Les premières semaines à Ealdwic avait défilé plus vite que l'hispanique l'aurait pensé. Il était vrai, d'ailleurs, qu'avec ce qui se passait actuellement en Angleterre n'était pas de tout repos malgré l'enceinte protectrice de cette université. Un véritable havre de paix, la tour de Babel s'opposant à la masse humaine, au sein de Babylone. Prions Dieu pour qu'il n'invente un stratagème afin d'éviter un échec comme pour cette dernière. Dakota Almadovar, le latino qui faisait parlé de lui tant pour sa plastique que pour son talent visiblement inné pour les Duels, semblait s'être profondément remis de ses blessures reçut lors de l'attaque de Mendes sur sa personne. Son cousin, Santos, avait encore une vilaine cicatrice qui s’embellissait malgré tout, grâce au traitement concocté par son oncle Güiza. Malgré tout, la dispute avec William semblait lui avoir ré-ouvert certaines blessures qui, en réalité, ne s'étaient même pas refermés. Ana-Lucia était son nom, et bien grande et profonde était la cicatrice qu'elle avait causé dans le coeur et l'âme de l'héritier de Miguel. C'était pour cela qu'il voulait voir Mana. Elle, la seule, accepterait d'appeler son esprit à elle, afin qu'il puisse discuter avec défunte femme, lui temps de lui dire Adieu, mais de, surtout, la revoir. Tous les Chamans de sa famille avaient refusé à sa requête. Tous. Même 'Rico. Saul l'aurait fait, Dakota en était sûr. Mais il était ailleurs, et personne ne savait où il était. Du moins, feignaient ils de ne pas savoir où il était. Car Dakota et Santos savaient pertinemment qu'Enrique, ou même la Mama avait une idée sur la question. Quoiqu'il en soit, Santos était tout de même le plus touché par cette si longue absence.

Dakota était sortit de son appartement vers 22h, laissant Santos plongé dans ses bouquins. Chose qui commençait à devenir une habitude depuis que Saul n'était plus là. Santos semblait avoir perdu son essence, sa vitamine, ce qui était tout à fait compréhensible étant donné qu'il n'avait jamais été séparé de son frère aussi longtemps. Pour tout vous dire, il ne l'avait jamais été. Mais Dakota ne pouvait que comprendre... C'était dur d'être éloigné de gens que l'on aime. Surtout lorsque l'on a pas eut le choix.

Veela semblait être sur toutes les étiquettes de ces vêtements qui lui allaient comme un gant. C'était soft, sombre, mais d'une classe imparable. La petite écharpe qui va bien, et pour un peu, Londres se serait transformé en catwalk. L'hispanique avait quelque chose de divin, d'excquis... Il fallait dire que son don de vélane y était pour beaucoup. Son ADN criait la tentation. Il ne pouvait agir qu'ainsi, et ce, sans rendre compte. Finalement, il parvint après avoir croisé quelques regards courtois, à trouver l'entrer moldu de l'université, et il s'y engouffra comme un sorcier au chaudron baveur.

L'université était immense. Une ville dans la ville qui n'avait rien avoir avec un Downtown, comme on appelle généralement cela dans les grandes villes comme Rio, ou NYC. Quoiqu'à Rio, c'est plus un favelas. Dakota arpentait le chemin de poussière sans laisser de trace derrière lui, observant les lumières magiques virevoltaient au dessus des jardins afin de conserver une certaine clarté dans cette immense enceinte tels des petites fées lumineuses dans une forêt magique. Prenant la direction des résidences des nobles, sachant pertinemment que Mana s'y trouverait, il chercha son appartement avec une efficacité certaine. Finalement, il finit par tomber sur la porte de la résidence de la jolie noire, et il toqua.

Toc, toc. Deux coups. Oui, oui, c'est un incube sur son seuil de porte.

Le tic tac entêtant de l'horloge ronde lui tapait sur le système. Il n'y avait que les pas feutrés des trois chats que Zachk avait laissé derrière lui pour lui tenir compagnie. Et elle remerciait le ciel qu'il lui reste quand même ça sinon l'appartement aurait été encore plus... silencieux et mortellement ennuyeux. Elle essayait de se projeter dans un devoir de méta, le nez par dessus un café serré mais finalement son esprit vagabondait. Elle finit par se lever et sortir deux coupelles de bois qu'elle remplit de crème avant d'aller chercher dans le frigo déconnant une petite bouteille qui contenait un épais liquide rouge.

- Yep! Tu crois que je t'ai pas vu., fit-elle a Portos qui s'imaginait déjà tremper ses moustaches dans le lait des orishas.

Elle poussa le chat gentiment et versa de ce précieux liquide rouge dont raffolaient tous les orishas. Elle quitta les deux siens pour les abandonner chacun dans une coupelle avant d'aller prendre une bonne douche. Elle attendait quelqu'un ce soir là. Pour une fois eût-on dû dire. Pourtant elle prit son temps pour bien se délasser. Elle ne savait pas encore ce que Dakota Almadovar venait lui demander mais pour qu'il veuille en parler en privé... elle avait souvent vu les gens venir taper à leur porte et demander à parler en privé à Awa.
Petite Mana était toujours là quelque part, à épier ce qu'il se passait. Ce n'était pas bien difficile dans une maison où le toit en taule laisse passer même la pluie et où les portes ne sont que de simple tenture. Son poste d'observation préféré restait le vieille arbre au feuillage sombre qui occultait complètement la vue sur la rue, mais d'où on entendait et on voyait tout ce qui se passait "en privé". Souvent c'était des femmes jaouses qui venaient, ou des malheureusement en amour. Une aiguille plantée avec conviction dans le coeur d'une colombe faisait bien souvent l'affaire pour ce genre de cas, et il y avait toujours cette éternelle recommandation qui sortait de la bouche d'Awa Mayfair: prenez garde à ce que vous souhaitez.

Elle entendit qu'on tapait à la porte, essora vite fait ses cheveux avant d'aller ouvrir. Elle portait une petite robe sac assez simple, couleur du temps.

- J't'en prie entre. Tu as déjà mangé?

Sur la table, ses deux petites coupelles étaient vides, et au fond, les deux orishas attendaient l'air de rien du tout.

