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Mascha Lulla SasnauskasPOUFSOUFFLE. ► sixième année. cap'taine.
► MESSAGES : 132 Jeu 26 Aoû - 16:20 |
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| keith & mascha C'est le jour, ou bien c'est la nuit, on ne sait plus. Mascha ne sait plus. Quelle heure il est, ou depuis quand elle est assise là, immobile à regarder devant elle. Son regard se tend comme une longue corde au dessus du vide, comme un long fil de funambule qui n'atteint jamais l'autre poteau. Il n'y a rien tout au bout, mais elle regarde quand même, par habitude, à force de chercher. Elle sait maintenant qu'il n'y a rien, cela a mis du temps, mais elle a enfin compris qu'au bout du fil de sa vie il n'y a rien. Pas de gloire, pas d'amour, pas de richesse, pas d'avenir radieux. Il n'y a que des nuages, et de la nuit. Il n'y a pas de soleil. Elle a mis du temps à le comprendre. Elle a erré longtemps entre les secondes et les hommes, croyant marcher. Elle a regardé des milliers de choses, croyant voir. Elle a écouté le bruit des vagues ou le chant des baleines, croyant comprendre un jour tous les secrets du monde. La vérité, c'est qu'il n'y a pas de secret caché. C'est ce à quoi on croit, c'est tout, pour tenir le fil tendu d'un regard en avant. Mais quand l'espoir ne le soutient plus, ce fil suspendu au dessus du vide, lentement y tombe. Mascha suspendue au dessus du vide, bientôt tombe. Peut-être est-elle déjà en train de tomber. Peut-être la chute du haut de cette roche surplombant le lac sera la délivrance enfin. Peut-être est-elle déjà morte, de toute façon. Déjà morte, mais depuis quand? Mascha cherche à se souvenir du moment où son cœur à cessé de battre, ou la mort s'est emparé de lui et l'a rongé jusqu'au sang pour lentement le rappeler à elle. Peut-être était-ce cet instant où son cœur s'est brisé, dans le silence ou dans le vacarme d'une porte qui claque, cette soirée du bal où elle a avoué son amour à Keith et où tant de feu à brûlé et tant de mots noirs ont coulé? Peut-être était-ce ce soir où elle a été déchirée, brisée par le démon? Peut-être était-ce l'autre soir qu'elle avait oublié où un ange s'est doucement emparé de sa virginité? Peut-être est-ce quand on a planté une nouvelle graine de vie en elle, que la mort s'est acharnée à la reprendre? Peut-être est-ce quand la petite fille s'est réveillée un jour et qu'elle a décidé de grandir d'un coup, et de ne plus être le jouet des autres? Mascha ne saura jamais, car son cœur mourant enferme avec lui ses secrets. Sa maladie l'emportera, ce soir, c'est ainsi, c'est écrit. Et pourtant, Mascha ne tombe pas, dans les eaux du lac, froides et violentes dans cette nuit perpétuelle, abritant surement en son sein les pires créatures du monde. Qu'il vienne, mais qu'il vienne, le calamar géant, ou le froid glacial arracher d'elle la vie qu'elle ne mérite pas ! Qu'il vienne, qu'il la détruise la défasse la démembre, elle ne demande que ça. Elle ne mérite que ça. Pour les terribles pêchés qu'elle a fait. Des pêchés qu'aucun dieu en lesquels elle ne croit pas ne pourrait pardonner. Celui de s'être damnée volontairement, celui d'avoir répandu le mal, d'avoir fait du mal aux autres et même d'avoir détourné un futur prêtre de sa route. Elle ne veut même pas essayer d'être pardonnée. Qui pourrait lui pardonner? Elle ne croit pas en Dieu, elle ne croit pas en les hommes. Elle ne croit pas au pardon. Peut-on absoudre, effacer, faire table rase de ces affreuses choses qu'on a faite à quelqu'un? Elle ne le pense pas. Tout ce dont elle est sûre, c'est qu'elle serait mieux morte au fond du lac, à nourrir au moins le calamar géant, plutôt que sur la terre à être un boulet pour les autres. Et cet enfant qu'elle porte dans son ventre? Ce n'est pas une vie pour lui d'avoir une telle mère et d'avoir peut-être un père