Comme tous les soirs, pour échapper à la cohue Black, à cette masse étrange et bruyante, Joleene fuyait. D’abord dans les rues, sombres et humides, où elle apparaissait comme une vipère aux yeux des étrangers, insaisissable, belle, fatale. Derrière ses longs cils noirs, ses yeux vert couleur écaille de serpent brillaient comme deux lunes frigides et sombres. Joleene avait cet air médisant des Black, cet air hautain et supérieur qui ne mettait jamais à l’aise les plus faibles, et donnait de l’intérêt aux plus forts. Comme un soleil noir perdu dans une autre galaxie, Joleene errait, là sans vraiment l’être, source intarissable de cruauté et de froideur, pour un ange rebelle, ou déchu – au choix. Ce soir-là n’échappait pas à la règle. Perchée sur ses talons, armes des femmes comme le sont les cannons chez les hommes, la démarche féline et fière, ses cheveux étaient balayés par la bise fraîche du soir. La lune ne semblait éclairée qu’elle, affichant sa peau douce, et son air blafard. Elle poussa d’une main assurée la porte du bar, qu’elle avait franchi cent fois cette année, accompagnée ou non, et avança d’un air las entre les badauds. Le bruit du manoir ne lui manquait pas, et si cet endroit était pourtant bruyant, il n’était rien comparé à ses tantes hurlant à travers les nombreux salons. Ce soir, chez les Black, c’était réception, mais on y verrait pas Joleene, parce que la vipère avait fuit le terrier, à la recherche d’un endroit chaud pour la soirée. N’importe quel lit ferait l’affaire, pourvu qu’il est un sang pur et de l’argent à dépenser.

Elle se posa sur la chaise, bailla, et commanda un whisky. Boisson d’homme ? Soit. Joleene n’avait de féminin que les courbes. L’instinct maternel, la douceur, la sensibilité – tout ça, elle avait oublié. Les émois du premier amour lui avaient laissé la parfaite image de la réalité : l’amour n’existait pas, ce n’était qu’une chose que l’on faisait, rien de vraiment sérieux, juste des mots. Et les mots, Joleene maîtrisait comme n’importe quelle vipère.

Elle posa ses yeux sur le verre qui glissait jusqu’à elle et sortit un gallion, qu’elle posa sur le comptoir, hochant la tête pour dire merci, et le prit entre ses doigts agiles et fins. Calme et froide, comme une reine de Russie, elle but une gorgée à peine du breuvage qu’un homme se posa à sa droite. Elle ne fit pas attention, reposa sur le comptoir de bois le verre presque plein. Son regard fixe et droit parcourait les verres et les bouteilles alignées derrière la petite rousse (Harper, si elle avait bien retenu), et se fixa sur une bouteille en particulier. La voix s’éleva sur la droite : « Si je vous dis que je me suis fais la femme du ministre… ! » Le regard de Joleene cilla, et glissa sur le groupe d’hommes qui parlaient. Ils étaient cinq, pas très beaux pour la plus part, d’un âge mûre comme elle aimait, et tous bruns, si ce n’est un. Elle pinça les lèvres, détourna la tête en tendant l’oreille. « Mais si ! Je vous jure ! C’était Judith Blake ! » Joleene roula des yeux, avec un air franchement dépité. C’était ridicule. Judith ne coucherait pas avec un autre alors que le monde britannique avait le regard tourné sur eux. C’était un peu comme… jouer sa propre mort. Elle soupira bruyamment, attirant le regard des hommes. Par expérience, Judith avait tout à fait l’audace de le faire, mais les rumeurs, il fallait les taire. Les Black n’étaient pas des salopes, mais des amazones. Et les amazones ne se laissent jamais dévorer par les hommes, mais leur font l’honneur de.

Joleene haussa un sourcil, cet air hautain sur le visage, incrusté là, avec la noblesse de son sang et de son rang : « Judith Black ne se fait pas trousser par les pourceaux et les basses classes. Elle a trop d’amour propre pour ça. »
Les quatre compères de se mirent à rire de leur ami qui vira blanc, puis rouge. Vexé. Soit. Joleene n’en démordrait de toute façon pas. Elle n’avait pas fuit la réception de nobles pour subir les histoires de sa tante Judith à tout bout de champs. Plutôt crever dans un whisky ! avec deux glaçons. « Et toi, tu es… ? » Joleene eut un sourire torve, qui annonce une fin catastrophique, et tendit sa main. Là, la chevalière avec un large ‘B’ prouvait ce qu’elle avancerait. « Joleene Black, fille de Joy. Judith est ma tante. » Un instant de silence s’imposa. Yon Winchester avait été clair. Et puis, Aidev Blake n’était pas un si mauvais partit. En somme, rien n’aurait jamais poussé Judith à se vautrer dans son lit. L’homme ouvrit la bouche sur le moment, puis se ravisa. Devant lui, il avait une des personnes les plus proches du Gouvernement. Il n’avait aucun intérêt à se faire remarquer. Il marmonna, grimaça, et tourna les talons pour finalement sortir. Joleene l’observa, puis reprit une gorgée sans un mot. L’air fatiguée, elle en commanda un second sans avoir fini le premier.

Elle releva les yeux quand Harper posa le verre devant elle, et ses yeux se tournèrent lentement sur le côté gauche. Dans un coin de la pièce, quelqu’un. Elle eut un sourire vague, puis un franc sourire en le détaillant. Cheveux noir corbeau, yeux bleus, et tatouages. Il ne pouvait n’y avoir aucun doute. La jeune fille détourna la tête, souriant pour elle-même, et termina son premier verre d’une traite, assurée, sans ciller. Elle passa sa main dans ses cheveux, remettant une mèche à leur place, et ses yeux vert se reposèrent sur lui, prudemment, pour ne pas croiser les siens. Elle se mordit l’intérieur de la joue. Il n’a pas l’air si vieux que ça, souffla son désir, prenant le pas sur sa raison. Elle soupira à nouveau. Elle qui s’était jurée de pas chasser ce soir, c’était mal partit. Très mal partit.

feat. Lord Lester Grey.

Lord Lester Grey n’était pas homme à sortir souvent. On le connaissait casanier depuis sa sortie d’Azkaban. Plus lugubre que jamais mais surtout, chacun s’accordait à dire que c’était un homme malsain qu’il valait mieux laisser à sa solitude. Même parmi les mages noirs, et pour trop bien savoir ce dont il avait pu être capable par le passé, on évitait scrupuleusement une telle compagnie. Bien loin de s’en froisser, le mangemort s’en satisfaisait plus que bien. Il pouvait passer de longues journées à lire dans l’immense demeure familiale, si terriblement silencieuse que l’on pouvait avoir l’impression que le bruit étouffé de ses propres pas sur la vieille moquette vert de gris élimée par endroit, n’était rien d’autre que le mauvais présage de la mort elle-même qui rôdait dans votre ombre.
Peu de gens se risquaient jusqu’à l’immense portail noir mangé par la rouille et pour ceux qui l’osaient, la crâne blanchi d’un dragon empalé sur l’épée de Brivael Grey suffisait comme avertissement. On ne venait pas rendre visite à la maudite famille Grey.
Et puis d’ailleurs, il n’y avait plus que lui ici. Lui et quelques dizaines de tombes ornées de noms autrefois glorieux. Certains soirs, Cassandre Grey surgissait à l’improviste et ces soirs là justement, Lord Lester Grey quittait son repaire, presque comme un Victor Hugo éventrant son propre tombeau pour échapper à l’insupportable babillage de cette folle qui refermait la lignée Grey de la façon la plus pitoyable, certes, mais aussi la plus remarquable.

