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 La vie est une fleur. L'amour en est le miel.

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PROFIL & INFORMATIONS









The Changelin'

The Changelin'
PR. AZAEL VAN HELLSING
► Histoire de la Magie

► MESSAGES : 1431
La vie est une fleur. L'amour en est le miel. #Jeu 16 Sep - 22:13


La vie est une fleur. L'amour en est le miel. Lust
feat. Lust

Le soleil tirait ses derniers rayons à travers les épaisses frondaisons et comme sa lumière se retirait peu à peu de la clairière des petites lueurs s'éclairaient comme les étoiles d'une nuit qui ressemblait à un jardin secret. C'en était un. On avait du mal à le voir maintenant avec la végétation qui avait tout envahi mais autrefois cet endroit avait été un jardin, entretenu avec amour et sagesse. Aujourd'hui les capucines arc-en-ciel avaient recouvert la terre trop longtemps privée de soleil et d'air là où la maison de Vitaly Orlov s'était tenue. Mais tout n'avait pas été laissé à l'abandon. Les fleurs les plus délicates, celles qui se pouvaient fleurir qu'entre les mains de Vitaly étaient mortes bien sûr. Les immortelles s'étaient muées en roses de bois, magnifiques témoins d'instants envolés mais tellement fragiles. Il aurait suffit de les effleurer pour qu'elles tombent en morceau. Les virginales aussi s'étaient évanouies. Mais au pied du grand arbre, il y avait de magnifiques fleurs blanches, qui émettaient une lumière nacrée et timides. Elles semblaient s'être réunies autour d'un ovale de terre meuble. A cet endroit, il semblait que la terre était toute fraîchement retournée. Qu'elle aurait pu coulé en grains invisibles entre les doigts.
Ces fleurs étaient bien entretenues, elles n'auraient pas survécu seules, si belles, si fragiles à la fois.
Un peu plus loin, une fleur d'eau, de ces fleurs qui jouent avec le moindre grain de lumière. Des lunaires aux disques de nacre ronds. Des étoiles du soir, petits points scintillants dans la cime des arbres. Celui qui regardait bien, malgré les herbes mi-hautes, ne pouvait pas s'y tromper. Il y avait dans cet Éden sauvage un jardinier invisible. Les corbeilles d'argent qui se déversaient sur les rebord du puits pour couronner le gris de la pierre offraient des feuilles pelucheuses, mais vigoureuse. Ici les trèfles semblaient ignorer qu'ils étaient nés pour ne porter que trois feuilles et non quatre. Des petits coeurs vert et arrondis. Là, les puretés et les fleurs à fée s'étaient évanouies, disparues pour toujours.
Dans l'ovale de terre meuble, une fleur, plus grande, plus froide, venait de naître. Elle était couronnée de très longs cheveux blonds très clair et sa robe autrefois blanche avait une couleur brune grisâtre à cause de la terre. Le bas était très élimé et par endroit le tissus avait été recousu. La jeune femme se retourna, recouvrant de ses mains le trou en terre dont elle était sortie. Sa peau était couverte de terre et ses yeux bleus azur saillaient comme deux soleils de minuit terribles. Etait-elle l'esprit de ce jardin sauvage? Son jardinier? Le fantôme d'une amoureuse abandonnée? Le vent était léger mais glacé. L'hiver était bien installé et il neigerait bientôt, elle le sentait dans l'air qui lui arrivait droit en face.

La belle s'évapora pour courir la forêt à la recherche d'une proie, animale. Elle se baigna dans les rivières, laissant les flots glacés emporter la terre pour ne laisser que sa peau blanche comme marbre. Ses lèvres empourprées de sang, ayant bu plus que de raison, Lust revint vers ce jardin qu'elle chérissait, son havre de paix. Elle s'agenouilla auprès des sanguines et se mordit le poignet. Un abondant filet de sang se déversa au pied des fleurs qui s'illuminèrent. Lust sourit, paisible.









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
La vie est une fleur. L'amour en est le miel. #Dim 19 Sep - 2:48




Cela faisait longtemps maintenant qu'il avait quitté le petit camp dans lequel il avait entretenu, pendant quatre longues années, sa correspondance du soir. Il aurait menti à dire que les premiers mois, la visite de ce petit diablotin blond ne lui avait cruellement manquait, mais avec le temps, il avait bien compris qu'elle ne viendrait plus jamais, qu'elle était morte avec son jardin. Quand il avait compris qu'elle était disparue pour lui, il avait été si furieux, tant blessé de son absence, qu'il avait explosé. Il avait mordu son oreiller pour ne pas hurler et ne pas pleurer. Il avait cru pouvoir tout exploser sous sa colère, mais... mais il n'avait rien dis. Il n'avait rien fait. Qu'aurait-on dit de lui si il avait ramené une troisième femme? Avec quel regard Celio l'aurait-il regardé en voyant une autre femme dans ses bras que sa défunte mère? Aurait-il eut le même regard méprisant que Jake, qui avait surpris Vitaly embrassait Ava? Aurait-il pleuré en lui hurlant qu'il n'était un traître? C'était ridicule, et peut être était-ce cela le piège, l'attacher par la pensée. Peut-être avait-elle pollué son esprit de sa présence, et maintenant qu'il n'y pouvait plus rien, cela l'attachait à elle? C'était peut être pour cela qu'il en rêvait et plonger sa tête dans les oreillers, le corps tordu de désir, sans rien pouvoir y faire, sans rien d'autre que le vide dans son lit. Même une peau froide aurait pu lui suffire, pourvu qu'elle soit celle de cette blonde atypique, cruelle à son coeur. Le nouveau camp disparaîtrait bientôt à nouveau. Les enfants se mariaient. Bientôt on s'exilerait. Les Lassithi retourneraient en Suède. Les Lusitanie retourneraient en Espagne. Les Lycie iront à nouveau poursuivre leur folle ronde autour du monde. Et le monde entier reprendra sa route, continuelle. Celio le suivrait, lui aussi. Ni femme, ni enfant. Il partirait peut être cette fois, avec Landres, Lucian et Mishka. Il s'ouvrirait au monde. Il lui rapporterait des fleurs, des cactus du Mexique, ou des fleurs géantes d'Amazonie. Peut-être qu'il ne reviendrait pas. Ça ne changerait rien. Car Vitaly serait seul à nouveau dans un nid qu'il aurait construit pour deux, et où il se retrouvera, encore, à un. Jake avait une vie. Celio en aurait une. Et Vitaly, lui, resterait dans ce lit, à penser à cet éclair blond qui le rendait malade par son absence, comme on s'habitue trop souvent à des choses sans s'en rendre compte, jusqu'à que cela disparaisse. C'est comme une douleur dont on se rendrait compte de la présence qu'une fois disparue. Une plaie irritante disparue... Non. La blonde vampyr n'était pas une plaie, ou alors une plaie au palais, de ces plaies qui ne se referment jamais quand on y touche, sans cesse. Vitaly était de ses enfants fasciner par leur bobo, de ceux qui sont en admiration devant un peu de sang. Cette blessure était Azur. Et ce sang était ses yeux.
Cette nuit-là, après que tout le monde soit couché, Vitaly avait quitté sa baraque de bois. Celio s'était endormi devant la télé, sur le canapé, avec une fille, plutôt jeune, plutôt jolie, mais visiblement, ça ne durerait pas comme l'œuvre était déjà accomplie, et qu'il a plus de longévité l'acte qui se fait attendre. Mais pouvait-il le réveiller pour le gronder, quand il ne faisait que comme les autres, répondre à ses désirs? Vitaly sortit réellement. Son regard passa sur la place, circulaire, et se posa sur une large silhouette qui était assise sur un tabouret, devant sa grande tente blanche aux bordures bordeaux filés d'or. Celle de Wolfgang, qui fixait la nuit, attendant, ne pouvant pas dormir tout simplement. L'amour qu'il chassait, pourtant, n'était pas de ceux que l'on peut attraper. Il y avait déjà des années qu'il était mort, son seul amour, et ça Vitaly le respectait. Il savait bien comment on le regardait dans la meute, comme un de ses humains frivoles et sans honneur. Mais Vitaly était le seul guérisseur de cette meute, le seul à pouvoir rafistoler en deux jours un mourant, et le seul guérisseur qui n'accouchait pas. Il ne mettait pas ses mains dans le sang des enfants, et n'approchait pas même des femmes enceintes. C'était sa hantise. Lui rafistolait les blessures. Qu'il laisse les soins de sage-femme à Kveld ou Héphaïstion.
Son regard quittant son père, il regarda la lune, bien belle et ronde. Il faisait nuit. D'ici à l'ancien camp, il en avait pour une journée à cheval. Il se redressa et se dirigea lentement vers ce que tous appelaient les « écuries », soit un endroit où tous les chevaux attendaient patiemment. C'est en approchant qu'une jument approcha de Vitaly, habituait à celui qu'elle considérait comme son maître depuis deux ans déjà. Il passa sur son front sa large main, et l'animal renacla, lui présentant aussitôt sa crinière. Le vieux loup posa sur ses épaules une couverture et une selle, puis lui mit un mors et des rennes, et monta enfin, sans étrier – car il n'en aurait jamais l'utilité. La jument, une fois montée, se mit en route, et c'est dans l'obscurité et la nuit que Vitaly disparu, sans un mot pour personne.

