« Tu sors toi ?
- Je ne crois pas que ça te regarde…
- Ouuh Lester aurait-il trouvé une tasse de thé où tremper son biscuit ?

Elle l’attrapa par le col feignant une valse transie d’amour. Lester saisit ses poignets un peu brutalement pour se défaire de Cassandre. D’un geste un peu maniaque il défroissa le tissu de sa veste et lui passa devant sans rien dire d’autre que :
- Encore une fois je ne crois pas que ça te regarde.
Mieux valait ne pas se lancer dans ce genre de conversation, ni dans aucune autre avec elle. Il disparut un instant dans le vestibule tandis que Cassandre s’appuyait contre le mur pour le regarder faire de loin.

La mansion Grey était un endroit particulièrement lugubre et aurait facilement donné l’impression d’un châtelet laissé à l’abandon. Depuis l’immense baie qui donnait sur le balcon, les herbes folles revêtait des teintes grisâtres et jaunes qui donnaient une impression de paysage d’automne délavé. Les grands arbres perdaient déjà leurs feuilles comme s’il fallait nécessairement qu’ils fussent les premiers de toute l’Angleterre à arborer leurs ramures noires chauves et stériles. Certaines années, un coup de blizzard balayait ce paysage désolé et alors c’était l’hiver qui s’amenait dès la mi-octobre avec ses pluies diluviennes et glaciales et enfin la neige, pour recouvrir tout ça d’un linceul blanc suffocant.

Depuis sa plus tendre enfance Lester avait eu cette impression de splendeur laissée à l’abandon chaque fois qu’il avait regardé par cette maudite baie qui aujourd’hui, était le seul véritable puits de lumière dans la maison.
Il avait toujours préféré l’arrière du domaine, non moins laissé à l’abandon. Mais les tombes qui fleurissaient la colline, les rosiers qui envahissaient tout, leur vert sombre, leur rouge sang intense… tout ceci avait un charme romantique et désuet à ses yeux. Il ne l’aurait changé pour rien au monde.

Cassandre, elle, n’était pas si sentimentale. Elle s’était ennuyée dans cette affreuse baraque depuis le jour même de sa naissance semblait-il. Mais elle y avait aussi développer son goût de l’obscurité et des taudis désaffectés qu’elle hantait régulièrement du temps où elle n’avait aucune obligation.

« Je ne crois pas que ça te regarde tu n’as donc que ce mot là à la bouche ?, siffla-t-elle tapie dans l’obscurité.

Lester ne lui accorda pas un regard, trop occupé à observer l’immense tapisserie qui couvrait le mur du petit salon dans la pièce d’à côté. Cette tapisserie avait toujours fasciné Lester. Enfant il avait sans doute passé des heures à regarder ses ancêtres le jauger d’un air sévère sur leur lit de vert trop sombre pour ne pas être étouffant. Par endroit, la tapisserie était élimée, ou le portrait de l’un ou de l’autre avait l’air usé. Aloysius Grey le regardait fixement derrière son air sévère et ses cheveux noirs mi-longs. Brivael semblait toujours regarder au-delà de tout ça. Blanche, toujours magnifique entourée de ses roses semblait veiller sur lui comme sa propre mère ne l’avait fait. En bas, sur le tronc du rosier brodé à la main, le visage de Lilith affichait un air contrarié comme si le voisinage de son frère Lester, empreint de superbe, avait été insupportable pour elle. Un peu plus bas le visage dupliqué de Cassandre, beaucoup plus joli si on y regardait bien, sans doute parce qu’il n’y avait pas cette lueur de folie dans son regard. C’était Marla, la nièce de Lester.

L’ex-taulard fronça les sourcils, comme s’il avait vu quelque chose qui avait attiré son attention mais il préféra jeter sa veste sur son épaule et annoncer qu’il reviendrait dans la soirée. Là dessus il transplana, et se retrouva à ce bar étudiant où il avait rencontré Joleene Black l’autre soir. Un peu en avance, comme tout gentleman qui se respecte. A ceci près que c’était un rôle qu’on ne l’avait pas encore trop vu endosser jusque là.

« Il est grand, et blond, et docteur, et… »

Caym s’arrêta en plein milieu de sa phrase, pensif. Joleene le fixa, amusée, et haussa un sourcil. Elle n’était pas dupe, pas plongée dans les illusions que Caym voulaient bien revêtir pour tout faire sauf accepter l’idée d’être amoureux. La vérité, c’est qu’aucun d’eux ne voulait l’être. Caym, Joleene et Mercutio formaient ce trio invisible. Elle était surnommée « briseuse de cœur » pour n’avoir jamais ressentit aucune pitié envers ses anciens petits-amis, qui n’avait jamais eut l’étoffe ni même la force de la retenir. Une lionne sauvage, voilà ce qu’elle était, et aucun lion ne la soumettrait jamais. Elle fronça les sourcils quand sur le moment l’image de Lester était venue se coller sous ses paupières. Un lion, ça ? Elle secoua doucement la tête, et se rappelant de la fin de soirée pratiquement romantique qu’ils avaient tous les deux passés. Et elle ne l’avait même pas mise dans son lit. Elle se mordit la lèvre inférieure et se leva d’un coup sec, sa veste sur son épaule.

« Tu vas où ? T’as un rendez-vous ? »

Souffla le Van Hellsing, un sourire de renard sur la face, comme si ça n’était pas évident. Depuis quelques jours, Joleene était ailleurs. Ailleurs parce qu’elle pensait toujours à autre chose, à une date, comme obsessionnelle. Elle fronça les sourcils en se rendant compte qu’elle était en train de tomber dans le panneau et se jura mentalement qu’une fois serait bien assez, et qu’il ne fallait surtout pas se leurrer. Caym la regarda partir comme elle s’excusait, avec un sourire moqueur sur les lèvres, se leva et partit à son tour. Le campus à cette heure n’abritait pas cent âmes humaines, tous bien terrés dans les cambuses et les nobles logis. Joleene n’habitait pas sur le campus, elle était restée au Manoir Black, parce que les portes de cette baraque était une raison de plus de ne pas tomber amoureuse. N’importe quel homme aurait fuit devant l’explosion de bruits et d’exotisme qu’offraient la Maison Black. Des filles par dizaine, toutes plus belles les une que les autres. Joleene n’était même pas des plus jolies comparées à elles, elle s’affichait garçon manqué et fade, un rien vulgaire, mais ce rien là lui allait finalement mieux qu’elle ne seyait à d’autre. Ses cousines blondes et rousses, pulpeuses et généreuses en forme alléchante, s’offraient à la vue du premier venu. Elle fronça les sourcils en baissant les yeux. Il n’était pas question que Lester entre dans cette maudite baraque, parce qu’il n’était peut-être qu’un ami, il n’en restait pas moins son ami, à elle.

Elle rentra chez elle juste après. Elle passa la porte sous le regard de vipère du grand tableau qui trônait face à la porte, un tableau où s’affichait la première des Black, les joues rougies de honte et de colère à la fois. Elle fixa Joleene, mais la jeune fille ne s’arrêta même pas pour la saluer. Plus jeune elle avait parler amour avec sa famille, ses tableaux, et elle n’avait jamais eut que l’écho dur de leurs expériences à toutes : l’amour ça n’existait pas. Ça se faisait. L’ultime preuve avait été l’exemple de son père qui avait fuit quand elle n’avait que sept ans à l’époque. Elle avait beaucoup pleuré, puis Joy lui avait dit : tu n’as pas à pleurer pour un abruti, Jolee’, cent autres te feront pleurer ; à toi de les mettre minable la première. Sa mère avait le défaut d’être folle, mais elle avait eut raison, et Joleene n’avait jamais déroger à sa règle d’aussi loin que ça remontait. Elle monta les marches, poussa la porte de sa chambre de l’épaule et alla se doucher dans la petite salle de bain qui était reliée à la pièce. Elle sortit, entourée d’une serviette, se sécha les cheveux pour finalement n’avoir plus que cette tignasse de lionne sur les épaules, et s’habilla comme elle en avait l’habitude ; rock’n’roll.

