Le cours touchait à sa fin. La plus part des élèves était là, le regard hagard, pantelant, en sueur. Et ça sentait. Stinkie attendait, perchée sur le bureau, alors que Slavy mettait les notes « blanches » comme il disait de son cours. Le magistère Crosshaven, qui notait plutôt justement, donnait en effet une approximation du niveau des élèves à chaque cours. Il disait qu’au moins, les élèves n’étaient pas déçus et savaient à quoi s’en tenir. C’était sa façon de voir les choses, même si en général, le niveau de la classe était bon, la plus basse note étant toujours le fameux 43% de Lucie Spencer – mais d’un autre côté, Seamus affirmait avec fermeté que Vaeceslav notait trop gentiment l’équipe de bras cassés qui lui servaient de groupe de première année. Il refila les feuilles, et enchaîna sur le second cours. Il fronça légèrement les sourcils en voyant qu’Anaël n’était pas là, mais secoua la tête, et entraîna les plus grandes années, d’un air toujours très enthousiaste.
C’est sur le rythme entraînant de « Tenacious D – Classico » en boucle que les élèves passèrent devant lui. Il les fit s’affronter deux par deux, puis par équipe, notons sur trois critères : la rapidité d’exécution, le style et la stratégie. Vaeceslav ne prenait en compte la puissance que dans de rares cas ; après tout, on avait vu des sorts très faibles être finalement dévastateurs. Il regarda l’heure passé, souriant comme à son habitude quoi que l’absence d’Anaël le mette mal à l’aise. Si son élève n’était pas là, quand il n’avait jamais raté, c’était pour une raison, or… il ne voyait aucune raison valable. Il hocha la tête à la fin de la séance, et se mit au milieu de la piste.
Pour la dernière demi-heure, et comme à tous les fins de cours, Vaeceslav mettait en place le « choppe-Stinkie ». Le but de ce jeu étrange était de pouvoir rattraper sa ghoule avec des sorts, qu’ils furent dangereux ou non. Par équipe de deux à cinq, ceux qui arrivaient à rattraper Stinkie la ghoule se verrait automatiquement récompenser au niveau de leur moyenne.
La vérité, c’était que personne n’arrivait jamais à attraper la ghoule.
Vaeceslav s’asseyait et regardait, laissant à ses élèves de quoi décompresser et s’amuser un peu en vue de l’heure. Puis finalement, il les renvoya. Il se leva, cessa le jeu et Stinkie revint vers lui, tirant sa langue noire dégoulinante d’un épais liquide vert et tira sur son jeans, comme pour lui demander de ne plus jamais faire ça, sachant cependant qu’elle ne rechignerait pas la semaine suivante à refaire cette même course de folie dans la salle de cours. Lucie Spencer ouvrit la porte dès qu’elle eut sa note blanche et sortit dehors. Vaeceslav se tourna et commença à ramasser ses papiers, tendant les papiers avec les notes blanches à qui les voulait, calmement, la musique se réduisant au fur et à mesure que les élèves quittaient la salle.

Un café c’était tout ce à quoi il avait consenti pour que cette folle furieuse lui lâche la grappe. Depuis qu’il avait malencontreusement trébuché sur sa valise, c’était mort, elle lui faisait les yeux doux et autres minauderies de ce genre. Anaël était un gentil garçon mais ce n’était pas pour autant qu’il ne savait pas dire non. Bref, regardant sa montre de temps en temps, il prenait son café avec Lizbeth Smith, mannequin de son état s’il vous plait, et piochait de temps à autre des bonbons que la maison leur avait offerts avec le café… les minutes passèrent jusqu’à ce que l’heure de son cours de duel arrive ce qui lui faisait une excuse au poil pour couper court avant que ça ne devienne embarrassant.
Un dernier coup d’œil à sa montre et c’est un Anaël en speed qui passa l’immense entrée de Ealdwic. Il n’avait pas vraiment envie d’arriver en retard déjà qu’il partait toujours dix minutes avant tout le monde sans jamais avoir eu à se justifier. Le magistère Crosshaven était sans doute l’enseignant le plus cool que Flynn ait jamais eu mais quand même…
La porte s’ouvrit à la volée comme s’il n’avait pas vraiment senti sa force en l’ouvrant. Et c’est un Anaël tout essoufflé qui débarqua dans une salle vide :
« Euh mais… le cours est annulé Magistère ? »
Un regard circulaire autour d’eux. Non il n’y avait vraiment personne. Une idée passa par le crâne d’Anaël qui s’éclaircit la voix pour la chasser. Non, sincèrement ça ne se faisait pas. Et puis il avait une chance sur un million de ne pas se faire rembarrer carrément de toute manière et dans les 99 milliers d’autres qui lui restait sa moyenne chutait dramatiquement. En soi ce n’était pas très important puisqu’Anaël étant en médecine, son assiduité à ce cours de duel ne tenait en fait qu’au coup de cœur qu’il avait eu pour l’enseignant mais quand même…
Le pire c’est qu’au sourire d’Anaël on voyait que ce n’était pas du tout une feinte pour faire passer son absence pour une étourderie. Le jeune homme fronça un peu les sourcils comme il lui avait semblé voir double une fraction de seconde. Qu’est-ce qu’il faisait chaud…
Anaël secoua la tête. Ses yeux se reposèrent sur Vaeceslav Crosshaven, pupilles dilatées au maximum, un petit sourire niais et aguicheur s’invita sur ses lèvres. On aurait presque dit que ce sourire s’était gouré de visage.

Vaeceslav resta au dessus de son bureau et commença à ranger ses papiers, à annoter les feuilles de cours des premières années. La suite de la conférence avait laissé un avis étrange à certains élèves, de telle sorte que Slavy se demandait encore si la conférence avait seulement servi à quelque chose. En faite, non. Enfin, pas pour le jeune Hemmington qui notait encore de ces abominations (qui cependant entrer tout à fait dans la logique moldave, et donc du professeur). Il releva le nez quand la porte s’ouvrit, l’air bête, et tourna la tête, se levant de sa chaise pour finalement voir Anaël. A la fin de son cours ? C’était peut-être la première fois que l’étudiant se présentait aussi tard.
« Euh mais… le cours est annulé Magistère ? »
« Euh… ? »
Il jeta un œil à sa montre et non, le cours n’avait pas été avancé du tout et par conséquence Anaël avait tout simplement raté le cours. Catastrophe donc. Vaeceslav fit la moue, le regardant alors qu’il le fixait avec un air étrange. Le magistère haussa un sourcil, pas sûr de comprendre, et quelque part, sûr de se faire des idées à propos du garçon. Il se racla la gorge, et commença finalement :
« Disons plutôt que tu as une heure et demi de ret… »
Sa voix se coupa aussitôt en remarquant ses pupilles dilatées. En cinq secondes, Slavy fit les quelques pas qui le séparaient du jeune élève et attrapa son visage entre ses doigts, sans grande douceur mais pas non plus comme un bourrin, et lui releva le menton, écartant de l’index et du pouce ses paupières d’un air perplexe. C’était tout de même étrange, non ?
« T’es sûr que ça va bien Anaël ? Tu te sens comment ? »
Il lui tenait encore le visage, regardant ses yeux puis son visage tout simplement, l’air bête.

