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 extra time, on the ground.

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Anonymous

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extra time, on the ground. #Sam 10 Juil - 10:53


Talulla. Elle s'appelle Talulla. Et lui s'appelle Nuallán. Mais cela n'a pas d'importance dans ses yeux d'enfants. Il n'y a qu'elle, Talulla. Elle qu'on appelle seulement Lulla, mais lui que le murmure de son prénom en entier fait frémir. Il a sept ans et l'amour que savent à cet âge éprouver les enfants. Elle a sept ans et est belle, magnifique mais distante, froide. Les enfants pourtant ne savent aimer qu'entièrement, ils ne se contentent pas de flirts, de regards, d'attouchements, il leur faut aimer tout entier quelqu'un, juste dans leur tête, juste dans leur cœur, et peut importe si le cœur de l'être aimé reste de marbre. Nuallán aime regarder Lulla faire de la balançoire au jardin d'enfant. Il reste assis dans le sable, arrêtant de jouer avec les autres petits garçons quand elle s'élance, s'élève de plus en plus haut dans le ciel, jusqu'à le toucher de ses pieds. Il a peur tout d'un coup, comme quand il fait de la balançoire et que son ventre se serre, parce qu'il a la crainte de lâcher les cordes et d'être projeté violemment vers le sol, ou celle de s'élever avec trop d'élan et de faire un tour complet autour de la barre de bois.
« Héé, NUL-an, pourquoi tu regardes Lulla avec cette tête de merlan frit? » Il faut avouer que l'expression de peur enfantine peut être assez comique, surtout celle de Nuallán, et surtout dans les yeux des autres enfants, ces petits monstres qu'on en soupçonnent pas, tapis dans l'ombre et prêts à se détruire les uns les autres. « Hahahaaa... Dis, tu serais pas amoureux? Hé! NUL-an est amoureux! NUL-an est amoureux de Lulla!! NUL-an est amoureux de Lulla!! » Nuallán se retourne vers ce petit morveux de Breenan, le regard fumant de toute la haine que les enfants ne savent pas garder au fond d'eux. Mais il n'arrive pas à se jeter sur lui. Peut-être parce que Talulla regarde, il ne voudrait pas paraître pour une brute épaisse. Il tourne les yeux vers elle, qui se balance toujours aussi allègrement, sans se soucier du raffut qui se passe en bas. Elle daigne à peine un regard vers lui, et c'est un regard du dédain le plus froid, si froid qu'il attise les flammes de l'amour dans le petit cœur de Nuallán, qui, comme si elle l'avait invité à le faire, qu'elle lui avait donné la permission par son imperturbable froideur, se jette sur Breenan et le roue de ses petits poings. Il voudrait lui faire manger le sable du bac à sable, le pendre à un arbre, l'étrangler avec la corde à nœuds, le jeter du haut du toboggan, pour simplement défendre Talulla et son amour pour elle, pour preuve de son amour, de sa dévotion à elle, pour éliminer la concurrence. Car il a bien compris au fond de lui, que si lui était amoureux de Talulla, Breenan l'était de même, c'est seulement parce qu'il avait meilleure réputation dans le bac à sable qu'on ne se moquerait pas de lui. Nuallán est prêt à tout pour Talulla. Pire encore que faire manger du sable à son rival. Il pourrait manger des fourmis, ou le caoutchouc de ses semelles, se jeter du haut du toboggan, grimper à un arbre pour lui en casser la branche la plus haute, mettre sa main dans la cheminée -enfin, s'il en avait une-.
Les enfants savent aimer entièrement. Si cela semble des plus romantique et parfait, ce n'en est pas moins des plus violents et primaires. Car Nuallán est bien prêt à tout pour obtenir les faveurs de sa Talulla. Elle est exigeante, inaccessible, c'est elle qui veut que l'on se batte que l'on montre son attachement, que l'on montre que l'on ferait tout pour elle, pour son regard, pour son cœur pour sa vie.

