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 Apparition Lesson

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PROFIL & INFORMATIONS









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Apparition Lesson - Page 2 #Lun 5 Sep - 1:14


Encore… Pas un ‘nous’ cette fois, mais un ‘avec’… Avec moi…

Il court au-devant… Samuelle se fit la réflexion que dans une avalanche, il y a effectivement toujours des projections qui dévalent devant le front avant de se faire gober par la coulée. Et elle? Elle, elle était plutôt le genre d’individus qui déclenche les avalanches. Un petit rien imprévisible qui entraine le déchainement d’une force destructrice. Tout se passera bien sauf si… Sauf si quoi?

Elle regarda son professeur s’éloigner. « Il vous devait vraiment quelque chose… Et mon petit doigt me dit qu’il est encore loin du compte, j’ai raison? » questionna la métisse en se penchant au dessus de la table. « Parce que vous savez, moi aussi je préfère le chien… »

Samuelle n’était pas vraiment une intravertie, seulement il était impossible de distinguer une émotion particulière sur sa figure : elles s’y confondait toutes, diffuses et dansantes comme une aurore boréale. Elle commenta la disparition de Karl Ustaz d’une voix rêveuse, basse et sans timbre;

« Il m’a dit de le fuir… » De toute évidence, elle ne l’avait pas fait… Parce qu’elle ne l’avait pas voulu ou parce qu’elle n’avait pas pu? Samuelle posa ses mains par-dessus celle de la jeune femme, les prenant en sandwich sur la tasse. Un geste d’une grande familiarité. « Vous savez, je ne suis pas tout à fait une sorcière comme les autres… » Elle lui sourit, grappillant un peu de magie ici et là. « J’ai très peu d’affinité avec la magie civilisée et ma foi… Beaucoup de chose m’échappent encore… Quand vous dites que vous n’êtes pas seule, vous parlez du ptérodactyle qui fait du rase-motte sur la falaise ou de la créature qui sirote sa limonade comme un malpropre près de la cheminée? » Ses paumes étaient brulantes, sa peau étrangement tendre… Elle lui laissa le temps de lui répondre avant de demander encore : « Parce que je me demande aussi comment on peut aider quelqu’un en l’empêchant de faire ce qu’il souhaite et pourquoi vous ressentez de la compassion pour moi? »









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Apparition Lesson - Page 2 #Dim 11 Sep - 20:55


Lisa s’appliqua à passer son doigt sur une crevasse de la table en bois. Elle évitait soigneusement le regard de son interlocutrice. Tout comme Lukas, la guérisseuse avait une propension au secret particulièrement développée. Contrairement à son ‘époux’, elle n’entretenait pas le mystère par convoitise mais pour l’unique raison qu’elle ne voyait aucun intérêt entourant sa personne. Sa timidité achevait de celer les choses tandis que son total dévouement à autrui interdisait l’accès à son jardin secret.
Lorsque Samuelle se pencha au-dessus de la table, elle croisa furtivement son regard avant de s’abîmer dans les tréfonds théanineux de sa tasse, encore fumante.
- Il ne pourra jamais me rendre ce qu’il m’a pris, dit-elle avec un sourire triste. Il n’y avait pourtant aucune rancœur dans ses mots. Quoi qu’il en fût, elle paraissait en paix à présent ; comme après un deuil. Balto protège Lukas et se protège de lui, tout à la fois. Vous seriez bien avisée de dire qui est le maître des deux…