« Disons plutôt que tu as une heure et demi de ret… »
Si Anaël avait été dans son état normal il aurait paniqué un brin puis se serait excusé expliquant qu’il s’était tout simplement cru une heure plus tôt. Là en fait… pour être honnête il n’avait rien écouté du tout. Il était juste obnubilé par quelque chose chez le magistère Crosshaven ce qui laissa amplement le temps à ce dernier de venir jusqu’à lui et de lui attraper le visage pour vérifier quelque chose.
« T’es sûr que ça va bien Anaël ? Tu te sens comment ? »
Je ne sais pas si quelque chose clochait chez Anaël Harper Flynn comme semblait le penser le prof de duel mais quoiqu’il en soit, se méprenant totalement sur les intentions de Vaeceslav qui lui prenait le visage, Anaël tendit les lèvres et les colla sur celles de ce bon Slavy.
« Chaud, pas vous ? »
De toute évidence l’étudiant n’était pas dans son état normal. Il s’en rendit lui-même compte mais pas suffisamment pour avoir honte aussi se contenta-t-il de renchérir :
« Pardon. Mais pour ma défense... pourquoi vous mettez autant de chauffage, vous mourrez pas de chaud vous ? »
Hors sujet ? Total…

« T’es sûr que ça va bien Anaël ? Tu te sens comment ? »
Et hop il l’embrasse. Vaeceslav reste con sur le moment. Alors soit, ça n’a jamais été un problème de coucher avec ses élèves de temps à autres, et encore moins avec des garçons étant d’une nature plutôt libérée, mais là… C’était comme inattendu. Genre… Il ne s’y attendait pas ! Mais alors pas du tout ! Son premier instinct fut d’ouvrir la bouche alors qu’Anaël se décollait de là, et de rester l’air totalement ahuri. Un merlan frit aurait eut plus de classe.
« Chaud, pas vous ? »
« Je… »
Chaud ? Il se sentait… chaud ? Ou il avait chaud ? Oh. My. God. Slavy leva sa main et la posa sur son front, l’air con. Ça sentait mauvais sur lui si Anaël le chauffait à blanc comme ça, Slavy réagirait, alors qu’il savait pertinemment que ce n’était pas du tout normal. Mais alors… pas… du… Il en perdait la suite logique de ses pensées, notre grand dadet.
« Pardon. Mais pour ma défense... pourquoi vous mettez autant de chauffage, vous mourrez pas de chaud vous ? »
« Il ne fait pas… » Vaeceslav ferma les yeux, cherchant à rassembler ses esprits, mais même ça, ça lui semblait être d’une difficulté énorme. Il se racla la gorge, puis souffla : « chaud. Il ne fait pas chaud. Je… »
Il se pencha et renifla sa bouche, haussant un sourcil comme le gamin ne sentait que du café. Il se recula d’un pas, jetant un regard à Stinkie qui le regardait, à la fois contrariée et choquée. Elle restait là, attendant une suite, intimant silencieusement à Slavy de réfléchir quand elle-même n’avait plus cervelle pour le faire à sa place. Vaeceslav reposa ses yeux sur Anaël, soupira doucement.
« Je vais te ramener chez toi. T’es pas en état de transplaner de toute façon. » Il pencha la tête, pinçant les lèvres. « Mais boire à ton âge, je tiens à dire que ça craint. »
Il lui attrapa les épaules et le retourna, le poussant. Il jeta un regard par-dessus son épaule, faisant comprendre à Stinkie qu’elle devrait retourner chez lui toute seule avec ses papiers. La petite ghoule émit un gargouillis colérique, mais ne bougea pas et ramassa ses papiers. Slavy, quant à lui, continuait de pousser Anaël dehors, bien décidé à lui faire prendre une douche froide dès qu’ils seraient rentrés, ne serais-ce que pour calmer ses ardeurs déplacés.

« Il ne fait pas… chaud. Il ne fait pas chaud. Je… »
Anaël fronça les sourcils mais voyant que le magistère se penchait vers les lèvres, il tendit les siennes et manqua de peu la bouche sur laquelle il louchait terriblement. Crosshaven se recula. Anaël ne sembla pas comprendre mais sur le moment il dut prendre ça pour un jeu ou du moins c’est l’explication la plus rationnelle au sourire canaille de l’étudiant.
« Je vais te ramener chez toi. T’es pas en état de transplaner de toute façon. Mais boire à ton âge, je tiens à dire que ça craint.
- Ah mais j’ai pas besoin de b… boire mais je veux bien vous ramenez chez moi. »
Le sous-entendu était trop gros pour qu’on puisse encore appeler ça comme ça. Chose étrange quand on savait à quel point Anaël pouvait être fleur bleue d’ordinaire. Ce n’était vraiment pas le genre à dire qu’il avait toute sorte d’envie qui lui passait par la tête et surtout des envies pas très catholiques mais soit. Il replaça son sac sur son épaule et ouvrit le chemin, oubliant même qu’il savait transplaner malgré la remarque qu’avait fait le magistère.
Ils traversèrent les couloirs sans incident majeur mais arrivés au campus Anaël commença à avoir du mal à marcher droit. S’arrêtant pour se reposer – alors qu’il n’avait pas fait trois pas – il se colla à son professeur préféré, ronronnant comme pas deux.
« Si j’étais une princesse vous me porteriez comme une p….rincesse jusqu’à chez moa., fit-il les yeux brillants et pleins de lubricité, il avança à nouveau la bouche vers le magistère mais quelque chose détourna son attention, il resta quelques secondes à fixer dans le vide au loin puis, revenant à la réalité il chopa la main de Vaeceslav et le traîna jusqu’à son appartement – encore une chance que sur son trousseau il n’y avait qu’une clé.
L’allusion à la princesse, si anodine qu’elle puisse paraître, aurait bien montré qu’il n’avait pas vraiment digéré sa dernière mésaventure amoureuse. Mais il n’était pas en état de parler de ça et de toute manière, il n’en aurait pas fait mention.
Anaël s’éclaircit la voix. Il se sentait vraiment bizarre. Plus calme tout d’un coup, il regarda longuement ses clés avant de les remettre dans sa poche. Il se retourna vers son magistère de duel, puis vers la poignée de la porte, puis vers le magistère. La poignée. Magistère. Poignée…
Tout à coup sans prévenir le pauvre magistère Crosshaven se retrouva épinglé au mur, en plein milieu du couloir que partageaient les locataires des cambuses, Anaël cramponné au col de son t-shirt, hissé sur la pointe des pieds pour pouvoir l’embrasser. On aurait littéralement dit que l’irlandais n’en pouvait plus.