« you're the piece of gold that flushes all my soul,
extra time, on the ground, you're my playground love. »

playground love air


La nuit a commencé à tomber sur la petite banlieue de Galway. La plupart des enfants ont quitté le terrain de jeu. Les mamans sont venues les chercher, froides et détachées. Elles ont grandi, elles ne connaissent pas les jeux des enfants, elles ne savent plus ce que c'est que d'être enfant, d'être impitoyable, inflexible et terrible dans ses sentiments. Elles sont froides, mesurées, convenues. Il n'y a peut-être que Nora Welsh qui soit différente de toutes ses femmes. Elles disent qu'elle est folle. Elle est différente. Elle n'a rien de commun avec elles. La première fois qu'elle est venue poser son fils à l'école, alors qu'elle venait d'emménager dans le quartier, elle a eu peur, elle a presque crié en voyant tous ces enfants qui se pressaient autour de leur mère. Celles-ci l'ont fusillée du regard et elle n'est plus jamais revenue. Elle a dit à Nuallán d'y aller tout seul, qu'il était suffisamment grand. Il n'a pas bronché, il savait déjà qu'il ne faut pas broncher avec sa mère, elle est comme ça, différente, spéciale, mais c'est sa mère. Elle ne viendra pas le chercher ce soir, il rentrera tout seul, suivant ses pieds, qui connaissent si bien le chemin. Il reste assis sur le bord du bac à sable. Talulla est là elle aussi, sa mère n'est pas venue la chercher. Elle est assise sur la balançoire, immobile. Son visage baissé s'est fondu dans ses cheveux roux.
Nuallán se lève et d'un pas mal assuré s'approche de la balançoire. Il s'asseoir sur celle, libre, à coté de Talulla. Elle le voit et d'un geste brusque essuie les larmes sur son visage. « Surtout tu racontes pas aux autres que j'ai pleuré, et que maman n'est pas venue. » Nuallán sourit. « T'inquiètes pas, je connais ça. » Il a soudain peur qu'elle comprenne qu'il a l'habitude de pleurer. Et il ne faut pas qu'il paraisse faible à coté d'elle. Il n'a toujours pas gagné le combat pour ses yeux. Elle chasse ses cheveux en arrière et tout souvenir de la tristesse de son visage. Elle est magnifique. Il la regarde les yeux ébahis. Elle le regarde aussi. « T'as pas bientôt fini de me regarder avec ces yeux de merlan frit? »
Elle se lève de la balançoire et fait un tour sur le terrain de jeu. Nuallán reste assis à la regarder marcher. Elle va sur le filet à grimper, mais se retourne vers lui. « Cap ou pas cap d'aller tout en haut? » « Cap. » Il se lève, s'approche et s'éxécute. Elle le regarde intransigeante, attendant le moment ou ses pieds vont tomber. Il arrive tout en haut, si haut qu'il croit être en haut de la Tour Eiffel, la regarde tout en bas, si petite mais si terrible. « D'accord. » Elle tourne son regard le long des jeux alors qu'il redescend. « Cap ou pas Cap de descendre le toboggan à l'envers? » « Cap. » Nuallán marche vers le toboggan, monte les marches et descend à l'envers. Cela fait un peu mal quand sa tête touche le sol, mais il faut souffrir par amour. « Cap ou pas Cap de faire de la balançoire debout? » « Cap. » « Cap ou pas Cap de manger le sable dans le bac à sable? » « Cap. » « Cap ou pas Cap de manger les boutons de ta chemise? » « Cap. » « Cap ou pas Cap de grimper à l'arbre? » « Cap. »
Nuallán monte sur l'arbre et s'assoit sur une branche. Talulla le regarde d'en dessous, comme préparant son prochain défi, la prochaine torture qu'elle va lui infliger. Elle s'avance, et pose ses doigts sur l'écorce de l'arbre. Il a peur qu'elle tombe alors, que le bois ne se délite sous ses doigts fins. Il a presque l'impression de la voir tomber, se briser sur le tronc de l'arbre, comme si c'était un souvenir, comme si cela s'était déjà passé, mais il ne l'a jamais vu grimper à un arbre auparavant. Et alors il la voit glisser, comme si l'ordre des choses c'étaient inversé, et qu'il avait eu le souvenir de cet instant avant même qu'il ne se produise. Il précipite sa main vers elle, mais manque lui aussi de tomber. Fort heureusement, elle s'est juste égratignée les bras. « Tu veux que je t'aide? » Il y a toute l'innocence du monde dans sa voix. Il y a des reproches dans les yeux de Talulla. « Non, je peux grimper toute seule. » Elle prend mieux ses appuis et parvient à se hisser jusqu'à son niveau. Il lui sourit et a alors le sentiment de l'avoir déjà vu à cet endroit, lui dire des mots qui sortent à peine un instant plus tard à nouveau de sa bouche. « Cap ou pas Cap de monter plus haut? » « Cap. » Il ferait tout pour elle, même monter tout en haut de l'arbre. Il se voit d'ailleurs à la branche d'au dessus, lui souriant. Il atteint cette branche et s'y assoit. Il lui sourit. Elle est plus petite vue de là-haut. Sa moue se renfrogne, cherchant une nouvelle idée encore. Il la voit monter jusqu'à la branche où il s'est assis, perdre un peu pied dans l'écorce de l'arbre et glisser. Il se voit lancer sa main pour la rattraper. Elle monte sur l'arbre, elle perd pied dans l'écorce de l'arbre et glisse, alors il lance sa main pour la rattraper. Il se voit perdre l'équilibre. Il manque de tomber. Il se voit hisser Talulla jusqu'à lui. Il la voit assise à coté de lui, cherchant encore un nouveau défi. Ses doigts faiblissent, ne parviennent pas à la hisser jusqu'à lui. Elle se couche sur la branche alors qu'il ne peut l'y remonter plus haut. Et il voit la suite, il voit ce qui s'est passé, déjà passé, ce contre quoi il ne peut rien faire. Il pourrait changer ce destin, il pourrait s'il avait une force surhumaine dans les mains, mais cette force il ne l'a pas. Il est faible. Alors qu'il voit Talulla tomber, et alors qu'elle tombe.
Elle s'écrase au sol. Quelque chose terrible craque. Son souffle s'éteint. Ses pleurs aussi. Talulla est tombée, et Nuallán n'a rien pu faire pour empêcher ça. Il ne peut rien faire, que pleurer les yeux ouverts, incapables de réaliser ce qui s'est passer. Tallula est... Talulla est morte.

