feat Scar.

Etrange chose que le grand jour ait pu contempler sa figure blafarde. C'était tout simplement qu'il faisait nuit en plein jour. La chaleur du soleil, la course incessante des aiguilles sur toutes les montres, tout était là à ça place mais il faisait sempiternellement nuit. Devant le quai, les fenêtres d'appartements miteux et poussiéreux tremblaient chaque fois qu'un train s'élancer et quand il freiner, la proximité rendait l'atmosphère insupportable. Lourde de crissements sur aigu et métallique. Et quand enfin on avait les oreilles soulagées du bruit des trains c'était le brouhaha de la foule qui nous emplissait l'espace, avec tous ses cris et ses pleurs cacophoniques.
Mais au moins ça faisait passer le temps. Accoudée au rebord d'une fenêtre, Miss O'brien regardait le fourmillement de la vie qui continuait malgré tout au pied de son hôtel. Si près de la gare, elle n'avait guère de clients, mais au moins elle avait le temps de muser.
Miss O'Brien était une femme d'une quarantaine d'année. Elle n'avait pas d'enfants et elle n'avait d'ailleurs jamais été mariée. Mais quand elle regardait la foule en bas, elle n'avait pas spécialement de regret. Elle avait encore le temps qu'elle voulait pour elle, elle n'avait pas les préoccupations de cet homme là en bas qui regardait sa montre en tirant une gueule épouvantable, ni non plus de cette femme qui rajustait la cravate de son gosse pour là sixième fois au moins. Elle soupira presque heureuse de son propre sort. Il y avait en bas un drôle d'énergumène. Un grand type qui portait un long manteau rouge. Sûrement un de ses jeunes qui se coiffaient et s'habillaient comme n'importe quoi, avec des looks tant extravagants qu'asexués. Elle y regarda de plus près. Non ce n'était pas ça du tout. Ce jeune homme là avait l'air posé, un très beau visage mais aussi très masculin. Rien à voir.
Miss O'Brien eut un petit sourire d'adolescente. Elle en avait passé l'âge mais ses rêves l'entrainaient toujours sur des chemins impossibles. Le jeune homme entra, il était plus beau encore de près. Il avait quelque chose de fascinant.

~ Je peux faire quelque chose pour vous?, demanda-t-elle d'une voix polie et chantante à la fois.
~ Une chambre s'il vous plait., répondit-il avec un sourire parfaitement courtois mais qui ne découvrait pas ses dents.
~ Et voici. S'il y a quoi que ce soit n'hésitez surtout pas.

Elle le regarda monter en se demandant ce qu'un si beau jeune homme, visiblement pas à cours d'argent, venait faire dans son petit hôtel de gare. Un train à prendre le lendemain peut-être.
Elle entendit la porte de sa chambre se refermer puis plus rien alors elle retourna se poster à la fenêtre.

Dans sa chambre, Scar, posté lui aussi à la fenêtre était pensif. Il avait horreur d'être tenu par ses propres fascinations. Et horreur également de devoir rester inutilement loin de sa soeur. Mais il avait l'air de pouvoir s'évader une ou deux heures pour voir ce qu'Elthiriel attendait de lui. Ce serait seulement la deuxième fois qu'ils se verraient depuis qu'il l'avait observée dans son bain. Un baiser qu'elle luia vait volé et une crise de jalousie. Ce qu'il en déduisait? Pour l'instant pas grand chose, il ne voulait pas se laisser grisé par la seule fascination car après tout Mitthrä le fascinait elle aussi, à sa façon. Il n'avait pas cherché à se cacher, aussi il savait qu'elle saurait. S'il était resté si facilement repérable c'était qu'il voulait être repéré.

Une jeune femme, une adolescente minuscule, habillée en jeannette (en scout, un organisme jeunesse) Vend des chocolats. En train de chiquer une immense gomme balloune, elle consulte la montre à son poignet.

