Ô désespoir ! Pour la troisième fois depuis le début de la journée, je retournais mon dortoir. J’avais vérifié toutes mes planques habituelles : dans le sommier de mon lit, dans un renfoncement du coin du mur, au dessus du baldaquin du lit, au fond d’un vieux tiroir. Mais rien. Je ne retrouvais rien. Plus un seul cachet. Plus un seul gramme de poudre. Etait-ce possible qu’il ne me reste plus rien en réserve, que j’ai tout consommé ? A la réflexion, peut-être que oui. Ezra était partit de Poudlard il y avait trois semaines maintenant. Trois semaines sans faire d’achat. Oui, j’avais pu consommer jusqu’à mes dernières réserves. Je me jetais sur mon lit frustrée, scrutant le plafond de ma chambre. Mes mains tremblaient légèrement. Cinq jours de sobriété. Période beaucoup trop longue. Je triturais négligemment une de mes mèches brunes. Où pouvais-je trouver de la dope maintenant, à part chez Lui. Il fallait que je trouve quelqu’un d’autre qui puisse me vendre quelque chose de sympathique. Je me relevais d’un bond. J’attrapais mon sac et descendais de mon dortoir. Dans la salle commune, je tombais sur Luke, que j’entrainais avec moi dans un coin un peu reculé.

« Luke, je suis aux aboies, question dopes. Depuis le départ d’Ezra, je sais pas trop où me fournir. Tu aurais un plan pour moi ? »

Je n’aimais pas vraiment le fait de demander de l’aide et surtout pas en ce qui concerne ce sujet-là. Luke me regarda avec un regard circonspect.

« Je vois personne d’autre que … Dashwood. Et me regarde pas comme ça, je n’irai pas pour toi. Demerde-toi Eury’ ! »

Je lui lançais un regard noir en partant et en sortant de la Salle Commune des Serpys. Dashwood. Maëlan Dashwood. A la pensée de devoir avoir affaire à lui, je ressentais une colère noire. Nous faisions tout pour nous éviter ces dernier temps. Nous étions quittés dans une effusion de larmes, de haine et de destruction. Nous avions été amoureux. Follement amoureux. Il avait été là seule chose qui comptait à mes yeux. Mais, visiblement, ce n’était pas tout à fait réciproque. Il en avait fréquenté d’autres pendant que nous étions ensemble. On s’était brûlé les ailes. J’étais toujours très en colère contre lui. Il m’avait fait mal, tellement mal. Mais aujourd’hui, je n’avais pas vraiment le choix. Maëlan était un des dealers de meilleures qualités de Poudlard. Son « siège » se trouvait dans un couloir interdit du troisième étage. Je montais donc les escaliers, lentement, pas franchement décidée. J’appréhendais un peu de me retrouvée seule face à lui.

Je ne pouvais pas prétendre d’être totalement insensible à ses charmes. Même si nous nous étions déchirés, il était celui que j’avais le plus aimé. Je passais devant un grand miroir en apercevant mon reflet. Mes cheveux légèrement ébouriffés me donnait un aspect presque sauvage, attendrie par la profondeur de mes yeux bleus entourés du maquillage smokey noir que j’avais l’habitude de porter. J’étais vêtue d’une robe grise au reflet bronze de soie, dont le côté class était cassé par une chemise de jean claire que je portais par-dessus. Je ne pouvais m’empêcher de vouloir me sentir belle devant lui. Je ne voulais pas paraitre faible devant lui. Je ne savais pas comment notre rencontre allait se produire, mais Maël savait être cruel. Je ne voulais pas lui donner de prétexte pour pouvoir être moqueur. J’étais arrivée au troisième étage. Je m’arrêtais sur le palier. Un moment de doute. J’aurais pu m’arranger avec quelqu’un pour qu’il aille faire mes achats à ma place. Je fis demi-tour, puis me retournai encore. J’étais totalement indécise. Je me motivai en me disant que j’avais vraiment besoin de ces cachets. Je me remettais en route, entrai dans ce couloir sombre. J’attrapai ma baguette et grâce à un sortilège informulé, je faisais apparaître une boule lumineuse devant moi. Je fis une trentaine de pas en avant et bifurquai sur la droite. Derrière une grande armure, il y avait un corridor large d’une cinquantaine de centimètre. Je contournais l’armure et j’empreintais le passage étroit. Il fallait l’admettre, Maël avait bien choisi sa planque. Ce passage était quasiment invisible à partir de ce couloir sombre. Je marchais jusque la porte du fond du couloir. Je posais ma main sur la poignée, prenant une profonde inspiration. Je chassais les souvenirs de notre rupture. J’avais une boule dans le ventre quand j’ouvris la porte. Cependant, je ne le laissais pas transparaitre. J’avais la tête haute et une expression décidée. J’aperçus Maël adossé contre un mur, une cigarette à la main. Il tourna nonchalamment le regard vers moi, arquant un sourcil en m’apercevant.

« Dashwood, crois-moi, si j’avais pu faire autrement je ne serais pas là. J’ai besoin de trente gallions de LSD. »

Ma main droite tremblait légèrement. J’espérais qu’il ne le remarque pas. C’était dû au manque de substances narcotiques, à ma sobriété temporaire. A rien d’autre. Ce n’était pas lui qui en était la cause. Ca ne devait pas être lui.