux beaux enfants, que j'ai tué. J'ai également éliminé Jessica, et Lorrimer a failli me tuer. » Izaak a un petit rire, mais ce n'est pas drôle, pas vrai? « Le problème avec les familles de chasseur réputé, c'est que ceux sont bien souvent les seuls à pouvoir détruire un vieux comme moi, même si j'étais relativement jeune. »
« … Je ne comprends pas. Si tu as tué les enfants de Matthew, et Jessica, il reste... »
« Lorrimer Van Helsing eut une descendance cachée, dont je n'ai eut, hélas, pas d'information précise. Ce que je sais, c'est qu'il a couché avec une femme, tu vois, et qu'il a eut des jumeaux. C'est courant, chez les chasseurs. Ces jumeaux ont grandi, et ils sont devenus grands, et... ah. Quelle ironie. Ils se sont mis à chasser. Un jour, j'en ai tué un des deux, sans savoir qu'il s'agissait du bâtard de Lorrimer. Et quand son jumeau l'a appris, il s'est mis en chasse contre moi. Dans un duel – que j'ai gagné – il m'a appris que la vengeance des chasseurs était en route, et il est mort avant que je n'ai pu tirer davantage de lui. » Il a un petit rire, Izaak. Ça ne sent pas bon, pas vrai? « En 1972, dans une petite ville d'Angleterre, est né le jeune Docteur Hugo Helsing, brillant scientifique, respecté par ses paires, travaillant sur les maladies dégénératives, qui, à l'aube de ses quarante ans, à trouver bon de miser tout son héritage dans la création d'une entreprise, qui aurait pour but d'aider la race lycane à redevenir ce qu'elle n'était plus : humaine. Ce fameux Hugo Helsing est le petit fils de Lorrimer Van Helsing. De la sale race à l'état pure. Et le pire, c'est qu'ils sont rancuniers. »
« Ils veulent … mais... »
« Ouais, c'est pas possible. Et ça, t'as beau leur expliquer, à ces fous de scientifique, ils bittent que dalle. » Izaak soupire, avec un air dépité. « Le problème, c'est qu'ils sont puissants, très puissants. Les états investissent dans leur manigance, et ils fournissent des subventions pour payer les recherches. Pour exterminer les vampyrs, ils ont trouver des bombes à soleil, et pour nous, de l'argent plus corrosif, des filets en argent, des muselières en argent, et tout un attirail pour nos deux races. »
« Mais ils ne te tuent pas? » J'arque un sourcil.
« Car ils ne peuvent pas, petit homme. Tout comme ils n'auront jamais le Change'... »
« Mais aucun de vous deux ne les arrêtent? »

Izaak me regarde. Il a un petit rire. Je crois qu'il ne veut pas répondre, car il rejoint Skyler. Visiblement, c'est non. Ou alors ils n'ont pas envie, mais la première solution me semble la plus logique. Ils possèdent des armes à la pointe de la technologie, et lui, ils ne sont que deux contre eux, alors... Alors oui, c'est non. Ils ne peuvent pas les arrêter... Moi, j'espère juste une chose à ce moment : que ma Sasha soit encore en vie. Par pitié.


_______________ 2051 - Quelque part en Autriche _______________









Izaak A. Solokoff

Izaak A. Solokoff
CRIMINEL. ► meurtrier.
membre du staff.

► MESSAGES : 93
Le journal d'un Fou. #Dim 26 Sep - 21:00




On approche de la Hel. Corp. a dit Izaak à Skyler ce matin. Cela fait maintenant six jours que l'on a pas dormi. Et un an que l'on voyage, sans cesse. Un an qu'on tourne dans tout le monde, qu'on ramasse des cadavres, et qu'on suit un convoie à la trace sans vraiment savoir où on va. On a traversé trois fois la Hongrie, deux fois l'Aurtriche, cinq fois l'Ukraine, et je ne sais combien de fois la Serbie, la Bosnie et la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Roumanie et la Bulgarie. On ne fait que ça. Marcher. On change régulièrement de chevaux – surtout au niveau de la couleur – et on change d'habit, d'odeur, de … de tout, en faite. Il ne nous reste rien. Il va faire nuit, et comme ça fait longtemps qu'on a pas dormi, on va ficeler nos poignets à la selle, et dormir, chaque notre tour. Le premier à dormir est Skyler. Ensuite, c'est moi. Je dors très peu. Je n'ai jamais eut besoin de dormir, mais je dors cinq bonnes heures, ce qui est beaucoup d'après Izaak. Quand je me réveille, j'ai quelques longueurs de retard, que je rattrape. Izaak peut s'endormir à son tour. En général, il dort deux heures, puis se réveille, comme s'il avait dormi un siècle. Son métabolisme est étrange, effrayant presque. Alors pendant que Izaak dort, je me retrouve à parler avec Skyler. Mais pas cette fois. Car il n'a pas l'air décidé. Il est calme, souriant. Une écharpe couvre ses épaules alors qu'on avance vers un point peut être imaginaire, qui ne rôde que dans l'esprit malade du Solokoff. Je n'en sais rien. Parfois, j'ai l'impression de tourner en rond. De ne pas avancer. Peut être que c'est vrai. Peut être que je t'ai un peu oublié, Sasha, même si depuis un an je n'ai pas revu mon père ou ma mère, ni tes frères, ni rien. Peut être que mon monde n'est plus sain. Peut être que plus rien n'a de sens.

