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 Le Journal d'une Exilée.

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PROFIL & INFORMATIONS









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Le Journal d'une Exilée. #Sam 25 Sep - 16:12


Le Journal d'une Exilée. 33281080
feat. Sasha Orlov.


« Non c'est juste que... tu me rappelles quelqu'un.»

Des garçons aux cheveux bleus il y en avait plein en ville. Cheveux courts, longs ou mi-longs, coupe en brosse, punk, ou autre, il y en avait des turquoises, des bleus électriques ou outremer mais tous ou presque reniflaient une odeur acre d'ammoniaque et de produits chimiques je pouvais sentir même maintenant. Je le regardai avec un sourire fatigué. Je savais déjà. Ce qu'il allait me dire. Ce qu'il pensait. A peu de chose près. C'était tout ce qui me restait après tout: l'instinct du loup.

« Ohw... et bien j'espère que c'est ton frère, ou un de tes cousins.
- ... mon mâ...ri. Désolée. »

Je n'avais pas perdu cette fâcheuse habitude de dire la vérité malgré tout. Et je buvais du lait, comme pratiquement toutes les fois où Ella et Kira m'avaient emmenée au bar. J'avais besoin de protéines mais dans un verre de lait pasteurisé. Pour moi ça garderait toujours un drôle de goût même après cinq ans de cette vie. Tout comme ces mots que j'essayai de ne pas utiliser histoire de ne pas attirer l'attention. Mon mâle. Mon loup. Mon Sindri. Mieux encore mon alpha, ça j'aurais pu le dire ou presque, il n'aurait pas compris je suppose. Mais je me méfiais toujours des oreilles qui traînaient. Autrefois, je n'aurais pas compris le sous entendu dans la réponse de ce garçon aux cheveux bleus. Je ne me serais pas méfiée, tout au plus aurai-je ri en disant que mes frères ne risquaient pas d'avoir les cheveux bleus. Mais avec Heike j'avais largement eu l'occasion de me représenter ce que les hommes mortels pouvaient avoir à l'esprit. Enfin, tous les hommes n'étaient pas des Heike, fort heureusement. Je me rappelai le ton navré de mon père quand il disait à Ella "mais tu ne sais pas ce qu'ils ont dans la tête". Quelque part je crois bien que si. Ella savait et c'était pour ça qu'elle choisit toujours ses tenues avec autant de soin. Pas seulement pour attirer l'attention de papa. Je me demande si là où elle est maintenant, elle continue à être toujours la même. Je l'espère. Il me semble avoir tellement changé moi même.

« Mariée à ton âge? C'est une blague?
- Non pas du tout.
- C'est du gâchis alors. Une aussi jolie fille que toi ne devrait pas être mariée avant d'avoir vécu sa vie. »

Un étrange petit rire emprunt de lassitude, c'était tout ce que j'avais à offrir.

« Quel âge tu crois que j'ai...»

Ce n'était pas une question. Je n'attendais pas de réponse. Parler avec ce garçon aux cheveux bleus c'était comme parler un peu au fantôme du reflet d'un souvenir. Parler dans le vague ou presque. Ce n'était pas Sindri. Il ne s'en approchait même pas un peu. Il avait simplement les cheveux teintés d'un bleu criard comparé à ceux de Sindri. Il aurait aussi bien pu les avoir vert, ou rouge.

« Je sais pas...17/18 ans, peut-être 20 grand maximum. Qu'est-ce que t'as dans ce sachet?
- ... un secret. »

Il me restait quand même un peu de moi même.

_______________11 janvier 2058_______________









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Le Journal d'une Exilée. #Sam 25 Sep - 17:29


« Pourquoi fais-tu ça Sahar?
- Pourquoi je fais quoi? »

Elle n'avait pas l'air de comprendre.Peut-être était-ce la pointe de sarcasme. Non ce n'était pas vraiment du sarcasme. Je n'ai jamais été quelqu'un de sarcastique. C'était une vraie question. Pourquoi s'obstinait-elle à faire ça.

« Pourquoi me parles tu comme si j'étais ton amie?
- M... parce que je te considère comme mon amie Sasha.
- On ne garde pas un ami derrière des barreaux Sahar.
- Sasha... les barreaux c'est... »

Une nécessité. Une garantie. Ils ne voulaient prendre aucun risque. Combien de fois l'avais-je entendu celle là? Quelque part ils avaient raison. A mon arrivée peut-être pas mais maintenant, j'aurais payé n'importe quel prix pour m'enfuir. Pas même rentrer chez moi. Juste fuir. N'importe où.
Je voyais que ça lui faisait de la peine. Quelque part elle arrivait à croire qu'elle était mon amie. Peut-être parce qu'ici, elle n'avait pas vraiment d'ami en dehors de Len. Qui y avait-il ici à part lui, moi, Heike, quelques voix sur lesquelles je ne mettrais jamais de visage?

« ...je sais que tu ne comprends pas Sasha mais tout ça... il faut le faire je t'assure. Tu n'imagines pas ce que nous avons entre les mains. Tu n'imagines pas l'ampleur...
- ... des dégâts. Si je le vois très bien venir d'ici.
- Il n'y aura pas de dégâts. Si on arrive à te guérir...
- Mais je n'ai pas besoin d'être guérie, je ne suis pas malade.
- Tu l'es! Ce n'est pas incurable, je sais que ça ne l'est pas.
- Bien sûr que ça ne l'est pas. Ce n'est pas une maladie...»

J'étais calme. Elle s'emportait; c'était une discussion de sourd. Une discussion que j'avais déjà eu avec eux. A ce moment là de ma vie j'étais usée, fatiguée et je n'étais pourtant qu'une enfant. Qu'est-ce que c'est que quarante ans dans la vie d'un loup? Je me rappelai le sourire d'Izaak comme il riait de mes vingt-deux ans. Aurait-il eu le même à voir ce que j'étais devenue vingt-ans plus tard. Devoir expliquer encore et encore que je n'étais pas malade. J'étais simplement moi. Ça jetait toujours le même froid mais j'avais appris à ravaler mes larmes en quatre ans. Au début je fondais en larmes, je pensais sincèrement qu'il y avait une chance qu'on me croit, ou ne serait-ce qu'on m'écoute. Après tout nous étions tous des êtres humains doués d'intelligence. Mais je comprenais vite qu'à leur yeux je ne pouvais qu'être une malade sinon un stupide animal. Une incivilisée. J'entendais encore Leandre pester contre ce mot là. C'était il y a longtemps.


