« Indiana, c’est toi … ? »

Une voix familière, voir plus que familière. Indie abandonna sa vaisselle sans état d’âme. A vrai dire elle ne vivait plus ici. Elle n’avait plus rien à faire là. Ses frères ne vivaient plus dans cette maison, ils étaient tous partis en la laissant là. Puis elle aussi était partie, avec Nate, pour vivre sa vie à elle, sans eux. Mais la brunette ne pouvait s’empêcher de revenir de temps en temps. Pourquoi ? Juste pour être sure qu’il n’était pas mort seul, pour être sure qu’il était toujours là, pas plus mal et peut être mieux. Après tout on ne savait jamais. Bien qu’Indie ait peur de lui, plus que de n’importe qui d’autre, elle s’était toujours sentie responsable en tant que fille. Ce n’était pas le cas de ses frères à priori, mais Indie était Indie. Alors elle revenait, elle faisait le ménage complet (ce qui lui prenait un temps fou), puis elle repartait pour revenir le mois suivant… Elle était là depuis deux bonnes heures. En arrivant elle avait trouvé le père dans son lit en train de cuver son whisky… Elle l’avait laissé là, et avait ramassé ses affaires pour faire une lessive, et jeté les bouteilles vides qui s’empilaient et autres tâches ménagères de ce genre. Indie laissa en plan l’assiette sale qu’elle était en train de frotter avec ardeur lorsqu’elle vit un drôle de personnage accompagné d’un enfant. Son premier réflexe aurait été, en temps normal d’avoir peur, mais elle le reconnut instantanément malgré les changements physiques qu’avaient modifiés Maëlan.
Tandis que ses yeux commençaient peu à peu à déborder d’un trop plein de joie, la brunette demanda, comme si cela pouvait l’aider à mieux le croire. Il était bien là. Ma.

« Maëlan ? »

Mais quelle question ! Bien sûr que c’était lui ! Indie ne put se retenir plus longtemps, à la fois de fondre en larmes mais aussi d’être si loin d’eux deux, alors elle leur sauta au cou, sans prendre le temps de leur en vouloir. Elle était bien trop contente de les avoir retrouvé.

« MAELAN !! AUDRAN !! »

Après avoir embrassé son frère sans complexe sur les lèvres, la jeune femme se planta devant lui, essuyant quelques larmes qui laissèrent leur place à d’autres, et elle lui sourit, profitant de l’instant tel que le lui offrait. Puis elle se tourna vers Audran, et le serra dans ses bras. Etre loin de son neveu, ca ca avait été un supplice aussi, elle qui le considéré un peu comme son propre fils aussi. Elle le couvrit de bisous alors qu’elle ne pouvait se résigner à desserrer son étreinte.

« Comment tu vas mon chéri ? Tu as trop manqué à Tata tu sais ! Je suis contente de vous revoir toi et ton papa ! Vraiment trop contente ! »

« Toi aussi tu m’as manqué, mătuşă ! »

Indie aurait reconnu cette langue entre toutes. De tous le quatre quart, elle avait toujours été celle qui s’était le plus intéressée à leurs origines daces, si bien qu’Indie avait appris un peu de cette langue latine perdue au milieu des pays slaves. Un sourire aux lèvres, mais aussi une pointe d’étonnement dans les yeux, la jeune femme se tourna vers son frère pour l’interroger du regard. C’était pour le moins étonnant, de tous les quadruplés, il était bien celui qui avait le moins parlé de leur mère. A vrai dire elle ne se souvenait même pas l’avoir entendu dire « maman ».

« J’ai … J’ai été dans le pays de maman… »
« De maman ? »

Son sourire s’agrandit. Non seulement ca faisait très plaisir à Indie que son frère se décoince vis-à-vis de leur mère, mais en plus ils étaient allés en Roumanie, et ca c’était vraiment formidable. Elle qui avait toujours rêvé d’y aller, surtout dans le nord ou dans les Carpates, ou n’importe où du moment qu’il fuse un jour appelé Dacie.
La brunette allait ajouter quelque chose du genre « Mais comment c’était alors ? ». Avec sa joie et son entrain habituel, parce qu’après tout rien ne pouvait gâcher leur retrouvaille. Rien. Enfin…

« PUTAIN C’EST QUOI CE BORDEL !? ENCORE CETTE PETITE CONNE LA ! INDIAAANAAAAAAA !!!! »

Indiana, instantanément prit Audran dans ses bras (réflexe de maman, même si elle n’était que Tata mais quoi de plus normal après tout ?). Ses grands yeux de biche se dirigèrent vers les escaliers où elle s’attendait à voir surgir son père à tout moment. Apeurée, la brunette prit la main de son frère et se leva.