Ainsi Lester Avalon Grey, dans une de ces vestes de cuir démodé qu’on ne s’imagine que chez les ex-taulards, marchait dans les rues de Londres, avec malgré tout une certaine prestance. Une aura de noirceur et de froideur qui attirait le regard et cousait les bouches les plus frivoles. On ne cherchait pas d’embrouille à Lester Grey de peur de voir ressurgir un de ces affreux monstres qui n’existent que dans les contes de fées et les livres d’histoire, celui-là même dont le célèbre compte jusqu’à six avait fait le tour du Royaume-Uni traînant derrière lui autant de la fable que de l’horreur bien réelle.
Mais ce soir, Lester n’était pas parti pour ressortir le refrain qui l’avait entre autres atrocités rendues si célèbre. Il escomptait simplement prendre un verre pour passer le temps en attendant que sa détestable soeurette soit rappelée à Poudlard par ses nouvelles obligations de Directrice. Il se donnait approximativement deux heures soit quelques bonnes rasades de whisky pur feu.

Posément, sachant parfaitement reconnaître cet éclat dans l’œil de la rouquine qui le servit, celui qui disait pourvu que je ne me fasse remarquer ni en bien ni en mal, Lester alla se poser sans prêter la moindre attention aux regards qui le fuyaient ou au contraire s’attachaient plus longuement à sa personne. Il en avait l’habitude. Chez lui il était sans cesse l’homme médiocre, celui qui arrivait toujours le dernier et ce malgré le seul qu’aujourd’hui il était le seul Grey à pouvoir assurer ou non la pérennité d’un nom prestigieux. Il s’en accommodait, bien plus résigné qu’autre fois, c’était sans doute ce qui lui donnait à la fois cet air amer mais désinvolte, un brin négligé qui devait plaire à cette jeune femme là bas au comptoir qui l’avait remarqué. D’un autre côté il gardé le trait racé purement anglais, suffisamment hautain sans vraiment l’être. Celui-là même qui imposait tout de suite le respect si ce n’était peut-être dans sa propre famille.

Une femme croisa son regard. Une blonde. Il n’aimait pas les blondes. Peut-être parce que sa propre mère était blonde. Peut-être tout simplement parce qu’il préférait les brunes et que toutes ses conquêtes d’adolescent avaient été des brunettes. Certains avaient dit que c’était un Œdipe mal placé. Lui en avait ri. Il n’y avait rien à chercher là dedans. Ce n’était qu’une affaire de goût. Intéressant cette façon que les gens ont tendance à tout analyser sous l’angle de la psychologie dès qu’il y a une affaire de mœurs ou de cannibalisme dans le parcours.

Le brouhaha et la chaleur qui régnaient dans ce bar étudiant lui rappelait un temps lointain où lui et quelques autres venaient là tirer des plans sur la comète ou fomenter quelques sales coups qui aujourd’hui lui paraissaient une broutille. Finalement il avait parcouru bien plus de chemin que ce qu’il avait été prévu à l’initial. C’est exactement ce que Lord Lester Grey était en train de se dire, lorsque ses prunelles azur quittèrent l’ambre dansant de son verre pour aller se poser sur une fille qui croyait pouvoir l’observer sans être vue.

C’était en quelque sorte une sorte de sixième sens chez Lester Grey de se savoir observé. Un talent tout droit hérité de ses deux longs (affreusement longs) séjours à Azkaban. Il y avait ceux qui l’observaient en catimini, ou ouvertement et il y avait elle. Quelque chose de tout à fait différent. Une chose avec laquelle Grey n’était pas le moins du monde à l’aise. Pour autant, il décida de jouer carte sur table, ce qui somme toute n’avait rien d’extraordinairement courageux pour un homme qui se savait craint de la plupart des gens.

Lester se laissa aller contre le dossier de son fauteuil. Ses yeux défièrent la gamine (parce qu’il fallait le dire la différence d’âge lui sautait aux yeux à lui). Un sourcil se leva, pas vraiment sévère mais tout de même. Puis il porta à nouveau le verre à ses lèvres sans la quitter du regard. Généralement ce genre d’attitude suffisait amplement à faire fuir les donzelles de basse-cour qui s’imaginaient vivre on ne savait trop quoi d’ailleurs avec un ex-taulard. Lester s’était un matin surpris à retrouver dans sa Gazette quotidienne un échantillon de magazine intitulé « Comment Séduire…n°1 … un ex-Taulard ! ». Il eut un petit rire blasé en y repensant et pendant ce temps là, mine de rien, il avait déjà évaluer la silhouette de Miss Joleene Black, mangemort de son état et donc pas totalement une inconnue.
Lester haussa les épaules, un sourire chafouin sur les lèvres.

« Une môme… , fit-il pour lui même relativement incrédule.
La seule fois où il était passé sur la différence d’âge ça avait été en sortant d’Azkaban après avoir supporté les criaillements de Cassandre pendant plus d’une semaine. Il ne lui avait rien moins fallu qu’un viol sur mineur pour décharger la frustration accumulée. Son unique viol d’ailleurs. Enfin il n’y avait pas de quoi être fier et si ça avait été à refaire il ne l’aurait pas refait..

Pour la discrétion, c’était raté. Elle détourna la tête, avec un air amusé, repoussa vers le bord son verre vide, attrapant son verre plein pour finalement laisser le bout de son index en redessiner le contour, l’air de rien. Elle posa ses yeux de l’autre côté, évalua le nombre de pimbêches qui traînassaient encore hors de chez elle à une telle heure de la nuit, et se retrouva finalement à regarder une blonde, puis une rousse plus loin, et à reposer ses yeux sur son verre. Bon. S’il aimait les blondes, Joleene pouvait aller se rhabiller avec sa tignasse brune, parfois châtain quand le soleil était clément et soulignait le clair de certaines mèches. Elle reposa ses yeux sur lui, comme il haussait les épaules et souriait. Un défi ? Elle pinça les lèvres, puis esquissa un sourire moqueur et amusé, une lueur espiègle s’allumant dans son regard, non pas gamine, mais sérieuse. Joleene avait depuis toujours eut un goût franc pour les hommes mûres. Non pas pour fonder une famille – loin de là – mais parce qu’elle n’avait plus besoin avec eux de jouer à la parfaite fiancée effarouchée et vierge, pure dans sa robe de lin, elle qui passait son temps baguette au poing, mangemort de son état et proche du pouvoir alors. Une amazone. C’était ce que l’on disait d’elle, qu’elle avait revêtit la lance d’Hyppolyte, mais qu’encore aucun Hercule n’avait jamais osé le faire chavirer de son trône à la piétiner. Aucun.

