Muzzle & Rock That Little B. Wild.

CHAPTER I : I WANNA FUCKMY WAY TO THE GARDEN...

Elle releva le nez. Sa tête la lançait et il y avait une forte odeur de... de paille? Elle se redressa d'un coup, accusant comme un coup de marteau dans son crâne mais elle n'alla pas bien loin. Quelque chose l'empêchait de s'arracher au sol et elle n'avait pas les idées suffisamment claires pour identifier d'où venait la gêne. Une ancre invisible la contraignait et l'attacher à la loi de la gravité. Autour d'elle, un millier de voix qui se mêlaient en grognements et en gémissements bizarroïdes. Elle ouvrit les yeux. La lumière aveuglante les lui fit plisser immédiatement et dans un mouvement réflexe elle voulut s'en protéger. Mais ses mains étaient attachées dans son dos. Elle s'en rendait compte seulement maintenant. Essayant de rassembler ses esprits, elle se mit à tortiller ses poignets dans leurs attaches... chaque fibre de ses muscles tirait au moindre mouvement comme si elle avait couru un marathon ou comme si on l'avait rouée de coups...

« Kirill...? »

Elle se recroquevilla sur elle même pour se relever et comme elle se retrouvait debout sur les genoux, les cheveux devant la figure, elle vit qu'elle se trouvait dans une cage aux barreaux transparents. En face d'elle une étrange bouteille renversée comme un espèce de biberon pour hamster à échelle humaine. Elle fronça les sourcils contrariée par une forte odeur de musc. Elle contorsionnait toujours ses mains dans son dos. Ses liens étaient sacrément serrés mais ils avaient visiblement été pensés pour elle puisqu'elle n'arrivait pas à en venir à bout malgré sa force de louve. Elle avança pour coller son visage entre les barreaux. Où était-elle? Une espèce de grande fosse où une forêt de barreaux transparents s'épanouissait et retenait une véritable armée de fauve. Tout à côté d'elle, une énorme acromantule s'était tant et tant agitée, à l'étroit dans sa cage, qu'elle avait fini sur le dos. Elle n'en aurait pas pour bien longtemps dans cette position. Ella sentit un brin de chaleur lui réchauffer le coeur. Il y avait moins d'un an de ça, ce genre de bestioles lui faisait encore dresser les cheveux sur la tête.

Elle secoua ses boucles blondes pour faire tomber les brins de paille qui s'y étaient logés. Elle était entourée de créatures, étranges pour certaines comme cet homme à la peau bleue qui semblait fasciné par les palmures de ses doigts, d'autres plus commune. Là un chien à trois tête, un centaure fou de rage...

Elle se rappelait parfaitement bien avoir tirer le sortilège d'exclusion de Roman en sortant et avoir laisser la porte grande ouverte. Pour qu'il sache qu'il s'était passé quelque chose. Pour que Leah s'affole et le prévienne dès qu'elle verrait. Dès qu'elle avait vu les deux agents en costume noir devant sa porte elle avait réagi. S'il n'y avait pas eu les petits à l'étage, elle aurait résisté, elle les aurait eu sans aucun doute même. Mais avec les enfants qui dormaient dans le grand lit, elle n'avait pas voulu prendre le risque de les voir revenir pour fouiller la maison. Elle n'avait pas voulu qu'ils pensent qu'elle ait pu cacher quelque chose là dedans alors elle avait suivi docilement jusqu'au ministère, en sachant parfaitement, la peur dans le coeur, que ça se passerait comme ça. La seule manière dont elle pourrait s'en sortir maintenant c'était en gardant la tête froide. Alors elle se tenait le visage collé aux barreaux, froidement calme, surtout comparée aux autres. Froidement calme parce qu'elle réfléchissait. Elle ne savait pas exactement où elle se trouvait. Rien n'aurait pu lui laisser penser à Azkaban. Elle pensait plutôt à un étage du département de régulation des créatures magiques. Bien glauque, surexposé à la lumière, qui sentait le musc et le désinfectant tout à la fois.
L'odeur lui piquait le nez. Il y eut bruit de porte qui s'ouvre. Des voix d'hommes. Les créatures autour d'elle s'agitèrent un peu plus, folles de rage.