plus affreux encore. Mascha veut détruire la possibilité que le démon puisse vivre encore à travers elle, par son enfant. Elle veut l'anéantir, Scylence, le tuer, le découper en morceaux, mais d'abord, elle ne veut pas que son enfant naisse. La rage en elle, ne s'est toujours pas apaisée, et ne s'apaisera jamais, peu importe la rédemption qu'elle cherche, en elle, le mal est fait. Mascha sera toujours mauvaise... Mais on parle, on parle, et elle ne s'est toujours pas jetée par dessus bord. Un remord, un regret, une hésitation? Non, elle a fait son choix, un peu rapidement pourrait-on dire, mais il est fait, et définitif, et cette idée sournoise de mettre fin à ses jours s'est bien ancrée dans sa tête à mesure que tous ses espoirs coulent déjà dans le lac. Ce n'est qu'une question de temps, avant qu'elle arrive au bout de ses réflexions, au bout de sa pensée, qu'elle ait enfin trouvé la dernière chose à dire au monde, au soleil et à la lune, avant de se laisser glisser dans l'eau. Elle cherche encore. Cela doit être beau, cela doit conclure en beauté, vu qu'elle a fait le choix de ne pas mourir par accident. Qu'est-ce que les gens diront? Oh peu importe, elle ne les entendra pas. Mais qu'est-ce que Keith pensera, lui? Cela, il lui semble que ça lui importe un peu. Oh Keith, rien qu'à entr'apercevoir son souvenir se refléter dans l'eau sous ses pieds, elle sent son cœur s'affoler, et les larmes couler. Cela semblait si beau d'aimer. Mais si c'est si dur... Pourquoi rester vivre comme un fantôme qui ne sait que hanter la maison où il a toujours vécu, sans jamais trouver ni le repos ni l'apaisement. Oh mais que son cœur voudrait s'envoler, quitter sa poitrine. Mais il a du plomb dans l'aile, alors il retombera sèchement dans l'eau, emportant Mascha avec lui. Mais Mascha ne s'envole pas, elle glisse, emportée par le torrent de ses larmes vers l'eau. Elle ne se retient plus. Peut-être n'était-ce pas le moment encore, mais peut-être si le hasard n'avait pas fait s'agiter son coeur, elle n'aurait jamais glissé jusqu'au fond des eaux. Oh, mon Dieu, faites qu'on en est bientôt fini. | |
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Keith WhiteleySORCIER.► décédé.
► MESSAGES : 236 Lun 30 Aoû - 14:36 |
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| Il y a des voeux que l'on fait pour soi, que l'on ne prononce pas mais qui valent plus que cent mille voeux pieux. Je ne parle pas des trois voeux que Keith avait si souvent baffoués. Ces trois seuls voeux qu'on lui demandait pour entrer définitivement dans les ordres. Il n'avait jamais été très obéissant, ni très chaste aux yeux des hommes. Pourtant, quelque part dans les eaux du dessus, comme il est écrit dans le texte consacré, les archanges balançaient leurs pieds ailés au dessus des nuages, dans le vide, juste sur l'épaule de Keith Whiteley, et ils voyaient bien qu'il était chaste et obéissant à sa manière. Il était chaste parce qu'il était moral, et parce qu'il était aimant. Il était chaste ces quelques fois où il avait serré une Eve dans ses bras parce qu'à ce moment là, il avait véritablement été son Adam, et que le sucre de ses lèvres n'avaient jamais été celui du fruit défendu mais celui de l'Innocence dans ce qu'elle a de plus noble, loin de toute forme de naïveté. Il avait obéi à Dieu et à Dieu seul, comme il l'avait commandé. Mais sur Terre, perché entre les eaux du dessus et les eaux du dessous, Keith n'était pas un ange, il était lourd, et chacun de ses pas s'enfonçait dans la glaise originelle comme pour rappeler à l'enfant qu'il est taillé d'une seule pièce d'étoffe pécheresse. Cela, le préfet de Serpentard s'en accommodait. Il regarder ses propres péchés plus durement qu'il ne regardait ceux des autres et même, il se jugeait. Car il lui fallait observer un brin de rigueur pour être parfaitement lui même.
