Un petit bout de chair dans sa bouche et une touffe de poil mais surtout, surtout l'odeur du sang qui imprégnait toute la pièce et excitait la moindre de ses fibres nerveux. La petite lycane, le petit démon, si minuscule devant ces deux aînées n'avait en rien l'intention de se soumettre. Bien au contraire, retombant sur ses pattes après un bond souple, la queue relevée en signe d'assurance, les babines retroussées, la tête et les oreilles bien droite, elle se posait en dominante pleine d'assurance si ridicule que cela put paraître aux deux autres sans doute. En effet cette sauvageonne à la belle fourrure blanche désormais souillée de sang, était d'une arrogance monstrueuse. Que croyait ces 80 kilos de fourrure soyeuse du haut de leur ridicule mètre vingt (et encore)? Elle se croyait toute puissante voilà tout. Elle se savait menacée aussi. Tuer ou être tué c'était là sa seule loi. Un instant d'inattention d'une des deux louves grises lui valut de se retrouver au sol avec cette furie qui tentait de la plaquer de ces deux pattes avant, distribuant les claquements de mâchoires en essayant tant bien que mal d'attraper son adversaire à la gorge. Ce que faisant, elle oubliait presque le double diabolique de ce qu'elle avait entre les pattes.

Kheeva, plaquée au sol par la charge soudaine de sa cadette, se débattait furieusement pour rouler sur le dos, donnant de méchants coups de pattes dans les flancs tendres de la petite louve blanche, en claquant elle aussi des mâchoires pour l'attraper à la gorge. Lheena profita de l'inattention de la jeune arrogante pour lui sauter sur le dos, pesant de tout son poids pour la faire chuter et raffermit sa prise sur son encolure, avant de se dresser rageusement sur ses pattes arrières, faisant décoller Ella du sol pour la secouer rudement en tout sens, avant de l'envoyer valser contre un mur la laissant un instant étourdie.

Mettant ce bref délai à profit les deux louves grises reprirent leurs postures de dominantes. Il était vain pour la petite chose furieuse de vouloir rivaliser, elles étaient plus grandes, plus fortes et plus âgées, elle devrait pourtant bien le reconnaitre, quitte à ce qu'elles la laisse plus morte que vive. Une fois de plus les jumelles se redéployèrent de part et d'autre d'Ella, grondant furieusement en claquant des mâchoires sous sa truffe, mais cette fois prête à bondir ensemble sur elle si elle s'obstinait dans sa folie des grandeurs.

Il ne dormait jamais vraiment bien les nuits de pleine lune. Ce n'était pas l'inquiétude mais la certitude de retrouver sa sœurette dans un état lamentable au matin qui l'empêchait de fermer l'œil. Le pauvre Roman ne pouvait rien faire d'autre que tourner et se retourner dans son lit, même pas agacé par les ronronnements et les bavardages nocturnes d'Aaron. Aaron avait l'air heureux quand il dormait. Roman l'avait remarqué et curieusement il se disait que c'était au moins ça. Roman fixait l'heure, il attendait cinq heure du matin, que la lune commence sa descente dans le ciel. Voyant l'heure venir il sauta du lit, enfila son jean et un t-shirt, n'importe lequel. Il s'en fichait un peu à vrai dire, déjà qu'à l'ordinaire ce n'était pas son truc de passer trois heures à s'habiller.

Il dévala les escaliers jusqu'aux cachots. Le professeur O'Maclagen n'était pas encore là, mais il savait où elle laissait la grosse clé des cachots. Elle le lui avait confié sachant que Roman était bien assez averti pour ne pas ouvrir la porte avant que sa sœur ne fut tout à fait inoffensive. Malheureusement ce matin là il n'écouta pas sa raison. C'est qu'en arrivant il se trouva devant l'étrange vision de trois louves en piteux état. L'une avait la gorge méchamment ouverte, et une autre se pourléchait des plaies bénignes. Mais la sienne, sa sœurette toute blanche était au sol, vigilante mais visiblement incapable de se lever. Roman ne réfléchit pas le moins du monde. Elles étaient si calmes... était-ce la lune qui tombait? Ou leur nuit d'épouvante? Roman fit grincer la clé dans la serrure, repoussant la porte sans refermer. Sa petite louve blanche le regarda l'air sur la défensive cela suffit à le stopper. Le sang et or regarda les deux autres bêtes, approchant de sa soeur sans les lâcher du regard pour qu'elles ne l'attaque pas. Ne jamais tourner le dos. Ne jamais se montrer agressif ou dominant. Roman avancer de biais, une main tendue vers la louvre blanche pour qu'elle sente son odeur et peut-être tolère qu'il l'approche. Elle tolérait. Déjà il sentait sa truffe entre ses doigts. Elle humait l'odeur familière, qui ressemblait peut-être à la sienne quelque part, alors il la caressa, doucement, pour qu'elle s'allonge, qu'elle le laisse. Elle avait une épaule démise et l'articulation de la patte arrière. Il n'y toucha pas de peur de se faire mordre, il n'osait même pas imaginer à quel point c'était douloureux. Tout doucement, il reprit sa baguette dans sa poche arrière, près à lancer un videntraille aux deux autres louves si elles approchaient d'un pouce. Il aurait voulu aller chercher le professeur O'Maclagen mais ne pouvait se résoudre à laisser sa soeur sans défense. Le règne de la lune touchait à sa fin. Les trois créatures grognèrent et il sentit la peur lui prendre le coeur mais il ne fuit pas. Dans un infâme jeu de craquements et de convulsions les louves reprirent forme humaine. Roman posait un regard noir sur les deux autres femmes, pas même touché par leur nudité. Il reconnaissait ces deux femmes qu'il détestait. Les regardant tour à tour dans les yeux. Il n'avait absolument rien à leur dire. Il prit le corps nu de sa soeur dans ses bras, lui murmurant quelque chose de rassurant à l'oreille. Il s'adossa au mur, Ella dans les bras. Il était partagé entre l'idée de porter secours à celle de ses deux professeurs qui avaient la gorge ouverte et ...

Phyllis - Monsieur K...', le regard de la prof balaya la scène de carnage,' Amenez votre soeur à l'infirmerie Roman, vous avez très bien fait.