Ce qu’aimait Azur par-dessus tout c’était passé ses heures libres dans le parc de Poudlard accompagné de sa cour. Ce sentiment de satisfaction qui la parcourait à chaque fois l’attrayait grandement. En même temps, comment ne pas être fière de soi lorsque tout le monde est à vos pieds ? Enfin tout le monde … Façon de parler ! Mais tout de même, elle aimait penser que sa parole était loi, et c’était le cas avec ses amis. Ainsi, on pouvait facilement comprendre pourquoi elle souriait avec tant de satisfaction en cette après-midi, assise sur l’herbe, sa cour l’entourant. Pas une ombre au tableau, non pas une. Elle se sentait si bien, qu’elle s’autorisa à fermer les yeux pour mieux apprécier la chaleur qui l’étreignait à cet instant. Mais lorsqu’elle les ouvrit, son bien être laissa place au mépris lorsqu’elle vit ce cher William s’approchait d’elle. Que lui voulait-il encore ? Certes, il était beau à regarder, mais à part ça, il ne lui inspirait que du mépris. Enfin … Elle devait bien avouer qu’elle appréciait leurs échanges, mais il n’était pas obligé de le savoir. Car c’est ce que monsieur voulait, qu’elle lui dise qu’elle l’appréciait. Mais elle n’était pas comme toutes ses filles qui se laissaient prendre par son charme. Elle était bien plus intelligente et forte que ça. Elle était au dessus de tout, d’ailleurs.

Azur le laissa donc s’avancer, attendant la première réplique, qui en amènerait une autre de sa part et ainsi de suite. Une chose qu’elle détestait par-dessus tout chez lui, c’était son air sûr de lui et fier, comme s’il pouvait se montrer encore plus orgueilleux qu’elle, ce qui était d’ailleurs humainement impossible. Etre plus orgueilleux que la miss Winchester, c’est se prendre pour dieu. La cour de la demoiselle salivait déjà d’avance : il était bien connu que les amis – ou ceux qui s’approchaient le plus de cette appellation – aimaient voir leur princesse se défendre avec élégance. Et les rencontres entre William et Azur étaient sûrement les plus intéressantes. Un sourire arrogant, et voilà que tout commençait.

« Mademoiselle voyons, vous ne rendez pas compte qu’il est inutile d’essayer d’attiré l’attention d’Azur ? »
Personne ne fit de remarque. Normal, chacun attendait que ce soit Azur qui réponde. Car c’était à elle qui s’adressait réellement, tous le savaient. Mais il était assez intelligent pour ne pas attaquer tout de suite. Cependant, les demoiselles en question avaient plus l’air de ne rien comprendre que d’attendre. Azur soupira. Elle détestait quand il faisait dans le suspens, et elle était sûre de ne pas apprécier la suite.
« Cette fille a évidemment d’yeux que pour moi. »
Effectivement, elle n’aimait pas ça. Mais elle ne lui lança pas de regard noir comme les autres le firent sans retenu. Elle gardait son calme, car ce que voulait le jeune homme c’était bien entendu la mettre hors d’elle, et elle n’allait pas lui faire se plaisir.

Sous le regard provocateur de William, et celui brillant d’anticipation des autres, la verte et argent se leva avec grâce afin d’être à la hauteur de son interlocuteur.
« Ne prend pas tes rêves pour des réalités, mon cher William, car tu risques de te réveiller … »
Elle sourit encore plus franchement avant de s’avancer vers lui.
« Mais tu as raison … Rêver qu’Azur Winchester n’a d’yeux que pour soi, ça doit être agréable. Mais, il faudrait tout de même te réveiller. »

