Oh la nuit, la belle nuit. Enfin on peut être tranquille se disent les gens qui dorment. Enfin on peut faire nos petites affaires tranquilles, se disent les dealers et autres truands. Mais Moony elle n'est pas d'accord, que ce soit pour rester tranquille la nuit, et pour laisser la pègre de Londres faire sa loi. C'est une héroïne, que voulez-vous! Elle les connait ces gens-là, il ne faut pas les laisser faire, c'est comme des cafards. Non en fait elle ne les connait pas du tout, mais elle a lu les comics, alors ça suffit.
D'ailleurs, elle avait failli en oublier sa tâche de gardienne silencieuse de Gotham, pardon, de Londres, en se laissant absorber par une vieille BD empruntée dans une bibliothèque moldue, tellement absorbée qu'elle s'en était endormie sur le gros vieux fauteuil pas confortable de sa coloc de chambre. Et quand elle se réveille, il est déjà une heure du matin. Mince, elle a du en rater des choses sur son programme. Ah non c'est vrai qu'elle a pas de programme, elle a pas d'Alfred le majordome pour lui noter dans son agenda. Bon ben elle ira au feeling, comme d'habitude.
Enfin là, il faut y aller doucement au feeling, pour pas réveiller Amanda, qui a déjà promis de lui jeter un Impardonnable si jamais elle continuait à la réveiller à pas d'heure. Elle a le sommeil fragile en plus. Et elle compte dormir elle. D'ailleurs elle se demande comment Moony peut avoir encore assez d'énergie pour aller en cours le matin après toutes ces escapades nocturnes. C'est que Moony elle a une réserve secrète d'énergie, mais chuuuuuuut, c'est un secret. Enfin elle est quand même bien zombifiée le matin pendant les cours de Runes Anciennes à la fac. Mais que voulez-vous, il y a bien des inconvénients à faire le bien et à sauver le monde!
Oui ben, faudrait déjà le sauver pour pouvoir dire ça, et c'est pas gagné. Parce que là on parle on parle mais Moony elle fout toujours rien. Dans le noir à tâtons elle cherche son costume pour l'enfiler sans trop faire de bruit. Bon peut-être Amanda s'est réveillée, mais elle a préféré se mettre l'oreiller sur la tête. Autant filer en vitesse. Pour faire un bel effet, Moony se met à la fenêtre hume un peu l'air et enfin se jette dans le vide pour s'envoler. Enfin s'envoler vers le sol plutôt. Bon heureusement qu'on est qu'au premier étage, sinon y aurait plus de Moony depuis un moment.
Et maintenant, en route!! …Ouais mais où? Bon gauche, droite... Moony réfléchit, hume le vent pour y chercher l'odeur du mal, et oh! Ce sera à droite! Bon en fait c'était juste l'odeur des poubelles de la rue d'en face mais on dira que c'est la bonne direction. Oui mais on est un peu loin de l'objectif quand même. Quel objectif? Celui que Moony vient de décider à un croisement de rue dans je ne sais quel quartier, mais elle a décidé que ce serait là. Bon et bien, allons y gaiement en transplanant!
S'il y a bien une seule chose que Moony sait faire magiquement c'est transplaner. Mais il ne vaut mieux pas lui demander de tenir sa baguette et de lancer rien qu'un Récurvite, parce que l'objet visé devient alors plus sale qu'on pouvait l'imaginer. Mais transplaner, ça elle a compris le truc. Puis c'est un vrai truc de super-héros, pas comme faire le ménage. Et c'est utile quand on est dans la merde de pouvoir se barrer en vitesse. Mais quand même, c'est pas très courageux de s'en aller une fois le danger venu... Donc Moony ne peut finalement pas trop abuser de son seul super-pouvoir, c'est triste.
