Il avait promis, mais visiblement, les promesses, ça ne voulait rien dire pour lui. Elle sortit du bain et s’entoura d’un peignoir. Ses yeux étaient fatigués, pratiquement creusés. Elle n’arrivait plus à dormir, et déambulait là, en rond dans sa chambre, sans arriver à calmer son petit cœur de jeune fille bafouée. Comment avait-il osé ? à elle ? Elle venait de passer quatre semaines émouvantes. Elle avait passé ses journées à s’échapper de ses cours pour se faufiler dans l’immense baraque des Grey, contre toutes les interdictions de ses frères, pour le seul plaisir de goûter ses lèvres et sa compagnie, et lui, lui il la trahissait ? Elle serra les poings, s’enfonçant dans le lit, glissant entre les draps, les yeux rouges, au bord des larmes.
Elle avait passé tellement de temps à s’affirmer, à se montrer fière d’elle et de ce qu’elle était. Elle avait tout essayé, elle avait tout fait, et elle lui avait tout donné ça. Et lui venait de tout lui prendre. « Fais attention à toi Joleene, ce mec, c’est comme la peste ». Comme Jack avait raison. Et elle n’avait rien écouté, avait joué les fortes têtes. Elle s’était fermée d’un bloc, subjuguée par le danger et la chaleur de son aura noire. Possédant et possédée, elle venait pourtant d’y laisser une part d’elle-même. Son infâme solitude était menacée, elle qui chérissait ses longs moments où toute seule, perchée sur un toit, elle dévorait et consumait une cigarette, pour le plaisir de sentir le tabac sur ses lèvres et ses poumons embués.

Au dehors de la chambre de Joleene, et parce que ça faisait trois jours qu’elle ne sortait plus, on se doutait que quelque chose n’allait pas, et que ce quelque chose était en rapport avec Lord Lester Grey. C’était d’ailleurs la discussion du dîner ce soir. Jack, Jasper, Joe et Jeremiah se retrouvaient seuls dans la bâtisse, les filles étant de sorties dans une soirée pour femmes, ou un truc du genre. Seule Joleene n’avait pas répondu, fermant à clef sa porte. Joy avait hurlé, mais la jeune fille n’avait pas bougé d’un pouce et n’avait pas dit un mot.

Cinq semaines auparavant, elle avait dormi avec Lester, au baptême des Donovan. Ça, Jack en était sûr, parce que sa sœur et ses verres, il la connaissait. Quatre semaines où elle avait accumulé des retards à Ealdwic, selon les hiboux que le Manoir recevait. Et étrangement, cette semaine, elle n’était pas allée le voir une seule fois, avait été assidue, pour finalement ne plus sortir du tout ? Franchement, ça se voyait : quelque chose clochait.

« J’ai toqué à sa porte, mais elle m’a pas dit un mot… »
« J’sais pas. Elle m’a même pas dit de fermer ma gueule quand j’ai chanté. »
« Elle est bizarre. »
« En même temps, on lui avait dit de pas aller voir ce connard. »
« Je sais pas ce qu’il lui a fait mais ça craint… Elle peut pas rester toute sa vie dans sa chambre. »

Jasper fit la moue. Jeremiah ne décrochait pas un mot, mais n’en pensait pas moins. Jack et Joe, eux, se fixaient et tentaient d’imaginer quelle horrible chose il avait osé faire à leur sœur. Quelqu’un sonna au même moment. Jack haussa un sourcil, se leva et alla vers la porte. Un petit elfe de maison, là, avait ouvert doucement la porte d’ébène, tellement immense qu’un géant aurait pu la passer. Jack posa à peine ses yeux sur l’homme qui se tenait à l’entrée qu’il referma brutalement la porte. Il fronça les sourcils.

Les cinq dernières semaines avaient été pour Lord Lester Grey les semaines les plus étranges de sa vie. Etrange parce que conforment à une certaine idée de la norme. Déjà, Cassandre ne lui avait pas rendu visite ce qui en soit était tout ce qu’il aurait pu souhaiter au monde. Un peu de paix pour ne pas rompre le silence dans lequel il se complaisait là, seul, au bout de son immense table, sans personne avec qui parler véritablement.
Mais le plus étrange était encore qu’au bout du compte, il n’était pas resté là, seul, au bout de son immense table sans personne avec qui parler véritablement. Quand Joleene venait, le manoir Grey semblait reprendre vie pour ses beaux yeux. Le maître des lieux avait cessé de se laisser aller et comme la Bête, retrouver de son humanité au contact de sa belle. Le jardin de roses poussait sa dernière floraison écarlate sur la colline face au château et les elfes avaient entrepris sous l’ordre de leur maître, les réparations de la poivrière où Brivael, premier Lord de la famille, avait tenu captive sa belle Ophelia. Et ainsi tout fleurissait alors même que le froid de l’hiver se faisait déjà sentir. Il remarquait les fleurs de givre sur les grandes baies de la bibliothèque et se rappelait avec plaisir toutes ces fois où lui et Lilith avaient soufflé sur les carreaux pour y dessiner étant enfants.
Il entendait à nouveau le tic-tac agaçant de la grande horloge qui trônait au pied des escaliers principaux parce que désormais le temps avait lui aussi une valeur.

Autrefois trop jeune, il l’avait laissé filé avec insouciance, puis à Azkaban il en avait perdu le sens et l’intérêt. Au sortir de la prison, il n’en avait pas retrouvé le goût car après tout, rien si ce n’était lui même, n’avait imposé un véritable emploi du temps à cet homme au visage trompeusement juvénile.

C’est pour cela que, pour la 13e fois de suite, Lester fronçait sombrement les sourcils en voyant la grande aiguille passer l’heure fatidique. L’absence et surtout le silence de Joleene le rendait et désagréable et mélancolique. Tout lui paraissait morne et glauque comme autrefois bien que la vie continuait de fleurir dans le manoir, sans doute plus naïf que lui, à croire que Joleene franchirait cette porte d’un instant à l’autre avec une explication recevable. Et plus le temps passait plus Lester Grey rongeait son frein. Il jouait machinalement avec son vif-argent, le faisant encore et encore tourner entre ses doigts, là, seul, au bout de son immense table, sans personne avec qui parler véritablement. Sans Joleene surtout.