« Comment tu t'es retrouvé au côté d'Izaak? »

Skyler me regarde, sourit, un sourire doux. C'est un adolescent comparé à moi. Il a été mordu jeune. Seize ans peut être. Mais il ne réponds pas. On avance dans le silence le plus complet pendant plusieurs heures encore, comme si rien d'autre n'existait que ça. Que le silence. Quelque part, ça me fait du bien. Ça me détends. Ça me donne envie de me rendormir, et j'espère qu'en me réveillant, tout ça n'aura été qu'un cauchemar, mais je sais que je rêve. Tout ça est bien réelle. Ma douleur est réelle. Je soupire. Izaak se réveille. Et Skyler devant prends quelques longueurs d'avance. Izaak me regarde, du coin de l'œil. Je me demande ce qu'il cherche, mais je le trouve bien vite :

« Je t'ai déjà dit que le passé de Skyler était pourri, pas vrai? » Je hoche la tête.
« Une fois. » Izaak a un petit rire.
« Quand Skyler avait cinq ans, son père est mort dans un accident de voiture. Après ça, sa mère est tombée folle. Un soir, elle a foutu le feu à la baraque. Les deux frères de Skyler et sa petite sœur sont morts, mais pas lui, ni sa mère. Un jour, il m'a dit que quand sa mère était sortit du bâtiment et l'avait vu lui, elle l'avait attrapé par les épaules et avait hurlé en le secouant 'pourquoi es-tu encore en vie?'. Après ça, sa mère a été envoyé en prison, pour douze ans. Lui a été placé, trois, cinq, dix, puis quinze fois. A l'école, on le maltraitait, car il était petit et gros, pas très beau et avec des boutons. Il est tombé malade et a perdu vingt kilos, jusqu'à devenir tellement maigre que quand ses potes le frappaient, ils lui cassaient des os. À doux ans, on lui a tellement frappé dessus, qu'il est tombé dans le coma pendant dix jours. Après ça, il a été replacé dans une autre ville, dans une autre famille. Avec un père ivrogne et la mère salope de base, comme dans les films tu vois. Il était nul à l'école, et pourtant, ce gamin est un génie. Alors que personne ne croyait en lui, il a eut son Bac avec une mention d'excellence. Le lendemain de son épreuve, alors qu'il avait dix sept ans, il s'est trouvé nez à nez avec la meute qui s'était révoltée à l'époque, une petite bande d'hybride et de mordus qui l'auraient mis en pièce si je les avais pas chassé à ce moment. »
« C'est cette nuit là que tu las rencontré? »
« Même pas! Figure toi que je l'ai cru mort et que je me suis cassé, pour chopper les fuyards. J'ai recroisé le gamin bien plus tard, et qu'il m'a suivi. Au début, j'étais persuadé qu'il allait crevé, car il était tout maigre, et puis c'était un humain, mais non. Il est encore en vie. »
« Mais, euh... Pourquoi tu l'appelles Darwin? » Le regard de Izaak brille alors qu'il rit, les dents bien longues.
« Car il a une cervelle de Darwin, et qu'il est l'évolution de la connerie humaine dans ce qu'elle a de mieux! »

Je n'ai pas compris la blague, mais visiblement, ça fait rire Izaak. C'est que ce soit être drôle. Skyler s'arrête enfin, se retourne, nous dévisage :

« A l'Est, ça sent la chair brûlée. C'est un bûcher. »
« Et tu viens tout juste de t'en rendre compte? Ça fait vingt minutes que ça crame. On s'approche pas et on continue. »
« Mais Izaak... » Skyler siffle.
« On a une priorité. On la garde. »

Izaak avance, passe devant Skyler et moi. Skyler me regarde, avec un air mitigé, en colère et vexé, et finalement détourne la tête. Je crois que j'ai cassé leur intimité, et plus que ça, j'ai cassé leur rythme de chasse. Je soupire. On avance, encore un peu, plus loin. On s'enfonce dans la forêt. Encore un peu. Je somnole, ma tête vacille... Je... oh... merde... désolé...


…..


Un cri résonne dans la forêt, et ça m'a fait sursauter. Quand j'ouvre les yeux, je vois un homme accrochait à un arbre, une corde autour du cou. La corde est reliée aux mains de Skyler qui n'a pas l'air grandement choqué. Izaak est penché au dessus de l'homme et lui chuchote des trucs à l'oreille, auxquelles l'homme réponds en pleurant. Je ne comprends pas un mot de ce que Izaak dit. Pourquoi...? C'est... Je me retourne et sursaute encore, en voyant un homme affalait sur le sol, le bide bien ouvert, montrant ses boyaux sur le sol, avec des mouches. J'ai envie de vomir.

