Pour Mélisande les choses non plus n'étaient pas roses. Certes on ne la battait pas comme tout ces pauvres enfants qu'elle soignait du mieux qu'elle pouvait. Abaddon y veillait de trop près. Mais elle supportait mal de voir la souffrance que l'on imposait aux plus faibles en ce siècle de merveilles où tout aurait dû être facile et où tous auraient dus être plus éclairés, plus évolués quelque part.

Elle ne comprenait pas ce siècle, mais elle ne prenait ces derniers temps que peu de temps pour s'en attrister. Elle avait bien d'autres choses à faire. En particulier voler nourriture et médications autant qu'elle en pouvait sans se faire prendre. Parfois intercéder en la faveur d'un enfant en prétextant qu'il avait une corvée à faire ailleurs. Où ménager des entrevus avec le professeur Maestriani qui était plus ou moins séquestré dans une des chambres de l'école avec interdiction formelle d'avoir le moindre contact avec sa fille. Mais Maestriani était plus rusé que ça. C'était d'ailleurs la seule personne qui avait encore assez de rage au coeur pour plaisanter et ne pas se laisser abattre.

Un petit bruit derrière elle la fit se retourner. Elle avait quelque chose d'étrangement gracieux Mélisande avec ses longs longs cheveux châtains clairs et ce grand corps frêle et gracile. Elle avait parfois l'air d'une fée que l'on aurait agrandi avec un sortilège, mais une fée en habit tout humble.

Avisant rapidement la main de Danny Brisbow, elle se leva pour venir à lui.

- Seigneur Dieu! Ils ne savent donc plus quoi inventer?, commenta-t-elle d'un air sincèrement contrit.

Elle lui prit le poignet prenant bien garde de ne pas toucher à la brûlure pour ne pas faire mal. Elle tiqua, et plongea sa main dans la poche de son tablier:

- Je dois avoir mieux que cela dans mes affaires..., fit-elle en considérant une petite fiole à moitié vide qu'elle avait dans la paume de la main.

Elle se leva, fouillant dans un petit placard dont elle sortit deux bocaux en verre, puis elle se dirigea vers un chaudron qui chantait sur le feu où elle puisa une louche d'eau...

- Racontez-moi, comment est-ce arrivé?

- Je ne sais pas si... Je ne peux pas le dire... C'est un élève. Un sang pur.
- Personne ne nous entend ici vous avez ma parole...

La douce Mélisande se mit à mélanger des herbes dans son chaudron tout en regardant ce pauvre Danny avec un air naturellement maternel mais toujours aussi surnaturel. Quelle étrange créature que cette Mélisande qui donnait sa parole au sens propre plus sincèrement que n'importe qui d'autre ici. Dans cet écrin d'horreurs qu'était Poudlard, on ne pouvait pas douter qu'elle allait être un dommage collatéral ou un martyr de cette stupide guerre. Quelque part c'était dommage. Presque aussi dommage que de voir le petit rossignol se mourir de peur dans votre main alors que vous aviez mis tant de science à l'attraper.

- Mais je me vengerais... Les règles ont beau être de son côté, il ne s'ne tirera pas comme ça !
- La vengeance ne vous apportera rien Danny Brisbow..., sermona-t-elle avec douceur tandis qu'elle jetait un linge bien propre dans son chaudron... ... qu'aurez vous gagné de plus quand vous aurez fait à votre tyran la même chose que lui vous a fait? Serez-vous plus heureux? Aurez-vous une meilleure image de vous même?

Questions rhétoriques qui découlaient l'une de l'autre toujours avec douceur comme si elle avait été incapable de faire le moindre mal. Sa voix ne portait pas le ton du reproche non plus, seulement celui de la raison, peut-être jugulait d'une touche de morale.