« J’ai eu tord de vouloir m’attacher une gamine. Toutes frivoles. Toutes insipides…, gronda-t-il pour lui en regardant le jour se lever au 14e jour. »

Il n’avait même pas vu le temps passer. Son assiette de la veille était rester là à trôner devant lui. Une soupe froide qu’il n’avait même pas regardée finalement. Aucun elfe n’aurait osé faire le moindre mouvement autour du maître lorsqu’il était de si noire humeur.
Lester donna un grand coup de poing sur la table. L’assiette creuse se fracassa sur le sol. Puis on entendit les pieds de son fauteuil racler le parquet. Il se leva, prit sa veste et quitta le manoir.

***
Quand il sonna au manoir Black, Lord Lester Grey ne semblait pas de meilleure humeur. S’il avait pu simplement défoncer la porte et traîner Joleene par les cheveux à l’extérieur – à moins bien sûr qu’elle n’ait une raison valable pour excuser ses manquements – il l’aurait sans doute fait. Mais il ne souhaitait en rien avoir à déverser sa colère sur le reste de la famille et moins encore avoir à lutter pour obtenir ce qu’il voulait :une entrevue avec Miss Joleene VI Black. VI. Etait-ce là une forme d’ironie dramatique ? Mieux valait ne pas se poser la question.
La porte s’ouvrit et le visage de Jack Black apparut à peine qu’elle se referma à la volée. Une expression de colère pure se peint sur le visage de Lester comme une barre noire sur son front. Il ne lui fallut pas une fraction de seconde pour tirer sa baguette et dans un omnia potentis grinçant et un coup de pied particulièrement violent, coucher la porte du manoir devant lui.

Lentement, il retourna ses manches avec cette expression de tueur que les journaux avaient si souvent placardée à leur une avec une phrase choc et ou accrocheuse. Il replaça malgré tout sa baguette dans la poche intérieure de sa veste et annonça d’un ton terriblement froid mais malgré tout très calme.

« J’aimerai m’entretenir avec Joleene VI Black. »

Mais toute formule de politesse bien appliquée, ceci n’avait absolument rien d’une demande.

Jack tourna les talons quand il entendit comme un souffle. Un regard pour la porte qui commençait déjà à chuter lamentablement vers lui. Il lui fallu quelques pas et peu de seconde pour se rendre compte qu’il aurait pu finir tuer par la porte d’ébène. Il resta bête, voyant Lester là. Un autre regard fut échangé avec ses frères. Joe se leva, d’un air terrible.

« J’aimerai m’entretenir avec Joleene VI Black. »

Un long silence suivit. Tous se regardèrent. Puis finalement Jack recula d’un pas, pas franchement rassuré d’être à côté d’un tueur, et surtout pas de Lester Grey. Il était fier, mais sa fierté avait des limites ; et sa survie en était une. Joe gronda et siffla :

« Je ne pense pas que ta demande soit receva… »
« Ta gueule Joe. » siffla Jasper, montrant l’étage « premier étage, couloir de droite. Son nom est écrit sur la porte, elle est à la moitié du couloir. »
« Mais qu’est-ce que tu fous ?! »

Jasper leva ses iris de jade sur Joe, et le plus jeune se renferma d’un coup sec. Franchement ? Il voulu gronder, s’énerver, mais finalement sortit de table, sa chaise se fracassant sur le sol et se retira dans le cuisines. Jack n’avait pas bougé. Jeremiah, lui, fixait ses pieds, tremblant. Jasper était le seul à ne pas ciller. Les affaires de sa sœur étaient encore les siennes ; il fallait bien qu’elle grandisse.

Les yeux de Lester tombèrent sur un pauvre gamin qui avait raisonnablement décider de ne pas tenir tête quand une voix venue d’un peu plus loin attira son attention juste à ce moment où mieux aurait valu se faire tout petit :

« Je ne pense pas que ta demande soit receva… »

Les paupières du Lord s’étirèrent dans un regard incisifs qui rétrécissait ses yeux à faire peur. Mais une autre voix assuma de reprendre l’inconscient.

« Ta gueule Joe. » siffla Jasper, montrant l’étage « premier étage, couloir de droite. Son nom est écrit sur la porte, elle est à la moitié du couloir. »

Lester acquiesça sans rien perdre de sa mauvaise mine, quand Joe parla une fois de plus à tord et à travers, du point de vue de Lester.

« Mais qu’est-ce que tu fous ?! »

La main de Lester tomba lourdement sur l’épaule du jeune homme comme il passait à côté de lui toujours avec cette dégaine qui ne faisait pas oublier les nombreuses étiquettes toutes plus infâmes les unes que les autres qui collaient à son blouson comme de la poix.

« Il ne fait rien de plus que ce qu’il a à faire et la prochaine fois tu me vouvoies morveux avant que l’envie ne passe d’envoyer les bonnes manières se faire foutre bien profond. »

Sur cet avertissement lugubre, la silhouette sombre de Lester Grey s’avance, il salue cet immense portait dont il sait qu’il va sans doute se mettre à beugler toutes les imprécations du monde sur son passage, toujours courtois pourtant, et monte les marches comme indiqué par Jasper Black. Les noms défilent devant lui jusqu’à ce qu’il s’arrête devant un : Joleene VI Black.
D’une main, il délasse sa nuque puis frappe avant d’annoncer :

« Ne m’oblige pas à entrer de force Joleene. »

Sa voix est naturellement posée. Il attend patiemment sans trop savoir s’il saura cultiver cette vertu encore très longtemps devant une porte fermée. Quelques longues secondes passent sans une réponse. Et comme Lord Grey sent qu’il n’est pas d’humeur à faire la conversation devant une porte, il tire à nouveau sa baguette mais sans violence cette fois-ci. Il n’est pas venu se battre à vrai dire, si la colère le tient, ce qu’il veut avant tout c’est une explication.

Il referme la porte doucement dans son dos et s’y appuie. Son regard fait le tour de la pièce comme il n’y paraît aucune Joleene, du moins à l’évidence. Un instant il se sent l’envie de redescendre et d’étriper les quatre frères au sens propre, puis, son instinct d’ex-taulard lui fait baisser les yeux. Il s’accroupit et ses yeux attrapent ceux de Joleene au vol. Il fronce les sourcils un brin interloqué :

« Je t’ai connue plus agressive…, fait-il remarquer d’abord dur avant de voir qu’elle a les yeux rouge, pourquoi te caches tu de moi Joleene ? Je ne suis pas venu te tuer, juste voir à quoi tu occupes tout ce temps où tu ne viens pas me voir. Je te l’ai dit dès le départ, je ne t’emprisonnerai pas, je ne te prendrais rien, la moindre des choses c’est que tu te montres honnête avec moi. Ne fais pas l’enfant, si tu veux me quitter alors fais-le avec toute ta morgue. »

Sa voix est douce, rassurante bien que sur son visage il garde les traces de deux semaines à broyer du noir. Mais tant que ce n’est que du noir.