« Ah mais j’ai pas besoin de b… boire mais je veux bien vous ramenez chez moi. »
Oh. My… Non ! Vaeceslav secoua la tête, tout à fait perdu à ce moment. Ce n’était pas vraiment ce qu’il avait voulu dire quand il avait dit qu’il le ramènerait chez lui, c’était surtout pour éviter tout accident de transplanage ou pire encore, une agression sur la route, parce qu’en vu de son état, ce n’était plus la peine de compter sur ses réflexes de défense ; Anaël était devenu une proie facile.
Le magistère fronça doucement les sourcils mais le suivit sans un mot, juste à le suivre, à s’arrêter quand il s’arrêtait, à mimer ses moindres vacillements pour lui éviter toute chute. En temps normal – si Seamus avait été là pour jouer sa conscience – il aurait envoyé le garçon à l’infirmerie et l’aurait laissé subir la réprimande au sujet de la boisson ainsi que les punitions puisqu’il était formellement interdit de déambuler ivre en public.
Cependant, Seamus n’était pas là, et Vaeceslav était loin d’être un salaud ; Anaël avait toujours été très clean, ponctuel et bon élève. Ça n’aurait pas été vraiment juste de le laisser prendre une punition qui lui aurait sans doute coûter son semestre à coup sûr. Le magistère de duel avança, puis s’arrêta, comme Anaël s’arrêtait contre un mur.
« Si j’étais une princesse vous me porteriez comme une p….rincesse jusqu’à chez moa. »
Slavy le fixa, haussa un sourcil. Soit Anaël était gay, et refoulait sa partie masculine, soit il délirait complètement, soit – pire peut-être – ça sous entendait qu’il attendait juste qu’une chose : que Vaeceslav le porte comme une princesse jusqu’à chez lui. Surtout qu’il avançait ses lèvres dangereusement, et bêtement, Slavy ne reculait pas la tête, louchait sur la bouche de l’étudiant qui avançait, avançait, avançait… se stoppait. Se détournait. Avant même que le magistère ne démêle l’étrange question, Anaël pourtant reprenait son chemin, le tirant derrière lui.
Vaeceslav pinça les lèvres et le suivit, sans un mot, halluciné, se disant que si ça continuait, il finirait dans le lit de son élève, mais que ça n’était franchement pas moral d’abuser de lui qui finalement était ivre saoul. Il baissa les yeux, se demandant à lui-même si c’était tout à fait normal d’éprouver du désir pour quelqu’un dans son état pas très normal. Il soupira, s’arrêta en voyant Anaël ouvrir tant bien que mal la porte et resta planté là, grand dadet, les yeux ronds en voyant Anaël faire des allers-retours poignée-Slavy sans choisir.
« WH… »
BAM. Le mur. Bouche à bouche. A l’aide. Anaël allait le violer. Il se laissa pourtant faire, les bras tendus, les doigts tout aussi tendus, ouverts en grands. Au. Secours. Il ferma les yeux et le laissa faire, rendant même finalement son baiser, ronronnant doucement pour finalement l’attraper par les épaules et le retirait, le voyant là, tout fin entre ses doigts, cramponné à son t-shirt. Slavy ouvrit grand les yeux. Pense moral Slavy, pense moral anglaise… puritain, puritain, puritain…
« Fais pas ça. Tu veux pas faire ça. »
Slavy souffla ces quelques mots en reprenant lui-même son calme. Sa main se tendit sur le côté, et attrapa la poignée à l’aveuglette, l’ouvrant pour finalement la repousser. Il attrapa le t-shirt d’Anaël, et d’un geste souple et rapide le souleva comme une princesse sous l’œil étonné de Matt qui traversait justement le couloir. D’un coup de pieds, Slavy referma la porte, regardant autour de lui pour trouver un lit. Il s’y dirigea, et jeta à l’intérieur Anaël, reculant de quelques pas aussitôt.
« Va prendre une douche froide. »
Slavy le fixait, calmement. Ou presque. Il avait encore les joues rouges, et l’air bête, habituel.

« Fais pas ça.
- Mais pourquoaaa ?
- Tu veux pas faire ça.
- Mais si je veux!!!! Depuis CINQ ANS !, répondit Anaël en tendant bien cinq doigts sous le nez de Vaeceslav, je suis pas assez joli c’est ça ?, demanda-t-il avec des yeux de chien battu.
Un garçon qui demandait s’il n’était pas assez « joli » ce n’était quand même pas banal mais passons. Avec son petit air contrit il faisait plus que pitié il fallait bien le dire.
- Vous êtes marié ? Je le savais… vous êtes prêtre ?! J’en étais sûr ! J’embrasse pas assez bien pour vous ? C’est parce que j’ai les yeux gris c’est ça hein, tout le monde déteste les yeux gris et les roux ! J’ai pas de chance… Vous avez changé d’avis !, s’enthousiasmait Anaël en se sentant tiré vers l’arrière alors qu’il n’avait même pas vraiment remarqué que Crosshaven l’avait contourné pour le soulever, vous êtes drôlement grand et fort magistère Crosshaven…
Anaël n’avait jamais été aussi bavard de toute sa scolarité. Il passa les bras autour du cou de Crosshaven, un peu comme une princesse il fallait bien le dire, et ne remarqua même pas la tête de croquemort de Matt Hemmington qui sortait de chez Huyana. L’instant d’après de toute façon, il se retrouvait éjecté sur le lit, convaincu de ce qu’il allait se passer ensuite. C’est pour ça qu’il retira son t-shirt allégrement attendant que Vaeceslav le rejoigne. Surréaliste quand on avait encore en tête l’élève studieux et toujours très poli qu’était Anaël Flynn.
- Va prendre une douche froide.
- Pourquoi faire ? Je la prendrais après ma douche…, Anaël réfléchit cinq secondes, vous trouvez que je pue ? On peut le faire sous la douche, s’il vous plaaait.»
Là-dessus il se redressa dans le lit pour revenir se coller à Vaeceslav.