L'hispanique ne cessait de se poser tout un tas de question alors qu'il s'approchait de l'appartement de la jolie black. Il fallait se l'avouer, de toute façon. Si quasiment toute sa famille lui déconseillait de rappeler l'esprit d'Ana-Lucia, même pour lui dire au revoir, c'est que ce n'était pas sans risque. Mais Dakota était prêt à tout. Et contrairement à toute sa famille, Dakota s'était pas mal documenté sur le rappel des esprits. Il était conscient que certains esprits malveillants pouvaient prendre la place d'Ana-Lucia, peut-être même revêtir les traits d'Ana-Lucia... Mais l'hispanique avait apprit tout un tas de sortilèges en Défense contre les Forces du Mal. Et se défendre contre les esprits, fantômes et autres créatures du même genre en faisait donc partit. Un ectoplasmus bien lancé, ou un charme de la banshee afin de les mettre en cage, Dakota avait plus d'un tour dans son sac. C'était sans compté la protection qu'il avait sur lui. Du moins, si il s'agissait d'un appel destiné envers Ana-Lucia.

Finalement, la porte s'ouvrit, entraînant un léger sourire venu se loger à mesure que Mana se montrait à lui. « J't'en prie entre. Tu as déjà mangé ? » « Merci, Mana... » Il entra, la contournant délicatement après lui avoir embrassé la joue. Il se dirigea vers la grande table, retirant son manteau qu'il posa délicatement sur l'une des chaises. L'écharpe ne tarda pas à rejoindre le manteau que Talia avait sûrement dû créer en l'imaginant porté par son petit frère. « Non... Non, j'ai pas mangé. Mais on pourra toujours commander quelques choses après. Londres est une grande ville, non ? » Il eut un sourire. Londres, ce n'était pas une grande ville américaine, certes, mais elle restait tout de même pas loin des plus grandes villes les plus peuplés du monde. Il sortit de sous son pull un collier étrangement féminin. Nul doute, cela avait appartenu à sa femme. Jamais personne ne lui avait fait la remarque qu'il aurait pu passer pour quelqu'un de gay avec un tel collier. Même Santos qui adorait faire chier les gens là dessus, s'était abstenu de toute remarque. Dakota la posa sur la table, une expression sérieuse sur le visage.

« Je vais aller droit au but. Cet été, au début, en Juin, je me suis marié à titre posthume. Seulement voilà, le jour du mariage, ma femme s'est faites assassinée. Elle est tombée dans une embuscade. Elle et quelques membres de sa famille. Seul son frère et son père s'en sont sortit. » Il s'appuya sur un des dossiers de chaise, les yeux légèrement plus humides que d'habitude. Néanmoins, il ne semblait pas déborder par ses sentiments. Il laissa un ange passé, comme si il avait besoin de ce silence pour continuer. « J'ai... J'ai besoin de lui dire au revoir. J'aimerais que tu la rappelles à nous... Juste quelques instants, s'il te plaît. » Machinalement, il se mit à jouer avec l'alliance qu'il portait à l'annulaire.

« Je vais aller droit au but. Cet été, au début, en Juin, je me suis marié à titre posthume. Seulement voilà, le jour du mariage, ma femme s'est faites assassinée. Elle est tombée dans une embuscade. Elle et quelques membres de sa famille. Seul son frère et son père s'en sont sortit. »

Il n'avait pas besoin d'en dire plus. Sans qu'elle n'ait l'air de lui ravir l'attention qu'elle lui portait, elle commençait déjà à réfléchir à la question. A peser le pour et le contre. A se rappeler le zombi de la béké. Le vieil homme de l'autre côté de la rue. Ce genre de choses qui au nom de la morale allait l'obliger à refuser ce que son ami lui demanderait sous peu. Ses yeux noirs ébènes passèrent sur l'alliance du jeune homme. Le genre d'objets qui plaisaient aux obeah autant qu'aux esprits.

« J'ai... J'ai besoin de lui dire au revoir. J'aimerais que tu la rappelles à nous... Juste quelques instants, s'il te plaît. »

Elle lui lança un regard appuyé.

« Fais bien attention Dak'... ce genre de choses ne se font pas à la légère. Mais je suppose qu'on a déjà dû te dire tout ça. », difficile de croire qu'il n'avait pas eu l'idée avant. Elle savait comment fonctionnait le coeur de l'homme fasse à l'avatar d'un génie capable de lui faire toucher du doigt l'impensable... Elle n'avait pourtant pas l'air d'accepter, jusqu'à ce que...« Il va me falloir... un peu plus que ça. Quelque chose d'elle comme... des cheveux, de la salive... », elle s'éclaircit la voix, sachant que ce qu'elle demandait été délicat...« Un os serait le mieux. »

Mais elle savait qu'il ne profanerait pas la tombe de son épouse défunte. Du moins elle en doutait fortement. Elle réfléchissait à la question, donnant un tour de baguette. Une lourde malle qui avait l'air d'avoir vécu se traîna jusqu'à eux. Elle l'ouvrit pour vérifier ce qu'elle avait à portée de main puis, ayant repensé la chose elle adressa un regard au mexicain.

« Un lieu qui serait imprégné de vos présences ferait aussi l'affaire. »

« Fais bien attention Dak'... ce genre de choses ne se font pas à la légère. Mais je suppose qu'on a déjà dû te dire tout ça. » Il hocha d'un signe de la tête. En effet. A peu près tous les membres de sa famille l'avaient mis en garde. Son père n'avait rien dit, même si Dakota avait clairement compris qu'il était totalement contre cette idée. Mais Maria lui avait interdit de parler, et peut-être pour la première fois en publique, Miguel n'avait rien dit, hochant la tête d'une façon quelque peu négligée, retournant au fin fond de son journal, comme si de rien n'était. « Il va me falloir... un peu plus que ça. Quelque chose d'elle comme... des cheveux, de la salive... » Dakota acquiesça. Comprenant très bien ce qu'elle voulait, l'hispanique serait prêt à lui décrocher la lune si il le fallait. « Un os serait le mieux. » Quoiqu'en faites, non. L'hispanique la fusilla du regard sans même le faire exprès. Son côté croyant n'avait jamais été aussi fort depuis la disparition d'Ana-Lucia. C'était limite si il tolérait le préservatif, c'était pour dire. Il baissa le regard, se grattant mécaniquement l'arrière du crâne, avant de continuer d'acquiescé. « Un lieu qui serait imprégné de vos présences ferait aussi l'affaire. »

L'hispanique eut un sourire, murmurant : « T'aurais du commencer par ça... » Il lui fit un clin d'oeil. Il s'approcha de Mana, lui tendant son bras libre après avoir ranger le collier dans la poche de son pantalon. De son autre main, il toucha la valise, et s'écria : « On va chez elle. Ses parents sont partis rejoindre leur fille restante en Floride, histoire d'aller de l'avant. » Ce n'était pas réellement fuir ses démons. C'était surtout pour pouvoir repartir ailleurs, se faire de nouveaux souvenirs afin de laisser le temps et la mémoire ne faire qu'un pour embellir ce genre d'évènement si désastreux. Dakota exécuta un transplanage d'escorte.

