Londres pouvait vraiment être une ville magnifique, quoiqu'elle semblait ridiculement modeste face au seul manoir dans lequel Angeline avait grandi. Malheureusement la jeune femme ne se laissait guère émouvoir par le charme des échoppes anglaises lorsque quelque chose la contrariait. Elle ressortit de chez un des commerçants de l'allée des embrumes visiblement agacée. Elle avait horreur qu'on ne la satisfasse pas et là c'était exactement ce qui venait de se passer. Chez elle, elle aurait eu dans les réserves de sa propre maison tout le poison, toutes les plantes, tous les ingrédients rares à portée de main. Mais à Londres, trouver une malheureuse fiole de venin de vouivre devenait tout un problème. Ajoutez à cela que la froide blonde ne déléguait jamais ses commissions à des larbins (elle ne leur faisait pas confiance pour juger aussi bien qu'elle de la qualité de quelque chose) et vous aurez fait la somme de ce qui vous obligerez à vous écarter du chemin d'Angeline Bathory ce jour-là.

Drapée dans une magnifique cape noire, sa peau au teint frais de rose thé, piquée un peu par le froid, semblait aussi lisse et dure que la porcelaine. Elle avait un maintient qui en imposait et qui faisait fermer les bouches devant elle. Personne n'aurait osé faire la moindre remarque devant elle, ni sur sa beauté, ni sur son air supérieur, et encore moins sur sa mauvaise humeur sans doute un peu trop apparente. Quand elle traversait les rues de Londres, on l'aurait cru prête à écraser le monde entier du talon de sa botte, sans même une once de remord. De toute façon Angeline Corvin n'était pas le genre de femme a éprouver du remord. Elle arrivait donc en vue de l'apothicaire du chemin de traverse, irritée par la foule des manants et des sangs impurs qui n'osaient même pas la frôler. Mais le seul fait qu'ils puissent respirer lui donner de l'humeur. Par chance, la populace s'écarter en la voyant. C'était l'intelligence du peuple que de se faire encore plus petit qu'il n'était déjà devant ce qui lui était de toute évidence supérieur. Déjà parmi la crème de la crème, Angeline surnageait. Si le monde avait été une pièce montée elle aurait été la cerise qui couronnait le tout. Rouge et bien distincte au dessus du lot. Tout était l'excellence même chez elle. Même sa façon de snober tout le monde quand elle passait. Malheureusement certaines personnes, encore moins éveillées que les autres n'avait aps la présence d'esprit de débarrasser la belle de leur présence minable. Elle se retrouva donc obligée de faire une remarque désobligeante en passant devant un pauvre hère qui s'adonnait à cette habitude pitoyable et infecte qu'était la cigarette. Elle le regarda de haut en bas sans même baisser le menton puis se permit de faire remarquer:

- Ce n'est pas parce que vous avez des addictions répugnantes qu'il faut absolument en faire profiter tout le monde. Et d'ailleurs... vous ne voyez pas que vous gênez?

Avec un haussement d'épaule supérieur, l'insupportable blonde passa outre le désagréable inconvénient qui gênait le passa pour se diriger droit vers l'homme qui tenait la boutique. Elle lui donna ses ordres de façon très impérieuse, très peu soucieuse de la réaction du croquant qu'elle avait étrillé en rentrant.

Angeline semblait ne pas prêter attention à ce que faisait l'apothicaire. Le menton bien haut, elle semblait dédaigner accorder le moindre regard au sous-fifre qui bien entendu essaya de l'estamper. Elle. Laissez moi rire. L'homme annonça qu'il y en avait pour quatre gallions. Angeline leva un sourcil sévère et l'homme se corrigea immédiatement. Une chance pour lui sans quoi elle serait partie sans rien payer du tout en n'omettant pas de rappeler que dans son pays il y avait encore peu, on coupait une main aux voleurs. Nous nous en tirions donc très bien.
La blonde se dirigea à grand pas vers la sortie sans plus prêter attention aux excuses de l'imbécile qui avait cru pouvoir escroquer une Bathory. Les gens ne doutaient tout de même de rien. Et d'ailleurs en parlant de ça:

« Un souci peut être ? », demanda le pauvre diable qu'elle avait déjà houspillé en entrant.

