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 Wear your scars with pride.

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PROFIL & INFORMATIONS









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
Wear your scars with pride. #Dim 2 Jan - 3:20




    Wear your scars with pride.

Mahel releva les yeux une énième fois sur le campement qui ressemblait davantage à une grande infirmerie qu’à autre chose. Elle regarda passer une civière avec un homme agonisant, le ventre à moitié arraché et recouvert d’une épaisse couche d’argent liquide. Une mine. Elle ferma les yeux, tournant lentement la tête alors que sa machoîre se refermait lentement. Elle avait mal, mais comparé aux autres, sa blessure n’était que superficielle. Elle préférait de loin s’asseoir et regardait le campement vivre un tant soit peu. Ici et là les gens étaient blessés, à l’intérieur comme à l’extérieur. Reagan passa sans même la voir, regardant autour de lui pour trouver Leandre, un peu affolé. C’était la cohue. Et la mort était au dessus du campement, comme tous les soirs après chaque bataille. Mahel pencha un peu la tête. La première bataille avait été facile. La seconde avait été un vrai désastre. La mort de Kira avait fait tremblé les murs. Elle avait été la première à mourir de leur génération, et elle était une Orlov. Ça avait remis Wolfgang en question auprès des plus jeunes. Plus le temps passait, plus on doutait de gagner cette guerre, et il y avait de quoi. L’ennemi était nombreux, fort, armé et préparé. Elle, elle n’avait pas été préparé à ça. En réalité, personne ne l’avait été ici. Même les Lukks étaient tombés. Mahel se redressa lentement en voyant son père revenir calmement vers elle, après avoir vérifié que ses trois fils étaient encore vivants et entiers. Il la regarda, arqua un sourcil. Il aurait pu être sincèrement inquiété, vu l’état du beau visage de Mahel réduit en une plaie béante, dévoilant le palet et la chair. Il se pencha, attrapant sans douceur son visage. Sa fille était une guerrière, elle tenait de Vasco plus que lui, alors il avait appris à accepter cette facette dure de la jeune louve. Il fronça tout de même les sourcils. “Tu devrais soigner ça avant que ça ne s’infecte jeune fille. Sinon, tu auras de sales cicatrices.” Mahel eut un sourire moqueur - enfin essaya, puisque sa bouche était ouverte jusqu’à sa pommette, et hocha doucement la tête. Masael la laissa aller à travers la foule où elle croisa Celio, qui était presque intacte. Il était l’un des premiers à prendre chaque fois, parce qu’il insistait pour être en première ligne à chaque bataille, parce qu’il était dévoué et féroce. Celio était un drôle de prince, et après chaque bataille, il adoptait le même air que Wolfgang et Vitaly, cet air sincèrement désolé, pas pour les autres, mais pour eux même de voir ce qui était advenu de la paix qu’ils avaient mis tant d’années à cimenter et à préserver. Ce trésor précieux avait failli, il s’était émietté, et ne laissait plus sur le sol que des cadavres et dans la bouche un goût amer de défaite déjà là mais non admise. D’ailleurs, Vitaly qui suivait visiblement Celio s’arrêta et posa son regard vairon sur la jeune Mahel en haussant un sourcil. “Tu as trop attendu, idiote.”