Ils réapparurent dans la chambre d'Ana-Lucia. Visiblement, rien n'avait été touché. Tout laisser tel que c'était avant qu'elle ne parte. Dakota sentit son cœur battre à tout rompre, tandis qu'il baissait machinalement tous les cadres photos, allant jusqu'à en détacher certains des murs. Il rangea la plupart des photos dans un tiroir, avant de soupirer doucement. Au dehors, le soleil se couchait à peine, montrant ainsi le décalage horaire. Dakota appuya ses fesses sur la coiffeuse de sa défunte femme, et il brisa le silence, la voix pleine de douleur. « Je crois que tu as tout ce dont tu as besoin. » Un sourire quelque peu forcé se fit apercevoir sur ses fines lèvres de vélane.

« T'aurais du commencer par ça... »
« ...mh ouais, désolée. Je vais au plus logique pour moi. », répondit-elle avec un sourire d'excuse.

On ne consultait pas un obeah sans s'attendre à ce genre de choses. Le vaudou n'était pas une magie propre. Bien souvent la monnaie d'échange était la vie. On donnait une vie en échange d'autre chose. Souvent de quelque chose qui ne valait rien à côté de ça. C'était comme ça. Là ce serait différent mais pas moins dangereux.

« On va chez elle. Ses parents sont partis rejoindre leur fille restante en Floride, histoire d'aller de l'avant. »
« Touche pas à ça! », s'exclama-t-elle en le voyant toucher à la malle, puis elle se détendit, « Enfin tu sais quoi... »

Ils avaient déjà eu la parfaite illustration de ce qui se passait quand Mana disait "touche pas" et qu'on n'en faisait qu'à sa tête. Ce n'était pas tant qu'il y ait eu grand chose de vraiment dangereux en soit dans cette malle... peut-être le crâne de Pachusca Madubangé... mais certains artefacts vibraient différemment une fois que quelqu'un d'autre y avait touché. Combien de fois Awa avait-elle incendier les gamins quand ils venaient fouiller dans sa boîte d'acajou?
Elle avisa la main qu'il lui tendait comprenant sans mal qu'il comptait transplaner. Son côté vaudou prit le dessous, la laissant ostensiblement gênée devant Dak'. Elle n'en avait parlé à personne hormis à Zachk et à Awa. Mais Awa ne comptait puisqu'en fait c'était elle qui lui en avait parlé et non Mana qui avait fait la démarche. Elle passa sa main dans ses cheveux, en esquissant un petit sourire en coin. Elle s'éclaircit la voix.

« Euh écoutes Dak'... je suis enceinte. J'préfère te le dire histoire que ben... t'oublie pas quelqu'un en transplanant. »

Il était clair qu'elle n'était pas du tout cool avec ça. Pour Mana se retrouvait enceinte à son âge c'était la preuve d'une grande immaturité. Et même si quelque part elle savait pertinemment qu'elle avait fait tout ce qu'il fallait pour que ça n'arrive pas (tout sauf s'abstenir), elle avait du mal à laisser sa par de responsabilité à la fortune. Ça restait quelque part encore et toujours de sa faute. Sa responsabilité à elle. Et ça l'était d'autant plus qu'elle se retrouvait toute seule dans cet appart'. La preuve qu'elle n'avait même pas assuré pour que son gamin ait au moins un père. Enfin bref, elle s'esquiva pour aller récupérer ses précieux orishas. Lemanja se coiffa d'un large sourire comme pour témoigner de sa bienveillance. Finalement elle prit le crâne dans la malle et deux ou trois autres trucs qu'elle fourra dans son sac de cours avant de prendre la main que lui tendait Dak.
L'instant d'après ils se retrouvaient dans une chambre. Il faisait beaucoup plus chaud tout d'un coup. D'instinct Mana commença à regarder tout autour d'elle pendant que lui couchait les photos.

« Je crois que tu as tout ce dont tu as besoin. »
« Il ne faut pas que tu les caches... si tu leur montres qu'ils peuvent t'atteindre ça se passera mal. Très mal. »

Elle lui adressa un regard de soutien puis tandis la main pour ramasser quelque chose. Un rouge à lèvre.

« Ils profiteront de la moindre faille. Est-ce que tu es prêt? »

Enceinte ? Dakota baissa son regard vers le ventre de la jolie noire, avant de sourire. Bien sûr qu'il y ferait attention. Il était doué en métamorphose, et le sortilège de transfert était celui qu'il maîtrisait le mieux. Le transplanage était une version plus poussé du sortilège de transfert, cela ne faisait aucun doute. Il la rassura en lui prenant la main d'une façon délicate avant de disparaître.

[...]

« Il ne faut pas que tu les caches... si tu leur montres qu'ils peuvent t'atteindre ça se passera mal. Très mal. » Dakota comprenait, mais il n'avait pas non plus envie que ces derniers ne se servent de ses souvenirs pour lui faire du mal. A choisir, il préférait conserver ces souvenirs intactes, sachant très bien que ce qui allait se passer aller être complexe et pas forcément comme il l'espérait. Alors certes, il savait qu'il serait une proie plus facile, mais ce n'était pas comme si il y avait réfléchit. La plupart des gens qui l'entourait n'avait pas vu que Dakota avait grandit, qu'il était devenu bien plus réfléchis, plus... C'était devenu un homme de confiance qui ne prenait rien à la légère désormais. Son arrogance, son courage, sa noblesse et son honneur avaient changé. La maturité sans aucun doute... On ne pouvait pas espérer mieux après ce qu'il ait vécu. « Ils profiteront de la moindre faille. Est-ce que tu es prêt ? »

Dakota la regarda avec un petit sourire rempli d'une tristesse sans nom. Néanmoins, il acquiesça d'un signe de tête. « Je suis prêt, Mana. Je le suis depuis plus d'un mois, je pense... J'y ai beaucoup réfléchis, tu sais. Je n'ai rien pris à la légère, et de je suis bien entendu au courant que cela peut mal tourné. » Il ressortit le collier d'Ana-Lucia qu'il posa sur le lit. « Puis... Je suis en DcFM... C'est pas quelques fantômes qui vont me faire peur, si ? » Un léger sourire qui se voulait convaincant.

