Hôpital de Sainte-Mangouste.
Le silence avait toujours été de mise là où l’on devait se reposer. La pièce était décorée dans le style minimaliste : un lit, une chaise, un porte-manteau magique et une table de chevet. 18 m² pour si peu de mobilier. La chambre n°312 paraissait bien précaire et stricte. Celle-ci correspondait bien à la situation dans laquelle on tente de vous soigner. Croire en vous et non pas dans les objets qui vous entoure. Vous forcez à vous plongez en vous-même afin d’éradiquer le mal qui entrave votre esprit et se répercute sur votre corps. Foutaises ou vérités ? Quoiqu’il en soit, Karly McGregor était seule, en train de terminer de ranger ses affaires de son sac de voyage. Elle n’avait jamais aimé le silence mais aujourd’hui, elle s’en était accommodée. Elle avait occupé cette pièce durant quatre mois. Quatre longs mois qu’elle avait quitté Poudlard dans un état critique et parfaitement inconsciente. Lorsqu’elle s’était enfin réveillée, elle avait été surprise de constater que les rideaux rouges bordeaux de Gryffondor étaient devenus d’un blanc à la fois lumineux et terne. Des fils de toutes les couleurs l’entouraient. Des inconnus lui parlaient. Heureusement, cette période se terminait. Se dirigeant d’un pas lent vers la minuscule salle de bain de la chambre n°312 de Sainte-Mangouste. Attrapant sa brosse à dent et sa brosse à poil, seuls objets permis dans la pièce, elle les plaça dans sa valise avant de faire le tour de la chambre d’un seul coup d’œil. Bien, elle n’avait rien oublié. Une infirmière vient lui rappeler de prendre ses cachets chaque matin et chaque soir et d’aller voir le responsable infirmier de l’école en cas de crise de stress. N’écoutant que d’une oreille, la jeune fille soupira tout en enfilant son sac par-dessus son épaule.
Marchant dans les couloirs en direction de la sortie, elle avait la mauvaise impression d’être épiée comme une criminelle. Elle n’avait fait de mal à personne enfin. Seulement à elle-même. Qu’importe, qu’ils aillent tous au diable. Sur le chemin vers l’extérieur, des questions commencèrent à hanter la Gryffone : comment sera-t-elle acceptée à Poudlard ? Comment ce retour va-t-il se passer ? Tout le monde était-il au courant ? Bien entendu, elle assumait complètement ce qu’elle avait fait mais, de là à être traitée par tous de junkie dépravée, il y avait des limites…
Clignant fortement des yeux, Karly dut mettre sa main en visière afin de pouvoir de nouveau ouvrir les paupières. L’air frais de Londres lui faisait du bien et un sourire naquit sur son visage, bien que celui-ci était pollué. Lorsqu’on reste enfermé dans un endroit qu’on n’aime pas durant quatre longs mois, on ne souhaite qu’une chose : retourner au grand air. Karly n’avait jamais été une jeune fille d’intérieur. Et maintenant, que faisait-elle ? Un homme brun, entre vingt et trente ans était adossé contre un réverbère et lui souriait tout en lui faisant des signes de la main. Le cœur de Karly s’emballa quelque peu. Il était là. Il ne l’avait pas oublié, ni renié. Après tout, en quatre mois, elle n’avait reçu aucune visite. Elle n’en avait pas le droit. Aucun courrier non plus. Marchant en direction du jeune homme, elle finit par accélérer le pas tout en se jetant dans ses bras.
- « C’est bon de te revoir ! » lui dit-il tout en passant une main sur sa nuque, repoussant les mèches épars de la jeune fille.
- « hum. » retenant ses larmes, elle cala sa tête contre son épaule, n’arrivant pas à prononcer une quelconque sonorité.