Il se trouvait au milieu - une fois de plus - lui barrant sciemment le passage. Hors si il y avait une seule chose qu'Angeline ne tolérait pas (en fait il y en avait toute une liste mais passons sur cet infime détail), c'était bien qu'un être inférieur à elle se permette de telles démonstrations d'arrogance. Elle trouvait cela non seulement ridicule mais pire encore, c'était une perte de temps notoire. Une perte de SON temps bien sûr. Elle se fichait bien de savoir que l'autre perdait ou non son temps à la vérité.

« Moi? Non aucun. », répondit-elle, très désinvolte.

Sur ce, elle sortit ça baguette et dégagea le passage de tout ses encombrants, poussières, graviers, petits papiers... indésirable blondinet passablement insupportable. Elle ne prit même pas la peine de regarder s'il s'était fait mal en heurtant le je-ne-sais-quoi qui avait arrêter son léger vol, et traça tout droit comme si de rien n'était.

« Hey toi ! Est-ce que tu sais au moins à qui tu as affaire là ?! »

Angeline leva un sourcil. Ce pouilleux osait la toucher. Elle! Angeline Hel Corvin. La blonde se dégagea le bras d'un mouvement sec, haussant un sourcil pour couronner cet air supérieur et méprisant qu'elle avait. Pour autant, Cem venait de réussir un exploit: attirer l'attention de la fille de Matthias Corvin. Peu de gens pouvaient s'en vanter. Il y avait bien eu une fois ce malheureux indigent qui avait eu le malheur de lui demander une piécette et qui n'avait eu droit qu'à un coup de pied pour avoir eu la triste idée d'essayer de se pendre à la botte de la belle hongroise. Mais en dehors de ça... on pouvait dire que Cem remportait la palme avec plus de cinq minutes d'attention accordée et un semblant de conversation débutée:

« Visiblement à un aliéné, en tout cas à un imbécile qui ne sait pas lui-même à qui il a à faire. »
« Je suis Cem Astier, ok ?! Et on ne fait pas ca à Cem Astier. Crois moi Blondie, tu vas le regretter, et correctement ! »

Angeline roula des yeux. On ne fait pas ça à Cem Astier. Déjà d'une elle n'avait jamais entendu parler de Cem Astier, ce devait donc être une "sommité" du monde magique. De deux elle ne permettait pas que n'importe qui la touche, et d'ailleurs elle défroissa son manteau d'un geste on ne pouvait plus pédant. Enfin, on n'approchait pas ainsi son visage de la jolie blonde. D'une parce que ça lui rappelait typiquement le comportement de son fiancé qui croyait pouvoir tout diriger de deux... de deux parce que ça ne vous regarde pas. Bref.

« Je suis Cem Astier, et tu vas regretter d’avoir oser me tenir tête. »
« Te tenir tête? Tu rigoles j'espère. Tenir tête à un sale petit rat dans ton genre. Mais je ne tiens rien du tout mon pauvre garçon, c'est toi qui t'entête seul alors que tu as perdu d'av... »