« Je suis prêt, Mana. Je le suis depuis plus d'un mois, je pense... J'y ai beaucoup réfléchis, tu sais. Je n'ai rien pris à la légère, et de je suis bien entendu au courant que cela peut mal tourné. Puis... Je suis en DCFM... C'est pas quelques fantômes qui vont me faire peur, si ? »

Elle eût sourire un peu absent comme elle envisageait dans sa tête d'obeah toutes les possibilités. Elle avait entendu. Elle pesa un instant le pour et le contre et comme toujours le pour avait le dessous mais elle n'entendait pas reculer. Tout simplement parce qu'il y avait chez Dakota une sincérité aussi blessée que touchante. Une certaine maturité aussi.
Les yeux noirs de la jeune femme firent une énième fois le tour de la pièce. Un coup de baguette et le lit se métamorphosa en un long autel. On reconnaissait d'ailleurs le motif du couvre-lit sur la nappe qui le recouvrait. Elle approcha, lissa la nappe des deux mains avant de poser face à elle un crâne gribouillé de symboles incompréhensibles. Un crâne qui avait tout l'air d'être un vrai crâne humain. Elle sortit ensuite de son sac une petite flasque qui exhala une odeur de rhum à la seconde où elle dévissa le bouchon. Retourna près de Dak, elle prit doucement le collier qu'il avait emmené mais aussi, un bâton de rouge à lèvres qui se trouvait sur la coiffeuse.
Neuf bougies noires apparurent dans le sillage de sa baguette. L'obeah semblait déjà avoir oublié son commanditaire. Elle marmonnait quelques mots dans un vieux cajun mêlé d'anglais qui sonnait curieusement à l'oreille. Petit à petit, sa voix vibrait dans un bourdonnement sourd. Sa langue roulait sur son palais. Elle défit ses cheveux, glissant ses doigts dans la longue crinière d'ébène comme si ça avait fait partie du rituel. Elle semblait détendue, au bord d'une étrange transe qui ne semblait jamais l'emporter vraiment. Doucement, elle soufflait sur la mèche de chaque bougie qui s'enflammait, libérant une fumée blanche. Enfin, elle plongea une dernière fois la main dans son sac d'où elle tira une poignée de gros sel qu'elle balança à travers la pièce.
Un coup sec suffit à rompre le lacet qui retenait Exu l'orisha autour de son cou. Le petit masque de palétuvier rouge grondait, les lèvres encore scellées mais le son, quoi que très bas, était nettement perceptible.
Après de longues minutes de ce manège, la belle black releva le visage vers le plafond, sa voix se faisant plus audible et soudain, les paumes de ses mains tendues au ciel retombèrent dans un claquement sonore sur l'autel qu'elle venait d'improvisé. Les grains de sel , soufflés par l'onde de choc, formaient alors un cercle parfait. Dehors la nuit était tombée, ou bien n'était-ce qu'une impression...

« Approche Dakota Almadovar. », et comme il se retrouve près d'elle, elle se saisit de son poignet. Sa baguette tourne autour de son index et une nouvelle fois, c'est un poignard sacrificiel qui se retrouve serré dans sa paume. Le même que quelques jours avant à Ealdwic. Elle tranche dans le vif, sans prévenir. Tout c'est passé si vite. A-t-elle perdu la raison? Ca en a tout l'air en tout cas.

Elle passe sa langue sur le couteau plein de sang avant de le planter à côté du crâne d'un seul coup franc et sec. Ses lèvres couvertes de vermeille se meuvent dans un étrange dialogue:

« Est-ce que tu es là Pachusca Madubangé? Pachusca Madubangé ... Madubangé... tu sens? Tu sens ton vieux St James? », elle attrape la flasque, la porte à ses lèvres et recrache un peu de sang et de rhum mêlés sur le crâne à qui elle s'adresse visiblement... Sur l'autel, l'orisha a déjà les yeux qui rougeoit et sa bouche imite les mouvements de celle de Mana alors qu'elle répète inlassablement la même rengaine. Est-ce que tu es là? Est-ce que tu sens? Pachusca Madubangé...

Le Vodoo avait quelque chose de particulièrement attirant. Du moins, pour Dakota. On aurait dit une espèce de mélange de magie noire, le tout agrémenter de magie du sang. Un fin sourire se dessinait sur les lèvres du latino alors qu'elle entamait son rituel, transformant le lit d'Ana-Lucia après avoir récupéré le collier et un rouge à lèvre. L'hispanique ne souhaitait en manquer une miette. Il comparait de temps à autres certaines choses vis à vis du chamanisme, mais au final, il ne trouva que très peu de points communs malgré tout ce que l'on en disait. Pourtant, Dakota, comme la Mama, ou encore Tonton 'Rico, faisait partit de ces gens qui croyaient que le Vodoo était une forme de chamanisme pour des raisons assez simples en fin de compte. Seul une minorité ethnique (suivant l'endroit où vous vous trouvez) pouvait la manipuler, c'était une magie héréditaire, en quelques sortes, mais surtout, elles avaient toutes les deux un rapport avec le monde des esprits. Dakota s'approcha de Mana lorsque cette dernière l'appela. Il n'eut même pas le temps d'être surpris lorsqu'elle lui saisit le poignet, avant de l'ouvrir d'un coup rapide, faisant gicler le sang sur son pull, mais aussi sur le sol de la chambre. Dakota cracha une injure en espagnol, sûrement dû à la douleur qu'il semblait ressentir, avant d'appliquer son autre main sur la blessure, ne sachant pas si il devait la refermer, ou attendre qu'elle est finie. Optant pour la seconde option, il attrapa une serviette dans l'armoire, et il épongea tant bien que mal, tandis que Mana semblait s'être transformé en une espèce de vampire.

Dakota comprenait pourquoi La Mama et Awa Mayfair étaient de très bonnes amies. Mais il comprenait désormais la raison du pourquoi on assimilait le vodoo à la magie noire. C'était une magie profondément glauque, poussant l'étrange jusqu'à l'extrême. Ne préférant rien dire, ravalant son flot de questions afin d'éviter de la déranger lors de son rituel. La moindre erreur pourrait être fatale, et ça, Dakota le savait. « Est-ce que tu es là Pachusca Madubangé ? Pachusca Madubangé ... Madubangé... tu sens ? Tu sens ton vieux St James ? » Elle porta une flasque à ses lèvres, avant de cracher son contenue mêlée à son sang - celui de Dakota - sur le crâne qu'elle avait posé sur l'autel de fortune. Rien à dire... Si ce n'est que c'était visiblement un véritable crâne. Ne pouvant réprimer le frisson qui lui parcourut l'échine, il se pencha en avant, regardant l'autel où des bougies noirs partaient dans une légère fumée blanche. D'un mouvement rapide, il souleva la serviette regardant la blessure et son sang vermeil s'en échappait doucement.