Les paysages changeaient. La Moldavie n'avait pas les reliefs que la magnifique Roumanie ou même que la Yougoslavie, mais la Moldavie avait un certain charme, et surtout, une tranquillité rare. Les chasseurs y étaient très peu, et les forêts étaient vastes et denses, permettant une survie plus facile pour les meutes qui étaient nombreuses en période d'élevage des louveteaux. Si les meutes se regroupaient, ce n'était pas pour rien, pas pour faire plaisir aux enfants, c'était dans un contexte de protection rapproché. On était jamais mieux en sécurité que lorsque les adultes étaient plus nombreux que les enfants, d'où l'utilité du camp général. Ce système avait toujours bien fonctionné, que ce soit du temps de Izaak, de Masael ou de Jake, alors du temps des petits-enfants, ça ne pouvait que donner des résultats. C'était ce que pensait le loup, même si son enfant était déjà bien grand.

L'odeur du sang. La cadence des pas se ralentit, et peu à peu, la jument se mit à l'arrêt. Le vieux loup fixait l'horizon, mais rien. Il était encore loin, mais voyait poindre quelque part des lumineuses rouges encore en vie. Quelle drôle de chose. Il se laissa glisser de la salle de la bête et la laissa là, sans craindre qu'on ne la lui vole ou la mange – cela faisait bien longtemps que les créatures avaient décampé à l'odeur du loup, trop forte pour que l'on s'impose à elle. Venant contre le vent, il plissait le nez, mais ne sentait tout simplement rien d'autre que le sang. Oui, le sang, mais pas n'importe quel sang. Le sien ne fit qu'un tour alors que ses pupilles se rétractaient, violemment. Omnibulé par le sang. C'était le fait. Il accéléra la cadence, se mit à courir, mais s'arrêta d'un coup sec. Le jardin était encore fleurit. Pas mort. En plus de dix ans, il aurait pu pourtant, pas dix, vingt, trente fois! Mais non, il vivait, et le coeur battant du vieil arbre était encore là, comme rythmant la vie de toutes les autres fleurs. Et d'elle. La bienfaitrice, car il le savait par instinct que seul un être aussi clair et aussi sombre à la fois avait pu garder en vie les fleurs les plus ténébreuses du petit jardin. Il la regardait, comme elle le regardait aussi. Il avait sur le visage un air indifférent, mais ce n'était là que le masque, comme à l'intérieur à se chamboulait brutalement, se retrouvant devant le corps qu'il avait tant désiré ses dernières années. Et pourtant, il ne fit rien. Il n'avança pas, il ne recula pas.

« Merci beaucoup. »

C'est tout ce qu'il avait à offrir aujourd'hui. Un merci. Une récompense du bout des lèvres, prononcée avec langueur et une certaine sensualité. C'est ridicule, de la sensualité dans deux mots, mais c'est bien assez pour raviver à l'intérieur les dernières braises de ce qu'il restait, il y a quinze ans, quand il avait encore sur lui le regard de l'enfant questionnant les faits de la mort d'Ava, de pourtant il avait deux bagues rouges au doigt et pas une comme les autres, n'osant lui dire qu'un jour il en aurait, qui sait, trois.











The Changelin'

The Changelin'
PR. AZAEL VAN HELLSING
► Histoire de la Magie

► MESSAGES : 1431
La vie est une fleur. L'amour en est le miel. #Dim 19 Sep - 10:29


Si ça n'avait été pour le bruit de ses pas, elle ne l'aurait jamais senti approcher. Le vent lui caressant doucement le visage, bienveillant. Il avait tourné, quittant cette habitude qu'il avait autrefois de lui apporter l'odeur chaude du loup pour la torturer. Cette fois ci il ne lui avait laissé aucun moyen de s'enivrer ou de seulement déceler la présence de ce fantôme chéri plus que celui de son défunt époux. Un craquement de brindille, différent peut-être, et elle se retourna fluide et silencieuse comme la gravité n'avait aucune réelle emprise sur elle. S'il n'avait pas était lui, elle l'aurait entendu arriver, en pensée, de bien loin. Mais son esprit lui était résolument fermé. C'était à la fois apaisant pour elle et inquiétant. Elle qui s'était cru les premiers temps de sa vie à jamais privée de silence, avec lui le silence s'imposait.
Comme elle ne s'était pas attendue à le voir, son coeur se réveilla, donnant un grand coup avant de replonger dans son éternel silence. La lueur dans ses yeux vacilla un instant comme la flamme d'une bougie. Elle se releva, essuyant sans y prêter attention la terre et le sang qu'elle avait sur les mains.

« Merci beaucoup. »

Elle se tenait face à lui, une statue de marbre interdite et froide jusqu'à la fin des temps. Voilà pratiquement dix ans qu'elle n'a vu âme qui vive et moins encore qui parle. Parfois elle s'est allongée dans l'humus pour écouter les murmures du monde comme fond les anciens, encore trop jeune pour savoir sélectionner, suivre une voix dans l'infini des murmures, mais le plus souvent elle est restée là, seule avec ses fantômes. Des fantômes tous chéris et regrettés. Celui d'Hector au visage doux et juvénil, avant leurs noces, celui de Benjamin le petit frère timide et réservé... celui de Vitaly, le loup qu'elle ne suivait que dans ses rêves. De tous, il était le seul qui avait eu une chance de sortir de son état d'ectoplasme pour venir ici, pas pour elle. Pas vraiment. Mais qu'importait. Elle refaisait les traits de son visage, inchangés, et la froideur indifférente de son expression. Parfois, en abreuvant les fleurs de son sang, elle se l'était imaginée cette expression indifférente. Parfois cela faisait mal. Cette fois c'était... différent. Sans doute que le seul fait de le revoir, peut-être pour une toute dernière fois, ça suffisait à supplanter tout le reste de ses émotions. Elle voulut répondre quelque chose mais sa voix s'étrangla en un petit son douloureux. Depuis quand n'avait-elle plus parler? Un sourire d'excuse lui passa sur les lèvres avant qu'elle ne réponde vraiment.

« Beaucoup de tes fleurs sont mortes... »

car j'ai été un jardinier égoïste et plein de sang, je n'ai cultivé que les souvenirs ici. Ce n'était pas qu'elle n'avait rien à lui dire. Elle avait même temps de choses à lui dire, tant de conversation qu'ils n'avaient pas eu et qui auraient tourné autour de tout sauf autour d'eux. Elle sentir son coeur et sa gorge se nouer d'un même noeud et elle détourna un instant le regard vers les ellébores sauvages. C'était son côté victorien. Celui qui s'interdisait beaucoup et se tenait tout au bord de ce masque d'indifférence qu'aborder Vitaly. Un instant elle se sentit comme coupable d'avoir volé quelque chose. Cet endroit n'était pas le sien, pas vraiment, elle n'avait fait que l'usurper, s'installer dans le nid abandonné qu'un oiseau au plumage rare avait un jour fabriqué pour ceux qu'il aimait.

« Je pensais que tu ne reviendrais jamais. »

Ses yeux se reposèrent sur lui interrogateurs mais respectueux. Le vent continuait de souffler à l'avantage de la vampire, la préservant de ses penchants les plus pervers et c'était aussi bien ainsi. Elle ignorait pourquoi il revenait, quelque part elle rêvait que c'était par nostalgie de l'endroit mais pas seulement, elle espérait qu'il ne la chasserait pas, elle n'envisageait pas qu'il puisse rester. Elle savait que ça n'arriverait pas.









