Certains rêvent de nager dans une mare de billets. D’autres rêvent d’avoir le pouvoir de trôner sur le siège de la reine mère. Du haut de ses seize ans, Aliénor rêvait d’indépendance et de liberté. Les mauvaises langues s’en délieront surement à grande joie, proclamant que la demoiselle avait déjà tout ce qu’elle souhaitait et faisait un caprice. Elles le pouvaient… si elles ne craignaient pas les conséquences. Depuis que Sir Werswood avait été adoubé par la reine mère elle-même, le cours de leur vie avait pris un virage à 180°. Certes, il est étrange qu’un sorcier ne reçoive la gratitude et s’abaisse devant une moldue. Et pourtant, pour gagner dans ce monde, ne faut-il pas avoir un pied chez l’ennemi ? Le proverbe le dit lui-même : « Plus proche de ses ennemis que de ses amis ». Sir Werswood joue double-jeu pour le compte de son Maître mangemort, lui fournissant toutes les informations nécessaires pour détourner la puissance de feu moldue qui reste bien dérisoire face à la magie mais, peut tout même faire quelques petits dégâts. Si on veut écraser un insecte, il faut d’abord prendre gare à ce qu’il ne puisse plus se défendre. Telle est la mission de Sir Werswood qui entraine donc sa femme et sa fille à la fois dans la communauté sorcière et moldue. Porter un masque devint une raison vitale de survivre. Toujours faire attention. Constamment sur ses gardes, mais avec le sourire. Une main de fer dans un gant de velours. Voici la devise de la demoiselle. Voici son éducation, mais aussi sa condamnation. Le doute. L’incertitude. La limite de la paranoïa. Chacun possède ses démons. Aliénor, c’est d’être dupée. Gare à ceux qui oseront cette infâme injustice. Lorsqu’on déploie un lien de confiance, c’est toujours définitif. Lorsqu’on vient à rompre ce dernier, cela devient chaotique. Ayant reçu à la fois une éducation de jeune lord (arithmantie en vue de gouverner plus tard les affaires, escrime, etc) et de jeune lady (diplomatie, bienséance, maintien, etc), Aliénor a toujours su qu’elle n’était pas l’enfant que son père désirait. Celui-ci voulait un fils pour prendre sa suite. Il eut une fille. Qu’à cela ne tienne, il s’engagea sur sa conscience à la former à prendre sa suite plus tard, oubliant souvent la sensibilité des demoiselles de six voir sept ans. Il a fallu qu’Aliénor se forge pour satisfaire les exigences familiales. Il a fallu se plier. Faire le dos rond pour mieux retomber sur ses pattes plus tard. Aliénor n’est pas perfide mais extrêmement prévenante. N’aiment pas être prise pour une idiote, elle fait en sorte d’avoir un coup d’avance sur tout le monde… tout en tachant de reste modeste, courtoise et discrète comme le sied la bienséance. Petite, son lieu de prédilection était la bibliothèque, n’ayant pas accès au bureau de son père. Plus tard, elle se voit haut dans la hiérarchie. Très haut. Cela tombe bien, les projets de son père rejoignent les siens. A moins qu’ils ne soient en faveur d’un promis permettant cet accès. Comme le jeune Huntington. De trois ans plus vieux que la demoiselle, leurs parents conclurent leurs fiançailles lors des seize ans d’Ali’. Comme cela se fait souvent dans la haute aristocratie. Grâce à ce pion dans son échiquier, Sir Werswood s’était définitivement hissé, lui et sa famille, dans la haute aristocratie. Personne ne pouvait plus interférer en leur défaveur et disgracié leurs places. Ils étaient reconnus. C’est dans cette atmosphère à la fois étouffante et instructive qu’Aliénor grandit. Afin d’impressionner son père, il fallait toujours qu’elle soit la meilleure. Qu’elle prouve la supériorité intellectuelle des Werswood. Sauf que la demoiselle a vite compris qu’elle vivait pour elle. Ses parents la placent dans la hiérarchie et le monde d’aujourd’hui mais, plus tard, c’est elle qui sera maitresse de sa destinée. Aucun homme, aucune force ne pourra la faire plier. Elle est sans doute trop fière pour cela. Beaucoup interprètent ce signe comme de la suffisance. Miss Werswood serait trop bien pour s’abaisser à fréquenter les médiocres passants. Pas exactement. Miss Werswood est seulement en quête d’un but plus palpitant à donner à sa vie. L’action n’est pas vraiment fait pour elle car, il est vrai qu’elle n’aime pas se salir. Mais la connaissance reste aisément à sa portée… et bien plus encore.

Aliénor Werswood se condamne elle-même à toujours donner plus sans accepter de s’essouffler. Donner plus pour remporter plus. Rien n’est jamais gratuit. Tout se doit un jour. C’est ainsi que le réseau des Werswood s’est tracé. Mais, c’est dans ce cadre fermé et clos que la jeune fille se surprit à rêver à d’autres contrées, comme les petites filles de son âge. Qu’était réellement la vie en-dehors de sa cage dorée ? Elle ne le savait pas vraiment. Peut-être le découvrirait-elle un jour mais, pas tout de suite. Pour l’heure, elle doit réussir son ascension sociale en vue d’être certaine d’intégrer une place de choix au Ministère. Et, tous les moyens sont bons pour réussir. Autant les révisions jusqu’à tôt au petit matin que les potions aidant à rester éveillées et concentrées durant la journée ou alors les petits coups d’œil. Un sourire vaut tous les cadeaux du monde pour certains garçons… Dans une semaine, la dernière année de Poudlard sera là. La dernière façon de faire ses preuves et d’en ressortir la tête haute, bien haute que lorsqu’elle était entrée en première année. Sa revanche sur tous ses petits cons prétentieux était en marche et elle ne comptait pas s’arrêter faire une halte en chemin. Autant dire que les sang-purs orgueilleux et fiers de la pureté de leur sang ne sont pas ses préférences. Pas plus que les petits moldus qui débarquent en geignant parce qu’ils ne connaissent rien à la magie. Mais, il faut savoir changer son fusil d’épaule et s’adapter pour ne pas être dévoré par les lions. L’arène est grande ouverte et c’est armé de sa baguette qu’Aliénor y entre… mais pas en tenue de gladiator. Les mots sont parfois bien plus efficaces que les actes. Tout comme les menaces misent en exécution. La parole d’Aliénor Werswood vaut de l’or. D’autant plus les promesses de représailles… Poudlard, prépares-toi. Tu as en ton sein plusieurs petits fléaux qui ne n’arrangeront pas tes murs alors que les démons viennent picorer sur tes restes.

« Ne jamais être gouverné. Toujours gouverner. »