Mais ces derniers temps, il y avait une ombre sur le visage de l'ange terrestre. Ou bien était-ce sa peau tout entière qui, comme celle d'Elemiah quand il foulait du pied le paradis perdu, était devenue une ombre? Oh les autres ne se posaient pas tant de questions. Là dedans il y a bien un coeur qui bat, brûle et martèle. Un coeur qui frappe de toutes ses forces avec la seule et vilaine idée de faire mal. Mais les lèvres de Keith sont devenues comme celles des moines bouddhistes. Une ligne au crayon gris sur une page vierge. L'angoisse de la page blanche. Comme s'il n'y avait plus rien à dire. Alors ses lèvres s'étaient sellés pour étouffer dans l'oeuf ce qui douloureux de son coeur. Un peu de haine aussi. Comme elle est l'encre amère qui serpente dans les lettres d'amour. Keith eut un long soupir. Il n'écrivait rien de toute façon. A quoi bon rester penché à son écritoire, devant un devoir d'enchantement quand on n'était plus que désenchanté. En soi, cela devait arriver. Il se leva. L'air terriblement présent et quelque chose sur son visage qui hurlait de le laisser seul. Pourtant Matthi était là, et Reynar aussi. Chacun à ses occupations puisqu'ils partageaient la même chambre. Mais il ne dit rien. Il ne les regarda même pas. Il allait simplement sortir, prendre l'air au balcon du premier, seul avec l'image d'Ezechkiel Scylence qui le narguait. A sa façon il venait de lui voler un enfant. Et autre chose aussi, quelque chose de plus difficile qu'un enfant. Un serpent aux belles couleurs de jaspe précieux qui l'avait mordu si méchamment qu'il n'avait plus le coeur à vouloir tendre la main. Les serpents sont beaux comme ils se lovent sur les pierres chaudes au soleil et leur bouche, fermée en un fin sourire se moque un peu de la cupidité des hommes. Dans leurs anneaux, leur ventre souple s'invente des ailes, ou est-ce de vulgaires pattes? Que sais-je moi. Mais ils glissent, ils coulent comme l'eau, sensuels et voluptueux. N'est-ce pas tout ce que l'on peut désirer au monde? Mais une fois que l'on s'est fait vraiment mordre, ou contraindre, alors, c'est fini, il n'y a plus là que de vils serpents et s'il en reste de jolis, on convient qu'ils ne sont pas pour nous. On se contentera de rien. Rien ce n'est déjà pas si mal. C'est dans le rien que tout commence et que tout fini non? Keith eut un vague sourire en pensant à ça, lui qui était accoudé au balcon à contempler un infiniment rien, un infiniment noir, une nuit perpétuelle. Le drap d'encre que le poète avait jeté sur le monde, toujours à cause de quelques serpents. Dans le rien il y avait des choses, des petits homoncules démoniaques qui ne se détachaient même pas du tissus néantique. Et lui? Commençait-il ou avait-il fini? Il commençait. Autre chose. Et pendant ce temps là, Mascha, sur le bord du lac, les mains pleines de piqûres ramassait d'autres serpents venimeux. Des serpents d'eau surtout, parce que l'eau est comme le néant. Elle est originelle. Elle engloutit tout. Comme le ventre d'une mère. Mascha était en train de terminer quelque chose.