« Ils nous ont attaqué au petit matin alors que tu dormais. » Je me retourne, regarde Skyler. « Ceux sont des polonais de la Hel. Corps. Visiblement, juste des recrues. Ils ne sont pas bien malins. Ils ont fait beaucoup de bruit quand ils ont marché. Izaak essaye de savoir où ils ont emmené ta copine. »
« Sasha. » Je le regarde. « Elle s'appelle Sasha. »
« Un nom ne veut plus rien dire dans ce monde là. »

La réponse est sèche. Skyler ne se fait pas d'illusion. Je devrais peut être arrêter de m'en faire. Sasha... Non. C'est tout ce qu'il me reste à l'heure qu'il est. Sasha. Sasha Orlov. Sasha de Laconie. Sasha de Lassithi. Sasha. Juste Sasha. Ma tête doit être bourrée de Sasha. Ne pas oublier. Jamais. Je ferme les yeux, respire fort. Sasha. Mon âme. Mon amour. Sasha de Laconie. Sasha de Lassithi. Sasha. Sasha. Pas oubliée. Sasha. Remplir ma tête pour ne pas oublier Sasha de Laconie de Lassithi. Je rouvre les yeux. Skyler a lâché la corde, et le corps de l'humain est collé au tronc, mort. Izaak essuie ses mains sur son pantalon de toile noire.

« Dans la campagne Allemande, en Bavière, il y a un petit village où un cabinet de la Hel.Corporation est toujours en activité. On a qu'à aller leur passer un petit Guten Tag. »

Skyler et Izaak ont des sourires.
Encore un peu d'espoir, Sasha. Encore un peu.


____________ 2052 - Quelque part en Tchécoslovaquie ____________









Izaak A. Solokoff

Izaak A. Solokoff
CRIMINEL. ► meurtrier.
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Le journal d'un Fou. #Lun 27 Sep - 17:43




Le bâtiment est plus petit que ce à quoi je m'attendais. Dans les films de science fiction, il parle souvent de laser. Faut pas rêver: ici, y a pire que des lasers. C'est le genre de truc invisible qui te coupe la tête en deux, dit souvent Skyler. Étrangement, je ne remettrais pas ce qu'il a dit en doute. Nous sommes devant la grande bâtisse. On attends le petit matin. D'après Izaak, les humains sont persuadés qu'un lycanthrope n'attaque que de nuit, car c'est plus pratique, et que ça fait plus peur. Moi, je n'ai pas peur de la nuit, au contraire, elle me rassure. Quand je regarde dans la nuit, je me dis tout simplement qu'elle n'est qu'un jour sans couleur, où tout est gris, noir, et blanc. Rien n'existe. Rien n'est plus réel que la nuit, qui nous replonge dans la substance même de l'existence. Skyler dit qu'à l'intérieur, on pourra voir des corps de loup. Moi je ne comprends pas quel est l'intérêt d'avoir un corps. Izaak rit un peu. Il sait que je comprendrais pas, même si je le voyais, car ce n'est pas comme ça qu'on m'a éduqué, et je le sais depuis longtemps. Généralement, mon père me regarde et me sourit, en me disant « on vous a trop choyé ». Je crois que quelque part, on a rien appris de la mort de Jonas. Ça a juste été un choc pour nous. Qu'on a oublié, avec le temps. Je commence à réaliser dans quel petit paradis on a grandi, et... oh... Je suis déçu, au fond. Je crois... Oui, je suis déçu. J'aurais aimé être préparer à ça. Et je ne m'en rends compte que maintenant.

« Sindri, tu restes derrière Darwin. Je ne veux pas un mot une fois à l'intérieur. »
« Mais Izaak... »
« Tu es un loup. Tu n'as pas besoin d'arme. »