« don't you know i'm strong, i could win the world for you. for you.
don't you ever cry, i would stop breathin' for you. for you. »

little love aaron









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extra time, on the ground. #Sam 10 Juil - 10:53


Les rayons du soleil couchant virevolte et danse avec les feuilles des arbres et les brindilles dans l'herbe, avant de venir s'arrêter sur les murs des maisons ou traverser les rares fenêtres encore ouvertes dans la chaleur des soirées d'été. Nuallán aime regarder ce ballet des lumières et des ombres sur la porte de sa chambre. Il croit voir danser les arbres dans sa chambre. Il croit voir danser le soleil dans sa chambre. Il aime regarder le monde ainsi, comme il n'est pas, comme il veut être. Il regarde les reflets, les images qu'ils voient plus beaux que la réalité, que la brutalité injuste de la réalité. Il voit quelque part dans la couleur mordorée de la lumière sur sa porte, l'éclat d'or dans ses cheveux roux, ou cette perle d'eau brillante au coin de son œil. Talulla n'est pas morte dans les reflets des choses. Son reflet n'est pas mort. Il y a toujours un écho, même si la source en a disparu, il rebondit toujours et indéfiniment sur les parois du monde de Nuallán. Les autres ne l'entendent plus, parce que la source, la vérité des choses à disparu. Il ne reste que l'image, la douce image qu'on garde sur une photo polaroid, sur la photo d'un souvenir entre ses yeux et le monde. Et cette image est plus belle, infiniment plus belle que la réalité, celle qui déchire, tue, fait peur et fait crier sa mère, et lui le fait vivre dans ce monde de vieilles photos dans ses yeux, et de mélodies disparues dans ses oreilles. Il n'en a que faire du futur, des sabres lasers, des consoles de jeux, des ordinateurs, ce que tous les enfants du quartier s'arrache, désertant l'innocence et l'insouciance en couleurs sépia et lumières dorées du jardin d'enfant. Nuallán est déjà las du futur. Il regarde les choses passer, les regardant ou ne les regardant pas, comme si elles s'étaient déjà passées, qu'il n'y avait plus rien à en dire alors même que leur esquisse n'existe pas. Le futur l'ennuie déjà, qui lui préfère le passé, parce qu'on en garde que les images, les plus belles, celles qui sont restées dans les yeux, et qu'on a oublié les pires.
Il est bientôt vingt heures trente. Toutes les mères ont déjà fait à manger à cette heure là. Mais Nora Welsh n'est pas toutes les mères, comme il lui est arrivé de ne pas préparer le repas avant vingt-deux heures, et seulement pour quelques tranches de pains avec du jambon. Mais Nuallán ne se plainte pas. Il ne se plaint jamais. Sa mère n'aime pas les horloges ni les montres, et elle a crié le jour où la maitresse à donner une vieille montre à Nuallán, fatiguée qu'il arrive toujours aux heures les plus farfelues à l'école le matin. Elle l'a jetée dans la poubelle, mais Nuallán l'a récupérée dans le bac à ordures, craignant un pu de passer sa journée debout au coin. Quoiqu'il aime bien contempler la tapisserie du fond de la classe et y chercher l'endroit où un jour Talulla a posé ses yeux, et les a laissés quelque part entre les rayures marrons et grises.
« Nuallán. » C'est un écho qui vient du fond de la maison. Il est déjà éteint, il n'existe déjà plus. C'est peut-être Talulla, qui s'est cachée dans l'ombre sous le lit, et a mangé tous les monstres qui s'y étaient cachés avant elle. Il n'a jamais entendu Talulla l'appeler de cette façon. Cette voix semble droite, mais quelque peu en équilibre dangereux, prête à se rompre à tout moment. « Nuallán. » La voix est un peu plus proche. Elle court le long des murs, entre le papier peint et les briques. Mais elle ne rit pas, elle n'est pas froidement odieuse, comme celle de Talulla. Elle n'est pas non plus apaisée