« J'étais juste venue te dire... il... il n'a pas survécu.
- C'est beaucoup mieux qu'il n'ait pas survécu...
- Sasha!
- Non! Ce... ce que vous faites c'est contre nature, et ne vient pas me dire que c'était mon enfant!
- Ne te mets pas en colère, ce qu'on fait c'est pour le bien du plus grand nombre! Grâce à toi on sauvera des milliers de gens tu en as conscience de ça?
- Sauver... quoi? Alors pour toi sauver le monde c'est ça? C'est enlever des gens, leur faire toutes ces horreurs pour finalement...
- J'ai pas envie de parler de ça avec toi Sasha. Tu ne comprends pas.
- Non c'est toi qui t'obstines à ne pas comprendre.
- ... Sasha tu me répètes toujours que tu n'es pas malade, que tu es aussi humaine que moi mais si mon enfant mourrait j'en serais malade! C'est ÇA être humain. Aucun être humain normalement constitué ne pourrait réagir comme tu le fais.
- Aucun être humain normalement constitué n'obligerait une femme à porter un enfant qui n'est pas le sien Sahar. Et ça tu le sais. Ce n'était pas mon enfant, et pour ce que vous en auriez fait, oui, il vaut mieux qu'il n'est pas vécu. Ce n'est pas parce que tu me considères comme ton amie que tu viens me parler, tu as besoin d'alléger ta conscience mais tu ne me regarde pas moins comme un animal, une nuisance.
- Je crois que le travail t'as fatiguée, je vais te laisser. Tu... Len te ré-inséminera dans un mois. Repose toi bien en attendant. Il faut que tu sois plus forte.»

Je la regardais sans vraiment la regarder. Elle glissa son passe dans la porte et la lumière s'éteignit et la lumière verte de l'ampoule de secours s'éclaira.


_______________expérience 1046.2_______________









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Le Journal d'une Exilée. #Sam 25 Sep - 17:52


« Heike a mis double dose.
- Ouais mais à mon avis elle va pas rester dans les vapes bien longtemps. T'as bien sanglé au moins.
- J'ai vérifié deux fois Len...
- Vérifie une troisième fois.
- Mmh...
- Bon c'est bon? »

Je me rappelle vaguement cette conversation et aussi la sensation que mon corps était devenu trop lourd pour moi. Que si j'essayai de me lever maintenant j'allais en sortir. Ca me faisait peur quelque part. Ca n'avait rien de très normal comme sensation. Comme quand c'est le moment de se lever mais qu'on est tellement fatigué qu'on rêve tout simplement qu'on arrive pas à se réveiller.

« sûr que c'est pas demain... encore... de dix-neufs.
- Alors?
- Demain... après coups.
- Je crois... commencer.
- ... façon Dekker veut qu'on s'y mette maintenant. Je sais pas avec quoi Heike la shootée cette fois mais c'était de la bonne.
- Que dis le rapport de Hoggins?
- Rien 'fin comme d'hab. Désorientation spéciale, trouble de la mémoire.
- Et les séances d'hypnose?
- C'est concluant. Si on arrive rien à tirer d'elle on pourra toujours se servir de Sindri.
- C'est quoi ça sindri?
- Sindri... sindri?
- Tiens elle grogne. Je pense qu'elle est réveillée. »

Les sons et les mots étaient déformés par un écho qui n'existait que dans ma tête. Sans m'en rendre compte je m'étais mise à pleurer au nom de Sindri. Les choses se ré-assemblaient un instant dans ma tête avant de s'évaporer de nouveau. Je me rappelai les flammes. Sindri qui me hurlait de fuir. Une dizaine de corps écorchés et décapités. Je ne savais même pas dans quel ordre allaient ces images, ni même si elles étaient cauchemars ou souvenirs réels. Je me sentais fondre pour revenir à ce que j'avais de plus petit mais je ne contrôlai rien.

« Merde les sangles vite! »

On m'ouvrait les paupières, on me brûlait la rétine avec une petite lampe et je reconnaissais cette étrange odeur de chasse et de vieille mort mêlées.

« Les pulsations sont bonnes, la pupille réactive.
- C'est pas la peine de te débattre comme ça, tu es sanglée. On ne fait que t'examiner là?
- Pourquoi vous me faites tout ça? Où est Sindri? Je vous ai entendu parler de lui où est-il?! »

Évidemment que je me débattais. Je ne savais pas où j'étais. J'étais entourée d'inconnus. Je ne savais pas ce qu'ils m'avaient fait, ni ce qu'ils me faisaient maintenant, et encore moins ce qu'ils avaient pu faire à Sindri. J'étais encore cette douce petite fille qui offrait des fleurs aux monstres de contes de fées. Comment aurais-je pu retenir mes larmes? Ils m'avaient pris les trois seuls objets au monde dont je ne me séparai jamais: mon alliance, la dent d'Izaak et un collier de Sindri. J'en portai toujours un différent, tous les jours.

« On doit d'abord les analyser pour savoir ce que c'est... on te les rendra si on juge que ce n'est pas dangereux.
- Mais ça je peux vous le dire! Ce ne sont que des objets, ils n'auront même pas de valeur pour vous!
- Désolé mais on ne va pas se fier à la parole d'une louve.
- Qu'est-ce que c'est?!
- C'est rien.
- C'est un peu de tue-loup. Non! Ne t'affoles pas reste calme. Ca va brûler un peu mais tu te sentiras mieux après... »

Brûler un peu...

____expérience 696.0; sujet n°3; spécimen femelle présumée Orlov____









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Le Journal d'une Exilée. #Dim 26 Sep - 14:20


« Eh ben, un spécimen dans le genre je m'en ferais bien une tous les matins au petit déjeuner... mais c'est qu'elle grogne la donzelle ahah!
- Eh oui Heike, c'est un être pourvu d'intelligence contrairement à tout.
- Hmpf.
- Qu'est-ce qui te fait rire Len?
- Ce que vient de dire Sahar.
- Elle est pas trop causante votre beauté là. Fais voir...
- Tttt c'est pas parce qu'elle est sous tue-loup qu'elle est pas encore capable de te mordre. T'as qu'à te trouver une vraie fille si tu as des envies matinales Heike. Et puis on bosse là. »

