La première semaine de Castiel à l'université d'Ealdwick lui laissa un goût profondément amer dans la bouche. D'abords, il n'aurait jamais pensé un jour maudire une décision de sa mère, mais aussi d'Atesh, qui lui servait de père. Mais là, c'en était trop. Il en avait marre d'être prit pour un souffre-douleur comme on choisit un bonbon au fond du sac d'un méli-mélo. Castiel n'osait, cependant, rien dire. Ce n'était pas vraiment de la peur... Disons qu'il se pensait capable de rester au dessus de cela. Répliquer montrerait, dans un sens, que cela nous affecte. Mais plus le temps passait, plus Castiel perdait en patience. Et pourtant, la patience était l'une de ses plus grandes vertus, sous ses airs maigrelets.

C'était peut-être son troisième cours de l'année, en tant qu'étudiant à Ealdwick, et le voilà déjà entrain d'attirer les rires sur son passage. Un soupire, et il lève machinalement la main vers ses cheveux actuellement transformés en Serpents. D'un geste adroit de la baguette, il incanta un contresort, et ses cheveux redevinrent normales. Un ou deux élèves eurent une moue admirative face à une telle habilité dans l'exécution des sorts, mais ce ne fut pas le cas de tous les élèves présents dans le couloir de l'aile est.

Sûrement le lanceur du sort s'était approché dans son dos pour lui poser sa main sur son épaule afin de le retourner d'un coup, de façon violente. Castiel en fit tomber ses bouquins sous le mouvement brusque, mais il ne se baissa pas pour ramasser ses affaires, affrontant du regard l'élève qui lui faisait face. Visiblement, cela devait être un beau gosse des années supérieurs, car il y avait un groupe de filles, non loin de là, cachaient derrière leur bouquin entrain de pouffer de rire. Pour un peu, Castiel se serait cru à Poudlard, six mois en arrière.

« Mon sort ne te plaisait pas, le bleu ? »
« Et bien... Disons que ça ne va pas très bien avec mon teint de peau. Je reviens d'Inde et... »
« Ta gueule. »

Castiel se recroquevilla presque instantanément. Ses désirs de se rebeller s'étaient comme évaporer. Il fit un pas en arrière, avant de finalement se baisser pour vite ramasser ses affaires. A peine eut-il le temps de poser ses mains sur ses bouquins, que le jeune homme lui écrasa l'une de ses mains sous l'une de ses chaussures, provoquant un gémissement à peine retenue de la part de Castiel.

« Je me demande ce que je vais bien pouvoir te faire, maintenant... Tu seras mon bizut', mon testeur, tu veux ? »
« Tu me fais mal... »
« Qu'est ce que tu as dit ? »

Castiel ne dit rien, tentant de retirer sa main. Finalement, il y parvenut, mais la douleur était telle qu'il en avait presque les larmes aux yeux.

« Ne t’inquiète pas, tout se passera bien. Tout se passera bien. Tu parles ! » « Oh allez, ne sois pas si rancunière. Et puis, c’est mignon comme tout. Demain, je t’amène une pelote de laine. » Furieuse, Karly arrêta de geindre avec ironie pour cogner l’épaule de son frère. Son affaire n’avait rien de drôle, tout du moins pour elle. Elle voyait bien les nombreux regards amusés sur elle. Elle avait également croisé d’autres ‘énergumènes’ qui avaient subi le malheur sort qu’elle-même. Certains s’exprimaient en chanson, d’autres en danse. Des plus chanceux avaient récolté des oreilles qui chantaient. Il paraitrait même que les premières années d’Archéomagie s’étaient retrouvés enfermés deux jours dans une vieille tombe remplie de faux serpents et scorpions enchantés. D’accord, elle avait eu une sorte de privilège mais les années supérieures de DCFM ne s’étaient pas encore manifestées. Elle n’avait pas hâte que cela arrive. Matthew déblatérait de nouveau des inepties qu’elle n’écoutait guère. S’arrêtant à l’intersection du couloir, elle observa une altercation entre étudiants dont les paroles vinrent jusqu’à eux.
« Je me demande ce que je vais bien pouvoir te faire, maintenant... Tu seras mon bizut', mon testeur, tu veux ? »
« Tu me fais mal... »
« Qu'est ce que tu as dit ? »
Abaisser un homme désarmé à terre n’était pas digne d’un sorcier. Même pour celui-là. Décidément, l’université était pire que Poudlard en matière de bizutage. On dit que l’adolescence est le pire passage dans la vie d’un sorcier. Mais ceux qui avaient dit cela avaient-ils été à l’université ? Les bizutages n’avaient rien d’ « initiateur ». Les étudiants s’en servaient plus dans le cadre d’humilier les petits nouveaux afin d’asseoir son pouvoir sur eux. Ce n’était qu’une bataille pour le pouvoir. Aussi stupide soit-elle. Serrant les poings, le sang de la demoiselle s’échauffa lorsqu’un pied écrasa la main de l’homme à terre.