- « C’est fini, petite sœur. »
Portail de Poudlard – Quelque part en Angleterre.Matthew et Karly McGregor venaient de transplaner devant les grilles de Poudlard. Derrière celles-ci, le concierge attendait le retour de la Gryffone avec nonchalance et très peu d’envie apparente. Déposant son sac au concierge, elle enfila sa robe de sorcier avec appréhension. Après quelques mots d’échange, elle étreignit son frère et ils finirent par se quitter. L’euphorie qui avait suivi cette rencontre venait de s’envoler. Une boule commença à se former au travers de la gorge de la jeune fille tandis qu’elle remontait péniblement les marches de l’école. Chaque pas ressemblait à un coup de poignard étrange qu’on lui lançait en pleine poitrine. Personne ne se promenait dehors. Les allées de pierre étaient vides. Tout le monde devait se trouver dans les salles de cours. Ceux-ci n’étaient pas encore terminés. Finalement, son retour se passera surement en douceur. Matthew lui avait assuré que, bien que son père ne soit pas venu la chercher, il avait le nécessaire pour que la cause de son départ de Poudlard ne soit pas répartie. Personne ne savait en dehors du personnel médical de Sainte-Mangouste, des enseignants et responsables administratifs de Poudlard, des McGregor et de Willara Slayers. Sa meilleure amie. Celle aussi qui l’a découvert après l’overdose. La pauvre. Karly avait peur qu’elle lui en veuille. Qu’elle ne lui pardonne pas ou pire, qu’elle l’ignore. Elle ne voulait pas la perdre mais, elle ne pouvait pas lui en vouloir de le faire.
Poussant les deux lourdes portes en chêne massif, elle entra doucement dans le hall tandis que le concierge toussota dans son dos, la trouvant surement très lente à avancer. En même temps, elle n’avait pas forcément très envie. Et lui, n’avait pas que cela à faire. Ils se quittèrent sans regard. Il continua sa route dans les longs et tortueux couloirs de Poudlard et elle resta quelques minutes au milieu du hall. Finalement, elle était contente de rentrer. Poudlard avait toujours été sa seconde maison. A moins qu’il ne soit devenu la première. Fermant les yeux quelques secondes, elle se remémora tout ses bons souvenirs en occultant les plus troublants. Les cours n’allaient pas tarder à se terminer. Les couloirs allaient se remplir. La populasse poudlarienne envahirait les lieux afin de se rendre à divers endroits. Certains iront travailler à la bibliothèque ou dans leur salle commune. D’autres flâneront avec leurs amis dans les couloirs. Le choix était assez large en réalité. Remarquant que le bout de nez s’était considérablement refroidi depuis sa sortie de Sainte-Mangouste, Karly renifla légèrement et finit par se dire qu’un bon chocolat chaud ne lui ferait pas de mal. L’ancienne idée d’y verser quelques gouttes de whisky n’était surement pas une glorieuse idée de suite après sa sortie. Se dirigeant vers la Grande Salle, elle sourit face à la vue du ciel étoilé. Elle n’avait pas revu les étoiles depuis Septembre. En hiver, c’est le moment où elles sont les plus belles. La première chose à faire dès son retour venait d’être voter à l’unanimité : grimper à la tour d’astronomie dès que la nuit sera tombée.
Son sourire s’élargit face à la vue des quatre tables réunis. Cette vision pouvait paraître banale mais Karly était comme ses premières années qui arrivaient au château, la peur et l’appréhension en moins. En effet, il s’agissait tout de même de sa sixième année dans les lieux. Elle avait eu le temps d’y faire sa place et surtout d’être connu par les professeurs, bien que les compliments ne fusent pas toujours de leurs parts. S’asseyant à sa place habituelle (attention à celui ou celle qui se l’était accaparé durant son absence), elle prit une tasse qu’elle remplit de chocolat. Lorsque dix-sept heures arrivait, les anglais prenaient toujours le thé ou toute autre substance liquide afin de se réchauffer. Les traditions ne changeaient pas non plus à Poudlard. Tout avait été prévu pour. Tout en y trempant ses lèvres, une question vient alors la perturber : que pouvait avoir dit le directeur aux autres élèves à propos de son absence ?
Elle n’allait pas tarder à le savoir : la cloche des fin de cours venait de résonner.