Elle enfila un jeans sombre et un long t-shirt gris qui tombait sur ses hanches, balant. Un simple décolleté mettait en valeur une poitrine présente, ni trop grosse, ni trop petite. Elle soulignait ses yeux de noir, pour en faire ressortir le vert intensif, quand on toqua à la porte. Le grincement des gonds l’accapara ; elle releva le nez, et posa ses yeux sur Jack qui la fixait, serrant les dents derrière son masque d’indifférence. Elle eut un sourire amusé, quoi que moqueur. Elle savait qu’il n’aimait pas son attitude, mais elle n’aimait pas non plus la sienne, alors elle prenait ça comme un juste retour des choses. Elle se redressa, et Jack se rapprocha, pinçant les lèvres.

« Tu es trop belle pour sortir comme ça, Jolee’… » Elle roula des yeux, amusée.
« Tu dis ça à chaque fois que je sors, Jack. »

Il se rapprocha doucement, soupira et la prit dans ses bras. Elle ne cilla pas, eut un ronronnement affectueux comme elle se rappelait toutes les fois où il avait pu lui demander de ne pas sortir, la peur au ventre de ne pas la voir revenir, elle qui osait tout, avec n’importe qui.

« Tu sais ce qu’on dit… » souffla t-il en caressant ses joues de ses pouces.
« C’est juste qu’une sortie, Jack. Faut pas t’en faire à ce point. » Elle eut un sourire amusé.
« C’est Lester Grey. » Il fronça nettement les sourcils, n’aimant pas voir sa sœur se gaspillait avec des anciens, et pire que ça, des criminels plutôt dangereux. Pour avoir croiser un jour Cassandre, il n’avait aucune envie de la voir boire un verre avec son frère. « S’il te plaît ? »
« Je l’ai invité à boire, Jack, et j’irais boire. Et je t’interdis de venir gâcher ma soirée. »

Elle le fixait avec l’air d’une mère, amusée et souriante par l’attitude ridicule de Jack. L’aîné de leur branche se trouvait être un poil possessif avec sa sœur, tout comme James et Joe. Le fait de savoir que Lester Grey, cannibale et meurtrier de son état, pouvait faire du mal à la jolie et jeune Joleene, c’en était trop pour eux. Il recula finalement, la laissant enfiler une veste sur ses épaules et fermaient ses talons. Il pinça les lèvres et soupira. Elle gagnait à chaque fois. Mais ça n’empêchait en rien Jack de croire que c’était une mauvaise idée.

Joleene se rapprocha de lui, posa un bisous sur sa joue avec un air de rire promis je serais sage et sortit de la pièce. Dans cette maison, cela faisait bien longtemps qu’on lui imposait plus rien. Ni le port de la robe, ni même de ne pas sortir. Libre, c’était ce qu’elle était finalement. Elle enfourna sa baguette dans sa poche, de l’argent dans l’autre et marcha calmement jusqu’au bar où Lester devait déjà attendre – elle ne se leurrait pas, comme toujours. Elle eut un sourire en repensant à son compliment, pinça les lèvres en se trouvant bête aussi, et soupira finalement. Bête. Elle secoua la tête, et poussa la porte du bar, trouvant le meurtrier assis dans un coin, seul. Une autre fille lorgnait Grey, un peu plus âgée qu’elle. L’âge. Joleene eut un sourire crispé un instant, puis finalement se détendit. S’il osait seulement regarder une autre fille qu’elle alors qu’elle lui parlait, elle l’étriperait. Lester Grey, ou non. Elle eut un sourire quand il remarqua sa présence, tira la chaise et se posa sur cette dernière, avec un sourire. Ses yeux verts ne faisaient que ressortir davantage avec le noir qui les soulignaient. Magnifique, c’était le mot.

« Bonsoir Lester. »

Simple, chantant. Une bonne introduction pour des retrouvailles un peu banales.

Il lui rendit son bonsoir d’un élégant signe de tête qui contrastait de trop avec cette étiquette d’ex-taulard et cet air faussement négligé qu’il aurait eu même s’il avait été habillé par le plus grand couturier qui fut. Lester Grey et son aura éternellement lugubre, même lorsqu’il souriait.
Lui aussi avait remarqué la femme qui le lorgnait en se croyant discrète de l’autre côté du bar. Une châtain clair fille de bonne famille et donc mangemort elle aussi mais surtout inintéressante à ses yeux malgré ses trente ans approchant qui la rendait par définition une candidate mieux placée que Joleene Black dans la course à Lester Grey..

L’homme intercepta la serveuse, toujours cette grande rousse flanquée de son éternellement sourire enthousiaste :

« Un McGregor Pur feu et pour mademoiselle… »

Il n’était pas homme à commander à sa place, c’était peut-être pour ça que ses parents n’avaient pas trouvé le moyen de conclure un mariage arrangé, ou peut-être était-ce parce qu’il n’aurait pas lui même pu se rendre à son mariage à l’heure de publié les bancs, trop occupé à faire le mariole dans tout Azkaban. Quand Lester avait été en âge de se marié, il avait déjà acquis la plus mauvaise des réputation, pour bien faire il aurait fallu le faire prendre femme juste au sortir de Poudlard, en même temps que Duncan Hemmington et Caleigh Hatcher par exemple.

D’un autre côté, cette liberté toute relative qu’on lui avait laissé dans le mariage faisait aussi qu’on ne lui avait jamais passé la corde au cou et qu’il pouvait se retrouver là à prendre un verre avec une gamine sans avoir à se soucier du qu’en dira-t-on. La situation avait donc les avantages de ses inconvénients.

« Tu as déjà dîné ? »

Autant organiser un brin cette soirée qu’elle lui avait promise abominable. Lui n’avait pas manger mais s’il lui était égal de sauter un repas voire plusieurs, il ne prenait pas les choses de la même manière quand il s’agissait des autres.

« Un McGregor Pur feu et pour mademoiselle… »
« Un cocktail… » Elle jeta un œil à la carte devant elle, avec un sourire « mangue. »

Sans alcool pour elle ce soir. Il était encore trop tôt pour que mademoiselle justement ne se mette à siroter un whisky comme un homme. La prochaine fois, pour sûr qu’elle ne se retiendrait pas de le pousser dans une ruelle. Elle hocha la tête pour elle-même, ses yeux rejoignirent à nouveau la femme plus vieille qu’elle, et ses yeux de vipère se fixèrent sur elle de longues secondes. Elle s’imaginait un peu pouvoir lui passer dessus avec sa peau distendue ? Elle reporta son attention sur Lester, comme il parlait. Ses yeux à lui étaient étranges, mais ce ne l’était pas autant que ses tatouages. Elle aurait donné cher juste pour pouvoir toucher sa marque des ténèbres, assurée qu’il en avait une.

« Tu as déjà dîné ? »
« Non. »

Lui dire oui, ça aurait été mentir, et Joleene n’était pas menteuse pour un sous. Elle supposait que s’il lui posait la question, c’était parce qu’il n’avait pas manger non plus. Ses longs doigts passèrent sur la carte qui attendaient sur la table, regardant les plats proposés sans trop y croire. C’était un bon bar, mais pour ce qui était de manger, elle n’avait jamais essayé. Elle releva le nez, ses yeux brillants tombant toujours dans ceux de Lester, comme attirés par ces lunes bleus.

« Tu veux manger ici ? »

Elle avait de quoi payer pour un peu tout et n’importe quoi. Sa mère lui offrait de quoi se taire et sortir sans la faire chier, ce qui était finalement parfait. C’était tout ce que Joleene demandait. Par ailleurs, elle repensa sur le moment que cela faisait déjà trois mois qu’elle n’avait pas adressé une seule parole à sa mère. Elle eut un sourire chafouin en imaginant un peu sa tête si elle avait appris que sa fille unique était à la table du mangemort Lester Grey, ayant deux fois son âge. Elle aurait été verte, et ça aurait été le pieds.