Elle se leva de son siège, attrapa son verre et se dirige vers la table de Lester, ses yeux verts le détaillant, son visage surtout plus que le reste. Tout le reste était secondaire. Comme son frère disait, « les yeux d’un homme ne mentent pas ; le moindre éclat c’est une faille dans la forteresse », et elle avait toujours eut cette faculté féline et odieuse de pouvoir coucher dans son lit quiconque, même les plus têtus, dès la première soirée. Un charme vélane ? Sûrement pas. Son sang était aussi pure que celui du Lord qui s’affichait devant elle, et elle avait une généalogie à faire pâlir tous les diables. Du sang Hemmington, Donovan, Blake ou encore Hatcher, voilà de quoi elle héritait, de quelles sources elle venait. Elle avait sur le visage le hautain de son rang, ce quelque chose très snob quoique britannique, un accent chantant, le désir de se faire respecter, et de quoi s’assurer d’être écouter.

Les hanches fines, roulantes, Joleene avait une démarche naturellement chaleureuse, qui aurait poussé au crime les quelques hommes du bar. Ce n’était pas tant qu’elle était vulgaire, mais qu’elle avait ce quelque chose qui laissait le mâle impuissant devant elle, sans mots. De sa poitrine à ses hanches, elle affichait des formes, pulpeuses sans être généreuses. Sa taille fine ne faisait que souligner ses longues jambes. Son mètre soixante-quinze et ses cinq centimètres de talons lui assuraient une galbe des cuisses parfaites, un quelque chose fuselé qui dynamiser d’autant plus sa longue chute de reins. Un chemisier blanc cachait son haut, retroussait sur ses coudes, laissait encore voir ses poignets fins. Elle ne portait pas de marque des ténèbres, non pas parce qu’elle n’était pas mangemorte, mais parce qu’elle était une femme prudente, et que si elle aimait cette idéologie, elle ne l’admettrait que d’ici vingt ans, avec un gouvernement stable et établi. Une fine chaîne d’argent entourée son cou gracile, un petit pendentif en forme d’éclair pendait sur le haut de sa poitrine, cadeau de son frère Jack quand elle n’avait que cinq ans et que déjà elle voulait tenir une baguette, trépignant devant les émissions de duel à la télévision, fascinée par la force des coups. C’était sans doute ce qui l’avait conduite à Ealdwic, dans la filière de sortilèges par ailleurs. Un jeans noir slim soulignait enfin la galbe parfaite de ses cuisses finement musclées. Joleene Black était une arme de séduction comme toutes les pestes de sa famille, mais elle avait dans le regard un brin d’intelligence et d’espièglerie que toutes les autres n’avaient pas. Contrairement aux Black, elle avait grandi entourée de garçon et en avait tiré le meilleur. La force morale, et un décodage très rapide du moindre de leur cillement. Une arme, donc.

Elle se posa sur la chaise en face de Lester, avec un sourire de chat, retroussé aux extrémités, qui demande mais qui prend sans aucune concession, comme elle avait toujours eut l’habitude de faire : « J’espère que je ne dérange pas. » Ses grands yeux vert couleur vipère se posèrent sur lui, se planta dans ses iris azur, et son sourire s’étira. En effet, Lord Lester Grey ne faisait pas ses cinquante ans, et même au-delà de son âge, il était un homme plutôt séduisant. Cannibale ? Pas très grave. Elle n’aurait qu’à surveiller où Monsieur met sa bouche, n’est-ce pas ? Et puis, le danger a toujours eut un côté plutôt attirant. Elle bu une gorgée de son whisky et le reposa sur la table. Elle ne jouait pas comme les autres gamines. Joleene n’avait juste pas froid aux yeux, et son orgueil faisait qu’elle ne se laissait jamais avoir par les autres. Elle était maîtresse sur le terrain de la séduction. C’était à Lester de se jeter à présent.

« J’espère que je ne dérange pas. »

Lester avait patiemment suivi le manège de la jolie et- il fallait le dire – fraîche Miss Black. Bien loin de se voiler la face, il n’y avait pas à dire, peu de femmes dégageaient ce que dégageaient les femmes de cette famille là. Pour autant, on ne se mariait pas avec une Black. Premièrement parce que ces furies là ne se mariaient pas comme on se marie en prenant le nom de son époux, deuxièmement parce qu’on avait tendance à espérer une descendance mâle pour voir perdurer sa lignée et non pas pour la voir faire la carpette devant une armée d’amazones. Il n’était donc question pour Lester que de toucher avec les yeux, et une fois que ce fut fait, il se confortait dans l’idée d’un petit échange d’inconvenances déguisées qui serait sans doute des plus plaisants.

« L’espoir ne mène guère bien loin avec certaines personnes, mieux vaut être sûr, répondit-il.

Cela avait plutôt le mérite d’être clair. Il avait apprécié cette manière qu’elle avait eu d’y aller au culot avant même qu’ils n’aient rien dit et mieux valait pour elle continuer de jouer carte sur table plutôt que de se lancer dans les banalités habituelles. Bien sûr qu’elle l’avait vu siroter son pur feu avec tout le phlegme de l’homme qui n’a rien à faire d’autre et qui ne cherche rien en particulier sinon le plaisir de l’instant et la caresse sirupeuse de l’alcool et du sucre sur sa langue sans pour autant boire comme un ivrogne d’ailleurs. C’était là tout le paradoxe.

Eut-elle dit de but en blanc j’ai envie de te mettre dans mon lit (quoiqu’à cet instant il ne se l’imaginait pas miroiter ce genre de choses, ni osant pousser jusque là) ; qu’il ne l’aurait pas plus mal pris. Sans doute aurait-il ri de sa crédulité et point.

« Allons au diable les incipits, je n’aime pas vraiment tourner autour du pot ce n’est plus de mon âge » Et par là même en évoquant son âge il signifiait clairement mais aussi avec tout les égards dus que c’était bien tout ce dont il s’agissait entre eux. L’âge. « Tu as quand même un sacré culot Joleene. Mais ça me plait pour être franc. Cela me change… », reconnut-il l’air momentanément pensif. Il eut un sourire en coin, estimant qu’il avait suffisamment douché le sujet de l’attirance mutuelle comme ça pour pouvoir passer à autre chose, « Tu n’es pas vraiment ce genre de fille mh ?, fit-il en désignant la blonde qui se trémousser devant le bar le t-shirt collant de bière, typique de l’étudiante un peu trop alcoolisée de toutes les fins de soirées, alors dis-moi, qu’est-ce que tu viens faire là outre savourer un bon whisky ? »

Inutile de dire que dans leur famille les caves étaient pleines de breuvages bien meilleurs que ceux que l’on trouvaient dans les bras. Donc clairement cela relevait de l’habitude ou de l’envie de quelque chose d’autre…

« L’espoir ne mène guère bien loin avec certaines personnes, mieux vaut être sûr. » Elle le regarda, puis eut un rire, clair et sympathique, avant de reprendr,e du bout des lèvres : « Je n’ai hélas aucune limite à mes espoirs. Il faudra faire avec. » Un sourire chafouin, collé là sur sa face, ses grands yeux de vipère détaillèrent Lester qui s’amusait sans doute aussi, puisqu’il n’affichait pas l’air ennuyai des hommes qui n’ont rien à faire des femmes qui ne les intéressent pas.

Elle posa à nouveau ses lèvres sur le rebord de son verre et en bu une gorgée de plus, le liquide brûla ses lèvres et sa gorge, réveillant en elle l’arrogance de son sang. Joleene posa ses yeux sur les quelques personnes qui entraient dans le bar sur le moment, et reconnu par ailleurs le magistère de sortilèges. Elle détourna les yeux aussitôt qu’il fit quelques pas, et ses grands iris vert se reposèrent sur Lester. Un nouveau sourire naquit. Le jeu commençait, maintenant.

