When I was five years.


La pluie battait violemment contre les carreaux de ce grand manoir. Quoi que les gens disent il était somptueux, effrayant certes, mais vraiment somptueux. Un silence pesant trônait dans la pièce, interrompu de temps à autre par l'aiguille de l'horloge, le craquement du bois dans la cheminé, ou les soupires des deux personnes présentent. Une vieille femme aux cheveux blancs courts et bouclés, encerclant son visage de mèches folles était tranquillement assise sur un rocking-chair tout de bois sculpté, son visage ridé et fatigué donnait toujours la même impression d'exaspération et de dureté. Elle portait une longue robe noire et remontait de temps à autre le châle qui couvrait ses épaules. Elle semblait concentrée dans sa couture et ne releva pas la tête pendant plus d'une heure. Pendant ce temps là, une petite fille, ressemblant étrangement à une poupée de porcelaine, tant sa peau était pale, ses cheveux claires et ses lèvres rosées, fixait inconsciemment les flammes dansantes de la cheminé. Attirée par leurs couleurs sublimes, elle fini par s'y perdre. Le bois craqua de nouveau, déformant la masse compacte qui tombait doucement en cendre, cela eut don de faire sortir la petite fille de ses songes. Elle se releva, secouant sa robe bleue pale avant de rejoindre la vieille femme qui se balançait tranquillement, posant sur elle un regard interrogateur. Pearl n'osait pas parler, elle savait qu'elle serait réprimandée. Elle attendrait donc que la mère de son père daigne lever les yeux sur elle. Et pour cela, elle dut attendre 2 bonnes minutes. « Que veux tu Pearl ? » se décida à dire la vieille femme. Joignant ses mains derrière son dos, la petite fille ne broncha même pas en entendant le ton froid et sec employé par sa grand-mère, à vrai dire elle en avait l'habitude.
« Quand aurai-je le droit de jouer avec les enfants de la maison ? » S'arrêtant net sous le coup de la surprise, la vieille femme au regard perçant releva doucement la tête et planta son regard azuré dans celui de sa petite fille « Les filles des domestiques ? Jamais, ma pauvre enfant… » S’insurgea la vieille femme. « Tu as mieux à faire que de jouer à la poupée, tu veux prendre beaucoup trop de liberté, Pearl. As tu lu le livre que je t'ai donné hier ? » La petite fille était déçue par la réponse, mais pleurer ne lui ressemblait pas, elle, elle détestait. Cacher la profondeur de ses sentiments, voilà la première leçon apprise par sa sorcière de grand-mère, c'est pour cela qu'elle garda la tête haute, se masque d'impassibilité sur le visage. Pour toute réponse, Pearl acquiesça d'un signe de tête. « Oui.» Retournant à ses occupations, Elisabeth remonta une nouvelle fois le châle posé sur ses épaules. « Bien ... »
Il fallait être stupide pour ne pas comprendre que la jeune enfant gênait, c’est pour cela que la petite fille se retourna alors pour se diriger de nouveau à sa place initiale. De dos elle ne manqua pas de tirer une grimace en imitant sa grand-mère. Cette femme qui l'énervait tant. Pourquoi ne vivait elle plus avec sa mère ? Elle, qui l'aimait et s'occupait si bien de la jeune enfant. Pénélope était la mère parfaite aux yeux de Pearl. Celle-ci lui manquait terriblement, mais elle n’avait pas d’autre choix que de rester avec sa satanée grand-mère.


FLASHBACK

Assise sur un lit digne d'une véritable princesse, Pearl alors âgée de 5ans, regardait silencieusement sa mère faire des va et vient entre les armoires et le lit ou était posé deux grosses valises. Ce petit manège dura un certain temps, jusqu'à ce que la petite poupée de porcelaine ouvre enfin la bouche. « Maman ? Pourquoi je dois partir vivre chez Grand mère ? » Son ton était à la fois remplit d'innocence et de tristesse. Elle n'avait pas de bon souvenir de cette grand-mère qui ne cessait de la réprimander parce qu'elle jouait avec les enfants de son quartier. En fait, Pearl ne l'aimait pas. Pénélope eut un sourire triste avant de poser les quelques vêtements qu'elle avait dans les bras et de s'approcher de sa fille. « Parce que s'est ainsi ma douce, ton père et moi voyageons beaucoup et toi, tu dois rester avec grand-mère en attendant de rentrer à l'école de magie. » La petite poupée de porcelaine eut une moue boudeuse. D'une voix allant très bien avec son visage à l'instant rondouillard et tordu en une grimace mécontente, elle dit en croisant les bras. « Non. Je ne l’aime pas ! Elle sent le vieux et elle est méchante, elle ne veut jamais que je m’amuse, on s’ennuie tout le temps chez elle... » dans sa tactique de persuasion elle changea radicalement d'expression, ses trais devenant tirés et tristes alors qu'elle se levait sur le lit et posait ses mains sur les épaules de sa mère pour ne pas tomber. Plantant son regard dans celui de sa mère, elle dit d'une voix douce et mélodieuse. « Je veux rester avec vous ... Tu m'apprendras toi ... Je travaillerai dur ... Mais ne me laisse pas avec elle … » Un fin sourire amusé étira les douces lèvres de la jeune femme. Tandis qu'elle prenait la petite fille dans ses bras, elle posa un baiser sur son front. « Allons ma douce, tu seras bien chez grand-mère et tu iras à l'école la bas. C'est un grand château ... » Pearl releva la tête, soudain intéressée. Son père passa alors la tête dans la pièce, un grand sourire sur les lèvres. Pour lui s'était un grand moment. Sa fille allait devenir une brillante sorcière, pas de doute. S'approchant des deux femmes de sa vie tout en faisant des grimaces ridicules pour faire rire sa petite princesse, il dit d'une voix excitée. « Alors alors, on est prête pour aller chez mamie ? » Voyant l'air de sa fille, perdue entre excitation et tristesse, il arqua les sourcils en montrant les valises. « Je suis juste venu prendre les valises... » se défendit-il alors qu'il pensait avoir brisé un moment d'intimité mère fille. Tandis qu'il sortait sa baguette pour faire voler les bagages, il sortit de la pièce. Pénélope en profita pour faire descendre Pearl et s'agenouilla devant elle. Un sourire d'une douceur infini illuminait son visage alors qu'elle caressait la joue de son enfant. « On viendra te voir le plus souvent possible. C'est juste le temps de tes études et quand tu seras grande tu reviendras vivre avec nous ... »