« Calmez moi tout ça avant que la grosse légume de ruskov arrive. »

Une femme se dégageait du groupe, plus grande, plus richement vêtue aussi. Elle avait l'air d'une dame de fer et visiblement commandait à l'ensemble des agents en uniformes noirs, brassards marqués AZ qui s'éparpillèrent aux quatre coins de la fosse pour se charger de "calmer" ceux qui faisaient un peu trop de raffut. Ella suivit leur manège, les mains toujours dans le dos, puis recula au fond de sa cellule en voyant arriver un autre homme. Mais elle n'eut guère le temps de le voir qu'il disparut derrière une armée de garde du corps. Elle tendit l'oreille, reconnaissant un fort accent russe de loin. Le groupe commença à se déplacer de cage en cage. La femme qui avait parlé en premier discutait avec le russe dans sa langue maternelle. De temps à autre, on ouvrait une cage. On faisait sortir une créature, le russe l'examinait puis on repoussait la bête dans sa cage.

«Я хочу, чтобы убедиться в этом.», l'homme s'arrêta devant Ella.

La blondine baissa le visage, se cachant derrière ses cheveux. Ses notions de russe n'allaient pas vraiment l'aider. Elle ne savait pas ce à quoi jouer l'asiate et le russe mais elle préférait continuer de l'ignorer. L'homme en face d'elle retira son cigare de sa bouche, dévoilant des petits yeux bleu porcin et un visage poupin. Il était assez petit et la masse de fourrure noire lustrée qu'il portait sur les épaules le tassait encore d'avantage.

« Но, конечно. Это наш последний приезд. Sortez-moi la. »

Le russe et l'asiate s'écartèrent. La grille s'ouvrit. Un sorcier brandit sa baguette et aussitôt une étrange boule gris métallisé apparut devant lui. Elle avait l'air souple comme elle dansait devant lui. Puis, répondant à un petit coup sec de la baguette, elle fondit sur Ella. La louve bondit en arrière mais trop tard. Ca lui recouvrit toute la figure comme un chewing-gum glacé. Elle se débattait, les mains toujours attachées dans le dos. Ce truc était en train de l'étouffer. Puis soudain, il glissa vers le bas de son visage et durcit. L'instant d'après, c'était une muselière d'acier qui n'avait pas d'ouverture visible, sinon un petit grillage pour qu'elle puisse respirer. Un amateur de film moldu aurait tout de suite pensé à hannibal lecter.

On la poussa jusqu'au russe. L'homme la toisa avec un petit sourire appréciateur avant d'approcher la main. La blonde se démenait comme un beau diable tant et si bien qu'il fallut un sortilège pour lui donner un coup de mou. Le russe tira un brin sur la muselière, pour s'assurer qu'elle tenait puis il échangea quelques mots avec l'asiate qui lui faisait la visite et on emmena la blonde plus loin, hors de la fosse...

Muzzle & Rock That Little B. Wild. Ellalecter

CONTRAT de VENTE d'un lycanthrope propriété du MINISTERE DE LA MAGIE

Article 1 : désignation des parties
Entre :
• L'acheteur

Agissant comme acheteur "consommateur" tel que prévu par le code de la consommation.

Monsieur Borris Kaminski résidant Place Saint-Isaac à Sankt-Peterbourg, Russia.
Profession : Souteneur & Entraîneur de louves.
 * achetant pour son usage personnel
Gallons: 7 et +
Titulaire d'une licence de compétition *
Autre
Pratiquant la discipline du : *
□ dressage-niveau :
□ concours complet-niveau
□ endurance-niveau
□ autre : combats autorisés

Nombre de lycans déjà achetés précédemment : 32.

Et :
• Le vendeur
Agissant comme vendeur dans le cadre prévu par le code magique.
Le Ministère de La Magie, en le nom, d’Aidev Blake, actuel ministre de la magie, par l’intermédiaire de Madame Chu Wang.
 * propriétaire du lycan objet du présent contrat
 * dûment mandaté pour la vente de lycan objet du présent contrat

Il est convenu :

Article 2 : objet de la vente

Par le présent contrat, le vendeur vend à l'acheteur qui l'accepte le lycan tel que décrit ci-dessous :
NOM : Konstantine Age : 17 ans
N ° d'identification: 002579#
Type : Caucasien
Genre : F.

