Gaëlle farfouillait dans les boites du Boutefeu pour en sortir la commande d'un client plutôt exigeant. Des cordes vocales de mandragores... Où est-ce que Mr Yu rangeait ça lui ? Son classement était affreusement compliqué et tout à fait irrationnel ! A tel point que même un accio n'avait pas aider la petite irlandaise à les trouver. Pff, quand voudrait-il bien reconnaitre qu'il fallait revoir le classement des rayonnages et la laissez gérer un peu tout ça ? C'était fou quand même de ne pas pouvoir trouver quelque chose en moins de cinq minute ! Mais pour l'heure, Gaëlle devait plutôt lutter contre un classement aberrant et un client impatient, plutôt que contre l'asiatique tête de mule qu'était Mr Yu.

Client - Ça va vous prendre encore longtemps, dites ?

Aaaah ! Merdeuh... Gaëlle de surprise avait glisser et rater un barreau de l'échelle qu'elle utilisait pour atteindre les rayons tout en haut. Elle se rattrapa maladroitement et se retourna avec un sourire d'excuse un peu forcé, signant des excuses à toute vitesse. Mais où rageait-il ces foutus cordes vocales de mandragores ? Ah là ! Vraiment... quel classement illogique quoi... et il faudrait penser à mettre en anglais la signification des idéogrammes, ou à défaut en gaélique. Elle se laissa glisser jusqu'en bas de l'échelle et repassa derrière le comptoir pour emballer prestement les précieuses cordes vocales. Puis les plaça avec le reste de la commande, avant de demander d'un sortilège de peintenlair.

Gaëlle - Voilà, vous désirez autre chose, m'sieur ?
Client - Hmpf, non merci ! Dites moi plutôt combie je vous dois.

Rapide calcul en comptant les paquets de papier huilés étalés devant elle sur le comptoir avant d'annoncer :

Gaëlle - 9 mornilles et 7 noises, s'il vous plait. Merci m'sieur! Bonne journée à vous!

Comme d'hab' la fin de sa phrase parti dans le vide, elle haussa les épaules sans plus s'en alarmer, ça ne la changeait pas franchement de d'habitude... une partie des clients lui parlait comme à une débile, comme si le fait d'être muette faisait d'elle une sorte de petit animal curieux et bizarre. Elle rangeait l'argent dans la caisse quand elle entendit la clochette de la porte tinter à nouveau, lui faisant relever la tête, un sourire joyeux sur le visage.

Gaëlle - Bonjour! Je peux vous aider ? Vous cherchez quelque chose en particulier, mademoiselle ?

Les lettres brillaient en l'air avec la même intensité que son sourire, avant de fondre et de couler comme une fine pluie d'étoile.

L'oeil perçant de Myrddin la guettait dans le ciel. Il n'était pas commun de voir un pélerin dans des cieux urbains mais il était encore moins probable que quelqu'un parmi cette foule de gens pressés ne lève les yeux vers le ciel de Londres pour remarquer le curieux messager. Aelys plissa légèrement les yeux comme un rayon de soleil annonçait une éclaircie. Elle aimait les caprices de la Nature, et elle aimait voir les gens pestaient quand ils se laissaient surprendre par la pluie. Elle aimait que l'homme se rappelle qu'il ne peut pas tout maîtriser. Elle, s'accommodait aussi d'un rayon de soleil que d'une averse, elle aimait l'odeur de l'humus qui exhale de sous le bitume quand les rues se transforment en rivière. Et l'odeur de l'heure sous les premiers rayons du jour.
Elle n'avait pas oublié ce que c'était que la ville malgré les sept années qu'elle venait de passer sans quitter Brocéliance. Elle y avait laissé son âme et son coeur, devenue adulte, elle pouvait désormais aller et venir à son gré entre la forêt et le reste du monde.
Elle avait rencontré l'esprit de la Nature, la bête fauve, elle avait rencontré Owen, elle avait vécu tant de chose depuis sa sortie de Poudlard.