comme le montre les images et les photos dans ses souvenirs, où elle est plus souriante et lumineuse qu'elle ne l'est dans la réalité. « Nuallán. » Ce n'est pas la voix de Talulla. Il en est sûr. Il regarde sous le lit, espérant voir son sourire briller dans la lumière du soleil couchant. Il colle son oreille contre le mur, espérant entendre son rire faire éclater silencieusement les briques. Mais elle n'est pas là. « Nuallán. » Cette voix c'est celle qu'il connait si bien. En apparence solide, mais toujours prête a casser, tendue dangereusement au dessus du vide. C'est celle de sa mère. C'est la voix habituelle de sa mère. Et pourtant la corde semble plus fine, déjà plus effilée, plus proche de se rompre.
Nuallán marche à pas lents dans les couloirs assombris par la lente chute du soleil dans l'au-delà. Il ne se presse plus. Il n'y a jamais à se presser, parce qu'il n'y a rien qui en vaille la peine. Sa mère lui a toujours dit d'aller à son rythme et que personne, surtout pas une horloge devait dicter sa conduite et ce qu'il ferait de sa vie. Alors Nuallán prend les grains du temps dans ses mains et ne les laisse s'écouler qu'un peu comme il veut, plus ou moins, et essaye de les arrêter totalement. Il plisse un peu les yeux pour voir ces grains qui s'échappent lentement de sa main, ils brillent comme de l'or dans la lumière rougeoyante du soleil couchant. Les grains du temps coulent trop vite, bien plus vite qu'il ne le voudrait. Il plisse les yeux plus encore, pour alentir la chute des grains de sable dorés, mais rien n'y fait. Alors il ouvre entièrement sa main et laisse tomber tout le temps qu'il y avait enfermé. Si le temps lui-même lui tourne le dos et le frappe de ses aiguilles acérées, c'est qu'il n'y a plus et qu'il n'y a jamais eu d'espoir. Nuallán ne peut rien faire du temps. Il le laissera l'emporter dans son torrent. Il abandonne cette bataille, il laisse tomber tout ces grains sur le seuil de la porte de la cuisine et relève la tête et n'est même pas étonnée de voir sa mère tenir dans une main un hibou qui se débat furieusement et un hachoir à viande dans l'autre main, le regard vibrant de l'une à l'autre sans pouvoir se décider à les rapprocher.
Nuallán n'est même pas surpris par le trouble de sa mère, ni même par l'étrange animal qu'elle tient dans sa main. Tout ceci ne l'étonne plus, il sait qu'avec sa mère, il ne faut s'étonner de rien. Nora Welsh non plus ne semble pas étonnée par l'oiseau qu'elle a attrapé en vol, et qui perd ses plumes à force de battre des ailes et ne parvient même pas à la faire lâcher prise à coups de bec, alors que n'importe quelle mère de ce quartier aurait sauté au plafond et déjà haché en petit morceau cet oiseau de malheur. Nuallán remarqua quelque chose de couleur rouge briller dans les serres de l'animal, croyant que lui ou sa mère s'était gravement blessé dans cet altercation. « Euh... Maman...? Tu ne saignerais pas par hasard? » Elle relève brusquement la tête vers lui, elle ne l'avait même pas vu arriver finalement après tous ses appels, puis regarde la main dans laquelle elle tient le hibou, et apercevant la tache rouge précipite son autre main, pour tâter de cette blessure qu'elle ne sent même pas. Le hibou pousse un cri plus inspiré que les précédents alors que la lame tranchante du hachoir qu'elle n'a pas lâché entaille sa peau. Il parvient à se glisser entre ses doigts et complètement halluciné virevolte dans toute la pièce. Nora ne voit pas de tache rouge sur sa main, avant que ne tombe quelques gouttes de sang de la lame, et Nuallán voit voler l'éclat rouge au bout des serres du hibou. Grimpant sur l'évier, il essaye d'attraper le pauvre oiseau en vol, mais tout ce qui reste dans ses mains est une grosse enveloppe blanche dont le cachet rouge luit à la lumière du soleil presque couché.