« Mais si je veux!!!! Depuis CINQ ANS ! Je suis pas assez joli c’est ça ? »
… OH. MY… SEAMUS ! Besoin de conscience immédiate ! Si ça continuait, il allait pisser les cinq litres de sang qui formait son organisme, et tout ça, par le nez. Comme dans les mangas. Il soupira, le contourna, sans plus l’écouter – parce que s’il continuait, c’est lui qui serait dans le rouge niveau libido, et ça ne serait pas franchement bien… Enfin… en même temps… NON ! SEAMUS ! Puritain, Seamus, puritain, moral, Seamus, puritain, moral…
« Vous êtes marié ? Je le savais… vous êtes prêtre ?! J’en étais sûr ! J’embrasse pas assez bien pour vous ? C’est parce que j’ai les yeux gris c’est ça hein, tout le monde déteste les yeux gris et les roux ! J’ai pas de chance… Vous avez changé d’avis ! Vous êtes drôlement grand et fort magistère Crosshaven… »
Ah. C’est bête. Maintenant il était sûr de rougir, parce que forcément, s’il commençait à lui demander une raison de pourquoi c’était non et que le « tu es ivre » ne suffisait pas, lui, il n’avait plus rien à rétorquer ; mais si en plus ! il commençait à lui faire des compliments sur sa force et sa taille, ça allait pousser la bestiole à faire des conneries irréparables ! Au fait. C’est quoi le rapport avec les roux ? Vaeceslav referma la porte, Anaël s’accrochant à lui comme une princesse. Bordel de merde ! Il allait le faire clamser à force ! Penser… NON ! Puritain, Seamus, puritain, moral, Seamus, puritain, moral… Et hop, un Anaël qui vole et qui s’écrase dans le lit. Son lit. Tout seul. Pas avec Slavy. Penser… Puritain, Seamus, puritain, moral, Seamus, puritain, moral…
« Va prendre une douche froide. »
« Pourquoi faire ? Je la prendrais après ma douche… vous trouvez que je pue ? On peut le faire sous la douche, s’il vous plaaait. »
OH. MY… SEAMUS ! Deuxième fois de la journée qu’il virait rouge en voyant Anaël se collait à lui. Bordel de bordel ! Puritain, Seamus, puritain, moral, Seamus, puritain, moral… Et en plus ça marchait même pas cette connerie ! …
En même temps, l’alcool, ça ne fait pas dire de bêtise mais que des vérités. Et si Anaël avait bu parce qu’il était timide ? Et si Anaël partait quelques minutes avant la fin des cours de peur de se retrouver seul à seul avec Slavy ? Et si aujourd’hui il avait décidé de passer le pas ? Et si… MERDE ! Puritain, Seamus, puritain, moral, Seamus, puritain, moral…
Slavy se mordit la langue, vacillant en arrière, puis finalement attrapa les cuisses d’Anaël et le souleva, se dirigeant vers ce qui semblait être la douche. Il entra à l’intérieur et alluma aussitôt l’eau qui coula d’abord froide puis tiède sur eux. Sauf que là, comme ça, accroché comme un singe à lui et le regard fiévreux, Anaël avait toute les chances de lui tirer une érection.
Super. Merci. Cool ! … génial. Slavy le fixa, quelques longues secondes, se mordant difficilement la langue. Son rythme cardiaque venait de perdre quelques dizaines de battement par seconde, ralentissant au point de non retour. Doucement sa voix, grave et chaude, s’envola comme ça, alors qu’il le fixait, yeux dans les yeux. Yeux gris. Non, franchement, c’était hyper sexy…
« Tu… devrais… me relâcher… »
Il peinait à articuler, commençant lui-même à être franchement chaud sous la douche, le jeans et les vêtements trempés, les cheveux glissant sur ses tempes. Mh. Une érection, on avait dit ? Merde.

Bercé de ses douces illusions Anaël se laissait emmener d’autant plus excité qu’il avait les mains de Vaeceslav sur ses cuisses. Il rougit bêtement mais se fit tout sage puisqu’on lui faisait miroiter monts et merveilles sous la douche en plus. Que demande le peuple ?
La salle de bain d’Anaël recelait de détails tout à fait intéressants si l’on y regardait bien. Sur l’évier, une brosse à dent orange côtoyait une lotion après rasage et une crème cosmétique dont le flacon rose arborait une étiquette pour une vraie peau de bébé.

Il n’y avait qu’un jeu de serviettes et gants de toilettes mais par la porte entrouverte du placard on voyait tout un assortiment d’affaires de fille, le genre qu’un garçon ne peut utiliser en absolument AUCUN cas. Il y avait une tenue soigneusement pliée sur une corbeille en osier. Le genre de truc qu’Anaël n’aurait pas pu porter même s’il avait eu envie de se travestir pour la bonne et simple raison que ce n’était clairement pas sa taille. En plus ça ne faisait pas spécialement trans. Un jean slim noir. De la lingerie violet sombre. Une chemise blanche toute simple et une veste en cuir bien coupé. Ajoutons à cela une paire de bottes un peu haute qui poireautait à côté et voilà.

Dans la douche aussi, deux gels douche différents : Nymphea Abricot et U. Bogoss Xtrem, le truc à la mode du moment. Deux shampoings. Un rasoir rose. Bref.
Ils restèrent quelques longues secondes à se regarder dans le blanc des yeux. Anaël avait littéralement l’air de n’en plus pouvoir mais à la fois, il semblait fondre dans les bras de Vaeceslav.

« Tu… devrais… me relâcher…
- Je ferais tout ce que vous voudrez…, promettait Anaël d’une voix d’enfant sage en retirant ses mains de sur les épaules du magistère.

Il eut un petit sourire absolument adorable croyant que c’était tout ce que Vaeceslav entendait par relâcher. Ses longues boucles brunes s’allongeaient sous le poids de l’eau, refusant de se coller à sa peau, lui donnait un petit air absolument angélique et le ruissellement de l’eau sur son torse produisait un effet limite publicitaire, mais il n’en avait pas conscience.

A nouveau, le jeune homme colla sa bouche, plus que passionnément, sur celle de Vaeceslav Crosshaven avec même cette fois un petit gémissement impatient, un brin efféminé il fallait bien le dire quand même.

Tout l’appartement respirait le coup foireux et foiré, mais Vaeceslav et sa tête de linotte n’en gardait que des brides sans articulation logique. Une colocataire ? Une voisine ? Une fiancée ? Bordel, qu’est-ce qu’il foutait accrocher à lui comme ça s’il… Slavy le fixa dans les yeux, et se mordit doucement l’intérieur de la lèvre, cherchant à se calmer en vain. A force de le chauffer, le gars commençait à devenir chaud bouillant et ça n’était peut-être pas le bon plan de se retrouver sous la douche, dans cette position, avec son élève. Pas le bon plan du tout.

« Tu… devrais… me relâcher… »
« Je ferais tout ce que vous voudrez… »

Vaeceslav le fixa, l’observa, le détailla même. C’était la première fois que son jeans se déformait aussi vite… Mais c’était aussi la première fois qu’on lui faisait un pareille rentre-dedans. Sa moralité entière venait de fondre en même temps que lui devant les boucles mouillées du jeune Flynn. Comme quoi, il ne fallait pas douter des capacités d’un adolescent en chaleur.

Sa bouche sur la sienne, Slavy gronda mais se laissa rapidement aller, les joues de plus en plus rouges à l’entendre l’appeler, de cette simple voix efféminée. S’il s’était seulement douter qu’Anaël était ce genre de garçon… et pire encore, qu’il ait eut envie de coucher avec lui pendant cinq ans… Il aurait sans doute violé ce petit ange dès sa sortie de Poudlard. Sans aucune pitié. Dans son bureau, sur son bureau, partout. Parce que franchement, là, il lui faisait un effet bœuf.

Le magistère répondit finalement au baiser, pressant doucement le jeune Flynn contre le mur, l’eau ruisselant sur lui ne le gênant pas franchement. Ses mains serrèrent ses cuisses et il commença à se montrer un poil plus sérieux que prévu, sa bouche cherchant celle d’Anaël, l’embrassant à pleine bouche, le dévorant littéralement sur place, sans plus vraiment réfléchir à qui, où, quoi et comment. Seamus l’engueulerait, mais fuck, ce gamin l’avait chauffé le premier après tout.