Elle repensa à Jack, et eut un sourire finalement moqueur, soufflant alors :

« Ne me dis pas que tu veux me manger, ça va me faire rougir. »

La vérité, c’était que Joleene était belle à croquer.

« Tu veux manger ici ?
- Je n’y tiens pas spécialement. J’ai l’habitude de dîner au calme pour tout dire.»

Plus au calme que seul en bout de l’immense table du manoir Grey tu meurs, sans mauvais jeu de mot, pensa-t-il. Un fin sourire passa sur ses lèvres à la perspective de devoir mourir pour pouvoir aller un peu plus loin dans sa solitude. Cassandre aurait dit qu’il était bien assez fou pour ça. La vérité c’était que Lester aimait sa solitude comme on aime une épouse que l’on a pas choisie.

« Ne me dis pas que tu veux me manger, ça va me faire rougir.
- Ce n’est pas le genre de met auquel j’ai envie de revenir., répondit-il relativement froidement. »

Un autre que lui aurait pris ça au sens figuré mais dans l’imaginaire de Lester Grey, Azkaban serait toujours plus ou moins souveraine. Or, s’il y avait une chose à laquelle il n’avait pas envie de penser quand il se trouvait devant une si délicieuse jeune femme, c’était au goût de la chair humaine. A sa texture de vieille carne élastique qui ne se laissait pas facilement mastiquer ni arracher de sa structure de calcaire. Ni non plus au bruit des muscles qui résistent quand on arrache une joue tendre sous l’œil plein de vitre d’une victime un peu trop simiesque. L’odeur du sang et de la viande plus vraiment très fraîche. L’odeur nauséabonde de la fosse mêlée à l’horreur de la situation tout simplement.

Lester s’éclaircit la voix, placide. Difficile de se douter à quel genre de souvenirs il s’abandonnait une fraction de seconde si ce n’était peut-être en se fiant au voile d’ombre dans son regard.

« Je connais un bon restaurant, annonça-t-il finalement en se levant alors même que leurs commandes n’étaient pas encore arrivées.

Peut-être l’envie de changer d’endroit et de conversation, comme dans un étrange rituel de purification par le feu.

« Ce n’est pas le genre de met auquel j’ai envie de revenir. »

Elle le fixa et sentit le malaise. Soit. Si ça avait eut un instant le mérite de lui faire croire qu’elle avait une fois de plus rater quelque chose, elle se ravisa et se sentit plus légère. Tout ce que Jack avait pu lui faire croire était visiblement faux ; Lester n’allait pas la dévorer vivante dans une ruelle. Elle eut un sourire fade finalement, tentant de chercher une chose qui pourrait la rattraper, mais elle ne trouva rien. Elle n’avait pas non plus lui prendre la main avec ce regard qui dit je comprend, parce qu’elle ne comprenait de toute façon pas et ne comprendrait jamais. Elle n’était pas une criminelle, loin de là, juste une petite fille qui provoque et parle beaucoup, et fort, pour le plaisir d’être entendu. Soit. Elle se ravisa et resta statique dans son habit, ses doigts glissant de la carte au rebord de la table, sans un mot. Elle avait beau regardé ses yeux, elle n’y voyait rien, bien qu’elle pouvait facilement imaginer à quoi il pensait à présent. Ce n’était pas écœurant. C’était juste triste.

« Je connais un bon restaurant. »

Et il se leva. Elle l’observa, regarda la serveuse qui parlait de toute façon avec le professeur qui avait du entré sans qu’elle ne le voit. Elle regarda le magistère quelques secondes, intriguée, puis se leva. Elle enfila sa veste, passa sa main dans ses cheveux pour les extirper du tissu et ils retombèrent en une cascade épaisse, ondulée et crépue, magnifique sur le tissu clair de son haut. Elle avança devant lui, et poussa la porte. Elle remarqua que pour la première fois elle n’avait pas pensé à se concentrer sur où le regard de son suivant tombait mais uniquement sur le restaurant. Elle pinça les lèvres en se demandant quel genre de restaurant Lester Grey pouvait affectionner. Elle s’arrêta devant le bar, sortit son paquet de cigarette moldue, Lucky Stripes, et en sortit une qu’elle alluma, regardant Lester avec un sourire en coin, amusée.

« Je te suis, Mister »

Souria t-elle, recrachant sa fumée avec un petit sourire chafouin. Elle avait l’air rusé la petite, rusé, espiègle, et pire, perspicace. La clope au bec, elle ne faisait qu’un peu plus fille rebelle, mais surtout fille perdue. Elle se rapprocha nettement de lui, par habitude. Sa bouche s’aromatisa doucement du goût du tabac, et finalement, elle jeta sa cigarette sur le sol, l’écrasant. Sa langue humecta rapidement ses lèvres, et sa main effleura la sienne. Elle n’y fait pas attention, elle regarde devant elle, parfois elle fixe son profil, le détaille, silencieuse comme la nuit. Joleene est un soleil noir, qui n’irradie que l’ombre, et pourtant elle est encore lumineuse à côté de l’astre lugubre qu’est Lester Grey. Elle est une petite étoile dans une galaxie obscure.

Il la voit faire, du coin de l’œil sans vraiment regarder à vrai dire. Il lui plait un instant de se sentir observait et comme il n’est pas non plus un as de la conversation, il ne dit rien et l’emmène à travers les rues de Londres. Pas bien loin de toute façon. Il y a une enseignement élégante à quelques rues du chemin de traverse. Il ne l’emmène pas dans un grand restaurant pour deux raisons. La première étant qu’on ne voudrait certainement pas de lui dans un grand restaurant à moins que pour cela il n’ait réservé d’avance toutes les tables pour finalement ne jouir que d’une seule. On pouvait facilement comprendre pourquoi. La haute ne se sentait pas vraiment à son aise avec des énergumènes de son genre. La seconde était que tout simplement, il n’était pas suffisamment dans son élément dans le grand luxe des restaurants huppés pour ne serait-ce qu’apprécier véritablement le repas.

Il poussa la porte d’un restaurant et laissa passer Joleene devant lui. L’endroit semblait assez classieux mais restait de taille modeste.

« Lord Grey… deux couverts à votre table habituelle je présume ? »

Lester leva un sourcil l’air de dire tu sais compter ? Tu as plus de deux secondes de mémoire ? Bon. Il n’aimait pas les singeries pseudo guindées du serveur et il avait déjà eu l’occasion de le lui dire mais cette fois-ci il était accompagné alors il se tiendrait plus ou moins. Il y avait aussi ce petit truc dans le regard du serveur qui trahissait sa peur du Grey mais ça ce n’était que la routine pour Lester.

Il tira une chaise pour Joleene à « sa » table, la seule table du balconnet. L’endroit été agréable. On avait débarrassé la décoration de bougie comme d’habitude sachant qu’il n’aimait pas ce genre de truc. Ca n’avait donc l’air ni romantique, ni rien du tout.

« Ce n’est peut-être pas le Majestic mais la cuisine est bonne et l’endroit est calme. Les gens ne posent pas de questions. »

Quoi qu’on ne doutait pas qu’ils auraient pu en avoir beaucoup.

La jeune fille entra dans le restaurant sans aucun a priori. Si elle était riche et noble, Joleene n’avait pas le goût du luxe. Ça expliquait sans doute pourquoi elle ne portait jamais de robe chic, et que ses vêtements, si chères soient-ils, n’étaient griffés d’aucune personne qui soit. Elle n’avait pas besoin d’un nom sur son vêtement pour le porter. Elle n’était pas ses cousines. Elle jeta un œil aux alentours, et remarqua le serveur qui venait. Elle jeta un œil à Lester.