La guérisseuse se raidit sur son siège comme l’ombre occultait furtivement le jour.
- Des deux, précisément, répondit-elle en dévisageant la métisse du regard avant de porter la tasse à sa bouche et d’en soutirer une mince gorgée de thé ; et, délibérément ou inconsciemment, de rompre par la même occasion le contact aux sensations étranges des mains de son interlocutrice avec les siennes. Je suis guérisseuse. J’ai appris malgré moi à entrevoir l’aura de la mort lorsqu’elle enveloppe une personne. Vous semblez vous accommodez de la vôtre depuis un moment maintenant. Vous fussiez vous éloignée de Lukas sur les conseils de feu son père, cette aura aurait sans doute moins d’épaisseur à ce jour. Mais il est trop tard, n’est-ce pas ?
- Trop tard pour quoi ? demanda Lukas qui revenait les papiers à la main.
Lisa ne prit pas la peine de mentir. Elle ne savait que trop bien que les mensonges étaient autant de frêles palissades balayées sans concession par la déferlante de l’Azur. Elle but une nouvelle gorgée de thé. Lukas regarda Sam et ses yeux semblèrent lui sourire ; l’homme était plus serein que quelques instants auparavant, ou tout du moins l’affectait-il admirablement bien. Il déposa les papiers du divorce sur la table. Lisa les effleura du regard, sans oser les toucher.
- Une page se tourne, dit Lukas en piochant un gâteau sec.
- Il était temps, sourit Lisa.
- Je… je te souhaite de…, commença maladroitement le chercheur de sorts sans pouvoir trouver ses mots. Il ne semblait pourtant pas particulièrement mal à l’aise ; mais ses traits trahissaient une sorte d’effort intérieur insurmontable.
- Balto n’est malheureusement pas là pour finir ta phrase, ironisa la guérisseuse. Tu penses récupérer ta compassion, un jour ?
Mais Lukas semblait déjà s’être égaré dans des songes. Rares étaient les occasions où il percevait l’étrange sensation d’avoir perdu un sentiment ; de ne plus savoir l’exprimer, de s’en rappeler comme une vielle comptine apprise au jardin d’enfant, vaguement, et de se surprendre à se demander : comment c’était déjà ? Lors de la naissance de Balto tel qu’il était à ce jour, la douleur innommable de la création de l’horcruxe avait précédé celle non moins indolore qui caractérisait l’abandon total du sentiment de compassion et son enfermement au sein du chien. Car s’il était chose difficile de scinder son âme, se départir d’un des ingrédients qui vous rendait humain l’était également. Tout cela était de la vielle et sombre magie ; du temps où la notion de douleur était inextricable à sa pratique. Les gens aujourd’hui ne voulant plus souffrir, ces pratiques avaient été oubliées. En cela, Lukas n’était pas si ‘civilisé’. D’autant plus que se défaire de sa compassion n’avait pas été le but recherché par Lukas, mais le moyen d’atteindre quelque chose d’encore plus abscons et obscure…

- Tu as trouvé quelqu’un ? Je veux dire, le divorce, pourquoi maintenant ? demanda Lukas qui abandonnait doucement ses pensées les plus profondes.
Lisa, les mains jointes, remua sur son siège. Elle sentait qu’ils s’éloignaient de plus en plus du sujet qui l’avait amenée ici, en Angleterre. La peur de ne pouvoir se résoudre à lui en faire part l’envahit ; sa mission confinait à l’échec. Elle darda du côté du coin opposé de la pièce, puis croisa le regard de Sam. Finalement, il n’y avait aucun ‘bon’ moyen d’amener le sujet, surtout lorsque l’interlocuteur était Lukas Ustaz. La jeune femme se surprit même, le temps d’un instant, à être désolée pour Monsieur Charles, car elle le savait, l’aubergiste allait essuyer les plâtres.
Elle ferma les yeux, inspira, les rouvrit, plongea dans l’Azur.
- Ton père est mort Lukas. La main de Lukas glissa sur celle de Sam et la serra fort ; le visage impassible. Assassiné, il y a quelques semaines par les Patriarches. Ils tentaient de pénétrer ta loge au Collège et y ont trouvé ton père. Nous n’avons pas plus de détail sur ce qui s’est passé. Le reste de ta famille se trouve cloîtrée chez elle. Toujours calme, mais les traits tirés et la mâchoire crispée à présent, le chercheur de sorts se leva et alla près de la cheminée ouverte au centre de la pièce ; son regard s’y abîma et des flammes dantesques dansèrent dans l’Azur. Ils sont étroitement surveillés ; mesure anti-transplanage, coupure du réseau de cheminée, on dit même que les Patriarches ont fait mander les Assassins de Graz pour garder la demeure. Le feu crépita de plus belle tandis qu’il plongea ses mains dans ses poches ; l’une d’elle caressa la pierre de Sam. Il n’y a que trois jours qu’ils ont annoncé sa mort à la population ; une dragoncelle fulgurante disent-ils à qui veut l’entendre. Tout le monde se doute de la vérité, mais tu sais mieux que quiconque l’emprise qu’ont les Patriarches sur le peuple. Seulement, ils font face à un problème, un problème qui se répand à demi-mot tant dans les bas-fonds de la capitale que dans ses hautes sphères. Suivant le principe d’hérédité patriarcale, tu dois poursuivre le mandat de ton père au titre de Grand Patriarche de Vienne. Bien sûr, les Patriarches refusent de te coopter officiellement ; sous prétexte que tu n’es pas Ustaz de sang mais d’adoption. En réalité, il n’y a aucun précédent juridique permettant d’avancer cette thèse. Les gens parlent beaucoup de toi Lukas ; et pas qu’à Vienne. La vérité peine à éclater mais ses soubresauts n’en étiolent pas moins les Grandes Illusions du pays. Les Patriarches savent la menace que tu représentes. Ils savent ce que tu comptes faire. Ne leur fais pas le cadeau de rentrer à Vienne.
Lukas avait espéré que ce discours ne se terminerait jamais. Pas qu’il appréciait cet entrelac de mauvaises nouvelles, mais au moins leur étalage le préservait du moment où il devrait prendre une décision.