«  Ne m’oblige pas à entrer de force Joleene. »

Elle relève le nez, renifle, et finalement se lève à la va vite. Elle s’immobilise dans le noir, et ses iris cherchent désespérément à faire quelque chose. Mais rien ne vient. Elle fixe la porte, frissonne à se l’imaginer là, à l’attendre, après avoir passer le portrait beuglant de la première des Black. Elle renifle et se terre sous le lit, cherchant à fuir jusqu’à son regard. Elle s’aplatit sur le sol, et son souffle se fait lourd, traînant. Elle griffe le tapis et respire la poussière, se crispant en entendant la porte s’ouvrir. Elle ferme les yeux et quand elle ouvre à nouveau, pensant le danger passé, il est là. Et il la regarde. Elle le fixe, de ses yeux rouges et gonflés par les larmes.

«  Je t’ai connue plus agressive… » Elle le fixe et renifle, baissant les yeux. Agressive ? Il ose encore venir la relancer. Elle sert les dents pour ne pas pleurer, mais ses yeux ne vont pas tarder à se mouiller lamentablement. « …pourquoi te caches tu de moi Joleene ? Je ne suis pas venu te tuer, juste voir à quoi tu occupes tout ce temps où tu ne viens pas me voir. Je te l’ai dit dès le départ, je ne t’emprisonnerai pas, je ne te prendrais rien, la moindre des choses c’est que tu te montres honnête avec moi. Ne fais pas l’enfant, si tu veux me quitter alors fais-le avec toute ta morgue. »

Elle renifle parce qu’elle va se remettre à pleurer, et elle ne veut surtout pas pleurer devant Lester. Elle rentre la tête dans les épaules et baisse le nez. Ses joues deviennent rouges et de ses yeux coulent de grosses larmes de haine et de colère. Elle recule sous le lit et s’extirpe du lit, se retrouvant à l’extrême opposé de Lester autour du lit. Elle le fixe et frotte nerveusement sa joue, reniflant durement :

« Tu avais promis… que… que tu ne me prendrais rien. Et tu as juste mentit. » Elle renifle, n’arrive même pas à se calmer quand jadis elle était parfaitement maître de soi. Mais là, au pieds du mur, elle n’a plus aucune arme, plus aucune contre ça. Elle recule encore, colle son dos contre le mur et ses larmes qui ne s’arrêtent pas, énervantes et frustrantes. Elle sert les cuisses, ses jambes tremblantes malgré elle. « T’es qu’un..  un… »

Elle perd ses mots et inspire, profondément, paniquée à l’intérieur.

Surprenante petite Joleene quel étrange comportement que le sien. Elle recule dans l’ombre comme une bête fauve acculée et pourtant ce n’est que lui, Lester, son mauvais démon mais celui qu’elle a voulu sien. Sur l’instant le Lord ne comprend pas. Il la croit devenue folle, comme sa mère. Mais la lueur dans son regard n’est pas celle de la folie, pas vraiment. C’est typiquement le genre de choses que Lester a appris à reconnaître.

« Tu avais promis… que… que tu ne me prendrais rien. Et tu as juste mentit.
- Menti ?, répète-t-il plus perplexe qu’autre chose finalement. Il la regarde. Le lit les sépare, il gronde intérieurement, depuis quand as tu besoin d’un rempart contre moi et de quoi parles-tu je n’ai jamais eu qu’une parole avec toi .
- T’es qu’un.. un…
- Un quoi Joleene ? »

Sa voix gronde comme l’orage à nouveau. Il sent qu’il va s’emporter et en même temps la voir si … détruite… mais par quoi ? Pourquoi ? C’est l’incompréhension qui le rend fou.
Il en a eu des femmes, des belles, des laides, des brunes, des rousses, des folles et il les a trompées à tour de bras. Toutes. Toute sauf une.

« Joleene je ne t’ai rien pris que tu n’aies voulu me donner. J’ai tenu parole. Alors si tu as un reproche à me faire je te pris d’éclairer ma lanterne avant de ne m’avoir poussé à bout de patience. Qu’est-ce que tu as bordel ?! »

Et comme il hausse le ton tout d’un coup, un bref instant, si bref que l’idée effleure à peine la surface de son inconscient, il se fait une idée folle, complètement absurde, de ce qui pourrait pousser sa diablesse à réagir comme ça. Mais ce n’est qu’une folie. L’idée meurt sans même avoir fait surface.

« T’es qu’un..  un… »
« Un quoi Joleene ? »

Elle sert les dents et glisse ses mains sur ses cheveux, posant son visage sur ses genoux repliés contre elle. Elle aimerait avoir une solution, mais elle ne sait même pas par où commencer. Ça aurait été tellement plus simple qu’il ne le sache jamais, qu’elle se fasse enlever cette peine à l’intérieur, qu’on l’anesthésie pour mieux gratter l’infection qui se propageait encore et encore à l’intérieur d’elle, se nourrissant de mal être. Elle le détestait pour avoir poser la graine de cette peste.

«  Joleene je ne t’ai rien pris que tu n’aies voulu me donner. J’ai tenu parole. Alors si tu as un reproche à me faire je te pris d’éclairer ma lanterne avant de ne m’avoir poussé à bout de patience. Qu’est-ce que tu as bordel ?! »

Elle relève les yeux. Sa tignasse humide tombe devant ses yeux, tant qu’il est difficile de n’en voir ne serais-ce que l’éclat vert aujourd’hui si vitreux et mouillé. Elle tends doucement sa main et pointe la porte de la salle de bain, un instant, puis détourne les yeux et regarde ses pieds, reniflant pour tenter de calmer cette douleur ivre qui remonte elle.