« i wont go whistling by your grave if you don't go whistling in my mind.
welcome to a place where nightmares are the best part of my day »

dead hearts dead man's bones


« Tu es maudit. » Ayant tout juste fini de lire la lettre, Nora Welsh a relevé la tête et regarde les yeux de Nuallán. « Tu m'as maudit. » Elle fixe un point dans ses yeux, alors que les siens se remplissent de larmes. « Tu nous a tous maudits. » Elle lance violemment la lettre vers le sol. Nuallán se baisse lentement pour la ramasser. Elle n'a pas détourné son regard du point qu'elle fixe dans le vide.
Nuallán est surpris par la réaction de sa mère. Elle ne crie pas, ne tremble pas vraiment, pas de la même façon que quand elle se retrouve face à toutes les mères du quartier, ou quand elle reçoit la facture d'eau ou d'électricité. Ce n'est pas quelque chose de normal ce qui vient de se passer. Ce n'est pas quelque chose de normal que cette lettre. Il n'y a qu'a voir ce qui l'a apporté, un hibou à la place d'un facteur sur son joli vélo jaune avec son méchant sourire lubrique sur elle. Elle ne crie pas donc. Le trouble qui l'anime ne vient pas de là. Nuallán ne comprend pas, alors qu'il croyait tout connaître de sa mère. Il sait que c'est quelque chose de plus profond, de plus compliqué, dont elle ne lui a jamais parlé, et que pourtant il a déjà vu, déjà compris dans la façon dont elle regarde les choses, et celle dont elle marche, dans le creux de son sourire où s'est caché cette ombre. Il sait déjà ce qu'elle va lui dire lui raconter, il la voit déjà laisser sortir des mots douloureux, il n'y comprend rien, il n'y comprendra rien, car ce sons des choses que le futur ne peut apprendre, que seul le temps permet de comprendre.
Nuallán voit de la rage, de la rancœur, de la haine peut-être, monter dans les yeux de sa mère, alors qu'elle fixe toujours quelque chose au travers de lui. Non, il ne peut s'imaginer tous ses sentiments dirigés contre lui, non, elle ne peut quand même pas le détester? Et pourquoi le détesterait-elle? A cause de cette lettre? Parce qu'elle dit qu'il doit partir loin, très loin d'elle? Mais cela n'a plus de sens alors quelle répète entre ses lèvres : « Tu nous a tous maudits. » Pas un son, pas une protestation, pas même une question ne parvient à franchir les lèvres de Nuallán, alors que ses yeux se remplissent de larmes et d'incompréhension. Et pourtant il crie. Pourquoi? Pourquoi toute cette haine dans tes yeux? Pourquoi toute cette haine dans tes mots? Pourquoi tout ce mal que tu me fais? Mais elle ne répond pas à ses questions sourdes et invisibles. Elle ne fait que siffler entre ses lèvres cette phrase, cette accusation terrible pour le petit garçon.
Un temps passe. « Tu nous a tous maudits, Nuallán. » Le regard de Nora Welsh devient fort et droit alors qu'elle s'apprête à sortir les mots les plus terribles encore. « Tu n'aurais jamais dû exister. » Ce sont des choses qu'on ne doit pas dire aux enfants. Ils peuvent le savoir, mais ce n'est pas aux parents de les dire, de les détruire par ces mots. « Parce que tu es né, ils nous ont tous maudits. Ta naissance nous a tous maudits. » Nuallán ne sent plus ses yeux sous les larmes. « Tu nous a tous maudits. » Il voudrait crier, arracher les yeux de sa mère et les jeter dans le feu, ou courir, s'enfuir très loin de ce regard, de ces reproches et se jeter dans une rivière, pour pleurer avec elle. Sa mère ne cille pas, ne tremble plus du tout. Peut-être ne se rend-elle pas compte qu'elle parle, qu'elle dit ses choses qu'elle pense.