Mais si elle revenait particulièrement à Londres ce n'était pas pour ses souvenirs d'adolescence, du moins pas cette fois là. Couronnées d'un fin voile de gouttes de pluie, elle entra dans une petite boutique qui ne payait guère de mine. Pourtant elle semblait connaître l'endroit et elle avait tout à fait l'air de quelqu'un qui se dirigeait droit vers ce qu'il voulait. Le visage doux d'Aelys se tourna vers une toute jeune fille à la chevelure rousse. La belle scot sourit et son visage s'éclaira, puis ses yeux parcoururent la pluie d'or au dessus de la tête de Gaelle Llelwellyn, qui formaient les mots suivants:

Bonjour! Je peux vous aider ? Vous cherchez quelque chose en particulier, mademoiselle ?

Aelys - As-tu fais bon usage du violon Gaelle ap Kieran Lellwellyn?

Sa voix portait les accents anciens du cymrique que plus personnes ne comprenaient depuis longtemps hors Brocéliande. Cela lui donnait un étrange accent, mélange lointain de gallois et d'autres racines plus orientales sans doute. Mais elle ne se doutait pas que Gaelle ait pu ignorer cette langue. Il lui semblait si naturel que sa petite nièce ne puisse ignorer son nom, son sang, ses racines... cela même si elle savait que l'union de Tara avec Kieran avait été plus que désapprouvé chez les Llelwellyn.

Gaëlle regardait la jolie blonde s'avancer dans la boutique tandis qu'elle lisait sa question. De sa vie, elle n'avait vu plus jolie femme, du moins pas qui le soit d'une manière si naturelle. Elle avait une grâce, une prestance qui, aux yeux de Gaëlle, apparaissait presque comme irréel, comme si elle n'était pas tout à fait à sa place, pas tout à fait dans ce monde. Elle la regardait s'avancer avec son habituel regard franc et joyeux alors que sa question s'estompait en une fine pluie étoilée. C'était drôle, et un peu étrange, elle n'avait pas l'air d'être là pour acheter quoique ce soit, mais plus pour une raison qui lui échappait. Qui était cette femme et pourquoi était-elle là ? Elle rebaissa la tête en posant sa baguette sur le comptoir pour finir de ranger la caisse du magasin, une bonne excuse pour cacher son trouble.

Aelys - As-tu fais bon usage du violon Gaelle ap Kieran Lellwellyn?

Gaëlle sursauta violemment, la caisse lui échappant des mains et heurta le sol en renversant son contenu aux pieds des deux jeunes femmes. Elle se retourna vivement vers l'inconnue, les yeux ronds, la bouche entrouverte. Comment l'avait-elle appelée ? Qui était-elle ? Comment savait-elle son nom ? C'était-elle, pour le violon ? Elle connaissait ses parents ? Elle était totalement perdue, sous le choc. Elle avait tant de question à lui poser, de chose à demander de... elle regarda ses mains qui s'agitait follement toutes seules. Elle ne devait surement rien comprendre, flûte... Du regard, elle chercha sa baguette pour s'en emparer avant de tracer dans les airs la première question qui s'échappa de la bouilloire prête à exploser qu'était devenue ses pensées.

Qui êtes vous ?

La pauvre Gaëlle était si complètement chamboulée qu'elle ne prêtait plus d'attention qu'à l'inconnue qui occupait le centre de la pièce.

Visiblement Aelys avait manqué cruellement de tact. Pour elle ce qui allait de soi, ce qui était naturel, ne l'était visiblement pas pour sa nièce. N'avait-elle jamais entendu son propre nom? Aelys en doutait. Même dans cette société moderne qui élevait des plantes hors du ventre de leur mère et des esprits hors d'atteinte de leurs racines, le nom avait encore de l'importance.
Elle regarda posément les pièces trébuchantes rouler au sol. Ca avait sans doute été le plus difficile pour Aelys de comprendre que les gens puissent préférer de l'or à quelques denrées qui auraient pu leur servir véritablement.

Gaelle se mit a agiter les mains. Aelys savait qu'elle était muette et, bien qu'elle ne comprit pas le langage des signes, elle devinait sans mal qu'elle voulait des explications. C'était naturel. Du moins ça l'était pour la blonde Scot.

Aelys - Je suis...
Aelys- Aelys ap Taliesin ap Henwg de Llanhennock. Mon père était l'oncle de Tara ap Cahal Callaghan d'Airlann , ta mère. C'est moi qui t'ai envoyé son violon quand tu as eu onze ans. Oh j'aurais bien voulu te l'offrir avant mais Aslinn ne te l'aurait pas laissé si elle avait pu soupçonner qu'il puisse venir de nous.