L’évier est plein de preuve, de preuve que Lester n’est qu’un menteur et qu’il lui a tout pris ce soir. Bientôt, ça sera le mariage, et après ça, ça sera les enfants, et le baptême, tout ça parce qu’il n’est qu’un sang-pur qui ne voit en elle que l’image du parfait utérus et a gangrené d’un seul baiser toute sa vision des sentiments et de l’amour. Tout ça ce n’est qu’une mascarade. Elle est persuadée qu’il se joue d’elle, à coup sûr. Alors aussitôt qu’il ressort de la douche, elle lâche, d’une voix traînante et saccadée par les pleurs, secouant doucement la tête :

« Je peux pas Lester, pas ça… »

Pour toute réponse un drôle de signe. La diablesse pointe du doigt une porte. Cela suffit à Lester pour qu’il se calme quoiqu’en lui il a du mal à voir en quoi changer de pièce pourrait lui apporter une réponse quand c’est de la bouche de Joleene qu’il attend la sienne.
La porte grince dévoilant dans l’évier un entasse d’objets à première vue hétéroclites mais à y mieux regarder ce sont tous des tests de grossesse positifs. A voir cela, Lord Grey sent comme une explosion de bonheur en lui mais il l’étouffe car s’il souhaitait à tout prix un héritier et que celui-ci semble un cadeau du ciel, il ne peut se réjouir vraiment quand il la voit, elle, Joleene. Il ne doute pas que c’est le sien car c’est lui qu’elle accuse et qu’à bien la connaître il sait qu’elle n’a pas de doute. Alors, sobrement, il ressort et ferme la porte, sans avoir débarrassé la salle de bain de ses trophées de honte :

« Je peux pas Lester, pas ça…

Un long silence passe sans qu’il ne puisse rien dire à ça, et si sa joie à lui reste immense il préfère la taire. Cela vaut mieux. Son visage, affreusement neutre ne laisse rien passer et c’est bien ainsi. Finalement il approche d’elle et lève la main pour caresser sa joue, la sécher de ses larmes, caresser une millième fois la mèche de cheveux rebelle…

- Joleene… parle-moi, dis-moi tout ce que tu as sur le cœur. Je t’écoute. »

Son doigt s’arrête sur son menton, et il est rassurant, indulgent aussi, pour l’instant mais il sait déjà tout au fond de lui ce qu’elle a en tête et surtout, il sait qu’il ne pourra pas le tolérer. Mais avant de monter d’un ton une fois de plus, il préfère parler, la laisser cracher tout le venin et âcre de l’encre qui tracent leur chemin d’amertume sur ce beau visage.

Il n’a l’air de rien, de rien se dire, et de ne rien lui reprocher. Alors elle reste silencieuse, ses yeux en lune verte se pose sur cette main qui la touche et pendant un instant elle se crispe. Elle pourrait la repousser cette main, mais finalement, ce simple toucher est rassurant, quoique angoissant à la fois. Elle ferme doucement les yeux alors, laissant son cœur battre un peu plus vite. Elle aimerait vraiment pouvoir se jeter dans ses bras et qu’il lui dise que tout ira bien, qu’ils n’auront qu’à enlever cet infâme parasite. Mais étrangement, elle doute.

« Joleene… parle-moi, dis-moi tout ce que tu as sur le cœur. Je t’écoute. »

Elle le fixe et l’observe. Dans les yeux azurs du Grey, elle cherche une réponse, et ses mots. Elle ne veut pas non plus paraître sans sentiments quand elle a débordé de pleurs devant lui. Elle veut juste qu’il comprenne qu’elle n’aimera pas cet enfant ; ni demain, ni jamais. Parce qu’il est l’enfant qui aujourd’hui l’enchaîne à lui, et ça, ce n’était pas ce qui était convenu.
Doucement elle baisse les yeux, s’humectant les lèvres pour finalement déglutir. Elle a un peu peur, c’est vrai. Mais sa plus grande peur est encore de le perdre lui, maintenant qu’elle a réussi à s’y attacher. Elle se met doucement à chuchoter alors, ses yeux fixant un endroit du sol.

« On doit me l’enlever. Je peux pas… Je n’aime pas les enfants, et je ne veux pas me marier, et je n’ai pas fini mes études non plus. Je suis trop jeune pour ça. C’est trop tôt entre nous pour ça… Tu ne sais même pas si tu vas te lasser de moi, et moi de toi. Et ma famille ne me laissera jamais partir… Et… » Elle renifle, doucement, calme ou presque. « Je ne l’aimerais pas… je ne l’aime pas. Je n’en veux pas. »

Son ton est un peu doux, mais il est très clair que pour elle, garder cet enfant, si prophétique soit-il, c’est une folie. Il naîtra ailleurs, mais pas ici.

« On doit me l’enlever…, à ces mots Lester se raidit imperceptiblement mais il prend sur lui. Il le savait de toute manière, … Je peux pas… Je n’aime pas les enfants, et je ne veux pas me marier, et je n’ai pas fini mes études non plus. Je suis trop jeune pour ça. C’est trop tôt entre nous pour ça… Tu ne sais même pas si tu vas te lasser de moi, et moi de toi. Et ma famille ne me laissera jamais partir… Et… Je ne l’aimerais pas… je ne l’aime pas. Je n’en veux pas. »

Un long silence, pesant celui là, s’attarde entre eux.

« J’ai eu de nombreuses femmes dans ma vie. Je dis « eu » parce que il ne s’agit de rien d’autre que d’avoir, de baiser, et de repartir le lendemain ou même juste après, déjà lassé comme tu dis. Moi je sais que je ne me lasse pas de toi, ni aujourd’hui, ni demain. Je le sais déjà…, répondit-il sans d’abord la quitter du regard.

Puis finalement, sentant qu’ils vont de toute manière au choc frontal, il passe une main sur son visage, se retourne pour faire les cent pas, pensif. Il n’a pas besoin de réfléchir à ce qu’il pense de l’avortement, ou de l’abandon. Il sait. Il a besoin de réfléchir à la manière dont il va tourner sa réponse sans être trop agressif, sans la briser tout de suite pour ne serait-ce qu’avoir eu l’idée. En fait, rien que ce temps de réflexion est déjà un cadeau qu’il ne ferait à nulle autre qu’elle. Mais il sait qu’aujourd’hui ce sera sans doute le seul cadeau qu’il lui fera :

« Et si moi je l’aime cet enfant ? »

Sa voix est ferme, bien loin de s’étioler en bredouillements mal assurés. Il sait. Et c’est comme ça. Et ça ne changera pas.