Il y avait le clapotis de l'eau. Peut-être une brise légère? Il n'y faisait pas vraiment attention. Au dessus de sa tête, il y avait eu comme une heure de pointe, et là, c'était salle vide. Où étaient-les archanges? Et ça là bas? Cette petite silhouette qui s'éloignait et ne faisait peu à peu qu'un avec le disque noir du lac? Il n'hésita pas vraiment. Tout prétexte étant bon pour s'oublier soi même. Il n'y avait pas si loin de son promontoire à la pente glissante mais douce où se trouvait son prétexte. Alors il se mit à courir, subtilisant un élan à son coeur qui allait enfin comprendre pourquoi il battait. Quelque part, en s'oubliant, il redevient l'ange terrestre que tous aiment de loin ou en secret. De plus près pour certain mais qui a dit qu'un homme et un ange avait le droit de s'aimer? Qu'importe il courrait. Et bientôt, l'eau s'ouvrit devant lui, l'entourant de ses bras pour le retenir avant qu'il ne soit trop tard. Cela fit un grand fracas mais dans le noir, comme il ne voyait pas que c'était toujours le même serpent qu'il allait ramasser, il avait ce visage de petit garçon triomphant, un petit garçon à conneries. Et quelle connerie!
« Mascha?! », rien que le mot le tuer mais le choc réveilla le boa constrictor qu'ils avaient élevé ensemble pendant quelques années avant qu'il ne soit assez gros pour les briser tous les deux.
L'eau était glacée et si ce n'était pas en mettant la tête sous l'eau que Mascha mourrait, puisque Keith venait encore de tout gâcher, peut-être que le choc thermique finirait le travail, à moins qu'il ne se débarrasse juste de l'enfant imaginaire de Keith. Celui là même que Scylence lui avait voler. En y pensant, le seul mot qui lui vint fut: connard. Mais il ne dit rien, soulevant Mascha dans ses bras qu'elle se débatte ou non. Il avait l'avantage physique et l'eau aidant... il fallait qu'ils sortent de là avant que le ramdam qu'ils faisaient rameute toutes les horreurs des fonds aquatiques. A s'agiter ainsi, il retrouvait son corps chaud et sûr, cette pierre brûlante qui avait siroté toute la journée les rayons du soleil et qui plaisait tant au serpent. Les mèches de cheveux noirs ébènes lui collaient au visage, alourdies par l'eau et ses vêtements lui collaient à la peau, entravant ses gestes mais redessinant un modèle d'esthétique fait pour quelque matière noble. Allait-elle seulement le laissait la sortir de l'eau?
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Mascha Lulla SasnauskasPOUFSOUFFLE. ► sixième année. cap'taine.
► MESSAGES : 132 Sam 2 Oct - 22:26 |
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| désolé pour le méchant méchant retard ><Le vent est frais, le vent est doux sous le corps de Mascha. Le vent la porte un instant telle une feuille qui ondule dans l'air avant de se déposer sur la rivière et d'être emportée lentement par les flots au large jusqu'au bout de l'océan. Mascha légère un instant, un instant immense de grains de sable qui tombent, croit voler. Elle croit être devenue un oiseau enfin, un oiseau qui prend son envol, qui quitte tous les soucis de ce bas monde. Oh si seulement elle pouvait quitter tout ce monde pour aller vivre dans les nuages comme un oiseau, ou même comme une naïade dans les eaux. Elle voudrait, légère comme une plume se faufiler entre les courants de vent ou serpenter entre les courants d'eau, et ne plus se prendre en pleine face les bourrasques de vent, les averses de grêle. Mais elle n'est pas un oiseau Mascha. Elle est faite de plomb Mascha et pas de plume. Elle ne s'envole pas Mascha elle tombe jusqu'à heurter le dos énorme des