Il disait ça sur un drôle de ton, pas vraiment méchant parce qu’il savait que c’était grâce à Mahel que d’autres loups, plus gravement blessés, survivaient à leur blessure. Il sortit de sa poche un fin scalpel et au milieu de la foule gratta du bout d’acier les particules d’argent collés à sa bouche et aux arrêtes de son visage, les décollant en tranchant à même la chair. Mahel ne cilla pas ; ce n’était pas la première fois après tout. Elle ferma les yeux pour oublier, puis finalement Vitaly sortit un petit flacon de sa besace et éclaboussa à peine du liquide odorant la joue de la louve qui commença à se refermer normalement, ou presque. Il lui donna un petit bout de ce qui ressembler être de la gomme à mâcher mais n’en était certainement pas. “Quand c’est refermé, tu mettras ça sur ta plaie. Il y aura une cicatrice, mais tu ne sentiras plus la douleur ni de gêne pour manger ce soir.” “Merci Vitaly.” “De rien. Continue à garder courage.” Il passa sa main dans les cheveux sales de la jeune fille qui eut un sourire et reprit sa route, lentement, vers le campement des loups de Lycie. Elle n’y entra pourtant pas, son regard survolant très rapidement les dernières personnes qui restaient à l’intérieur. Elle cru reconnaître au loin Leto puis Hephaïstion, et finalement tourna le dos pour s’éloigner vers le campement de Vasco, traînant dans son dos les miettes qu’il restait de Beatriz et de la lame lycienne. Ils lui avaient tout enlevés. Les hommes, cruels, avaient piégé la terre de bombe, et les airs de gaze. Ils avaient érigés des murs hauts pour enfermer, et ils avaient fait que les murs crachent des pics d’argent. Ils avaient tout fait, pour les tuer, et pourtant les soldats restaient hauts et fiers. Ou presque. Le clan de Björn de Lassithi avaient perdu Juha, et les loups d’Hispanie étaient passés d’une trentaine à une dizaine seulement. Le camp avait perdu un tiers de ses membres, et ce n’était pas sans aller vers la baisse. Mahel le savait. Elle savait également qu’elle était une chanceuse. Avec son pelage rouge, elle évitait toujours d’être en tête, mais ça ne voulait pas dire qu’elle n’avait pas été blessé depuis. Elle s’éloigna à l’arrière de la meute, pour trouver un peu loin Vasco parlant à Lapyx et Nabor. Les trois étaient blessés, gravement blessés, mais aucun ne s’étaient déplacés pour être soigner. Ils se regardaient et chuchotaient. Les meutes diminuaient à vue d’oeil, et bientôt, ils ne seraient même plus assez pour faire la guerre. On parlait déjà de fuir sur le Mont Lupa. On parlait de beaucoup de chose, mais rien de bien joyeux. Nabor gronda, Mahel resta en retrait, comme si personne n’avait vu voir sa tignasse rousse.

“Y avait un temps où on était libre, où notre seul problème, c’était courir après le gibier. On suivait les troupeaux, et notre vie était occupée à ça. C’est à cause de l’Homme si on se retrouve à crever sur des champs de bataille.” siffla Lapyx, de sa voix toujours douce malgré la colère. “L’Homme est devenu fou. Si ça continue comme ça, on s’épuisera sur les mines, et on crèvera avec leur connerie d’argent gazeux.” reprit derrière Vasco. “Si on passe cette guerre, Seth sera béni.” souffla finalement Nabor, son bras se reformant en même temps dans un crac sonore. “Tu ne devrais pas être en train de manger Mahel?” Vasco relevait lentement le bout de son nez, se retournant pour que son regard olive croise celui de la jeune e et jolie Mahel. Il arqua au même moment un sourcil. “Qu’est-ce que c’est sur ton visage?” Elle sursauta et passa sa main sur sa joue, sentant d’un côté deux longues balafres montant sur sa joue, et de l’autre côté une seule plaie, plus large pourtant. Des cicatrices. Elle en avait alors. Nabor éclata de rire, alors que son bras gauche était mort, balançant dans le vide. “Bienvenue au club des balafrés gamine.” Elle roula des yeux, tournant les talons. “Vieux fous.” “Infâme!” rigola Lapyx en regardant Nabor, qui faisait sincèrement pitié. Kveld passa d’ailleurs à ce moment à côté d’elle, tâché de sang mais intacte sur lui, pour soigner les trois compères. Mahel repartit lentement vers le ruisseau qui passait derrière le campement - la source d’eau qui alimentait tout le monde. Elle descendit le long de la berge, sans vraiment s’éloigner, et glissa à l’intérieur de l’eau toute habillée. Si il n’était pas question de se laver proprement, au moins enlever t-elle toutes les traces de sang qui marquaient sa peau. Elle plongea sous l’eau, malgré le courant, ses cheveux formant une couronne rouge dans l’eau. Tout autour d’elle, l’eau claire prit une teinte rougeâtre voir noir, et la louve ne réapparu à la surface que lorsque ses cheveux furent lavés de tout le sang dont ils s’étaient imprégnés. Elle se redressa sur la berge, trempée jusqu’à l’os, puis se posa sur un rocher. Elle regarda l’horizon qui se levait. Elle avait toujours cru qu’il n’y aurait pas plus fort qu’eux, pas plus fort que Vasco. Son grand père qui avait eut sa confiance, qui avait été le héros indétrônable dans sa mémoire et qui se retrouvait face à l’ennemi, comme n’importe qui, et si faible face à l’ennemi pourtant. Elle baissa la tête, tirant de son sac de chemin un morceau de l’épée lycienne brisée pour se couper les cheveux qui lui tombaient sur les épaules, les raccourcir pour que plus jamais ils ne gênent sa vue. Elle voulait voir. Alors lentement dans l’eau les mèches rouge de la jeune Mahel de Lusitanie tombèrent, sans regret. Elle regarda le spectacle sans un mot.