Elle s'interrompit sentant quelque chose remonter le long de ses jambes. Elle put voir le béton comme liquéfié, prêt à l'engloutir. Elle eut juste le temps de lever le bras mais son sortilège se perdit dans les airs alors qu'elle se retrouvait comme statufiée en plein milieu de la rue, mais bien consciente. La voix de Cem qui fanfaronnait ne fit que lui donner un peu plus d'humeur, pigée qu'elle était dans son enveloppe de béton. Il passa bien une ou deux minutes sans que rien ne se produise. Il semblait que Cem avait triomphé de la peste blonde et les passants évitaient même de croiser le regard du "terrible sorcier" qui venait d'emmurer vivante une si belle jeune femme. La statue ne gâchait même rien de la beauté froide d'Angeline quoiqu'on lui aurait sans doute préféré du marbre à du vulgaire béton. Puis autour d'eux dans la rue, les gens se mirent à tousser, puis à suffoquer. Il y avait dans l'air un courant invisible qui piquait les gorges et Cem devait sans doute le sentir lui aussi. Les gens s'éloignèrent sans demander leur reste, manquant le clou de ce spectacle macabre. Peu à peu la statue de béton aurait dû commencer à s'effriter, à s'écailler. Du moins c'était ainsi qu'Angeline l'avait entendu. Elle n'allait pas non plus lui dire comment elle savait que le dioxyde de carbone, omniprésent en ville, était la bête noire des meilleurs bétons. Il n'avait qu'à ouvrir un manuel de chimie pour débutant. Se donner la peine de riposter? Certainement pas. Angeline n'accordait de duel qu'aux plus grands duellistes, dans l'idée que ça pouvait lui apporter quelque chose. Les autres ne constituaient qu'une perte de temps notoire, même si elle devait l'avouer - mais ne le ferait certainement pas - Cem l'avait surprise par son inventivité. Pourtant rien ne se passa et elle commençait franchement à suffoquer, ce qui pour elle avait une chance sur deux de ne pas vraiment être un problème, mais elle n'entendait pas devenir vampire de si tôt (jamais serait le mieux). Elle avait trop de mépris pour les faiblesses de ces créatures. La seule explication rationnelle à l'échec de son sortilège, était que ce qui la retenait prisonnière n'était pas du béton... la seconde idée qui lui vint, lui tira un frisson d'horreur, non pas parce qu'elle avait peur de mourir comme ça, mais surtout parce que... ce Cem Astier était plus intelligent qu'il n'y paraissait. Une illusion. A la seconde où l'idée traversa son crâne, elle sentit l'air s'engouffrer dans ses poumons et son corps perdit sa rigidité, ce qui eut pour effet de la déséquilibrer. Angeline serra les dents. Jamais de sa vie elle ne s'était retrouvée agenouillée devant qui que ce soit. Rien que pour ça, ce sinistre individu méritait la mort. Elle jeta un informulé et un jet d'argent éblouissant fonça droit sur Cem, seulement il se divisa en une centaine de traînées lumineuses qui allèrent crucifier Cem au mur, transperçant sa peau sans toucher les organes vitaux. Angeline se releva et approcha de son alter-ego (rien que l'idée la faisait frissonner de dégoût) au point qu'il pouvait sentir son souffle sur son visage:

« ...si tu veux vivre longtemps, ne me sous-estime jamais Cem. »

Elle ne lui donnerait pas son nom. Pas question. Elle lui avait déjà fait l'immense honneur de répondre à ses attaques. A l'intérieur elle bouillonnait de rage, mais en apparence, elle avait un visage incroyablement bien maîtrisé, elle ne laissait passer que ce qu'elle voulait.

« Et toi non plus Blondie. Ne me sous estime pas. »

Elle eut un fin sourire, le genre qui aurait pu donner envie à Iancu de l'embrasser alors qu'à la vérité il annonçait à grand cri qu'il se prendrait une baffe s'il essayait. La différence entre ce blanc-bec qui se pavanait sous son nez et son cousin éloigné, c'était que Cem parvenait à se rendre intéressant. Elle ressentait même un certain plaisir à le remettre à sa place ou du moins à lui rendre les coups.
Il y eut tout à coup un cercle de flammes autour d'elle mais la venimeuse Corvin ne fit même pas le plaisir à son adversaire de sursauter. Ne jamais se laisser surprendre.
Elle leva ostensiblement les yeux au ciel, et eut un geste nonchalant de la baguette. Les langues brûlantes se gelèrent sur place et Angeline donna un grand coup dedans, appuyant le geste d'un coup de baguette. Elle renvoyait à Cem ses flammes sous la forme de dangereux pics à glace lancés à pleine vitesse.