« Allons au diable les incipits, je n’aime pas vraiment tourner autour du pot ce n’est plus de mon âge » Une lueur s’alluma dans le regard de Joleene, plus sérieuse sur le moment qu’avant, et son sourire déjà large s’agrandit sur le moment, enthousiaste à passer à quelque chose de plus sérieux que les dialogues lassants et barbants des quelques peignes-culs sang-purs du coin. Si elle avait à parler de banalité, elle serait aller voir Jeremiah, que ça aurait été moins épuisant, et plus rapide, ce gamin ayant cette faculté d’être ennuyeux en quelques secondes seulement. Pour ce qui était de son âge, elle aurait pu souffler qu’il était parfait pour son âge justement, mais s’abstint. Il n’était pas question de faire de quelconques compliments pour l’instant.

« Tu as quand même un sacré culot Joleene. Mais ça me plait pour être franc. Cela me change… » Elle haussa un sourcil, pensant un instant, doutant même, qu’il irait au-delà de cette phrase, mais resta de marbre, parfaitement statique. Elle n’aimait pas s’étendre sur son soit-disant culot puisqu’à ses yeux, c’en était pas vraiment un. Elle avait grandi avec l’orgueil de son nom et de son sang. Elle n’avait rien à prouver, rien à craindre selon les siens. Elle avait appris à croire partiellement à ces sotises, et comme un animal prudent, elle s’autorisait à aller jusqu’à certaines limites de danger. C’était ce qui la rendait finalement forte à l’intérieur. Le fait de ne pas avoir peur de tout.

« Tu n’es pas vraiment ce genre de fille mh ? alors dis-moi, qu’est-ce que tu viens faire là outre savourer un bon whisky ? » Elle le fixa quelques instants, puis reporta ses yeux sur la jeune fille blonde qu’elle reconnu comme étant en effet une étudiante. Elle la darda du regard, posa le nom de Lucie Spencer sur son visage, puis détourna les yeux, reportant son attention sur Lester, l’air calme. Elle leva doucement son verre, le bu, et le repoussa, concluant que ça serait par ailleurs son dernier de la soirée. Après ça, oui, elle serait ce genre de coyote girl séduisante et vulgaire, et ça, c’était un détails qu’elle n’avait pas envie de dévoiler sur le moment. Elle se redressa sur sa chaise et se racla la gorge, roulant des yeux : « Il se pourrait, par un curieux hasard, qu’on m’est envoyé beaucoup d’argent pour venir te séduire et te faire des enfants, puis te tuer et toucher l’héritage. » Un instant, ses lèvres se retroussèrent sur la droite, amusée. « Blague. Disons que ma tante organise une… » Elle leva les yeux au plafond, cherchant le mot, mais ne le trouva pas « réunions de pétasses au Manoir, et que je n’aime pas ce genre d’attroupement. » Elle eut un sourire ailleurs, son regard se dardant sur les élèves qui venaient draguer Lucie Spencer. « Et puis, visiblement, on fait de bonne rencontre dans ce bar. »

Son regard vert se reposa sur Lester, avec un sous-entendu non caché. Ses yeux criaient je vais te violer contre un mur, sérieusement.

« Il se pourrait, par un curieux hasard, qu’on m’est envoyé beaucoup d’argent pour venir te séduire et te faire des enfants, puis te tuer et toucher l’héritage. »

Il eut un petit rire amusé. Inutile de dire que ce plan n’était pas le meilleur qu’on ait pu dresser. Surtout pas quand il était fort probable qu’il faille payer une fille pour cette mission plus cher que ne rapporterait la mission elle même. Mauvais calcul en somme auquel Lester ne prêta aucun crédit sinon celui de la bonne blague.

« Blague. Disons que ma tante organise une… réunions de pétasses au Manoir, et que je n’aime pas ce genre d’attroupement. » Le moins que l’on pouvait dire c’était que là dessus, Lester Grey comme Joleene Black avaient une façon tout à fait similaire de régler leurs problèmes de famille. « Et puis, visiblement, on fait de bonne rencontre dans ce bar. »

Lester jeta un regard à cette blonde insipide à ses yeux qui continuer de faire son show.

« Visiblement. Quoique pour d’autres cela ressemble plus à un rendez-vous convenu qu’à une heureuse surprise, ajouta-t-il en désignant du menton un type qui semblait beaucoup rire avec la serveuse rouquine. Vu d’ici c’était typiquement le genre de mec dont Lester aurait dit autrefois que c’était « un pauvre mec qui n’avait rien pour lui ». Mais il avait aussi passé l’âge de ce genre de commentaires et pour tout dire, peu lui importait ce qu’il allait advenir de cet étrange duo par la suite. Il reporta son attention sur Joleene dont les prunelles vertes auraient délirer n’importe quel homme, même Lester. Il n’avait jamais prétendu être un sur homme non plus, « Je ne sais pas. Vu comme ça je ne suis pas certain d’avoir la même définition de bonne rencontre que toi. Mais tout le plaisir est pour moi. »

Ses yeux à lui disaient à quel point il avait appris à tempérer ses ardeurs. Ceci étant, comme déjà mentionné, il restait un homme.

« Mais ce ne serait pas vraiment un compliment de dire que j’apprécie d’autant mieux la présence d’une jolie femme à celle de ma très chère petite sœur. »

« Visiblement. Quoique pour d’autres cela ressemble plus à un rendez-vous convenu qu’à une heureuse surprise. » Les yeux de Joleene suivirent machinalement les iris de Lester et se posèrent sur Harper et le magistère Crosshaven. Elle les observa du coin de l’œil, puis eut un sourire en coin, l’air de rien, pour finalement reporter son attention sur le Lord sans un mot. L’amour et les pâquerettes, c’était bon pour ses cousines à marier. Elle, elle avait depuis toujours été Joleene Black, non pas la descendante d’une branche, mais celle qui la ferait s’arrêter. Elle serait plus tard la tête de la Maison Black, comme son arrière-arrière grand-mère avant elle, et elle n’aurait aucun mal à tous les gérer. Elle avait l’âme d’un leader, Hyppolyte sur son cheval, le regard droit et fier.

« Je ne sais pas. Vu comme ça je ne suis pas certain d’avoir la même définition de bonne rencontre que toi. Mais tout le plaisir est pour moi. » Elle eut un sourire, baisa les yeux. Ironique. Encore que, si tout le monde y trouvait son compte, autant Crosshaven, que Spencer, qu’elle-même, alors ce n’était toujours que des bonnes rencontres, non ? Elle le fixa, l’air toujours droit, culotté peut-être, mais Joleene n’avait ni l’âge ni l’envie de se tempérer. Elle vivait l’instant présent comme si elle avait été au dessus d’un gouffre, près de la mort. Elle vivait dangereusement, et c’était sans doute ce qui lui plaisait le plus.