Il se retourna finalement, des goûtes de sueur perlaient sur son front ; sans doute étaient-elles le fait de la chaleur du foyer. Son regard était d’un sérieux des plus solennels et se posa sans ambages sur Samuelle comme il se dirigeait vers elle.
- Il semblerait que nous appareillons pour Vienne, Sam.
- Lukas ! Non ! supplia Lisa tandis que son ex-mari posait la main sur l’épaule de la métisse, prêt à transplaner.
L’ombre passa une nouvelle fois devant la fenêtre mais ce fut du coin opposé de la pièce qu’un sort fusa, arrachant avec force le chercheur de sorts à Samuelle et l'envoyant bouler au sol un peu plus loin.

Apparition Lesson - Page 2 151459Crome1

- Agaçants, ces héros du dimanche… dit un homme ne dépassant pas un mètre trente de haut qui se dandinait en contournant le foyer central.
- Crome ?! éructa Lukas qui se remettait cahin-caha sur pied.
- Lui-même, tout droit venu d’Autriche pour secourir un vieil ami plongé dans l’embarras, se fendit le nain avec un sourire affecté.
La réaction de Lukas ne se fit pas attendre, il le mit en joue de sa baguette.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Apparition Lesson - Page 2 #Lun 19 Sep - 2:25


« Oh, je me doute bien que tu veux aller à Vienne. Qu’est-ce qui te fait croire que je vais t’y suivre! » fit la métisse en se dérobant rapidement. Elle n’était pas généreuse, elle ne donnait rien qui lui soit demandé, elle détestait être prise pour acquise. Comme toutes les femmes. « Je ne t’appartiens pas! » martela-t-elle avec une rancœur brulante. Il lui avait laissé croire qu’il était le chien… Elle aurait pu protester avec plus de véhémence, mais son interlocuteur fut balayé par un sortilège. Samuelle s’étrangla de rire.

De la compassion devant ce revers de fortune? Samuelle ne connaissait pas ce mot-là. De la solidarité? De la quoi?

Un grand rire qui s’égrena dans l’auberge comme une déflagration qui ne s’éteindrait jamais. Le genre de gaieté improbable qui donne l’impression que nul malheur en ce monde ne pourrait lui résister. Quelque chose de communicatif comme un coup de grisou. Et tout à son hilarité, Samuelle ne remarqua pas immédiatement l’homme qui poussa la porte du backstore...

Sur le seuil celui-ci embrassa la scène du regard. Un métisse dans un long manteau de laine du pays noire et feutrée. Une chose beaucoup trop chaude pour la saison en Angleterre. Un homme dont la silhouette était curieusement familière pour lucas qui avait déjà vu cet homme au manoir Rocstone. Tous les métisses se ressemblent. « Je vous en prie, ne vous dérangez pas pour moi… » De l’anglais, un slang châtié, coulant, teinté d’un vague accent français. Pierre passa derrière le petit homme et bouscula la jeune anglaise pour poser sa main sur l’épaule de l’apprentie sorcière.