Sa main droite relâcha la cuisse droite d’Anaël pour finalement venir attraper son t-shirt et le tirait vers le haut, pas franchement doux mais pas non plus violent. Il le laissa retomber sur le sol, et se pencha, sa bouche se posant sur l’épaule d’Anaël, remontant vers sa gorge, sa langue retraçant la ligne de son épaule jusqu’à l’arrête de son visage.

Anaël chouinait presque bouche contre bouche avec son magistère. Il avait cette sensation de soulagement envahissante. C’était plus que très agréable. D’autant qu’il y avait un moment que personne ne lui avait fait le coup de la douche et de la grande passion. Pour la défense de notre pauvre magistère, il fallait dire que le jeune homme y avait mis tout son cœur cette fois et n’était visiblement pas près de se calmer.

Anaël relevait le menton, la bouche béant sous les soupirs qui lui échappaient. Son jean ne faisait pas meilleure figure que celui de Vaeceslav et il aurait bien eu du mal à s’en cacher étant donner la position dans laquelle il se trouvait, toujours la « princesse » des deux. La façon qu’il avait de laisser ses doigts glisser sur le torse de Crosshaven avait tout d’une façon de fille, mais pas de fille inexpérimentée cela dit. Il continuait de l’embrasser comme si s’arrêter ça avait signifié la mort.

Il gémissait par anticipation parce que dans le fond, même s’il n’était pas dans son état normal, il avait toujours eu un faible pour le magistère Crosshaven. Pas au point de se jeter sur lui comme un morfale non plus mais tout de même.

Sa bouche alla s’égarer sur les épaules de Vaeceslav, puis il lui mordillait le lobe de l’oreille, embrassait le bout de son nez joueur… mais toujours aussi « fille » dans ses façons de faire. C’était à la fois curieux et adorable. Il rit, les pupilles complètement dilatées vibraient déjà de plaisir. Il défit sa ceinture d’une main, fit un sort à la fermeture éclair de son jean, adressant un petit regard aguicheur à Vaeceslav qui aurait sans doute mieux été sur une fille, puis il revint se coller à lui, bouche avide de ses baisers.

Vaeceslav gronda en sentant l’excitation d’Anaël contre lui, fermant les yeux pour se concentrer sur autre chose que ça. Ses mains glissèrent sur les hanches du jeune homme comme il lui caressait le torse, et il frissonna sous ses doigts. Soit Anaël était gay et maniéré et il ne l’avait jamais remarqué ou n’y avait jamais fait attention, soit… l’ivresse lui allait terriblement bien. Le magistère souffla sur ses lèvres, l’embrassant encore à s’engourdir les muscles de la mâchoire, pour le simple plaisir de sentir sa langue contre la sienne, sur la sienne, la caressant, l’entourant.

Il déviait carrément, pensant déjà à tout ce qu’il pourrait lui faire, et avec quelle passion il allait pouvoir le consumer. Vaeceslav avait juste envie de ça, de se sentir peau contre peau avec son élève, et il oubliait d’ailleurs tout, ne gardait que l’essentielle en tête – il avait vingt-cinq ans, c’était un garçon, et il le suppliait littéralement pour le faire, chacun de ses baisers se faisant plus chaud, plus brûlant.

Il entendit une ceinture glissait sur le sol et une fermeture s’ouvrir, le sortant de sa douce torpeur. Il recula la tête, jetant un regard fiévreux à Anaël et descendit son regard le long de son t-shirt pour tomber sur les pans encore fermés de son jeans, quoi que son excitation fût carrément visible dans cette position. Si Anaël reprit ses baisers, Vaeceslav ne sut pas vraiment comment prendre ce regard.

Il reprit ses baisers, donnant un coup de reins contre lui, dans le vide, juste jeans contre jeans, faisant sentir son impatience qu’il maintenait pourtant silencieuse, avec sa force intérieure. Il soupira sur ses lèvres au frottement délicieux des deux tissus puis s’extirpe d’Anaël, repoussant les deux jambes sur le sol. Il tomba à genoux dans la douche, sans honte ni gêne, tirant sur le jeans d’un coup sec, pressé et affamé comme Anaël lui avait promis plus. Il tira plus doucement sur son caleçon, partant pour lui donner ce qu’il pensait qu’Anaël lui demandait.

Rien de plus excitant que de sentir l’impatience de Vaeceslav. Anaël aurait cru en devenir fou et de la même manière, il se frotte à lui félin si tant été que ce mot ne passe pas pour étrange au masculin. Puis tout d’un coup, Crosshaven lui échappe et ses lèvres se referment dans le vide, alors Anaël lève un sourcil qui aurait tout l’air aguicheur mais qui en vérité est perplexe. Que se passe-t-il ensuite ?

Il ne tarde pas à le comprendre en voyant un homme à genoux devant lui. Comment résister à ça franchement ? Anaël sourit de plaisir et ne s’offusque même pas quand Vaeceslav le dessape sans vraiment crier gare. Mais voilà qu’il tique en voyant son propre corps nu.

« Hey mais… comment on va faire après ? demande-t-il bêtement.

Il se gratte le menton dans un geste tout à fait cliché et se baisse pour tirer sur le jean de Vaeceslav pour vérifier qu’il en a bien un lui aussi. Nez à nez avec Crosshaven, il a tout à fait l’air d’une poule qui a trouvé un couteau.

« On en a deux, conclut-il avec des yeux ronds.

Là il était carrément dans l’impasse visiblement.

« Hey mais… comment on va faire après ? »

Ah. Il se retrouve cul nu à genoux dans la douche. Il le fixe, l’air bête… Comment quoi ? Slavy le fixe, l’air con. Comment ça quoi ? Dans son crâne, y a des synapses qui ne communiquent plus. Y a des signaux qui s’allument un peu partout dans son crâne. HELP. Il est tombé sur un psychopathe, ou plus adorable encore, un vierge. Ça serait encore plus tordu de se dire que ce mec le veut depuis cinq ans et que finalement il est resté vierge pour lui. Euh. Non. Il n’a pas dit ça.

« On en a deux. »

« Bah… normal. » Il penche la tête sur le côté, hausse un sourcil. Il est sérieux ? « T’es vierge ? »

Ah. Zut. Il a encore oublié le tact. Pas grave. Vaeceslav a un petit rire amusé et bête à la fois, se penche et pose sa bouche sur la sienne, amoureusement comme il l’embrasse, caressant sa joue de son pouce. « T’inquiètes pas, je te ferais pas mal. Je serais doux. »
C’est ridicule, Slavy. Ridicule. Mais qu’importe, après tout, il a trop envie à présent pour réfléchir.