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
La vie est une fleur. L'amour en est le miel. #Jeu 23 Sep - 23:25




Il était étrange pour le jardinier de se dire que ses fleurs étaient magnifiques ce soir, mais que son regard ne pouvait se détacher d'elle. Vitaly était là, grand et fort comme à son habitude, et pourtant, ce soir, il sentait tout le poids du monde sur ses épaules, et surtout, le poids de son regard, à elle. Azur. Azur. Il en aurait fait mille roses bleus qu'aucune n'aurait été plus belle, plus parfaite qu'elle. Il aurait souhaité attraper cette couleur de ses yeux et en peindre un jardin tout entier, magnifique, non, grandiose! Elle était belle Azur, comme ses longs cheveux blonds ne faisaient que mieux ressortir le bleu de ses yeux. Azur. Ça sonnait comme une petite mélopée dans le coeur du vieux loup. Azur. Un nom qui obsède, court, obsolète, vieux, mais bon sang, comme il est prenant, comme il serre le coeur dans des efforts de géant.

« Beaucoup de tes fleurs sont mortes... »
« Je ne peux m'en prendre qu'à moi-même, et te remercier d'en avoir sauver une partie. »

Ce n'était pas grave, qu'elles meurent. Il était partit, sans les emmener. Il n'aurait pas pu, pas toutes. Il les avait condamné, il était partit, sans regardait en arrière, emmenant son fils endormi et des centaines de milliers de graine ranger dans des dizaines de panses de cerf tanné, laissant les bien-nées mourir à petit feu, sans avoir le coeur de toutes les brûlées. Il avait laissé derrière lui un jardin, et elle pensait qu'il la gronderait que l'avoir entretenu pendant toutes ses années? Non, non. Il n'aurait pas pu. Même si il avait été en colère, il n'était pas bête, le bon Vitaly, et il savait que cette fois-ci, il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même. De lui avoir permis de ne plus venir le voir, de ne plus l'aimer comme elle l'avait aimer avant. Cette douleur au fond de son estomac, comme il la détestait à ce moment, comme il la détestait quand elle s'excusait pour quelques fleurs, et ne s'excusait pas de ne pas être venu le voir pendant toutes ses années, où il avait été seul dans son lit, où il avait cru mourir, où il s'était maudit de ne plus se rappeler son visage, seulement la couleur de ses yeux. Seulement la beauté de son sourire. Il en avait même oublié la clarté de sa voix. Quel ignoble monstre était-elle pour le torturer jusque dans ses rêves? Il sentit son coeur se serrait. Quel horrible monstre était il pour ne pas être revenu plus tôt?

« Je pensais que tu ne reviendrais jamais. »

Les yeux vairons du loup se posèrent sur elle, et il fronça les sourcils.

« Tu aurais aimé que je ne revienne pas? »

Il était furieux sans le vouloir. C'était la première fois qu'il l'était, en trente ans. La dernière fois, ça avait été fou de douleur, et il en avait tué un homme qui s'en était pris à sa femme. Il lui avait démoli la tête, le corps. Tout ce qui avait fait de lui un humain avait disparu, et il n'était resté sur le sol que des os bouillis, écrasaient dans sa mâchoire, une charpie de chaire et de sang. Mais la colère d'aujourd'hui était différente. Il recula d'un pas, en sentant que son corps ne supporterait pas cette trahison. Comment osait-elle? Comment ….

« … oses-tu me demander ça, quand tu as sali mes rêves, quand tu m'as hanté toutes les nuits, en faisant de ma vie un cauchemar? Comment peux-tu me dire cela quand je m'étais habituée à toi, à ta présence, à ta voix, à ta tentation, et quand tu m'as abandonné? Qui es-tu pour me reprocher d'être revenu quand ton absence m'a pesé plus que mon veuvage? Je te déteste! » Il hurlait. Vitaly, enfant blessé, qui montrait alors le reste de ses plaies d'à l'intérieur. « Je te déteste, toi, et tous les tiens! Je vous déteste toutes! Maudites femmes! Maudites menteuses! » Il tombait à genoux, dans un bruit sourd, les bras devant les yeux pour cacher son sale visage. « Je vous déteste toutes, comme vous ne faîtes que passez dans ma vie, en croyant que je supporterais de vous perdre...! »

Et il pleurait. Toutes ses femmes. Toutes ses morts. Tous ses enfants qui le jugent du regard. Et tous ses cœurs qui sont heureux d'être ensemble, quand le sien est tout seul. Alors là, oui, ridiculement petit sur le sol, il pleur à grosses larmes salées le vieux loup, comme son coeur se déchire à l'intérieur. Combien viendront le hanter et s'en iront sans un mot d'adieu, avec juste pour lui qu'un sourire? Il les déteste, toutes. Perséphone, sa mère. Kollena, sa première. Soleil, Ava, ses épouses. Et elle... Oui, elle. Azur aux yeux bleus.










The Changelin'

The Changelin'
PR. AZAEL VAN HELLSING
► Histoire de la Magie

► MESSAGES : 1431
La vie est une fleur. L'amour en est le miel. #Ven 24 Sep - 15:31


Il semblait se passait en Vitaly une foule de choses qui échappait à Lust, sans doute parce qu'elle était trop impliquée, incapable de prendre de la distance comme autre fois devant son Hector. Pourtant elle ne vit pas venir la colère, la haine. Elle était trop sincère pour s'attendre à plus qu'un peu de mépris de la part du loup. Une fraction de seconde, elle se l'imaginait la chassant d'un seul mot, il n'aurait guère fallu plus. Un mot. Un regard. Elle serait partie, son coeur en sang. Elle ne voulait rien qu'il n'aurait voulu lui même. Et quand elle ne parvenait pas à s'en tenir à cette règle, quand malgré tout elle avait rêvé de sa bouche ou de son odeur chaude et enivrante alors elle s'était strangulé du plus profond d'elle même, étouffée pour ne pas le toucher. Jamais. Elle ne l'avait jamais touché.

« Je pensais que tu ne reviendrais jamais. »

A peine eut-elle prononcé ces mots qu'elle lut nettement dans les yeux vairons du loup ce même regard, ce regard qui la hanterait chaque nuit de son existence. Un regard qui aurait voulu vous écraser, vous le faire payer. Mais quoi? Quoi donc? Qu'avait-elle fait cette fois?

« Tu aurais aimé que je ne revienne pas? »
« Oh non, non je... ce n'est pas ce que j'ai voulu dire. »

Mais il était trop tard. Elle voyait bien dans ses yeux qu'il la détestait. Elle le sentait avec ses sens d'immortelle. Elle sentait sa gorge et son coeur s'étouffer dans un même noeud. Elle sentait le sang ramper dans ses veines et lui emplir les yeux mais rien de tout cela n'était encore visible. Elle était juste là, face à lui. Une statue de morale victorienne, roide. Un condensé de vivant comprimé dans une minuscule créature au corps de femme. Pourtant elle essayait de surnager, de garder la tête hors des eaux tumultueuses de sa petitesse. Elle était somme toute un être médiocre, ça elle le savait. Mais elle avait décidé de ne pas le contre dire, de ne pas s'opposer à lui. Parce que c'était lui. Parce que tout comme Hector il avait le droit de la haïr, de haïr la femme pècheresse et avilie qu'il avait devant les yeux. Et si elle avait fait de son mieux, si ce n'était pas encore suffisant tant pis. Elle ne voulait pas, elle ne pouvait pas se battre réellement contre lui. Alors si comme Hector il levait la main cette nuit, ce serait le premier et leur dernier contact. Qu'il la tue. Au moins aurait-il fait pour elle ce qu'elle n'avait jamais eu le courage de se faire.

« … oses-tu me demander ça, quand tu as sali mes rêves,...
- Je te demande pardon je...
-... quand tu m'as hanté toutes les nuits, en faisant de ma vie un cauchemar?
- Je le regrette, ce n'était pas ce que je voulais. Je n'ai jamais voulu te... te faire souffrir... comme je regrette... j'aurais voulu...

Mais ils ne parlaient déjà plus la même langue. Ce dont le loup parlait, le coeur déchiré du vampire l'interprétait au spectre d'une lumière noire et masochiste. Cette scène avait un si violent goût de déjà vu pour elle. Ces yeux pleuraient des rivières pourpres, pourtant ce n'était que deux larmes ou trois, guère plus. Des torrents qui semblaient intarissables. Elle faisait peur à voir. Quelque part chaque mot de Vitaly la rendait un peu plus monstrueuse, non pas à cause du sang mais parce qu'il accusait, il dénonçait toutes ces horreurs qu'elle lui avait faites. Le salir? Elle avait toujours cru pouvoir le lui épargner mais la vérité était là. Il se sentait sale de sa seule présence. Le hanter, elle l'avait fait, sciemment. Espérant un jour pouvoir le voir sans être vue, un autre rêvant qu'il était son ami mais rien de tout cela. Elle s'était comportée en égoïste et c'était même pire à ses yeux que d'avoir suivi ses penchants.