Je n'avais pas dit un mot depuis que j'étais arrivée. Il m'avait fallu deux petites minutes pour comprendre que je ne rappelai pas de tout ce que je leur disais. Quand leur avais-je parlé de Sindri? Je ne m'en rappelai même pas. Je ne l'aurais jamais fait d'ailleurs. Surtout pas. La dernière chose que je voulais c'était qu'ils sachent qui était Sindri. J'avais vite compris aussi qu'il ne l'avait pas. Qu'il n'avait pas Ella non plus. Juste une autre louve blonde. Et la gamine qui passait toujours les examens avec moi. Une louve que je ne connaissais pas, une petite mordue. Tié. Le soir je lui racontai des histoires pour qu'elle s'endorme, quand on se retrouvait seule toutes les deux dans nos cages respectives. Si. J'avais parlé une fois. Pour demander pourquoi on ne nous mettait pas ensemble. L'homme aux cheveux noirs, Len, avait rétorqué que le but de leurs recherches n'était pas de faire des combats de chiens. Soit. Je n'en étais plus à ça prêt question insulte. Même si Sahar semblait beaucoup plus désireuse d'avoir une réelle conversation. Elle était la plus scientifique des deux. Une demie-vampire de type D1. C'est comme ça qu'ils disaient entre eux. J'avais remarqué que ce "D1" la vexait même si je ne savais pas à quoi il correspondait. Len était un demi-vampire de type D2 et il en semblait plutôt fier. C'était un chasseur. Tous les deux des Konstantine. Avaient-ils la moindre petite idée que nous puissions être des parents éloignés? Je n'en sais rien. Je crois qu'ils le savaient mais que ce n'était qu'un hasard pour eux. Je me rappelai mon oncle Roman, si gentil et toujours prompt a nous défendre devant les autres. C'était lui qui avait inventé ces bracelets que nous portions petits. Lui qui avait inventé le Serum Alpha qui permettait de diminuer le risque d'attaques incontrôlées pour les mordus sans pour autant imposer les désagréments de ce qu'on appelait le tue-loup. Mon oncle Roman qui était chasseur et qui pourtant, était plus un homme de réunion que d'extermination.
Tie essayait toujours de se défendre quand elle voyait approcher l'aiguille. Pour moi, j'avais cessé de me débattre à la seconde où j'avais vu la muselière en argent. Rudimentaire mais efficace d'après Len. Il n'avait pas tord.

J'avais grandi dans un paradis, un lieu béni où nous n'avions pas de prédateurs, ou si, seulement dans les récits des anciens et de nos parents. Mais tout ça c'était loin. Ca ne pouvait pas nous arriver. Pas à nous. Même pour moi qui était l'amie d'Izaak Solokoff et qui avait peut-être de tout ceux de mon âge l'esprit le plus éveillé à ce genre de chose je n'aurais jamais pu imaginer une telle horreur. Tant de froideur et de cruauté. Les premiers temps j'en étais malade. Les yeux toujours pleins de larmes jusqu'à ce que la peine se change en écoeurement. Comment me garder de haïr des êtres aussi foncièrement mauvais? Je ne devais tout simplement pas être née pour haïr car je continuai à me dire qu'au delà de ces portes et de ce dédale de couloirs blancs stériles, il y avait de mortels qui en valaient la peine. Si je ne m'étais pas dit ça, peut-être que je serais morte à la première injection. Si je ne m'étais pas dit qu'il fallait vivre juste pour le plaisir de ne jamais voir Sindri me rejoindre, alors oui, j'aurais fermé les yeux dès le début. Mais je n'étais visiblement pas assez tranquille pour mourir.
Len approchait avec une deuxième seringue. J'esquissais un mouvement de recul, bien contenue dans mes sangles:

« C'est pas pour toi. »

Du regard je le suivais tandis qu'il faisait l'injection à Tie. La pauvre supportait mieux le tue-loup que moi. C'était là sa récompense.


« Sasha... Sasha... j'ai fait un cauchemar! il y avait... »

Des tables d'acier chirurgical et une affreuse lumière verte qui clignotait dans le noir, faisant successivement apparaître et disparaître le grillage qui nous enfermait. Je soupirai tristement. Si ça avait pu n'être qu'un cauchemar. La petite s'était mise à sangloter amèrement comme toutes les nuits quand elle se rendait compte que je n'étais pas un ami imaginaire et que son cauchemar était bien vivant. Ca me brisait le coeur de la voir. Doucement je glissais vers son côté et glissais mes doigts entre les trous du grillage, sur les siens. Elle finirait par s'endormir. Comme tous les soirs. Quand elle n'en pourrait plus. Ca viendrait vite.

_______________expérience 701.2_______________









Elladora Konstantine

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► MESSAGES : 456
Le Journal d'une Exilée. #Dim 26 Sep - 14:47


« Pupilles réactives.
- Eh bien. On pourra dire que tu nous auras fait une belle frayeur.
- Quoi?
- Et elle parle en plus maintenant?
- Comme quoi parfois la machine à besoin d'être redémarrée pour que tout rentre dans l'ordre.
- Vous êtes qui? »

Je me rappelle du mal de crâne comme si on m'avait enfoncé un clou dans la tempe mais rien d'autre. Je redécouvrais pour une millième fois les lieux. Combien de fois je me suis réveillée comme ça, allongée à moitié nue sur une table dure et glacée, des visages inconnus penchés au dessus de moi? Je ne les compte plus.

« Je suis le Docteur Hoggins. Et voici Sahar que tu connais non Sasha?
- Non. Non je ne la..., je fronçais les sourcils et regardais l'orientale à côté du docteur Hoggins,... pourquoi suis-je attachée et où est...
- ... où est Sindri? Bon et bien au moins nous savons que tu es en bonne santé, elle pose toujours cette question. »

Ca les faisait rire. Je les regardai. La fille avait une odeur bizarre. L'homme une odeur de parfum qui me brûlait le nez. Et puis je n'aimais pas cette façon qu'elle avait de pouvoir prédire ce que j'allais dire. Je n'aimais pas ce qu'ils m'avaient fait, bien que j'étais incapable de m'en souvenir. C'était bien là le hic.

« Je pense qu'on va pouvoir commencé le traitement, mais en augmentant les doses progressivement cette fois ci.
- C'est une perte de temps pourquoi ne pas lui injecter le vaccin directement.
- Non! Ce serait stupide après le résultat que ça a eu sur Tie.
- Oh arrête Tie était une mordue.
- Et alors? »

Je les regardai débattre comme si je n'étais pas là, où plutôt comme si je n'étais que leur chose. Je parlais pourtant. Je souffrais aussi. Quelle différence avec eux?
Apparemment Sahar reprochait à Hoggins d'aller trop vite en besogne et ils avaient foiré une expérience sur le "Tie" en question mais apparemment pas sur moi. Quelle expérience? J'aurais bien aimé le savoir. Je regardai Sahar et sa seringue approcher avec une vague impression de déjà vu. Est-ce que je passais mes journées à ça? Recevoir des injections. Deux secondes après je me sentais molle. Une curieuse envie de vomir avec la certitude que ça ne viendrait pas, je l'ai senti me dé-sangler mais impossible de tourner la tête pour regarder. J'étais une loque mais j'étais bien consciente. C'était même pire. Sahar me prit dans ses bras avant de poser dans un fauteuil roulant et de me re-sangler.