« Mais ce ne serait pas vraiment un compliment de dire que j’apprécie d’autant mieux la présence d’une jolie femme à celle de ma très chère petite sœur. » Elle eut un sourire en coin, amusée, se remémorant Cassandre Grey, sa figure ronde et pourtant pas bonhomme, le regard un peu fou. Joleene eut un large sourire, moqueuse par habitude : « La petite sœur se chamaille avec son grand-frère ? » Un silence s’installa quelques instants, avant que Joleene ne reprenne, plus sérieusement : « Il y a une chose que j’ai appris auprès de mes frères, c’est jamais me laisser faire. Si elle t’emmerde… » les iris vert de Joleene étaient sérieux, mortellement sérieux « frappe-la. »

Ca avait été pendant très longtemps la méthode de ses frères quand mademoiselle se mettait à piquer des crises. Jack, James, Jasper, Joe… Tous lui avaient mis au moins une rouste. Lorsqu’on est habitué, ça ne fait plus rien, mais étrangement, il y avait quelque chose en Lester qui laissait croire qu’il n’avait jamais frappé sa sœur, ou alors, pas assez fort. Le respect de Joleene pour ses frères, elle le tirait de leurs bagarres passées. Elle ne voyait pas comment régler ce genre de chose autrement. Elle eut un sourire chafouin : « Encore que, si ta sœur t’embête de trop, j’ai un lit. » Oui. Un lit. Le sien. Franche ? à peine.

« Il ya une chose que j’ai appris auprès de mes frères, c’est jamais me laisser faire. Si elle t’emmerde… frappe-la. »
« Voilà qu’on me donnerait presque des conseils. , fit-il au bout d’un sourire qui n’avait rien d’inquiétant.

Gérer Cassandre Grey ce n’était pas quelque chose d’envisageable, même pour lui. S’il avait eu à « gérer » l’infecte bonne femme qui lui servait de sœur cadette, l’histoire se serait fini dans un fratricide sans doute autant dégueulasse qu’inutilement théâtrale. D’ailleurs si ce n’était que par sa démarche volontairement abstractionniste qu’ils avaient tout deux pu éviter d’en arriver là pour le moment.

« Encore que, si ta sœur t’embête de trop, j’ai un lit. »
« Je marquerai très mal dans le rôle de l’amant fougueux qui sort par la fenêtre une fois qu’il a fait sa petite affaire, crois-moi. »

En gros et pour traduire, Lester ne mettrait pas les pieds chez les Black, et il était fort peu probable que partant de ce décret, il aille dans quelque lit que ce soit avec la délicieuse Joleene Black. Ses arguments de poids tenant principalement dans le décalage qu’il y avait à se représenter un Lester Grey jouant les Roméo pré pubère, ou s’envoyant une petite jeunette pour se sentir l’âge d’un gamin de 20 ans comme certains le faisaient.

Deuxième argument de poids, l’idée sous jacente qu’il n’aimait pas les consommations sans lendemain…

« Encore que, si ta sœur t’embête de trop, j’ai un lit. »
« Je marquerai très mal dans le rôle de l’amant fougueux qui sort par la fenêtre une fois qu’il a fait sa petite affaire, crois-moi. »

Elle le fixe, l’observe un instant, puis a un sourire et détourne le visage. Soit. C’est peut-être un râteau, mais au moins, il a quelque chose d’élégant et de pas très gênant. On pourra toujours miser sur l’humour qui a raté. Joleene finalement repose ses yeux sur Lester, un sourire calme sur les lèvres. Elle pourrait bien lui proposer une baignoire, mais ce n’est pas intéressant. Monsieur veut être cassant ? Soit. Elle le sera en retour.

« Je ne parlais pas de jouer l’amant fougueux, je m’inventais Mère Minerva l’espère d’un instant, juste. » Elle a un sourire acerbe, un relent de ressentiment peut-être. Peut-être bien qu’elle a assez de cran pour aller jusqu’à dire que Lester Grey n’est qu’un clochard et qu’elle lui offre l’hospitalité, et réellement un « lit », pour le coup.

« Je ne parlais pas de jouer l’amant fougueux, je m’inventais Mère Minerva l’espère d’un instant, juste. »

Il eut un fin sourire amusé. Il aimait qu’on ait du répondant à lui offrir sans jamais bien sûr dépasser une certaine limite. Ca n’aurait pas été prudent. Toutefois, il fallait bien reconnaître que Joleene avait tout ce qu’il fallait dans l’éloquence pour plaire à Lester.

« Mère Minerva… j’ai encore un lit à moi où dormir mais je te remercie de ta sollicitude Joleene., répondit-il sur le ton de l’humour.

Il n’aurait pas eu besoin de rappeler qu’il restait Lord Grey et que par conséquent il était le seul maître de son domaine, Cassandre n’y accédant dans le fond que parce qu’il voulait bien le lui céder. En fin de compte, il n’était guère le genre à chercher querelle. Disons qu’il était même plutôt arrangeant selon la personne à laquelle il s’adressait. Des qualités d’indulgences qui auraient fait de lui un bon chef de famille, ferme et souple à la fois, si seulement il y avait eu une famille.

« Et par ailleurs je ne crois pas que Lady Black apprécierait de voir ses rejetons donner la charité d’autant moins par les temps qui courent. En ce qui me concerne, si je dois entrer dans un autre lit que le mien, c’est que je m’y serais couler avec des intentions bien meilleures. »

Inutile de dire que dans leur famille de sang pur, la charité était un parjure ou peu s’en fallait.

« Mère Minerva… j’ai encore un lit à moi où dormir mais je te remercie de ta sollicitude Joleene. » Elle hocha la tête, sentant toutefois qu’il avait bien compris le stratagème. Ce n’était pas tant qu’il était difficile à être révéler, c’était juste que Joleene avait cette tendance à être têtue, et si elle avait lâché cette phrase, elle n’irait pas jusqu’à se contredire par la suite. La charité à Lester Grey, donc. Soit. Elle trouverait toujours des excuses pour ça.

« Et par ailleurs je ne crois pas que Lady Black apprécierait de voir ses rejetons donner la charité d’autant moins par les temps qui courent. En ce qui me concerne, si je dois entrer dans un autre lit que le mien, c’est que je m’y serais couler avec des intentions bien meilleures. »

« Lady Black… » Joleene marqua une pause, un fin sourire de renard se dessinant sur son minois « ..n’approuvait pas davantage qu’on se glisse dans mon lit pour des intentions qu’elle ne jugerait pas aussi bonnes que tu le conçois, my Lord. » souffla t-elle, toujours avec le même sourire.

Après tout, la chef de famille qu’était Joleene IV Black n’était autre qu’une teigne affable détestant les mâles. On jurait même qu’elle avait empoisonnée son mari par jalousie. En même temps, il était de légende que toute Black était par nature jalouse maladive, ce genre de jalousie qui vous pourrit la vie. Joleene semblait échapper à ce cas. Elle était, avec Mercutio et Caym, les rares personnes qui crachaient sur l’amour et les sentiments, ne voyant là que l’hypocrite résultante d’une société à la dérive. La polygamie, c’était quand même plus amusent.

« Lady Black ...n’approuvait pas davantage qu’on se glisse dans mon lit pour des intentions qu’elle ne jugerait pas aussi bonnes que tu le conçois, my Lord.
- Je vois que ce n’est pas ça qui t‘empêche d’en faire la suggestion. »

Sourire entendu mais non pas offusqué comme on aurait pu s »y attendre de la part de n’importe quel sorcier de bonne famille. Lester ne sortait pas d’Azkaban pour rougir aux avances de la première fille ou femme qui aurait l’idée tordue de venir minauder devant lui. Malgré tout il fallait reconnaître que le jeu restait bon enfant et tout de même bien agréable pour l’instant.