Azur était persuadée que bien des jeunes filles rêvaient que cet apollon pose ses yeux sur elles, leur parle même si c’était pour les haïr. Elle avait cet honneur mais n’était pas sûre de l’apprécier. Certes, ces joutes étaient divertissantes, mais elle aimait s’amuser à faire autre chose aussi, et l’arrogance de ce jeune homme la dérangeait au plus haut point. Il se croyait plus fort, plus impérieux, qu’elle, et cela l’agaçait, car personne n’avait le droit d’avoir ce sentiment de supériorité à part elle. Elle était la seule qui pouvait lever le menton, regarder avec suffisance, cracher des ordres. Mais ce Serpentard-là n’avait pas compris. Il venait, avec son orgueil, son arrogance, son charme malsain, et se pavanait devant elle poussé par le simple désir de la voir se mettre en colère, elle qui se contrôlait si bien d’habitude. Et cela n’énervait, car malgré tous ses efforts, il obtenait ce qu’il souhaitait. A chaque fois, ou presque. Mais pour l’instant, elle avait le contrôle, il suffisait qu’elle réponde, qu’elle montre qu’elle aussi était capable d’avoir de l’esprit. C’était simple. Pour l’instant.

« Pas besoin, je le suis déjà et il s’agit de l’entière vérité mais ton égo a du mal à l’accepter de toute évidence. J’en suis navré pour toi. Mais croit moi, ta vie serait nettement plus simple si tu arrêter de te voiler la face et avouer les sentiments que tu ressens pour moi… » Elle ricana devant tant de bêtise, mais répondit avec une voix voluptueuse, comme chargée de nombreux sous-entendus qui n’étaient naturellement que fictions. « Mes sentiments pour toi ? Hum … oui, j’avoue, je me voile la face … » Un sourire sadique vint orner ses lèvres. Oui, ses sentiments pour lui. Oui, elle se voilait la face. Car si elle était réellement franche, elle lui aurait souri, l’aurait laissé partir, l’aurait traité en ami, car sa présence n’était pas si désagréable que ça. Mais elle savait aussi, qu’elle aurait pu faire tout le contraire et cela avec autant de sincérité : lui cracher à la figure, l’injurier, le regarder avec mépris. « … bien que je ne peut malheureusement répondre a tes avances et me voit dans l’obligation de les refuser. Que veut-tu, je suis le modèle de se que toute les filles attendent de l’homme idéal alors je ne pouvais pas éternellement t’attendre. Mon cœur n’est plus à prendre. » Elle leva les yeux au ciel, soupirant. Il était vraiment lourd quand il le voulait. L’homme idéal ? Et bien, l’humanité avait du souci à se faire ! Si c’était ça le meilleur, elle préférait rester seule toute sa vie. Il était tout ce qu’il y avait de plus charmant et exécrable. Un peu contradictoire, mais la jeune fille ne voyait pas comment le décrire autrement, et cela l’agaçait encore plus. « Mon cœur ou autre chose d’ailleurs. » Mais quel lourdaud ! Elle fronça le nez et les sourcils, montrant son dégoût pour le peu de finesse qu’il possédait.

Son visage se détendit tandis qu’elle mettait ses mains sur ses hanches pour souligner un peu plus sa suprématie. Elle aussi avait envie de s’amuser. Elle avait du répondant, elle allait lui montrer. « Tu sais, mon chaton, tu fais ce que tu veux de ton cœur … et du reste. Après tout, je me demande bien qui est assez folle – ou fou – pour accepter l’un et l’autre. » Elle se rapprocha de lui, ne laissait que quelques pas entre eux. « A moins que monsieur vive dans le mensonge qu’il se crée. Ca ne m’étonnerait pas … » Elle lui lança un regard amusé, attendant la suite avec avidité.

« Oh non rassure toi, elle existe. J’te la présenterais à l’ocass si tu veux. Tu pourrais alors te rendre compte que je ne sort qu’avec des filles exceptionnelle. Ce qui n’est pas ton cas, bien évidemment. » Malgré ses paroles qui fendirent l’air, fendirent sa carapace, Azur garda tout de même son sourire moqueur et son air supérieur. Elle ne s’abaisserait pas à lui montrer qu’elle avait du mal à comprendre comment une fille pouvait accepter de sortir avec lui, tandis qu’elle n’avait personne pour elle. Avait-il plus de classe ? Certainement pas, et il était aussi ténébreux qu’elle. A vrai dire, elle se sentait presque à égalité avec lui, mais elle se leurrait peut-être, après tout, elle ne connaissait pas toutes les facettes de sa personnalité puisque leur relation était depuis toujours conflictuelle. Mais elle préférait ne pas chercher à le connaître, c’était plus simple de le savoir trop charmeur, trop moqueur, trop sombre, trop seul.