«  J’ai eu de nombreuses femmes dans ma vie. Je dis « eu » parce que il ne s’agit de rien d’autre que d’avoir, de baiser, et de repartir le lendemain ou même juste après, déjà lassé comme tu dis. Moi je sais que je ne me lasse pas de toi, ni aujourd’hui, ni demain. Je le sais déjà… »

Elle le regarde, puis finalement détourne les yeux en rougissant. C’est un peu niais, un peu bête dit comme ça, mais finalement, elle commence à sérieusement l’apprécier si on utilise de ce vocabulaire un peu hypocrite et fier que la jeune Black utilise pour elle-même, comme si sa défense et sa sécurité ne tenaient qu’à ce fil.
Elle le voit se lever et se braque un peu. S’il réfléchit, ce n’est certainement pas pour la rassurer, donc, il va à l’encontre d’elle. Elle fronce lentement les sourcils, jusqu’à avoir ce regard de colère qu’elle n’a pas eut depuis des semaines entière. Ses iris vert de vipère le fixent et le détaillent. Si elles pouvaient, elles lanceraient sans doute des couteaux. Bientôt peut-être, dans ils se seront rentrés dedans, brutalement, que le conflit éclatera. Peut-être.

«  Et si moi je l’aime cet enfant ? »

Son visage ne s’effondre pas et elle ne pâlit pas. Elle savait que ça se passerait comme ça. Doucement elle se redresse. Les dernières traces de détresse se sont fondues dans cette colère de femme amazone qui ne veulent jamais se soumettre. Par la force des armes ou dans la mort, au choix. Elle le fixe, le menton haut et fier quelque part. Ses yeux brillent de cette lueur qui tue et aura tué. C’est aujourd’hui que sa vie se joue, alors, elle va la jouer jusqu’au bout.

« C’est mon corps. Tu as dis que tu ne me prendrais rien. »

Son ton est aussi ferme que le sien si ce n’est plus. Joleene VI Black ne discute pas, même dans son peignoir, les cheveux encore humides et les yeux gonflés par les larmes. Lester Grey n’est qu’un traître, un menteur. Il paiera.

« J’ai de toute façon programmer un rendez-vous pour après-demain. »

Un coup de fouet dans l’air peut-être. Droite comme une lionne, elle sait que ça ne sera pas aussi facile que ça n’en a l’air. Mais elle gagnera, elle se le jure.

« C’est mon corps. Tu as dis que tu ne me prendrais rien. »

Sur le visage de Lester, un sourcil se lève en angle obtus. Obtus comme la colère qu’il monte. Il n’apprécie ni la réponse, ni le ton, ni l’air qu’elle prend. Il en a tué pour moins que ça mais cette fois-ci il s’agit de son enfant, il ne transigera pas. Simplement le ton de Lester aussi change et se fait sifflement acerbe :

« Dans ce cas la discussion est close je prendrais cet enfant dont tu ne veux pas et tu seras débarrassée de nous deux. Réfléchis bien Joleene je ne vais pas transiger cent ans. Tu as voulu de la franchise en voilà : je t’aime mais si tu continues à tout nier en bloc et que de surcroît tu t’amuses à me faire la guerre, crois moi que je te prendrais beaucoup. »

Beaucoup y compris mon amour, mon amitié, l’enfant que tu portes, et peut-être même ta réputation pour m’avoir donner un cœur qui bat, saigne et s’offusque moi qui ne suit qu’un démon de suie, né pour retourner à la suie dont il est issu.
Il ne cille pas quand il dit ça car il est honnête d’un bout à l’autre. Il l’aime, peut-être pour son plus grand malheur à elle mais c’est ce qu’elle a voulu. Ne sois plus qu’à moi a-t-elle dit. Encore faut-il en assumer les conséquences aujourd’hui.

« J’ai de toute façon programmer un rendez-vous pour après-demain. »

La diablesse cingle la bête qui était déjà enragée. C’en est trop pour Lord Grey. Il suffit d’un instant pour que Joleene se retrouve épinglée au mur toute enceinte et les yeux rouges qu’elle est, cette fois-ci il n’aura aucune pitié. Il sait comme on peut rapidement passer de l’amour à la haine et s’il redoute que ce chemin là soit sans retour, il s’y engage doucement ou plutôt, c’est elle qui l’y pousse.

« Tu n’as pas intérêt Joleene Black VI. Je t’ai fait une offre et ce sera ma dernière. Si tu ne veux pas être la mère de cet enfant soit, mais cet enfant naîtra que tu le veuilles ou non ou bien vous mourrez tous les deux de ma main. Ne m’oblige pas à te montrer comme je peux être mauvais quand on me fait vraiment la guerre. Tout ce que tu as voulu de moi tu l’as eu jusqu’à présent et cela peut continuer jusqu’à ma mort. Cet enfant n’était peut-être pas au programme mais il est là et il a fallu être deux pour le faire alors assume ! Assume plutôt que de me faire le méchant de l’histoire, le menteur, le seul coupable ! TU es aussi coupable Joleene s’il faut vraiment qu’il y ait un coupable. »

Voilà comment Lord Lester Grey s’adresse à la femme qu’il aime quand il n’est pas loin de vouloir lui faire le pire. Pourtant il l’aime. Et de si près, quand il la regarde comme ça, menaçant, il est le même démon qui la possédait et qu’elle a tellement voulu.

« Dans ce cas la discussion est close je prendrais cet enfant dont tu ne veux pas et tu seras débarrassée de nous deux. Réfléchis bien Joleene je ne vais pas transiger cent ans. Tu as voulu de la franchise en voilà : je t’aime mais si tu continues à tout nier en bloc et que de surcroît tu t’amuses à me faire la guerre, crois moi que je te prendrais beaucoup. » 
« Cet enfant ne sera pas. »

Son ton est clair, impérieux. Joleene Black n’a jamais appris à faire des compromis, encore moins quand c’est sa liberté qui est en péril et qu’elle pourrait finir attacher à lui sans l’avoir ne serais-ce que désirer d’abord. Elle qui est une ombre sans peur, elle se retrouve face à sa plus grande phobie : la chaîne. Cette cage dorée d’or et d’argent, de cette baraque à la vieille pierre. Non. Pas d’enfant dans son avenir. Jamais. Ni aujourd’hui, ni demain ; pas même pour l’amour de Lester.