« Lord Grey… deux couverts à votre table habituelle je présume ? »

Elle leva un sourcil, un air à la fois amusé et totalement moqueur sur le visage. Soit. Je compte pour du beurre maintenant. Elle retint un rire devant le ridicule de la situation et lança une fois le serveur partit, d’un ton tout à fait moqueur – et dieu sait qu’à cette ancienne serpentarde, ça allait plus que bien :

« On pourra toujours se les prêter. »

Elle continua avec cet air hautain sur le visage, air naturel chez elle et jamais mimé. Elle avait du sang britannique, et ça se voyait. Elle passa à côté de Lester qui tira sa chaise, lui jeta un regard et sourit, s’asseyant à la place qu’il avait désigné comme étant la sienne. Un coup d’œil sur les alentours et en effet c’était plus au calme que dans le bar étudiant. Elle eut un petit sourire en coin, le regardant s’asseoir. On avait beau dire, il ne faisait pas ses cinquante ans, et même, au-delà de ça, il était tout à fait son genre. Pas de méchant minable, de faux torturés qui prennent du prozac pour planer, mais finalement, un véritable danger devant elle. Elle n’avait rien après les criminels, d’ailleurs, c’était le premier qu’elle accompagnait au restaurant. Mais même sans tout ça, et en utilisant les mots de Mercutio, Joleene aurait volontiers qualifié Lester de carrément bandant. Elle détourna le regard, amusée.
« Ce n’est peut-être pas le Majestic mais la cuisine est bonne et l’endroit est calme. Les gens ne posent pas de questions. »
« Ils n’ont pas trop le choix non plus. »

Elle le regarda avec un sourire en coin, puis détourna le regard, regardant ailleurs, toutes ses personnes lointaines et proches à la fois. Combien de rats… Joe, son frère, lui avait légué sa haine de l’humanité. Quand Joleene regardait les autres, elle ne les aimait pas. Aucun d’entre eux n’avait un quelconque intérêt. Elle-même, elle le disait : l’humanité mériterait de périr. C’était peut-être ce qui l’avait poussée à choisir de ne jamais se marier et de ne jamais avoir d’enfants. Joleene posa ses prunelles vertes écume sur un enfant qui avait été traîné là, un petit parasite de deux ans environ. Il devait sans doute brailler à plein poumon, ça devait en être même insupportable. Ses yeux quittèrent la petite tête blonde et se posa sur Lester à nouveau. Elle le fixa, et posa enfin ses yeux sur la carte. Son choix fut vite fait. Saumon et riz. Elle regarda Lester juste après, curieuse de voir ce qu’il allait prendre. Elle pariait sur le poulet. C’est avec un sourire chafouin qu’elle attendit.

« On pourra toujours se les prêter. »

Lester eut un petit rire amusé mais discret.

« Quel imbécile celui-là… »

On ne pouvait au moins pas lui reprocher d’être hypocrite cette fois-ci.
Il laissa Joleene prendre place face à lui et suivit son regard jusqu’à une petite tête blonde. Lester n’avait jamais trouvé grand intérêt à traîner les enfants dans ce genre d’endroit, d’autant plus que la plupart n’étaient pas assez bien élevés pour se tenir correctement et pour prendre leur mal en patience. Ceci étant, et contrairement à Joleene, lui n’avait aucune répulsion naturel envers les enfants. Du moins, il se disait toujours qu’il n’en aurait pas envers les siens ce qui faisait tout de même une nuance de taille à apporter.

« Ce n’est peut-être pas le Majestic mais la cuisine est bonne et l’endroit est calme. Les gens ne posent pas de questions. »
« Ils n’ont pas trop le choix non plus. »
« En effet. »

Il échangea un long regard appuyé puis prit la carte. Evidemment qu’il n’était pas vraiment dans l’intérêt du serveur de venir lui casser les pieds à lui. S’il voulait partir sans payer on ne lui aurait peut-être même rien dit, du moins pas en face. Une chance que Lester ne fut pas du genre à faire ça.

« Excellent choix, je prendrais la même chose, fit-il en rendant les menus au serveur qui semblait un peu plus nerveux que d’ordinaire, alors finalement, qu’as-tu prévu pour nous rendre la soirée abominable cette fois-ci Joleene ?, demanda-t-il en reportant finalement son attention sur elle.

« En effet. »

Elle le fixa comme il la fixait lui aussi, et posa ses yeux sur la carte, avec un sourire sincère et follement amusé. Après tout, elle avait toujours trouvait ça prodigieusement imbécile ces personnes qui ont peur de tout et n’importe quoi. La peur ne rendait pas plus fort. L’orgueil, oui. Et plus bête. Elle-même se savait bête. Elle se pointait devant un meurtrier reconnu, sadique, célibataire, et visiblement sans aucun engagement envers les Black, sans même savoir si oui ou non il l’étranglerait dans la ruelle d’à côté ou lui ferait plus pire. En somme toute, elle était folle. Elle releva le nez, quittant des yeux Lester pour commander.

« Excellent choix, je prendrais la même chose » Elle eut un sourire amusé, elle qui aurait juré sur un steak ou du poulet…soit. « …alors finalement, qu’as-tu prévu pour nous rendre la soirée abominable cette fois-ci Joleene ? »

Elle le regarda, et imagina tout un tas de réponse possible. Un fin sourire espiègle se dessina sur ses lèvres, alors qu’elle releva un peu le nez, semblait réfléchir à ce qui ferait le plus mal ou le toucherait le plus, parce que finalement, Joleene Black était une serpentarde avant tout, et si elle avait le pouvoir de le mettre à genoux, elle le ferait dès que l’occasion se présenterait. Foi de Black.

« J’avais tout d’abord penser à te poser un lapin » chanta t-elle avec un fin sourire « mais à la vérité, ça m’aurait ennuyée. Disons que pour l’instant, je peaufine mon plan d’attaque. D’ici quelques heures, il sera prêt, et à la fin du repas, tu seras à moi, Lester. »

Elle avait dit tout cela sur le ton de plaisanterie. Elle n’avait aucun plan. D’ailleurs, les plans ne servaient souvent à rien, alors elle avait tout simplement oublier d’en faire. Tout venait au feeling. Elle passa sa main dans ses cheveux, machinalement, sans même faire attention, et haussa les épaules :

« Pour que ma soirée soit abominable, il faudra que monsieur est du répondant. »

Un sourire fin se colla sur son minois de renard, rusé petite créature.

« J’avais tout d’abord penser à te poser un lapin » chanta t-elle avec un fin sourire « mais à la vérité, ça m’aurait ennuyée. Disons que pour l’instant, je peaufine mon plan d’attaque. D’ici quelques heures, il sera prêt, et à la fin du repas, tu seras à moi, Lester.
- Je serais à toi ?, il rit de bon cœur, je n’ai jamais rien entendu de si incongru et insensé à la fois de toute ma vie.»

Ce n’était pas peu dire. Il en avait entendu de ces choses. Des délires bizarroïdes de certaines de ses conquêtes aux élucubrations de femmes au foyer suffisamment désespérées pour dire je ne crierai pas et je ne le dirais à personne je vous promets… mais personne ne lui avait encore jamais dit « tu seras à moi ». Il aurait pu lui dire tout de suite que visiblement elle avait raison à plus ou moins grande échelle mais Lester n’aimait pas l’idée de laisser une tapisserie régir sa vie et moins encore une petite gamine un peu plus effrontée que la moyenne, si jolie soit-elle.

« Pour que ma soirée soit abominable, il faudra que monsieur est du répondant.
- En aurai-je manqué jusque là ?, il se calla contre le dossier de sa chaise, la détaillant du regard avant d’ajouter, plus sombre mais pas menaçant : et si c’est moi qui te possède à la fin du repas comment le prendras tu ? Tu as pensée à cette éventualité Joleene ?»