- Comment peux-tu me dire cela quand je m'étais habituée à toi, à ta présence, à ta voix, à ta tentation, et quand tu m'as abandonné? Qui es-tu pour me reprocher d'être revenu quand ton absence m'a pesé plus que mon veuvage? Je te déteste! »

Elle restait interdite. Son esprit malsain s'employait à voir des montagnes d'or, des rayons de soleil, là où il n'y avait que les immondices de son propre enfer. Avait-elle bien compris? L'aurait-il voulu à jamais comme la présence cachée dans l'arbre? Une amie presque... presque. Elle s'apprêtait à répondre quelque chose à son cri de colère mais les trois derniers mots qu'il prononça lui firent si mal qu'elle manqua le moment de parler elle aussi. Elle qui l'avait toujours connu si mesuré, si calme. Voilà qu'elle entendait la voix de Dante dans sa tête. Contemple l'étendue de ce que tu as fait. D'un saint-homme tu as fait un fou furieux. Tes mains sont si sales ma belle Lust, il n'y a rien que tu puisses toucher sans le salir, ou le casser. Le salir.

« Je te déteste, toi, et tous les tiens! Je vous déteste toutes! Maudites femmes! Maudites menteuses! », Maudite, maudite, le mot se répétait à l'infini. Peut-être bien qu'ils étaient maudits tous les deux. Elle savait qu'il avait perdu une épouse, elle ignorait le reste. Certaines personnes semblaient destinaient à être des amants malheureux. Lust, belle comme les virginales - et quelle ironie - condamnée à se faire haïr de ses amours. Et lui... « Je vous déteste toutes, comme vous ne faîtes que passez dans ma vie, en croyant que je supporterais de vous perdre...! »

Elle le regarda tomber à genoux et pleurer, et elle semblait si irréelle pieds nus dans l'humus fraîchement retournée. Alors doucement elle approcha. D'un pas. Puis deux. Toujours hésitante. Elle observait cet homme qui lui paraissait toujours plus grand dans l'âme tandis qu'il se livrait d'une étrange manière. Douce, silencieuse, elle mit un genou à terre comme on ne fait que devant les rois. Ses yeux azurs cherchèrent un regard mais n'en trouvèrent point, mais elle avait trouvé les mots:

« Tu étais dans toutes mes pensées, je ne suis pas une menteuse Vitaly. J'ai pensé que tu ne voudrais pas que je te suive, que ce serait mieux ainsi, que tu serais libre, comme avant. Alors je me suis enterrée ici, dans ton jardin, dans la terre que tu avais retourné de tes mains, et je l'ai salie c'est vrai mais, ce n'était que pour garder un peu de toi. Pour que le monde ne me devienne pas insupportable. Je n'ai pas voulu tout ça tu sais. Pas pour toi. Ces larmes, cette haine... je t'en prie ne me déteste pas. Pas encore. Pas toi. Ce fut déjà bien assez de m'obliger à te perdre, ne reviens pas juste pour me haïr toi aussi... je t'en prie... »

Elle pleurait aussi. Ses mains suspendues dans chacune de leurs tentatives de le toucher. De prendre ses épaules ou son visage. Non elle ne franchirait pas cet interdit là. Si elle le faisait alors plus jamais il n'aurait l'envie de lui dire qu'elle avait pu lui manquer. Et si c'était cruel de prime abord, elle savait que c'était ce qu'il y avait de mieux à faire. Dix longues années qu'elle n'avait eu aucun contact avec un être humain, mortel, loup ou vampire. Elle n'était pas folle. Elle savait très bien.
Elle avait seulement espoir qu'il ne lèverait pas la main maintenant qu'elle le suppliait. Après tout, il n'était pas Hector.










Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
La vie est une fleur. L'amour en est le miel. #Dim 3 Oct - 0:41




Vitaly n'avait jamais eut bonne réputation au sein de la meute, et ce, malgré qu'il fut et était encore aujourd'hui un de ses membres les plus honorables. Si son caractère et sa tenue étaient exemplaires, que son intelligence brillait et aidait bien des membres, on lui reprochait surtout ses batifolages, comme on disait. C'était qu'il y avait une frontière entre lui et les autres loups. Les autres loups pouvaient bien avoir plusieurs relations, du moment qu'ils n'avaient pas d'enfant, ou mieux encore, qu'ils ne s'en vantaient pas. Vitaly, lui, avait toujours insisté sur le fait que ses relations étaient plusieurs, certes, mais étaient poussées. Il avait aimé toutes ses femmes, de sa première à la troisième. Si pour la première, il n'eut pas le temps de l'aimer davantage, il avait marié ses deux dernières femmes et avait eut avec elles un enfant. Il était, en terme d'exemple amoureux, le plus désastreux. Si Jake était moqué pour aimer deux femmes, on moquait le jeune Célio, du haut de ses sept ans, à cause d'un père trop volage. Les petites filles étaient averties dans les bacs à sable : il fallait se tenir loin du petit Célio Orlov, car il pouvait bien être de la race de son père. Dans le fond, c'était peut-être pour ça que Vitaly, plutôt que de lutter contre une rumeur qui avait fait partout son chemin, avait décidé de protéger son fils contre ses bêtises, en l'enfermant, en l'excluant volontairement de la vie de la meute, et en l'élevant comme il le désirait. Et à cela, Wolfgang n'avait jamais rien dit, et Moëris non plus. Il n'y avait que les bas sangs pour critiquer celui que l'on nommait le Prince des Princes, puisqu'il était de tous l'aîné, et le premier des trois fils de Wolfgang Orlov. Il était le futur Roi des Loups, et il méritait le respect. Le plus grand respect.
Mais quel prince tombe à genoux sur le sol, les joues mouillés de pleur, que celui qui souffre du mal le plus grand : celui du coeur? On disait que Vitaly qu'il n'arrivait pas à différencier le désir de l'amour, mais Perséphone avait toujours dit de son fils qu'il avait le plus grand coeur de tous les loups, puisqu'il pouvait aimer plusieurs femmes d'une même manière, et elle avait été fière de voir ce fils grandir sous son regard bienveillant, quoi que terrible. Et sans doute qu'elle l'aurait attrapé par l'oreille et l'aurait tiré du sol, lui hurlant de ne pas être une larve, mais un vrai prince, un de ceux qui pleur, mais le dos droit, et le visage fermé et noble. Il fallait être digne, même dans la mort.
Il entendit qu'elle approchait, et son dos craqua comme il se redressait. Immense. Vitaly était de ces géants qui font de grandes impressions, non pas à cause de leur carrure, ou pas juste à cause de ça, mais également à cause de leur expression, de leur façon de parler, ou d'agir. C'était toute la gestuelle, de celui qui a les épaules basses et le visage rougi par les larmes, qui fait que l'on comprends l'étendu de son amour, frustré pendant de trop longues années. Il fallait donc qu'il leur fasse du mal à toutes... ? Elle pleurait, et il tremblait, se dégoûtait de lui faire du mal. Il ne la détestait pas réellement. C'était son coeur qui avait pleuré, mais on ne dit jamais vraiment la vérité lorsqu'on est en colère, ou alors une vérité un peu fausse, un peu exagéré. On veut faire mal, et en disant ce que l'on pense, on oublie bien souvent les frontières de la raison. Alors en la voyant ainsi, devant lui, un genoux à terre comme une princesse qui se rends, une femme qui rends son empire, il sent son coeur battre comme la première fois qu'il a embrassé Ava, comme la première fois qu'il a touché la joue tremblante de Soleil. Il est comme ça, Vitaly. Plein d'amour. Il ne s'en cache pas. Il en a trop à donner, et c'est bien ce qu'on lui reproche.