Samuelle sursauta violement, prise par surprise et se figea comme une statue sous l’effet d’un sortilège. L’aura de la mort s’épaissit distinctement autour de la jeune femme, prenant une teinte presque réelle. « Ici il n’y a pas d’armistice qui tienne, petite soeur. Personne ne s’interposera entre toi et moi… » susurra-t-il d’une voix fruité. Samuelle grimaçait sous un effort difficilement perceptible… Pierre l’observa d’un air amusé, inclinant la tête sur le côté, sourd aux spectateurs de la scène. « Tu n’as presque pas de réserve… » remarqua-t-il, « Tu es venue au village sans réserve? Quelle folie! Tu n’es pas si imprudente habituellement… » D’une secousse, il releva Samuelle et avisa Lukas : « Je vous avais prévenu à son sujet… Elle est ma sœur, ma cadette, la source de ma magie… Elle ne peut pas être à vous. Et si vous essayez de m’empêcher de prendre ce qui me revient, j’utiliserai son pouvoir, et croyez-moi, elle a de la ressource, pour vous écarter de ma route. »

Quelque part dans les poches de Samuelle, reposait une pierre dont elle ignorait la présence… Parce qu’un Daee sait toujours où se trouve ses pierres personnelles… Et quelque part dans les poches de Pierre Daee, reposait une pierre qui ne lui appartenait pas…









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Apparition Lesson - Page 2 #Mar 20 Sep - 10:40


Lukas, la baguette pointée vers le bas, à hauteur du nain, faisait face à son opposant ; et lui, lui rendait sa pareille, baguette braquée vers le haut. Le bout d’homme portait une robe de sorcier noire qu’on aurait dit moirée d’ocre. Elle était finement brodée de fil d’or et, n’eut-elle été portée par un telle personnage, semblerait tout droit sortie de la garde-robe d’un richissime gamin de neuf ans. Le front proéminent du nain se plissa soudain tandis qu’un nouveau sourire vint sournoisement se glisser sur son visage sous les traits d’une atroce grimace.
- Eh bien, en voilà des manières de saluer un vieil ami, Lukas, scanda Crome afin de couvrir l’hystérie de la métisse.
Le chercheur de sorts resta silencieux comme il se confondait dans un immobilisme des plus total seulement trahi par l’air actionnant doucement le soufflet qu’était sa poitrine. Samuelle, aux éclats en fond sonore, l’exaspérait. Nonobstant cet environnement peu propice au recueillement, Lukas forçait ses pensées à se tourner vers son père, qui n’était plus par sa faute, et au reste de sa famille, qui subissait le courroux des Patriarches de Vienne en son nom. Les bases de son monde venaient sérieusement d’être ébranlées. Lui, qui s’était complu dans les hauteurs de celui-ci depuis maintes années, reclus dans la tour la plus haute de son jardin secret, travaillant coupé de tout et avec acharnement sur la seule chose qui comptait vraiment à ses yeux, venait de se rendre compte que quelque chose en lui défaillait, comme une lointaine détonation dont la déflagration se propageait jusqu’à lui ; et les conséquences avec, s'il ne faisait rien. Un éclat de vérité qui le frappa au plus profond de ses entrailles ; déjà écorché vif, le bout d’âme qui restait en lui vacilla comme un voile fustigé par un coup de vent.
- Peut être devrions-nous tous nous calmer un peu… commenta Lisa en regardant tour à tour Crome et Lukas toujours en position de duellistes, puis Samuelle irrémédiablement sujette à une crise de rire. Faisant un pas en avant vers la métisse, elle aperçut un homme entrer par le fond de la salle, mais ne s’en soucia guère.