Etrange invite, beaucoup plus équivoque que tout ce qu’il avait pu dire depuis le début.

« Je serais à toi ? Je n’ai jamais rien entendu de si incongru et insensé à la fois de toute ma vie.»
« C’est une bonne chose que ce soit drôle. »

Elle eut un sourire elle-même amusée par ce qu’elle avançait. Peut-être que c’était vrai, peut-être que c’était faux. La vérité c’était qu’elle n’en avait plus ou moins rien à faire. Ce soir elle sortait comme les chats, pour admirer le paysage de leur éclipse claire. Les yeux de vipère de Joleene n’y manquèrent pas, puisqu’elle se mit à renchérir, tout à fait amusée par ce petit jeu qui commençait à s’installer entre eux, aussi étrange que malsain.

« Pour que ma soirée soit abominable, il faudra que monsieur est du répondant. »
« En aurai-je manqué jusque là ? »
« Pour l’instant, c’est satisfaisant » sourie t-elle, bien qu’elle trouvait cela tout à fait charmant. Un peu à côté de la plaque sans doute pour aimer qu’on arrive toujours à redire durant ses joutes verbales. Au moins elle ne s’ennuyait pas.

« …et si c’est moi qui te possède à la fin du repas comment le prendras tu ? Tu as pensée à cette éventualité Joleene ?»
« J’aurais tendance à dire par derrière… »

Murmura t-elle très rapidement, un large sourire sournois se dessinant sur ce visage, comme ce n’était qu’une blague, et qu’elle saisissait pourtant tout l’enjeu des paroles de Lester. Elle glissa ses yeux sur le serveur qui n’arrivait pas, et reposa à nouveau ses yeux couleur de rivière sur le Lord. Un sourire plus fin et plus large se dessina sur son visage, alors qu’elle passait le bout de son index sur le contour de son verre, un air auto-suffisant très clair sur son minois de brunette.

« Jusqu’à maintenant, personne ne m’a jamais possédée. Je n’ai pas peur, même s’il est fort probable que ça n’arrive jamais, Lester. Les Black ne se font pas possédées. Tu devrais le savoir. »

Elle a un sourire orgueilleux. Son nom, elle ne s’en sert jamais, mais il est si facile finalement d’en faire un étendard et d’en être fière quand il s’agit des sentiments amoureux. Joleene est honnête. Elle n’aime pas, et n’aimera jamais. Elle se l’est jurée.

« J’aurais tendance à dire par derrière…
- Comme ça c’est dit, fit-il au bout d’un sourire amusé.

Il en fallait quand même un petit peu plus que ça pour le choquer. Sachant que de toute manière Joleene avait adopté ce genre d’attitude plus ou moins dès le départ. Il détailla son sourire d’allumeuse chafouine avec amusement. Il fallait dire qu’il avait du mal à la prendre au sérieux pour le moment même s’il ne doutait pas que pour venir s’asseoir deux fois à sa table elle devait véritablement en vouloir pour ne pas être vulgaire. Elle s’était sans doute posé un genre de défi ce qui n’avait rien de vraiment malsain en soi.

« Jusqu’à maintenant, personne ne m’a jamais possédée. Je n’ai pas peur, même s’il est fort probable que ça n’arrive jamais, Lester. Les Black ne se font pas possédées. Tu devrais le savoir.
- Et toi tu devrais savoir que jusqu’à maintenant même Azkaban elle-même n’a pas su m’avoir éternellement. Je ne suis pas un chat qui feule montre les griffe et finira par venir ronronner sur tes genoux Joleene. Je suis un criminel, cannibale de surcroît tu l’as bien souligner toi même tout à l’heure. Ca ne possède pas ce genre bête.»

C’était dit sans une once de reproche bien qu’il y avait quelque chose de l’avertissement dans le ton sérieux de sa voix. Il porta son verre à ses lèvres et reprit :

« En fait je conçois difficilement que tu puisses m’avoir si moi je ne t’ai pas en retour. C’est exactement ce qui me faisait douter hier de l’aboutissement de tes projets me concernant. Il y a comme un monde entre nos desideratas et c’est bien normal cela dit. Pour l’instant nous partageons surtout l’illusion de trouver une forme d’entente où nous serions tous les deux satisfaits. »

Le choix des mots n’était pas anodin. Il y avait quelque chose en jeu dans leur conversation. Quelque chose qui pesa si lourd sur les épaules du serveur qu’il posa les assiettes devant eux et disparu dans un couinement qui devait être une autre formule de convenance du genre, bon appétit.

« Et toi tu devrais savoir que jusqu’à maintenant même Azkaban elle-même n’a pas su m’avoir éternellement. Je ne suis pas un chat qui feule montre les griffe et finira par venir ronronner sur tes genoux Joleene. Je suis un criminel, cannibale de surcroît tu l’as bien souligner toi même tout à l’heure. Ca ne possède pas ce genre bête. »
« J’en fais mon quart d’heure. »

Elle le fixait, toujours avec cet air suffisant à elle-même. Elle n’était pas condescendante. Elle supposait bien qu’à son âge, Lester avait autre chose à faire ou même penser que d’avoir à s’illustrer devant elle et étaler son âge et son expérience. Elle le sentait dans son aura ; il était important, imposant. Le charisme sans doute qui pesait sur elle. Elle avait besoin de se surestimer finalement, pour ne pas rester la petite gamine courrant après le vide. Il fallait qu’elle n’ait pas peur et qu’elle affronte son dragon à mains nus. Elle pouvait le faire, elle le sentait.

« En fait je conçois difficilement que tu puisses m’avoir si moi je ne t’ai pas en retour. C’est exactement ce qui me faisait douter hier de l’aboutissement de tes projets me concernant. Il y a comme un monde entre nos desideratas et c’est bien normal cela dit. Pour l’instant nous partageons surtout l’illusion de trouver une forme d’entente où nous serions tous les deux satisfaits. »

Elle pinça les lèvres, sentant que si ça continuait, le repas tournerait court. Ce n’était pas dans son intérêt. Elle détourna les yeux de Lester pour les poser sur le serveur qui couina en partant, et regarda son assiette ensuite. Que faire ? Joy lui aurait sas doute de se lever te de mettre nue, en soulignant bien que c’était tout ce qu’il allait rater, mais très clairement, Joy n’avait pas réussi à assurer sa propre vie, alors celle de sa fille… Joleene reprit, d’une voix plus sérieuse cette fois-ci. Lester ne semblait pas vouloir rire après tout.

« Je ne reste jamais longtemps en place. Ça serait à la fois cruel et suicidaire de te faire miroiter une quelconque fidélité, quand mon passe-temps c’est encore de briser les couples. Je déteste l’amour, je déteste les mariages, et je déteste encore plus les enfants. Tout ça me répugne au plus haut point. Mais si tu te sens l’âme d’un héros, je t’en prie, je suis toute à toi. » Elle le fixa, se rappela de ce que Jack lui avait dit cent fois. Prudence n’était cependant pas mère de sûreté chez Joleene. « Si tu crois avoir de quoi me retenir. »

Elle hocha la tête, l’air calme, alors que du bout de la fourchette elle prenait un bout de saumon et le portait à ses lèvres, un sourire tout à fait calme sur les lèvres. Elle était sérieuse. Diablement sérieuse.

« Je ne reste jamais longtemps en place. Ça serait à la fois cruel et suicidaire de te faire miroiter une quelconque fidélité, quand mon passe-temps c’est encore de briser les couples. Je déteste l’amour, je déteste les mariages, et je déteste encore plus les enfants. Tout ça me répugne au plus haut point. Mais si tu te sens l’âme d’un héros, je t’en prie, je suis toute à toi. »

Il eut un petit sourire en coin. Si la tapisserie familiale s’était projetée beaucoup plus loin que lui, Lester n’avait aucune véritable raison de prendre mal l’élan d’honnêteté de Joleene Black. Quelque part, cela simplifiait pour beaucoup les choses. A partir de là, s’il se passait quelque chose il était fort probable que ce soit sous l’impulsion de Lester en supposant qu’il passe outre cette question d’âge. L’idée n’étant pas de ressortir avec une plus piètre opinion de lui même que ce qu’il avait déjà.