« Tu étais dans toutes mes pensées, je ne suis pas une menteuse Vitaly. J'ai pensé que tu ne voudrais pas que je te suive, que ce serait mieux ainsi, que tu serais libre, comme avant. Alors je me suis enterrée ici, dans ton jardin, dans la terre que tu avais retourné de tes mains, et je l'ai salie c'est vrai mais, ce n'était que pour garder un peu de toi. Pour que le monde ne me devienne pas insupportable. Je n'ai pas voulu tout ça tu sais. Pas pour toi. Ces larmes, cette haine... je t'en prie ne me déteste pas. Pas encore. Pas toi. Ce fut déjà bien assez de m'obliger à te perdre, ne reviens pas juste pour me haïr toi aussi... je t'en prie... »

Il la regarda, touchait au profond de sa chaire. Il comprenait cette sensation d'être sale. Comment aurait-il pu ne pas se détester quand il s'était réveillé au petit matin, dans les bras de Ava Taylor, quand il avait enterré déjà sa première femme? Il avait pensé à Jake, et il avait bien compris qu'il serait Vitaly l'Impardonné, et pourtant, il avait aimé, contre tous les avis. Que pouvait-on lui reprocher après tout? Vitaly était calme. Il n'était pas de ces hommes qui fanfaronnent, se vantant de leur conquête. Il était de ces romantiques qui meurt d'amour, et s'il aimait le sentiment d'aimer et d'être aimer, et s'il pouvait aimer toutes les femmes, de l'éternelle froide à la vieillissante, aucune ne surpasserait la précédente, car il aimait d'un amour infini chacune, et qu'on ne fait pas plus que l'infini.

« Je ne te déteste pas. Je me déteste d'aimer... de trop aimer. J'en ai aimer tellement, à en crever. Jusqu'à qu'elles disparaissent, une à une, et, et aucune ne m'aient restées. Disparues, une à une. Et on me juge car j'ai aimé, une fois de trop, quand certains n'aiment pas. Que faire? M'arracher le coeur pour ne plus aimer? Je ne peux pas, pas ça. »

Il ravale ses pleurs, fier de ce qu'il ressent. Il n'a pas eut honte. Jamais. Et chaque fois qu'une louve l'a regardé comme s'il était un monstre d'obsédé, il n'a rien, malgré la douleur et la colère à l'intérieur. Les mains en suspens de Lust sont comme une tentation, alors Vitaly oublie, il oublie le temps, le lieu, l'époque, et il approche. Ses mains sont sincères quand elles se posent sur ses hanches, plus encore quand il se penche et embrasse sa joue. Ses lèvres embrassent les larmes rouges de la vampyr, et, insolente, sa langue passe sur ses lèvres pour récupérer le sang rouge sur sa bouche. Le goût est bon. C'est bête. Il en aurait presque oublié qu'il était un loup.

« Ne me rejette pas, pas maintenant... »

Et enfin sa bouche se pose sur la sienne. Un long frisson remonte son épine dorsale. Que c'est bon, l'interdit.










The Changelin'

The Changelin'
PR. AZAEL VAN HELLSING
► Histoire de la Magie

► MESSAGES : 1431
La vie est une fleur. L'amour en est le miel. #Lun 4 Oct - 12:26


La dernière fois que la terre a reçu les genoux du Général Lust, c'était il y a fort longtemps. C'était la première fois que le prince Ezechkiel posait sur ses frêles épaules les plaques d'armure en argent qui feraient d'elle le terrible exécuteur de guerre que l'on avait craint à l'époque où chaque forêt était un coupe gorge. Il y avait déjà quelques siècles. Elle se rappelait le grain de la pluie battant sur ces écailles d'argent qui lui semblait peser chacune un cheval mort. Elle se rappelait ses mains posées sur le corps encore chaud d'un lycan. Il s'appelait Darius. Il n'avait rien demandé. Elle non plus. On les avait enfermé tous les deux pour qu'elle n'ait plus d'autre choix que de tuer et qu'ainsi elle devienne ce qu'on attendait d'elle. Elle se rappelait la peur en le regardant droit dans les yeux juste avant qu'il ne l'attaque. Les mots n'avaient servi à rien, alors elle l'avait tué. Salement, d'après le prince, mais elle s'en était sortie, c'était tout ce qui avait compté à leurs yeux. Pour elle, elle avait commis un péché mortel, et son âme était alors tombé en poussière, irrécupérable. Elle était tombée à genoux, secouant le corps de ce loup qui mourrait entre ses mains, elle l'avait supplier de garder les yeux ouverts, d'écouter encore un peu, alors il les avait gardé ouverts à jamais. Complètement vides.

Cette fois là était différente. Le poids sur ses épaules ce n'était pas celui des plaques d'argent, ou de la pluie qui alourdissait ses vêtements. Il faisait clair cette nuit là. Elle avait posé un genou à terre pour demander pardon, pour supplier comme elle ne l'avait jamais fait. Elle avait essuyé la cruauté de son père. L'entêtement du prince Ezechkiel qu'elle aimait comme on n'aime un frère de sang. Elle avait subi la haine dans le regard de Hector, dans ses mots aussi et c'était bien la seule chose dont elle ne se soit jamais vraiment relevée.
Mais cette nuit elle ne voulait pas voir se reproduire les mêmes scènes que dans le passé. Si son père l'avait vue agenouillée sans arme devant Vitaly Orlov, il l'aurait dispersée. Il l'aurait brûlée vive. Il l'aurait... que sais-je encore. Trop de choses se bousculaient dans sa tête mais qu'importait. Il lui suffirait qu'il ne la haïsse pas.

« Je ne te déteste pas. Je me déteste d'aimer... de trop aimer. J'en ai aimer tellement, à en crever. Jusqu'à qu'elles disparaissent, une à une, et, et aucune ne m'aient restées. Disparues, une à une. Et on me juge car j'ai aimé, une fois de trop, quand certains n'aiment pas. Que faire? M'arracher le coeur pour ne plus aimer? Je ne peux pas, pas ça. »

Elle aurait sans doute pu se disperser, le fuir au risque de le laisser lui aussi les genoux dans la terre, brisé. Non elle ne le pouvait pas. La douleur de cet homme la touchait à ce point qu'un instant elle en oubliait d'être le monstre qu'elle était. Elle en oubliait tout le reste comme pour se consacrer uniquement à lui, à ce qu'il pouvait souffrir, sans haine, sans jalousie. Comment aurait-elle pu être jalouse d'ailleurs?
Quand elle se rendit compte qu'il ne renonçait pas, il était trop tard, il la possédait déjà d'une certaine manière. Combien de fois Dante, son père, lui avait-il parlé de la fascination. Cette emprise étrange que le vivant pouvait avoir sur eux. Il arrivait que l'on soit fasciné au point de mourir d'amour, que l'on soit fasciné par un autre vampire pour peu qu'il soit si ancien et si beau qu'un battement de ses cils suffirait à vous assassiner. C'était le feu dont Caïn avait été privé qui les captivait tous jusqu'à la strangulation. Elle en serait presque redevenue humaine. Un bref instant son corps s'évapora entre les mains de Vitaly mais elle n'avait pas de volonté. Comment aurait-elle pu en avoir. Si elle était le papillon de nuit, il était la flamme mortelle de la bougie. S'il était l'alpha, elle était l'omega, le moins que rien, attiré par sa lumière et sa chaleur. S'il avait pu se voir avec ses yeux à elle alors il aurait été Narcisse, fasciné par sa propre image.
Pourtant quand il recueille le sang sur ses joues, sur sa bouche, elle l'arrête d'un geste doux, ses doigts se posent sur les lèvres du loup:

« Ne bois pas ce sang... »
« Ne me rejette pas, pas maintenant... »

Son index caresse cette lèvre inférieure qui lui a tant fait envie pendant des années qu'elle ne saurait même plus compter. Mais elle est différente. Le mal est encore somnolent en elle, elle le sent s'éveiller mais pas encore. Pour preuve ses mains ne tremblent pas comme lorsqu'elle essaye de se contenir. Un instant ses yeux se détachent de la bouche de Vitaly pour aller embrasser son regard. Prunelles vaironnes douces et dures à la fois. Puis leurs lèvres se livrent bataillent sans qu'on ne sache plus vraiment comment, pourquoi. Elles s'embrassent comme pour avoir raison, se capturent comme pour répéter en un écho satiné ne me rejette pas, ne me rejette pas... Enfin elles se libèrent pour mieux se retrouver.
Dans son coeur de vampire elle le sent, c'est trop tard. Le mal vient de rejaillir en elle comme un démon tout droit sorti des enfers et d'ailleurs, sa peau se réchauffe comme si elle avait pu absorber un peu de la chaleur du loup. Ce n'est peut-être que le sang qu'elle a bu mais elle en doute. Elle reconnait cette énergie qui pour une fois n'est pas celle du désespoir ou de la démence. Elle reconnaît cette envie de toucher et d'être toucher. Cette envie de chercher le contact jusqu'à la fission nucléaire. De recréer comme quelque chose, l'impression d'avoir provoquer la naissance de l'univers à l'intérieur de son propre corps. Elle rouvre les yeux un instant comme pour garder la tête froide, et s'écarte, le souffle court, comme s'ils venaient de se battre. Comme si elle avait vraiment eu besoin de respirer.