« Hey ! » s’écria-t-elle en s’élançant vers la grosse brute mais, elle n’eut pas le temps de faire un pas que son frère la repoussa en arrière d’une main tandis qu’il s’avançait, connaissant cette personne qui la répugnait. « Sam ! Comment va-ton frère ? Toujours dans ses grandes idées de constructions de balais de course ? Ah, il faudra qu’il vienne me voir un de ses quatre. Mais, raconte-moi. Est-ce que ca avance ?... » la voix de Matthew se faisait de plus en plus faible au fur et à mesure que ses pas menaient la bande d’étudiants au loin dans les couloirs. Les bras croisés au milieu du couloir, Karly n’en croyait pas ses yeux : il l’avait planté là, après avoir joué les héros ! Sérieusement ?! Qu’est-ce qu’il pouvait l’énerver, parfois. Un mouvement attira son regard. Le jeune étudiant persécutait était au sol, semblable à une brebis égarée. Elle ne pensait pas intervenir… avant de reconnaitre ce visage. Se penchant délicatement en avant, sa tête suivit le mouvement afin de pouvoir regarder son visage. Un rictus de douleur semblait se traduire au coin de sa bouche. Devait-elle l’aider ? Elle avait voulu aider Mana mais à la place, elles s’étaient retrouvées devant la Brigade Magique et avait hérité d’une stupide queue de chat en prime. Elle ne l’avait pas vraiment aidé… Ce ne fut que lorsqu’elle aperçut la bleuté de sa main qu’elle se décida non pas sans un las et puissant soupir. Elle n’était pas vraiment pas capable d’arrêter de mettre son nez de partout.

« Tu devrais mettre un baume à base d’aloé véra, de sauge et d’arnica. » Accroupit à côté de lui, Karly regardait sa main. Il avait dû y mettre tout son poids pour l’empêcher de partir. Une vraie brute épaisse. Un ignorant. « Allez debout, Bristow ! On ne va pas compter les fourmis. » Un bras sous ses aisselles et elle l’aida à se relever. « Pourquoi te laisses-tu marcher dessus à chaque fois ? Déjà à Poudlard, les grands se servaient de toi pour faire leurs devoirs. Je ne comprends pas. Qu’est-ce que tu y gagnes ? » lui demanda-t-elle en époussetant l’une de ses épaules. Se reculant d’un pas, elle l’examina avant de réitérer son geste. Ce n’était pas parce qu’il était faible qu’il fallait être tapissé de poussière. L'aspect des choses est aussi important que la chose en elle-même. Lorsqu’elle ne comprenait pas, Karly pouvait être aussi tenace que chieuse. Était-il faible ou ignorant ? Apeuré ou stupide ? Un homme ne pouvait pas ne pas avoir de courage. Qu’importe la forme qu’il prenait. Et pour une fière écossaise, il n’y avait pas pire insulte que de se laisser faire sans combattre. « N’es-tu pas un homme ? » Elle ne savait même pas pourquoi elle restait là, ni même pourquoi elle l’aidait. Peut-être avait-elle placé sa colère sur lui au lieu de son bourreau qui s’était éloigné ?! Ne rien faire l’énervait plus qu’échouer. C’était plus fort qu’elle…