Tout comme elle parlait, Aelys faisait le tour de la pièce, traçant du regard les dessins des idéogrammes. Elle se dit qu'elle n'avait que rarement de rangements aussi méticuleux. Elle reporta enfin son regard sur sa petite nièce. Beaucoup de bruit pour peu de choses. Elle aurait du penser les choses comme du temps où elle fréquentait les gens de la ville à Poudlard. Cela aurait évité à la jeune fille un tel choc.

Gaëlle resta pendant quelques secondes sans plus aucune réaction. Elle devait forcément rêver, ce n'était pas possible autrement. Ça ne pouvait pas être possible. Et donc elle devait forcément rêver. Et dormir. Donc il fallait qu'elle se réveille maintenant. Là. Tout de suite. Booooon.... aux grands maux, les grands remèdes... Calmement, elle porta la main à son bras pour se pincer consciencieusement. Sans avoir d'autre effet que d'obtenir un futur et magnifique bleu et les larmes au bords des yeux. Bon la blonde était bien réelle, ça ne voulait pas dire que ce qu'elle racontait était vrai n'est-ce pas ? Ouais c'est ça... D'abord comment pouvait-elle être au courant pour le violon ? De tout ceux qui étaient au courant, il n'y en avait pas assez pour comptez les doigts d'une main, comme disaient les français. Avec une certaine hésitation, elle reprit sa baguette, traçant ses mots en même temps que ses pensées défilaient.

Eireann ? Tu connais ma mère ? Mais tu es ma tante alors ? Hé mais c'était toi alors qui m'a envoyée le violon ? Tu as surement raison, avant ça j'étais sur qu'ils avaient brûlés... Attends ! Comment ça s'ils avaient soupçonnés ? Tu veux dire qu'ils savaient ? Ils savaient et ils ne m'ont rien dit !

Anéantie par cette soudaine révélation, elle se laissait glisser à terre. Oh elle savait bien que sa famille la détestait et lui cachait des choses au sujet de ses parents, mais à ce point là... Elle avait envie de pleurer. Tout ce temps, elle avait rêvée de ça d'avoir une vraie famille qui l'accepterait, d'avoir des parents pour la prendre dans leurs bras lorsqu'elle était petite... Elle aurait pu avoir tout ça. Même ça ils le lui avaient pris.

Aelys ressentait comme une profonde tristesse venant de sa nièce. Elle en devinait la cause mais ne disait rien. Les Llelwellyn avaient toujours été farouchement opposés à Tara et par la suite des évènements à Taliesin et à sa fille d'autant que comme barde, ne gagnant pas sa vie et survivant de rien, il n'avait aucune crédibilité à leurs yeux. Un homme qui élevait sa fille seule. Allez savoir ce que ces gens avaient pu penser...


Aelys - Oui je suis ta tante... au second degré en fait mais ça ne fait pas vraiment de différence à mes yeux. Je ne suis pas assez vieille pour avoir connu ta mère hélas mais on m'en a souvent parlé et toujours en bien.', elle eut un sourire doux,' Mais les Llelwellyn l'ont toujours désapprouvée, et sa famille avec. Bien sûr qu'ils savaient que nous existions. Tout comme nous savions que tu existais. Mais nous n'avons pas voulu prendre le risque que tu grandisses au milieu d'interminables disputes qui n'auront pu que mal finir, j'ai préféré attendre tes 17 ans. Le violon, c'était uniquement pour que tu ne sois pas totalement coupé de nous. Mais tu ne m'as pas dit, t'as-t-il plu?

Pour elle c'était aussi important que la famille ce violon. Quand elle avait été en âge de marcher et de tenir quelque chose dans ses mains, son père lui avait fait une petite harpe. C'était donc comme une question de continuation, l'instrument de musique...