« C'est la procédure me fais pas ces yeux là. »

Je me demandai même pourquoi elle me faisait la remarque, quel regard m'imaginait-elle. Comme si j'étais encore en état de faire un quelconque regard. J'arrivais dans une autre pièce où il y avait de grandes cages vides. Sahar me dé-sangla. Il y avait un autre type, un grand blond baraqué qui la regardait faire. Elle me posa dans la cage de droite, referma, avant de commencer à désinfecter la cage d'à côté. Je me rappelle l'odeur du produit qu'elle utilisait. Ca me brûlait les muqueuses. J'avais l'impression de me bousiller l'odorat.

_______________expérience 975.0_______________









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
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propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Le Journal d'une Exilée. #Dim 26 Sep - 18:38


feat. Emilie Simons, Marie & Kylie Hoggins, Kate Burnham & Peter Müller.

« Chérie non pas par là! On ne sait pas ce qu'il y a dans la forêt. »

La petite fille aux boucles blondes se retourna un peu interdite. Elle connaissait bien cette expression sur le visage de sa mère. Peter fronçait un peu les sourcils mais il cueillit la petite au passage comme elle courrait vers lui.

« On sait bien ce qu'il y a dans la forêt et on a pas envie d'aller voir mh?
- Oui papa.
- Sinon quoi?
- Sinon les chasseurs ils vont me trouver et me manger. »

C'était un peu triste dans la bouche d'une gamine si petite mais le petit groupe rit quand même. Il fallait bien qu'ils rient de quelque chose. Ils passèrent la journée à s'installer là, près de la petite crique qu'ils avaient trouvé. Là ils seraient à l'abri pour un temps... du moins ils le pensaient...


« Où est-ce que vous allez? »

Je ne sais même pas pourquoi je posais cette question aux garçons ne les voyant passer. J'étais là, assise au sommet de la colline qui surplombait le champs de fleurs multicolores de mon oncle. C'était un des endroits que je préférai. Il n'y passait jamais personne c'est peut-être pour ça que voir la petite troupe passer en courant m'avait fait sortir de mes habitudes. Sindri et moi avions notre petite vie ensemble depuis un moment déjà et c'est vrai qu'il me suffisait de l'avoir près de moi. J'aimais les autres aussi. Je le leur montrais, mais nous vivions Sindri et moi presque sur un nuage, une petite île faites de pierres lisses et grises que seuls nous pouvions trouver magnifiques. Sur notre île il y avait exactement 1002 brin d'herbes, 48016 grains de sable blond, gris et noir, toutes les fleurs qu'on aimait et il suffisait jeter un coup d'oeil par dessus le bord pour regarder les nuages dessiner les mondes en formes de coton, de lever les yeux pour voir le reste du monde, juste à portée de main. Pourquoi aurai-je posé la question s'il n'y avait pas déjà eu quelque chose d'inhabituel. J'aimais l'idée que chacun suivait un fil d'or invisible pour les yeux. Chacun le sien. Alors je ne m'inquiétai pas. Pas vraiment. Je savais que le mien par moment, croisé celui que suivait Izaak, et ces moments là étaient précieux pour moi. Je savais aussi que celui de Sindri suivrait toujours le même chemin que le mien.

« Il y a une famille de mordu qui s'est installée dans un de nos anciens camps, on y allait pour les mettre en garde contre les chasseurs.
- Je vois. »

Pourtant j'étais curieuse, naturellement. Alors je demandai quel camp et en apprenant que c'était le tout premier que j'avais connu, me rappelant qu'Izaak m'avait recommandé de ne pas y aller seule, je profitai de l'occasion. Et puis ces gens auraient sans doute besoin d'aide, ou d'un endroit où aller. En chemin je croisais Ella mais elle semblait peu disposée à porter secours à des gens qu'elle ne connaissait ni de Seth ni de Caïn, et surtout qui se trouvait à plus de cinq jours de cheval. Je ne lui en voulais pas. Elle avait aussi ces bons côtés, il ne fallait pas croire. Je croyais surtout que si elle ne voulait pas partir c'était qu'elle avait quelque chose à faire. Ca ne faisait rien. Je passais en courant pour embrasser Sindri et lui dire où j'allais. Il m'avait fallu de longues années avant de m'habituer à l'avertir de mes absences. Ce n'était pas que j'étais égoïste, mais j'ai toujours eu cette curieuse habitude de suivre le fil de mes idées comme on suivrait un cerf dans la forêt en oubliant de regarder le chemin avec cette idée que l'on retrouvera bien le chemin de toute manière. Je ne pensais pas qu'on puisse s'inquiéter et d'ailleurs quelque part je conservai cette habitude sauf quand je compter m'absenter plusieurs jours, ou pour aller loin. Ce qui n'arrivait pratiquement jamais.

« Hey! Vous êtes qui vous là?
- Des amis. On venait juste vous prévenir.
- Cet endroit n'est pas sûr, les chasseurs le connaissent. »