Et soudain elle éclate en sanglot, comme revenue à la réalité, entendant enfin l'écho des mots sortis de sa bouche, ces mots qui ont fait exploser les tympans de Nuallán. Dans ses sanglots elle murmure des mots, que Nuallán n'entend pas tous, mais qui contiennent peut-être la solution. Et puis la solution à quoi? Il ne le sait pas. La solution à sa vie peut-être. « Je n'aurais jamais dû voir cet homme... que des malheurs. … était mauvais pourtant... jamais je n'aurais dû... aurais mieux fait d'avorter, ou de partir très loin. Mais ils ont sus... » Elle relève alors brusquement les yeux vers Nuallán et serre ses mains dans les siennes. Il voudrait s'enfuir. Il la déteste. Mais il voit cette tristesse infinie dans ses yeux, plus terrible que sa détresse au milieu de la foule et de tout les gens normaux. « Ton père était mauvais, très mauvais. » Nuallán n'avait jamais entendu parlé de son père, se persuadant qu'il n'en avait même pas. Sa mère ne lui en avait jamais parlé, ni en mal ni en bien, alors il n'avait même pas pensé à s'en créer une image accablante ou magnifique. « Non... en fait ton père était adorable... C'était sa famille qui était mauvaise. Maléfique. » Nuallán voit comme apparaître toute une partie de lui qu'il n'avait jamais pensé exister, toute une moitié qu'on avait jamais sollicité, et qui s'était oublié elle-même, simplement la moitié de son sang. Mais il n'a pas envie d'en savoir plus. Tous ces gens ne l'attire pas. Il sait qu'il est bien trop attaché à sa mère, pas qu'il ne lui vienne pas à l'idée de contredire ses accusations envers eux, mais il sait qu'il n'a rien à apprendre n'y à tirer d'eux.
« C'est eux qui t'ont maudit... qui t'ont rendus différent... c'est eux surement qui veulent que tu aille dans cette école bizarre... pour pouvoir te maudire encore plus, pour me maudire d'avoir connu ton père. » Il ne comprend pas un mot de ce qu'elle dit. Elle lui donne les pièces du puzzle, mais sans le dessin final, alors il ne peut savoir comment elles s'assemblent qu'en regardant les bords de chaque pièce, et ce travail sera long. « Et parce que tu es maudit, tous les gens autour de toi sont maudits eux aussi. » Une larme vient faire frémir ses yeux. Il sent remonter le sentiment qui le tourmente depuis quatre ans. Le sentiment plus terrible que l'absence de Talulla, celui d'en avoir été la cause. C'est de sa faute. Il est maudit. Talulla est morte par sa faute. Il sent cette malédiction peser sur lui alors qu'il voit silencieusement des images défiler entre ses yeux et ceux de sa mère. Il voit passer le train qui l'emmènera dans cette école, il se voit entrer dans cette école, rencontrer beaucoup de personnes, sourire parfois, pas souvent, et regarder passer le temps dans les horloges, regarder les fantômes, ceux que l'ont voit et ceux qui se cachent dans les ombres, il voit son sourire figé dans une ombre, les éclats de son rire brisé il y a très longtemps sur l'écorce des arbres. Et ça, ce ne sont pas les rêves que lui offre la lettre et l'entrée à l'école de Poudlard. C'est sa malédiction. C'est ce qui va se passer. C'est qu'il sait ce qui va se passer, dès lors qu'il regarde cette lettre qui le jette dans un avenir nouveau, mais peut-être pas aussi radieux qu'il pourrait le croire. Il décide pourtant de faire semblant, dans son sourire, que tout ira très bien dans cette école. Il regarde sa mère doucement, ayant abandonné toute la haine qu'il avait pour elle, ayant oublié à quel point elle vient de le détruire.