« Doucement... ou je serais incapable de me contrôler. »

Mais pour une fois c'est avec un sourire qu'elle parle de son incapacité à se dominer. Si ce n'est plus tout à fait interdit alors ce n'est plus tout à fait une maladie et puisque personne d'autre ne passe ici, elle sait qu'elle n'aura pas à réprimer quoique ce soit si ce n'est avec lui. L'idée la calme. Elle aurait presque l'impression d'avoir repris le contrôle de quelque chose. C'est illusoire mais l'impression est douce.
Elle a ce sourire des adolescents qui viennent de franchir un interdit étouffant. Puis elle lui prend la main, sans précipitation, juste le temps que son coeur cesse à nouveau de battre.









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

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La vie est une fleur. L'amour en est le miel. #Dim 24 Oct - 3:03




Il est comme un enfant qui en voudrait plus. Il a soif, soif d'amour. Il veut en être rempli, plein, plein à craquer, tellement que ça lui en ferait mal. Il aime souffrir, il le sait. Sinon il n'aurait jamais aimé par quatre fois. Il n'aurait jamais eut deux enfants, et ne les aurait pas élever chacun, sans leur mère. Vitaly est un Icare. Il se brûle les ailes, vole vers ce soleil, si lumineux, si haut, et à chaque fois il échoue. Il le sait : le soleil ne l'aime pas. Il s'écrase à chaque fois, se fracasse sur les rochers et il se sent toujours comme désarticulé après. Un pantin. Où est alors le marionnettiste, qui se joue du bout de bois qu'est son petit coeur? Un organe fragile, qui se balade sur la bouche des belles, et parfois s'y arrête. Lust, elle, l'a assassiné à petit feu. Il ne l'a même pas vu. En général, il est tombé amoureux dès le premier regard. Il s'est dit : « c'est elle ». Lust, c'est différent. C'est elle qui l'a tenté, elle qui l'a attiré dans ses bras, sans un mot, sans une approche. Juste une présence, juste un regard, tous les soirs. Elle l'a tenté sans le séduire, et la capturer sans le savoir. Quel genre de femme possède ce charme qui rends les loups fous? Le genre lumineux, clair. Un faible rayon de soleil au petit matin. Il se tends, approche sa bouche de ses larmes rouges de sang. Il renifle, l'odeur de l'hémoglobine. Il a bien pu oublié qu'il était un loup, mais il y a toujours quelque chose qui le lui rappelle. Quelque chose qui est douloureux à l'intérieur. Il entrouvre les yeux, fixe le doigt qui lui interdit le sang.

« Ne bois pas ce sang... »
« Ne me rejette pas, pas maintenant... »

Il gronde. Il est comme un petit chien devant un os, au bout de la laisse, ou alors avec une vitre devant le nez. Cet obstacle qu'il ne saurait passer, puisqu'il est bon de sentir sur sa truffe la main de sa maîtresse. La seule et l'unique. Il embrasse l'index tentateur, et c'est son coeur qui rebondis dans sa poitrine. Son regard glisse de la joue à la bouche de la vampyre, fiévreux et un peu fébrile, impatient comme un chiot dans un nouveau environnement. Ils se regardent, un instant, puis il approche sa bouche, les épaules se crispant. Combien de temps depuis la dernière fois? Des années trop longues. Il se rappelle du regard de Celio, la vieille, quand son père a posé sur lui son regard. Cinq filles. Et une semaine. On le dit, Celio a hérité de son père. Vitaly ferme les yeux à ce moment, il oublie, chasse ce souvenir de sa mémoire, embrasse la vampyre.
Quand il ouvre les yeux, il n'y a qu'elle. Sa peau frissonne et il presse sa bouche sur la sienne, passionnée. Il cherche à la dévorer comme il l'embrasse, il y met tout son coeur, tout ses sentiments. Il s'y perds. Il part, revient, ses lèvres effleurent, embrassent, oublient, épousent, dansent, valsent, s'échauffent, tant de fois se posent pour partirent. C'est un danse bien étrange qui s'opère, puisqu'elle est dirigée par deux êtres qui ne font qu'effleurer leur coeur, sans l'ouvrir réellement. Vitaly a les mains là, suspendus dans le vide, prêt à la prendre dans ses bras, à la serrer, à la broyer dans tout son amour, dans tout ce qui est en lui, pour elle. Mais rien.
Elle arrête tout, s'écarte, laisse le coeur du loup ratait un battement, et lui, restait pantois devant elle. Que veut-elle, cette cruelle? Se faire désirer? Il reste là, la fixe, il ne comprends pas. Il avait tout en main, ou presque. Il aimait sa bouche sur la sienne, mais visiblement, quelque chose d'invisible à ses yeux se trament, et ça l'agace. Est-elle de ces femmes qui se font désirer mais jamais ne s'offrent? A t-elle fait un vœux de chasteté? La chasteté n'existe pas chez les loups. Ça n'est pas pensable, quand ils crèvent d'amour plus que d'autres choses. Le coeur du loup accélère dans sa poitrine, violemment. Il a peur, un instant. Peut être qu'elle ne l'aime pas. C'est une pointe de panique qui pique ses yeux vairons. Le gris et le bleu électrique brillent. Quel erreur a t-il commis ce soir?

« Doucement... ou je serais incapable de me contrôler. »

Il la regarde, muet. Qui lui demande de se contrôler, quand Vitaly lui-même tremble, se demandant si ses mains résisteront à l'envie de la happer et de la garder pour lui, et lui seule? Il a des envies selfish. Il veut la monopoliser, l'avoir, l'enfermer, la garder. Pour lui, et lui seul. Dans son esprit, il voit le loup dévorer les ailes de la blanche colombe. La mettre à terre, et la réconforter, lui dire que la douleur ne fait que passer, que ça ira mieux plus tard. Qu'il la protégera. Il le jure, il sera là. Mais c'est cruel. Il ferme les yeux, se pose sur le sol, sur le côté. Sous sa forme lupine, on aurait pu croire qu'il serait mort. Les yeux fermés, son coeur se repose ses émotions trop vives. Il aime faire le mort. Ça lui va bien. Lui qui vit que lorsqu'il est amoureux. La main de Lust dans la sienne, il a un sourire doux sur les lèvres. C'est leur première fois. Physiquement, il entends. C'est la première fois qu'elle le touche. Qu'elle est là. Il n'a pas le droit de saccager ce bonheur, de soulever sa jupe et de briser leur première soirée. Il sert sa main, reste sur le côté, et ce corps trapus par les années se repose, enfin.

« Lust*... en danois, ça veut dire Claire. » Il a un petit rire. « Il n'y a pas de mot qui t'aille mieux. »

Et lui, il est ce petit Icare aux ailes de plume et aux attaches de cire. Il sait qu'il va tomber. Il sait qu'il va se fracasser contre les rochers, et son corps sera ramassé par les vagues. Mais c'est la fatalité. Et il est un héros cornélien. Il va se battre, il le jure. Il fera ce qu'il pourra, il le fera, c'est sûr, et si ça ne marche pas, au moins il aura essayé. Et si ça marche? Il jure de l'aimer une éternité, elle qui ne meurt pas. Il baisera sa bouche tous les crépuscules, et passera ses nuits à lui parler, des fleurs et des animaux, du ciel et de la poésie. Il lui dira des trucs fous, des trucs qu'il n'a jamais dites à personne, de nouvelles choses, dont il rougira par la suite de les avoir jamais prononcer, mais qu'importe, parce qu'elle rira de ses petites folies, de la lueur dans ses yeux, et parfois, elle rougira, car il est entreprenant, comme un jeune amant aux temps des précieuses. Il jurera qu'il pourra mourir cent fois pour elle, et revenir par cent fois sur terre pour la voir une nuit. Il est comme ça, Vitaly. Passionné. Et comme un héros cornélien, il va bientôt connaître le désastre d'une vie.


Lyst, en danois, prononcé Leust (comme Lust en anglais ou quasiment), signifie Envie, Claire.










