C'était une après-midi splendide, presque étonnante pour la saison, étant donné qu'il aurait du faire un temps glacial, ou au moins relativement froid. Aucun vent du Nord ne soufflait sur l'école, et le ciel était clair, totalement épuré de ses habituels nuages lourds. C'était en apercevant un éclat de soleil à travers les épais rideaux rouges de la salle commune que Cian s'était décidé à sortir pour profiter de cette belle journée. En réalité, elle devait envoyer une lettre à sa mère pour lui demander si elle serait à Londres pour Noël ou si elle s'y retrouverait seule. Seulement, les mots avaient tardé à venir se coucher sur le papier, la jeune fille réalisait à peine quelle frontière la séparait maintenant de sa mère. Elles s'étaient tant éloignée depuis son entrée à Poudlard, et l'aînée considérant que sa fille était maintenant assez âgée, elle disparaissait souvent plusieurs semaines dans la nature avec des amies ou son compagnon du moment, parfois même les semaines ou Cian rentrait de l'école. C'est pourquoi elle avait du froisser quelques feuilles de parchemin avant de trouver une formulation qui lui plaisait à peu près.

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Bon d'accord, d'un point de vue extérieur, cela pouvait sembler extrêmement ironique, mais sa situation familiale était bien la seule chose qui rendait Cian fragile et triste. Dès qu'elle eut fini d'écrire sa -courte- lettre, elle enfila son manteau, et dévala les marches du château, avant que le soleil ne disparaisse. Heureusement, l'astre semblait au zénith, contemplant les forêts d'Angleterre qui lui étaient cachées la plupart du temps par les sournois brouillards. Le parc recueillait joyeusement en son sein quelques élèves venus se dégourdir les jambes, et quelques un avaient improvisé une partie de fight-ball, un jeu sorcier aux règles plutôt...cruelles. La jeune femme esquiva habilement le terrain barbare occupé par ce qu'elle considérait des adolescents 'primitifs' et se dirigea vers la volière. Conservant son allure, elle grimpa les marches deux par deux, pressée de se débarrasser de cette sale tâche qui la préoccupait tant. Par dessus le parapets de pierre, elle aperçut le lac au loin, et plus précisément l'endroit où elle avait l'habitude de se prélasser, au printemps. L'endroit aussi ou elle avait rencontré Hadès, quelques semaines plus tôt. Etant plus en altitude, un vent soufflait sur la tour, et les cheveux de Cian virevoltaient autour d'elle. pour se protéger des mèches agaçantes, elle se réfugia à l'intérieur du bâtiment en courant, sans pour autant chasser Hadès de ses pensées.

Elle était en même temps agacée, et énervée contre ce garçon, mais elle avait en même temps envie de le voir. ' Ma pauvre Cian, tu deviens vraiment tarée. '. En plus de marmonner toute seule, il lui semblait effectivement qu'elle commençait à dérailler. Elle chassa toute ses pensées d'un secouement de tête, tachant de se convaincre que si elle était dans cet état, c'était à cause de cette foutue lettre, qui la fragilisait. Sans compter qu'elle n'avait plus de nouvelles de son père, qui avait refait sa vie, sans doute, dans son Ecosse natale. Avant de craquer complètement, ce qu'elle détestait par dessus tout, elle se concentra sur un hiboux, qu'elle appela magiquement, et lui noua le rouleau de parchemin autour de la patte droite. Alors qu'elle faisait un noeud final, elle sentit le bec de l'oiseau mordre violemment son annulaire gauche. ' Non mais putain de merde! '. Sa dernière réflexion fut que maintenant, on pouvait plus la demander en mariage. Un bruit de pas se fit entendre derrière elle.

17h46. Il ne restait plus que quatre minutes avant que le cours de potions ne touche à sa fin. Plusieurs élèves avaient déjà rangés leurs affaires, prêts à quitter la classe dès le retentissement de la sonnerie. Hadès lui, était bien trop occupé à terminer son philtre de Paix pour débarrasser sa table. Il faisait parti des rares à apprécier ce cours, sans doute car il faisait parti des rares qui y étaient doués. Alors il prenait son temps. La mixture était presque terminée. Tourner trois fois dans le sens des aiguilles d'une montre, saupoudrer la poudre de Strangulot séché. Verser six gouttes de jus de Mandragore. Le liquide prit une teinte claire, presque transparente. « Excellent, monsieur Levingston. Excellent. Voilà un philtre parfaitement réalisé ! Posez-le donc sur mon bureau ! » Il sentait le regard du professeur dans son dos, un regard satisfait. Hadès versa le breuvage dans une fiole de cristal et la posa sur son bureau, affichant un air faussement humble. A cet instant, la cloche signalait la fin des cours retentit. Il se dépêcha de nettoyer sa paillasse et sortit de la pièce, sans oublier de saluer son professeur.

Dehors, le temps s'était un peu rafraîchi. Le soleil brillait certes intensément, mais une légère brise tiède faisait frémir le feuillage épais des arbres .Il aperçut quelques uns de ses camarades de classe qui se prélassaient sur la pelouse, à l’affût d'une éclaircie solaire. Levingston passa son chemin, sans s'arrêter. Il avait à faire. Son père lui avait envoyé un colis contenant quelques présents en début de semaine. Rien de particulier, quelques Gaillons, une nouvelle cape de fourrure et une lettre lui signalant qu'ils l'attendaient pour Noel. Mais le Serpentard avait tenu à leur répondre et, accessoirement, à leur donner de ses nouvelles.

Ainsi, il se dirigea droit vers la volière : une imposante tour, percée de toutes parts par des meurtrières, par lesquelles entraient et sortaient quelques hiboux. Il grimpa les marches quatre à quatre et s'arrêta aux second étage, où était niché son propre hiboux Grand-duc : Artémis. La pièce était circulaire, deux autres élèves étaient présentes. Le sol était jonché de plumes et de paille. Plusieurs bêtes étaient postées sur des perchoirs, épiant les visiteurs. A la vue de son maître, Artémis virevolta à travers la pièce et se posa droit sur son épaule. Le sang-pur caressa son plumage argenté du bout des doigts : « J'ai un message pour toi. Tu le portera à la maison. » Comme pour lui signifier son accord, l'animal hulula et tendit la patte. Hadès y fixa son message et le caressa une dernière fois, avant de le regard s'éloigner dans le ciel.

Sa tâche accomplie, le jeune homme se dirigea vers la sortie. Mais il se stoppa soudainement, en réalisant que l'une des deux autres élèves présentes n'était autre que Cian Sullivan, une jeune femme qu'il avait rencontré quelques semaines auparavant et avec qui il avait partagé sa nuit. Et autant dire qu'au réveil, ils s'étaient vite rendus compte qu'ils ne s'entendraient pas vraiment. Elle n'avait pas l'air de l'avoir remarqué, il pouvait très bien sortir discrètement. Néanmoins, Hadès était poli, et il alla donc à sa rencontre. Apparemment, la sang-mêlée (qui lui tournait le dos) avait un soucis avec un hibou, elle semblait avoir été mordue. « Nous sommes notre plus grande surprise...et quelle surprise. On dirait que quelqu'un a besoin d'aide.. » Il fourra sa main dans sa poche, à la recherche de Dictame.