eaux. Mascha elle a cru qu'il suffisait d'être dans le vent pour voler, mais encore faut-il avoir des ailes. Elle n'en a pas, car elle est vouée à ce bas monde. Le paradis n'est pas pour elle. Les plumes ne sont pas pour elle. Et ça, elle le savait. Elle a cru l'espace d'une seconde, d'une seconde interminable étirée par la course du vent frappant ses joues, faisant voler ses cheveux. Elle tombe Mascha, Mascha pleine de plomb, lourde plus lourde que personne n'a jamais été, alourdie du plomb des remords, alourdie d'un parpaing dans le ventre. Enfin son corps se cogne à l'eau, et l'eau cède à son corps, cassant peut-être son dos au passage. Enfin. La chute. Elle en a finit de tomber. Tout cela va enfin s'arrêter. Elle pourra s'effacer du monde, se défaire du monde, se détruire. Non, ce n'est pas tout à fait fini. Car les abîmes n'ont pas de fond. Mascha pourrait couler lentement encore dans l'eau du lac sans jamais en trouver le fond. Elle s'enfonce, lentement, mais ses yeux voient toujours, un peu trouble le ciel, ses oreilles entendent toujours, étouffé le bruit du vent, sa peau maintenant sent l'eau s'engouffrer dans tout son corps. Encore un effort. Une dernière chose à faire pour arrêter ce massacre. Il faut ouvrir ces poumons et remplacer l'air par l'eau. Entre, Eau, viens finir de plomber ce corps comme tu le criblerais de balles. Que ton souffle s'étouffe. Ferme les yeux. Il n'y a pas de lumière comme on dit. Il n'y a que la nuit, qui se noircit encore et encore.
Des mains, puissantes, des griffes presque qui saisissent ses mains puis ses bras, et qui tentent de hisser ce corps de plomb vers la surface. Mascha ouvre les yeux, oublie de mourir. Ses yeux troubles ne voient pas, ne peuvent reconnaître. C'est encore un de ces profs ou un de ces gars qui veut se la jouer sauveur. Qu'il la laisse tranquille. Mascha essaie telle un serpent de se glisser hors de ses mains qui l'agrippent. Mais les mains ne cèdent pas. Et Mascha n'a pas assez de force pour s'en détacher. Mascha n'a plus assez de force pour mourir. Et puis, même si ses yeux se sont assombris, elle sent entre ses doigts engourdis, elle reconnaît. Elle sent l'étreinte de ces mains. Elle n'est pas habituelle. Ou plutôt elle l'est, tellement. Un quelconque manant ne la tiendrait pas ainsi, avec tant de douceur et pourtant de fermeté. Lui il ne la laissera jamais tomber au fond des eaux. Elle voudrait se débattre, mais elle ne peut pas. Elle voudrait glisser loin très loin de lui, mais elle ne peut pas. Alors il la remonte, vers la surface, vers l'air, la vie des hommes. Mascha ne deviendra pas une naïade comme elle avait voulu, ni même un oiseau. Mais elle ne pense même plus. Son esprit part lentement quelque part dans les l'eau avec l'air de ses poumons. Et alors qu'elle perd la conscience ou peut-être la vie, tout le plomb, toute la force, tout le feu qui la déchirait au fond d'elle même grimpe jusqu'au bout de ses mains de ses doigts de ses ongles et s'agriffe violemment aux bras de Keith qui la remonte. Elle s'éloigne et s'accroche en même temps. Elle ne sait pas ce qu'elle veut. Voulait-elle vraiment mourir? On ne saura pas. Elle ne le saura même pas. Il ne le saura même pas. Il ne comprendra pas. A nouveau, ils ne se comprendront pas. Et ils pleureront. Mais peut-être seul lui pleurera, si l'eau qui est entré dans le corps de Mascha a déjà éteint en elle le feu terrible de la vie. Petit corps sans vie entre ses bras. Petite poupée désarticulée. Petite poupée de chiffon. | |
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Keith WhiteleySORCIER.► décédé.