Donc, transplanaaaaage, en avaaaaaant, maaaarche! Moony quitte la ruelle en dessous de sa chambre, passe dans le gros tuyau étouffant pour atterrir en plein milieu du carrefour de l'endroit choisi. Mince elle avait oublié de mieux se positionner et doit éviter de justesse un camion en transplanant à nouveau un peu plus loin. Et ben, elle a réussi à ne pas se faire percuter par un 35 tonnes, elle serait peut-être bien en veine ce soir! Ah... en fait non. Oups. Elle a encore oublié de regarder autour d'elle pour savoir où elle allait atterrir. C'est juste au milieu d'une bande d'une dizaine de gars armés jusqu'aux dents, qui ont pas l'air de vouloir qu'on fouille dans leurs affaires... « Hé les gars c'est quoi cette freak? On dirait qu'elle se prend pour Batman! » Ils éclatent tous de rire. Mais ça ne fait pas rire Moony, brandissant sa baguette devant elle, elle fait face au mal pur et dur et ne reculera pas. « Arrière, malfrats, je ne vais pas vous laisser faire le mal comme ça! » Ils se rapprochent d'elle, mais Moony ne recule toujours pas. « Tu te prends pour un super-héros c'est ça? Et bien on va voir comment tu voles! »
Moony n'a pas le temps de protester, de brandir sa baguette ou même de transplaner - ah non il ne faut pas transplaner, c'est lâche – qu'elle se fait balancer dans les airs par un individu d'une force surhumaine - un loup garou peut-être, mais ça lui vient pas à l'idée -. Elle vole bien pendant des heures et un instant se dit que c'est plaisant finalement de voler... C'est tranquille, c'est fluide, il n'y a pas à s'interesser à la chuSCHLIIIIIIIIIIIIIIIIIINKKKKK! Ah ben si la chute en fait, mais dans l'autre sens. Moony vient d'exploser une vitre, très très haut dans un hotel de luxe de Londres. Ah ben tiens elle a vraiment de la veine ce soir d'arriver sur le verre et pas sur le mur de l'immeuble. Et encore plus de la veine peut-être? Elle vient d'atterrir sur le lit même de cette chambre qui n'était pas inoccupée... « Oups... »
C'est violent de se faire réveiller à deux heures du mat parce qu'on vient d'exploser votre fenêtre et d'atterrir sur votre lit sans temps d'approche et sans autorisation de la tour de contrôle. Non ça c'est vraiment pas fin, Moony, comme rencontre. Surtout quand on vient de perdre son masque et de défoncer toute sa tenue avec les morceaux de verre, pour l'arrivée glorieuse de super-héros c'est raté. Bon, on va essayer le grand sourire. Oh ben tiens il est plutôt pas moche le monsieur sur qui elle vient d'arriver, même s'il a pas l'air content. Et ça viendrait surtout pas à l'idée à Moony de se lever de son lit et de le laisser tranquille, un peu.

Il y a surement plusieurs millions de chambres dans tous Londres, et d'autres millions de chambres d'hotels, mais il a fallu que Moony s'écrase dans celle-là. Oh le hasard, quel taré. On pourrait dire que c'est le destin qui a voulu qu'elle rencontre cette personne en particulier, mais le destin ne fait quand même pas très bien les choses. Moony devrait aller se plaindre au service après vente du destin, y a des petits problèmes sur la livraison quand même. Enfin destin ou pas, Moony a maintenant rencontré son prince charmant, oui elle en est sûre, ça fait 'schting' dans sa tête. Ah non mince, ça s'était le bruit du verre brisé. Bon en tout cas, elle en est sûre, elle vient de tomber, littéralement, sur l'homme dont ses rêves n'aurait même pas rêvé. Comment elle le sait? Oh, ça va, faut pas pousser non plus, le destin, le coup de foudre, tout ça c'est compliqué quand même.
Pendant que Moony s'émerveille du magnifique torse - pardon, visage – de cet adorable garçon qu'elle vient de sortir de ses doux rêves, le prince charmant sur son cheval blanc c'est quand même pas gagné. Mais le problème ne vient pas de la princesse intimidé, mais du prince charmant qui se demande plutôt si sa Blanche-Neige ne sort pas d'un asile psychiatrique. En fait si, mais on ne va pas lui dire tout de suite, ça lui ferait peur. Ah mince, c'est vrai qu'il est déjà pas rassuré... Franchement Moony, t'aurait pu mieux préparer ta rencontre avec le prince charmant, lui laisser le temps de s'habiller, de se coiffer, de monter sur son cheval blanc, et surtout ne pas le déranger en pleine nuit ! Mais bon, l'inconvénient avec Moony, c'est qu'on ne peut rien prévoir, avec les choses qui se passent dans sa tête, et les fusibles qui sautent tout le temps...
« Mais…Qu’est ce que… Qui êtes vous ?! Comment… » Aussi surprise que lui surement, mais pas de la même façon, Moony non plus n'arrive pas à formuler de phrases claires. Elle n'essaie même pas en fait, et tout ce qui doit sortir de sa bouche à cet instant, c'est peut-être de la bave... Ah franchement Klaus, t'as tiré le gros lot... Mais voilà, maintenant que la hasard, ou le destin peut-être, a décidé de te la coller, c'est pour la vie. La bave, c'est de la super-glue en fait.