« J’ai de toute façon programmer un rendez-vous pour après-demain. »

Et elle se retrouve d’un coup contre le mur, surprise un instant, un instant seulement. Elle aurait bien du se douter que ça finirait comme ça pour avoir pleurer une rivière. Elle gronde parce qu’il prend ses aises et rien que du regard, il la menace. Elle sert les dents, ses yeux se faisant presque noirs quand pourtant ils sont d’un clair d’écume. Elle lève les mains vers lui, mais elles ne tremblent pas. Pas encore tout du moins.

«  Tu n’as pas intérêt Joleene Black VI. Je t’ai fait une offre et ce sera ma dernière. Si tu ne veux pas être la mère de cet enfant soit, mais cet enfant naîtra que tu le veuilles ou non ou bien vous mourrez tous les deux de ma main. Ne m’oblige pas à te montrer comme je peux être mauvais quand on me fait vraiment la guerre. Tout ce que tu as voulu de moi tu l’as eu jusqu’à présent et cela peut continuer jusqu’à ma mort. Cet enfant n’était peut-être pas au programme mais il est là et il a fallu être deux pour le faire alors assume ! Assume plutôt que de me faire le méchant de l’histoire, le menteur, le seul coupable ! TU es aussi coupable Joleene s’il faut vraiment qu’il y ait un coupable. »
« Tu n’es peut-être pas le seul méchant de l’histoire Lester, mais tu es le seul, ici, qui ne respecte pas sa parole. » Elle pose ses mains sur son visage, mais ce n’est pas doux. Elle affronte son regard, comme une guerrière, sans trembler, et siffle finalement, énervée à son tour contre cet imbécile qui se prend pour un père quand dans son ventre il n’y a rien, ou tout du moins il n’y aura bientôt plus rien : « Je t’ai déjà dit que je ne serais pas un utérus pour tes beaux yeux. Tu veux me tuer ? Soit. Allons compter gaiement jusqu’à six. Mais entre nous, ça ne te donnera pas plus un héritier qu’autre chose. »

Silence pesant. Pour le début, et comme s’est sortit, elle est sûre qu’il n’osera pas. Cependant, quand elle plonge dans ses yeux, elle y voit quelque chose, d’infime, une colère, ou une haine si forte que sur l’instant, elle hésite. Et sans le remarquer, sa main droite se met doucement à trembler sur le visage du mangemort.

« Tu n’es peut-être pas le seul méchant de l’histoire Lester, mais tu es le seul, ici, qui ne respecte pas sa parole. Je t’ai déjà dit que je ne serais pas un utérus pour tes beaux yeux. Tu veux me tuer ? Soit. Allons compter gaiement jusqu’à six. Mais entre nous, ça ne te donnera pas plus un héritier qu’autre chose. »

Ce sont les mots de trop. Le regard de Lester se fait d’autant plus mauvais qu’elle continue de le provoquer et sur sa joue la main qui tremble ne sera d’aucun secours à Joleene s’il franchit ce pas là.

N’est-ce donc que cela ? Une histoire de compter jusqu’à six ? Une histoire d’à qui se sera tapé Lord Lester Grey un des plus grands criminels de Grande-Bretagne. Lester le Cannibale.

« Alors c’est ça ?, maudit-il dans un râle rauque et effrayant tandis que ses doigts la serrent un peu plus à la gorge, Comptons jusqu’à six, voyons si le Cannibale me laisse une belle marque de dents sur le cul pour que je puisse me pavaner. J’ai couché avec Lord Lester Grey mais attention ne vous y méprenez pas c’était que de la baise et j’ai survécu en plus. »

Il la relâche brutalement et s’écarte d’elle avant de lui tordre le cou. Il a fière allure Lord Lester Grey tout plein de haine qui soit. Bientôt ses mains claquent l’une contre l’autre et il applaudit :

« Bravo Black te voilà le cv idéal pour être la première de toutes les pétasses qui auront couché avec moi ! Chapeau bas je m’incline devant si peu de sentiments et un abonnement à vie à toutes ces relations sans lendemain qui te plaisent tant. C’est du grand art, et j’espère sincèrement pour toi que tu resteras assez lucide jusqu’à la fin de tes jours pour savourer ton immense et si chère solitude que tu appelles Liberté ! Ah Liberté mon cul ! Tu as la trouille Joleene ! Tu as la trouille d’aimer ! Tu as la trouille de faire confiance ! Tu as même la trouille de moi !! Regarde-toi tu trembles ! Tu es minable ! Tu te crois libre quand tu es enchaînée à un tas de pseudo-principes à la con qui ne tiennent pas la route ! Vivre ce n’est pas passer son temps à se défendre de ce qui pourrait-être bien de peur de se prendre un revers dans la gueule ! Tu étais libre quand tu osais miauler sur mon épaule parce que tu prenais un pied d’enfer et tu sais pourquoi ? parce qu’à ce moment-là c’était TA décision ! Parce qu’à ce moment-là c’était TOI qui balançais tes propres règles de vie de merde pour t’en remettre à moi. Ce n’est pas moi qui t’aie enchaînée, ce n’est pas moi qui t’es libérée non plus. Non ! Ca tu l’as fait de toi-même parce que pour une fois dans ta putain de vie tu n’as pas eu peur Joleene VI Black ! »

«  Alors c’est ça ?, » Elle ferme les yeux et enfonce ses doigts dans le visage du Lord, comme il sert ses doigts sur sa gorge. « Comptons jusqu’à six, voyons si le Cannibale me laisse une belle marque de dents sur le cul pour que je puisse me pavaner. J’ai couché avec Lord Lester Grey mais attention ne vous y méprenez pas c’était que de la baise et j’ai survécu en plus. »

Elle retombe les pieds sur le sol et se masse la gorge, mauvaise quand elle le regarde. Son regard le découpe dans l’obscurité, et il va de soit qu’elle n’a jamais eut peur de personne, sauf de lui aujourd’hui. A le voir comme ça, elle ne doute pas qu’il est très en colère, mais elle l’a dit, elle ne pliera pas. Jamais tout pendant qu’il se fera aussi hautain et impérieux, à lui donner des ordres quand pendant neuf mois il n’aura qu’à attendre le fruit de ses entrailles à elle. Cet enfant elle le déteste, et si à ce moment frapper sur son ventre avait aidé à quoi que ce soit, elle l’aurait déjà fait.

