- Non je ne crois pas monsieur Callaghan, et si vous ne prenez pas cette potion je pense que vous aurez d'autres hallucinations de ce genre.
- Mais puisque je vous dis que je l'ai vue!!! L'infirmière sexy!! La rousse! D'ailleurs je ne veux plus que ce soit vous qui me soignez, vous êtes nul vous..., vociférait le vieux monsieur Callaghan.

Kingston Callaghan était un ancien auror qui n'avait malheureusement plus toute sa tête depuis qu'un sortilège de doloris l'avait frappé de plein fouet en 1975 sur le chemin de traverse. Depuis, il s'était découvert un petit côté lubrique qui déplaisait fortement aux aide-médicomages et c'était Anaël qui avait hérité de ce patient après que le stagiaire infirmier ait abdiqué. Il fallait avouer que Monsieur Callaghan n'était pas le genre facile, et pour lui faire prendre ses potions il fallait ruser. D'où le recours à l'infirmière sexy rousse, qui n'était autre qu'Anaël bien évidemment, mais pour une fois que cela pouvait lui servir d'être... ce qu'il était. C'était le genre de chose dont il ne jouait jamais d'ailleurs. Il n'en avait même parlé à personne en dehors de sa famille et de Rufus Scylence, qui était directeur de Poudlard à l'époque où Anaël y était élève. A sa manière, M. Callaghan était entré dans la confidence, mais ça, il n'en saurait probablement jamais rien.

- Ecoutez, si vous prenez votre potion je pourrais peut-être voir avec "l'infirmière sexy" si elle peut passer vous voir., proposa Anaël en posant un petit flacon sur la tablette de son patient.
- Ça marche.

Le vieux renard. Anaël sortit de la chambre, un sourire satisfait sur les lèvres. Les mains dans les poches, il signa le formulaire pour sa journée de stage, puis pris la direction du chemin de traverse. Il était plus de cinq heures et demi. Il ne pouvait pas se permettre de trop traîner à une heure pareille. Dans l'idéal, il traçait droit jusqu'à la fac et prenait une bonne douche avant que la nuit ne soit à elle... c'est à dire lui. Mais un petit évènement de rien du tout devait perturber ses projets.

- Hey! Léo... ah ben ça... s'étonnait Anaël en retenant par le bras une fille qui passait à côté de lui, justement sans l'avoir remarqué.

Il eut un très joli sourire et dans l'ensemble, il avait l'air avenant et visiblement très content de la voir.

Ça avait été dur de les convaincre mais l'hôpital et son père avait bien du céder, Léo était sorti, enfin.
C'était étrange de retrouver le pleine air. Il y avait bien le jardin de l'hôpital mais ça n'avait rien à voir avec la réalité du monde, les allées plus ou moins droites, les gens, bizarre ou pas... C'était agréable.
Bien sur, ça n'avait pas été facile d'obtenir le droit de sortir... Il avait fallut y aller aux astuces, ruses voir même chantage et intérêt. Léo n'aimait pas en venir là mais, elle voulait sortir à tout prix. Finalement, c'était en scandant le superbe intérêt que d'aller se balader seule sur le chemin de traverse lui donnerait peut-être de précieux souvenirs et qu'alors elle retrouverait la mémoire plus rapidement.

Oui, elle avait merveilleusement bien marchander sa liberté, temporaire certes, mais tout de même.
Seulement, elle ne se doutait pas qu'elle trouverait vraiment des souvenirs...

Elle marchait le long de l'allée, observant les différentes enseigne qu'elle avait autrefois connue et tentait d'éveiller en elle des souvenirs.
" Ollivander ", ah oui, les baguettes. Elle se souvenait que la sienne était faite avec de l'acajou. Presque la même couleur que ses cheveux. Et du crin de licorne.
" Pirouette et Badin ", elle se souvenait avoir acheter une farce et attrapes dans cette boutique, qu'elle avait été avec quelqu'un, mais ce visage restait complètement flou dans sa mémoire.

Elle secoua la tête, frustrer et épuisé de chercher qui cela pouvait-il bien être et avança un peu plus rapidement, bien décidé à ne pas rester sur un échec. On lui prit le bras en l'appelant.
Dans un premier temps, Eleonore sursauta et fixa son regard sur la main qui se voulait masculine. Elle remonta le bras pour tomber sur un adorable visage. Il ne lui disait pourtant rien. Lui par contre, à voir comment il lui souriait, il la connaissait. Surement un ami ?

- Euh... Salut.