Moony en oublierait presque que la personne sur laquelle elle est tombée, et sur laquelle elle fantasme depuis un moment est vivante en fait, et qu'elle pense, et qu'elle n'est pas le prince charmant, et qu'elle a peut-être quelque chose à dire avant de se faire coller pour la vie. Il t'a déjà filé entre les pattes, se sentant surement violé dans son intimité, alors tu sais, Moony, les petits oiseaux qui chantent et les bisous dans le cou, c'est mal barré... Maaaaais, laisse-moi rêver un peu ! « Mademoiselle, si vous désirez me voler, laissez moi vous dire que vous êtes mal partie ! » Mais c'est pas le rêve ça, d'être voleuse. Non c'est mal, c'est pas Moony, Moony n'est pas une voleuse, elle le sait et cette accusation devrait faire sauter les fusibles de son cerveau et la faire frapper de tous ses petits bras cette créature affreuse qui la prend pour une méchante, mais voilà, la case 'coup de foudre' est allumée maintenant... « Mais voyons, je ne suis pas une voleuse ! Je ne suis pas comme ça, je suis gentille moi ! Alors cessez de pointer votre baguette sur moi ! » dit-elle avec le ton tout à fait british du super-héros very very polite. Elle n'oublie pas son rôle, même si elle vient de tomber complètement folle de cette aimable personne. C'est un super-héros voyons, et un super-héros ne doit pas oublier sa mission. « Je suis un super-héros, j'ai oublié de me présenter, excuse me, sir. Batman c'est déjà pris, alors appelez-moi Moony, pour vous servir. » Bien bas elle fait la réverence, comme un chevalier autrefois le faisait à sa dame. Mais, se penchant trop bas, elle glisse sur les morceaux de verre et s'étale par terre, se coupant plus encore qu'il n'était possible avec les morceaux de la vitre qu'elle vient de casser.

Il y en a qui croient aux coup de foudre, et il y en a qui n'y croit pas. Enfin, non nous oublions une partie de la population, ceux qui sont complètement fous et se prennent pour des super-héros. Ah bon y a que Moony? Ben mince alors. En tout cas on ne peut pas savoir ce qu'elle pense de cette théorie du coup de foudre, des âmes sœurs, de l'amour tout ça, ou au moins ce qu'elle en pensant jusqu'à se sentir foudroyée de l'intérieur en traversant une vitre. Peut-être qu'elle ne pensait pas tiens. Peut-être qu'elle ne pense toujours pas, même. Peut-être que c'est le choc contre la vitre qui lui fait croire que la foudre l'a frappée et lui avait désigné le jeune homme dormant – rectification qui dormAIT – dans cette chambre. Pauvre chéri. Il ne s'est vraiment pas ce qui lui est tombé dessus. Ou plutôt si... Elle est pas très délicate la Moony.
Et elle sait pas vraiment faire bonne figure. « Bat...man ? » Pas génial pour draguer ou pour avoir l'air présentable de dire qu'on est vraiment tellement fan de l'homme chauve-souris qu'on en sort la nuit pour dérouiller les méchants. Mais Moony ne sait pas qu'elle est bizarre, qu'elle est si différente de ce à quoi les gens sont habitués, de ce à quoi ils s'attendent. Moony c'est comme si vous vous réveillez par terre après être tombé du lit pendant la nuit. Moony c'est comme une tornade dans votre salon. Moony c'est comme un coup de foudre qui vous dézingue la tête. Mais tout ça, ça fait peur aux gens. Pauvre chérie. Elle ne veut que de l'amour elle, elle veut que le monde la comprenne et l'accepte enfin, et arrête de vouloir la jeter dans un asile. Alors elle sort son sourire le plus gentil et le plus sincère sensé rassurer son interlocuteur, mais il est tellement étendu qu'on en dirait presque le Joker. C'est pas gagné.
Moony se rend à peine compte en se relevant qu'elle dégouline de sang. Il faut croire qu'elle ne ressent pas la douleur ou le ridicule. Tiens, c'est peut-être un bon pouvoir de super-héros. Mais ça ne dure pas longtemps, à peine s'appuie-t'elle sur ses bras un cri lui monte dans la gorge et elle tente tant bien que mal de l'empêcher de résonner dans tout l'hôtel en se mettant la main devant la bouche. Bon le Super-héros à la Wolverine, on repassera. Elle se saisit de la main que Klaus lui tend, et sans grande souplesse mais un peu de classe anglaise (le petit doigt en l'air s'il vous plait!) parvient à retrouver la position droite. Mais maintenant elle ne veut plus lui lâcher la main, c'est vrai qu'elle est plutôt douce cette main, comme ce qu'elle a pu sentir de son corps tout à l'heure en atterrissant dessus. Oh elle pourrait la garder en otage cette main, tiens, au cas où ce sout en fait un grand méchant, elle aurait une monnaie d'échange. Mais non voyons, ce n'est pas un méchant, il a l'air si gentil, si doux, si... ah Moony en perd tous les mots, toute la raison - déjà qu'elle en avait pas beaucoup, je vous laisse imaginer le désastre -. Elle se décide enfin à lâcher sa main, non sans regret, mais bon ce n'est visiblement pas un méchant. « Vous devriez vous asseoir Mademoiselle. » Répondant par un sourire encore plus bête, Moony ne parvient plus du tout à parler – avouons-le c'est reposant, parce que dès qu'elle ouvre la bouche, c'est un vrai moulin à paroles.