«  Bravo Black te voilà le cv idéal pour être la première de toutes les pétasses qui auront couché avec moi ! Chapeau bas je m’incline devant si peu de sentiments et un abonnement à vie à toutes ces relations sans lendemain qui te plaisent tant. C’est du grand art, et j’espère sincèrement pour toi que tu resteras assez lucide jusqu’à la fin de tes jours pour savourer ton immense et si chère solitude que tu appelles Liberté ! Ah Liberté mon cul ! »

Elle fronce les sourcils et le fixe, de ses yeux qui n’en peuvent plus de lancer des éclairs de toutes les couleurs. Elle le déteste à ce moment-là.

« Tu as la trouille Joleene ! Tu as la trouille d’aimer ! Tu as la trouille de faire confiance ! Tu as même la trouille de moi !! Regarde-toi tu trembles ! Tu es minable ! »

Elle sert les poings pour ne pas le frapper, pour ne pas enflammer un peu plus la haine de Lester quand la sienne devient pourtant un véritable brasier d’insultes et de jurons. Quand bien même il aurait raison, elle ne lâcherait jamais le morceau. Elle se mordit la lèvre intérieure, plissant le nez de cet air furieux qui la rendait terrible aux yeux des mortels.

« Tu te crois libre quand tu es enchaînée à un tas de pseudo-principes à la con qui ne tiennent pas la route ! Vivre ce n’est pas passer son temps à se défendre de ce qui pourrait-être bien de peur de se prendre un revers dans la gueule ! Tu étais libre quand tu osais miauler sur mon épaule parce que tu prenais un pied d’enfer et tu sais pourquoi ? parce qu’à ce moment-là c’était TA décision ! Parce qu’à ce moment-là c’était TOI qui balançais tes propres règles de vie de merde pour t’en remettre à moi. Ce n’est pas moi qui t’aie enchaînée, ce n’est pas moi qui t’es libérée non plus. Non ! Ca tu l’as fait de toi-même parce que pour une fois dans ta putain de vie tu n’as pas eu peur Joleene VI Black ! »

Long silence.
Un moment, long, Joleene ne bouge pas. Ses iris le fixent, le détaillent, et se demandent même ce qu’elles ont pu trouvé à cet homme. Elle sait : la tendresse. Tous les deux. Tous les deux ça n’avait jamais inclus un bambin rose et braillard. Elle avait posé des règles mais il ne les avait pas respecté, voilà tout. Il avait cru qu’elle plierait sagement, comme une enfant devant son père, mais elle avait passé l’âge de chercher son géniteur chez ses copains.
Cependant, le doute s’immisça. Elle détourna le regard, l’air froid et distant. Elle n’avait pas avorté avant. Elle avait attendu, juste… Comme si elle avait attendu qu’il vienne, comme pour avoir son avis, elle qui ne marchait qu’à écouter sa propre voix. Elle pinça les lèvres, d’un air terrible cependant :

« Quand bien même j’aurais peur de tout ça, même si dans un avenir purement hypothétique je gardais le parasite… il porterait mon nom. »

Elle impose toujours. C’est normal.

« Quand bien même j’aurais peur de tout ça, même si dans un avenir purement hypothétique je gardais le parasite… il porterait mon nom. »

Il va de soi que ce n’est pas même envisageable mais, pour le simple fait qu’elle accepte d’en discuter, il marque une pause, plus calme tout d’un coup. Lester soupire déjà là de toutes les guerres qu’il a menées avec envie avant et de cette guerre là dont il ne veut pas.

« Et quand bien même je ferais ce compromis là, ce qui n’est pas envisageable hormis dans le cas où c’est une fille que tu porterais, est-ce que cesserais-tu enfin d’avoir peur dès qu’entre nous les choses prennent malgré nous une tournure autre. Plus sérieuse ? »

Il est sérieux d’ailleurs quand il demande ça et c’est exactement pour ça qu’il ne voulait pas entendre parler de Joleene Black au début, parce qu’il la savait peut-être encore trop jeune pour ne plus avoir peur.

« Ce n’est pas parce que tu tomberais amoureuse, de moi ou d’un autre Joleene que tu serais mise au fer. Il n’y a que toi pour t’imposer des fers. »

Et comme il disait cela il se demandait même pourquoi elle n’avait pas tout simplement tout fait dans son dos et enterrait l’histoire avant même qu’il n’y en ait eu une ? Quelque part cette question sans réponse l’aidait à lui pardonner ce qu’elle avait pu dire ensuite.

«   Et quand bien même je ferais ce compromis là, ce qui n’est pas envisageable hormis dans le cas où c’est une fille que tu porterais, est-ce que cesserais-tu enfin d’avoir peur dès qu’entre nous les choses prennent malgré nous une tournure autre. Plus sérieuse ? »

Elle fait la moue et réfléchit, rapidement. A sa mère, à ses grands-mères, à tout ça qui n’ira peut-être pas. Elle fronce les sourcils, lève la main et masse ses tempes, son petit cœur s’affolant dans sa cage thoracique. Quel genre d’enfer est-il en train de se préparer en réalité ? Elle porte un regard sur son ventre et ses sourcils se courbent, mauvaise comme toujours. Ce n’est pas logique. C’est tout, sauf logique. Un enfant de Lester Grey. Sa main tripote nerveusement sa lèvre inférieure… Compromis.

«  Ce n’est pas parce que tu tomberais amoureuse, de moi ou d’un autre Joleene que tu serais mise au fer. Il n’y a que toi pour t’imposer des fers. »

Un silence s’installe. Elle réfléchit, vite. Sa famille ne l’acceptera jamais… et pourtant… Elle secoue doucement la tête, excédée. Elle commence doucement à marcher dans la chambre, mais ses pensées s’emmêlent bêtement parce que ça la perturbe. Elle secoue doucement la tête :

« Pour une pétasse, tu as l’air solidement attachée à moi... »

Première pique. Elle fronce les sourcils et finalement soupire, ses mains sur l’arrête de son nez, comme pour le calmer :

« Même si c’est un garçon, les Black n’accepteront jamais ça… »

C’est une avancée pour Lester, et même s’ils ne s’en rend pas compte, elle ne prend plus en compte son avis comme étant celui d’une Black. Ô, bien sûr elle ne se considère pas non plus comme une Grey, loin de là, mais de sa propre famille elle a toujours été une fille hors jeu. Hors critère. Hors norme. Trop bien pour leur jeu. Elle secoue doucement la tête :

« J’ai toujours pas fini Ealdwic… »

Elle ne cherche pas des excuses ; pour elle, ceux sont de vrais problèmes.