Article 3 : expertise de transaction
• Expertise vétérinaire *
□ l'acheteur a fait effectuer à ses frais et préalablement à la signature du présent contrat un examen vétérinaire de lycan désigné ci-dessus, réalisée par le Dr Revenge, exerçant à la prison de haute sécurité d’Azakaban, et déclare avoir parfaite connaissance des conclusions de cet examen, annexées au présent contrat.

• Expertise d'adéquation maître-lycan *
□ l'acheteur, informé par le vendeur de l'utilité d'une expertise d'adéquation cheval-cavalier, déclare expressément avoir décidé d'acheter l'équidé désigné ci-dessus sans faire réaliser cette expertise.

Article 4 : prix et paiement
Le prix de vente est fixé à : 848903 gallions.
L'acheteur fait son affaire de toute commission ou honoraires dus à des Tiers et en relation avec la vente.

Le montant convenu : *
□ est remis ce jour par l'acheteur au vendeur qui lui en donne quittance sous réserve d'encaissement du moyen de paiement. Le vendeur remet à l'acheteur ce jour la carte d'immatriculation du lycan objet du présent contrat, dûment endossée conformément à la réglementation, le document d'accompagnement (sauf si la livraison est différée), ainsi qu'une facture.

A défaut de paiement d'une seule échéance, la totalité du solde restant du deviendra exigible, le vendeur le notifiant à l'acheteur par voie recommandé avec accusé de réception.
Le vendeur remet ce jour à l'acheteur le document d'accompagnement du lycan objet du présent contrat ainsi qu'une facture.
La carte d'immatriculation dûment endossée conformément à la réglementation sera adressée par voie recommandée avec accusé de réception par le vendeur à l'acheteur après complet encaissement du solde du paiement.

Réserve de propriété

Dans tous les cas de figure, et jusqu'à parfait paiement du prix, le vendeur se réserve le droit de propriété de lycan vendu.
En conséquence, l'acheteur s'interdit de vendre lycan jusqu'au complet paiement.

Article 5 : livraison *
□ L'acheteur prend livraison ce jour de lycan désigné ci-dessus.

Article 6 : garanties
Le lycan désigné ci-dessus est vendu avec les garanties ordinaires de droit, notamment celles prévues aux articles L.213 et suivants du Code Magique, relatifs aux vices rédhibitoires, et aux articles L.211-1 à 211-15, 211-17 et 211-18 du Code de circulation des créatures magiques.

Fait à Azkaban, le 12 septembre 2010.
En deux exemplaires originaux, un étant remis à chacune des parties.

Documents annexés :
□ Expertise vétérinaire
Le vendeur, L'acheteur,
Mme Wang Kaminski

CHAPTER II : I SEE A SPARK OF LIGHT ...

« Ouh que c'est joli ça! »

Un tonnerre de sifflet lui déchira les tympans. Elle était mal à l'aise dans cette ridicule tenue de cuir rouge. Exposée, surexposée au centre de l'arène où on l'avait poussée. Le rouge faisait vulgaire sur elle. C'était ce qu'aurait dit Kirill. Elle serra les dents, essayant de se cacher au mieux. Elle n'était pas le genre très pudique d'ordinaire mais malgré tout il y avait une limite au delà de laquelle la ravageuse petite princesse hongroise ne mettait plus le nez dehors. La limite elle se trouvait dans une ridicule tenue de cuir rouge, trop serrée et trop courte, devant une foule venue voir un combat de chienne dans toute ce que ça avait de classe et respectueux n'est-ce pas?

En face d'elle, une brune, plus grande, plus forte, plus confiante. Une brune que le public acclamait comme une héroïne quand l'instant d'avant on lui faisait sentir à elle à quel point elle était peu crédible. Le petit chaperon rouge dans la même tenue qu'Ella n'aurait pas été plus crédible. Un bref instant, la blondine regrettait la paille et les barreaux transparents d'Azkaban. Un si bref instant.
La brune fondit sur elle au premier coup de cloche. Ella la regarda approcher. Elle eut le temps de détailler chaque jointure du poing qui allait s'abattre sur sa tempe. Elle eut même le temps de remarquer une petite marque plus claire à l'annulaire gauche. Un dernier lien vers une "vie d'avant" avant que le coup ne s'écrase sur sa tempe. Quelque chose c'était brisé... dans un grand éclat de rire général.