« Viens Ma, on s’en va ! »

Elle le connait bien, elle sait qu’il ne va pas fuir comme elle avait l’habitude de faire. Maëlan avait toujours été celui qui l’avait protéger de leur alcoolique de père. Il avait toujours foncé dans le tas, et n’avait jamais eu peur de confronter le père. Mais si lui n’avait pas peur, Indie, elle avait peur pour deux. Alors qu’elle sent qu’il prend son élan pour monter les escaliers, elle lui crie, toujours avec Audran dans les bras.

« Maëlan ! Non, fais pas ça ! »

Les larmes commencent à lui monter aux yeux mais elle les retient tant bien que mal. Elle ne veut pas faire encore plus peur à Audran qui est déjà en larmes. Indie le sert encore plus fort pour le rassurer, et elle le berce comme une maman, lui disant que tout ira bien, que papa va revenir, et qu’elle est là en attendant. Elle hésite, et ne sait pas quoi faire. Elle ne veux pas monter avec Audran, ne veut pas qu’il se retrouve au milieu de tout ca, mais elle ne veut pas le laisser seul, tout comme elle veut que Maëlan parte tout de suite avec eux. La douce Indiana ne sait pas quoi faire… Puis quand elle les entend hurler en haut, Elle n’hésite plus, et monte les marches quatre à quatre, avec Audran dans ses bras. Elle les retrouve sur le sol en train de se donner des coups, et soudainement elle a de nouveau 13 ans.

« Comment t’ose t’en prendre à la seule personne qui s’inquiète un peu pour toi ?! »
« Maël ! S’il te plait arrête ! Laisse le, il en vaut pas la peine ! Ma ! »

Elle serait bien allée se cacher quelque part en attendant que l’orage passe, mais elle a l’impression que ce n’est pas comme les autres fois. Le père frappe plus fort que d’habitude. Postée là, dans l’encadrement de la porte, Indie tient toujours Audran et ne peut rien faire à part hurler à son frère de partir.

« Merde Ma ! Mais pense à Audran, viens on y va ! Laisse le ! »
« Toi ! Tu vas voir ! J’vais t’apprendre moi à parler comme ca à ton père ! J’vais te régler ton compte petit connard ! »

Et le père frappe encore plus fort. Mais merde Indie, t’es une sorcière t’as une baguette ! T’as un cerveau aussi ! Fait le fonctionner une fois de temps en temps.

« T’es qu’un enculé, ‘pa. »

Indie ne peut retenir un cri lorsque Maëlan se fait frapper de nouveau. Elle ne veut pas voir ça. Elle à trop peur pour ça. Et surtout, elle ne veut pas qu’Audran voit ca. Alors elle s’échappe, et descend les marches tout en tenant son neveu tout contre elle, pour le protéger des paroles comme des sons de coups qui se font entendre dans cette maison, qui en fin de compte ne semble être faite que pour ca. L’ancienne poufsouffle tourne dans le hall d’entrée sans trop savoir quoi faire. Ses larmes embrument sa vision, et entendre son neveu pleurer la fait se perdre encore plus dans son incapacité chronique à faire quoique ce soit de logique et cohérent.
Elle entend des bruits de pas et se retourne rapidement, serrant un peu plus Audran contre elle. La brunette et rassurer de voir Maëlan, encore debout. Elle se plait à croire qu’il va les suivre maintenant, et laisser leur père à son whisky. Ca serait tellement plus facile comme ça. Pourtant, elle sait déjà ce qu’il va lui dire. Parce qu’ils n’ont rien perdu de leur capacité à lire en l’autre comme dans un livre ouvert. Maëlan, elle le connait plus qu’elle ne se connait elle-même. Elle sait que quoiqu’elle lui dise, il avait déjà décidé d’y retourner. Et les paroles de son frère ne firent que de donner raison à ce qu’elle savait déjà.