Je crois que j'ai compris. Avec le temps, derrière mon atelier, j'ai oublié ce que j'étais. Je ne veux pas devenir un être sanguinaire, je le sais, mais... Mais je veux te retrouver, Sasha, et si ça veut dire tuer, alors je le ferais de tout mon être. Que m'importe si on me traite de monstre, si ça peut prouver que je ne suis pas un menteur. Non. Qu'importe si mes mains sont recouvertes de sang, qu'importe les morts, qu'importe la souillure sur moi, si je la ramène. Si je te retrouve, ma Sasha, je pourrais bien faire un génocide entier. Je le sais. Ça coule dans mes veines, et je n'y peux rien.
Le groupe se met en mouvement, j'avance. Mes yeux se sont fait plus sombres, même si je suis obligé de porter un bonnet ridicule pour qu'on ne voit pas mes cheveux bleus. On avance vite au petit matin. Izaak dit qu'à cette heure, les gens sont fatigués, endormis, et qu'ils ne font plus attention. Je crois qu'il a raison. Il toque à la porte, et une femme lui ouvre. Il l'attrape par la gorge, avec ses mains, et lui broie la nuque dans un bruit d'os. Le corps tombe sur le sol, et Skyler le traîne à l'intérieur. Il y a déjà l'odeur du sang. Je crois que ça fait quelque chose au plus profond de moi. Vraiment. Pas juste un peu de chose. Une chose importante. Ça me chamboule. Mais ça ne me fait plus vomir. Car ceux sont des morts nécessaires. Izaak file en premier, moi, j'attends derrière Skyler. Il y a un bruit, qui dur à peine un centième de seconde, puis le silence. Skyler avance ; je le suis à la trace. Un autre bruit, mais cette fois-ci, il y a une balle qui est tiré. Elle rentre par mon épaule, et ressort par mon plexus. Je crois qu'en faite, elle est logée dans mon corps. Mon seul réflexe à ce moment, c'est de poser ma main sur ma blessure, et se tomber au sol. Je... ah. Je suis pas habitué à cette douleur. Elle me pique. Je crois que je vais pleurer. Il y a un crac bruyant derrière moi, d'autres coups de feux, puis l'odeur de sang, un petit cri, et le silence. Le silence le plus total. Une main m'attrape l'épaule et me soulève de force, il me secoue. Je crois reconnaître les yeux de Skyler, mais en faite, au lieu de hurler, il rit. Il rit fort.

« C'est ta première balle? » Je... je crois. Je hoche la tête. « Tu seras bientôt habitué! Allez, go, go, go! »

Et il me tire vers un couloir où on s'engouffre. Il court, vite, si vite. Mon épaule me fait encore mal. Je glisse sur le sol, et bientôt, je sens craquer mes os. Je me transforme. Je crois que c'est la meilleure façon de faire dans ce cas. Deux hommes déboulent et braquent Skyler. Mon corps tout entier, de son poids, de sa force, s'écrase sur eux, et je sens bien que les os ont craqué avec le choc, mais je ne peux pas m'empêcher d'avoir peur, alors je les mords à la gorge, et le sang éclabousse mon pelage bleu délavé. Une fois ma première vie arrachée, je crois que la seconde est plus facile. Je ne réfléchis pas. Il ne faut pas réfléchir. Je détourne la gueule, je suis Skyler qui hurle de rire. Il y a beaucoup de bruit dans le bâtiment, de la simple alarme en fond jusqu'aux cris qui suivent le passage de Izaak, en passant par les coups de feu et le grésillement des radios. Je dérape sur le sol, regarde mes pattes : elles sont recouvertes d'un sang que je n'ai pas fait coulé. Je m'effraie un peu. C'est la première fois que je tue. C'est la première fois que... Je regarde Skyler, qui a cessé de rire. Il a un flingue ramassé sur un cadavre dans la main alors qu'il pète la porte à coup de pieds. C'est plus dur que prévu, et je crois bien qu'il s'y casse la jambe droite, car il attends un moment avant de recommencer. Et finalement elle lâche. À l'intérieur, un homme faisait ses prières, mais il n'a pas pu les finir que déjà une balle traverse son crâne, et sa cervelle éclabousse les multiples écrans d'ordinateur. Il s'agit de ne pas trouver une information, mais de tout raser. Je ne pense pas que ce camp me manquera.

On ressort, et on se dirige vers une autre salle, déjà ouverte. Juste au moment où on entre, un coup de feu retentit et un homme tombe sur le sol. Debout, Izaak a le visage couvert d'un sang épais et noir, mais ce n'est pas le sien. Visiblement, il n'a rien. Pas même une balle dans une le corps. Il me regarde, regarde Skyler, et rapidement ordonne à son mordu :

« Trouve moi les dossiers. Les noms de code sont Alpha-01-03 d'après le Sergent Heinzell. »

Skyler a un petit rire et se jette sur le siège du mort. Il pianote vite, et même si je ne comprends pas tout ce qu'il fait, j'en comprends l'essentiel. Sur les multiples écrans devant nous, des chiffres glissent et plusieurs fenêtres s'ouvrent. Izaak ordonne de revenir en arrière, et... oh. Skyler a l'air neutre. Izaak lit rapidement le contenu du dossier. Et moi aussi.

_____________________________________________________

DOSSIER N°A1-002-348688BH.
SUJET N°3.


Nom : Sasha présumée Orlov.
État : Vivante.
Équipe : Élite 006 – Sahar.

Cheveux : Brun.
Yeux : Vairons ( → présummée Orlov, donnée AA3T )
Taille : 1.64m
Poids : 50kg ( → chute à surveillé )

Sang : Pur 3ème ou 2ème degrés.

Grossesse(s) : 2.
Grossesse(s) réussie(s) : 0.