Il n’y avait pas de mot assez fort pour exprimer le sentiment qui venait de s’imprégner sur sa bouche et dans ses yeux.











Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
Wear your scars with pride. #Dim 2 Jan - 20:45




Un bruissement dans les herbes la surprit. Elle s’arrêta, et son regard olive remonta lentement, tournant légèrement la tête pour finalement voir le visage neutre de Celio qui la regardait depuis quelques secondes seulement. Son visage était recouvert de sang, comme s’il avait pris en plein visage la giclée vermeil d’une jugulaire. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, pas vraiment habituée à ce qu’il vienne la voir mais plutôt à l’inverse. Celio était beau comme un dieu, grand comme un géant, mais il était le plus intouchable de tous. Autant parce qu’il était le dernier des Princes des Princes que parce qu’il n’aimait jamais avec le coeur. Mahel eut un sourire alors qu’il se rapprocha, lentement. “Tes cheveux, à gauche, ils sont plus longs.” La rousse hocha la tête, amusé. “Tu veux me les couper?” Celio eut un moment d’hésitation, son regard se levant vers lui, puis finalement se posa derrière elle, attrapant l’épée lycienne qu’elle tenait pour reprendre lentement là où en était Mahel, mais en beaucoup plus proprement. Il se passa plusieurs minutes puis finalement Mahel colla ses genoux contre son torse, le regard étrange et dans le vague, mais l’espoir bien présent. “Nous allons tous mourir ici.” “Sans doute.” Celio reposa la lame, les cheveux coupés courts de la jeune fille saillant parfaitement son visage aux traits fins. “Tu n’as pas peur?” “J’ai été préparé à donner ma vie pour n’importe qui ici depuis que j’ai sept ans. Si ma mort peut aider ce camp à survivre un mois de plus, je la donnerais sans hésiter.” Celio eut un sourire en coin, alors que Mahel eut un temps de réflexion. Elle aimait les gens autour d’elle, mais elle aimait aussi sa vie. Elle avait toujours été protégé, gâté, un peu trop parfois, et on lui avait fait croire qu’on serait toujours là pour elle, pour la protéger, mais ce n’était pas si vrai. Ça ne pouvait pas l’être totalement, et elle commençait à en voir l’esquisse, de sa mort. Une mort glorieuse oui, mais de celle qui laisse un goût amer dans la bouche de ceux qui restent. Elle baissa les yeux, les sourcils un peu froncés. Elle ne voulait pas mourir. Pas ici. Pas sans avoir rien connu de ce que les autres avaient connu. “Pourquoi Kira est morte? Pourquoi Juha est mort? Pourquoi, nous qui sommes éternels et forts, mourrons-nous?” “Parce que nous ne sommes pas des Dieux face à l’Homme.” “Qui dois-je maudire pour tout ça?” “Personne et tout le monde à la fois.” Mahel gronda alors que Celio passait sa main dans les cheveux encore mouillés de la rousse. Lui aussi avait pris la guerre en pleine face. Il en avait eut les bras arrachés durant la seconde bataille, et par chance, on avait pu les retrouver à temps pour les recoller. Il n’y avait eut que ça durant toute l’année, de la souffrance, l’épuisement, et quelque part, le manque de courage. Mahel rejeta la tête en arrière, ses yeux olives se plongeant dans les yeux vairons du Orlov.