C'était une petite meute. Un mâle et quatre femelles. Ils semblaient tendus. Ca n'avait rien d'étonnant après tout ils ne nous connaissaient pas. Et nous ne les connaissions pas non plus. Le mâle parut hésiter mais finalement il avança de quelques pas. Il s'appelait Peter. Comme il était trop tard pour se remettre en route, la meute des mordus nous invita a rester pour la nuit et à partager leur repas. Leurs technique de chasse n'était pas très au point mais je supposais que cela tenait à leur nature humaine. Nous étions né loups. Nous ne savions pas ce que c'était que de devoir apprendre à l'être. Ma mère aurait pu me le dire. Mais elle n'était pas là.
Le soir autour du feu, ils nous racontaient comment ils étaient devenus loups. L'histoire de Peter et Marie me toucha particulièrement. Je me rappelle avoir ressenti une pointe de tristesse à voir les larmes de Peter comme il racontait cette tragique nuit où il avait mordu son épouse enceinte de quelques mois. J'imaginai le poids de la culpabilité sur ses épaules larges et cassées, et lui témoignait mon amitié en soutien. Il semblait l'apprécier quoique comme la plupart des hommes, il restait pudique sur ses émotions. Je me montais une tente où je dormais seule, le collier de Sindri et la dent d'Izaak serrés dans ma main. C'était toujours comme ça que je m'endormais, lovée dans les bras de Sindri, ou dans le souvenirs d'eux. Ce n'était pas bien difficile, son odeur était partout sur moi. Et elle était douce comme un songe. Je m'endormais donc facilement.
C'est en entendant glapir en plein milieu de la nuit que je me réveillai en sursaut, une odeur de sang me prenant les narines, je sortis d'un bond. Un bras puissant m'attrapa à la gorge mais j'étais plus forte. Je renversai Peter mais restais interdite un instant, ce qui lui permis de me frapper une première fois avant de pointer sur moi un objet que je n'avais jamais vu. Il y eu un bruit épouvantable et ensuite une douleur intenable. Je regardai les autres, les miens. Quatre étaient déjà morts. Décapités sans doute dans leur sommeil. Qui était ces gens.
Derrière moi qui me recroquevillai de douleur, un bruit de moteur et des voix d'hommes. Nous étions encore cinq sans me comptait, mais à présent nous étions en infériorité numérique. Le combat fut vite réglé même avec la pleine lune qui se levait. J'avais beau voir que la meute des mordus nous avait tendu un piège puant, en voyant la petite fille tomber, déjà une belle louve presque aussi grande que moi, mon coeur se serra à faire mal. D'autres balles sifflèrent mais pas en argent cette fois ci. Je sentais la toute première ressortir, éjectée par la chair qui se reformait et peu à peu mon corps qui s'appesantissait. Je grognai. Montrai les dents. Mais mes pattes me trahissaient. Je faisais rire les hommes; J'étais incapable de défendre les miens. De me défendre moi. Je voyais trouble. On me souleva pour me jeter à l'arrière d'un pick-up noir et on s'assurait de me rendre inoffensive. Je me rappelle du visage carré d'un grand blond aux muscles saillant. Il avait un sourire triomphant et semblait visiblement s'amuser. Il sortit des jerricanes de l'arrière du véhicule et je m'endormais malgré moi. De temps à autre je relevai les yeux sur un tas de têtes coupées ou sur des corps écorchés, tous attachés ensemble dans un pantin grotesque. Je sombrais un instant et quand je rouvrais à nouveau les yeux. Je ne reconnaissais rien autour de moi et j'avais la truffe pleine de poussière. Le grand blond revenait avec ses jerricanes vides. Le vent tourna un instant juste pour m'asphyxier à l'odeur du sang humain. Je ne comprenais pas. On me faisait une autre injection. La première d'une longue série. C'était dans leurs balles... c'était...

« Voilà. Scène de crime encerclée yeurk yeurk. Sont pas prêt de nous suivre.
- Y a des pertes de notre côté?
- Ouais la gosse et les nanas. 'Fin c'que j'avais dit. Y a que Peter et Emmy qui s'en sont tirés.
- Je l'avais dit qu'on avait mal évaluer.
- Quoi tu veux qu'on attende Solokoff pour lui expliquer qu'on a foiré et qu'on comptait lui laisser moins de cadavres derrière? Aller démarre. »

Plus tard je comprenais en recroisant le grand blond en train de stocker son propre sang. La Hel.Corp consommait énormément de sang. Plus qu'énormément...

_______________expérience alpha 1.0_______________









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Le Journal d'une Exilée. #Lun 27 Sep - 14:00


Et c'est comme ça que je me suis réveillée le nez dans une poubelle. Pour la première fois de ma vie le froid m'éprouvait terriblement. J'ouvrai les yeux réveillée par la rigueur du temps. Pourtant ce n'était pas la Sibérie. Du moins pas que je sache. Je ne savais même pas où je me trouvais. Je me relevais sur mes genoux écorchés. Ils me semblaient bien maigres mais peut-être était-ce une impression. J'avais encore eu une absence. Où du moins je ne me rappelai rien après que Len ait commencé à tout mettre à sac dans le labo. C'était confus. Je me rappelai les avoir entendu courir dans tous les sens. Dire qu'il fallait tout brûler. Ne laisser aucune trace exploitable, moi y compris. Ils avaient fini par faire de moi la pièce maîtresse de leur projet. Les derniers jours j'avais droit à quelque traitement de faveurs. Manger dans une assiette. Avec des couverts. Mais toujours pas de viande. J'avais dormi dans un lit, un vrai lit. Et j'avais pris une vraie douche, seule, sans personne pour me fusiller avec un kascher comme les autres fois. Cela ne semble rien mais c'est ce genre de détail qui vous rendre un brin de votre dignité humaine. L'eau chaude m'avait même tirer des larmes et pourtant, ça devait faire bien cinq ans que je n'avais plus pleuré. Puis Sahar m'avait reconduite au labo et c'était là que Len était entré comme un fou furieux. Je me rappelle de l'odeur de l'essence et du crac de l'allumette mais plus rien après ça.
Il y avait quelque chose qui pesait à mon cou. Mes yeux glissèrent lentement pour retrouver une pierre lisse - un caillou auriez vous dit - suspendue à une petit cordelette de lin blanc, tout à côté d'un petit sachet écru. Ces objets n'avaient plus rien de familier. Ils me semblaient peser une tonne sur ma nuque et le tissu irritait ma peau mais je ne les retirai pas. J'avais trop longtemps espéré les retrouver pour m'en séparer maintenant et puis... je n'avais plus que ça. Je levais les yeux sur un ciel gris et uni. Il se mit à neiger. J'avais sur moi un jean un t-shirt et des baskets que je n'avais jamais vu et dans lesquels je n'étais pas à l'aise mais c'était le cadet de mes soucis. J'avançai un peu pour me retrouver en pleine rue. Il y avait sans doute un millier d'odeur autour de moi mais elles me semblaient confuses et indistinctes. Un millier de bruits que je n'arrivai plus à démêler les uns des autres. Ca me faisait peur. J'avançais, le regard fou, droit devant, quand un de ces monstres de métal que Leandre adorait démonter pilla juste devant moi. Les autres qui arrivaient derrière s'encastrèrent les unes dans les autres et on me hurlait dessus. Les moteurs tournaient et crachaient leur fumée noire. L'abondance de bruits me désorientaient, et j'étais incapable de suivre le fil des évènements. Alors je fuyais pour me perdre un peu plus dans cette ville que je ne connaissais pas. Je me rappelle surtout cette envie de m'enfuir sans savoir où et l'horreur quand je constatai, arrivée sur un toit que je ne pouvais pas voir la fin de cette mégalopole infernale. Les bâtiments me donnaient le vertige. Je souffrais du froid, j'avais faim et je ne savais pas où chasser. Le bruit me rendait folle et les odeurs me soulevaient l'estomac. A mes pieds ça parlait anglais avec un drôle d'accent. Errant au hasard, je rentrai dans une étrange maison d'où s'échappait une douce odeur de cuisine comme j'avais pu en sentir chez Nora d'Arcadie ou chez Masael et Leah de Lusithanie. Au dessus de la porte deux genre de f s'opposaient. Il y avait du monde à l'intérieur, les gens me regardaient sans méchanceté.