Il y avait un truc de différent de d’habitude mais Anaël n’arrivait pas à se concentrer suffisamment pour mettre le doigt dessus. En fait il voyait bien que quelque chose clochait mais il avait beau froncer les sourcils il ne comprenait pas d’où venait le bug. Etat d’ivresse signé Van Hellsing quand tu nous tiens…

« T’es vierge ? »
« Hey non ! Je couche avec plein de mecs moi ! », dit comme ça sur ce petit ton défensif mais pas vraiment ça ne faisait pas vraiment crédible.

Si l’on ajoutait à cela le sourire bête qui avait l’air de dire « c’est pas grave hein ? » mais dont Anaël n’avait absolument pas commandé la venue, sa crédibilité était complètement foutue. Mais visiblement ça a plus l’air de faire rire Vaeceslav qu’autre chose et il ne lui en tient visiblement pas rigueur à en juger par le baiser qu’il lui donne et la caresse douce sur sa joue.

« T’inquiètes pas, je te ferais pas mal. Je serais doux. »

Anaël acquiesce et, allez savoir pourquoi, en se penchant pour lui redonner un baiser, il tend la main pour couper l’eau de la douche et guide Vaeceslav jusqu’au lit. Sur le chevet, le réveil s’est mis à sonner mais ça ne lui fait pas tilt pour autant.
Il se perd dans le baiser qu’il échange avec Vaeceslav et, en même temps qu’il s’allonge et l’attire sur lui, il tend la main et donne une tape sur le dessus du réveil qui tombe de face sur la table de nuit.

Ses mains glissent plus bas le long du torse du magistère, puis plus bas encore. Les yeux clos, il pousse jusqu’à le stimuler un peu plus d’un geste assuré. Une petite torture bien agréable qui l’excite, elle, tout autant que Vaeceslav sans doute.
Elle ?!! Oui elle, la jolie rouquine qui feule et presse son corps contre le slave avec une impatience toute séductrice. Doucement, sa jambe repliée, elle caresse la cuisse de Vaeceslav, toujours suffisamment ivre pour ne pas voir où est le problème…

« Hey non ! Je couche avec plein de mecs moi ! »

Bon. Là, il a vraiment décroché. Super. Son histoire ne tient pas debout, et même si elle tenait debout, de toute façon, l’état du cerveau de Vaeceslav ne lui donne pas la possibilité réelle de réagir. Enfin, si. Dans sa tête, il y a comme quelque chose qui fait « WHAT THE FUUUUCK ! »… mais visiblement, ça ne le touche même pas. Ou alors il préfère tout simplement l’ignorer pour la beauté de ce sourire, cette innocence touchante, et cette satanée petite chose qui le pousse à la lubricité. Connerie de corps de merde !
Au diable ! Il s’écrase dans le lit, ronronne quand il grimpe sur lui, ferme les yeux et s’étire, feule lourdement quand elle pose ses mains sur lui. Ses yeux sont clos, profitant au maximum de ce divin service, bien que son excitation n’ait absolument pas besoin d’un peu plus de stimulation que ça. Il en profite carrément, son corps s’électrisant sous son toucher expérimenté.

Il ronronne comme un chat, pose sa main sur son épaule qu’il trouve toute fine, mais il ne fait pas gaffe, la sert entre ses doigts quand il se presse contre lui. Il soupire, feule littéralement, mais quand même, y a un truc qui cloche sacrément… Il secoue la tête, chasse cette vilaine pensée. Il a les yeux finalement qui s’ouvrent, tendant la main pour éteindre ce maudit réveil et soudainement sursaute dans un « AAAH ! » surpris et terrorisé pour le coup.

« Mais… HARPER ?! »

Alors là il avait l’air d’un con. Bravo.
Bordel de chiotte ! Il avait eut peur ! Il se couche avec un brun en chaleur et se réveille avec une rouquine tout aussi aguicheuse. Là, ça sent plus le coup foireux, mais le viol collectif. Elle est où la caméra cachée franchement ?

- « AAAH ! » Quoi ?! Mais qu’est-ce qu’y a ?
- Mais… HARPER ?!
- Pardon ?! »
Comme Anaël tendait juste la main vers le visage de Vaeceslav, ses doigts lui parurent un peu fins. Il se vit faire un 180° et par pur réflexe tira le drap pour se couvrir. La jolie rouquine Harper regardait le magistère Crosshaven avec de grands yeux limite paniqués, visiblement son état d’ivresse venait de retomber tout d’un coup.
« Oh merde… »
Elle se passa une main dans les cheveux. De beaux cheveux roux très longs. Elle maintenait le drap tiré sur elle car c’était particulièrement une chose avec laquelle elle était pudique, sa transformation, et pour cause elle n’en avait parlé à personne. Ce n’était vraiment pas pour se faire le coup de ramener LE mec avec lequel elle n’avait rien tenté depuis cinq ans (un magistère tout de même !) et lui faire le coup de la surprise désagréable. D’autant que de toute manière, même si pour elle l’excitation n’était pas retombée, vu que Crosshaven était gay (enfin apparemment) c’était un peu foutu…
Elle s’éclaircit la voix.
Comment allait-elle justifier ça ? Tout dire de but en blanc ? Non elle ne l’envisageait même pas du moins pas sans avoir tenté quelque chose mais quoi ? Le mensonge le plus gros du siècle ? Mais si si je te jure il est parti et tu l’as pas vu c’est tout. Et moi je suis arrivée après tu te rappelles vraiment pas ? Epicez le tout d’un sourire freedent et voyez ce qu’il se passe vous m’en direz des nouvelles. Harper se massait les tempes ne voyant plus comment se tirer de ce bourbier :
« Mh ça vous direz de… faire comme si de rien n’était et de pas poser de questions ? »
C’était gonflé mais là sur le moment elle n’avait franchement rien de mieux à proposer. Est-ce que ça allait le faire ou pas ? A voir…

« Oh merde… »
« OH MERDE ?! »
Il rêvait. C’était complètement tordu. Soit Harper venait de prendre une potion de polynectar pour prendre l’apparence de son élève – alors que lui-même ignorait avoir une quelconque attirance physique pour Flynn – soit Harper et Anaël n’étaient qu’une seule et même personne, du genre métamorphomage qui n’arrivaient pas à contrôler son don sur la longue… … Non, franchement, ni l’un ni l’autre n’était convainquant. Slavy resta con, les jambes allongées, l’érection bien visible car nue, et les mains relevées, crispées dans les airs du genre « OH MY SEAMUS ! ». La tête allant avec.

« Mh ça vous direz de… faire comme si de rien n’était et de pas poser de questions ? »

Slavy la fixa, la petite rouquine avec qui il parlait depuis des mois, et haussa un sourcil, l’air tout à fait ahuri. Il resta quelques secondes silencieux, puis osa un léger :

« Je suis à poil, et j’ai la trique. Et tu me demandes de pas poser de questions et de faire comme si de rien n’était ? » Silence. « Et je fais ça comment moi ? »

Il pencha légèrement la tête sur le côté, dans le genre je sais que je suis con mais il y a des limites tout de même, encore que là il n’en revenait pas. Ce n’était pas tant que ça le dérangeait lui – il n’était ni gay ni hétérosexuel, juste un gars ouvert à presque tout et libre puisque célibataire – mais quand même, il voulait encore savoir qui il allait coucher et pourquoi.