« Indie… part avec Audran, s’il te plait. »
« Ma… »

Il l’embrasse, laissant un gout de sang amer sur ses lèvres. Ca lui soulève le cœur. Elle le voit partir, incapable de faire ou de dire quelque chose. Elle voudrait fuir. Ses jambes n’attendent que ça. Tout son corps n’attend que ça. Fuir loin, comme elle l’a toujours fait. Mais maintenant qu’elle vient de le retrouver, elle ne veut pas le voir partir. Elle a presque plus peur pour lui que pour elle. Alors au lieu de prendre la porte, Indie file dans la cuisine, et ouvre le placard sous l’évier. Doucement, avec ses gestes de maman, elle y pose Audran. Et avec sa voix tout aussi de maman, elle lui explique calmement, tout du moins le plus calmement possible…

« Audran, écoutes bien Tata. Mon chéri, tu vas rester caché là. Tu ne sors pas de là tant que je ne suis pas revenue. Tu restes ici, il ne viendra pas te chercher là je te le promets. Tu restes là, tu ne bouges pas, je vais aider ton papa, et je reviens avec lui. Je sais que t’es courageux, je compte sur toi Audran. »

Elle tente même un sourire, et elle l’embrasse sur le front, avant de lui faire un câlin qui se voulait rassurant. Elle ne veut pas le laisser là, mais Indiana n’a pas l’impression d’avoir beaucoup de choix qui s’offrent à elle à l’heure actuelle. Indie ferme la porte du placard et elle se redresse. Elle reste plantée là quelques secondes. Puis elle s’élance de nouveau dans les escaliers. Elle déteste cette maison. Elle déteste tout ici. Elle déteste la vie qu’il y a eu. Elle le déteste lui. Elle le déteste plus que tout.
L’ancienne poufsouffle entre de nouveau dans la pièce où le père et le fils se livrent toujours une lutte sans merci. Les larmes coulent toujours sur les joues de la jeune femme qui voit Maëlan coller une droite au père, pour se prendre la même juste après en plein dans le nez. Les pleurs d’Indie redouble tandis que sans savoir comment, ni pourquoi elle lève sa baguette vers son père. Elle le déteste. Elle le déteste tellement.
Un éclair, et le père tombe à terre. Indie ne le sait pas encore, mais il ne respire plus. Elle, elle ne comprend plus rien. Elle ne comprend plus à ce qui se passe.

Indiana se sentit comme paralysée. Elle ne pouvait pas détacher son regard du corps inerte de son père. Au début, rien ne s’était passé dans sa tête. Elle s’était contentée de le regarder. Et puis une idée terrible lui avait parcouru l’esprit. Une idée sur laquelle la brunette ne voulait surtout pas mettre de mot. Son estomac se contracta juste tandis qu’elle laissait échapper un sanglot. Et si… si elle l’avait…
L’ancienne poufsouffle sentit ensuite l’étreinte de Maëlan, et ce n’est que grâce à lui qu’elle quitta son père du regard, pour se noyer dans les bras protecteur de son frère. Bizarrement ses larmes s’étaient taries alors que l’idée serpentait, grandissante, en elle. Et si elle l’avait tué ?

« Avada kedavra. »

Indiana poussa un cri étouffé à ses mots, et elle serra Maëlan un peu plus fort contre elle en même temps. Il était mort. Que ce soit Maëlan ou elle le meurtrier… C’était maintenant un fait. Il ne serait plus jamais là. Indiana ne pensa pas le moins du monde à tout ce qu’il leur avait fait souffrir, tout ce à quoi elle pensait c’était à la mort, une chose bien trop terrible pour que l’on puisse se réjouir de quoique ce soit à côté de ça. Les larmes reprirent leur chemin, alors que peu à peu, Indie perdait pied. Maëlan lui demanda à temps, avant qu’elle ne flanche pour de bon, où était son fils.