Lukas fut la deuxième personne à voir Pierre. L’Azur s’épaissit. Il le mit en joue immédiatement par reflex puis fut saisi d’une lassitude indicible qui lui coupa toute force ; prolongé par sa baguette, son bras tendu flancha et sa garde s’abaissa ; il réprima un profond soupire. Une impression de retrait se fit sentir en lui ; la scène qui l’entourait n’était plus qu’un vague tableau, et lui n’était que spectateur de ce cliché flou. Crome en fut presque sidéré, il guigna du côté de Lisa qui lui rendit un regard équivoque. Du haut de son mètre trente, le nain scruta l’homme qui venait de faire irruption à ses côtés et marchait droit sur Samuelle.
- Voilà, une histoire qui ne nous concerne pas, dit-il en se dirigeant vers le comptoir du bar auprès duquel il escalada un tabouret haut avant de taper de la paume de sa main sur la table. Monsieur Charles… Le vieil aubergiste essuyait machinalement un verre, absorbé par la scène. Monsieur Charles, réveillez-vous mon ami ! Une hydromel s’il vous plait, bien fraîche.
Une ombre passa de nouveau devant une des fenêtres de l’auberge. Lisa avait laissé Samuelle et le nouveau venu pour se trouver aux côtés de Lukas. Elle affichait un air inquiet ; n’osant le toucher, de toute évidence il était ailleurs. Le chercheur de sorts entendait le discours de Pierre, indistinctement, comme si on lui avait flanqué un sac plastique sur la tête ; son regard s’abîmait enfin dans le foyer central aux flammes dansantes. Il eut soudainement chaud. Pendant un moment il crut entrevoir le visage de Balto flotter au milieu des flammes. Son imagination devait lui jouer des tours ; il s’aperçu néanmoins que la seule chose qu’il voulait en ce moment même c’était se recroqueviller entre les pattes du beauceron et jouir de se robuste protection, de son entendement et de son amour, le seul qui lui restait vraiment ; son propre amour. Fixer les flammes lui faisait mal aux yeux, sans qu’il s’en aperçoive néanmoins une larme se détacha de l’Azur et dégringola le long de sa joue. Une seule avait réussi à se libérer du joug de l’Azur ; mais il y en avait tant d’autres qui auraient pu couler. Un soupir, et il redevint acteur de la scène.
- Tu as raison Sam, tu ne m’appartiens pas. Et je ne protège que ce qui m’appartient.
Ses doigts fouillèrent plus que de raison une de ses poches. Il en sortit la pierre que lui avait donnée la métisse ; ou tout du moins celle qu’elle avait cru donner à Balto. La faisant sauter dans sa main à plusieurs reprises, il fixait Sam d’un regard à double tranchant, l’Azur n’avait jamais été si tourmenté et tourmenteur. Finalement, le chercheur de sorts prit la porte entraînant Lisa avec lui ; les poings fermement serrés et enfouis dans ses poches. La pierre resta sur le comptoir. Crome guigna le caillou, fronça des sourcils et renifla nerveusement.
- Monsieur Charles, allons prendre l’air voulez-vous ?
- Mais je…
- Je suis sûr que Saturnin vous laissera caresser son ptérodactyle.
Monsieur Charles s’apprêta à quitter son auberge, poussé par le nain.
- Un ptérodactyle ?
- Ni plus, ni moins. Il doit être en train de planer au gré des embruns en ce moment même. Un spectacle à ne rater sous aucun prétexte. Allons, dépêchez-vous. Vous êtes Cracmol ?
Dans l’entrebâillement de la porte, la tête de Crome eut l’air d’un gros ballon de baudruche contrefait.
- Je ne sais pas qui vous êtes Mademoiselle, mais vous avez certainement un grand pouvoir. Il darda Pierre. Pas celui que vous croyez.

Le silence regagna l’auberge sitôt la porte fermée, seules quelques voix étouffées émanaient de l’extérieur. Le feu craquait fébrilement à présent. Et puis soudain, la pierre se mit à vibrer. Sautillant sur le comptoir comme parcourue de spasmes jusqu’à tomber au sol. Ploc ! fit-elle en rencontrant le parquet, dix autres cailloux identiques apparurent. Vibrant, s’entrechoquant, ils donnèrent naissance à une centaine d’autres ; qui se multiplièrent encore à profusion phénoménale dans des Ploc ! incessants.