Elle n'était plus vraiment à ce qui se passer hors de son rituel. Elle aurait dit à Dakota qu'il pouvait refermer la coupure qu'elle lui avait faite sans quoi. Mais elle n'en fit rien. Elle souleva le crâne à hauteur de son visage lui crachant au visage encore et encore le même mantras.

« Est-ce que tu es là Pachusca Madubangé ? Pachusca Madubangé ... Madubangé... tu sens ? Tu sens ton vieux St James ? »
« Qu'est-ce que tu veux sorcière... aah relâche moi, relâche moi et je te servirais... »
« Tu me serviras car je tiens ta langue et tes yeux et ton âme et ta parole Pachusca Madubangé. »

La voix de Mana se perdait en un écho rauque d'outretombe, et on ne savait plus très bien si c'était vraiment elle où si c'était Exu. Si elle répétait ces mots là aussi ou si c'était la réverbération qui déformait sa voix au point d'y glissait des rugissements lointains et des gargarismes presque inaudibles. Le crâne se tut sur ses mots et il y eut une étrange vibration dans l'air. Mana le posa devant elle, les orbites dirigés vers le mur d'en face.
Il y eut un long moment de flottement pendant lequel elle murmurait encore quelques phrases incompréhensibles. On entendit le hurlement lointain d'une âme que le passeur attirait ici. A cet instant la pièce était baignée d'une lueur rougeoyante et sous cet étrange éclairage enfin, le visage d'une femme. Son visage à elle. Mana se posa en retrait, sans vraiment trop s'éloigner...

L'apparition dégageait une douceur dont Mana se méfiait mais pour l'instant, elle ne se montrait en rien agressive. Elle observait Dakota comme si leur intermédiaire vaudou n'avait pas été là, mais alors qu'elle voulut approcher de lui pour le toucher, tentant de franchir le cercle de sel. Elle fut violemment repoussée, et un lointain écho douloureux s'échappa de tout son insubstance... Un instant Mana crut que l'apparition allait se dissoudre mais, après quelques secondes de trouble, elle se maintint arborant un visage peiné.

" Pourquoi me fais-tu ça mi novio? Quien puede ser libre, no se cautive. Pourquoi me fais-tu ça?"

Mana fronça les sourcils. Il était difficile de distinguer chez les esprits le vrai du faux, ce qui était authentique de ce qui ne l'était pas... mieux valait rester vigilent.

« Je... Non, je veux plus... » C'était peut-être trop tard, et il le savait, mais à ce moment-là, l'hispanique sentit une peur intense lui étreindre son palpitant au point de le faire presque éclater sous la pression. Il ne pouvait plus faire marcher arrière, il en était bien conscient. Et puis, au fond de lui, il était plutôt content de ce qui allait se passer car il le désirait ardemment. Il aurait vendu son âme au diable si jamais il n'était pas tombé sur Mana afin de pouvoir discuter une dernière fois avec celle qu'il a aimé si intensément, bien que ce fut court. Il avait tenté de faire ce que son cousin Santos lui avait conseillé. Sortir, voir d'autres filles, histoire d'oublier... Peut-être que cela pourrait fonctionner... Mais cela n'avait fonctionné qu'à moitié. Il n'avait jamais pu passer à l'acte. C'était encore trop frais dans sa tête, dans son cœur pour qu'il ne puisse passer aussi vite à autre chose. Il en avait parlé à Santos qui lui avait dit qu'en réalité, il agissait comme il fallait et que lui, même si il était son cousin, n'avait pas à lui dire, à lui trouver une façon de surmonter cette épreuve, mais qu'il ne devait que l'aider dans cette tâche si ardue. C'était peut-être pour cela que Dak' n'avait pas sombré dans cette dépression si tentante. Se sentir entouré peut vous sauver d'à peu près tout ce qu'il y a de mauvais... Mais cela ne vous sauvait pas de la tristesse et de la souffrance. La lumière rougeoyante en jetait quelque peu sur la pièce. L'ambiance était étrange...

Son cœur manqua un battement lorsqu'il entendit un hurlement d'un esprit torturé. Il souffla doucement, sachant pertinemment que désormais il ne pourrait plus faire marche arrière. Baguette sortie au cas où il en est besoin, l'hispanique observa la masse fantomatique se formait peu à peu devant lui, se rappelant que l'esprit n'était pas forcément celui d'Ana-Lucia, mais celui d'un être désireux de se venger d'avoir perdu la vie, d'avoir quitter les siens si brutalement qu'il voudrait sûrement lui faire du mal. Dakota esquissa un léger sourire, malgré la larme qui roula le long de sa joue dorée alors qu'Ana-Lucia apparaissait devant lui. Le fils de Miguel fit un pas en avant, tout en gardant une certaine distance.

" Pourquoi me fais-tu ça mi novio? Quien puede ser libre, no se cautive. Pourquoi me fais-tu ça?"

« Tu sais pourquoi, ne fais pas semblant. J'ai besoin de te dire au revoir, et c'est ce que je compte faire. » Il l'observa longuement, ne détachant pas son regard noir des yeux d'argent que le fantôme avait. L'hispanique ne savait pas trop comment lui parler. Il avait tellement peur que ce ne soit pas la vrai qu'il se contrôlait de cette façon si... Mécanique ? Oui, peut-être. Le ton de Dakota semblait loin de tout. Il revêtait presque ce petit côté surnaturelle que la voix d'Ana-Lucia semblait avoir également. Dakota s'excusa. « Je ne souhaite pas te faire souffrir trop longtemps Ana... Allons à l'essentielle, tu veux ? » Il eut un léger sourire, lui tendant doucement la main, à ses risques et périls.

Mana suivait tout ça d'un oeil sombre. Il n'était pas prêt, pas vraiment. En vérité on ne pouvait jamais être prêt à ce genre de chose. Il avait déjà eu le bon sens de ne pas faire appel à un nécromant et de ne pas s'imaginer zombifier son épouse pour la garder près de lui. Mais malgré tout, elle savait qu'il serait tenté... c'était toujours comme ça.

« Tu sais pourquoi, ne fais pas semblant. J'ai besoin de te dire au revoir, et c'est ce que je compte faire. »
« N'oublie pas qu'elle ne voit plus les choses du même point de vue que toi... » , rappela Mana, comme pour prévenir tout mal entendu.

Ana Lucia tel qu'elle était là, n'avait presque rien de commun avec celle qu'il avait connu si ce n'était les souvenirs. Sa perception des choses se faisait au delà de toute évidence terrestre. Elle était... quelque chose d'autre. Et d'ailleurs, à sa façon de pencher la tête sur le côté comme il lui faisait ce reproche, on se rendait bien compte qu'il y avait quelque chose de plus tout à fait humain. Cela se ressentait aussi dans sa façon de parler si... inhabituelle.