« Oh, Indiana… Audran ? »
« Sous l’évier… Il est sous l’évier dans la cuisine. »

Elle avait dit ca dans un murmure. Sa voix se brisa sur les derniers mots, alors que son grand regard bleu se tourna de nouveau, presqu’hypnotisait, vers le corps sans vie de leur père. Indiana trembla légèrement, puis elle s’enfuit aux toilettes sans prévenir, pour aller rendre son déjeuner. Parce qu’Indiana avait toujours été la plus distinguée des Dashwood, elle avait tout de même fait l’effort de ne pas rendre à côté du cadavre de son père…
Assise là dans cette salle de bain pittoresque, la brunette éclata en sanglots. Elle sentait presque son souffle se couper par instant, et avait à vrai dire du mal à respirer. Elle paniquait, tout simplement. Qu’est-ce qu’ils allaient devenir maintenant ? Et Audran ? Et Nate ? Ils méritaient d’aller en prison. Ils avaient tué quelqu’un. Une seconde personne même au tableau de chasse d’Indiana. Elle se sentait misérable, plus encore que quand leur père était en vie. Elle ne méritait rien de tout ce qu’elle avait. Rien, si ce n’était de finir à Askaban.

Encore une fois, l’étreinte de Maëlan la fit se sentir mieux. Indiana ne cessa pas de pleurer non, ça serait trop en demander, mais quelque part elle se sentait tellement mieux dans ses bras. Puis il tente de lui dire quelque chose. Malgré le fait qu’elle n’est plus la tête sur les épaules Indie essaie vraiment de l’écouter.

« Indiana… Tu as intérêt à bien m’écouter et surtout ne jamais me contredire. J’ai tué quelqu’un avec un sortilège impardonnable, je suis un sang-mêlé, je risque certainement… Azkaban. Écoute-moi bien. Tu n’y es strictement pour rien, il n’y a que moi qui dois payer. Toi tu dois rester pour t’occuper d’Audran, d’accord ? Je suis le seul fautif. »

Au fur et à mesure que Maëlan parle, Indie comprend ce qu’il tente de lui dire. Que c’est lui qui a tué quelqu’un aujourd’hui. Pas elle. Qu’il sera le seul à en subir les conséquences. Qu’elle n’a pas à s’inquiéter. Mais Indie ne veut pas de cette vérité. Peut être que c’est lui qui l’a tué, oui, peut être bien… Mais quoiqu’il en soit elle ne s’imagine pas qu’il puisse la quitter de nouveau, alors qu’ils viennent de se retrouver, et surtout pour finir à Azkaban. Inconsciemment, la brunette se met à tourner la tête de droite à gauche comme pour gommer cette semi vérité que Maëlan veut lui faire croire. Il ne peut pas finir à Azkaban. Ce serait encore plus terrible que la mort de leur père.
Indie n’a pas le temps de dire quoique ce soit que son frère la lâche pour mettre le nez dans les toilettes et vomir à son tour. La jeune femme comprend soudain combien elle avait été stupide de se contenter de pleurer. Bien entendu que Maëlan devait être dans un sale état. Le père ne l’avait pas épargné, tout comme il n’avait pas épargné le père…
Indie se redresse alors subitement, et passe sa main dans le dos de Maëlan qui crache son sang. Sa première pensée est de l’amener à Sainte Mangouste. Mais dans ce cas, elle leur dirait quoi ? Qu’il s’était battu avec leur père mais que c’était ok maintenant vu qu’il l’avait tué et qu’il gisait encore sur le parquet de sa propre chambre aux odeurs de whisky. Non. Si elle le pouvait, elle devait faire en sorte d’éviter que Maëlan passe par la case autorité. Alors… Elle devait faire quoi ? Elle n’y connaissait rien, mais alors absolument rien, en soins… Malgré, la première chose à laquelle la brunette pense est d’amener Maëlan chez Avril. Elle saurait surement quoi faire elle. Ou alors… ou alors… Elle ne savait absolument pas.
La jeune femme, faute de savoir quoi faire, prend du PQ (great -_-), le passe sous l’eau froide et l’applique doucement sur le visage de son frère. Mais qu’est-ce qu’elle devait faire ? Comme d’habitude, Indie se reposa sur celui qui l’avait sorti de tous ses tracas dernièrement. Celui qui l’aiderait, elle en était sure… Alors elle prit de nouveau sa baguette et écrivit devant elle un message avec sa belle écriture arrondie. Il apparaitrait devant son cher et tendre instantanément.

« Viens chez mon père, s’il te plait. C’est très urgent. Indiana. »

Indiana se retourne vers Maëlan, et elle essaie de l’allonger par terre. C’était pas du PQ qui lui fallait putain. Ils avaient une trousse de premier secours à quelque part, fallait juste qu’elle trouve où. Et Indie partit à toute vitesse la chercher.