« C'est pour une table?
- Je..., je regardai l'homme qui m'avait abordée avec sans doute l'air désorienté. C'était surtout l'odeur de cuisine qui m'obsédait, je voudrai à manger.
- Une personne?... je suppose que oui, finit-il par déduire tout seul comme il voyait que je me demandai ce que c'était que cette question. »

Il m'apportait un drôle de livre dans lequel je choisissais ce que je voulais manger. Je commandai d'abord une entrecôte, puis des travers de porc et des oeufs au bacon. Visiblement ça semblait surprendre le serveur, mais sans que je sache pourquoi il semblait content de me voir manger. Pour moi j'avais un étrange sentiment d'avoir trop manger quand pourtant je n'avais pratiquement rien mangé pour une louve, même petite. Je prenais mon assiette et mes couverts pour aller les laver mais là encore on me regarda bizarrement visiblement cela ne se faisait pas. Alors je laissais tout en plan, remercier chaleureusement avec l'intention de partir mais à peine avais-je mis le pied dehors que le si gentil serveur se mit à me poursuivre en hurlant comme si je lui avais volé quelque chose. Je pris peur et m'enfuis. Mais à peine quelques rues plus loin j'étais à bout de souffle, me trouvait un coin pour dormir sans même plus regarder à l'insalubrité. Il y avait un carton, cela me suffit. En me réveillant le lendemain, je m'apercevais qu'il avait continué à neiger et j'étais littéralement transie de froid. Je ne sentais plus mes doigts ni mes pieds. Un camion s'engouffra à reculons dans le cul de sac où je m'étais installée pour la nuit. Les deux hommes suspendus à l'arrière semblèrent surpris. Ils me dirent de monter mais je me méfiai alors ils me laissèrent. En sillonnant les rues je commençais à comprendre plus où moins le fonctionnement de la ville et comprenais que si je voulais manger il fallait que j'ai de l'argent où je serais contrainte de faire les poubelles moi aussi. J'avais bien essayer de chasser mais il n'y avait en ville que des petits gibiers, oiseaux, chiens, chats. Je n'avais pas l'énergie suffisante pour attraper les oiseaux et en m'en prenant à un gros chien, j'avais récolté un coup de pied d'une femme. C'est en me retrouvant recroquevillée par terre à me tenir les côtes que je prenais conscience de quelque chose de terrible: cette quarantenaire avait plus de force que moi, et mieux encore, la douleur persistait au lieu de s'évanouir. Sahar et Len avaient raison: j'étais la toute première réussite concrète de la Hel.Corp.

_______________4 décembre 2057_______________









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Le Journal d'une Exilée. #Lun 27 Sep - 14:55


J'avais parfois regardé la télé chez mon oncle Vitaly. C'était loin tout ça et j'en avais gardé peu de souvenirs d'autant que l'écran ne retenait jamais bien longtemps mon attention. Pourtant ici, je me rendais compte que cet objet était omniprésent, et si j'avais été plus attentive à ce que montrer les images câblées étant petite, j'aurais sans doute pu éviter certains désagréments. Je n'étais pas stupide mais cette culture là m'était parfaitement étrangère dans ce que le mot avait de plus fort. J'étais également trop perturbée par les transformations qui s'étaient opérées en moi sans que je m'en rende compte. Quand avais-je cessée d'être louve? Les trois jours de pleine lune étaient passés et même mal passés. J'étais restée dans un coin de Queen's Park sous un buisson, pratiquement incapable de me relever. J'avais eu une poussée de fièvre virulente, et la faim qui me taraudait n'avait en rien arrangé les choses. Mais surtout, je n'avais pas changé de forme. Et ça pour moi c'était terrifiant. Qui étais-je si je n'étais plus une louve. Je ne pouvais plus être Sasha de Lassithi, ni Sasha Orlov depuis longtemps. Parce que les miens avaient sans doute fait le deuil à présent. Parce que je ne pouvais pas prétendre être la louve de Sindri quand je n'étais pas revenue vers lui, ni non plus être l'amie d'Izaak. Quoique... dans le fond je savais qu'il ne fallait pas chercher à revenir. En bientôt huit ans j'avais appris à connaître les gens de la Hel.Corp et je savais qu'ils étaient là quelque part, à surveiller d'un oeil jaloux ce qu'ils avaient fait. Et sans doute qu'ils étaient fiers. Fiers et narcissiques comme ils l'avaient toujours été. Moi je n'observais pas ma chute, je la vivais et j'en souffrais. Mais je n'avais guère le temps ni l'envie de m'apitoyer sur mon sort. J'avais faim, il fallait donc que je trouve un travail.
Malheureusement je me rendais compte que ce n'était pas aussi facile que du temps où je vivais parmi les loups. Dans la ville, les gens se méfiaient de vous si vous leur proposiez de leur rendre service et souvent ils refusaient. Quand ils acceptaient c'était avec étonnement, pour des broutilles les trois quarts du temps et en tout cas il ne fallait pas escompter de rémunération. J'avais du mal à comprendre la différence entre un travail qui méritait d'être payé et un autre pour lequel on ne vous donnerez pas de quoi manger. D'ailleurs pour moi la seule notion de rendre service pour pouvoir manger été curieuse mais avais-je le choix. Il était de toute façon dans ma nature de vouloir aider mais je me rendais compte qu'on ne voulait pas forcément de moi. Je me proposai en cuisine mais on me refusait parce que je n'avais visiblement pas l'air en bonne santé, on vérifiait mes bras comme pour y chercher des preuves que je me droguai et de toute manière, on ne se satisfaisait pas de voir que je savais très bien cuisiner. Il fallait des preuves pour tout dans ce monde. Des preuves de qui j'étais, de ce que je savais faire, de ce que j'avais fait avant. Et je n'avais rien de tout ça. On m'adressa à la mairie où je devais me faire faire des papiers et on m'expliqua que je ne trouverai ni logement ni travail légalement sans cela.