« Je ne souhaite pas te faire souffrir trop longtemps Ana... Allons à l'essentielle, tu veux ? »

Mana tiqua en le voyant tendre la main.

« Ne fais pas ça. Elle ne peut pas franchir le cercle, tu risquerais de la mettre en colère c'est tout. »

Et si le cercle était rompu il risquait de se passer bien pire mais elle avait déjà été claire là dessus. Jamais de l'autre côté et quand un obeah dit jamais! c'est jamais.

« Tu es si loin... si loin... cela fait des mois que je te regarde dériver, il faut atteindre le rivage à présent. L'un ou l'autre rivage... » Mana fronça les sourcils. Elle n'aimait guère la tournure de la phrase mais elle ne dit rien pour l'instant, « ... parle Dakota. Parle moi encore une fois... »

La voix de Mana est à la fois si proche, mais si lointaine. Dakota est là, quelque part, vaguant dans un univers où seul il est roi. Là où il est à la fois d'une puissance sans pareil, mais également d'une vulnérabilité à toute épreuve. L'hispanique ne savait réellement comment se comporter face à la présence d'Ana-Lucia. Cet envie de la prendre dans ses bras, mais également ce sentiment de révulsion qu'elle lui inspirait comme si sa propre conscience mettait au point des anticorps d'une rare puissance à l'égard de celle qui porte désormais, bien qu'à titre posthume le nom d'Almadovar. Dakota l'observait sans s'arrêter, buvant ses traits fantomatiques comme un alcoolique avec son whisky pur feu. Il finit par baisser le regard lorsqu'elle parla, car là, il sut. Au plus profond de lui, il savait que ce n'était pas elle. Un fin sourire se dessina sur ses lèvres, le regard d'une tristesse à faire pleurer le plus barbare des geôliers d'Azkaban et d'Alcatraz, il finit par relever le visage alors que les mots d'Ana-Lucia continuait de résonner dans cette pièce à la fois si familière, mais si étrangère. Dakota n'aurait jamais pensé ressentir de pareilles sensations.

« La véritable femme que j'ai épousé ne m'aurait jamais dit pareille chose. Te rejoindre sur ton rivage ? » Il sortit sa croix autours de son cou, croix d'argent qui servait de pendentif au chapelet aux lourdes mais fines perles noirs. « Comment comptes-tu que je te rejoigne, hein ? » Une larme glissa le long de sa joue. Non, c'était à l'encontre de ses croyances. C'était peut-être cet espèce de foi qu'il serait sa plus puissante arme contre sa dépression plus ou moins passagère, qu'il montrait plus ou moins à travers un regard parfois éteint. Il l'observa, attendant vaguement une réponse qu'il n'écouterait probablement pas. « Tu n'es pas ma femme. Dégage esprit de merde. Et laisse place à celle à qui j'ai offert mon cœur. »

Il voulait y croire. Quelque part en lui, les mots qu'il sortit brisèrent une rempart. Laquelle ? Il le saurait un peu plus tard. La sensation devenait de plus en plus étrange... Il ne savait réellement comment l'expliquer. Il l'aimait, mais au fur et à mesure qu'il semblait se confronter à la dur réalité en voyant le fantôme, il savait désormais qu'elle était bel et bien morte, et que, quoiqu'il fasse, elle ne lui serait jamais rendue. La nécromancie étant un domaine auquel il ne s'adonnerait jamais pour des raisons pour le moins évidente. Il venait de comprendre que vivre dans le souvenir de quelqu'un était quelque chose d'à la fois réconfortant, mais terriblement douloureux. Il lui fallait tourner la page, et il comptait bien la tournée aujourd'hui, même si cette page devait répandre son sang sur les lignes et les phrases de son histoire de sa propre vie. Une lueur pour le moins Almadovar brilla dans son regard.

Mana n'intervenait toujours pas. Elle ne voulait pas se mettre entre eux deux d'autant qu'elle n'avait aucun mal à imaginer ce que ça pouvait représenter pour lui. Elle avait toujours quelque doute sur l'apparition mais d'expérience, il lui semblait que ce n'était pas un coup tordu. Bien sûr ce qu'elle venait de dire était blessant, mais de son point de vue de fantôme, ça ne devait pas être intentionnellement méchant. Néanmoins, à lui, ça lui faisait mal.

« Tu n'es pas ma femme. Dégage esprit de merde. Et laisse place à celle à qui j'ai offert mon cœur. »
« Je suis ta femme, tu n'as pas le droit de me reprendre mes promesses, seulement... ton coeur n'est plus à moi. Il ne doit plus l'être... »

Elle avait raison. Dans ses yeux, la même flamme qu'il avait toujours connue mais qu'il devait laisser partir. A la voir, il saurait que cette flamme là ne s'éteindrait jamais. Jamais. Elle souriait, toujours aussi imperméable à ses colères. Comme autrefois, quand il s'emportait, quand il rusait pour la séduire jusqu'à ce que sa détermination à elle ne l'épuise lui, et qu'enfin, il se laisse aller. Se laisser à être ce qu'il était tout au fond de lui. Un garçon plus mature qu'il ne voulait bien le montrer. Plus doux. Plus vrai.

Mana se tenait en retrait, toujours, observant tout ça dans le silence le plus respectueux. Elle était convaincue à présent et soulagée car pendant un bref instant, la petite vaudou avait redouté de voir l'esprit se mettre en colère. Or un esprit en colère devient vite un gros problème... même pour elle.

« Je suis ta femme, tu n'as pas le droit de me reprendre mes promesses, seulement... ton cœur n'est plus à moi. Il ne doit plus l'être... »

Le cœur de l'hispanique s'arrêta de battre quelques secondes. Et bien que ce soit une métaphore, c'est en effet ce qu'il ressentit au sein de son torse. Un regard vers l'esprit, un regard qui en dit long, un regard plein de tristesse et de douleurs qui finit par céder. Une larme coula le long de sa joue, puis une deuxième, puis les larmes ne cessèrent de couler. Il n'éclata pas en sanglot, tentant de faire preuve d'un minimum de dignité, mais la coupe était pleine, disons. Il releva sa main, l'approchant du visage d'Ana-Lucia, comme si il espérait encore pouvoir la toucher malgré la mort qui les séparait. Mais il ne rencontra aucun corps solide, et sa main traversa l'esprit avec douceur et délicatesse. Dakota relâcha sa main qui alla s'écraser contre sa jambe, baissant le regard, fermant les yeux en entendant le prêtre durant la dernière répétition : Jusqu'à ce que la mort vous sépare... Il leva sa main gauche, se frottant les yeux, comme pour arrêter ces derniers de déverser leurs larmes de cristal sur sa peau dorée. « Tu me manques tellement... »

Il finit par relever le regard, les yeux rouges et larmoyant, avant de sourire doucement. Si il l'avait pu, il l'aurait embrassé et il l'aurait serré contre lui. Il ne savait pas ô combien elle avait pu souffert avant de mourir, ou si elle s'était battue comme une lionne. Il ne souhaitait pas lui poser la question, préférant se dire qu'elle n'avait pas souffert. L'hispanique avait mal, mais il se doutait qu'elle aussi. Il savait que la douleur mentale était la plus dur, mais son cœur semblait saigner. Finalement, il rompit le silence, et il murmura : « Tu es toujours aussi belle... » Un sourire plein de tristesse, il y avait également un autre sens derrière ces mots qui criaient la demande d'être pardonné pour ce qu'il n'avait pas pu faire justement.