Examen(s) approfondis :
alpha o.1
→ 975.o
→ 7o1.2
→ 696.o
→ 1o46.2
→ …
→ …

Transfert : Pékin.
_____________________________________________________

Chaque document comportait des photos, des rapports d'analyse. De sang, d'urine. Des dissections de ces petites choses qui avaient été dans ton ventre, et qui ne venaient pas de moi. Je crois que sur le moment, je t'ai détesté. Puis après avoir vu les photos, j'ai voulu vomir. Les photos, les vidéos, tout... Izaak et Skyler ne disaient pas un mot. Je crois qu'à ce moment là, une poussée trop grande de colère m'a fait perdre pieds.



Je me suis réveillé un peu plus tard, loin de Bavière, sur mon cheval, à peine habillé. Izaak et Skyler n'ont rien dit, mais j'avais le goût du sang dans la bouche, et un os coincé dans les molaires. J'ai vomi deux jours durant. Skyler a dit que sous notre forme humaine, on devenait malade quand on commençait à boire plus de six litres de sang... Je suis un monstre, Sasha, mais à côté, la Helsing Corporation est pire.


____________ novembre 2052 - Bavière, QG ALo2____________









Izaak A. Solokoff

Izaak A. Solokoff
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Le journal d'un Fou. #Lun 27 Sep - 22:28




Cela fait quatre ans. Le temps a filé entre mes doigts. Je ressemble à un fantôme, je le sais. Le sang. Je pu le sang. J'ai beau me lavé, je n'y arrive pas, je le sens toujours sur moi. C'est une trace indélébile. Je sens. Et j'en pleur, la nuit, dans l'eau, quand je me lave, quand je peux me laver. Parfois, je reste une semaine sans me laver, et je cours, je ne dors pas. J'ai tellement mal à l'intérieur, mais je me suis juré de ne pas cesser, n'est-ce pas? J'ai juré que j'allais la retrouver. Izaak dit qu'elle n'est pas morte, qu'elle est encore là, quelque part, en Chine. La Helsing Corporation la garde bien cachée, car elle en sait beaucoup. On a beau chercher, on a beau détruire des centres, encore et encore, parfois... ouais, parfois c'est juste de la merde. De la connerie. Pure et simple. Et on tombe dans le panneau. Avant, je n'aurais jamais cru qu'un corps lycanthrope pouvait avoir des cicatrices. Je me moquais des anciens, moi qui m'étais coupé cent fois avec les galets tranchants, sans jamais avoir de cicatrices. En quatre ans, on m'avait arraché trois fois la jambe, deux fois le bras, et une fois, on m'avait même arraché les deux bras. J'avais tué des gens par dizaine, tellement qu'à présent, je ne les comptais plus, je n'y faisais plus attention : c'était devenu banal. C'était ça, ma survie. C'était tuer avant d'être tuer. Ne jamais hésiter ; trancher. Ne jamais s'arrêter, toujours marcher.
… la vérité, c'est que je deviens fou. Je le sais. Je le sens. Izaak et Skyler ne disent rien, mais ils le savent. Je ne dors plus. Je rêve, encore. Des mots. Inséminations. Dossier numéro... sujet o3. Spécimen. Vivante. Transfert. Mort. Sasha. Présumée Orlov. Présumée Orlov. Et je vois les images, les vidéos, j'ai tellement... Mal au ventre. Je vomis tout le temps. J'ai perdu six kilos. Ça se ressent. On mange un jour sur trois. On dort trois, quatre, cinq heures par semaine. Quand je ferme les yeux, je vois son visage. Je vois ton visage, Sasha. T'entends? Je te vois, et t'es là, avec d'autres hommes, et tu pleurs, tu frappes, mais tu n'arrives pas à t'échapper, et je me réveille en pleurs. Alors, j'ai peur de dormir. J'ai peur de les revoir, encore. J'ai peur de leur visage et de leur rire, et de ton corps que moi seul aurait du connaître. Je suis tellement en colère quand je me réveille, que je descends de mon cheval et que je suis le cortège à pieds, pour me fatiguer, pour m'épuiser, pour... oui, pour ne plus penser.
Saillie. Spécimen. Ils te traitent comme une chose, ma Sasha, alors que t'es de toutes les créatures la plus belle, et t'étais de toutes les créatures la plus pure et la plus innocente. Tu te rappelles de notre premier baiser? Tu te rappelles de notre première fois? Et de cette première nuit qu'on a passé dans nos bras? Et de la fois où Oskar m'a moqué, car il savait que je ne connaissais pas encore ton corps, mais moi je m'en foutais, car je t'aimais comme ça, je t'aimais, toi et ton corps tout blanc. Je t'aimais, et j'ai le coeur qui saigne quand j'imagine ces hommes qui te touchent, et ça me rends tellement malade que j'en deviens fou. J'aimerais tellement les tuer. Ça me rends dingue, mon sang est bouillant dans mes veines. Si tu savais, ma Sasha, comme je t'aime, tellement que ça brûle tout au fond de mon corps, je sens mon estomac, et ça brûle tellement... Quand je pleurs, j'ai l'impression de jouir. C'est bête. Mais je crois que c'est ma folie. C'est le seul plaisir que j'ai, Sasha, te pleurer, encore, jusqu'à que ma tête soit tellement lourde qu'elle tombe sans que je ne puisse rien y faire. C'est ma dernière liberté. Pleurer.
Pleurer pour ne pas vomir encore une fois, pleurer pour ne pas arracher mes dents, pour ne pas sentir le sang sur mes mains. Je suis si sale, mon amour, si sale... Si indigne de tes yeux, comme je te laisse, comme je t'ai perdu, et tu es toute seule là bas... Tu es toute seule, et j'ai envie de vomir, de me tuer. Mais je ne me tuerais pas. Car tu as encore besoin de moi. Encore aujourd'hui. Encore demain. Je n'arrêterais pas. Pas maintenant. Quitte à crever, je m'en fou. Jamais. Je sais que tu es vivante. J'en suis sûr.