The Changelin'

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PR. AZAEL VAN HELLSING
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► MESSAGES : 1431
La vie est une fleur. L'amour en est le miel. #Dim 31 Oct - 22:56


A son regard elle vit bien que son attitude le surprenait. Elle pouvait le comprendre. Quelle femme coupe court de la sorte? Surtout une femme qui s'appelle Lust. Elle traînait derrière elle tellement d'hommes, tellement de corps et de draps froissés, alors elle ne voulait pas qu'avec lui ce soit une autre paire de draps froissés. Elle faisait la différence entre l'amour et cette urgence qui s'emparait d'elle quand elle sentait son odeur ou que ses yeux s'attardaient un peu trop longtemps sur sa bouche. Si ce soir elle arrive a prendre sa main sans perdre le contrôle d'elle même, il lui a fallut vingt longues années pour y arriver. Ca n'est rien vingt ans dans la vie de quelqu'un qui a l'éternité devant lui. Elle caresse sa peau souple et pleine de vie et il y a beaucoup de tendresse dans le geste.
Elle le regarde allongé près d'elle et intérieurement elle se réjouit de ne pas être déjà allongée sur lui à lui arracher des vêtements. Et le mieux, c'est qu'elle n'en a pas envie.

« Lust*... en danois, ça veut dire Claire. Il n'y a pas de mot qui t'aille mieux. »

Elle a un rire clair effectivement.

« Claire? Je crois que ce n'est pas exactement à ça que pensait mon père quand il m'a donné ce nom là. »

Elle a un petit rire qui n'y est pas. Elle s'allonge à côté de lui, sur l'herbe et le regarde. Ses yeux bleus ont la douceur du velours mais il y a une lueur sombre, comme le revers d'une lame de fond qui s'y attarde aussi. Elle sait que tout ça n'est qu'un rêve. Elle sait que dans quatre-vingt petites années, leur rêve sera fini. Elle sait aussi comme sont les loups. Et elle redoute ce qu'il va répondre à ça:

« Vitaly... avant que ça n'aille plus loin j'ai... beaucoup de choses à te dire. », sa voix est douce, elle ne laisse planer aucun doute sur ses sentiments pour lui et si elle parlait c'était bien parce qu'elle l'aimait, parce qu'elle ne voulait pas reproduire les mêmes erreurs que par le passé. Alors pour commencer elle lui parla de sa vie.

Sa vie de mortelle avec ses parents et son petit frère. Son premier amour le beau Hector et son bal des débutantes. Sur son visage on lisait le même bonheur que celui qu'elle avait ressenti alors, en apprenant qu'elle y était conviée alors qu'elle n'était pas issue de la noblesse. Quand le soleil tira ses premiers rayons, elle en arrivait à peine à son mariage avec Hector. Un baiser sur les lèvres de Vitaly et il fallut retrouver la sécurité de l'humus, noir comme la nuit.
Le lendemain soir, elle s'exhuma tôt et ils chassèrent ensemble. Puis tout en s'occupant du jardin, elle lui raconta comment c'était fini son mariage. Sans lui cacher aucun détail. Ensuite elle lui parla d'elle. De tous ces hommes et de ce qu'elle appelait sa "maladie". En était loin d'avoir fini mais avant de continuer, elle avait besoin de savoir ce qu'il en disait, si elle le dégoûtait comme elle avait fini par dégoûter Hector:

« ... c'est pour ça que je ne voulais pas t'approcher de trop près. J'avais peur de perdre le contrôle, je ne voulais pas que tu me fuis plus encore, je ne voulais pas te salir non plus. Mais quand tu es parti... je n'avais jamais plus eu l'occasion de me rappeler ce que ça faisait de mourir. Je me suis enterrée là dans ton jardin, presque deux ans après que ton odeur se soit envolée elle aussi. Il m'a fallu du temps pour me calmer, mais je me suis calmée. Je peux tenir ta main sans arrière pensée mais je ne veux pas faire semblant d'être ce que je ne suis pas. Je ne suis pas un modèle de vertu c'est sûr, et si tu as envie de me juger alors vas-y... »

Elle ne le presserait pas. Elle voulait juste qu'ils partent sur une base normale. Sans mensonge. Sans cachoterie.









Wolfgang S. Orlov

Wolfgang S. Orlov
DANGER POTENTIEL
roi des lycanthropes.

► MESSAGES : 585
La vie est une fleur. L'amour en est le miel. #Sam 27 Nov - 22:14




“ Vitaly... avant que ça n'aille plus loin j'ai... beaucoup de choses à te dire. ” Il la regarde, se demande ce qu’elle a à lui dire. Que devrait-elle dire de plus que ce qu’elle pense à ce moment? Il la fixe, de ses yeux vairons qui sont la douceur même. Il pencha la tête et l’écoute attentivement, sans dire un mot. Chaque parole, c’est s’enraciner dans sa vie, c’est lui voler des souvenirs. Chez les loups, on est pudique, on parle des choses qui font rire, des choses légères, mais jamais de ses blessures, alors parfois il baisse les yeux, mais ce n’est pas qu’il soit déçu, juste qu’il essaye de se mettre à sa place, qu’il essaye de comprendre cette douleur qui étreint son coeur quand elle parle de son Hector, et de ce fou qui ne comprit pas sa femme. Il revoit cette époque, si stricte, si étrange. Il revoit les théâtres d’hommes déguisés en femme, et comprends, quelque part juste. Il attendit allonger sur le sol, qu’elle revienne pour compter son mariage. Il voulait tout savoir d’elle, jusqu’à la plus infime partie sombre de sa vie. Et c’est sur le dos, fixant le soleil perçant le feuillage des arbres, qu’il appréhendait. Il regardait le ciel, les nuages, et il repensait à sa vie, à lui. A tout le sang qu’il avait versé, à toutes ses fois où il avait fermé les yeux en se disant “je n’ai pas le choix” alors qu’il l’avait. Au vol de la Pierre de Lune Rouge. A cette dispute avec son père, la première. Puis son premier mariage humain. Et son deuxième. Ses deux enfants, ses deux garçons qui ne s’entendaient pas. Combien d’erreurs jonchaient sa vie? Quand elle se réveilla, il était déjà le soir, et il n’avait pas vu la journée passée. Il chassa avec elle, la laissant boire le sang de la proie quand lui faisait un feu pour cuir sa viande, la mangeant plus loin. Puis il y eut le jardin, le sang qui coule sur les sanguines pour raviver encore une fois leur beauté d'antan, et la suite de l’histoire que le vieux loup écouta sans un mot. Qu’aurait-il pu dire quand on ouvrait une vie devant ses yeux, que l’on étalait des souvenirs comme des images? Rien. Il écoutait, comme on écoute un ancien qui parle, ou une enfant qui raconte son cauchemar. Attentivement, et sans un mot.

« ... c'est pour ça que je ne voulais pas t'approcher de trop près. J'avais peur de perdre le contrôle, je ne voulais pas que tu me fuis plus encore, je ne voulais pas te salir non plus. Mais quand tu es parti... je n'avais jamais plus eu l'occasion de me rappeler ce que ça faisait de mourir. Je me suis enterrée là dans ton jardin, presque deux ans après que ton odeur se soit envolée elle aussi. Il m'a fallu du temps pour me calmer, mais je me suis calmée. Je peux tenir ta main sans arrière pensée mais je ne veux pas faire semblant d'être ce que je ne suis pas. Je ne suis pas un modèle de vertu c'est sûr, et si tu as envie de me juger alors vas-y... »

Le loup releva sur elle son regard vairons. Un modèle de vertu, il n’en était pas un non plus. Il aurait davantage de mal à en parler, comme ce n’était pas une maladie mais une chose en lui, quelque chose ‘étrange qui le faisait passer pour un monstre d’homme auprès des autres loups, mais ça, il n’y pouvait rien. Ce n’était pas sa maladie. Ça n’existe pas une maladie qui fait que l’on aime, que l’on aime vraiment, que l’on pleur et que l’on crie quand la personne disparaît, et qu’on ressent une vraie douleur en voyant le fruit de son amour vous demandez régulièrement “elle est où Maman?”. Ça n’existe pas une telle maladie. Il eut un sourire en coin, presque amusé de la comparaison. Était-il une nymphomane refoulée? Il secoua doucement la tête négativement.