« Tu t'es perdue gamine?
- Non, je cherche du travail, visiblement je venais de dire quelque chose de drôle puis que la femme qui m'avait adressé la parole éclata d'un grand rire sonore, dévoilant de belles et grosses dents blanches qui ressortaient à merveille en contraste avec sa peau noire, vous n'avez pas froid habillée comme ça? Vous voulez ma veste.
- T'es pas d'ici toi hein? Garde ta veste, t'es déjà pas épaisse t'auras chopé la crève avant moi.
- Non je... »

Mais mon rire se mourut sur mes lèvres. Après tout je n'en savais rien du tout. Peut-être pouvais-je tomber malade, j'avais bien attrapé des engelures à cause du froid.

« Alors comme ça tu cherches du travail?
- Mh. Mais je n'ai pas de papier alors...
- Oh je vois. Je suis dans le même cas que toi. Dans ces cas là il faut filouter un petit peu.
- Vous avez l'air de bien gagner votre vie pourtant, m'étonnai-je en désignant du regard les bijoux qu'elle exhibait. Ca la fit rire de nouveau.
- Oh ça? Non ce sont des faux... pour faire genre tu vois. Mais c'est vrai que je gagne pas trop mal ma vie. Enfin ça dépend des jours, mais les soirs où il y a beaucoup de clients c'est intéressant. »

J'ai continué de parler comme ça avec elle pendant un bon moment. Elle s'appelait Lovely. Apparemment elle était en train de travailler mais je ne la dérangeai pas. Moi je me demandais dans quel genre de métier on restait à attendre sous la lumière d'un lampadaire en pleine rue la nuit et je ne comprenais pas vraiment en quoi c'était un métier. Lovely m'expliqua qu'elle tenait compagnie à des hommes et que si ça m'intéressait ça pourrait être un moyen pour moi de gagner un peu d'argent en "rendant un service". L'inconvénient c'était que visiblement ce n'était pas un métier très "autorisé", là encore je ne voyais pas le mal mais je lui expliquai que je ne voulais pas offenser qui que ce soit, ni enfreindre de règles. La vérité c'était que je ne savais pas à quoi m'attendre si je le faisais. Elle m'expliqua que des tas de gens travaillaient "au noir" comme elle, et qu'on ne pouvait pas le leur reprocher. Pour me rassurer, elle m'expliqua aussi que les autorités faisaient juste semblant de s'intéresser à ce genre d'effraction mais qu'ils avaient d'autres chats à fouetter que de regarder qui faisait quoi à ses heures perdues. Je comprenais le principe. C'est vrai que la ville était beaucoup trop grande pour être surveillée en permanence.

« Il y a des clients qui cherchent seulement quelqu'un avec qui discuter tu vois...
- Mais ils n'ont pas de famille?
- On a pas toujours tout dans la vie tu sais Sasha. »

Quelle ironie de me le rappeler. Enfin quoiqu'il en soit c'est à ce moment là que j'aurais apprécié avoir gardé quelques souvenirs de ce que j'avais pu voir à la télé, mais je n'en avais aucun alors j'acceptai, heureuse d'avoir trouvé un travail. Lovely me paya un sandwitch et me dit de revenir le lendemain soir.
A l'heure dite j'étais là. Elle me dit que comme c'était mon premier jour je travaillerai dans une chambre d'hôtel, parce qu'elle redoutait que je ne tienne pas la nuit avec le froid de l'hiver. Elle m'apprit également que je me trouvais à Toronto, sur le nouveau continent, où je n'avais jamais mis les pieds avant de me réveiller dans un tas d'ordures quelques jours auparavant. Elle me fit aussi remarqué que j'aurais mieux fait de mettre une robe mais je lui expliquai que je n'avais pas d'autre tenue que celle que je portais sur le dos. Sa grimace ne passa pas inaperçu mais je n'allais pas lui expliquer que malgré tout je me lavais et je lavais mon linge... cette nuit là j'attendis sans que rien ne se passe. Personne n'avait besoin de mes services alors je ne gagnais rien et même, je m'ennuyai. Ce n'est que le lendemain soir qu'on fit appelle à moi. Lovely m'avait ré-affectée à la chambre d'hôtel. Un peu avant minuit on tapa à la porte. J'ouvris et un homme me demanda combien je prenais pour la nuit. C'était une très bonne question, et n'y ayant pas réfléchi avant je lui disait que mes tarifs étaient les même que ceux de Lovely qu'il avait forcément dû croiser en bas de l'hôtel. Il eut l'air plutôt satisfait et il ne perdit pas de temps. Il annonça qu'il était pressé et comme je le regardai avec des yeux un peu étonné (pourquoi venir me demander de passer du temps avec lui s'il était pressé?), il me demanda de me "magner" en précisant qu'il ne prendrait pas d'extra de toute manière.

« Je...écoutez c'est mon premier soir, je ne sais pas trop de quoi vous me parlez...
- Mmh...ouais je vois. Enfin j'ai rien contre au moins je repasse pas après tous les mecs de la ville dans un sens., il rit, je fronçai les sourcils.
- Pardon?
- Oh non rien, une blague pas drôle. Bon tu te déshabilles? »

Je le regardai interdite. C'était sordide. C'était écoeurant. Et je me sentais stupide... stupide de n'avoir pas penser à ça. Je m'enfuis à la seconde où mon "client" faisait un pas vers moi dans l'idée de faire avancer les choses puisque je ne n'y mettais pas du mien. Par chance, ce n'était pas un mauvais type et il resta plus bête qu'autre chose. Il ne chercha même pas à me poursuivre. J'avais honte. Qu'aurait dit mon Sindri s'il avait pu savoir que sa louve était devenue une prostituée. Sans rien avoir vu venir j'avais employée malgré moi les huit dernières années de ma vie à souiller notre mariage. Par mon absence. Par ces grossesses. En perdant ce que j'étais au plus profond de moi, une louve sauvage et maintenant ça.
Je ne revoyais plus jamais de ma vie Lovely après ça.