« Je suis à poil, et j’ai la trique. Et tu me demandes de pas poser de questions et de faire comme si de rien n’était ? » Silence. « Et je fais ça comment moi ?
- Oui certes. »

Les yeux d’Harper s’égarèrent une seconde sur Crosshaven qui effectivement ne cachait rien de son physique. Elle s’éclaircit la voix et ses yeux remontèrent pour s’en tenir à la figure ahurie de l’homme et seulement à ça. On ne pouvait pas non plus vous en vouloir. Elle se mordit la lèvre.

« Bon commençons par le commencement. Déjà c’est pas du tout mon genre de faire du rentre dedans à un prof. Désolée pour ça. Visiblement on m’a refilé un truc à mon insu. Et hum… désolée pour ça aussi…, fit-elle en pointant du doigt son érection, je vais pas pouvoir ramener Anaël pour finir. Je contrôle pas, c’est une malédiction. »

C’était plutôt le genre de conversations avec lesquelles elle avait du mal. Sa malédiction. Quelque part c’était un truc tellement tabou que…

« J’ai pas trop l’habitude de parler de ça…, elle s’éclaircit à nouveau la voix, regardant ailleurs, faut voir le bon côté des choses, au moins on se retrouve tous les deux plantés en plein milieu. Je te soutiens… ouais bon okay c’est on ne peut plus nul comme blague. J’ai aucune chance que tu passes l’éponges là-dessus mh ? »

Forcément elle pouvait comprendre. Pas sûr qu’à sa place elle ne serait pas déjà partie en courant…

« Oui certes. »
Certes… comme si. Il reste encore un peu crispé, pas franchement habitué à tout ça. Bon, il avait déjà eut quelques mauvaises surprises arriver dans le lit de sa conquête du soir. Alors oui, c’est vrai, il ne faisait qu’échanger un corps carrément bandant contre un autre corps bandant, mais il n’empêche que ce n’était quand même pas facile à avaler ! … un piège, c’était sûr. Seamus avait du payé l’étudiant pour lui jouer un tour à coup sûr.

« Bon commençons par le commencement. Déjà c’est pas du tout mon genre de faire du rentre dedans à un prof. Désolée pour ça. Visiblement on m’a refilé un truc à mon insu. Et hum… désolée pour ça aussi…, fit-elle en pointant du doigt son érection, je vais pas pouvoir ramener Anaël pour finir. Je contrôle pas, c’est une malédiction. »

« Mh. Ça… c’est pas très grave… » et il était évidant qu’il parlait de son érection. De toute manière, Vaeceslav n’était pas le genre de mec à s’énerver de devoir attendre que ça se calme, parce que bon. Il n’était pas assez attardé pour croire que c’était la fin du monde. Ce n’était que partie remise, avec une autre personne si Anaël n’était pas d’accord la prochaine fois.

Enfin, Anaël, Harper. Tout ça se mélangeait un max dans son crâne, et s’il essayait de se concentrer sur l’essentiel – la malédiction – il ne voyait pas encore tout à fait comment ça expliquait le soudain revirement du garçon à la fille. Mais bon. Anaël avait pas l’air d’être choquée, elle… Slavy fit la moue. Pourquoi est-ce qu’il fallait toujours que ça finisse comme ça quand quelqu’un lui faisait du rentre dedans ? Que ça soit aussi catastrophique ?

« J’ai pas trop l’habitude de parler de ça… faut voir le bon côté des choses, au moins on se retrouve tous les deux plantés en plein milieu. Je te soutiens… ouais bon okay c’est on ne peut plus nul comme blague. J’ai aucune chance que tu passes l’éponge là-dessus mh ? »

Il la fixa, et commença doucement à se redresser, passant sa main dans ses cheveux trempés. D’ailleurs la jeune fille aussi avait ses cheveux trempes. Il pencha doucement la tête, se grattant la nuque, carrément embêté, ne pensant plus sur le moment à ce qu’il était en train de faire juste avant, ou presque.

« Si j’ai bien suivi… Anaël et Harper, c’est toi. Et parfois, tu te transformes. Et donc tu m’as chauffée, mais là, tu peux plus coucher avec moi car t’es plus en Anaël, c’est ça ? »

Il la regardait, gêné quelque part. Il ne voulait pas non plus rester comme un con dans son lit. Autant qu’il rentre chez lui si c’était ça, non ? Oublier, oui. Il savait faire. Puis après tout, il n’était pas le genre de gars à vouloir absolument une explication. Les secrets, c’était cool. Slavy n’aimait pourtant pas en savoir trop, justement parce que c’était trop secret pour lui.

« Si j’ai bien suivi… Anaël et Harper, c’est toi. Et parfois, tu te transformes.
- Ouais en gros… enfin c’est pas parfois. C’est tous les soirs et tous les matins. Pour ça que je voulais pas rester à ton cours passer une certaine heure d’ailleurs. Merci d’avoir jamais posé de questions… ça la fout mal comme truc.
- Et donc tu m’as chauffée, mais là, tu peux plus coucher avec moi car t’es plus en Anaël, c’est ça ?
- Ben je voudrais bien être un mec pour te faire plaisir mais là je suis pas un mec. En plus c’est vraiment de la merde parce que moi tu me plais que je sois Anaël ou Harper et je maintenant que j’ai commencé j’ai envie mais bon les goûts et les couleurs…
Elle eut un petit rire se détendant un peu mais pas tout à fait quand même. Imaginez qu’en sortant de là Slavy aille crier sur tous les toits qu’il avait mis le doigt sur le scoop du siècle.
- Tu vois ça c’est typiquement le genre de trucs qui m’arrive tout le temps. Chaque fois que je commence à faire quelque chose je me retrouve à devoir planter les gens en plein milieu, du coup je passe pour un connard le jour et pour une garce la nuit… c’est… assez sympathique comme truc. Mais d’un autre côté tu m’imagines dire à un mec qui me drague au bar bon c’est okay mais j’espère que t’aime aussi les mecs. C’est même pas la peine.
Elle eut un rire franc. En fait en résumé c’était vraiment ça l’histoire de sa vie. Elle lâcha le drap comme de toute façon il était gay ça ne lui ferait ni chaud ni froid et puisque de toute façon il avait déjà vu tout ce qu’il y avait à voir.
Elle lui fit un petit sourire. Dire qu’elle avait dans son lit son magistère Crosshaven…