« Et toi ? Ton prince où est-il ? » Elle afficha pendant quelque seconde une mine étonnée avant de se reprendre. Avait-il lu dans ses pensées ? Non, c’était idiot de penser ça, il espérait juste la voir flancher, mais elle s’était promis d’être plus forte que lui. « Oh mais non c’est vrai… » Elle détesta cette main qui se posa sur sa bouche, elle détesta son faux air de ‘ j’ai dit une bêtise, oups !’, elle le détestait plus que tout à cet instant. Cela devait se voir dans ses yeux, même si elle n’avait pas changé d’expression. « Tu n’en a pas ! » Il n’aurait pas pu être plus blessant. Ses poings se contractèrent, son sang bouillonnant dans ses veines. Elle ne voulait pas exploser, mais à cet instant, s’exhorter au calme était la chose la plus difficile qu’elle ait eu à faire depuis le début de la conversation. Et son arrogance … Comment pouvait-il être aussi arrogant ? Elle pouvait presque entendre sa cour grogner. Cela devait être amusant à entendre, mais cela ne l’aidait pas. Elle aussi avait envie de grogner, mais elle ne devait pas s’abaisser à ça. « Tu les fait tous fuir avec ton incapacité à t’amuser et ton obsession d’être parfaite. » Elle était étonnée. Et avec stupéfaction, elle se sentit plus calme, redevenant la fille au sang froid qu’elle était. C’était donc là tout ce qui clochait ? Elle ne pouvait pas s’amuser ? Elle cherchait la perfection ? L’un était faux, l’autre ne lui semblait pas être un défaut, c’était même une qualité. Elle savait bien que William et elle n’avaient pas la même définition de la perfection.

Azur Blue épousseta sa robe comme si elle voulait enlever les dernières poussières de sa rage, ou encore comme si elle balayait les paroles du jeune homme. Elle ferait comme s’il ne l’avait pas atteint, même si c’était faux. Déjà son cerveaux tournait et retournait ses paroles, mais elle ne pouvait pas lui donner cette victoire sur un plateau d’argent, il ne le méritait pas. « Tu devrais peut-être te taire parfois, William. » Elle lui lança un regard noir, pour bien lui faire comprendre qu’elle ne le méprisait pas seulement, elle le haïssait surtout. Elle avait envie de lui fermer son clapet, tout cela ne l’amusait plus du tout. « Quand on ne sait pas, on se tait, c’est la moindre des choses. » Elle croisa ses bras sur sa poitrine comme elle l’avait fait auparavant, mais cette fois-ci c’était un signe d’autorité. « Je n’ai certes pas de petit ami, pour le moment. En même temps, j’ai trop peur de tomber sur quelqu’un comme toi … D’ailleurs, je plains ta dulcinée, ça ne doit pas être la joie tous les jours. » Un sourire carnassier vint reconquérir son visage. Elle avait enfin retrouvé sa contenance. Elle était en terrain connu. « Et saches, mon lapin, que je sais m’amuser, mais tu ne peux pas le savoir, je ne m’amuse pas avec n’importe qui … De plus, la perfection n’a jamais fait de mal à personne, tu sais … » Elle laissa couler un regard critique sur sa silhouette, lui montrant bien qu’il serait temps pour lui de la rechercher, cette perfection. Elle savait bien que ses paroles ne suffiraient pas à le faire taire, elles n’étaient pas assez cinglantes pour l’empêcher de répondre. Mais elle était là pour continuer, et lui montrer qu’elle ne faiblirait pas.