_______________9 décembre 2057_______________









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
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► MESSAGES : 456
Le Journal d'une Exilée. #Lun 27 Sep - 20:13


« Combien?
- Six.
- Vous avez commencé les injections d'hormones quand?
- Dès son arrivée.
- On a juste augmenté les doses depuis le 2 pour commencer la stimulation ovarienne. On avait présupposé qu'elle serait fécondable avant mais rien. Enfin six c'est dans la norme.
- Au moins on aura de quoi travailler cette fois. Combien de tentative.
- Deux. Deux échecs
- Je vois.
- Konstantine, remettez 5 de morphine elle se réveille là.
- Que... qu'est-ce que vous me faites?
- Rien du tout, ce n'est qu'un examen.
- Les stats chutent, bougez vous Konstantine. Len pas Sahar. Vous vous restez là, vous vous démerdez pour me la tranquilliser.
- Monsieur vous ne m'aidez pas en vous énervant.
- J...arrêtez ça...
- Ssssh...
- Arrêtez...
- l'ACTH et l'ocytocine sont en train de nous piquer un sprint.
- Pourquoi vous l'avez fait à l'ancienne?
- Vous n'avez rien à faire ici Heike.
- Oh ça va hein, vous l'auriez pas votre "sujet d'étude" sans moi.
- On avait peur qu'elle supporte pas la saillie.
- Et puis son suivi psychologique est à peu près satisfaisant. Pas la peine de lui faire subir un viol...
- Vous ne seriez pas en train de vous attacher Miss Konstantine?
- ... pas du tout. On a besoin qu'elle soit au maximum de son potentiel, pas qu'elle nous fasse une dépression.
- Et puis il n'y avait que Müller pour le faire et ça m'étonnerait qu'elle l'ai laissé approché.
- Et les autres spécimens?
- On préfère utiliser des souches saines pour ça. De toute façon c'est à Müller ça, comme pour les autres inséminations.
- Quelle procédure avait vous appliqué pour le dernier échec?
- F22*. Je l'ai stocké en chambre froide.
- Décapité ou une balle entre les deux yeux?
- Y a pas eu besoin. Le coeur s'est arrêté de lui même, il était instable. C'est bon?
- Oui, les six ovules sont fécondés. Vous pouvez refermer. Mettez là en observation quitte à me la shooter jusqu'à ce que ce soit stable. J'ai des comptes à rendre moi. Helsing veut des résultats.»

_______________expérience 2243.0_______________


« Vous l'avez déclenché à combien de semaine du terme?
- Il y avait six bébés, on a voulu attendre 22 semaines SA mais un des petits étaient déjà mort in utero.
- Ca nous laisse 5 spécimens.
- Oui.
- Combien de contaminés.
- Un loup avéré pour quatre avec le gène lycan récessif.
- Appliquez la procédure C12*.
- Ce n'est qu'un... bien.
- Quatre spécimens viables c'est pas plutôt bien pour une première ovulation.
- Je... oui.
- Vous avez reçu les derniers résultats d'analyse psychologique?
- Oui. Pas bons. Hoggins et moi sommes d'accord pour dire qu'il ne faut pas prendre le risque de mettre les petits avec leur mère.
- Il ne vaut mieux pas en effet.»

_______________expérience 2245.0_______________


« Nous voulons plus de résultats. Si vous ne mettez pas les bouchées doubles votre spécimen sera transféré au labo du docteur Hoggins.
- Quoi? Mais c'est injuste nous avons énormément progressé.
- Et Hoggins a perdu son spécimen vous croyez qu'il fera mieux avec le notre?
- Je sais bien Len. J'aimerais que vous vous concentriez sur l'inhibition du virus lycan chez le spécimen source. Arrêtez vos recherches in vitro c'est une perte de temps. J'ai reçu une note de Monsieur Helsing. On vous demandera de la stériliser. Un autre sujet vous sera fournis quand vous reprendrez les recherches sur la transmission du virus.
- Ce sera fait. »

_______________expérience 2300.9_______________
Procédure C12 - incinération / Procédure F22 - conservation sous formol









Elladora Konstantine

Elladora Konstantine
LYCAN DE TYPE C.F.
propriété du ministère de la magie.

► MESSAGES : 456
Le Journal d'une Exilée. #Lun 27 Sep - 21:35


Je m'appelle Jenny St Wolf. Ce n'est peut-être pas le nom sous lequel je suis née mais c'est celui que je porte aujourd'hui. C'est ce que j'ai choisi quand on m'a demandé de me nommer. Je ne voulais pas de Jane Doe. Ca ne voulait rien dire pour moi. Jenny St Wolf. 1.6 m. 43kg. Cheveux châtains. Yeux vairons. Domiciliée Ap 2B Oakwood-Vaughan, Toronto, ON,M5S 3A8, Canada‎.
Je travaille comme aide ménagère dans une entreprise. Ce n'est pas un travaille très difficile mais c'est lassant. La fatigue est plus morale que physique. Je n'ai pas oublié la Hel.Corp. Quelque part je le sais, je ne suis pas parano. Ils ne m'ont pas oubliée eux non plus. Je ne sais pas ce qu'ils ont fait de tous ces enfants qu'ils mettent au monde et qu'ils manipulent. Est-ce que certains survivent seulement. Je ne peux que craindre que oui. Après tout, ils ont bien réussi à "me guérir" comme ils le disaient. Me guérir? Quelle blague. Chaque nuit de pleine lune est une torture stérile. La fièvre monte et je garde le lit. Parfois mes membres font mine de s'arquer mais il ne se passe jamais rien au delà. Au troisième jour je saigne, comme toutes les femmes des fils d'Adam. Mais moi je suis une fille de Seth, tout du moins je le reste dans mon coeur. Parfois je me mets devant le miroir de la salle de bain. Je ne reconnais même pas ce visage émacié mais mes yeux vairons me rappellent d'où je viens. Les jours se ressemblent et se suivent. Ma nostalgie m'étouffe et mes voisins de pallier entendent à travers les murs les cauchemars dont moi je ne me rappelle pas au matin.

Parfois je me perds en pensée. Je pense à Sindri. A Izaak. A mon père et ma mère, mes frères et mes soeurs. Je pense à la petite crique de mon enfance sans jamais y associer l'image de la meute des mordus. Je pense à la caresse des rayons du soleil sur nos visages, aux couleurs que j'ajoutai aux tatouages d'Izaak pendant qu'il faisait mine de faire la sieste. Je repense à l'odeur des fleurs des champs sur la peau de Sindri quand je lui faisais couler un bain. Et puis je détourne le regard. L'horizon est gris et sans fond. Pas de retour en arrière.

_______________17 novembre 2058_______________










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