« Si tu crois avoir de quoi me retenir. »
« Si l’envie me prendre de vouloir te retenir Joleene. »

Et ça, ça n’était pas acquis non plus. Cependant pour ne pas trop malmener l’orgueil de la jeune femme il se sentit d’ajouter :

« Je suis un solitaire. Et jusque là, aucune femme n’a jamais su me retenir non plus. Je finis toujours par me lasser d’elles, souvent même trop vite sans avoir ne serait-ce que le temps de m’attacher. Mais à leur décharge je ne suis pas non plus un homme facile. »

Facile dans tous les sens du terme.

« Si l’envie me prendre de vouloir te retenir Joleene. »
« Tu marques un point. »

Elle eut un sourire en coin, et baissa les yeux sur son assiette. Soit, elle aurait du s’en douter. Si généralement personne ne résistait à cette phrase, Lester n’avait sans doute pas assez d’orgueil et une âme de combattant pour venir se disputer la belle. Elle se rappela de son père, et en conclut que finalement, tous les hommes étaient les mêmes. Que Lester aille au diable. Elle avala sa bouchée, un poil vexée. Après tout, on avait pas appris à la jeune fille à être modeste, et encore moins à se la fermer.

« Je suis un solitaire. Et jusque là, aucune femme n’a jamais su me retenir non plus. Je finis toujours par me lasser d’elles, souvent même trop vite sans avoir ne serait-ce que le temps de m’attacher. Mais à leur décharge je ne suis pas non plus un homme facile. »

Elle l’observa, avala sa bouchée à nouveau, et eut finalement un sourire, haussant les épaules d’un air désinvolte.

« C’est parce que tu ne m’avais jamais rencontrée. »

Une pointe d’orgueil sans doute, mais après qu’il ait mis à mal ce dernier, il fallait bien redorer un peu son ego, qui avait l’habitude d’être lécher plutôt que botter. Elle prit une gorge bouchée, dégustant le fondant du saumon sur sa langue, l’air sage des enfants qui ont compris. Elle n’allait pas rétorquer. Il fallait qu’elle réfléchisse à quoi, et comment. Un nouveau plan germa dans son esprit, alors elle releva le nez, l’air du renard, la ruse brillant dans ses yeux de vipère.

« Et puis, tu ne peux pas dire non vu que tu n’as pas essayé Lester. S’il faut, tu passes à côté de la chance de ta vie ! ça serait tout de même bête. »

Large sourire, la gamine se défendait avec ses armes. Elle ne voulait pas jouer comme elle jouait avec les autres, à onduler ses hanches, rouler des machines pour pouvoir attirer l’attention. Le jeu avec Lester était tout à fait différent, mais bien plus intéressant, et avoir le cœur de Lester Grey quand aucune autre femme ou fille n’y était arrivé, c’était encore sourire avec cette face hautaine et sournoise qu’elle avait de temps à autre. C’était s’imposer.

« C’est parce que tu ne m’avais jamais rencontrée.
- Sans nul doute, répondit-il toujours souriant.»

Son but n’était pas de la casser à tout bout de champs. Il fallait simplement qu’elle comprenne qu’il ne pouvait devenir son jouet. Qu’il ne pouvait pas rester indéfiniment de marbre devant ses tentatives audacieuses certes mais que néanmoins il y avait une limite imposée à ne pas franchir.

« Et puis, tu ne peux pas dire non vu que tu n’as pas essayé Lester. S’il faut, tu passes à côté de la chance de ta vie ! ça serait tout de même bête. »
« Ce n’est pas à mon âge que l’on passe à côté de la chance de sa vie Joleene. Nous savons tous les deux que ce ne serait qu’une aventure sans lendemain mais soit… il suffirait que je range un instant mon orgueil de vieux con et que je décide d’embrasser à ton opinion concernant la différence d’âge. Pour le reste je n’aurais finalement aucun scrupule à t’allonger et à te posséder de toutes les manières que tu voudras tu es tout à fait mon type de femme… »

La différence d’âge exceptée ben sûr. Il annonçait cela le plus naturellement du monde en dégustant son saumon comme si finalement ça n’avait pas de réelle importance. Mais en vérité…

« Il suffirait de le faire et de voir si ça nous laisserez beaucoup de soirées à passer tous les deux »
Son ton était resté sérieux parce que quelque part, s’il était venu à son rendez-vous c’était plus sans doute pour cet étrange moment de tendresse qu’ils avaient eu et qui n’en n’était pas tout à fait un finalement. Cette Joleene qui posait sa tête sur son épaule de solitaire en lui prêtant un peu de sa solitude à elle finalement.

« Ce n’est pas à mon âge que l’on passe à côté de la chance de sa vie Joleene. Nous savons tous les deux que ce ne serait qu’une aventure sans lendemain mais soit… il suffirait que je range un instant mon orgueil de vieux con et que je décide d’embrasser à ton opinion concernant la différence d’âge. Pour le reste je n’aurais finalement aucun scrupule à t’allonger et à te posséder de toutes les manières que tu voudras tu es tout à fait mon type de femme… »
« C’est tout ce que je demande pour l’instant. »

Elle avait un sourire calme. Après tout, elle ne se cachait pas de ses aventures, et si sa réputation était toute acquise, s’appeler Black lui donnait un bon argument quant au niveau de son éducation. Elle avala son saumon, l’air calme et posé, ses yeux de vipère se fixant à nouveau sur lui, amusée et chafouin. Ce moment fut cependant vite avorté. Lles yeux couleur vert gallois cessèrent de bouger.
« Il suffirait de le faire et de voir si ça nous laisserez beaucoup de soirées à passer tous les deux »

Elle en perdit son sourire. Devant Lester Grey, Joleene resta bête. C’était peut-être la première fois de sa vie qu’elle avait osé sortir une bourde pareille, et lui, il la lui ressortait. Ça n’avait été qu’un moment de faiblesse, infime. Elle pinça les lèvres.

« Je reviens. »

Un sourire s’accrocha sur ses lèvres, bien évidemment faux, et elle se leva de table se dirigeant vers les toilettes. Elle poussa la porte sans un mot et alla s’adosser au dessus d’un évier, se regardant dans le miroir. Le miroir lui renvoyait son image, parfait et intacte, celui d’une fille de vingt trois ans qui avait tout pour réussir. Et qui était en rendez-vous avec Lester…En rendez-vous. Le mot sonnait faux. Elle baissa les yeux, fronça les sourcils en se maudissant cent fois de cette instant de faiblesse qui ce soir lui coûtait plus qu’elle n’aurait voulu. Elle aurait aimé mentir, dire que tout allait pour le mieux, mais c’était tout à fait faux. Elle se passa un peu d’eau sur les joues, évitant au noir de ses yeux de coulaient avec les quelques gouttes d’eau qui mouillaient à présent ses joues. Elle regarda à nouveau son reflet et se mordit l’intérieur de la lèvre pour ne pas le cogner du poing tellement elle était furieuse. Tendresse. Ce mot lui était insupportable, mais c’était bien le mieux qui allait à la mésaventure de la dernière fois. Elle avait posé sa joue sur son épaule, ronronnant comme un chaton. Idiote !
Elle essuya ses joues avec le revers de ses mains et se redressa. Joleene V Black. Joleene V Black. Joleene V Black. C’était ce que répétait sa conscience à l’intérieure d’elle. Une nuit. C’était tout ce qu’elle pouvait lui consacrer. Une nuit de trop, elle le savait, mais une nuit tout de même. Quitte à se faire mal, quitte à en être frustrée, elle ne reviendrait pas, parce que Lester Grey n’avait aucun droit d’être le bon. Parce qu’elle était seule, parce qu’elle devait être seule. Au delà de Mercutio et Caym – qui eux deux avaient trouvé intéressant de développer une vie affective – elle serait la dernière, l’unique, la seule. L’insaisissable. Si elle partait la première, il ne la laisserait pas derrière, pas comme toutes ses autres filles. Elle gonfla la poitrine, cherchant à calmer les cent questions qui venaient assaillir son crâne. Elle était seule, et elle tiendrait. Juré.