Finalement ce n'est pas si terrible que ça l'arène. Il suffiit d'avoir assez de cran pour ne pas broncher en voyant venir les premiers coups. Si on a vraiment de la chance, quelque chose de brise et c'est le trou noir. Enfin ici, la chance n'est pas vraiment en phase, elle est déjà passée. La chance c'est d'avoir croisé Kirill a un moment de sa vie, d'avoir plongé son oeil bleu dans son oeil ambre et d'en être tombée amoureuse. Parce qu'au moment où son crâne s'est fracturé à la commissure de l'os temporal et du sphénoïde, c'est cette chaleur douce du regard de Kirill capturé par le sien, la brûlure aiguë de la morsure qui l'a portée, plongée dans le noir.
Là encore elle croit sentir ses doigts se glisser sous sa chemise pour la contenir, pour jouer aussi, alors elle sourit dans son sommeil et commence à refaire surface. Alors... elle entrevoit un brin de lumière... mais ce n'est que la lumière blafarde et jaunâtre d'une ampoule électrique au dessus de sa tête. Et l'odeur, ce n'est pas celle de Kirill. Et le menton qui frôle sa joue sent l'eau de Cologne et il est rasé de trop frais. Les sens lui reviennent dans un reflux de sang, une pulsion plus forte de son coeur qui donne un contre-coup violent. RÉVEILLE-TOI!

Elle ouvre les yeux sur une vague de cheveux châtains clairs. Son ventre se crispe en sentant une main étrangère se poser sur sa peau alors par réflexe elle attaque. Ses dents se referment sur la première prise qui passe. C'est l'oreille. Elle tire, arrache, pousse, cogne. Il hurle, s'écarte, dégaine et vide son chargeur...

épilogue

« Qu'est-ce qui s'est passé? Tu as complètement... »
« Elle m'a arraché une oreille!! MERDE KAMINSKI!!! Tu vas raquer sec, appelle moi un médicomage! », beuglait le jeune homme aux cheveux châtains clairs, une main plaquée sur son oreille gauche.

Une longue rivière de sang lui marquait le côté gauche du visage et maculait le col de sa chemise. Le russe avait des nerfs d'acier mais la douleur n'allait pas tarder à lui faire tourner de l'oeil. Son regard menaçant braqué sur ce maquereau de Kaminski. Ce n'était pas comme si le commerce des filles n'était pas monnaie courante dans les combats de louves. Mais on s'attendait à un minimum de confort quand on payait 500 drachmes pour une nuit avec une des filles. Mieux encore, quand on en choisissait une en convalescence, une qui avait tout l'air d'une petite novice encore vierge s'il fallait, on s'attendait à ce qu'elle ne pose pas trop de problème. La solution de force était censée garantir ça aussi.

Lénine Dezrodnov cracha sur la gamine qui chialait dans le lit. Qu'elle crève cette connasse. S'il avait une cicatrice à cause d'elle, il collerait un procès au cul de Kaminski. Il ne supportait pas qu'on le mette en échec. Une gamine en plus. Une saleté de gamine qui allait très certainement crever vu ce qu'il venait de lui mettre.

CHAPTER III : IT'S OH SO... QUIET.

Lénine Dezrodnov avait une revanche à prendre sur la vie. Il passait entre deux infirmières, l'air fringuant. Il s'était aspergé de cette eau de Cologne qu'il affectionnait tant, comme s'il avait eu un vrai rendez-vous. Les couleurs stériles de l'hôpital ne semblaient pas influer sur son humeur. Ce soir il réglait ses comptes avec la petite garce à qui il devait la belle cicatrice qui attirait tout les regards sur lui. Il n'en était pas spécialement enlaidi mais il ne supportait pas qu'une vulgaire prostituée ait pu le marquer à vie, si ostensiblement. Il poussa la porte de la chambre 308 d'un dispensaire miteux, comme beaucoup d'autres avant lui ces trois dernières semaines.

Il posa les yeux sur la petite blondine endormie et un long sourire narquois se faufila sur son visage en lame de couteau. Il releva le nez et vint s'assoir sur le bord du lit.