C'était incroyablement gênant. Que dire ? Que faire ? Un instant, elle s'imagina engager la conversation comme si ils se connaissaient et comme-ci son amnésie n'était en rien un problème. Mais très vite le plus gros problème s'imposa à elle, inévitable. Elle ne connaissait même pas son prénom.
Des larmes vinrent perler à ses yeux. Elle se sentait idiote. Elle pleurait tout le temps en ce moment. Mais c'était tellement perturbant de ne plus se souvenir...
Non, il valait mieux tout avouer.

- Je dois t'avouer ne pas te reconnaitre. En réalité, j'ai eu un accident et... Je suis... momentanément amnésique dirons-nous... Je suis désolé... Vraiment...

Elle commença à pleurer. Elle était empli de bonnes intentions, mais voir enfin quelqu'un qui la connaissait et voir dans leur regard un mélange de déception mais aussi de surprise la troublait. Peut-être n'était-elle plus la Léo que tout le monde connaissait ? Comment était-elle avant cet accident ? ... Tout ce bousculait dans sa mémoire sans que personne ne puisse l'aider...

- Euh... Salut.

L'enthousiasme d'Anaël face à sa petite protégée retomba légèrement. Ce n'était pas exactement ce à quoi il s'était attendu. Il n'avait pas eu ni donner trop de nouvelles depuis un certain temps, mais il avait mis ça sur le compte des examens de fin d'année de Poudlard et par la suite de son absence prolongée. Mais ça n'aurait pas été la première fois qu'ils rompaient un peu la correspondance et se retrouvaient plus tard sans que rien n'ait bougé. Il n'y avait donc pas de raison... du moins c'était ce qu'il aurait pu croire avant de voir la mine un peu déconfite de Léo... Seraient-ce des larmes?

- Mh...Léo?
- Je dois t'avouer ne pas te reconnaitre. En réalité, j'ai eu un accident et... Je suis... momentanément amnésique dirons-nous... Je suis désolé... Vraiment...

C'était le genre de nouvelles qui vous font l'effet d'un coup de fouet et vous laisse pantois. Il fallut quelques secondes à Anaël pour assimiler le truc mais surtout pour savoir quelle genre d'attitude adopter. En règle générale, devant quelqu'un qui pleurait Anaël avait toujours les bons réflexes, et spontanément, prendre Léo dans ses bras pour la réconforter lui paraissait une bonne idée. Mais seulement il faut avouer que là, il n'était pas convaincu qu'elle le prenne bien. Un inconnu qui vous prend dans ses bras ça peut-être embarrassant plus qu'autre chose à vrai dire. Mieux valait donc s'en tenir aux paroles:

- Hey non, ne pleures pas. C'est pas grave, tu n'y es pour rien Léo. , tenta-t-il pour l'aider à sécher ses larmes, Qu'est-ce qui s'est passé? Et comment ça se fait qu'on te laisse toute seule comme ça? Personne ne veille sur toi?, s'enquit-il, un air un peu réprobateur sur le visage.

Protecteur? Pas toujours mais avec Léo ça avait été le cas depuis le début alors la réaction d'Anaël n'avait rien de surprenant en soi.

Son visage semblait inquiet. Léo avait beau sécher ses larmes, deux secondes plus tard, elles revenaient, allié en main, s'écoulant plus forte encore. Elle ne le connaissait pas, elle cherchait au fond de sa mémoire mais rien ne venait. Cela reviendrait sans doute petit à petit, mais c'était frustrant.

- Je sais bien, mais je me sens totalement impuissante, et... Je suis perdue, je ne reconnais rien, personne, j'ai l'impression d'être vide et de n'avoir rien vécu, à part mon enfance dont je me souviens...

Oui, ça son enfance, elle ne l'avait pas oublié. Sa mère assassiné, son père fou de chagrin, malade de la mort de sa femme, les assistantes sociales voulant récupérer Léo pour "son bien être", la reprise de son père, son combat contre le désespoir qui le tirait vers le bas, la tristesse qu'elle même avait ressenti après la mort de sa mère, la descente aux enfers de son père et puis finalement le calme plat revenue quelque année plus tard.

Elle respira fortement, tentant de reprendre un souffle régulier après tant de sanglots versés.

- Je ne me souviens pas de ce qui c'est passé. personne ne le sait, j'étais toute seule. Et oui, c'est normal. J'ai déjà eut du mal à négocier ma liberté temporaire, alors ce n'est pas pour avoir quelqu'un pour me suivre... Surtout quelqu'un de l'hôpital.
Mais je me sens tellement nul là... Je... je ne me souviens pas. Je ne veux pas te blesser non plus... C'est toi mon petit ami que je cache à mon père ?

La situation était cocasse vu de l'extérieur, mais lorsque l'on était à la place d'Eleonore, c'était une vraie misère, un calvaire remplit d'incertitude et de néant. C'était comme avancer à taton dans le noir.