► MESSAGES : 236 Jeu 14 Oct - 15:32 |
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| Ce ne sont pas les doigts et les ongles de Mascha qui serrent le bras de Keith à lui faire mal, non, ce qui le fait souffrir c'est le sadisme du serpent qui a refermé ses crochets sur lui. Et quand il pleure, c'est du sang, de l'encre et du venin qu'il répand. L'exorciste est fatigué. Il a l'impression que comparé au poids qui pèse sur ses épaules, le poids mort qu'est devenu Mascha dans ses bras n'est rien. C'est une plume. Une plume de plomb peut-être mais ça n'a rien de comparable. Que fallait-il pour connaître le bonheur terrestre? Pactiser avec le diable peut-être? Coucher avec le diable? Non Keith ne croyait pas. Pas en ça du moins. Et puis, il avait déjà remit son âme entre les mains de Dieu, il y avait longtemps.
Doucement il dépose dans l'herbe sa morbide Ophélie. Il ne ressemble à rien, les genoux pliés, le corps brisé en deux. Qu'importe. On ne demandait pas aux pénitents d'avoir la beauté des piétas italiennes quand ils souffraient. Peut-être Keith était-il en train d'expier quelque chose, son trop grand amour de la liberté ou bien son manque de discipline. Il sortit sa baguette pour sécher les vêtements de Mascha et les siens, puis la prit dans ses bras pour la réchauffer. Et il resta là. Adossé à un arbre, a passé ses doigts dans les cheveux de la jeune fille d'un air absent. Etait-ce bien encore de l'amour une fois que ça avait été à ce point malmené? Etaient-ils là, comme une dernière fois réunis, juste pour mourir. Une autre fois, Keith aurait couru à l'infirmerie, transportant Mascha, froid mais efficace. Là, pourtant conscient de ce qu'elle avait voulu faire, conscient que le mal été peut-être déjà fait, il ne courrait plus l'enfant rebelle, il semblait indifférent, blessé mais indifférent. Il semblait comme prêt d'avoir accepté la mort elle même et si elle venait ce soir il ne lui demanderait rien. Il ne supplierait pas. Il laisserait faire sans pourtant jamais franchir cette étrange limite manichéenne en laquelle les hommes sont censés croire comme en un dieu. Keith n'avait pas d'icône. Il était une ombre sans visage depuis quelques temps. Un fantôme encore capable d'effrayer mais dont les bras glacés ne donnaient plus guère envie d'une étreinte. D'ailleurs même là, la chaleur le quittait en volutes vaporeuses dans le froid de la nuit, bientôt il tremblait de froid mais il continuait de fixer droit devant. Aurait-il dû poser ses lèvres sur celle de la jeune femme qu'il tenait entre ses bras, lui donnait ce souffle de vie plus préventif qu'autre chose? Peut-être. Mais il ne le fit pas. Il était pâle et dur comme le marbre et quelque part, il savait que ça irait. Ca allait toujours, contre leur volonté, mais ça allait. Il sentait le souffle tiède de Mascha sur sa main, alors il n'avait pas besoin d'être devin pour le savoir. Une heure passa, puis une autre. Bientôt il se prit à rêver qu'il y aurait une aube mais il n'y en aurait pas. Puis ses lèvres se dessoudèrent parce qu'enfin, il avait quelque chose à dire:
« C'est étrange tout ça finalement, je me perds dans un ciel sans étoile, peut-être que nous mourrons ce soir et quelque part, j'espère encore que tu me mentais... je me demande même pourquoi.»
Ses doigts se figèrent dans un tourbillon de boucles brunes à peine humide. A qui parlait-il finalement? | |
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Mascha Lulla SasnauskasPOUFSOUFFLE. ► sixième année. cap'taine.