Apparition Lesson - Page 2 971542Saturnin1


En quelques secondes, les vitres de l’auberge éclatèrent sous la pression des pierres qui avaient rempli le rez-de-chaussée de l’auberge ; les portes sortirent de leurs gonds, libérant un déluge de petites roches. On eût dit que la bâtisse vomissait des cailloux par toutes ses ouvertures. Piège ou échappatoire ? A l’extérieur, tandis que Crome pressait Monsieur Charles afin de l’éloigner de son auberge constipée de caillasse et sur le point d’exploser, Lisa regardait horrifiée le spectacle des abords de la falaise où Lukas s’entretenait avec un homme à la corpulence stupéfiante et à la taille gigantesque de plus de quatre mètres. Sur l’épaule de celui-ci se tenait… un ptérodactyle au pelage roux ; dont chaque braillement rappelait le bruit regrettable d’une craie contre un tableau noir.
- Content de te revoir Saturnin, dit Lukas qui tentait vainement d’esquisser un sourire de circonstance.
- J'ai été informé, un peu tardivement je dois dire, qu'une réunion des anciens élèves du Collège avait lieu dans le coin, ironisa le géant d’une voix si gutturale qu’elle semblait émaner des cieux. Toutes mes condoléances pour ton père Lukas, reprit-il d’un air plus solennel. Une sale affaire. Nous devons agir c’est sûr, mais avec prudence et discernement.
- J’ai besoin que tu me gardes ceci, dit-il en tendant son bras vers l’auberge. Une pierre régurgitée par la bâtisse à quelque mètre du pas de l’ancienne porte d’entrée fila sur plusieurs mètres avec la vitesse d’une balle de revolver et vint se loger dans le poing du chercheur de sorts. Il la fit tomber dans la grande main rugueuse de Saturnin qui la fourra dans l’une des poches internes de son long manteau de cuir avant de lui rendre un clin d’œil entendu.









Samuelle Daee

Samuelle Daee
SORCIERE.
Agent du Ministère Canadien

► MESSAGES : 173
Apparition Lesson - Page 2 #Mar 20 Sep - 23:45


Une main sur son épaule qui glissa le long de son bras jusqu’à l’articulation du coude, comme une caresse. Jamais brute ne cacha si sournoisement son jeu… Pétrifiée, il lui avait interdit toute réaction… Le plus cruel de tous les assauts pour une nature spontanée. Un acte perfide. Pierre drainait sa magie et il avait le pouvoir de tout lui prendre…

Une histoire qui ne les concernait pas? Sans doute… Samuelle s’affaiblissait rapidement…

Pierre lui fit les poches et jeta sur le sol de l’auberge une pleine poignée de sable qu’il laissa filer entre ses doigts sous le nez de sa soeur… Un sable ambré, une farine de roche arrachée par les glaciers. Quelqu’un avait glissé du sable dans ses poches pour pouvoir la retracer… Philippe!! Pensa Samuelle, trahie et meurtrie. Voilà comment il l’avait piégé. Elle ferma les yeux un instant, revoyant la scène, et quelque chose mourut en elle.

L’aura de la mort qui la nimbait devint tangible même pour les moins sensibles et Lukas posa la pierre destinée à balto sur le zinc. Tout l’esprit de Samuelle hurla d’indignation. NON! Il ne pouvait pas revenir en arrière. Il avait dit qu’il ferait attention, qu’il ne la perdrait pas!

Pierre admira la pierre sur le comptoir… « C’est une de tes pierres… » se réjoui-t-il… « Une pierre qui révèle… Il l’a rejetée. Il n’en connait pas la valeur, n’est-ce pas? » Il jubilait, susurrant son venin à son oreille. « Tu vois, lui aussi t’abandonne… il ne peut pas voir au-delà de ta façade de mensonge… Il ne croit pas en toi… Il a besoin de preuve. Il n’ira pas plus loin si tu ne le retiens pas… » Du coin de l’œil, il la laissa voir lukas et ses amis quitter la pièce avec l’aubergiste. « Vas-y, appelle! Dis-lui, dis-leur de ne pas t’abandonner! » Et Pierre sourit un peu plus largement… « Non je ne t’en donnerai pas la possibilité, tu sais trop bien me décevoir… »

Du bout du pied, le shaman étala le sable sur le plancher. Il s’accroupit et tenant toujours sa sœur par la main, posa la main bien à plat sur le lit minéral. « Je te ramène à la maison, à ta place. » Pierre se concentra, il ouvrit la sente. Une forte anomalie gravitationnelle s’épanouie sous sa main, le sable sur le plancher se souleva lentement, chaque particule oscillant dans la lumière de la pièce.

C’est à ce moment que les cailloux se multiplièrent façon popcorn. Il se trouvait près du sol. Surpris, le shaman fit une erreur. Une main sur la sente, il relâcha sa prise sur la main de sa sœur un instant pour se protéger la figure des cailloux qui échappaient à tout contrôle.