« Je serais curieux de savoir ce qui t’intéresse chez moi. » reprit-il sans juger la jeune femme qu’il avait devant lui ni non plus insinuer quoique ce soit pour une fois.

C’était de la pure et simple curiosité. Disons presque parfaitement saine. Et puis, il fallait avouer que cela restait toujours flatteur

« Je vois que ce n’est pas ça qui t‘empêche d’en faire la suggestion. » Il a un sourire, elle le fixe, puis finalement a un petit rire, remettant derrière son oreille une mèche machinalement, sans y faire vraiment attention. Elle ne le prendra pas mal. C’est une vérité. Et Joleene Black n’est pas une menteuse. On la dit doté d’une franchise à toute épreuve. C’est sans doute vrai après tout. Après tout, elle avait fait du rentre-dedans à Lord Lester Grey, ce qui était loin d’être la chose à portée de main de n’importe qui. Joleene restait un exemple de femme Black. Une main de fer dans un gant de velours.

« En réalité, c’était une tentative désespérée. En temps normal, je n’offre pas mon lit. » Elle a un fin sourire de renard, s’amuse d’elle-même, petite idiote qu’elle est. Elle ne ment toujours pas. Son lit, personne n’est entré dedans. Temple ou autel sacré, elle avait développé avec Caym cette même idée qu’on doit tous avoir un endroit où se poser sans avoir à repenser à quelque chose. Son lit à elle était vierge, il n’avait rien vu que la jeunesse et l’adolescence de Joleene. Même ses frères n’y avaient jamais dormi. Personne si ce n’est elle avait jamais froissé les draps blancs au sein de la Demeure Black. S’il avait répondu oui, elle aurait été prise à son piège. Un contre-poids, en quelque chose. « Finalement, il a mieux valut que ce soit non. » Elle hoche la tête, d’un air entendu.

Elle termina son verre du bout des lèvres et le reposa sur la table en bois. Elle releva ses iris vert sur Lester, comme il parlait. « Je serais curieux de savoir ce qui t’intéresse chez moi. » Elle le regarda, un instant bête, puis eut un petit rire amusé et amical, ce qui était finalement plutôt rare de sa bouche. Elle haussa les épaules : « Ma question serait plutôt qu’est-ce qui fait, en moi, que je n’intéresse pas, mh ? » Elle le dévisagea, puis roula des yeux, amusé, mais sérieuse. Ses lunes couleur serpent ne quittèrent pas les iris bleus du taulard. « Je ne sais pas, j’éprouve. J’ai eut envie de venir parler à Lord Lester Grey, et je suis venue. Je ne crois pas que j’ai besoin d’expliquer ce qui me pousse à manger ou à dormir. Ce ne sont que des besoins comme d’autres. » Elle détourna finalement le regard, réfléchissant pour elle-même à cette question. Est-ce que c’était parce qu’il était vieux ? … sans doute pas. Après tout, elle couchait de temps à autres avec Mercutio. Non. C’était autre chose, mais elle ne savait pas quoi.

Il écouta la jeune femme attentivement comme elle lui offrait les failles de son plan qui n’aurait pas pu souffrir un oui. Dangereux compromis. S’il avait eu un verre de trop dans le nez, ce qui ne lui était plus arrivé depuis son premier séjour à Azkaban, c’est sans doute ce qu’il aurait répondu.

« Ma question serait plutôt qu’est-ce qui fait, en moi, que je n’intéresse pas, mh ? »

Il eut sourire entendu. La question méritait d’être posée bien que lui ne le concevait pas en ces termes là. Il ne pouvait toutefois pas se permettre de répondre, ce n’est pas que tu ne m’intéresse pas, ça n’aurait pas été correct. Bien au contraire, s’il avait répondu ça, ça n’aurait été que pour jouer avec les nerfs de Joleene, or il n’avait aucune raison particulière de vouloir voir les choses tourner ainsi pour le moment.

« Je ne sais pas, j’éprouve. J’ai eut envie de venir parler à Lord Lester Grey, et je suis venue. Je ne crois pas que j’ai besoin d’expliquer ce qui me pousse à manger ou à dormir. Ce ne sont que des besoins comme d’autres.
- Ca me conviens. En ce qui me concerne c’est une question d’âge. Je ne doute pas que nous puissions passer un bon moment ensemble, simplement que nos aspirations se rencontrent jamais. »

On ne pouvait pas vraiment s’attendre à ce qu’une fille de vingt trois ans ait les mêmes attentes qu’un homme de cinquante ans à qui il revenait de s’assurer une descendance. Le pire étant qu’il ne l’en aurait pas blâmer pour un sous, lui-même étant passé par des états tout à fait différents plus jeune.

« Ca me convient. En ce qui me concerne c’est une question d’âge. Je ne doute pas que nous puissions passer un bon moment ensemble, simplement que nos aspirations se rencontrent jamais. »

Elle le regarda, haussa un sourcil, et finalement n’alla pas jusqu’au cran de lui demander si ça ne lui arriver jamais de coucher avec une fille juste pour ne le plaisir de le faire – puisqu’après tout on ne rencontre pas des filles prête à être engrosser à tous les coins de rues. Encore moins des sangs-purs, encore moins des jeunes. En somme la recherche approchait les zéros. Elle se tourna et commanda un troisième whisky, pour la forme. Elle n’avait aucune intention de se mettre minable. Le troisième, elle le tiendrait. C’était juste parce qu’elle avait soif, et qu’elle avait besoin de soigner le petit bobo que le râteau avait laissé sur son égo. Elle en aurait presque prié que Mercutio intervienne. A la place de ça, c’est Oleg Kolynsko, un russe à Ealdwic, qui se rapprocha de la table. Bien émeché, le regard un peu ivre, il souffla arrivé à la hauteur de Joleene :

« Hey Jo’, tu sors ton père maintenant ? Ca te dit pas un super étalon ? » Le regard de Joleene se posa sur Lester, puis sur Oleg. Un regard noir cendre. On savait bien que le père de Joleene était un sang pur qui n’avait pas tenu ses engagements et avait fuit en voyant la marmaille s’accumulait sous son toit, mais malgré ça, son père restait son père. La brune releva le nez, ses iris vert percutant les yeux d’Oleg. « Si tu te casses pas maintenant, je t’arrache la foie avec les dents. » Oleg regarda Joleene, puis Lester. Il plissa les yeux, tentant de rassembler les quelques informations, et reconnu – enfin – Lester Grey. Il arqua un sourcil et tourna les talons, repartant. Harper débarqua. Joleene attrapa son verre et en but quelques gorgées. Des lourds comme lui, elle en croisait au taquet, mais ne trouvait grâce à ses yeux que la noblesse. Le sang avant tout.

« Hey Jo’, tu sors ton père maintenant ? Ca te dit pas un super étalon ? »

Bien loin de s’offusquer, Lester vit là le meilleur argument à sa défense quoique servi par un électron imbibé qui gagnait de fait peu de crédit aux yeux de « l’ancien » qu’était Lord Grey. Par principe, le dit « père de Joleene » afficha son air résolument neutre, celui derrière lequel on ne savait pas quoi lire et donc par définition celui qui faisait peur à tout le monde. Il avait toujours aimé voir la réaction des gens devant ce genre d’expressions. Mine de rien, il fallait tout de même cinq bonnes minutes à l’ami – si l’on peut dire- de Joleene pour le remettre.