► MESSAGES : 132 Sam 16 Oct - 21:04 |
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| I was a heavy heart to carry. Le cœur de Mascha ne coule plus jusqu’au fond des eaux, trainant tout son corps dans l’abîme. Son cœur coule vers le haut, vers la surface, de toutes ses larmes rouges sous les marques des lames. Des lames de larmes dans son cœur, qui coulent de ses yeux jusqu’au fond de l’eau. Des larmes qui coulent à jamais se perdent dans les limbes ténébreuses du lac. Des larmes qui s’échappent, des larmes rouges de sang. My beloved was weighed down. Il ne voit pas, alors qu’il la traine vers la surface, toutes les larmes qui coulent de son corps. Elles se fondent dans l’eau, de l’eau diluée dans de l’eau, perdue dans de l’eau. Mascha perd peut-être l’eau de tout son corps et se dessèche comme la peau le long des années en quelques instants à peine à toucher les doigts de la mort. Mascha perd peut-être tout le sang de son corps, aussi transparent que les larmes. Mascha se perd peut-être au bout de ses larmes, au fond de l’eau. Ou peut-être ne perd-elle que les larmes. Les larmes et le sang. Lavée dans les eaux immenses. And he took me to the river, where he slowly let me drown. Ophélia s’est noyée dans la rivière, vite criez, criez ! Ophélia est tombée au fond de l’eau, et personne n’étais là pour la rattraper. Personne sauf lui, et ses bras puissants, plus forts que le plomb au fond du cœur d’Ophélia, lui et ses bras grands et doux, chauds comme une gigantesque maison de fourrure. Ophélia s’est endormie dans ses bras, pour lui faire croire qu’elle est morte. Ophélia dort, comme la belle au bois dormant, pour toujours peut-être. Allongée contre le corps du prince charmant. Elle fait des rêves peut-être et ses yeux s’agitent, son corps s’agite, tremble, s’agrippe, puis s’apaise à nouveau, quand les démons du sommeil la laisse en paix. Le monstre sombre et sans forme laisse place sous ses yeux à de l’herbe fraiche et moelleuse, à des fleurs et des arbres, à une forêt plongée dans l’obscurité mais habitée du souffle léger et béni sous les étoiles. Est-ce un rêve ? Ou les étoiles enfin se sont-elles penchées sur son berceau ? C’est un rêve magnifique. C’est la douceur du vent qui lentement réveille ses sens engourdis par l’eau. C’est le chant des insectes dans la nuit qui ranime son oreille. C’est les odeurs de fleurs et de feuilles qui chatouillent son nez. Mais ses yeux restent dans le noir. Mais ce n’est pas un noir qui abrite un monstre sans visage, sans regard, sans pensée, comme le fond de l’océan, c’est le noir de la nuit tout au fond du lit, le noir qui permet le repos et la douceur des rêves. C’est un rêve comme une étoffe moelleuse qui l’enveloppe, la laisse s’appuyer tout contre elle, et pose ses mains sur son ventre, sur ses cheveux, sur sa peau. C’est une étoffe plus douce que la soie. C’est une étoffe qui, posée contre son cœur, semble en apaiser les tumultes. Ce n’est pas une étoffe, c’est une autre peau. Et peau contre peau deux corps se rencontrent et se soutiennent. C’est un corps entier qui la tient dans ses bras. Une secousse terrible fait trembler le corps et le cœur de la nymphe qui a voulu se noyer dans les eaux, qui trouble la tranquillité des flots sur sa peau. C’est une terreur indicible qui la paralyse et la perd au fond des eaux à nouveau, des eaux de son esprit. Elle ne sait plus, plus rien. Elle se perd entre le jour et la nuit, entre l’avant et l’après, entre l’ici et là-bas, entre lui et les autres. Elle voudrait pleurer, mais son corps n’a plus d’eau à lui donner pour faire des larmes. Et puis lentement, il s’apaise. Reconnaissant dans ce corps qui l’empêche de tomber celui qui l’a fait tomber la première. D’amour fou, d’amour trop fou pour elle, d’amour trop fou pour lui. Oh Dieux que nous avons été fous. Les larmes voudraient revenir. Elles savent que l’amour qui les fait couler est trop