La pauvre Léo ne semblait pas loin de s'effondrer tout bonnement devant lui. Anaël, patient, écouta tout d'une traite sans l'interrompre. La compassion faisait partie de ses qualités. C'aurait été un comble qu'il ne puisse pas comprendre quand lui aurait tant aimé pouvoir se confier et recevoir un brin de compassion en retour. Cela dit ça ne risquait pas de lui arriver puisque tout avouer à qui que ce soit n'était pas à l'ordre du jour pour Anaël.

Mais malgré toute la bonne volonté qu'il voulait bien y mettre, les derniers mots de Léo lui arrachèrent un éclat de rire. Ce n'était pas du tout moqueur et d'ailleurs ça se voyait. Mais il ne s'était tout simplement pas attendu à ça de la part de la petite Serdaigle.

- Mmh non pas vraiment Léo. Je m'appelle Anaël Flynn. J'étais préfet de Gryffondor quand tu es arrivée à Poudlard, je t'avais pris sous mon aile..., il hésita un instant à mettre son autre lui sur le devant de la scène mais après tout peut-être qu'une réaction épidermique éveillerait une étincelle dans sa mémoire, ...j'ai aussi une soeur. Une grande rousse qui s'appelle Harper et qui te sortait par les yeux à l'époque.

Notez qu'il ne lui demandait pas "tu te souviens pas?". Il savait très bien que tout ceci était indépendant de la volonté de Léo. Du moins il s'en doutait. Et de son point de vue, ce n'était pas en la harcelant de "tu te rapelles?" que les choses avanceraient plus vite.

- Maintenant que je suis à la fac on s'écrit de temps en temps, je prends de tes nouvelles quoi et toi des miennes. Et si jamais tu as un soucis je suis là.

Typiquement le genre de discours qui rassure sans non plus imposer quoique ce soit.

Anaël Flynn ne lui disait rien, à part que le nom sonnait comme... un déjà vu. Mais cela n'allait pas plus loins, hélas. Elle ne lui en voulait pas d'avoir rit aux éclats. D'après ses dires, il devait avoir le rôle d'un protecteur. Elle même avait rit. Évidement que ce n'était pas son petit copain... Si cela avait été le cas, il aurait certainement réagit d'une autre façon quand même !

Par contre... Harper... Ce nom avait un goût d'amertume dans sa bouche. Elle fronça les sourcils, signe qu'elle cherchait une bribe de mémoire ou ne serait-ce qu'un visage...
Son visage s'illumina. C'était la première personne dont elle se souvenait. Ce jours était à marquer d'une pierre blanche. Elle ne pu s'empêcher de sourire, heureuse de ce qui venait de lui arriver. Comme si elle venait de retrouver un album photo ou un livre où on y aurait enfermer tout ses souvenirs, la suite et le passé proche de sa vie.

- Mais ouiiii ! Harper ! Je me souviens de cette fille ! Elle ne m'aime pas et je pensais même qu'elle racontait de sacré salade à mon propos... Je me souviens de ça. Mais son visage est un peu flou, malgré tout, je perçois ses cheveux roux...

Léo était tout sourire. Bon, elle se souvenait d'une ennemi, c'est sur, c'était pas...super. Mais il valait mieux ça que rien.
Mais Anaël alors... Pourtant, leurs liens semblait beaucoup plus forts que celui qu'elle pouvait avoir avec cette Harper...

- A la fac oui... J'essaye vraiment, mais c'est flou. Jme souviens que j'aimais beaucoup quelqu'un, mais que je ne le voyais plus autant qu'avant, mais c'est trop flou. C'est peut-être toi... C'est surement toi.

Elle ne pouvait en être certaine mais après tout...

- Peux-tu me parler un peu plus de cette Harper ? Qu'est ce que je t'avais raconté ? Peut-être que je me souviendrais davantage. Si tu as le temps bien sur...

C'était étrange... Elle ne le connaissait pas depuis bien longtemps, depuis quelques minutes à vrai dire, mais lui la connaissait depuis beaucoup plus longtemps, quelques années enfaite. Elle en était certes un peu gênée mais tentait tout de même de ne pas le montrer en se comportant de façon à se que son amnésie ne se voit pas énormément, comme si ils n'était que deux amis qui ne c'était pas vu depuis longtemps et reparlait du bon vieux temps... Ce n'était pas faux après tout ...

- Mais ouiiii ! Harper ! Je me souviens de cette fille ! Elle ne m'aime pas et je pensais même qu'elle racontait de sacré salade à mon propos... Je me souviens de ça. Mais son visage est un peu flou, malgré tout, je perçois ses cheveux roux...