La cible devrait bientôt arriver. Ah, la voilà justement. Point faible, il achète toujours du chocolat avant d'entrer dans son train. Judicieusement placée avant, qui peut bien refuser à une fillette les sous nécessaires pour que son groupe parte en camp de vacance?

Avec un sourire, l'oeil gris identifie la cible. Elle lui vend 4 tablettes de chocolat empoisonné au cyanure. Elthiriel sait qu'il engloutit la première au départ et une à l'heure... Dans une cabine première classe, seul. Ils ne le trouveront qu'à l'arrivée, et encore.

Soudain, elle se met à chiquer moins violemment, la petite adolescente blonde, et tourne la tête vers l'homme en manteau rouge qui la dépasse, mine de rien...

Comme s'il voulait être suivi...

Prenant son sac à dos, se frottant els mains pour enlever les traces de colle qui dissimulent ses empreintes digitales, la jeannette suit le vampire. Avant de s'éclipser dans la ruelle...

Pour revenir en peau d'Elthiriel tout ce qu'il y a de plus classique, une quinzaine de minutes plus tard. Elle ne passe pas par la réception de l'hôtel, mais par l'escalier de secours qui serpente hideusement à la facade.

Une petite figure fière et sauvage, aux yeux d'un gris d'acier, tranchant, se pointe dans la fenêtre, de l'autre côté. Elle ne dit rien , mais son regard vaut milles mot.

Pourquoi tu voulais me parler?

Elle aurait pu le laisser aller.. Le suivre comme ca est un signe de faiblesse.

La fenêtre offre un visage familier, un peu dur, un peu mordant. Qu'importe, le vampire n'a aucun apriori, il ouvre la fenêtre ravi de voir qu'il connait aussi bien l'esprit humain. Pourtant son visage ne trahi rien de particulier, ni plaisir, ni interrogation. Il saisit bien dans les brumes de pensées qui s'échappent d'Elthiriel parce qu'elle y met trop de coeur. Il les entend aussi bien que des mots mais ne dira rien. Pourquoi il a voulu qu'elle le suive? Pour savoir simplement.

Qu'est-ce que tu as contre Mitthrä au juste?

Le fait était qu'il n'aimait pas qu'on puisse vouloir le posséder ou le contenir. Il s'attachait de lui même généralement, en vous rendant visite comme vous preniez votre bain ou en mordant directement à votre veine. L'autre de ces solutions était le plus intense mais généralement le plus expéditif des attachements. Celui qu'il avait à Mitthrä. Il ne l'avait pourtant pas tuée. Étrange coup du sort. Aussi il essayerait toujours de ce tenir à l'écart de cette fascination là de peur de finir ce qu'il avait pris tant de plaisir à commencer.
Il regardait Elthiriel, dur et silencieux à la fois. Elle lui plaisait c'était certain mais il y avait certaines choses qu'il fallait tirer au clair. Tuer pour le plaisir, la seule jouissance de le faire. Mitthrä. Leur liberté respectives. Ce serait déjà un bon début pour le vampire.

La fenêtre s'ouvre, avec aisance, tel un serpent, elle se coule dans l'étroite ouverture. Une vraie gymnaste, même encore meilleure que Nadia Comaneci. L'oeil rouge fixe le gris sans ciller.

Le rouge s'est passé de mode... Mon père porte un vieux manteau rouge comme ca. C'est ringard.

Entend t'il distinctement. Même si le visage de la Phoenix ne trahis rien, mais rien du tout. Ca serait chouette ces deux là au poker. (petite commandite de fulltitpoker.net) Et le voilà qui attaque de but en blanc. Cavalier en a4.

Qu'est-ce que tu as contre Mitthrä au juste?

Le fier visage est fermé, dur. Rien à voir avec la tentatrice du bain. Il a plus à faire avec une guerrière en cet instant précis. Elthiriel aux milles facettes.