“Si demain tu meurs, auras-tu tout fait et tout dit pour ne rien regretter Celio?” Le jeune loup eut un moment d’hésitation, et finalement haussa les épaules. “J’ai fait tout ce qui était en mon pouvoir, et je n’ai jamais menti ni garder quoi que ce soit pour moi, pour ne jamais être en conflit avec moi-même.” Celio eut un sourire pauvre sur les lèvres. “Tu regrettes?” Mahel resta bête, mais elle devait avouer que si la question lui était venue spontanément, ce n’était pas pour rien. Ce n’était pas parce qu’elle voulait savoir, mais parce qu’elle devait de le dire. Elle baissa les yeux, regardant ses pieds sales et marquaient de cicatrices. Ses mains étaient tannés, durs et rugueuses d’avoir trop travaillées, trop, tout le temps. Ce n’était pas un jeu. Ça ne l’avait jamais été. “J’ai pas fini le tour du monde que je voulais faire. J’ai pas de famille comme Johan, et j’ai pas connu un seul homme comme les louves de la Meute. J’ai pas connu ce genre de sentiment, j’ai pas dit à Lucian que je l’aimais et que tout ce que je disais c’était juste des bêtises, et j’ai pas vu Landres marié, j’ai pas vu mes nièces non plus, j’ai... j’ai rien vu de tout ça.” Mahel se redressa, l’épée lycienne brisée en main mais le regard las et triste à la fois. “Cette guerre m’épuise à l’intérieur. Elle me vole tout.” “C’est la guerre Mahel.” “Je sais. Je n’ai pas peur.” “Bien sûr que tu as peur.” Celio éclata de rire en ébouriffant les cheveux de la rousse qui fit la moue, boudeuse et vexée comme au bon vieux temps. Détestable quand il faisait ça. Elle hocha la tête sur le côté. “Tu n’abandonneras jamais, parce que tu as foi, comme tous ceux qui sont restés et qui continuent, encore et toujours. C’est ici ta force, et elle n’est pas ailleurs. Tes armes ne te serviront à rien. Mais ta tête, oui.” Mahel roula des yeux. “Tu parles trop.” “Tu viens manger avec nous?” “Plus tard.” Celio eut un rire, amusé, puis tourna le dos et repartit comme il était venu, comme un fantôme dans un désert de sang et de sueur. Mahel le regarda partir avec un “hmpfr” et tira les derniers éclats de Beatriz pour se regarder à l’intérieur. Celio s’était moquait d’elle à nouveau, comme elle se retrouvait avec un carré presque trop parfait pour être vraiment elle. Elle soupira et remit les morceaux de lames brisées dans son sac, regardant le soleil perçé le ciel. La Hellsing Corporation avait fuit le terrain. Ils avaient réussi à prendre Douchanbé, mais il était très clair qu’on ne gagnait pas une guerre en gagnant quelques batailles. On ne gagnait jamais une guerre. Sauf lorsqu’on tue toute une espèce, qu’on l’extermine, alors là la guerre est totalement gagnée.










Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
Wear your scars with pride. #Mer 5 Jan - 18:15




Elle ne vit pas Lykkos ce soir là. Ça aurait pu être étrange, lui faire quelque chose, mais rien de tout ça n’arriva. Elle ferma les yeux, regarda la rivière et son doux clapotis. Valait il mieux mourir des mains d’un soldat ou d’un général? La mort était omniprésente, morbide. Mahel n’abandonnait pas pourtant, elle était toujours cette battante impitoyable, mais dans sa conscience, au plus profond d’elle, elle commençait à voir une ébauche, seulement une infime ébauche. Qui resterait, qui allait mourir demain. Elle trembla un peu dans son sommeil, mais s’endormit comme une masse comme tous les loups ici. La fatigue se faisait ressentir au bout d’un an, et on ne comptait plus les hommes qui se plaignaient, parce que c’était dur, parce que ça durait et qu’ils n’avançaient que petits par petits. Oh ils ne se laissaient pas abattre et avaient gagné victorieusement des batailles, avec une force écrasante, mais ils n’étaient pas assez humains pour ignorer les morts au profit de la victoire. C’était là une chose qu’ils ignoraient, alors pour eux, chaque mort était en quelque sorte une défaite amère. Ils n’avaient pas réussi à se protéger les uns et les autres. Quand elle se réveilla en sentant les autres se réveillaient autour d’elle, elle remarqua que le ciel était déjà presque noir. Elle avait dormi toute la journée. Elle s’ébroua, encore fatiguée et engourdie. Tout autour d’elle, des zombies, animés par le courage et la loyauté, mais plus vraiment par l’espoir. Elle se posa sur une souche, alors que Lazarus passait devant elle. Vasco s’avachit à son tour, les yeux cernés. Il n’avait visiblement pas assez dormi lui non plus. Il passa sa large main sous le menton de la jeune fille, la regardant en fronçant les sourcils. “Ca va?” La rousse eut un petit sourire. “Tu t’inquiètes?” “Mh.” “Ça ira. Tout pendant qu’on aura pas gagné, j’serais bien.” Vasco eut un petit rire, puis détourna le regard. Cette gamine avait la rage au corps, elle était une sorte de bactérie, ou une teigne. Elle était tenace et passionnée à la fois, pas par la mort, mais par ses idées. Elle aurait tout fait pour gagner, parce que chez les Lusitanie, on abandonne pas. Masael se laissa tomber à côté de son père et bailla, montrant les deux paires de croc impressionnantes qu’il pouvait garder sous sa forme humaine. Géant. Mahel prit la viande qui traîner et commença à manger, en silence. Elle pensait. Dans les armées humaines, pour que les gens restent un tant soit peu normal, ils devaient se retirer du combat toutes les six semaines. Si cela était vrai, alors ça devait être de drôle de guerre que de passer sur un champ de mine et de dire “hep toi là bas! t’as fait tes six semaines, casse toi!”. Six semaines. Le repas fut vite engloutit, puis Mahel se leva et ceintura son pantalon contre ses cuisses, et rangea son sac dans un arbre, pour que personne ne touche ou ne trouve (en cas de défaite) ses armes, ses fétiches. De sa branche elle regarda le drôle de manège que le campement donnait, puis la nuit tomba, et c’est sous les cors de Byzacène et de Syrie que les loups se regroupèrent en meutes compactes et serrées. Mahel se retrouva coincée entre Lazarus et Lucian.