Gaëlle luttait pour ravaler ses larmes. Elle était en colère. Terriblement en colère. Contre Aslinn qui lui avait toujours cacher son autre famille, contre les Llelwellyn qui lui avait fait endurer tant de choses, contre sa nouvelle tante qu'elle découvrait et qui, à ses yeux, l'avait abandonnée... Elle en voulait à la terre entière de lui faire subir une situation qu'elle ne comprenait pas vraiment. Pourquoi elle ? Le fait d'être muette ne suffisait pas au Vieux rabougri là haut ? C'était injuste ! Elle allait... elle allait... Elle n'allait rien faire... de toute manière qu'y pouvait-elle ? Pas grand chose. Elle se sentait perdue et complètement ailleurs déconnectée, si bien que la question d'Aelys la prit au dépourvu.

Le violon ? Ah... oui...

Que voulez-vous qu'elle réponde à ça ? Elle se découvrait une nouvelle famille et tout ce qui intéressait celle-ci était de savoir si l'envoi anonyme d'un vieux violon lui avait plu ou non. A quoi carburait donc sa tante ? Comment lui dire que la question qu'elle aurait du lui poser n'était pas "le violon t'as plu ?" mais plutôt "pourquoi ne rien t'avoir dit en t'envoyant le violon de ta mère ?" ? Comment lui expliquer qu'elle avait toujours voulu croire que ses parents étaient quelque part et qu'ils viendraient la chercher plus tard ? Que ce violon l'avait pousser à chercher, à creuser son histoire avec toutes les conséquences désagréables que ça lui avait valu en retour ? Puis soudain quelque chose lui heurta le coin du crâne.

Pourquoi ? Pourquoi mes parents m'ont abandonnée ? Qu'est-ce qui leur est arrivés ? Ils sont vivants quelque part ? Pourquoi venir ? Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce que j'ai fait de si horrible pour mériter d'atterrir chez les Llelwellyn plutôt que chez vous ? Pourquoi m'avoir juste envoyer un violon sans rien m'expliquer ? Est-ce que vous comprenez seulement à quel point j'ai souffert de toute ça ? De vos décisions ?
Est-ce que vous pouvez seulement imaginer à quel point je vous en veux ?

Et c'était vrai. C'était des mots terribles et parfois peut être injustes qu'elle avait asséner, à sa décharge, ça lui faisait beaucoup de chose à avaler et elle en avait si gros sur le cœur... Même sous ses airs durs et ses reproches, au fond d'elle, elle s'en voulait de balancer sa détresse à la figure d'Aelys.

Les mots s'enchainaient les un à la suite des autres et Aelys suivait du regard:

Pourquoi ? Pourquoi mes parents m'ont abandonnée ? Qu'est-ce qui leur est arrivés ? Ils sont vivants quelque part ? Pourquoi venir ? Pourquoi maintenant ? Qu'est-ce que j'ai fait de si horrible pour mériter d'atterrir chez les Llelwellyn plutôt que chez vous ? Pourquoi m'avoir juste envoyer un violon sans rien m'expliquer ? Est-ce que vous comprenez seulement à quel point j'ai souffert de toute ça ? De vos décisions ?
Est-ce que vous pouvez seulement imaginer à quel point je vous en veux ?

Elle sentait bien toute la détresse qu'il y avait là dedans et elle même n'avait pas les réponses à toutes les questions. Alors elle eut la réaction la plus naturelle du monde (du moins pour elle)... elle sourit. Ce n'était pas qu'elle se moquait de la petite rouquine, ni qu'elle ne la prenait pas au sérieux. Mais il faut comprendre que chez les celtes aucun conflit, aucune colère, aucun affront ne se règle avec quelques mots bien trop diplomates pour vraiment règler quoique ce soit. Chez les celtes ont se taper dessus et quelque part, Aelys prenait cette averse de questions comme la façon de Gaelle de lui taper dessus. Et ça la faisait sourire parce que malgré l'acharnement des Llelwellyn, elle était resté celte à sa façon.

Aelys - Mon père est venu souvent pour parler aux Llelwellyn mais ils ne voulaient pas qu'on t'approchent, pas même que tu saches notre existence. Tu comprends, nous sommes des sauvages à leurs yeux. Pourtant l'argument de mon père était bon, puisque ta naissance les offusquait tant pourquoi ne pas nous confier l'enfant? Mais je n'ai jamais compris le raisonnement des Llelwellyn. Nous n'avons sans doute pas la même logique. Je ne t'ai rien mis sur le violon parce que s'ils avaient su tout aurait été bien pire pour toi. Tu comprends?