Combien de temps resta-t-elle accroupie ainsi ? Personne ne peut le dire. De toute manière elle n'avait pas grand chose à faire d'autre quand il pleuvait de la sorte. Le manoir était immense mais elle avait déjà fait le tour 4 ou 5 fois. D'une nature surement trop curieuse, il lui était impossible de dormir sur ses deux oreilles tant qu'elle n'avait pas visité jusqu'à la cave de ce véritable château ! De plus il pleuvait, et même si son courage à elle n'avait pas de limite, sa grand-mère, elle, n'accepterait jamais de laisser Pearl gambader seule dans l'immense demeure. Alors elle se devait de rester là, assise, à s'ennuyer devant trois buches rougeâtres léchées sans relâche par des flammes qui en profitaient pour danser joyeusement tant leur repas les ravissaient.
Le temps ne passait pas. L'aiguille, en sale traitresse qu'elle était semblait vouloir prendre tout son temps pour faire le tour du cadrant. Mais ces journées longues et ennuyeuses, cet atmosphère triste et étouffante, elle ne le devait qu'à la femme assise dans la pièce. Interdiction formelle d'approcher un moldu, sa grand mère la brulerait sur place où se ferait un arrêt cardiaque. Pourtant elle, elle ne les détestait pas, à vrai dire elle n’avait aucune opinion sur eux.


When I was sixteen.


« Et il m'a dit de pas me fier aux apparences... »
« Han, il t'a dit ca... Et donc, tu gobes tout les bobards qu'il te raconte ? »
« Pourquoi il mentirait ? »
« Tu veux que je te fasse un dessin peut être ? »
« Mais c'est.. »
« SILENCE ! » L'intervention du professeur les arrêta net. Les deux jeunes filles replongèrent dans leurs exercices d'arithmancie mais l'esprit était ailleurs. Ah, l’adolescence… Les histoires de cœur. Ce petit grain dans la balance de la vie. Pearl ne prêtait que peu d'importance à ces petits soucis de la vie quotidienne, mais qu'elle le voulait ou non, elle était toujours au courant des moindres petites choses, de tous les petits secrets, car on venait souvent lui demander conseil.
La jeune fille écrivait rapidement, sa plume glissant de manière fluide sur le papier. Elle eut bientôt finis l'exercice demandé. Quand se fut le cas, elle tourna le regard vers sa camarade. « Claire n'a pas fait la rentrée ... » son amie releva doucement la tête et posa sur elle un regard inquiet. « J'ai entendu dire que son père avait disparu cet été et qu'elle et sa famille ont déménagé... M'enfin tu sais entre ce que disent les gens et la vérité, il y'a parfois de très larges différences... » Pearl ne quitta pas son amie du regard, guettant sa réaction. Il était vrai que l'atmosphère du château s'était assombrie cette année. « Ça devrait être la prof' qui devrait disparaitre, tien… » Rajouta son amie, en désignant leur enseignante d'un signe de tête. Cette remarque arracha une ombre de sourire à la jeune Widmore. Leur petit monde n'était rempli que d'excès en tout genre et d'insouciance. Une remarque tintée d'ironie et voilà le sujet oublié. Le père d'une amie disparu ? Vite remplacé par le nouveau couple formé chez les Serpentards ou par la rouste prise par les Poufsouffle lors du match contre Serdaigle. Par Merlin, rien de plus mauvais que de se prendre la tête. Vivons donc d'amour et d'eau fraiche. La jeune poupée de porcelaine y pensait parfois, mais n'en parlait pas. Elle aimait bien garder cet air de jeune fille snobe et superficiel.
Elles furent sorties de leurs songes par l'enseignante, qui passait dans les rangs pour rendre les devoirs faits lors du cours précédent. Lorsque le parchemin atterrit sur son bureau, un sourire satisfait étira lentement les douces lèvres de la jeune sorcière. « Excellent travail, Mlle Widmore. »