Elle ne l’entend pas lui dire d’aller chercher Audran. Tout du moins, elle n’entend pas sa voix car Indie, malgré cela entend bien la demande de son frère. Ils ne pouvaient rien s’ils étaient comme ça, un peu bizarres à se comprendre sans rien avoir à se dire, ça avait toujours été comme ça. La brunette se maudit mentalement de ne pas avoir pensé à son neveu avant. Quelle marraine faisait-elle ? Une mauvaise, mais de toute manière, qu’est ce qu’elle ne faisait pas de mal ? Elle était une mauvaise mère qui avait refusé à son enfant de voir le jour, et une mauvaise fille, qui avait retiré la lumière à celui qui la voyait. Ou alors non… C’était peut être Maëlan, Indie n’aurait su dire, et de toute manière, elle n’avait pas le temps de réfléchir à ca. Vraiment pas le temps.

La jeune femme dévale l’escalier et manque de se fracasser son beau minois au passage. Aussi vite qu’elle le put, elle entra dans la cuisine, et essaya d’appeler son neveu. Sa voix semblait coincée à l’intérieur d’elle-même. Elle savait que ce n’était pas le moment, vraiment pas, Audran aura besoin d’elle plus que jamais. Indie s’agenouilla devant le placard et l’ouvrit, un grand sourire aux lèvres, réellement heureuse de le trouver là. Elle le prend dans ses bras et l’enlace avec tout l’amour qu’elle lui porte, tendrement et doucement, comme la maman qu’elle a toujours été. Elle le bercerait presque alors qu’elle se relève, et qu’elle l’entraine avec elle dans le couloir. Là, elle ouvre un nouveau placard, et elle trouve la trousse de secours. Toujours là où elle l’avait mise 6 années plus tôt. Ce n’était pas étonnant, elle s’était toujours plus occupée de cette maison que son père ou ses frères… Indiana attrape la trousse d’une main, tenant toujours Audran contre elle avec son autre bras. Avec ses bagages elle remonte les marches bien moins rapidement, mais elle arrive tout de même en haut. Elle ne va pas directement dans la salle de bain, non. Avant elle ouvre la porte de la chambre qu’elle partageait auparavant avec ses frères, et elle pose Audran là. Elle pose aussi la trousse à côté d’eux, et ses deux mains se dirigent ensuite vers les épaules de son neveu. Elle ouvre la bouche sans succès. Et plus elle pense à ce que ca veut dire plus elle prend peur, et plus elle prend peur plus sa gorge se serre. Elle n’aime pas cette situation. Elle n’aime pas qu’on se repose sur elle. La brunette le sait bien, qu’elle va tout faire de travers. Elle sait que si personne n’arrive pour l’aider, alors Ma sera dans le beau drap. Parce que clairement elle n’était pas de taille pour ça. Elle ne se sentait pas de taille en tout cas. Et elle devait faire quoi ? Avec Audran là, qui n’attendait que des mots rassurants de sa tante qui n’en menait pas large. Elle n’y arriverait jamais. Indiana avait la sensation que tout allait mal. TOUT. Son père était mort, tué par Maëlan (peu à peu elle se faisait à cette version de l’histoire), Ma était mourant dans la salle de bain, Audran était tout seul ici, elle était une bonne à rien, elle allait finir à Azkaban et Audran retournerait avec sa tarée de mère. Voilà comment elle voyait les choses, même si clairement elles étaient déformées par l’esprit légèrement paranoïaque de la jeune femme. Elle n’arrivait même plus à bouger, paralysée par la peur. La seule chose qu’elle put faire, se fut de prendre une nouvelle fois son neveu dans ses bras. Puis elle se recula et lui fit signe de ne pas bouger. Elle aurait voulu le lui dire, mais si elle ouvrait la bouche, c’était pour vomir de nouveau.

Indie retourne auprès de Maëlan, et à l’aide de sa baguette, le fait voler jusqu’à la chambre où elle a laissé Audran quelques instants plus tôt. La brunette n’aurait jamais cru, mais alors JAMAIS, qu’elle aurait pu se servir de la magie comme ça, et encore moins dans ce genre de situation. C’est qu’elle était en fait plus dégourdie qu’elle ne le pensait enfin de compte.
Elle allongea Maëlan sur le lit, et ouvrit la trousse de secours. Une chose à la fois, une chose à la fois, une chose à la fois… Elle commençait pas quoi déjà ? Désinfecter. Oui voilà, c’était bien. On sort la potion pour et des cotons. C’était un bon début.