“ Je ne juge pas les gens. C’est une chose que l’on m’a apprise il y a bien longtemps. Je ne peux pas savoir ce que ça fait, ce que tu ressens, mais je peux comprendre. Je peux comprendre ce que ça fait d’avoir honte d’une chose contre laquelle on ne peut lutter. Alors, je ne suis pas dégoûté ou quoi que ce soit par toi. ” Il eut un sourire fin alors, sincère et tendre à la fois. Elle, un pauvre rire un peu éteint:

“ Tu serais bien le premier. Attends la suite de mon histoire et tu connaîtra tout de moi. Sans doute qu’après ça tu voudras partir, je ne t’en voudrais pas.”, avertit-elle d’une voix douce.

Ce soir là elle l’était douce, pacifique presque dans sa façon de s’exposer. Jusqu’à présent, seul Dante avait eu une connaissance aussi intime de ce que pouvait bien être la vie de ceux qu’ils faisaient. Il se délectait de chacune de leurs histoire et n’en aurait pas perdu une miette. Il fallait qu’il aime énormément la blonde nymphomane pour lui avoir accorder ces cent années de liberté, loin de tout regard. Elle en avait bien conscience. Elle reprit son récit et lui parla d’Aaron et de sa jalousie maladive. La seule erreur qu’elle avait faite, c’était d’avoir voulu lui dire adieux. Elle lui raconta comme son petit frère l’avait trouvée magnifique, et sa fascination malsaine pour le don obscur. Elle n’omit rien quand elle raconta comment il l’avait obligée à l’engendrer, comment la nuit où elle l’avait détruit, lui l’avait possédée, profitant de ce qu’il avait bu pratiquement tout son sang pour l’avoir faible pour lui. Puis son corps était mort et il était devenu Envy. De ce jour, elle avait jurer de ne jamais plus engendrer. Ensuite elle lui parla de la guerre, de ses heures passées auprès du premier prince des damnés à apprendre à devenir, une tueuse de loup. Son premier meutre de loup, son premier crime de guerre, et sa relation avec Ezechkiel, un frère, un ami, un amant différent des autres qu’elle n’aima pourtant jamais autrement que comme un ami. Quand elle eut tout dit, ses mains tremblaient un peu et elle dut l’abandonner puisque le soleil la chasser. Cela laissait à Vitaly le temps d’y réfléchir à deux fois, peut-être qu’à la tombée de la nuit, elle serait à nouveau seule dans ce jardin. Si tel était le cas, alors elle s’endormirait pour quelques cent ans, pour guérir. Pour oublier.

Assis entre les fleurs tout d’abord, Vitaly ne trouva pas le sommeil et se leva pour marcher dans la forêt, en rond comme il le faisait quand il voulait réfléchir. Il marchait calmement, la tête basse. Elle avait fait le bilan de sa vie, elle lui avait fait confiance, et, ô dieu, elle avait couché avec son frère? Il avait beau réfléchir, c’était une impasse. Un jour ou l’autre, cela ressortirait. Qu’elle est tuée des loups, il pouvait le concevoir. Que ce fut son frère, son fils ou un ami, la guerre fauchait les gens, et ce n’était pas nouveau. Lui-même avait vu des vampyrs tombaient devant lui, et il ne s’en accusait pas. C’était comme ça. Mais elle était malade, à sa façon. Malade, et elle avait connu la couche de son frère, et de son instructeur d’arme. Vitaly se posa sur une souche morte, le regard un peu désespéré. Il n’y avait que lui pour attirer des ennuis pareils. Ca aurait été tellement plus facile d’épouser une louve au hasard, et de ce dire que tous les soirs elle serait à ses côtés, et qu’elle n’irait jamais voir ailleurs, et même si ce n’était pas de l’amour, au moins il y aurait une chaleur, quelque chose. Une habitude. Fallait-il qu’il tombe amoureux de femmes étranges, et que ses idylles soient voués à l’échec? La nuit commença à tomber, alors qu’il fatiguait à vue d’oeil, et il s’allongea sur le sol, dans sa veste noire, le visage un peu crispé, mais quand le sommeil le frappa, il s’endormit. Les paupières se fermèrent, et il s’endormit, vraiment, profondément. Sur le sol, le loup ressemblait à un mot, à la chose près que son visage était serein. Il ne rêvait pas. Il ne rêvait plus depuis la mort de Soleil. Le sommeil était une cure. C’était le moment où il ne souffrait pas, où il n’avait pas mal, où il ne pensait pas. Il était calme, juste calme quand il était endormi. La terre se souleva non loin de lui, presque sans un bruit. Lust comme ses fleur nocturne se relevait, fraîche mais... soucieuse. Ses yeux bleus le trouvèrent tout de suite, endormi, paisible. Elle avait le coeur plein de doutes. Un loup et une damnée n’avait rien à faire ensemble de toute manière. C’était sans espoir. Le visage de la blonde se durcit un instant. Dans son coeur ça faisait terriblement mal, d’autant que l’organe pompait à vide. Du vide dans son coeur. Du vide dans ses veines. Qu’était-elle d’autre qu’une femme vide au départ? Rien. Puis elle s’était sâlie et elle était désormais pleine de relief... et d’immondices. Lui avoir raconté sa vie, toute sa vie sans rien cacher, ça avait été se saboter dès le départ. Consciemment ou inconsciemment, elle avait su qu’il fallait couler leur histoire par le fond avant que ça ne devienne invivable. C’était sans doute mieux ainsi, mais ça n’en était pas moins insupportable. Elle sentit un sanglot s’étrangler dans sa gorge, puis lui jeta un dernier regard par dessus son épaule. Si beau. Si doux. Pur à ses yeux. Elle se mit à courir, droit devant, le visage barré de rouge. Etait-elle en train de fuir? Elle ne le savait pas elle même. Il ne bougea pas. Il ne dormait plus depuis le moment où la terre s’était retournée, parce qu’il n’arrivait pas à dormir quand il y avait du bruit, le moindre petit bruit. Il ouvrit lentement les yeux et se releva lentement, secouant sa veste. Il regarda le bois et s’élança en courant, après elle. Il se retrouvait encore à courser une femme... Si ce n’était pas une ironie. Mais il ne la rattraperait pas. Pas sous cette apparence. Pas avec ce corps. Il fronça les sourcils. Si elle continuait, il devrait craquer ses vêtements, et autant dire que ça l’embêtait. Parce que c’était sa dernière veste... Elle l’entendait courir après elle, de loin, pourtant elle ne s’arrêta pas. Pas tout de suite. Il fallut qu’elle arrive devant l’immensité de la plaine. Elle s’arrêta net, comme figée par la douleur qu’elle avait au coeur. Elle serra les dents et baissa la tête. Sans plus bouger. Il avala les dernières mètres qui le séparait de Lust, et s’arrêta finalement, à un bon mètre derrière elle. Il la regarda, de dos, et avança plus vite, ne répondant plus qu’à son instinct. Ses bras la happèrent, la serrant contre lui, son buste se collant à son dos pour mieux respirer ses cheveux, sans parfum que celui de la terre et du sang. Il ferma les yeux, soupirant finalement :

“ Je ne fuis pas. C’est toi. ” Et il la serrait malgré lui, avec cette force qu’on lui avait donné. Et elle serrait ses doigts autour de son bras, autant pour s’en libérer que pour le garder avec elle.

“ Je sais... c’est moi qui fuit. Quelque part, je pensais que tout ça t’aurais suffit. Que tu serais parti.”

Elle soupira. La chaleur du loup pénétrait sa peau glacée. “ Et tu es là...”

Elle posa ses lèvres sur la main qui la retenait malgré elle, sans l’embrasser. Elle était douce, chaude. Elle n’y mordrait pourtant pas.

“ Je t’ai rêvé tout ce temps, comment puis-je fuir maintenant? ” Sa main glissa sur le menton de la blonde, le soulevant à peine alors qu’il se voûtait, ses lèvres frôlant les siennes. Elle le regardait un instant dans les yeux, comme si elle refusait de céder mais ce n’était pas ça. Finalement elle abandonna. C’était vain. Si malgré tout ce qu’elle avait pu lui dire il ne se dégoûtait pas d’elle alors elle savait que c’était trop tard. Que rien n’y changerait. Elle savait qu’il pouvait aimer de la même façon qu’elle, intensément, éternellement. Même s’il fallait souffrir et se cacher. Elle n’était pas ce genre de héros qui peuvent lutter contre leur pire démon, qui s’impose une discipline intenable vissée par une volonté de fer. Ses lèvres posés presque sur les siennes, elle les embrassait avec tout son feu et il n’y avait plus rien à dire, sauf peut-être qu’elle l’aimait, et qu’ils seraient tranquille pour les 80 années à venir.












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