« C'est déjà un miracle que tu sois encore là petite idiote... jolie petite idiote. J'en ai connu de ton espèce qui on passé l'arme à gauche pour moins que ça. Voyons... Elladora Konstantine... rien que ça. Tu as du pédigrée finalement ça explique certaines choses. »

Il caressa doucement le rebondi de sa joue du dos de la main. Elle avait la peau douce, visiblement peu de cicatrice. Kaminski avait toujours pas eu un certain goût dans le choix de ses filles. Celle-ci avait quelque chose que les autres n'avaient pas. La peur dans le regard. La rage de vivre teinté d'une lueur d'espoir aussi. Une candeur suave. Peut-être que c'était sa bouche, la commissure boudeuse de ses lèvres. Ses cheveux blonds si clairs qu'on les aurait cru tissés de soie et d'un métal plus doux que l'or. Quelque chose que seule la lune aurait su inventer. Bien sûr Lenine Dezrodnov ne voyait pas tout ça. Il ne voyait que l'affront et sa prochaine victoire.

Il tendit la main vers le tube de lubrifiant qui attendait bien sagement sur la table de chevet.

« Ah tu ne fais plus la fière là. Tu vois au final j'ai ce que je veux et toi tu n'as plus qu'à fermer ta jolie petite gueule... Mmmh comme c'est joli tout ça. »

Il posa ses lèvres sur celle de la jolie petite louve. Elles avaient un petit goût sucré de fraise des bois, ou alors c'était simplement ce qu'imaginait Lenine Dezrodnov parce que ce goût là c'était sa madeleine de Proust. Une façon de guérir de cette affreuse cicatrice sur son visage. Il reprenait doucement là où il c'en était arrêté la dernière fois, avec la même assurance, la même certitude que la première fois. Et comme il embrassait cette bouche endormie, peu à peu il y prenait goût, il s'y complaisait, effleurant du doigt l'idée de posséder cette petite chose qui c'était si méchamment rebellée... la première fois... la première fois... la seconde fois... et cette odeur d'eau de Cologne.

Elle la reconnaissait cette maudite odeur d'eau de Cologne. Elle avait la même odeur que la peur qui lui vrillait l'estomac. La même odeur que le dégoût qui lui avait soulevé le coeur la première fois. Alors comme la première fois... sa bouche, ses dents se referment sur la première prise qui passe. C'est une autre bouche. Elle tire, arrache, crie d'horreur. Il hurle, s'écarte. Ils pleurent. C'est plus grave cette fois. C'est plus gore. Ils se regardent l'un l'autre, tétanisé de douleur pour l'un, d'horreur pour l'autre. Du sang sur leur menton. Les infirmières s'engouffrent dans la chambre et chacune à leur tour expire ce même soupir d'épouvante en regardant le visage de Lénine Dezrodnov affreusement mutilé. Ce sourire qui lui fend le visage en deux vers la gauche, dans un trait grossier et irrégulier, découvrant les dents et la gencive comme si un chien lui avait arraché la moitié de la gueule. C'est ça d'ailleurs.
Ella est tétanisée. Elle vomit d'horreur, de peur aussi. Que va-t-il lui faire cette fois?

CHAPTER IV : WE ARE ANONYMOUS.

« LIVRAISOOOON!... Mmmh Hey? Y a quelqu'un...? »
« Laissez-le tout dans le couloir, j'arrive. », répondit une voix venue de l'étage.

Vadim Vassiliev descendit le grand escalier d'ébène au pas. L'homme était grand et classieux. Les cheveux bruns coupés courts et l'air sûr et décontracté pourtant. L'agraphe d'or d'un stylo épinglait sa veste sans doute italienne. Il jeta un coup d'oeil à l'intérieur de la caisse, ne fit aucune commentaire et signa. D'un mouvement de tête, il fit comprendre au livreur qu'il pouvait disposer. Il ne tarda pas à se faire obéir, le bruit de la grille dehors, témoignant qu'il se retrouvait seul avec la petite chose qui se terrait au fond de la caisse. Il s'accroupit pour jeter un oeil...

« Je ne te demande pas si tu as fait bon voyage, ce serait déplacé. »

Il ouvrit la caisse, s'écartant de quelques mètres. Tirant une chaise, il s'assit face à elle sans non plus lui barrer le passage. Il dégageait quelque chose de très différent de ce qui avait pu émaner de Kaminski. La petite créature le dardait du regard sans broncher, comme si là, à l'intérieur de cette boîte, elle était encore un peu hors de portée. Vassiliev se pencha pour la regarder faire. Elle serrait ses genoux contre elle. Ce n'était qu'une gamine. Enfin, de là où elle venait, elle ne devait plus tant que ça être une enfant, ça ne faisait pas de toute.