________________________________________

On attaque. C'est sûr. On a découvert un camion qui donne le transfert. Izaak a dit qu'on attaquerait pas avant le lendemain. On a fait notre camp dans un sous-bois, et on ira. Demain. Tu entends, Sasha? Demain, je mets fin à ton calvaire. Je deviens un héros, ou un martyr. Je meurs, ou je réussis. Je m'en fou, en faite, car j'ai trop souffert pour abandonner maintenant. Et si il y a une chose pour que je te revois, que je te sers dans mes bras, et, oh, dieu, que je baise ta bouche, alors oui, j'irais demain, je fermerais les yeux, et je broierais sous ma force le monde entier. Je t'aime tellement que ça fait mal tout à l'intérieur, bien profondément. Il suffit que je tue des gens pour te sauver, et si ces gens t'ont fait du mal, j'aimerais que tu oublie le plaisir avec lequel je les déchiquetterais demain. Pour l'instant, je suis seul, et je lave mes vêtements dans la rivière, à plusieurs kilomètres du camp. J'ai pris des habitudes, tu sais. Et quand je pense à toi, à ses photos, encore dans ma tête, je n'ai plus peur.

La colère est ma force. Elle est un don.


____________ 2 décembre 2057 - Laponie, QG LA4T____________









Izaak A. Solokoff

Izaak A. Solokoff
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Le journal d'un Fou. #Lun 27 Sep - 23:25




On est prêt. Nous sommes prêts. Izaak me regarde, droit dans les yeux, et il sort d'un de nos sacs une épée, courte. Elle doit faire cinquante centimètres, un peu moins peut être. Elle est bien aiguisée, tranchante comme un fil, mais épaisse pourtant. Il me regarde, me prends la main et la pose à l'intérieur de ma paume. Il me dit qu'elle est l'âme d'un guerrier. Qu'une arme est la seule chose qui sépare l'homme de l'animal. Qu'on doit être fier d'être des loups, et qu'on utilise la lame que pour égorger les porcs et les chiens. Une lame est ce qui remplace les crocs pour le plus sale des boulots : l'extermination. Izaak sait bien ce qu'on dira de lui. Mais il s'en fout. Et je ferme les yeux. J'accepte silencieusement ce pacte qui nous lie dorénavant. Ce pacte qui nous depuis le début de mon épopée.
Il y a de cela sept ans, j'ai tout quitté. Maison, famille, mon atelier. J'ai dit au revoir à la chaleur de ma couche, et je me suis fâché avec ma famille et celle de mon épouse. Sasha. Que tout le monde croit morte. Ma vie aurait pu être un long fleuve tranquille, mais c'est justement car on me l'a prise que je suis là aujourd'hui. Ils auraient pu prendre n'importe laquelle. Mais ils ont pris la mienne. Ils ont pris ma femme. Ils ont pris ma princesse. Et ça, ça ne passe pas. Je les déteste, tous, tous autant qu'ils sont, car aucun ne m'a cru, aucun n'est venu me dire « moi je te crois ». Personne ne m'a regardé partir, et ils doivent bien rire en me traitant de fou dans leur petit confort, eux qui laissent tout faire faire sur notre espèce. Je les déteste, pour t'avoir abandonner, ma Sasha, à ton sort et à tout cela. Je les déteste tous, et j'aimerais qu'ils aillent tous pourrir en enfer. Tes frères, surtout. Lev, et son regard prétentieux. Mishka, et son côté impulsif. Et Khôma, toujours trop engagé, toujours trop à côté. Je les déteste tous, et ils méritent bien de mourir sous la torture de la Helsing Corporation. Mais ce n'est pas mon affaire. Juste la leur. Je suis compatissant. Je leur souhaite au mieux de n'avoir jamais à croiser une élite de la Hel.Corp.