~*~
Une montagne se déplaça jusqu’aux abords du champ de bataille. Là, une marre noire de cendre s’étendait à perte de vue. Les corps jonchaient le corps, étripés, décapités, parfois même coupés en deux. Ce n’était pas beau. Ce n’était pas ce qu’il avait voulu. Il ferma les yeux, mais l’odeur était toujours là. Elle l’imprégnait entièrement. Elle faisait partit de leur quotidien, ils s’y étaient habitués, mais pas lui. Il avait su resté loin, distant de cette guerre, en y étant au coeur pourtant. Il avait cru bon de la déclencher, et aujourd’hui il se retrouvait devant des centaines de cadavre, une terre minée et des armes de plus en plus destructrices tous les jours. Il eut un regard triste sur ce qui était jadis un terrain tout à fait banale de ce pays de sable, et qui était à présent plus vraiment rien, si ce n’est une grande nécropole sans pierre. Un bruit sur sa droite. Il ne sursauta pas. Quoi qu’il fasse, il n’allait pas mourir ici. Il le savait. Ce n’était pas fini, et ça ne finirait que d’une seule façon. Il fallait bien s’y résoudre, mais pouvait-il seulement faire une autre erreur? Une énième erreur aurait été fatale. Il ne faisait que ça. Des erreurs. Encore et toujours. Il baissa la tête et souffla chaudement : “Qu’ais-je fait?” Le deuxième homme, plus petit mais tout aussi large approcha et regarda ce que regardait son frère de coeur. Il eut un sourire pauvre, faible, léger. “La guerre Wolfgang.” Un silence passa comme les yeux noirs et les yeux verts fixaient tout deux la même chose, la même étendue, avec le même coeur. “Ais-je eut tord? Me suis-je à nouveau trompé Kveld?” Un rapace se posa sur le sol, croissant. Kveld regarda les morts, mais il ne pleurait pas. Il avait bien vite cesser de pleurer. “Tu as fait ce que tu as cru juste.” “Aurais-je du laissé faire?” Wolfgang le regarda et il doutait de lui, comme un enfant douterait d’une de ses actions. La justice, ou une bêtise? Telle était la question. Alors Kveld se râcla la gorge et haussa doucement les épaules. “Non, tu as eut raison.” Le regard noir d’encre du Roi des Loups passa à nouveau sur les cadavres, l’un des premiers étant un loup de première ligne qui avait explosé quand sa patte forte avait rencontré une mine explosive. “En quoi ais-je raison, mon frère? Je ne vends que mort ici.” “Il serait plus grave pour toi de laisser faire et de fermer les yeux.” Wolfgang pencha la tête, arquant un sourcil alors. “Cette cruauté mérite amplement punition.” “...Tu n’as pas dit la même chose lorsque l’Inquisition perça nos lignes.” “Ce n’était pas pareil.” souffla Kveld, sur un ton crispé. “Ça l’était. Nos frères y sont morts. Plus violemment, mais ils étaient moins à tomber c’est vrai, parce que l’Homme à l’époque n’était pas préparé. Aujourd’hui ils sont ici des guerriers. Les seuls qui nous résistent. Nous n’y arriverons pas seuls.” Wolfgang bougea, lentement, une masse jusqu’au campement. Kveld arqua un sourcil. “Que comptes-tu faire?” Le géant brun s’arrêta, ses pupilles noires brillants dans l’obscurité. “Leur donner le repos qu’ils méritent.” Kveld resta bête, et Wolfgang disparu dans l’obscurité.