puissant pour se laisser vivre. Pour se laisser vivre ainsi qu’ils l’ont vu. Les tremblements de son corps se calment à nouveau. Et peut-être ses yeux pourraient se fermer, s’endormir à nouveau. Mais ils ne le font pas. Ils profitent du rêve. De l’obscurité totale. Des gris clairs. Des étoiles. Des lueurs dans la nuit. Du temps qui s’écoule. Doucement, sans faire de mal. De la scansion des saisons qui pourraient passer sans qu’ils ne passent. De la simplicité. De la sérénité de cet instant qu’on ne brise pas par des paroles. Par des paroles folles. Et l’on brise ce silence, dans un murmure de voix. « C'est étrange tout ça finalement, je me perds dans un ciel sans étoile, peut-être que nous mourrons ce soir et quelque part, j'espère encore que tu me mentais... je me demande même pourquoi.» Une voix un peu folle, qu’elle ne comprendrait pas si elle n’en parlait pas le langage précis. « De toute façon, toi, moi, toi et moi, c’est la vie ou rien. » Il n’y a pas de sens à ces paroles folles. Peut-être au fond des cœurs qui parlent la même langue. Il n’y a pas que la mort, dit-elle, il y a la vie, il y a surtout la vie. Et la mort elle l’a lavée au fond de l’eau. Elle espère que plus jamais elle ne viendra la hanter que bien enfermée au fond des cauchemars, et qu’elle laisserait les rêves à la vie. Mais les larmes reviennent un peu, au fond des yeux. Les étoiles y ont versé un peu d’eau. Peut-être ne pouvons-nous pas nous comprendre, tout compte fait. | |
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Keith WhiteleySORCIER.► décédé.
► MESSAGES : 236 Dim 17 Oct - 9:29 |
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| Il se perd dans un ciel sans étoile. Un songe. Une nuit d'été. Mais il fait froid pourtant et toutes les étoiles sont tombées dans ses bras. Elles ont fondues en une pluie d'argent pour faire ce corps qui s'abandonne dans ses bras. La voix de Mascha répond à la sienne et il en égraine les mots un à un comme il égraine parfois son chapelet. Les mots. Les syllabes. Juste les sons. Le sens ça n'a pas de sens donc pas d'importance quelque part. Ça a bien assez de sens pour parler à son âme. Doucement. Comme dans un murmure. Il écoute. En dedans c'est le grand calme pour lui à ce moment là. Le serpent lui a prit sa chaleur mais son étreinte est sûre... constante. C'est rassurant. Quelque part sur terre il y a un garçon qui marche sur l'eau et qui en distille les nymphes à chaque pas. Il renfloue toutes les belles noyées aux eaux dormantes, tous les trésors. Et ses trésors son pour lui. Alors il marche sur le fil de l'horizon bleu turquoise et lui seul peut sentir le soleil lui dorer la peau, quand le monde est aveugle depuis quelque temps déjà. Peut-être que finalement Keith ressemble à Elemiah. Peut-être que si l'on s'amusait à démonter la jolie mécanique d'argent qui dont il est fait, en dedans on ne trouverait pas de boîte à musique, ou de rouage, on trouverait un drôle de petit rayon de soleil éteint, comme pour ne pas trop éblouir. Il y aurait aussi un fruit. Peut-être épineux, un peu amer ou âpre, je ne sais pas. Ce serait la colère, mais elle trônerait sur un tapis de velours alors pas d'inquiétude.
Oui définitivement, Keith est un ange qui a sauté par dessus le bord de son monde céleste et s'est perdu sur terre en rêveries. Parfois le rêve devient cauchemar, puis une voix l'appelle, et adoucit son univers. Alors tout devient doux et sincèrement: il pourrait mourir comme ça. Mais il ne le fait jamais. Sa main pose une caresse douce sur le visage de Mascha. Il se sent bien. Il ne sait pas si ça va durer. Si demain matin. Quand le soleil ne se lèvera pas, sa douce Ophélie sauvée des eaux ne se transformera pas en Méduse pour le changer à nouveau en statue de pierre. Qu'importe, il le lui pardonnera il le sait. Alors il s'endort. Demain, sera un autre jour. | |
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