Samuelle, libérée de son emprise et le cœur débordant de ressentiment et d’une haine âpre et intolérable en profita pour le pousser dans la sente. Elle n'appartenait à personne et n'avait pas besoin d'être protégée... Enfin... Presque pas... Un peu d'aide était toujours bienvenue...

*Extérieur*


Le sol trembla faiblement… Peut-être le rebond de l’atterrissage du ptérodactyle sur le sol tourbeux? Sans doute la pétarade des cailloux dans l’auberge… Mais l’onde s’amplifia jusqu’à devenir pleinement perceptible et une longue crevasse couru vers la falaise. Ç’aurait pu être un phénomène naturel… Mais la crevasse originait de l’auberge où se trouvait le frère et la sœur Daee. En outre, l’auberge elle-même se déforma, sombrant par le centre comme si déchirée en 2, chaque moitié s’écoulait par la crevasse. Une crevasse de quelque dizaine de cm.

VLAM!

La porte s’ouvrit à la volée et Samuelle en surgit comme un boulet de canon. Elle trébuchait sur les cailloux qui se répandait par toute les ouvertures.« RESTEZ PAS LÀ!!! PARTEZ!!!! » hurla-t-elle en fonçant sur Lukas. Elle le percuta avec force, directement, sans chercher à l’éviter, comme si ceux été son intention. Tout l’esprit de Samuelle était fixé sur celui qui l’avait abandonné là pour aller à Vienne. Vienne…

CLAC!









Lukas K. Ustaz

Lukas K. Ustaz
PROFESSEUR de dcfm

► MESSAGES : 294
Apparition Lesson - Page 2 #Ven 23 Sep - 22:09


- Mais… qui va me rembourser mes fenêtres… et ma porte ? demanda Monsieur Charles, abasourdi, comme celle-ci venait de sauter de ses gonds dans une irruption d’esquilles laissant libre cours au torrent de pierrailles.
- Tenez, tenez, et ne vous affolez pas, rien de bien méchant, répondit Crome en fourrant dans la main du vieil homme quelques gallions d’or.
L’auberge s’effondra sur elle-même dans un brouhaha assourdissant avant de sombrer dans la crevasse naissante qui ruisselait vers la falaise. Le vent étouffa les exhortations de Samuelle surgissant, mais nul doute pour ses interlocuteurs qu’elle criait l’évidence.
- Évidemment, là… dit le nain, à peine embarrassé face à un Monsieur Charles déconfit, qui guignait la métisse alors qu’elle précédait la fissure à grandes enjambées. Voyez ceci comme une opportunité de repartir sur de nouvelles bases ? Ailleurs…
Crome s’éloigna du vieillard et se dandina prestement jusqu’à ses compagnons. Tous regardaient la métisse arriver en leur direction, lancée comme un boulet de canon. Et pourtant, l'extravagance du tableau semblait affecter un ralenti cinématographique à toute l'action.
- Saturnin, trouve Balto, eut à peine le temps de dire Lukas.
- Lisa, prête ? s’assura Crome au même moment.
La sorcière acquiesça d’un signe de tête sans quitter des yeux Sam qui se rapprochait à grande vitesse, toujours poursuive par l’effondrement filant de l’écorce terrestre.
Les anciens camarades du Collège se connaissaient bien et n’avaient pas eu besoin d’expliquer le plan à suivre : à la seconde où Sam les aura rejoint, Lukas aura amorcé le transplanage et Crome et Lisa s’y seront immiscés. Mais la métisse avait visiblement décidé de faire de l’esbroufe, si bien qu’elle se chargeât de tout ça.
Saturnin avait déjà décollé, son ptérodactyle l’empoignant par les épaules et soulevant inexplicablement toute sa masse de géant dans les airs, lorsqu’un CRACK ! survint quelques secondes avant que le crevasse ne semblât se jeter de la falaise. Lukas, le souffle coupé par l’impact de la métisse contre son torse, ceignit ses bras autour de cette dernière tandis que Crome et Lisa se sentirent inévitablement aspirés dans une torsion incontrôlée qui les aspirait nombril en premier.


En direction de ==> Les Valses Violentes de Vienne.










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