« Chacun se rappelle ses fonctions et le plan? » Izaak nous regarde, Skyler et moi. On est sérieux, concentrés. On sait. « Une fois la porte défoncée, on aura vingt-cinq minutes jusqu'au coeur du bâtiment. Ceci n'est pas un Centre. C'est plus que ça. Alors on reste sur nos gardes, et on reste sur le plan initial. Pas de freelance une fois à l'intérieur. »

Izaak ouvre la marche. Il est toujours le premier. Un bouclier, dit-il. C'est une partie du plan, dit-il. Le loup le plus vieux toujours à l'avant, car il est celui qui saura le mieux encaisser les nouvelles balles du dernier SUB MOD M243, un magnifique modèle russe compacte, capable de tirer en rafale une trentaine de balle en moins d'une minute, avec un chargeur long de cent rentre deux balles. Izaak rit souvent à ce propos. Il dit que les deux dernières balles sont bien souvent pour le propriétaire. C'est au cas où il aurait raté les cent trente balles précédentes. Les deux dernières balles du dernier SUB MOD sont des balles incinérantes et explosives. Le genre qui entre d'un côté par un trou de un centimètre de diamètre et ressort de l'autre côté en laissant un magnifique impact de vingt-trois centimètres. Le genre de balle à ailette qui éclate une fois entrée, et donne une autre vision de la galaxie, plus charnelle.
On se place chacun à notre position. Il est exactement 22h33. Un homme ouvre la porte. Une balle rapide lui explose la cervelle avant même qu'il n'est pu comprendre ce qui s'est passé. Son collègue à peine le temps de l'imiter qu'une balle lui traverse la tempe gauche et ressort par l'hémisphère sud droit. C'est deux magnifiques éclaboussures qui tâchent de graisse et de cervelle les portes et les murs. La porte va pour se refermer, mais le corps du premier agent, affalé sur le sol, bloque. Une autre balle perce la caméra de sécurité. L'alarme se déclenche.

À partir de ce moment précis, on a vingt-cinq minutes.

On court. Ce n'est pas une question de temps. C'est une question de personne. Izaak entre par la porte. Y a un grand « boom! » à l'intérieur. Ça, c'est la grenade. Ça sent la chair brûlée. Skyler et moi on entre en même temps, et on court dans les couloirs, à l'aveuglette. On ne tire pas, car Izaak est devant, et si Izaak est devant, on ne rencontrera personne. Alors on court, rapidement. Avec nos épées, on frappe les caméras sur notre chemin. La sirène hurle de plus en plus fort. J'ai l'impression qu'elle me perce les tympans tellement elle est forte. On tourne à droite au bout d'un moment, et plus de Izaak. Une troupe de sept hommes arrivent dans un ascenseur, mais ils n'ont pas le temps de faire un pas au dehors qu'une grenade explosive tombe à leur pieds et ils éclatent. Du sang éclabousse partout, et ça donne des auréoles volumineuses sur les murs et nos habits. Le visage de Skyler est recouvert de sang, comme son kéfier. On prends l'ascenceur. On descends au 5ème sous-sol. Tout pendant la descente, on se tait. On charge nos armes. On est silencieux. La porte s'ouvre, mais personne devant. Izaak est déjà en bas. Il court si vite. Mais pas le temps de réfléchir. On court nous aussi, on court vite, on tourne sans s'arrêter. On connaît le plan par coeur. On sait où on va. On sait comment, où, et pourquoi. Skyler accélère devant moi, et dans un long bond, s'écrase contre une porte qui cède. Je tire en rafale, et il y a des bruits de blessure. On avance en forcing, alors que des balles d'argent nous traverse de part en part. C'est bien, ça. Quand les balles ressortent. Ça économise un peu d'énergie. On tire en retour, et on traverse les derniers couloirs. On pousse une porte, on descends les escaliers jusqu'à 8ème sous-sol. Encore, encore. On descends.

Il nous reste dix-sept minutes.

On court sur les derniers mètres qui nous sépare de Izaak qui réapparaît, couvert de sang de la tête aux pieds. Il nous regarde, avec un petit rictus au coin des lèvres. Il a un air sacrément malsain, mais je n'ai plus peur. Plus peur de rien.

« Le gars qui s'occupe de l'établissement est actuellement derrière cette porte, Sindri. À toi l'honneur. Va dire salut au Colonel Hoggins. »

Je le regarde, une immense gratitude dans le fond des yeux, et je fonce. J'entends derrière moi des bruits de rafale et d'affrontement, mais je n'ai pas peur. Izaak et Skyler ne peuvent pas mourir. Pas ici. Pas comme ça. J'attrape avec les mains les deux portes et tirent de toutes mes forces. Le grincement métallique m'indique qu'elles peuvent s'ouvrir manuellement. Je continue, et enfin les débloque. J'avance. Le Colonel Hoggins est dans un globe de verre, qui visiblement résiste aux balles qui ricochent sur sa surface. Il se tient au milieu de la pièce, un téléphone à la main, et il crie, il hurle, il panique.

Hoggins. Hoggins.
Ce nom résonne pas ma tête. C'est l'heure de la revanche.