Le sourire que lui adressait Aelys était certainement la dernière chose à laquelle se serait attendue Gaëlle. Le plus troublant n'était pas que ce sourire là était infantilisant, ou même chargé de pitié... plutôt d'une sorte de fierté. Comme si la réaction qu'elle avait remplissait Aelys de fierté, ou de quelque chose d'approchant, une réaction qu'elle ne comprenait pas.

Aelys - Mon père est venu souvent pour parler aux Llelwellyn mais ils ne voulaient pas qu'on t'approchent, pas même que tu saches notre existence. Tu comprends, nous sommes des sauvages à leurs yeux. Pourtant l'argument de mon père était bon, puisque ta naissance les offusquait tant pourquoi ne pas nous confier l'enfant? Mais je n'ai jamais compris le raisonnement des Llelwellyn. Nous n'avons sans doute pas la même logique. Je ne t'ai rien mis sur le violon parce que s'ils avaient su tout aurait été bien pire pour toi. Tu comprends?

Bien sur qu'elle comprenait, même si pour le moment elle ne pouvait, non, elle ne voulait pas l'accepter. Ce violon, d'instinct elle l'avait caché à sa famille, aux autres aussi d'ailleurs. A part Aelys donc, il n'y avait que Tao, Mr Yu (qui trouvait qu'elle jouait aussi mal qu'elle tenait la boutique), Loann et... ceux qui étaient présents dans la salle commune de Poufsouffle le soir où elle avait cassé le nez d'Andrew. Mince ça faisait plus de gens que ce qu'elle croyait... Puis d'un coup une nouvelle idée fleurit dans sa petite tête rousse en même temps qu'un fin sourire qui s'élargissait peu à peu. Lunatique, elle ? Noooon...


Elle la regardait pleine d'espoir avec les yeux brillants d'excitation, tout à coup elle venait de se rendre compte de tout ce que ça impliquait pour elle de se découvrir une nouvelle tante. Elle n'était plus seule ! Oh oui bien sur, elle savait qu'il y avait une sœur d'Aslinn, traitre-à-son-sang, elle aussi qui était parti vivre en France, mais elle n'avait jamais su comment et qui contacter... Mais c'était aussi une Llelwellyn et puisqu'ils ne la considérait pas comme leur fille, ça faisait longtemps qu'elle avait cesser de les considérer comme sa famille. Aelys qu'elle venait juste de rencontrer était donc sa plus proche famille. Oooh si seulement il y en avait d'autres...

Aelys ? A part toi... il reste d'autre personne de la famille ?

Aelys sourit. La question était toute naturelle. La réponse l'était beaucoup moins. Pourtant la jeune femme aux cheveux blonds y répondit sans hésitation:

Aelys- Eh bien c'est une question plus délicate qu'il n'y paraît. Je ne sais pas ce que tu entends par famille. A mon sens ma famille c'est mon peuple, ma Brocéliande alors dans ce cas là oui, ta famille est grande et forte. Mais si tu entends les liens directs de sang, alors je te parlerai simplement de mon père Taliesin.

Pour Aelys le nom de Taliesin se suffisait à lui même. Tout le monde connaissait Taliesin chez les Celtes. Alors cela semblait l'évidence même à Aelys qui, si elle avait vécu parmi le commun des mortels, n'en restait pas moins celte jusqu'au bout des ongles; Pour elle ignorait ses racines c'était une chose... impensable. Mais pour Gaëlle, elle pouvait le concevoir pour le peu qu'elle avait côtoyer ces abominables Llelwellyn qui avaient à tout pris voulu la garder sans qu'on sache jamais vraiment pourquoi.

Je veux tous les connaitre ! Je veux les rencontrer, apprendre leur histoire ! Savoir qui ils sont, qui je suis aussi... je veux tout savoir ! ... Aelys ? ... si ma mère était celte... ça veut dire... que je le suis aussi ?

Aelys éclata d'un rire clair et franchement sonore devant l'enthousiasme de sa petite nièce. Pour sûr c'était une celte. Si les sorciers s'amusaient énormément avec les notions de demi et de mêlé et on ne sait quoi encore, pour un celte ce genre de chose n'existait pas.