Le message semblait être mieux passé cette fois ci. Ana-Lucia posait un oeil bien veillant sur Dakota comme pour s'assurer que rien ne viendrait le déranger à ce moment crucial pour lui. Si le cercle de sel ne les séparait pas, elle sait qu'il serait venu enfouir son visage contre cette illusion de corps qu'on tous les fantômes quand ils se matérialisent ou quand on les y oblige.

« Tu me manques tellement... »

Elle ne répondit que d'un sourire sincère. Parce qu'elle n'avait pas le droit de lui dire que ça allait passer, que ça irait mieux demain. Ca n'était pas vrai. Ce n'est comme ça que les choses fonctionnent. Alors elle sourit e ne ment pas.

« Tu es toujours aussi belle... »
« Dak... mi novio ne te sens pas coupable je t'en prie... ce n'était pas de notre faute. Pas plus la tienne que la mienne. Je suis apaisée maintenant, il ne me manque plus que tu te pardonnes à toi même et je serais parfaitement en paix. Je t'assure Dakota, il faut que tu te pardonnes à toi même mon amour... »

Sa voix commence un peu à se disperser dans l'air et son image se trouble mais elle n'est pas encore partie. Pas tout à fait.
Mana la voit lutter, alors, discrètement elle l'aide a rester, encore un peu.

Les paroles d'Ana-Lucia ont ce doux pouvoir de vous faire du mal, mais en même temps, un bien si fou. Son cœur semblait s'adoucir sous sa poitrine, et même sa conscience, bien qu'encore éprise d'un remord certain, semblait s'apaiser. Dakota sentit un poids le quitter. C'était, quelque part, ce qu'il avait toujours voulu entendre. Il eut un léger soupir, laissant tout doucement quitter cette pression qu'il s'était imposé pendant quelques mois, puis, tout à coup, une larme coula de nouveau, avant qu'il ne s'approche d'elle, voyant son image se troublait peu à peu, sa voix se dispersant tout autours de lui. Les adieux devaient se faire, parce qu'il soupçonnait Mana de puiser dans son énergie vitale afin de garder l'esprit d'Ana-Lucia, un peu plus longtemps. S'approchant de l'esprit d'Ana-Lucia, il se pencha vers elle, puis, même si dans le vent, il posa ses lèvres sur les siennes, avant de murmurer un : « Merci... »

D'un mouvement du pieds, il brisa le cercle de sel, avant de souffler sur Ana-Lucia, l'invitant à repartir de là où elle venait. Puis tout à coup, plus rien. La pièce redevint normal. Dakota se mordit la lèvre inférieur, presque machinalement, avant de sortir mécaniquement sa baguette. Troublé, la douleur encore vive, il ne devait pas craquer maintenant. C'était fini, désormais. Et bien que son cœur semblait apaisé, que son esprit prenait le même chemin, il ne pouvait s'empêcher de se dire que désormais, c'était bel et bien terminé. Brandissant sa baguette magique comme Merlin l'enchanteur, il rangea la pièce avec une précision à faire pâlir n'importe quelle ménagère. Enfin, il observa longuement Mana, un fin sourire sur ses lèvres, trahissant la tristesse dont il semblait être épris. L'hispanique s'approcha d'elle, l'enlaça fortement contre lui, puis, d'un claquement de doigts, les affaires de Mana, les siennes, et les deux jeunes gens disparurent de la chambre d'Ana-Lucia, pour ne plus jamais y remettre les pieds.

[...]

Ils réapparurent dans l'appartement de Mana, les affaires qu'il avait téléporté avec eux tombèrent au sol avec le poids d'une plume. Mais Dakota ne lâcha pas l'étreinte. Tout doucement au début, puis de plus en plus fort par la suite, il éclata en sanglot, purgeant ainsi ses démons grâce à Mana.

Comme il soufflait dessus l'apparition s'évapora, emportée vers d'autre rivage. Mana allait le tuer. C'était toujours comme ça. Dites leur ne touche pas à ça et ils y mettent le doigt. Sois poli, trop tard ils ont déjà fait une bourde. Ne franchit pas la ligne de sel hein, surtout pas... ben voyons. Elle allait le tuer... quand il aurait un peu plus le moral.

Mana n'avait pas vraiment le coeur à lui dire tout ce qu'il venait de leur faire risquer. Ouvrir le cercle était un geste carrément suicidaire. Déplacer les choses avant que le rituel ait été circonscrit dans les règles de l'art c'était pire encore de la folie pure! Tout le monde le savait! Elle! elle le savait! C'est pour ça qu'elle redoubla les sortilèges de bannissement et de bénédiction tandis qu'il achevait de remettre la pièce en ordre. Elle ne dit rien.
Ses yeux ébènes se posèrent sur l'hispanique comme elle ne savait pas trop comment le soutenir dans cette épreuve à vraie dire. Mais c'est lui qui fit un pas vers elle et la prit dans ses bras. Sur le moment elle se laissa surprendre, puis doublement surprendre par le transplanage. Puis, l'effet de surprise passé, la petite obeah serra le jeune homme dans ses bras, compatissant largement à sa douleur.

Mana n'avait encore jamais perdu personne. Du moins pas de cette manière là. Sa mère l'avait larguée un de ces quatre matins devant la porte de chez Awa Mayfair. Elle n'en avait aucun souvenir. Son père était aux arrêts dans une prison de L.A, mais il n'était pas mort non plus. Même si de fait, elle ne le voyait plus.
Il la serrait un peu trop fort mais elle ne disait toujours rien. Passant simplement sa main dans son dos pour le réconforter. Elle l'entourait de ses bras comme pour lui dire qu'il n'était pas seul. C'était tout ce qu'elle pouvait faire.