« Encore une chance que je ne sois pas ton père finalement sinon j’aurais été obligé de remettre en place ce fringuant étalon… non mais…, il eut une moue moqueuse imaginant cette pauvre loque implorant qu’il ne lui fasse pas de mal et mine de rien, il retirait toujours un certain plaisir à lire la peur sur un visage, du moins quand c’était lui qui la provoquait.

« Et dire qu’à cet âge ça se croit au mieux de ses capacités là dessus, ajouta-t-il pensivement en terminant son verre avant de reporter son attention sur Miss Black qui selon lui prenait le bon chemin pour un état d’ivresse avancé garanti, si tu continues et au risque d’assumer le rôle du vieux con, tu ne seras plus en état d’inviter qui que ce soit dans quelque lit que ce soit avant demain soir… »

« Encore une chance que je ne sois pas ton père finalement sinon j’aurais été obligé de remettre en place ce fringuant étalon… non mais… » Elle releva les yeux sur lui, restant un instant bête. Ah. Son père. Elle eut un rire jaune finalement, comme son père n’avait jamais été là. C’était peut-être ce qu’elle recherchait dans l’amour. L’éternel recommencement des erreurs de son père. Elle regarda son verre, en conclu que son état se développait plus vite qu’elle ne l’avait prévu. « Ca aurait au moins eut l’intérêt de passer le temps. » Elle eut un sourire moqueur : « Mais j’aurais été par la même occasion une incestueuse, et ça, ça n’est pas terrible. Même pour des sangs purs. » Elle porta à ses lèvres le whisky, l’air de rien. Elle ne pensait déjà plus à Oleg mais à comment elle finirait justement la soirée ce soir… Qui sait.

« Et dire qu’à cet âge ça se croit au mieux de ses capacités là dessus… » « Certains sont vigoureux » souffla t’elle, l’air chafouin et sournois, osant un regard qui le défiait littéralement de lui prouver que les anciens aussi pouvaient. Enfin, ça, elle en avait déjà la certitude, mais ne serais-ce que pour jouer. « …si tu continues et au risque d’assumer le rôle du vieux con, tu ne seras plus en état d’inviter qui que ce soit dans quelque lit que ce soit avant demain soir… » Elle eut un petit rire moqueur, secouant la tête négativement : « Je n’invite personne. » Elle leva la main, et déplia ses doigts au fur et à mesure qu’elle énonçait : « Verre un, détente. Verre deux, invitation. Verre trois, jurons. Verre quatre, enjôleuse. Verre cinq, baston. Verre six, maison. » Elle s’arrêta, puis fit la moue, adorable petite chose : « J’étais partit pour le verre deux, mais soit. Vu l’heure… »

« Jurons ? J’ai comme l’impression que ça ne va pas être mon préféré celui-ci. »

Et comme elle énumérait ses verres il lui revenait cette manie lugubre de s’imaginer ce qu’il pourrait lui faire à chacun de ces numéros mais il y avait peu à parier que le décompte total soit aussi bon enfant que celui de Joleene. Vieille habitude d’ex taulard. Un instant il pensa à lui dire d’éviter de compter jusqu’à six devant lui, comme si cela ne pouvait rien présager de bon. Comme si le chiffre six avait pu avoir un effet nocif sur lui, le rendre fou qui sait. Puis finalement il se ravisa. C’était tout simplement ridicule.

« A quatre je te ramène chez toi et tu seras libre de finir les deux autres avec qui bon te semblera. »

Il eut un petit sourire avisant que le numéro trois était bientôt fini et fit signe à la serveuse qui du quitter momentanément son magistère aux boucles châtaignes pour apporter le numéro quatre de Joleene.

« Je ne fais qu’anticiper. »

Allait-elle le prendre finalement ce verre ou s’offusquer et partir tout de suite ?

« A quatre je te ramène chez toi et tu seras libre de finir les deux autres avec qui bon te semblera. » Chez elle. Elle eut un sourire fin, pas plus content que ça. C’était finalement de bonne guerre. Et s’il résistait à son côté enjôleur toute la soirée, après tout, il avait au moins le mérite d’être un type bien et sérieux. Le genre de gars qu’on ne partage pas, surtout quand il nous ramène chez soit, sans… Elle le fixa commander, et baissa les yeux avec un air affolé l’espace d’une seconde. AH NON ! On ne s’imagine pas ces trucs ! Elle secoua doucement la tête, pensant que l’alcool lui monter au crâne, mais l’effet principal ne s’était pas encore fait sentir. Elle était sur les nerfs, c’était vrai, mais pas encore assez pour se lever et aller casser la gueule à Oleg. Elle se concentra sur le magistère Crosshaven qui la salua d’un signe de tête ; elle fit de même en retour.

Son verre devant les yeux, un second débarqua sur la table. Elle leva les yeux, ses iris vert perçant sur lui, et resta bête. Il voulait la saouler pour profiter du quatrième état ? « Je ne fais qu’anticiper. » Elle eut un sourire amusé, et ouvrit la bouche pour dire quelque chose… et referma la bouche. Jurons, donc. Elle se ravisa de répliquer et termina son troisième verre, un sourire amusé sur les lèvres, l’air calme. Elle attrapa le quatrième verre et le bu cul sec, et laissa de quoi payer son addition complète. Elle se leva d’un coup sec, grimaça aussitôt en sentant son crâne lui faire mal, et pencha la tête en avant. Elle n’était pas encore ivre, mais c’était déjà assez pour lui secouer la cervelle. Elle releva le nez, posant ses yeux sur lui, un sourire de renard sur son minois : « On traîne, prince Charmant ? » Pour un ex-taulard, c’était encore une blague.

Il la regarda enfiler son quatrième verre cul sec, s’abstenant de faire remarqué qu’il n’avait pas dit un seul instant qu’il y avait urgence. Mais soit. Cette fille avait cette saveur de folie douce et de tsunami à la fois. Une tornade qui éventre tout sur son passage mais finalement va se calmer un peu plus loin sur le chemin. Lester eut un sourire de chat, relativement attendri.

Il laissa de quoi régler l’unique verre qu’il avait consommé, avisant que le rencard de la serveuse avait l’air de connaître Joleene. Sur le moment ça ne lui paru pas vraiment un élément important mais peut-être que plus tard il se rappellerait de ce type et aurait d’autant moins de sympathie pour lui.

« On traîne, prince Charmant ?
- Je ne sais pas quel genre de Prince Charmant pourrait rentrer dans mes pompes mais soit. Après vous très chère.»

Il lui tenait la porte, l’observant d’un œil goguenard en se disant que s’il fallait il allait devoir la tenir debout d’ici quatre mètres mais soit, cela faisait toujours une soirée plus divertissante que celle qu’il aurait pu passer avec Cassandre. Et comme il repensait à la définition de prince charmant, il se permettait un énième sourire. Oui. On pouvait dire qu’il passait une bonne soirée.

« On traîne, prince Charmant ? » « Je ne sais pas quel genre de Prince Charmant pourrait rentrer dans mes pompes mais soit. Après vous très chère. » Joleene haussa un sourcil, et eut un petit rire charmé, roulant des yeux sur le moment : « Le Prince Charmant, ce n’est qu’une métaphore. Ça n’existe pas. » Sa voix, un peu plus sèche sur le moment, lui parut pourtant être un argument de poids. « C’est un compliment, prends-le. On en fait pas souvent. » Ou tout du moins, aucun de vraiment sincère. Elle passa devant lui, féline sur ses talons, et inspira le bon air de Londres, humide et crasseuse. Elle avait des relents de pourriture. Londres n’était qu’une putain victorienne. Joleene la détestait et l’aimait pour ça. Pour ces murs sales et gris, mais qui attiraient encore et encore des gens.

