Aelys elle n'avait pas encore flairé l'embrouille. Sans cesse sur ses gardes depuis que Vitali, l'ancien chef des Aurors avait ouvertement volé à son secours, elle avait dû courir le pays entier pour brouiller les pistes, mais aussi pour trouver d'autres bonnes âmes à rallier à leur cause. Ca n'était pas si simple. Beaucoup des gens qu'elle avait rencontré avaient été prompt à l'aider, à la cacher par exemple, mais peu avait assez de rage au coeur pour se lancer dans la même folle aventure qu'elle. Elle n'avait plus eu de nouvelles de Vitali, et comme les jours passaient, elle se faisait tristement à l'idée qu'elle ne reverrait plus jamais le brillant jeune auror. Elle avait entendu parlé du nouveau chef, un certain Mélian de Saint-Ange, mais elle n'avait pas eu l'opportunité de se renseigner plus que ça sur lui. Difficile à sa décharge quand les aurors étaient toujours là à veiller, il était quasiment impossible de circuler librement.
Ce soir là elle s'était arrêté au pub, dans la région qu'elle, en bonne celte appelait encore Caer Edyn. La plupart des gens aujourd'hui disaient, Édimbourg. Le tenancier la connaissait depuis qu'elle avait à peine plus de dix ans. Alors en voyant entrer le chef des Aurors, que lui n'eut pas de mal à reconnaître, le bonhomme tiqua. Mais bien sûr il ne dit rien, il n'était personne pour se mettre en travers du chemin d'un homme pareil. Autrefois il avait voulu devenir Auror mais ses notes à Poudlard ne le lui avait pas permis.

– Un double scotch, sans glace, s'il vous plait.

Aelys était beaucoup trop loin pour remarquer que quoique ce soit clochait. Elle discutait avec un jeune homme plein de feu qui riait beaucoup. A un moment, il lui offrit de lui payer un verre mais elle déclina poliment. Ce n'était pas vraiment le moment pour elle de s'accorder un moment de relâche. En vérité elle attendait quelqu'un. Ce qui facilitait les choses pour elle c'était bien évidemment que le Ministère n'avait pas lancé d'avis de recherche national. A Londres si on parlait encore de la petite herboriste qui s'était battue avec les aurors avant de disparaître dans la nature, loin de la capitale en revanche, personne n'avait même entendu parler d'Aelys ou presque. Ca facilitait autant sa fuite, que sa traque. Les aurors avaient quartier libre avec elle, mais heureusement pour elle l'enfer les tenait pas mal occupé.
Le tenancier du pub jeta un regard à la petite blondine, tout ce qu'il pouvait faire c'était d'essayer d'essayer de détourner l'attention du chef des Aurors.

– Z'êtes un amateur de bon whisky chef?

Aelys dans le dos du chef en question tiqua à son tour. Le patron du pub n'avait jamais été le genre très causant. Elle n'entendait pas de quoi il entretenait l'homme qui lui faisait dos mais qu'importe. Peut-être qu'elle se faisait des films, après tout, jusque là, les aurors ne lui avaient jamais fait le coup de l'attendre tranquillement un verre à la main, elle devait se tromper. Quoiqu'il en soit, elle jeta un coup d'oeil à sa montre. Son contact était en retard. Elle jeta sa veste sur ses épaules et sortit dehors. Il n'y avait personne. Elle fronça les sourcils et longea le mur pour se retrouver dans la ruelle derrière l'établissement. Des bruits de pas lui firent faire volte-face... son contact?

Son contact? Difficile à dire... cet homme qui se tenait les rotules d'avoir couru quelques pauvres mètres après elle ne lui inspirait rien de plus qu'un brin de compassion mêlé de méfiance. C'était purement instinctif comme souvent chez Aelys. Elle reconnaissait la veste de l'homme avec lequel le tenancier du bar avait parlé tout à l'heure mais son visage lui était parfaitement inconnu. Nerveuse, elle jouait des doigts et ses jointures craquaient discrètement comme si elle se préparait à quelque chose. Elle tira sa baguette, plus pour faire diversion qu'autre chose:

– Wow... Je n'aurais pas du commander ce dernier whisky... Lança-t-il d'une voix essoufflée. – Je n'ai plus l'habitude de boire...
– C'est une bien vilaine habitude de toute manière. Que voulez vous? Pourquoi m'avoir suivie?, demanda-t-elle assez fermement.