« kids are on fire, in the bedroom »
that summer at home, i had become the invisible boy the twilight sad









Anonymous

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extra time, on the ground. #Sam 10 Juil - 10:54


Ma chère Talulla,

Je n'y arrive pas. Je n'arrive pas à regarder les gens normalement. Je n'arrive pas à les regarder toujours. A chaque fois que je vois quelqu'un, je vois quelque chose de toi, un éclat de ta voix dans ses mots, une fossette de ton sourire à l'ombre de ses lèvres. Arrête de hanter les rares gens qui veulent me parler qu'il te plaît. … mais pourtant, je suis à chaque fois heureux de te voir là où je t'attends le moins. Alors je souris en fixant dans le vide cette petite fossette, et les gens croit que je souris à ce qu'ils viennent de dire, et quand cela n'était vraiment pas drôle, où qu'il fallait rire, ils s'étonnent et repartent, en m'insultant assez souvent, ou alors parfois, les filles pensent que je leur fait de l'œil et ensuite s'étonne qu'en fait je ne m'intéresse pas plus à elle. C'est ainsi que j'ai retrouvé mon surnom de NUL-an. Je m'en serais bien passé je t'avoue. Quoiqu'il me rappelle ce petit merdeux de Breenan qui était amoureux de toi.
De toute façon, au final, tout me fait penser à toi. Tu te caches dans l'ombre derrière les portes, sous mon lit la nuit, derrière les murs, dans les rayons du soleil et les reflets dans les miroirs. Alors je passe ma journée à te chercher, à regarder derrière les portes. Parfois tu es là, et j'entends l'écho de ton sourire ou vois le reflet de tes yeux, mais parfois tu n'es pas là. Je n'en suis pas triste. Car je sais que tu es là quand même, quelque part, dans les nuages, ou dans mon cœur, cachée, en train de jouer avec mes veines, en train de toutes les emmêler, ou de souffler sur les vitres de mes yeux, en train de mettre de la buée sur mes yeux.
Parfois j'ai l'impression que tu n'as jamais existé que comme ça, cachée dans les ombres, et derrière les rayons de soleil. Alors je suis heureux d'avoir juste pour moi ton petit esprit, d'être le seul à entendre battre ton cœur, et à connaître l'exact son de ta voix, et comment se brise les éclats de ton rire. Mais peut-être pourrait-tu arrêter de t'échapper pour aller te réfugier dans les sourires des autres, et ainsi me permettre de communiquer normalement avec tout le monde. Enfin normalement, je veux dire, rien que pouvoir parler avec eux et les découvrir, pas que tu m'ennuies, mais j'aimerais découvrir d'autres choses. Et puis, j'aimerais pouvoir suivre les cours, parce que tu n'arrêtes pas de te cacher dans les bocaux de la salle de potion, ou dans les sorts que jettent les professeurs, parce qu'après je n'arrive qu'à faire exploser la classe, puis devoir nettoyer toute la salle des trophées après une invasion de doxys, et enfin connaître toute l'étendue des notes en dessous de zéro.

Enfin je ne t'écris pas vraiment une lettre que pour ça, même si j'aimerais bien que tu arrêtes un peu tes petits manèges et continue seulement de jouer avec mes veines ou à me chatouiller les poumons pour me faire éternuer, ça, ça ne me dérange pas. Je t'écris à toi parce que je crois que tu es la seule à qui je puisse en parler, parce que tu en connais un rayons en choses bizarres qui se passent dans mes yeux.
En fait, des fois je ne suis pas vraiment là, devant les gens avec les gens, mais ce n'est pas à cause de toi, enfin je crois, à moins que tu me fasse une sacrée farce digne des pires Halloween que j'ai passé à Poudlard. Quoiqu'on ne peut pas dépasser le cracbadaboum permanent qui m'a suivi et a déchiré tous mes vêtements et sacs en deuxième année. Même le petit déjeuner à la mort-aux-doxys de l'année suivante et ensuite la Glu Perpétuelle lancée entre mes doigts mes livres et les pages de mes livres l'année dernière, n'ont pas dépassé ma deuxième année.
Cette chose bizarre, ces images bizarres, je sais que ce n'est pas un maléfice d'Halloween. Je crois que ça dure depuis un long moment même. Parfois je regarde les objets, et ce n'est pas comme je l'espère un reflet roux de tes cheveux, mais des images et des histoires vraiment incompréhensibles qui se passe autour de ces objets. Parfois quand je regarde les gens, je les vois dans le blanc de leurs yeux faire des choses étranges, se retrouver dans des positions, dans des affaires les plus farfelues possibles. Je ne sais vraiment pas ce que ça veux dire. Tu sais toi?
L'autre jour j'ai vu la petite première de la classe, alors qu'elle s'apprêtait à lever la main, se a faire faucher en l'air par un cognard qui venait de traverser la vitre. Mais sa voisine lui a fait un signe du coude pour admirer ce qui devait être l'expression la plus drôle du monde sur ma tête, alors que le cognard brisait la fenêtre sans rencontrer et briser également sa main. Et puis le prof l'a vu rire et lui a enlevé des points, et elle m'a foutu une gigantesque claque à la sortie.
Vraiment je n'y comprends rien. Qu'est-ce que c'est que c'est chose que les autres ne remarquent pas? C'est pareil avec toi, ils ne te voient pas. Est-ce qu'il font seulement semblant de ne pas voir? Ou est-ce que je suis le seul à voir tout ça?
Et puis après tout. Tu n'en sais surement rien toi non plus, à moins que ce soit toi qui n'orchestre tout ça. Je vais arrêter de m'en faire après tout. Peut-être que c'est ce que font les autres, ils ne relèvent pas toutes ces choses étranges qu'ils voient. Et puis peut-être que si j'arrête de m'en faire pour ça, je pourrais leur parler sans voir toutes ces choses bizarres.