Elle sortit des toilettes peu de temps après y être entrer. Ses mains étaient glacés par l’eau, et elle se rapprocha de Lester pour finalement s’asseoir en face de lui. Tous les deux avaient fini leur assiette. Elle n’osait plus ouvrir la bouche, pas pour avoir la voix tremblante devant lui. Pas question. Tous les deux… Que c’était niais. Elle affichait un sourire terrible, moqueur et chafouin, éternellement rusée. Ses yeux disaient clairement : on y va ?

Tout pendant qu’elle s’absentait, Lester jugea bon de régler l’addition, anticipant que leur rendez-vous tournerez court sur cette insinuation un peu assassine qu’il venait de faire. Il n’y pouvait rien. Ou plutôt il serait responsable de tout mais ce n’était pas pour autant qu’il déviait de son idée première. Lorsqu’elle revint s’asseoir, le darder du regard il proposa de la raccompagner de la même façon qu’il l’avait fait la veille.

L’envie était pourtant bien présente de respirer le parfum de ses cheveux, de glisser ses doigts sur sa peau mais ce qui le gênait c’était l’éventualité que faire ça ç’aurait pu être procéder à l’avortement de quelque chose de plus sympa qu’une vulgaire coucherie entre eux deux. D’un autre côté elle avait clairement dit depuis le départ qu’elle ne cherchait rien de plus.

« J’apprécie vraiment ta compagnie Joleene…, fit-il en voyant finalement l’ombre de la demeure Black se profiler au loin devant eux.

Il s’arrêta devant elle, ses yeux azur plongèrent dans les prunelles vipérines de la jeune femme comme pour lui laisser le temps de la réflexion. Une dernière fois avant que tout ne foire car ainsi qu’il voyait les choses, s’ils franchissaient ce pas là ce soir, il n’y en aurait plus d’autres et il avait fort peu de chance qu’ils aient d’autres conversations aussi divertissantes et agréables que celles qu’ils avaient pu avoir jusque là.

- Tu es sûre de savoir ce que tu veux mh ? »

Il avança la main vers son visage de petite amazone froissée, dégageant une mèche de cheveux bruns avec la même douceur qu’il avait pu avoir la veille. Son regard pénétrant tombait sur ce petit bout de femme qu’il avait envie de briser entre ses bras juste pour une nuit et tout à la fois d’épargner et de préserver. Paradoxalement dérangeant en soi mais il lui laisser encore ce choix là sachant que de toute façon il tournerait les talons à un moment ou un autre. Seule l’échéance variait véritablement.

Elle marchait à côté de lui. Cette fois-ci pourtant, elle se tenait un peu à l’écart, comme pour ne pas être justement trop proche de lui. Une cigarette aux lèvres durant les premières minutes, pour calmer sans doute son cœur qui lui disait de tout arrêter là et de partir en courrant, elle suivant le tracé que Lester imposait, docile pour une rare fois de sa vie. Elle réfléchissait, pensive et perdue dans la nuit. Sa veste ne ressemblait à rien, et les mains dedans, elle repensait un peu à toute sa vie. Vingt-trois ans, c’était encore jeune, mais plus vraiment. Fallait-il arriver à cinquante ans pour se retourner te de dire qu’on aurait pu mieux faire du passé ? Mercutio le disait, l’amour n’était rien, ce n’était qu’un fantasme de petite fille et de petit garçon, et on finissait tous déçu. Joleene ne voulait pas être déçue, surtout pas maintenant qu’elle était vraiment seule. Ses frères avaient des amies, Mercutio et Caym fanfaronnaient autour de leurs élus, et elle, elle traînait encore dans les bars, affichant un air maussade.

Elle avait ressentit quelque chose ce soir-là, collée contre lui, mais… mais si ce n’était pas ça ? Si tout ça n’était qu’une vulgaire illusion ?Elle baissa les yeux, puis les releva, son visage doucement caressait par la bise du soir. Elle se mordit l’intérieur de la lèvre en y pensant. Lester Grey… Elle reposa ses yeux sur son profil mais détourna plus rapidement que d’habitude son regard, rentrant la tête dans les épaules, les joues un peu rouges. C’était ridicule. Lester l’avait dit lui-même, il n’appartenait à personne, elle n’avait aucune chance. Une gamine à ses yeux, sans doute. Elle ravala sa salive, en regardant le Manoir Black se découpaient au loin.

« J’apprécie vraiment ta compagnie Joleene… »

Elle posa ses yeux sur lui, ses iris vert vipère le dardèrent, affrontant l’azur de ses prunelles. Lester avait cette intensité dans le regard et c’en était pratiquement insoutenable en réalité d’avoir à le regarder de la sorte. Si quelques jours auparavant elle prenait la rencontre pour un jeu, aujourd’hui elle se rendait compte que les jours creusant l’envie, elle se retrouvait à quémander, elle qui n’avait jamais fait cela, pas aussi intensément tout du moins. Ses doigts se serrèrent machinalement dans ses poches et elle baissa doucement les yeux, les joues un peu plus rouges. A la lueur de la lune, seul à seul, les choses étaient bien différentes. Elle retrouvait cette tendresse sans en frémir, et c’est tout naturellement qu’elle se laissait aller.

« Tu es sûre de savoir ce que tu veux mh ? »

Elle ferma à moitié les yeux, laissant le soin à Lester de remettre sa mèche de cheveux en place. Elle eut un petit sourire mal à l’aise. La Demeure Black n’était pas le meilleur endroit de toute façon pour coucher. Ses cousines et ses tantes y étant… Elle se mordit l’intérieur de la lèvre et se rapprocha d’un seul petit pas, se collant doucement contre lui. Du haut de ses talons, elle le fixa et baissa les yeux, effleurant ses lèvres sans le remarquer.

« Si ce n’est pas ce soir, ça ne sera jamais Lester. » Elle releva les yeux, ses iris si proches des yeux d’azur du criminel. « Toi et moi, nous sommes des amis de la solitude. Ce genre de jeu ne durera qu’un instant. »

Elle n’était pas dupe. Ou tout du moins, elle ne voulait pas l’être, elle ne voulait pas de faux espoirs en commençant à se demander si oui ou non il était le « possible », parce que ça n’existait pas. Mercutio l’avait dit, Caym aussi, et si les deux avaient trouvaient leur s élus, ils se rendraient vite compte que ça aussi, ça ne dure qu’un instant. A la première dispute ils reviendront, et ils pleureront, mais elle, elle restera intacte.

« Nous devrions le faire avant que tu te lasses de moi, avant que je ne commence à te détester.. »

Elle eut un sourire calme et sérieux. De la fille dans le restaurant, il ne restait que l’enveloppe douce d’un ange noir et sombre, un soleil abyssale, répandant sa chaleur en souffle chaud sur les lèvres de Lester sans oser l’embrasser. Elle le fixait, en attente, perchée là, tout près. Elle ne l’aimait pas, elle en était sûr ; tout ça, ce n’était que du désir. Juste du désir.

« Si ce n’est pas ce soir, ça ne sera jamais Lester. Toi et moi, nous sommes des amis de la solitude. Ce genre de jeu ne durera qu’un instant. »
« C’est sagement parlé… »

Sa main refait doucement le contour de du visage de la jolie jeune femme qu’il s’apprête à faucher et quelque part c’est un peu regrettable, du moins c’est l’effet que ça lui fait. Dans le fond ses paroles sont tout simplement criantes de vérité.