« Si tu ne veux pas que je te sous estime ne te bats pas comme une petite fille. »

« C’est toi qui le demande, ne l’oublie pas quand tu finiras à Sainte Mangouste Barbie. »

Elle a Ste Mangouste? La fine blague. Elle ne mettrait jamais les pieds dans un institut pour nécessiteux. Bref. Elle n'eut guère le temps de répliquer qu'elle sentit une pression invisible sur tout son corps délicat. Elle n'aimait déjà pas qu'on la touche, alors qu'on la broie... elle qui avait un corps de danseuse de boîte à musique, gracile, les poignets en attaches parisiennes et le teint délicat et frais d'une fleur... Elle sentit sa cage thoracique craquer dangereusement. Elle étouffa un cri de douleur, trop bien élevée, trop fière pour l'offrir à Cem. Elle sentit une douleur atroce lui perforer le corps, et un peu de sang lui remonter dans la bouche. Par chance son orgueil à elle était trop démesurés pour qu'elle accepte de mourir aussi bêtement. Elle ferma les yeux, l'air de se concentrer. Ou peut-être qu'elle cherchait une façon moins désagréable de mourir. Mais c'était peu probable. Lentement, parce que la pression imposée sur son corps l'empêcher de faire vite, elle pointa sa baguette droit sur Cem. De son point de vue, pile entre ses deux yeux. Un petit filet de sang coulait à la commissure de ses lèvres comme elles s'étiraient en un sourire machiavélique. Puis tout d'un coup il y eut comme une déflagration. Le souffle d'une explosion invisible les propulsa aux antipodes l'un de l'autre, explosant la plupart des bâtiments déjà fragilisés par les hordes de démons qui courraient les rues à longueur de temps.


« ...mais ce serait tellement dommage d'arriver à en sauver un et pas l'autre. Franchement Betty si elle meure moi je ne me sens pas d'annoncer à ce pauvre jeune homme qu'il a perdu sa fiancée... », prévenait Rosie la larme à l'oeil en surveillant les constantes de la jeune femme étendu dans le lit près de la fenêtre, juste à côté de celui de son petit-ami.
« Ah non. C'est tes patients. D'ailleurs on dirait que le garçon se réveille, je te laisse lui faire le point j'ai réunion. »
« ...mais... Bon. Monsieur? »

Elle ouvrit les pupilles du garçon, lui éclairant les yeux d'un sortilège pour voir si ses pupilles étaient réactives. Dans l'autre lit, ladite "fiancée" faisait pâle figure. Elle avait la pâleur de la mort et semblait trop immobile pour que ce ne soit pas inquiétant.

« Ouais, ouais… j’entends. »
« Non non, ce ne serait pas bien raisonnable... », déconseilla l'infirmière en l'obligeant à se rallonger dans son lit. « vous semblez avoir de bon réflexe. Vous vous rappelez votre nom? Votre prénom?... »

Elle attendit bien sûr qu'il lui réponde, cet air navré toujours affiché sur son visage. Elle tournait et retournait dans sa tête les façons de lui annoncer la terrible nouvelle. Elle lui prit le pouls, puis la main avant d'annoncer.