Les fous ! S’ils savaient quels rats s’y terrent, ils auraient vite fait de s’enfermer chez eux, priant pour ne jamais en rencontrer un seul. Elle pensa à tout ça, resta statique, puis se retourna vers Lester, le suivant sur quelques mètres. Elle marchait calmement, pas pressée. Après tout, vu son état, aller à la soirée de sa tante, c’était encore tenter le diable. Non… elle ferma les yeux, inspira encore l’air frais, et ses iris vert détaillèrent le jeans de Lester sans honte, faisant la moue. Elle fit quelques pas plus rapide, et vint se coller contre son flanc, prenant en même temps sa main pour venir la coller à sur sa hanche. Cartes du table. « Il ne faut pas s’éloigner de moi ! on pourrait me kidnapper. » Elle eut un sourire de renard, le fixant dans les yeux, l’air désinvolte. « Enfin, ça ne doit pas être un gros problème après tout. » Sourire espiègle ; dis moi le contraire.

« Il ne faut pas s’éloigner de moi ! on pourrait me kidnapper. »

Lester haussa un sourcil comme la demoiselle prenait de plus en plus ses aises. Ne parlons pas de cette main qui était venu se glisser comme un serpent autour de sa taille. Il roula desyeux, non pas insensible mais protégé par l’idée que son état d’ivresse parlait plus pour elle qu’autre chose. Et puis après tout….

. « Enfin, ça ne doit pas être un gros problème après tout.
- Je n’irais pas dire ça au sombre crétin qui aurait eu la lubie de kidnapper Joleene Black entre son trois et son quatrième verre…»
Peut-être même faisait-il allusion à lui même quoi que leur balade improvisée dans les rues de Londres n’avait en soi rien d’un kidnapping.

- … a moins bien sûr qu’il ait sacrément de répondant. »

Tu me fais un compliment en voilà un autre. Lester n’était pas de ces gens qui ne disent pas ce qu’ils pensent. Simplement il avait sa manière à lui de tourner les choses. Le plus intéressant étant la manière dont il la laisser passer son bras autour de sa taille et se coller à lui sans lui-même se laisser aller à ce genre de démonstration. Très gentleman quelque part pour le monstre qu’on décrivait…

« Je n’irais pas dire ça au sombre crétin qui aurait eu la lubie de kidnapper Joleene Black entre son trois et son quatrième verre…» Joleene eut un petit rire amusé, ronronnant comme un chat. Enjôleuse ? Sans doute. Encore qu’elle se retenait fermement de le plaquer contre un mur et de feuler sur ses lèvres pour ne pas passer pour une de ses étudiantes sans cervelles en chaleur. Elle était tout, sauf ça. Une guerrière, oui, ce qui signifiait qu’elle ne supplierait jamais pour qu’on lui passe dessus. Par ailleurs, elle avait toujours été au dessus. En somme, elle se gardait bien de le chauffer, alors que l’envie était plus que présente.

« … a moins bien sûr qu’il ait sacrément de répondant. » Elle le fixa, et baissa les yeux, faisant la moue, les joues rouges. Quatrième verre qui lui tournait la tête sans doute. Elle leva sa main, se frotta les yeux. Dans le bras de Lester, même s’il ne la serrait pas contre lui, juste à marcher, elle était bien. Elle repensa à Mercutio qui bavait sur son beau-frère jusqu’à en faire son obsession du moment, et de l’autre côté Caym qui était tout à fait sous le charme d’un docteur qu’il avait rencontré à Mangouste mais qui disait ne pas être gay. Comme la plus part des gays, cela dit. Elle reposa ses yeux sur Lester, en admira le profil, fasciné par cette aura sombre qui pouvait se dégager de lui, et qui l’attirait irrémédiablement, et eut un sourire bête en se disant que cet homme là ne pouvait pas être gay.

« Lester… » souffla la voix de la jeune fille, oubliant même la bienséance et les lords pour ne se concentrer que sur l’essentielle, ce nom étrange, dur, mais beau finalement avec le petit accent britannique et chantant de Joleene ivre à son bras « Il faudra qu’on se revoit tous les deux. Pour passer une abominable soirée tous les deux. » Elle eut un sourire bête et posa bêtement sa joue contre l’épaule du Lord. C’était la première fois de toute sa vie qu’elle était aussi douce et calme ivre. En temps normal, elle l’aurait sans doute elle même désapé pour mieux le violer à même le sol d’une ruelle. Joleene Black ressentait sur le moment autre chose, et ça ne lui semblait même pas dérangeant.

Le changement d’attitude se laissa nettement percevoir en elle. Comme si soudain le calme qui annonçait la fatigue prenait le pas sur les effets euphorisant de l’alcool. Ou peut-être était-elle simplement en train de tenter une nouvelle entourloupe. Lester s’attendait plus ou moins à tout mais quoiqu’il en soit, il eut la délicatesse de ne pas faire remarquer qu’elle rougissait ni à quel point elle pouvait être jolie quand elle était un peu groggy.

« Lester…
- Mh ? »

La voix de Joleene se perdait un peu comme si elle avait été sur le point de s’endormir. C’était d’autant plus agréable qu’il n’y avait plus de Lord. Quelque part toute sa jeunesse on l’avait affublé de ce ridicule « junior » et aujourd’hui c’était le titre de Lord qui le distinguait. Lester s’était aussi bien. Instinctivement il passa son bras autour de ses épaules comme pour être sûr qu’elle ne titubait pas de trop.

« Il faudra qu’on se revoit tous les deux. Pour passer une abominable soirée tous les deux. »

Cette requête le surpris. Non pas pour son contenu mais plutôt pour la manière, pour le ton sur lequel elle s’était amenée. Douce et calme.

« Surprenante petite Joleene…, il posa un baiser dans ses cheveux bruns et répondit finalement, okay. On passera une soirée tous les deux. »

Il n’avait pas envie de le lui refuser, simplement parce que peut-être à ce moment là, ils en étaient à peu près au même point tous les deux. Deux âmes à se sentir un peu seul pour une raison ou une autre sans véritable point fixe à l’horizon pour se repairer.

« Surprenante petite Joleene…, il posa un baiser dans ses cheveux bruns et répondit finalement, okay. On passera une soirée tous les deux. » Elle eut un petit sourire rougissant de ce qu’elle ne connaissait pas ou ne voulait pas connaître, ce petit quelque chose qui la poussait à ne pas se jeter sur lui et à profiter de ce simple baiser sur ses cheveux, sans jamais regretter de ne pas être nue dans son lit. Se tenir juste là, à côté de lui, ça lui suffisait largement. Elle ne semblait pas même se comprendre sur le moment, alors ce n’était pas si grave si Lester ou les autres ne comprenaient pas plus qu’elle. Elle, elle se contentait comme toujours de ressentir, l’air calme et serein. Elle eut comme un ronronnement satisfait pour finalement disparaître avec lui dans Londres, jusqu’au Manoir Black.