« Si j’ai bien suivi… Anaël et Harper, c’est toi. Et parfois, tu te transformes. »
« Ouais en gros… enfin c’est pas parfois. C’est tous les soirs et tous les matins. Pour ça que je voulais pas rester à ton cours passer une certaine heure d’ailleurs. Merci d’avoir jamais posé de questions… ça la fout mal comme truc. »
Ouais. Forcément. Ça expliquait tout de suite mieux la raison de ses étranges disparitions. Si Slavy avait parié sur un petit boulot à temps partiel, là, ça devenait encore plus épineux qu’avant. Seulement, ça rendait aussi la chose extrêmement malsaine, parce que finalement, il croisait son élève en cours, et au bar. Et il avait sans doute du dire des trucs de merde parfois bourré… Il fronça légèrement les sourcils. En y pensant, il aurait aussi bien pu lui refiler les sujets des interrogations une fois ivre mort.
« Et donc tu m’as chauffée, mais là, tu peux plus coucher avec moi car t’es plus en Anaël, c’est ça ? »
« Ben je voudrais bien être un mec pour te faire plaisir mais là je suis pas un mec. En plus c’est vraiment de la merde parce que moi tu me plais que je sois Anaël ou Harper et je maintenant que j’ai commencé j’ai envie mais bon les goûts et les couleurs… »
Tu m’étonnes, pensa t-il. C’est vrai que ce n’était déjà pas facile en temps normal de draguer quelqu’un (enfin, pour quelqu’un comme lui), alors si en plus elle commençait à leur dire qu’elle ne pourrait les voir que la nuit, ça donnait tout de suite une autre dimension à la relation que Harper – ou tout du moins Anaël – entretenait avec les autres. Pour sûr qu’ils devaient tous la prendre pour une salope ou un salaud.
« Tu vois ça c’est typiquement le genre de trucs qui m’arrive tout le temps. Chaque fois que je commence à faire quelque chose je me retrouve à devoir planter les gens en plein milieu, du coup je passe pour un connard le jour et pour une garce la nuit… c’est… assez sympathique comme truc. Mais d’un autre côté tu m’imagines dire à un mec qui me drague au bar bon c’est okay mais j’espère que t’aime aussi les mecs. C’est même pas la peine. »
Il la regarda, un long moment, puis reposa son regard sur son érection et finalement reporta ses yeux sur son corps entièrement nu. Ah. Forcément, vu comme ça, ça n’arrangeait rien. Il eut un petit rire amusé et roula des yeux :
« Non mais en faite Harper… Je suis ouvert aux deux sexes moi. Suffisait de me demander plutôt que de m’agresser. Surtout que j’pourrais porter plainte pour harcèlement du coup ! »
Un fin sourire sur son visage était apparu, un sourire amusé parce qu’il était quasiment sûr que la jeune fille l’avait prit pour un gay. Pour sûr, hein. Y avait toujours 10% de chance que non, et qu’elle soit gay elle. Lesbienne, puis gay. Ce qui du coup coupait forcément l’acte. Logique.

« Non mais en faite Harper… Je suis ouvert aux deux sexes moi. Suffisait de me demander plutôt que de m’agresser. Surtout que j’pourrais porter plainte pour harcèlement du coup !
- Non mais je voulais vraiment pas t’agresser c’est juste que je suis allé prendre un café avec une fille qui me harcèle plus ou moins et j’ai comme l’impression qu’elle avait dû faire un tour chez Van H… attends t’as bien dit ce que j’ai entendu? » , tilta-t-elle après coup.
Elle se repassa le truc dans sa tête. Oui oui il avait bien dit ça.
« Oui enfin je te recommande pas du tout d’aller te plaindre de moi parce que je t’ai empêché de coucher avec un de tes élèves magistère Crosshaven, fit-elle avec un petit air chafouin. En fait pour tout te dire un magistère c’est un peu LE TRUC auquel tu vas pas aller toucher en temps normal. Surtout moi en plus. C’est un peu le truc interdit par excellence… mais hum… je présume qu’un magistère a le droit de coucher avec une serveuse qui n’est même pas inscrite à Ealdwic et que personne n’ira vérifier si le colloc’ de cette serveuse est assez cool de s’absenter quand elle lui laisse une cravate sur la poignée de la porte. »
Elle se passa une main dans les cheveux, son sourire s’étirant comme évidemment elle n’allait pas faire comme si elle n’avait pas un homme nu sur son lit, devant elle. Le truc était encore de savoir comment reprendre à partir de là :
« Si on reprend où on en était je passe encore pour une harceleuse nymphomane ? », demanda-t-elle en se penchant pour poser ses lèvres sur les siennes.

« Non mais je voulais vraiment pas t’agresser c’est juste que je suis allé prendre un café avec une fille qui me harcèle plus ou moins et j’ai comme l’impression qu’elle avait dû faire un tour chez Van H… attends t’as bien dit ce que j’ai entendu? »
« Des mots, ouais » sourit-il, de son super sourire coldgate freedent. Non, franchement, c’était trop facile comme réplique aussi. Puis là c’était un peu tendre la perche. Cela dit, il notait pour Caym. A croire que ce gamin était doué pour mettre les gens dans des situations pas possibles, mais lui s’en sortait toujours. A croire qu’il buvait sa potion de chance quotidienne à la place du bon actimel.
« Oui enfin je te recommande pas du tout d’aller te plaindre de moi parce que je t’ai empêché de coucher avec un de tes élèves magistère Crosshaven. En fait pour tout te dire un magistère c’est un peu LE TRUC auquel tu vas pas aller toucher en temps normal. Surtout moi en plus. C’est un peu le truc interdit par excellence… mais hum… je présume qu’un magistère a le droit de coucher avec une serveuse qui n’est même pas inscrite à Ealdwic et que personne n’ira vérifier si le colloc’ de cette serveuse est assez cool de s’absenter quand elle lui laisse une cravate sur la poignée de la porte. »
Il la fixa, et haussa un sourcil, un sourire moqueur carrément affichait sur ses lèvres.
« Entre nous, j’ai aucun remord à coucher avec mes élèves de plus de vingt deux ans. »
Question d’éthique, en Moldavie, l’éducation se passait autrement, et en tant que méritocratie, les promotions canapé n’existaient pas. Généralement par ailleurs, les profs étaient trop vieux pour que l’on tombe amoureux d’eux – quand on apprenait que la moyenne d’âge des professeurs était de cinquante, ça refroidissait sec. Puis après venait le caractère… et tout le reste. Slavy n’était jamais tombée amoureux de ses professeurs, ni même de ses maîtresses, aussi jolies et beaux soient-ils. Il s’était contenté d’épouser une camarade de classe en réalité. Et de divorcer – ne le faisons pas salaud.
« Si on reprend où on en était je passe encore pour une harceleuse nymphomane ? »
Il la regarda se pencher et ronronna, tirant les bras devant lui pour l’attirer à lui, rendant son baiser en rigolant sur ses lèvres, fortement amusé, ne se rappelant déjà plus ou ne faisant plus attention à avec qui il était entré dans ce lit au final. Pourvu qu’il en sorte entier, c’était le plus important.
« Quelle question… »
Il roula des yeux. Après tout, il était nu, dans son lit, et n’attendait que ça – ou presque (avant, il attendait une explication !). Il soupira sur ses lèvres, passant ses mains dans son dos.