« J'ai en revanche de mauvaises nouvelles pour vous. Cela me fend le coeur de vous le dire mais votre amie n'est pas stable du tout. Elle s'enfonce de minute en minute, il faut vous préparer au pire... chut. Ne dites rien, je sais que c'est dur... il n'y a pas de plus grande douleur que de perdre son enfant ou l'amour de sa vie, mais si vous ne voulez avoir aucun regret vous devriez... lui dire adieu. Si vous avez besoin de pleurer ne vous retenez pas surtout, je... je vais vous laisser un peu d'intimité. », elle fit un petit sortilège et le plafond se changea en miroir, « Comme ça vous pourrez la regarder malgré tout... »

Elle s'empressa de sortir, persuadée qu'une scène tragique à la roméo et juliette allait se dérouler là, et elle ne voulait pas y assister de peur de fondre en larme. De toute façon il fallait qu'elle transmette son rapport au médicomage qui s'était occupé de ce malheureux petit couple.

« Ahah. Et bein Blondie, on dirait que c’est moi qui ai gagné au final. Comme si c’était surprenant, franchement tu avais pas la carrure. Bon clope time. Où es mon putain de paquet ? »

A la seconde où il termina sa phrase, un long bip sonore retentit dans la pièce. Angeline n'avait pas bougé d'un pouce. Un homme entra dans la pièce à toute vitesse. C'était le genre de médicomage qu'on ne voyait que dans les séries du genre amour gloire et sorcier, mal rasé mais jouant sur une image d'homme mûr sexy. A peine posa-t-il ses mains sur Angeline, que le bip s'arrêta. Les plaies superficielles qu'elle avait au visage se refermaient à vue d'oeil.

« ...mmmh, tu sens bon, qu'est-ce que... », murmura la blonde d'une petite voix encore enrouée. Elle ouvrit un oeil, l'éclat bleu des ses iris était vif et acéré comme une lame de rasoir.« enlevez vos mains de là tout de suite où je vous tords le cou.»
« Vous n'êtes pas dans votre état normal mademoiselle... je suis le d... »
« Je vais très bien maintenant soit vous retirez de vous même vos mains de là, soit je vois fais avaler votre bistouri préféré et je vous prie de croire que vous allez le sentir... », c'est à ce moment qu'elle remarqua Cem, « ...passer. »

Le beau médicomage leva les mains, quittant la chambre avec l'intention de signaler l'attitude de sa jolie patiente. La blonde ferma douloureusement les yeux, retrouvant ce parfum qui l'avait pour ainsi dire tirée de son coma et qui n'était pas celui du médecin.

« Finalement tu n'es pas trop amoché, Cem. »

Elle eut un petit sourire amusé. Elle avait l'air de s'être parfaitement remise, mais elle restait faible, elle le sentait. Elle avait surtout un mal de crâne insupportable, preuve que son héritage familial travaillait dur et lui échauffer le sang. Elle détestait avoir à se retrouver comme ça, mais elle aurait presque apprécier le fait d'avoir rencontrer quelqu'un qui avait été capable de mettre la barre plus haute. Bien sûr ça ne lui poserait pas de problème de le surpasser mais ça valait d'être marqué d'une pierre blanche.

« Toi non plus, on dirait. »
« J'ai un bon héritage familial. », se contenta-t-elle de répondre.

Ce n'était pas du tout son genre d'aller livrer ses secrets de famille au premier venu. Plus tard elle serait à la tête de la banque de Hongrie, autant dire que si quelqu'un savait se montrer circonspect c'était bien elle. Ce n'était même pas loin d'être une seconde nature chez elle. N'avait pas son nom qui voulait, et de même elle n'adressait pas la parole au premier crève-la-faim du coin. Non. Angeline Corvin ce n'était pas n'importe qui, donc, elle ne fricotait pas avec le bas de l'échelle.
Elle suivit le petit manège de Cem tandis qu'il venait se traîner au pied de son lit, pour mettre le nez dans son dossier médical. Elle ne put réprimer une grimace hautaine en voyant l'emblème de Sainte-Mangouste sur le porte-document. Se retrouver dans un institut de quatre-sous... elle aurait encore préféré se réveiller en pleine rue au milieu des manants... quoique peut-être pas.