Les minutes furent longues, mais elles finirent par passer à mesure que les larmes cessaient de couler. Au fur et à mesure, il desserra son étreinte, pour, enfin, tirer une chaise sur la grande table du salon, afin de s'y asseoir. La tête tournée vers le bas, appuyée sur sa main, dont le bras était lui-même appuyé sur la table, il finit par relever timidement la tête vers Mana, avec un léger sourire sur ses lèvres. Les traces de larmes se faisant visible avec la lumière qui émanaient des bougies de l'appartement. « Je crois que c'est maintenant où tu es censé me hurler dessus pour avoir bousiller ton rituel, non ? » Il eut un petit rire, l'air serein. Il tressaillit, comme après un profond et lourd sanglot plein d'émotions diverses, avant de poser sa main, sur laquelle il était appuyé, sur le long de la table. « En tout cas, ... » Il la regarda droit dans les yeux, et termina sa phrase. « Merci. Je ne suis pas prêt d'oublier ce que tu as fait pour moi. »

Il la regarda longuement, avant de claquer des doigts, faisant apparaître bons nombres de dépliants de restaurations rapides en passant de l'italien du coin, au chinois de Chinatown, sans oublier le pakistanais à l'angle de je-ne-sais-quel avenue. « Bien. J'ai un petit creux. Mais en tant que grand Gentleman, que je suis, je vais te laisser choisir ce que nous allons manger. » Un fin sourire, il lui fait un clin d'oeil, avant de baisser le regard vers son ventre. Dakota n'avait pas oublié ce qu'elle lui avait dit juste avant qu'ils ne transplanent pour le Mexique, chez Ana-Lucia. Ou moins, où elle avait habité de son vivant. Il reporta son attention vers elle, et il lui demanda : « Pourquoi ne viens-tu pas vivre chez nous ? C'est plus grand, plus spacieux, et surtout, y a de la vie ! »

Elle lui accorda un instant de répit, jugeant qu'il en avait eu pour son compte pour la journée. Mana n'était pas quelqu'un d'envahissant, au contraire elle savait s'effacer, toute extravertie qu'elle fût, quand elle jugeait que c'était le moment de le faire.
Et puis, elle qui avait tant l'habitude de consoler les autres, n'aimait guère aimé qu'on la regarde pleurer elle. Alors par défaut, peut-être se projetait-elle un peu trop dans les autres, elle détourna un peu le regard de Dak et commença à se chercher un truc pour avoir l'air occupée...

« Je crois que c'est maintenant où tu es censé me hurler dessus pour avoir bousiller ton rituel, non ? »
« Je veux même pas en parler de ça... », fit-elle pleine d'humour malgré tout.

Il ne se rendait peut-être même pas compte de l'ampleur des dégâts qu'ils auraient pu causer à faire n'importe quoi comme ça. Mais elle ne se sentait pas d'attaque à faire sa Awa et à donner des leçons de morale. Des leçons de morale... une obeah. C'aurait été un comble.

« Sinon je te fraccase. »
« En tout cas... Merci. Je ne suis pas prêt d'oublier ce que tu as fait pour moi. »
« Tu vois ça c'est encore le genre de truc qu'on ne dit pas à un obeah. T'as de la chance que mon vaudou soit trop blanc pour que je réclame ton crâne en dû. », elle eut un petit rire amusé. Il était vrai qu'il valait mieux évité de montrer trop de gratitude devant ce genre de sorcier, c'était presque déjà donner son âme au diable. Une chance que la béké n'ait rien à voir là dedans pour ne citer qu'elle, « Mais c'était rien, je t'assure. »

Elle ne dirait pas "la prochaine fois" parce qu'à son sens il valait mieux éviter qu'il y ait trop de prochaines fois. Du moins c'était ce que Awa répétait toujours, ce qui ne l'empêchait pas de continuer de recevoir ses clients les plus accro au vaudou. Certains même faisaient peur à voir. Le visage raviné parce qu'à trop vouloir jouer avec les orisha sans rien y entendre ils s'étaient ruinés la santé et n'avaient plus qu'à se regarder mourir à petit feu. Ou encore ces femmes désespérées prêtent à souhaité n'importe quoi pour que leur époux ne jurent plus que par elles. Non sincèrement, il valait mieux éviter les "prochaines fois". Vraiment mieux.

« Bien. J'ai un petit creux. Mais en tant que grand Gentleman, que je suis, je vais te laisser choisir ce que nous allons manger. »
« Pour tout te dire, tant que tu ne commandes pas des sushis tout me va. »

Elle lui tendit un paquet de flyers magiques qui exhalaient chacun leur odeur de cuisine. Pour certains plats on pouvait même goûter un échantillon à condition de ne pas s'y prendre avant ou en tout début d'heure de pointe parce que c'était là que tout le monde sortait son petit flyer et commençait à tout goûter. Généralement en moins de deux il ne restait même plus le plat à lécher.
La métisse ne s'étala pas sur son problème avec les sushis, le pire étant qu'elle adorait les sushis mais que depuis qu'elle était rentrée de ses vacances avec Klaus à Hawaï l'odeur lui donnait carrément la nausée. Justement elle surprit Dak qui regardait son ventre pas encore assez métamorphosé pour qu'on puisse se douter de quoique ce soit.

« Pourquoi ne viens-tu pas vivre chez nous ? C'est plus grand, plus spacieux, et surtout, y a de la vie ! »
« Oh euh... ça me gêne un peu. » , elle passa la main dans ses cheveux, cherchant un argument un peu plus valable que ça, « T'inquiète pas pour moi, mon colloque passe me voir de temps en temps... » , depuis quand la dernière fois déjà....? « ... et il y a les chats... »

Justement Athos sautait sur ses genoux. La boule de poil ne tarda pas à donner des petits coups de pattes dans l'orisha blanc que Mana portait au coup. La jeune fille lui fit les yeux noir et le chaton décampa mais c'était trop tard, Llemanja était visiblement contrariée. Il y eut une vibration sourde dans l'air et un verre se cassa sans pour autant que Mana ne s'en alarme. Au contraire elle avait même plutôt l'air de s'attendre à ce genre de truc.

« C'est rien. C'est un talisman pour protéger les femmes enceintes. Rien à voir avec mon autre je t'a... »

Mana s'étrangla à moitié comme le petit masque blanc de Llemanja qu'elle portait au cou flottait dans les airs en tirant comme un forcené en direction de Dakota. Mana fronça les sourcils, sachant très bien que le mieux avec les orishas c'était de ne JAMAIS céder à leur caprice. Elle attrapa le petit masque d'une main ferme et le remis à sa place avant de donner un coup de baguette aux morceaux de verre brisé.

« Bref. T'as choisi? »