~*~
Le cor de Dorian de Byzacène sonna une fois de plus, et les cors ennemis sonnèrent aussi, sous forme d’alarme électronique ridicule. C’était ici le Terrain de la Vie, et deux espèces s’affronteraient à nouveau ce soir. Celio fut le premier sur le lieu du rassemblement en tant que Prince, puis vint peu à peu les Orlov et les Conseillers. Le plus amoché par la guerre était sans doute Goliath d’Hispanie, qui avait vu son visage ravagé par les premiers gaz d’argent, mais il restait encore très beau. Enfin, c’était ce que pensait Mahel qui arriva, juste derrière Johann et River qui ne se quittaient pas. Valerian se dressa en bon chef de guerre et commença à ordonner les troupes quand Kveld fit son apparition, précéder par Wolfgang. L’apparition du Roi des Loups faisait toujours son effet, surtout sur les plus jeunes. Les Conseillers n’en riaient pas, tout le monde était concentré et très attentif. La transformation de Nabor, Lapyx et Vasco ainsi que Loki, Reagan et Masael en six hommes sérieux comme tout faisait toujours son effet. Tout le monde avait une mine particulièrement fermée, et il y avait de quoi. Mahel regarda le visage des loups, et elle lut sur chacun d’entre eux un seul et même sentiment : l’appréhension. Qui tomberait ce soir? Qui irait pourrir sur le champ de bataille? Wolfgang toussa, et même si il était presque le plus grand de tous - Fenrir le dépassait comme toujours - il monta sur une petite motte de terre, pas fier non, mais noble dans son habit sombre et simple. “Nous ne sommes pas encore battus. Ce soir, nous frapperons forts. Nous devons faire fort, parce qu’eux, ils ne nous rateront pas, et nous ne pouvons pas laisser faire. Vous m’entendez? Tous ces corps sur le champ de bataille furent nos frères, nos soeurs, nos femmes et nos maris. Ils portent notre sang. Et parce qu’ils sont morts, et parce qu’ils furent des nôtres, nous devons jurer ici et ce soir même que nous n’abandonnerons pas cette bataille, ce champ, tout pendant que nous ne gagnerons pas. Vous devez avoir de l’espoir, de l’espoir parce que c’est ce qu’ils n’ont pas en face. Ils ne savent pas. Ils ignorent de quoi nous sommes capables. Nous n’avons pas tout montré. Nous pouvons faire mieux, et ce soir, nous allons faire mieux. Tellement mieux. Nous allons faire mieux ce soir.” Il y eut un silence, puis les cors résonnèrent de l’autre côté de la vallée. Mahel serra les dents. Wolfgang se râcla la gorge. “Prenez place. Les sombres à l’avant, les clairs à l’arrière. Serrés vous bien, restez toujours par deux. Ne vous éloignez pas de la meute, et soyez forts, sans pitié. Ne faîtes aucun prisonnier. Je veux que demain matin, sur ce champ, il n’y ait pas homme qui vive.”

Et ce fut l’heure. Les premiers se transformèrent et petits à petits, le flot humain se serra davantage en un flot de pelage étrange, qui formaient comme un immense dégradé d’en haut. Mahel se retrouvait coincée entre Leto et Reagan, mais ne disait rien, le regard rivé droit devant. Il n’était plus question de réfléchir, mais de se battre. Il y eut le silence, lourd, pesant. Wolfgang était le seul qui restait sous sa forme humaine durant les batailles, ainsi que Kveld - car Kveld n’allait tout simplement pas à la bataille. En première ligne, on avait Izaak, Skyler, Vitaly, Kirill, Mishka, Celio et Vasco. Les pelages noires à sombre. Tout à l’arrière, on retrouvait les fils de Björn au pelage d’or et de sable chaud, et le pelage blanc immaculé de certains, comme par exemple Moëris qui semblait sourire de ses fines babines noires. Valerian de Byzacène remonta la grande aller de loups en courant, et Wolfgang sonna une dernière fois dans le corps. Le troupeau se mit en route, et Mahel, aussi impatiente qu’angoissée, grogna comme ses confrères, et fit le premier pas vers le champ.











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