« Bien. Je vais jouer franc jeu avec toi. Mon nom c'est Vadim Vassiliev. Ici tu n'es plus dans le combat officiel. Ca a ses avantages et ses inconvénients aussi. Ca veut dire qu'ici les combats sont presque toujours des combats à mort donc si tu veux rester en jeu il va falloir en vouloir. Tu comprends ce que j'te dis? », les yeux noirs du russe plongèrent dans le bleu-outrerêve de la louve qui le défiait du regard comme dans une ultime défense. Quelque chose de terriblement fort et qui semblait être à la fois la dernière étincelle brûlante en elle. « Tu comprends parfaitement bien. T'as perdu ta langue okay, j'ai pas de problème avec ça. Tant que tu es réglo avec moi je serais cool avec toi. C'est une règle qu'il n'est pas dans ton intérêt de transgresser crois moi. Je sais pas ce que t'as fait avant. Ce que tu étais avant. Je ne veux pas le savoir. A partir d'aujourd'hui tu es quelqu'un d'autre. Maintenant tu sors de là. On va faire un tour. »

Mais la louve ne broncha pas. Un fin sourire passa sur les lèvres de Vassiliev mais il y avait là aussi un brin d'agacement. Cela dit il pouvait se montrer compréhensif. Il attendit cinq minutes sans la lâcher du regard, lui faisant comprendre que c'était à partir de là que commencer leur contrat tacite. Que si elle ne sortait pas d'elle même il viendrait la tirer de son trou et que là ça se passerait sans doute mal. Sans aucun doute.

***

Elle le suivait sans un mot. L'incident de la veille lui avait confirmé qu'effectivement, mieux valait ne pas transgresser les règles avec ce mec là. Pourtant, elle avait noté quelques différences notables avec ce qu'elle connaissait déjà du monde des combats. Quand elle avait essayé de lui fausser compagnie entre le salon et la chambre, il l'avait retenu avec simplement une phrase. Pas de solution de force, pas de coups. Une simple remarque à glacer le sang. Une remarque pleine de bon sens.
Elle n'avait pas dormi bien qu'il lui eut donné une chambre et une clé pour s'y enfermer. Il s'en serait douté et n'avait fait aucune remarque. Après un petit déjeuner auquel elle n'avait pas touché, il lui avait annoncé qu'il allait la présenter aux autres.

« Je te présente Long Jane. Jane tu t'occupes de la nouvelle. »
« Ok boss. Hey salut. T'as pas encore de nom je suppose? »

Ella jeta un regard à Vassiliev qui s'éloigner pour aller parler à une autre louve. Autour d'elle, une dizaine de filles qui s'entraînaient visiblement. Pas le moindre garde ou surveillant. Dans la tête de la petite louve, l'idée d'un dehors possiblement accessible était toujours bien présente.

« N'y pense même pas. D'une tu passerais pas la porte de deux, t'es bien mieux ici crois moi. Bref. J'dis ça c'est pour toi. Quand on arrive ici on n'est personne alors regarde moi bien "c'est ici que tu deviens quelque chose Little Bitch »

La brune la défiait du regard. Ella ne cédait pas. Elle fronçait les sourcils ne supportant pas de s'entendre insulter. L'autre la poussa. La blondinette grogna, se dégageant sans rien cacher de sa mauvaise humeur.

CHAPTER IV : NOW FIGHT!

« Alors elle s'y est mise finalement? »
« T'as su trouver les mots on dirait. » , répondit Long Jane.

La petite blondinette qu'il avait ramené ne c'était pas vraiment montrée coopérative. Le premier jour, elle avait encaissé les coups sans même chercher à les éviter. Long Jane s'était très vite arrêtée, laissant à Vassiliev le soin d'arranger le problème. Ella était revenue le lendemain, plus impliquée.