Moony le laisse la guider sur son lit, ne pouvant réprimer son imagination se laisser aller aux possibilités engendrées par cette action... Mais ne pensons pas à ces choses vulgaire! Cela semble être un homme bien au dessus de tout ça. Si gentil, si serviable, si... magnifique. Bon ok, Moony on a compris, t'en es folle. En même temps, comment ne pas l'être de la première personne qui ne l'a pas jetée dans un asile psychiatrique et qui fait preuve d'une telle gentillesse avec elle, la prenant par la main et soignant ses blessures? Il en éclipserait presque toute la folie en elle, un instant, la tornade de folie qui tourne et qui tourne en elle, ne laissant qu'une petite fille aux joues roses, aux yeux brillants et la bouche en cœur. Mais ça, ça peut pas durer. « Vous êtes très gentil monsieur, de prendre soin de moi. » Une voix calme, on a jamais dû entre ça dans la vie de Moony Montgomery. « Si j'étais sortie comme ça pleine de sang peut-être que les chats ils seraient venus me manger comme Catwoman, ou peut-être que les méchants ils m'auraient tué parce que je serais plus forte du tout. » Ca c'est plus Moony le moulin à paroles, qui n'arrête pas de bouger alors qu'on a pas fini de lui enlever tous ses bouts de verre. « J'ai jamais rencontré quelqu'un d'aussi gentil que vous ! Vous devez être Super-gentil, non? » Son visage s'illumine encore plus, alors qu'une idée lui traverse l'esprit. « Oh, Super-gentil, tu voudrais pas venir avec moi et combattre tous les super-méchants?! » Elle se lève sur le lit et se met à bondir jusqu'à défoncer toutes les lattes peut-être, on s'en fout. « Ce serait pas génial, hein, hein, hein? » Oh ce serait merveilleux... Mais voilà les coups de foudre, c'est pas toujours réciproque, surtout quand les des deux est un peu déglingué dans la tête.

Il ne faut peut-être pas être trop gentil dans la vie. Sinon, comme Moony on finit par sortir à deux heures du matin pour aller mettre la pâté aux méchants et finir ratatiné par ces mêmes méchants. Sinon, comme Klaus, on se retrouve avec la folle ci-dessus collée à ses basques. Mais c’est un gentleman, un gentleman à tomber par terre. C’est pas sa faute à Moony, elle ne sait pas réprimer les embardées de son petit cœur et de sa petite tête. Ce n’est pas vraiment une Lady, une femme anglaise qui boit du thé et lance des bons mots, non c’est plutôt la folie tourbillonnante dans tous les sens comme… comme rien en fait.
Moony, bondissant sur les lattes du lit, en aurait presque oublié qu’il fallait peut-être demander la permission avant de tout casser. Et aussi qu’il vaut mieux discuter avec les gens au lieu de décider de leur avenir et de les embarquer dans des aventures abracadabrantes. « Non, – Moony c’est bien ca ? - je ne veux pas venir combattre les super méchants avec vous. Ecoutez mademoiselle, je ne sais pas comment vous avez réussi à atterrir ici, mais je vous conseille de faire plus attention par la suite et d’éviter ce genre de problème. Ceci n’est pas convenable pour une jeune femme. » Quel rabat-joie. Moony ravale son sourire enjoué, et croisant les bras, faisant la moue, se rassoit sur le bord du lit, et boude dans son coin.
Mais qu’est-ce qu’il est adorable quand même. Il ne fait que prendre soin d’elle ! Son sourire revient. Le sourire béat avec lequel elle l’admire et baverait presque. Elle est complètement tombée pour lui, en un éclair, plus vite qu’il n’aurait pu l’imaginer possible. « Vous êtes très gentil Monsieur… Oh je ne sais même pas votre nom ! » Essayons la méthode douce. Peut-être qu’en paraissant calme et posée, cela le charmera ? Il est peut-être comme ça lui. Tout l’inverse de Moony. Tout ce que Moony ne peut pas être. La preuve en est que son sourire s’allonge plus encore, alors que des idées farfelues se bousculent dans sa tête. « Je pourrais vous promettre de vous protéger toujours, Monsieur, comme si j’étais une chevalière, et vous mon dulciné ! » Pas sûr que de se faire prendre pour une fille ça lui plaise, tout compte fait. Mais oh n’entravons pas ce regain d’espoir de Moony.
Pour bien appuyer sa proposition, Moony se saisit de ses mains, et s’accroupit devant lui, comme pour le demander en mariage. Quand on vous dit qu’elle tourne pas rond…