« Pour une pétasse, tu as l’air solidement attachée à moi...
- Dis moi que ça te déplait Joleene…»

Il a un fin sourire presque moqueur mais pas encore tout à fait comme d’habitude. Il ne peut pas passer l’éponge sur la colère qu’il vient de piquer si facilement et ce malgré les efforts qu’il fait. Pour elle comme toujours.

« J’essaye de savoir ce que tu as dans le crâne Joleene. C’est tout. Si tu te moques de moi ou si tu es sincère. »

Et elle sait parfaitement pourquoi il dit ça. Il l’observe qui réfléchit et lui même se perd un instant dans diverses réflexions. Lui non plus ne l’a pas prévu mine de rien. Tout au plus avait-il ce projet dans un lointain avenir, et certainement pas maintenant alors qu’il sortait tout juste d’Azkaban et qu’il n’avait pas encore réussi à se débarrasser de ces infâmes habitudes de taulard.

« Même si c’est un garçon, les Black n’accepteront jamais ça…
- Je ne te laisserai pas endosser ça seule si c’est encore un choix que tu dois faire…»

Une évidence pour lui.

« J’ai toujours pas fini Ealdwic… »

C’est un argument de poids car d’une part cela ferait très mauvais genre, d’autant plus qu’ils ne sont pas mariés mais il ne va pas lui parler de mariage alors qu’elle suffoque déjà ne serait-ce que de se voir liée à lui presque pour toujours quoique rien n’est irrémédiable. Dans un second temps il sait qu’elle a sa fierté.

« On trouvera une solution pour que tu puisses suivre tes cours d’où bon te semblera… on trouvera une solution à ce que tu voudras. Mais il faut déjà que tu le veuilles… »

Il se fait plus rassurant finalement, comme ces autres jours où il n’y avait aucune ombre au tableau.

« Dis moi que ça te déplait Joleene…»
Elle roule des yeux, mais quelque part, c’est… atrocement touchant. Si elle ne paraît pas touché par les paroles de Lester, son petit cœur lui a bien compris le message. Elle pince les lèvres, se frotte le front quand les problèmes s’accumulent chez elle. C’est un tel chamboulement… c’en est presque insupportable pour elle qui est d’ordinaire si soignée et ordonnée.

«  J’essaye de savoir ce que tu as dans le crâne Joleene. C’est tout. Si tu te moques de moi ou si tu es sincère. »
« Si je me moquais de toi, cet enfant ne serait pas de toi. »

Au moins c’est clair et net. S’il y a bien une chose qu’elle ne supporte pas, c’est qu’on la prenne pour une menteuse, et si elle n’a jamais dit qu’elle l’aimait, avec les mots que tant de personnes cherchent, elle l’a prouvé par son comportement. Elle était nerveuse, c’était palpable. Elle n’avait pas introduite une seule fois Lester, et elle se retrouvait enceinte. Si ça c’était pas un signe divin…

« Même si c’est un garçon, les Black n’accepteront jamais ça… »
« Je ne te laisserai pas endosser ça seule si c’est encore un choix que tu dois faire…»
« Ils ne l’accepteront pas sans mariage. »

Son ton est sec. Elle sait ce que ça veut dire, et c’est beaucoup trop à comprendre et à assimiler. C’est aussi la première fois qu’elle en parle à quelqu’un, et pire encore, au premier concerné. Elle secoue la tête, marche dans la pièce, en cercle, en rectangle, elle s’affole en silence, sans une grimace sur son visage. Les Black la tueront. Encore que sa mère l’a bien eut hors mariage, et ça n’a jamais posé un problème. C’est le nom de l’enfant, et Joleene Black n’est pas le genre de femme à prier pour avoir des filles ou des garçons. Elle, elle ne voulait pas d’enfant tout court.

« J’ai toujours pas fini Ealdwic… »
« On trouvera une solution pour que tu puisses suivre tes cours d’où bon te semblera… on trouvera une solution à ce que tu voudras. Mais il faut déjà que tu le veuilles… »

Elle s’arrête au milieu de la pièce et soupire. Que faire maintenant ? Suivre son envie qui veut absolument venir se coller contre lui, reniflait sa gorge et lui miauler qu’elle est désolée ? Pitié. Elle se frotte la nuque, la gratte et soupire à nouveau, un peu perdue :

« C’est trop de chose pour un seul esprit. Ça serait tellement plus simple… » de le faire disparaître ? Elle se ravise, un instant, et le regarde. Lester Grey qui vient de se mettre en colère pour un simple enfant. Elle baisse les yeux, fronce les sourcils en se demandant si elle fera une bonne mère, et si elle peut l’être quand elle n’est même pas sûr de pouvoir l’aimer.
Elle se pince les lèvres, puis gronde : « Tu ne me donnes, de toute façon, pas vraiment le choix. »

Elle siffle comme une vipère, mais dans le fond, ça a quelque chose de rassurant et d’effrayant. Elle le regarde, avec son air de chat en colère.

« Ils ne l’accepteront pas sans mariage. »

Leur regard se croisent comme ils réfléchissent ensemble. Il ne veut pas parler de ça maintenant parce qu’il sait pertinemment que parler mariage ce serait l’accabler un peu plus pour aujourd’hui. Pourtant ses yeux assurent qu’ils en reparleront quand elle sera prête à l’affronter et son calme annonce qu’il y est disposé.

« C’est trop de chose pour un seul esprit. Ça serait tellement plus simple…
- … que ce ne soit pas arrivé. Je sais. Mais maintenant que c’est arrivé il faut qu’on fasse avec Joleene. »

Dans le ton de sa voix, et même si l’on sait pertinemment que lui ne peut que se réjouir de la venue d’un enfant, on sent quelque chose de plus à l’écoute. De la compassion peut-être ou simplement de la compréhension.

Il la regarde lui lancer encore quelques couteaux de ses regards de vipère assassine mais ça lui tire un sourire et d’instinct il vient la prendre dans ses bras.

« Tu ne me donnes, de toute façon, pas vraiment le choix.
- Pas là dessus en effet.»

Et s’il ne transige plus, sa voix est douce, il pose son menton sur sa tête, la serre plus tendrement Surprenante petite Joleene.