Elle ne pouvait pas connaître le visage de tous les aurors qui travaillaient sur son dossier. Elle ne connaissait pas non plus celui de son contact. Elle avait donc une chance sur deux ou un peu moins que cet homme soit la personnification de tout ce qu'elle ne devait pas approcher en ce moment. D'ordinaire, Aelys était une jeune femme douce et avenante. Toujours la main tendue prête à aider mais là... elle restait à une distance respectueuse, avisant autour d'eux les options qui s'offraient à elle au cas où elle ait eu besoin de fuir. Elle ne voulait pas s'attarder, sachant très bien que face à face avec un sorcier, elle était perdante. Du moins baguette contre baguette, si la nature le lui prêtait, elle pouvait encore avoir l'avantage.

S'il approchait, elle fuirait sans demander son reste. S'il l'obligeait à se battre, elle le ferait. Et si c'était son contact... il trouverait bien le moins de se faire reconnaître.

– Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas un ivrogne, je ne voulais juste pas manquer l'occasion de goûter au whisky local.
- Dans ce cas j'espère que vous avez choisi le McGregor. C'est sans doute un des meilleurs., fit-elle remarquer avec un petit sourire en coin las.

Un bien pale sourire à côté de ceux auxquels on s'était habitué chez Aelys. Mais elle avait suffisamment peu d'heures de sommeil derrière elle pour se permettre ce genre de choses. C'était sans doute d'ailleurs le seul témoin de fatigue qu'elle s'autorisait même si au fond, être sans cesse sur le qui-vive, toujours à fuir, ne jamais se poser, ce n'était pas une vie qui lui convenait. Elle avait toujours menée une existence en harmonie avec le fil tranquille des saisons. Là c'était tout autre chose. Ce rythme était tuant pour elle.

– Je vous ai suivi car je crois que vous êtes la personne que je cherche. Y'a-t-il un lieu tranquille où nous pourrions discuter ?

Elle le toisa un instant. C'était donc l'homme qu'elle devait rencontrer, du moins c'en avait tout l'air. Jusque là, les aurors s'étaient toujours montré particulièrement désagréable envers elle, toujours agressifs et bornés. Elle n'aurait pas pu prêter un seul instant à cet homme en face d'elle d'être à la tête du ramassis de crétins qui lui avaient couru après jusque là. Un petit signe de tête et elle l'enjoignait à la suivre jusque dans un petit cabanon, perdu au milieu d'un champs, à quelques distances de là. Elle lui ouvrit la porte et le laissa passer devant. Un vent léger commençait à se lever. Elle inspecta les ténèbres autour d'eux et entra à son tour, observant l'homme une nouvelle fois. Il était de ce genre d'homme qui dégage quelque chose de particulier sans qu'on puisse dire quoi exactement. Comme si la vie l'avait marqué dans la chair à l'encre d'une langue indéchiffrable.

- Je pense que nous seront tranquille ici. Tenez, vous ne devriez pas resté grisé trop longtemps par les temps qui courent. C'est dangereux. Pas seulement à cause des aurors.

Ce que disant elle sortit une petite flasque qu'elle lui tendit.

- Ce n'est que de l'eau., précisa-t-elle, anticipant sans mal qu'il aurait pu se méfier. Avec ceci vous ne sentirez plus de différence.

Et comme elle approchait la paume de sa main du sol de terre battue, une curieuse fleur mauve sortit du sol. Elle en arracha un seul pétale qu'elle écrasa entre ses doigts avant de tendre l'étrange remède à l'inconnu. Il ne fallait pas s'étonner. Si elle n'avait absolument aucun talent dans la fabrication de bombes, comme herboriste, elle n'avait pas son pareil et aider les autres était une seconde nature chez elle. Cela faisait partie des choses qui lui manquaient terriblement.

- Eli m'a dit que vous aviez quelques ennuis avec des chiens de l'enfer..., avança-t-elle pour engager la conversation sans se douter que l'homme dont elle prenait tant soin n'était pas Kalen McSidhe, celui qu'elle était censé rencontrer cette nuit-là...