« Elle est prête? »
« Autant qu'on peut l'être. On peut peut-être passer aux fioritures maintenant... ses cheveux ça ira pas. »
« C'est aussi ce que je me disais. Tu dirais quoi? Rousse? Brune? »
« Entre les deux peut-être. Mais pas blonde. Elle va se faire bouffer toute crue avec son air de madonne. »
« Je te laisse gérer ça. »

Vassiliev s'éloigna, esquissant un petit sourire pour la gamine avant d'aller voir une autre louve. Ella le suivit du regard jusqu'à ce qu'un autre personnage n'intercepte son champs de vision. Une géante aux épais cheveux noir qui exhibait fièrement un moignon de bras gauche. On aurait dit que le monde lui appartenait. Un peu comme si dans sa mine féroce on pouvait lire qu'il ne valait mieux pas croiser le chemin de cette fille là.

« C'est qui? »
« Ca fait plaisir de savoir que t'es pas muette. »

Ella ne releva pas, trop absorbée par la présence de la louve aux cheveux noirs.

« C'est la matriochka. La regarde pas comme ça. Si elle t'as dans le collimateur ta vie va vite devenir un enfer. Et en plus tu pars avec un double handicap. »

La gamine l'interroge du regard. Long Jane a un sourire effilé.

« T'es la petite dernière donc t'as l'attention de Vadim. Et de deux la Matriochka a jamais pu m'encadrer. En gros t'es baisée d'avance alors la regarde pas. »

Ella acquiesça sans un mot. Demain soir la matriochka serait le cadet de ses soucis. Alors elle pouvait bien la regarder. L'immense brune détourna la tête vers elle. Elles échangèrent un long regard comme l'autre s'imposait comme la louve dominante. Mais Ella ne détourna pas le regard. Demain serait un autre jour. Demain serait pire.

***

« Vous avez perdu beaucoup d'argent? »

Elle entendit le rire de Vassiliev ce qui lui confirma qu'elle était bien réveillée. Elle ne se rappelait pas de grand chose. Juste de la peur au ventre et des coups qui pleuvaient. Demain avait été pire qu'aujourd'hui et maintenant, c'était quelque part entre... après demain et au delà. Elle tourna la tête douloureusement vers lui, une vieille crainte se ranimant en elle sans qu'elle sache vraiment pourquoi. Elle ouvrit un oeil bleu accusateur qui se fixa sur Vassiliev. Le silence retomba.

« C'est toujours comme ça le premier combat. Je n'avais pas parié sur toi alors somme toute j'ai gagné plus d'argent que tu ne le crois. J'ai juste dû en investir la moitié pour pouvoir te retirer de la fosse. » , il avait un espèce de petit sourire en coin qu'elle n'arrivait pas à déchiffrer. Il laissa passer un petit ange puis fronça les sourcils « Mange maintenant. Y a rien dans ta bouffe, je suis pas le genre à droguer mes louves pour pouvoir les prostituer. Je donne pas dans ce marcher là, on en a déjà parler. Rien que les combats. »
« Vous partez? »
« Tu as dormi quatre jours et le monde ne s'est pas arrêté de tourné pendant ce temps. Repose-toi. T'en auras besoin. »

***

« Tu me refais jamais un coup pareil t'entends! »

Ella le défiait du regard. Toute petite devant lui. C'est une gifle qui vint cingler sa joue mais elle n'en n'était plus à ça près. Fut-un temps, une gifle l'aurait mise hors d'elle. Mais une gifle ici, ce n'était rien.

« T'es pas là pour envoyer la fille d'en face au tapis en un seul coup! J'te l'ai déjà dit ça. Quoiqu'il se passe je veux plus voir ça. Ni tu te couches ni tu conclus aussi rapidement. C'est du business ce qu'on fait et là tu coules la maison! Alors tu te démerdes comme tu veux mais tu te le rentres dans le crâne ou tu dégages! »
« Parce que tu crois que c'est l'éclate tes combats de merde? TU CROIS QU'ON SE BOUSCULE AU PORTILLON POUR ARRIVER ICI P'T'ETRE? »
« Sobaka! », cracha-t-il avant de claquer la porte.

Ella se laissa tomber sur son lit. Un petit couinement vint l'achever. Elle plongea la main sous le cuir de son haut et en ressortit une toute petite peluche qui tenait même dans la paume de sa main. Un petit monstre vert qui la regardait avec un sourire naïf. Elle appuya son front contre son ventre. Un autre pouic sonore et les larmes se mirent à couler...

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