C’est avec toute la délicatesse qui la caractérise qu’Indiana applique patiemment la potion sur les plaies de Maëlan. Quelque part cette tâche la calme un peu, surement dû au fait de rester assise, posément, sans avoir à courir partout. Pourtant elle restait très tendue, et elle le serait tant que le cadavre de son père gisait dans la pièce mitoyenne. Rien qu’à penser à ça, l’ancienne poufsouffle en avait des frissons d’épouvante, et lorsque c’était le cas ses gestes de faisait un peu plus saccadés. Mais la brunette ne se rendait pas compte que pour ce qui était surement la première fois de sa vie elle prenait des initiatives, des responsabilités, et que mine de rien elle n’arrivait pas si mal à se débrouiller. Non, elle tout ce qu’elle voyait c’était que l’espoir de voir débarquer Nate d’un instant à l’autre était presque plus fort que sa culpabilité ou que sa peur.

« Indiana… je suis fier de toi… j’ai confiance, t’es la meilleure… »

Elle le regarda et esquissa un sourire mal assuré. Maëlan avait toujours eut cette confiance aveugle en elle. Il l’avait toujours crut capable de faire face à tout, comme lui était capable de le faire. En vérité, ce genre de parole ne la rassurait jamais bien. Pourquoi ? Parce qu’elle avait toujours l’impression de décevoir ceux qu’elle aimait quand elle échouait. Mais cette fois était un peu différente, parce qu’en face d’elle, tranquillement assis sur un lit, son neveu la regardait. Pour lui elle savait qu’elle allait devoir repousser ses limites.
Indiana se contenta de passer sa main dans les cheveux de Maëlan, comme pour le rassurait, lui dire qu’il n’avait pas à s’inquiéter. Elle ferait son possible jusqu’à ce que Nate arrive. Elle n’en doutait pas, il saurait quoi faire. Alors Indie poursuivit sa tâche. Elle la prolongea même après que tout soit fini. Après la potion, elle avait appliqué des pansements sur les plaies de son frère, et elle avait continuait de lui prodiguer moulte soins. A vrai dire, elle n’avait pas envie de s’occuper de ce qu’il lui restait à s’occuper… Elle aurait juste voulu que Nate arrive. Alors elle restait assise là… à regarder son frère sans trop savoir quoi faire. La brunette finit par se lever pour rejoindre son filleul, elle le prend dans ses bras, et le pose sur ses genoux tout en lui appliquant un bisou sur la joue. Elle était heureuse de les avoir retrouver, mais la joie de les revoir c’était malheureusement transformée en cauchemar.

Indiana n’avait pas vu le temps passé. Elle s’était contentée de rester assise avec Audran sur ses genoux, en attendant de vois comment Maëlan se remettait de ses blessures. 20 bonnes minutes avaient passées ainsi, 20 minutes durant lesquels elle n’arrivait vraiment plus à penser clairement. Heureusement qu’Audran était un ange, parce qu’Indie, en état de choc, n’aurait pas réagi si il avait mis le feu à la pièce. Elle avait d’ailleurs à peine réagi lorsque Maëlan ouvrit de nouveau les yeux. Ce n’est que lorsqu’elle sent les lèvres de son frère sur sa joue, qu’Indie lève la tête pour le voir quitter la pièce. Elle sait bien où il va, mais préfère ne pas y penser. Ce n’est que quelques minutes plus tard qu’elle entend une pelle faire son travail dans le jardin. Indie se lève donc enfin, attirée par le bruit plus que par curiosité, en laissant son neveu sur le matelas posé à même le sol qui servait de lit à Jude auparavant. La brunette se dirige vers la fenêtre et voit son frère à l’œuvre, en train de creuser la tombe de leur propre père. A cet instant précis Indie ne se demande plus qui est responsable de ça. Elle sait qu’au final, que ce soit elle ou Maëlan, ils souffriront tous les deux de la même manière. Et alors qu’elle le regarde faire une évidence lui vint à l’esprit. Une terrible évidence même. Parce qu’Indie n’a jamais été bonne à rien, mais que maintenant elle pense presqu’avoir une prédisposition malsaine au meurtre. Cela lui donne un frisson, et quelque part en elle son innocence se brise.
Parce qu’elle sait que si Maëlan se contente d’enterrer leur père dans leur propre jardin, et que si quelqu’un (elle en doutait étant donné que son père n’avait pas d’amis) remarque la disparition du paternel Dashwood, alors ils découvriront son corps facilement. Et Ma sera jeter à Azkaban. Et rien que de penser à ça, Indie avait le souffle coupé. La brunette se tourna donc vers Audran, et lui fit signe de ne pas bouger. L’ancienne poufsouffle sortit de la pièce pour se diriger devant la porte de la chambre de son père. Elle resta immobile devant celle-ci une longue minute, avant de se décider à poser la main sur la poignée et tenter de l’ouvrir. Elle n’y arriva pas, et se douta que c’était Maëlan qui avait fait ça. Pour les protéger de ce qui jonchait le sol de la pièce à l’allure de caveau familiale. Indiana retourna donc chercher Audran de la chambre du quatre quarts, et ils rejoignirent Maëlan dehors.