Anaël eut un petit sourire en coin. C'était drôle que ce soit "Harper" qui l'emporte sur lui. Mais quelque part c'était drôle plus qu'autre chose. C'était son alter ego "détestable" qui marquait le plus. D'un autre côté, à la place de Léo, il aurait sans doute eu moins de mal à se rappeler de ces gens qui lui tapait sur le système comme cette abominable playwitch qui lui courrait après depuis deux semaines.

- Ouais c'est ça. Une grande rousse., renchérit-il un brin amusé.

Léo retrouvait au moins le sourire avec ça. C'était tout ce qui comptait même si pour Anaël, il restait mille questions qu'il n'était pas encore temps de poser et pour cause, du temps, il allait en manquer cruellement dans les prochaines minutes.

- A la fac oui... J'essaye vraiment, mais c'est flou. Jme souviens que j'aimais beaucoup quelqu'un, mais que je ne le voyais plus autant qu'avant, mais c'est trop flou. C'est peut-être toi... C'est surement toi.
- Ca serait vantard de ma part d'appuyer cette théorie mais j'avoue que...
- Peux-tu me parler un peu plus de cette Harper ? Qu'est ce que je t'avais raconté ? Peut-être que je me souviendrais davantage. Si tu as le temps bien sur...

Il jeta un petit regard à sa montre, nerveusement. Du temps, il en manquait comme toujours. Il eut un petit sourire gêné. Encore une fois, il se retrouvait obligé de se conduire comme le pire con de la terre et de planter quelqu'un à qui il tenait. Voire à qui il tenait beaucoup.

- Est-ce que je peux pas plutôt passer te voir demain? On passerait la journée ensemble et on discuterait de tout ça. Je... je peux vraiment pas rester là...

Prions qu'elle accepte sans trop poser de questions et sans mal le prendre ...

De bref détails lui revenait. Des bribes, mais qui comptait beaucoup pour elle. Elle se souvenait surtout d'un moment ou elle pleurait, à cause d'un garçon surement car elle entendait encore la voix d'Anaël réconfortante dans sa mémoire. Elle était encore jeune à l'époque ! C'était à la fois amusant de se souvenir d'un tel souvenir, mais également une immense joie de se souvenir tout simplement !

- Oh !! Tu m'as réconforté ! J'me souviens de ta voix Anaël !!

Les mots étaient sortis tout seuls, accompagné de sa joie de se souvenir enfin d'autres choses que son père lui donnait de part ses propres souvenirs. Elle aurait voulu avoir une pensine quel aurait gardé comme journal intime. Mais, de ses souvenirs et de ceux de son père, elle n'en avait pas.
Les paroles d'Anaël vinrent mettre fin à son euphorie plus qu'éphémère.

- Ne pars pas, je t'en prieee ! Je commence à me souvenir tout juste ! Dit-elle en le retenant par le bras, plongeant ses yeux noisette dans les siens. J'ai besoin de toi Anaël...

Oui d'accord, elle tentait de lui faire pitié, ce n'était pas dans ses habitudes, mais elle voulait vraiment avancer, et continuer de se souvenir. Elle espérait juste qu'il accepterait.

- Oh !! Tu m'as réconforté ! J'me souviens de ta voix Anaël !!

Il eut un sourire, flatté quelque part. Ils avaient passé tant de temps à discuter tous les deux que quelque part, il fallait qu'elle se souvienne de sa voix. Léo était à ses yeux presque la petite soeur qu'il n'avait jamais eu. Malheureusement, la lumière du jour déclinant peu à peu, il savait qu'il allait une fois de plus devoir partir comme un voleur, au risque de se retrouver coincé là, à la vue de tous, dans ce corps de grande rousse qui pour autant ne tiendrait pas le jean et la chemise qu'il portait ce jour-là. Il n'en était bien sûr pas question.

- Ne pars pas, je t'en prieee ! Je commence à me souvenir tout juste ! J'ai besoin de toi Anaël...

Il commençait à sentir en lui ce petit noeud de stress qui se resserrait comme à chaque fois. Il n'y avait décidément que son prof de duel pour laisser l'oiseau s'envoler sans poser de questions. Il recula d'un pas, passant sa main dans ses cheveux, clairement mal à l'aise. Il fallait qu'elle le laisse partir et pour être honnête, ça lui brisait le coeur de planter sa petite protégée là mais... mais... non c'était impossible.

- Crois moi Léo, je suis désolé. Si... si je pouvais rester je resterai... c'est moi qui t'en prie. Il faut que tu me laisses partir. Il faut que tu me fasses confiance, je disparaitrai pas dans la nature... Je viendrais te voir demain.

Et comme il disait ça, il ne cessait de jeter des regards inquiets au soleil qui sombrait derrière les hauts bâtiments. Si elle n'abandonnait pas, il serait obligé de fuir lamentablement et de transplaner en la laissant toute seule là. Avec tout ce que ça impliquait.