La question est plutôt ce que toi tu lui trouve. Elle c'est l'eau, moi c'est le feu.

C'est son sang que t'aime? Elle baise bien? Dis moi, tu t'es amusé à attiser ma curiosité pour mieux me torturer? VOUS avez rien trouvé de mieux?

Elle se sent ramenée des milliers d'années en arrière. L'Atlantide... Deux Atlantes en train de s'embrasser, superbes... Et, dans un coin, dans les ténèbres, des yeux rouges qui glissent subitement dans la folie. Trahison. Un des deux, le mince à la chevelure couleur écume de mer, il l'aime à la folie.

Tellement qu'il a tué tout un peuple pour s'assurer que personne ne profiterait ni de l'infidèle, ni du pouvoir qui lui a été usurpé.


Un ton égal, impassible. neutre. Impossible de savoir ses sentiments. Mais son esprit hurle

Avec elle, une myriade de mauvaises pensées. Il les sent. La jalousie. La colère. La rancoeur. Lui est posé mais il n'en ressent pas moins ... l'envie de lui montrer qu'on ne s'attache pas à un vampire comme lui. Et qu'on l'attache encore moins. Ce qui l'énerve c'est tout ce cirque pour rien. Lui n'a rien promis. Il a observé, pensé les choses. Il s'est rapprocher, mais ne s'est pas engagé. Jamais d'ailleurs et où que ce soit. Il ne tient qu'à Mélisande de l'attacher et de le garder.
Il entend très précisément les critiques, elles l'amusent comme elles sont incongrues. Cela part dans tous les sens mais ça ne l'attendrit pas encore.

La question est plutôt ce que toi tu lui trouve. Elle c'est l'eau, moi c'est le feu.
J'ai goûté à son sang, j'aurais toujours envie d'elle désormais, c'est ainsi., lâcha-t-il sans plus y aller par quatre chemins.

Mais il savait qu'elle ne comprendrait pas. C'était vrai, avoir été mordue donnait à Mitthrä un intérêt différent de celui qu'il portait à Elthiriel mais il n'était pas de la nature qu'elle croyait. Il savait d'entrée de jeu ce qu'elle en penserait.

Elle me rend un service, et j'ai de l'amitié pour Mitthrä., jeta-t-il assez froidement, Or je tolère mal que l'on piétine les personnes qui me sont chères Elthiriel. Il m'importe peu que tu comprennes ce qu'est la fascination, ou la morsure. Mais puisque tu y trouves tant à redire, je te dirais que ça n'a rien de comparable avec ce que vous autres être de chair vivante vous pratiquez en mêlant vos corps. C'est beaucoup plus fort, plus inextricable. Et quand bien même je la voudrais de cette façon là, tu n'aurais rien à y redire. Je ne t'ai rien promis. Je t'ai côtoyée et observée longuement, comme il me plaisait, si tu as laissé faire en croyant qu'il y avait déjà plus dans mes regards tu ne peux t'en prendre qu'à toi même.

Il était dur, détestable. Mais un oiseau qui voit venir la cage dorée du collectionneur ne s'enfuit-il pas à tire d'ailes? Et si c'est un tigre il vous mettra un coup de patte. Quitte à vous tuer ou à vous défigurer.

Je n'ai pas de compte à te rendre. Et je n'en ai pas à rendre à Mitthrä non plus sauf quand il s'agirait de la préserver de moi. , il parlait bien sûr de cette pulsion démoniaque qui le poussait à vouloir achever ce qu'il avait commencé.

Il y a un long moment de silence. Ou elle le toise de haut en bas et sur le travers. Les pensées d'Elthiriel sont un capharnaum sans queue ni tête pour le vampire mais qui en a juste pour elle.

Ah oui, j'oubliais. Un mec qui vient à répétition te reluquer dans ta salle de bain, c'est par chasteté. Il y a beaucoup de chose que tu ignore à mon sujet... Et voir quelqu'un que j'autorise à m'approcher fricoter au détour avec l'Ennemie c'est tout naturel, c'est vrai non mais, faut savoir le prendre ca. Zen Elthiriel! Je ne faisais qu'avoir envie de la sucer et de la baiser.