Le soleil brillait comme si de rien n’était. Comme si cet instant ne méritait pas le moins du monde le déluge dramatique des films moldus. Les oiseaux chantaient même, et tout ça au final, ne faisait que de rendre morose la jeune femme. A l’intérieur d’elle il y avait pourtant toute cette panoplie d’effet hitchcockien : la nuit, la pluie, les éclairs, les oiseaux. Tout.
La jeune femme regarda faire Maëlan un moment. Elle hésitait à lui dire ce qu’elle avait imaginé pour les protéger tous les trois. Ca aurait été plus simple de le laisser faire. Ca lui aurait moins couté. Mais Indie ne pouvait pas se résoudre à ne pas mettre toute les chances de leur côtés pour que Ma ne finisse pas à Azkaban. Elle s’en serait voulu toute sa vie. Ses larmes s’étaient taries depuis une bonne demi-heure, par miracle, mais elle sentit un nouveau déluge en approche. Doucement, elle tapota sur l’épaule de son frère, les yeux plein de larmes, la gorge nouée et l’esprit en pagaille. Lorsque ce dernier se retourna vers elle, elle ouvrit la bouche pour lui parler, mais rien ne sortit pour ne pas changer. Ses larmes se firent un parcours le long de sa joue pour venir s’échouer lourdement sur le sol. Et c’est presqu’au ralenti qu’Indie prit sa baguette pour en dégager une flamme à son extrémité avant de regarder la maison qui signifiait tant de chose pour eux, et à laquelle elle voulait maintenant mettre le feu avec le corps de leur père déjà mort à l’intérieur... Elle n’en revenait pas de faire ça, et ses pleurs redoublèrent.

Indiana, toujours la baguette dirigée vers la maison de leur enfance, laisse Audran passer de ses bras à ceux de son père. Elle le regarde le déposer derrière eux, et, malgré ses pleures elle tente d’adresser un sourire rassurant au petit garçon. Cela n’a surement pas marché, mais au moins elle aurait essayé. Maëlan prend ensuite sa main dans la sienne, ce qui aide un instant la brunette à retenir ses pleurs. C’est ensemble, main dans la main qu’ils incendient leur maison, celle où ils ont tant de souvenirs pour la plupart mauvais, mais aussi des bons, voir des très bon. Parce que pour Indie cette maison représentait l’époque où ils n’y avaient qu’eux, que le quatre quart, et où ils avaient été ensemble pour le meilleur mais surtout pour le pire. Et alors qu’Indie lance des incendio plus ou moins bien placé, la jeune femme se rend compte qu’ils n’arriveront plus à être aussi soudés qu’à cette époque-là. Jamais elle ne sera aussi proche de ses frères, si ce n’est de Maëlan dont elle serre encore un peu plus la main. L’ancienne poufsouffle n’arrive pas à maintenir le sort jusqu’au bout, elle lâche soudainement la main de Maëlan et, les bras contre le corps et la tête basse, elle pleure encore et encore, comme si elle ne pouvait faire que ça.
La jeune femme sent son frère la prendre dans ses bras, et elle l’enlace automatiquement. Elle le serre contre lui et laisse ses sanglots prendre de l’ampleur. Quoiqu’il en soit, dans toute cette histoire, elle a retrouvé son frère. Lorsqu’elle se sera souvenue de cela, elle se sentira surement beaucoup mieux.
Ils restent ainsi à pleurer un certain moment, Audran toujours aussi tranquille derrière eux. Leur maison est maintenant un brasier sans nom et le corps de leur paternel et surement réduit en cendres à l’heure qu’il est. Avant que Maëlan ne les dirige plus loin, Audran et elle, la jeune femme se tourne, la vision brouillée par les larmes, vers ce qui aurait pu être la tombe de leur père, et d’un coup de baguette elle disparait comme si de rien n’était.
Maëlan fait apparaitre des parchemins, Indie ne les compte pas, trop occupée à regarder le brasier qui leur fait face. Son frère l’informe qu’il va écrire à Jude et à Adonis. La jeune femme ne fait que hocher la tête avant de ramener ses genoux jusqu’à son joli minois tout en les encerclant de ses bras. Elle enfouit son visage à l’intérieur de ce cocon rassurant, et elle se rend compte que, pire que d’avoir brûlé le corps de son père, ils viennent de détruire tout ce qui les avaient rattachés à leur mère.
Elle voudrait tellement voir Nate à cet instant précis.