Je suis désolé de t'avoir dérangée. Enfin. J'espère que tu ne m'a pas oublié peu importe où tu es. Parce que moi je ne t'oublie pas, et je te garde toujours une place dans mon ventricule gauche, ou d'ailleurs je peux te laisser le droit si tu préfères.
J'embrasse toutes les ombres où tu te caches ♥

Ton Nuallán.

« about as subtle as an earthquake, i knew my mistakes were made for you.
and in the back room of a bad dream, she came and whisked me away, enthused. »

my mistakes were made for you the last shadow puppets


« Nuallán. »
« Oui, Talulla? »
« Nuallán. Nuallán, écoute-moi. »
« Oui, qu'est-ce que tu veux? »
« Il faudrait que tu vives. »
« Mais... je vis déjà...? C'est toi qui ne vis plus... »
« Non, tu ne vis pas vraiment. C'est comme si tu étais un mort dans un corps vivant. Tu devrais vivre vraiment, parce que sinon moi je voudrais bien de ton corps vivant. »
« Je peux te le donner si tu le veux, je n'en veux pas. »
« Ce n'est pas possible, tu le sais. Tu dois le faire vivre par toi même. »
« Mais pourquoi? Ca... Ca me convient de vivre comme ça. Enfin si comme ça tu veux, dire avec toi, en te cherchant dans les ombres, dans les yeux et dans tous les morceaux des gens? »
« Ce n'est pas ça vivre. Il faut que tu parles au gens, que tu sois avec eux. »
« Mais... c'est avec toi que je veux être. »
« Mais moi je suis morte. Tu le sais. Tu ne peux pas vivre éternellement avec une morte. »
« Non... non... Talulla... Tu vis encore un peu avec moi! »
« Mais je ne peux pas vivre éternellement comme ça non plus. Tu dois me laisser partir. Pour de bon. Tu dois m'oublier. »
« Mais je ne veux pas t'oublier. Je ne peux pas t'oublier. »
« Tu ne dois pas totalement m'oublier, mais tu dois arrêter de me chercher dans les ombres, e me voir partout à tes cotés. Je le serais toujours, mais ça tu dois l'oublier. »
« Pourquoi... Pourquoi je ne pourrais pas te parler encore quand tu es à coté de moi? Hein, on est bien comme ça? »
« Tu ne peux pas continuer à vivre comme ça. Tu ne vis pas. Tu ne vis pas dans ton temps, avec les gens de ton temps, avec les gens qui sont vraiment là. »
« Mais si je ne veux pas vivre avec eux, parce que c'est avec toi que je veux être? »
« Je ne suis pas vraiment là, tu sais. Je suis dans ton imagination. Eux sont vraiment là. »
« Mais eux, ce n'est pas toi. »
« Ils peuvent être très intéressants aussi, et géniaux. Comment peux-tu les rejetersi tu n'as pas essayé de les connaitre? C'est en côtoyant les gens qu'on apprend à les connaitre, et qu'on découvre des choses extraordinaires. »
« Mais... J'ai peur, Talulla. J'ai peur de ce qui va se passer avec eux, quand tu ne seras plus là. J'ai peur que tu ne sois plus là. »
« Ne t'inquiète pas, je serais toujours là, pour te donner du courage, même si tu ne me vois pas. Si tu ne m'oublie pas je serais toujours dans ton ventricule droit – parce qu'il est plus confortable que le gauche -, même si tu ne me verras plus dans tes yeux. »
« Talulla... »
« Promets-moi d'aler vers les autres, et de m'oublier un peu. »
« Talulla, je... Je ne sais pas si j'y arriverais... »
« Promets-moi, Nuallán. »
« ... Je te le promets, Talulla. »
« Au revoir, Nuallán. »
« Au revoir, Talulla. »


« all that i do is wait for you.
i can't get along with all your friends, i don't know how to act.
that's all there is, why do i accept the things you say?
how long must i wait? how long must i wait? »

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