Aelys- Bien sûr que tu l'es, comment ne le serais-tu pas? Tous nous connaître cela prendra du temps mais je veux bien t'emmener en Brocéliande. Dès que tu seras prête, il faudra d'abord que je t'enseigne certaines de nos coutumes, pour que tu ne te retrouves pas dans de drôles de situation. Je te présenterai à Hafghan notre druide, tu verras c'est quelqu'un de très fascinant. Et Owen l'est aussi. Tu aimeras Owen, vous avez le même tempérament enthousiaste, je suis sûre qu'il te plaira.

Il était amusant de voir comme Aelys pouvait apprécier Owen quand pourtant elle se retrouvait contrainte dans un mariage avec lui et pire encore, quand elle lui refusait constamment ses faveurs. Mais dans son esprit d'orientale, il n'y avait pas de quoi mal le prendre.

Gaëlle resta un instant dubitative en entendant le nom de Taliesin, qu'Aelys lui présenta en plus comme étant son père. Il lui semblait évident qu'il ne pouvait s'agir du Taliesin des légendes Arthuriennes, aussi ne releva-t-elle pas se contentant d'engranger les informations à mesure, même si beaucoup la dépassait un peu. Au rire d'Aelys, elle crut un instant avoir fait une bourde sans même s'en rendre compte en posant cette question. Légèrement vexée, elle attendit qu'Aelys finisse de rire pour en avoir l'explication.


Aelys- Bien sûr que tu l'es, comment ne le serais-tu pas? Tous nous connaître cela prendra du temps mais je veux bien t'emmener en Brocéliande. Dès que tu seras prête, il faudra d'abord que je t'enseigne certaines de nos coutumes, pour que tu ne te retrouves pas dans de drôles de situation. Je te présenterai à Hafghan notre druide, tu verras c'est quelqu'un de très fascinant. Et Owen l'est aussi. Tu aimeras Owen, vous avez le même tempérament enthousiaste, je suis sûre qu'il te plaira.

Un druide ? Elle voulait vraiment lui faire rencontrer un druide ? Un vrai en chair et en os ? Oh, elle en avait tellement entendu parler mais toujours si flou, toujours si vague... Pouvoir en rencontrer un ce serait... waw ! Rien qu'a voir son air réjoui et ses battements de mains enthousiaste, on devinait à quel point l'idée l'emballait. Par contre elle ne savait pas qui était Owen.


Demanda-t-elle de manière tout aussi spontanée, sans même se demander si la question pouvait mettre sa tante dans l'embarras. En fait de tante et outre le fait que ce soit un fait tout nouveau pour elle, Gaëlle avait du mal à voir Aelys comme telle, pour elle une tante ça avait l'âge d'être votre mère voir plus vieux, pas juste quelques années de plus que vous... Là, c'était plus comme une sorte d'amie ou de cousine.

Owen ? C'est ton petit ami ?

Aelys - Mh, mon mari plutôt je dirais. Mais enfin c'est un peu plus compliqué que ça. Je t'expliquerai tout au fur et à mesure sinon tu risques de tomber des nues.

Aelys avait cette faculté de prendre en compte ce qui venait des autres. Sans doute son éducation. Quand on a grandit auprès de gens qui ont dans leur alphabet des lettres en plus pour les sonorités des autres langues, on ne peut qu'être ouvert d'esprit. Elle eut un petit sourire pour Gaelle. Se découvrir une famille ce devait être bien assez pour un seul jour. Elle n'allait peut-être pas commencer à lui expliquer comment on réglait ses différents entre tribus celtiques. Gaelle aurait peut-être des préjugés envers Owen, alors que c'était un homme charmant. Aelys préférait attendre que ce soit le bon moment. Il lui semblait qu'il était temps de quitter sa petite nièce.

Aelys - Nous nous reverrons très vite ne t'inquiète pas.

Elle lui tendit une petite carte de parchemin naturel. On pouvait y lire:


Aelys - C'est juste la petite descente entre Florent Fortarum et le magasin de chaudron.

Elle eut un dernier et s'en retourna comme elle était venue. Sans laisser aucune trace de son passage. L'étrange créature.