Alors que Maëlan se précipite vers le cabanon au fond du jardin pour prendre son balai, Indiana le suit de regard tout en se demandant ce qui a bien pu lui passer par la tête. Pour quelques instants la curiosité écrase la tristesse et la balaye d’un coup de pied bien placé. Ses larmes arrêtent leurs courses incessantes sur ses joues pour laisser tous loisirs à ses grands yeux de biche de suivre son super héros de frère. La jeune femme le regarde s’envoler vers la maison en feu, et la curiosité de mue alors en peur alors qu’elle se redresse soudainement comme pour mieux voir ce qu’était devenu son frère. Il devait avoir perdu la tête pour s’enfourner dans ce brasier. Il devait être devenu fou. Il met un peu de temps à ressortir, et Indiana se retient de l’appeler en plaçant ses deux mains devant sa bouche. La libération qu’elle ressent quand elle le voit enfin s’échapper du feu de peur n’a aucun nom. Un sourire vient même naitre sur le visage de porcelaine de la jeune femme, les teintes de culpabilité de ses larmes prennent des tons de joie. Son cerveau reprend sa lente marche habituelle, après s’être mit en apnée le temps où Maëlan avait quitté son champs de vision. Quand il pose le pied à terre elle vient faire le pied de grue en face de lui, le détaillant comme pour s’assurer qu’il n’avait rien et finalement son regard se pose sur la boîte à bijoux qu’elle connait si bien.
Indiana n’en revient pas qu’il ait fait cela. Au fond d’elle, l’amour qu’elle porte à son frère grandit encore plus, si c’était possible bien entendu. Il ouvre le coffret et lui donne une photo de leur mère qu’Indie prend dans ses mains en silence. Elle ne l’a jamais connu, et pourtant la brunette a toujours tout fait pour ressembler à cette mère idéalisée qui n’a pas survécu à leurs venues au monde. Maëlan place des perles dans ses cheveux, et le sourire d’Indie se fait plus grand, sachant très bien qu’elle lui ressemble beaucoup, ce qui était à vrai dire l’une de ses plus grandes fiertés.

« Maman serait tellement fière de toi, Indie. »

Ses paroles sont comme un baume anti-douleur appliqué directement sur l’esprit. Le sourire aux allures de bonheur de l’ancienne poufsouffle est, lui, comme un cadeau qu’elle lui offre, redevable de ses mots posologiques et de ces perles de fées qui ornent maintenant ses cheveux. Indiana ne sera jamais aussi fière de son frère qu’à cet instant précis. Il a sauvé ce que cette maison avait toujours protégé, le meilleur de toute cette famille tordue et malsaine. Aujourd’hui il est le spider-man qu’il a toujours prétendu été, mais en puissance 10 façon avengers.
La jeune femme se jette à son cou dans des sanglots qui mêlent bonheur, fierté, joie, tristesse, culpabilité et amour. Un melting pot de sentiments discordants. Elle dépose une fleur de baiser sur sa joue et reste nichée dans ses bras protecteurs.