« Nous devrions le faire avant que tu te lasses de moi, avant que je ne commence à te détester.. »
« Tu me détestes déjà…, souffle-t-il alors que sa main se glisse à la base de sa nuque pour l’attirer contre lui sans qu’elle puisse lui refuser ce baiser.

Il est n’est pas doux il est fougueux comme il l’a toujours été avec les femmes. Il la dévore comme un soleil noir qui l’est et qui ne va rien laisser sur son passage mais bien sûr il a suffisamment d’estime et d’amitié quelque part pour ne pas la déposséder de tout là, dans la rue, juste devant la maison qui l’a vu naître. Il transplane sans quitter sa bouche un instant et d’après c’est contre le mur d’un appartement tout ce qu’il y a de plus clean qu’il la capture à nouveau.

Il ne fait pas l’amour comme un jeune homme qui ne sait pas se contenir, ni non plus comme un vieux con qui a du mal à conclure. En fait il le fait comme personne non pas pire ni mieux que les autres mais simplement comme Lester Avalon Grey. Peut-être que dans cette façon qu’il a de dominer, de dévêtir l’une de ses épaules sans même ménager le t-shirt de la demoiselle il lui fera peur et lui rappellera quelque part pourquoi on lui a collé l’étiquette de cannibale. Lui ne pense pas à ça pour l’instant. Ses lèvres capturent l’ovale de son visage, sa gorge de cygne comme un prédateur qui menace d’y chercher la jugulaire et quand une main déchire un pan de tissus qui dérange, l’autre se pose sur cette petite gorge et la maintient en quelque sorte la proie de son propre corps acculée au mur.

« Tu me détestes déjà… » Elle le fixa, mais ne répondit pas. Un sourire moqueur se dessina sur sa bouche, comme elle retrouvait sa substance. Elle n’allait pas pleurer pour lui, ni pour aucun autre mâle. Elle le détestait, oui, mais autant qu’elle savait, elle aurait refusé d’embrasser quelqu’un qu’elle détestait vraiment.

C’est tout naturellement qu’elle se laissa faire, ses doigts venant s’agripper à la veste de Lester, se collant à lui comme il l’embrassait fougueusement et qu’elle lui rendait son baiser. Les amours de Joleene n’étaient pas tendres, parce que comme Lester, il ne passerait jamais qu’une seule fois dans son lit, et que pour cette raison, il fallait toujours être plus ou moins bestial, pour bien aimer Joleene. Un crac se fit entendre, mais elle ne le capta qu’à peine, trop occupée à tirer sur le bas du t-shirt de Lester comme il l’embrassait toujours. Elle rouvrit les yeux sur un appartement, mais ce n’est pas la chose qu’elle vu tout d’abord. Elle remarqua davantage Lester qui était là, collé à elle, et elle sentait le mur froid dans son dos, contre lequel il la pressait. Elle se mordit la lèvre pour ne pas soupirer, écoutant sagement le son de sa voix, le rythme de sa respiration. Le déchirement de son t-shirt. Elle offrit elle-même sa gorge, bien qu’il la maintenait, n’ayant pas peur qu’il y croque. Si vraiment il avait eut à la tuer, il l’aurait sans doute fait quand elle avait été ivre, et quand bien même il lui déchirerait la jugulaire, elle n’en ferait rien, car ça serait trop tard.

Elle passa finalement ses mains sous le t-shirt de Lester, ses longs doigts agiles et fins glissant sur sa peau, griffant cette dernière pour finalement redescendre sur ses flancs et se posaient sur sa ceinture, le défaisant à la va vite. Se brûler les ailes ce soir, se brûler tout court en sentant la bouche de Lester sur sa peau. La jeune fille ferma les yeux en rougissant bêtement. Qu’il soit bestiale, qu’il morde son épaule s’il voulait. Qu’il laisse ses marques, parce que même si ça n’avait pas commencé, tout était déjà fini.

Tout pendant qu’elle osait glisser ses doigts sous son t-shirt, les mains de Lester se posèrent sur ses hanches sans plus prévenir de rien la soulevèrent. Il n’était pas une ghoule pour la dévorer vivante mais il avait l’air d’une ombre qui, le temps d’un instant s’apprêtait à l’engloutir toute entière. La débarrassant de son haut déjà bien mal en point de toute façon, il maintenait ses reins entre ses mains tandis qu’il dégageait les boutons de son jean avec sa bouche, caressant longuement une ligne imaginaire sur son ventre du bout de son nez et repassant derrière cette caresse aussi douce que menaçante avec une bouche avide d’elle. Bientôt c’est dans le galbe de ses seins qu’il souffle alors que son jean tombe sur ses cheville dans un bruissement caractéristique. Il la décolle du mur et sans jamais cesser de la dévorer l’emmène vers le lit. Ses lèvres capturent les siennes et livrent presque bataille dans un autre baiser fougueux mais pas seulement… mais il ne pense pas à cet instant. Il s’est laisser le temps de la réflexion avant ce moment là, il n’est plus temps maintenant que d’aller vers la suite logique des évènements.

Elle reste fascinée par lui, et c’est ainsi qu’elle s’offre, se laisse faire, amazone docile entre ses lèvres, promettant cependant d’être plus active une fois tous les deux nus. Ses mains glissent sur sa peau, le caresse, le comprenne, l’appréhende. Elle découvre sous son épiderme le corps de Lester, fin mais musclé, ses épaules fortes et ses mains qui la soulèvent comme si elle n’était qu’une plume. Elle se laisse entièrement faire, perd ses habits un à un mais ceux sont autant de détails qui ne comptent pas pour elle. Elle creuse le ventre en sentant le souffle chaud du Lord sur son aine, qui remonte lentement. Elle est là, les cheveux en bataille, formant une crinière brune marbré de bronze, un halo sombre autour d’un planète noire. Joleene se laisse déposséder, et elle ne rétorque rien. Elle se laisse mener, elle qui pourtant mène si bien, et réponds aux baisers qu’il lui offre, de tout son cœur. Elle embrasse ainsi pour la première fois, tenant entre ses mains le visage chéri qui la dévore. Elle ondule des hanches contre lui, cherchant ses lèvres quand elle lui échappe. Son corps est chaud, brûlant sous le toucher de Lester. Un simple soutient-gorge noir et une culotte tiennent encore le chemin barré, elle qui regarde avidement Lester, en demandant toujours plus, silencieusement, en des regards langoureux. Un premier soupire lui échappe quand le baiser se fait plus langoureux, et elle ronronne comme un chat, cherchant la caresse de ses mains sur elle, et la fougue de sa bouche.

Plus elle semble demander et plus Lester semble avoir à donner. Son cors sous le sien ondoie en une caresse suave et chaude comme un feu intérieur. Un bref instant leurs regard se rencontrent, il embrasse avec plus de tendresse et pourtant plus intensément. C’est étrange comme un interdit que l’on franchit en connaissance de cause. Sa main s’arrête sur le rebondi doux de sa joue, la caresse du pouce et l’instant s’envole dans un coup d’éclat fougueux.

Il ne souffrira pas longtemps que les sous-vêtements le narguent alors il s’en débarrasse comme il s’est débarrassé du reste. Son souffle plus court et fort et brûlant contre la gorge de Joleene qui le regarde de ses yeux de vipère. Elle est magnifique et c’est une pitié de la perdre ainsi. Lentement, il se défait de son caleçon, ses mains remontent le long de son corps, puis le long de ses bras qu’il étend sur les oreillers jusqu’à lui tenir les poignets. Son regard se ferait presque espiègle s’il n’avait eu cette aura de noirceur autour de lui.

Alors il la taquine, les bassins se rapprochant dans un doux simili de va et viens.