Dit elle, hautaine, méprisante, dégoulinante de sarcasme.

Tu n'a pas de compte à me rendre, et moi non plus je n'en ai pas. Et je n'ai pas besoin de toi Scar, tu m'entend? C'est comme ca que tu le prend? Fine! Préserve là de toi, et criss moi patience. Tu as fait ton choix, maintenant, assume.

Dit elle, droite sur son 4 pieds 11 pouce, la mine altière et sauvage. Prête à totue éventualité. Il va faire quoi maintenant, il va vouloir la tuer au nom des Atlantes?

Elle a un petit ricanement sans joie à cette pensée. Qu'il vienne.

Une chaleur sèche envahit la petite pièce.

Et bien sûr, arrivant juste à hauteur de ses espérances, elle n'avait rien compris. Mais il pouvait l'entendre lui. Comprendre que la fascination n'avait rien de sexuel ça ne se pouvait à moins de l'avoir vécu une fois. C'est avec un espèce de sourire mi blasé mi amusé qu'il prend les remarques cyniques d'Elthiriel, totalement indifférent à sa froideur. Il n'appréciait guère les mots qu'elle mettait sur ce qu'elle voyait mais soit. C'était les siens.

L'ennemie? Je n'ai jamais connue Mitthrä hostile sauf avec toi je le reconnais. Mais je serais curieux de savoir le fin mot de l'histoire.
Tu n'a pas de compte à me rendre, et moi non plus je n'en ai pas. Et je n'ai pas besoin de toi Scar, tu m'entend? C'est comme ca que tu le prend? Fine! Préserve là de toi, et criss moi patience. Tu as fait ton choix, maintenant, assume.
Alors au revoir Elthiriel, si tu n'as rien de mieux à dire pour ta défense.

Il prenait la porte comme il était entré, calme, beau, drapé de rouge mais toujours aussi libre. Il gardait ses secrets pour lui et sans doute qu'en ce monde il n'y avait que l'oreille dépourvue de conscience de Mélisande pour les écouter.
En bas la concierge se précipita vers lui, toujours fascinée par la beauté du jeune homme, la pauvre ne se rendait même pas compte. Mais Scar s'était déjà nourri, bien trop vigilent pour être allé chercher des explications avec la faim qui le taraudait. Il sourit à la femme et la remercia pour la chambre.

Mais vous avez payé pour la nuit, est-ce que quelque chose vous a déplu? Dites moi, je ferais ce qui est en mon pouvoir pour vous donner satisfaction.
Non non, ne vous en faites pas. Je savais que je ne resterai pas le temps escompté, c'est pour ça que j'ai payé d'avance.

Si elle avait pu voir le sang sur ses mains, les petites canines saillantes... mais non. Elle restait fascinée, amoureuse pauvre mortelle.

Elle le laisse s'en aller, furieuse. Pivote et regarde en bas par la petite fenêtre. On n'exige pas avec une Sampiero... Jamais! Il la prends pour une de ces fadasses mortelle?

Elle change de fenêtre, la chambre étant sise dans le coin de l'immeuble, l'autre fenêtre lui offre une meilleure vue. Imperturbable en apparence, elle ouvre la fenêtre mais reste dans l'ombre, invisible de l'extérieur.

Il y a un déclic qui se produit, une clef qui tourne dans la serrure et la mortelle entre, ne voit pas tout de suite la mort format mini... Plutot, elle va fermer la fenêtre.

Derrière Scar qui s'éloigne, il y a un hurlement suivit d'un bruit de chute mortelle. Purement gratuit. Vengeance caractérielle.

Fin de l'histoire... Elle ferait bien exploser la baraque, mais elle a un minimum de classe.