Je recule, me frappe contre le verre, mais rien ne se passe. Je recommence, encore, encore, et encore. Mais rien. Furieux, je tire dessus, mais les balles ricochent dans des bruits métalliques. Alors je dégaine l'épée. Il est dit du métal noir qui compose les lames lyciennes qu'elles ne fondent ni ne cassent pas, et qu'une fois coulée et forgée, plus jamais on ne peut la retaper. Je crois que ce métal noir dans laquelle est faite mon épée possède les mêmes vertus. Tout du moins, je l'espère sur le moment. Je frappe d'un coup sec dans le verre et la lame se plante aussitôt dans le globe. Hoggins recule dans son bureau de verre protégé. Moi je tourne l'épée, et une longue fissure retombe lentement le globe. J'ai juste à reculer un peu et à donner un grand coup de poing pour que toute la parois devant moi tombe en éclat. J'approche, pose un pas dans le sphère.

« Hoggins. »

Ce nom m'écorche les lèvres à la prononciation. Il me regarde. Il est en chemise de docteur. Il n'a pas d'arme, si ce n'est un téléphone dans les mains. Il sent le formol à plein nez. Son visage est hideux. Peut être pas, mais je le vois ainsi. Je le conçois ainsi. Je le mangerais ainsi. Je l'attrape par la gorge, le plaque contre le bureau et l'étrangle. Il vire rapidement au bleu, s'étouffe, rumine. Il essaye de me griffer le visage, mais aussitôt ses ongles partits que je sens déjà ma peau refaite à neuf. Pauvre fou. Je lui crache à la figure.

« Sujet numéro trois. Où est le sujet numéro trois? »
« Sujet qu- » Je sers sa gorge, un instant. « J-j-je sais pas. Pas mon suje- »

Je ressers à nouveau et lui donne un coup de poing dans les côtes, un peu trop fort. La côte a du lui traversé le poumon car il est prit de spasme et il ne respire plus trop bien. Il va mourir, étouffé dans son sang. Je recule, le regarde. Dans sa main, il tient le téléphone, encore. Je me penche, attrape sa main, mais il ne veut pas lâcher le combiné. Je me penche, et de toutes mes forces lui mords le poignet. Sous mes molaires, je sens ses os se broyaient dans un bruit atroce et éclate de rire. Je colle mon oreille au combiné, mais bien vite je pâlis.

« Transfert et disparition du sujet trois confirmé pour : Canada. 100% admis. Transfert : ce soir...... bip, bip, bip... »

Je me relève, livide. Hoggins, derrière moi, suffoque. Du sang coule de son nez et de sa bouche. Je le regarde, et je souris en le voyant mourir. Je n'abrègerais pas ses souffrances. Il n'y a plus de bruit dans le couloir. Je relève le nez. Skyler est au sol, salement touché. Izaak me siffle. J'accoure, attrape Skyler sur mes épaules. Nous traçons vers la sortie. Il nous reste quatre minutes.

« Où est-ce qu'elle est? »
« Au Canada. » Izaak me regarde. « Avant de mourir, Hoggins a avertit les autorités. Ils ont décidé de... »
« De la faire disparaître. Ils vont la lâcher en pleine rue, au plein coeur de Montréal ou d'une grande ville, et ils vont voir ce que ça donne. Je connais ça. J'ai déjà vu des gens perdus se dire enlever par des aliens quand en faite, c'était autre chose. » Izaak réfléchit. L'ascenseur remonte. « Écoute, on se sépare. Je prends Skyler et on détourne l'attention. Pendant ce temps là, va au Canada, prends les plus grandes villes, et regarde les boulots sous payés. Généralement, c'est prostituée, femme de chambre, de ménage, etc. Renseigne toi sur les nouvelles admissions sur le territoire. »
« On se quitte maintenant? »
« Dans une demi-heure, le bois va grouillé de soldat. Moi, je me casse en Mongolie. Toi, démerde toi pour rejoindre le Canada. Commence par Toronto. Si tu trouves pas, passe à Montréal. En pleine campagne, ça m'étonnerait qu'ils l'aient lâché, mais... pense à tout. »

Je hoche la tête. On sort du bâtiment. Izaak me regarde, et a un petit rire. Je le regarde. C'est notre dernière fois, ensemble.

« Dommage que tu sois ce que tu es, garçon aux cheveux bleus. Tu auras été un bon chasseur. » Silence. Je me sens gêné. « Bonne chance, Sindri. »

Et Izaak part, Skyler sur les épaules, comme si tout était normal. Je relève le nez. Des chiens au loin hurlent, ils cherchent. J'inspire un bon coup, je me transforme. Il n'y a plus qu'une étendue d'eau entre toi et moi, mon amour, et cette étendue n'est rien. Une bagatelle. Moi? Je cours. Vers toi. Je te l'ai juré, Sasha. Je te retrouverais. Même si ça doit me prendre une éternité.


____________ 3 décembre 2057 - Laponie, QG LA4T____________










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