« Angeline Corvin, hein ? Nièce de Yon Winchester… Pas tellement étonnant en fin de compte. »
« Pitié ne me dis pas que toi aussi tu es un de ses...», une drôle d'expression annuyée passa sur ce joli visage de poupée russe qu'elle avait,« fans... tu baisserais dans mon estime. Yon Winchester n'est qu'un oncle par alliance, nous ne sommes donc pas liés par le sang. »

Elle s'abstiendrait de faire remarquer qu'elle était plus racée que son oncle, c'était une précision inutile à ses yeux. Il ne fallait pas s'y tromper pourtant. Angeline ne détestait pas Yon. Elle avait même un certain respect pour l'homme et c'était d'ailleurs un excellent businessman, mais Angeline ne partageait pas son opinion que pour régner il fallait se faire aimer de tous mêmes de ceux qu'on projeter de martyriser. Elle était sans doute moins manipulatrice, mon psychologue - il ne manquerait plus que ça: Angeline psychologue! Plus le genre à martyriser à tout va sans chercher à assurer ses royaux-arrières si tant était que l'envie lui prenne. Angeline n'avait pas besoin de se justifier. Elle était née dans la crème de la crème, au dessus de tout. Pourquoi aurait-elle eu à justifier son dégoût de toute la lie qui traîner à ses pieds et qui salissait ses bottes quand elle la piétinait? Encore, elle vous aurait répondu " eh bien quoi, ce qui traîne par terre c'est fait pour être piétiné non?

« Mais Angeline sérieux ? Tu ressemble plus à un démon qu’à un angelot blondie. »

Elle eut un sourire lumineux, sincèrement angélique à l'entente de ces quelques mots.

« Il paraît oui. Les apparences sont souvent trompeuses. Et puis je préfère être un démon qu'une femme objet... », comme ma mère, pensa-t-elle avec mépris.« Bref... j'ai besoin de faire un bon repas et il est clair que ce n'est pas ici que... »

Mais elle fût interrompue par le retour de l'infirmière Rosie, flanquée de deux autres médicomages , plus baraqués:

« Debout! Mais je rêve non rec... »
« N'y pensez même pas. », grinça Angeline en voyant que l'infirmière approcher pour la remettre dans son lit. La blonde épousseta son épaule, un air de peste ultra-méprisante bien affichée,« ...et laissez le donc lui aussi. Nous sortons de toute façon, nous n'avons pas besoin de vous. », puis comme elle voyait les molosses s'approcher d'elle, elle roula des yeux, soufflant pour elle même un "comme-ci" arrogant au possible,«A mon avis si l'héritière de la banque de Hongrie vous poursuit en justice ça vous coûtera plus cher que d'aller me chercher deux décharge sur l'instant. Et de grâce, épargnez nous les veines paroles, j'ai horreur qu'on me fasse perdre mon temps.»
« Mais vous ne prenez même pas un repas... dans votre état... »
« Les décharges. Nous irons dîner sur Mayfair Street, je ne veux pas de la galimafrée que vous aviez pensé me servir. »

Elle signa sa propre décharge et tandis la sienne à Cem après avoir fait sortir le petit personnel complètement incapable de Sainte-Mangouste.

« Te voilà libre. Maintenant à moins que tu ne veuilles dîner avec moi c'est ici que nos chemins se séparent Cem. Ce fut une rencontre...pas inintéressante. »

Elle n'allait pas l'inviter officiellement à dîner, d'abord parce que son parfum était beaucoup trop entêtant et de deux parce que c'était à lui de l'inviter, mais elle attendit tout de même de voir s'il avait quelque chose à ajouter. Par pure curiosité.

Qu'il paye sa part? Il n'en était pas question. Angeline était bien trop fière pour aller quémander un repas à qui que ce fut, et si elle ne l'aurait pas accepter de son futur époux (même en omettant le fait qu'elle le détestait) , elle l'aurait encore moins toléré de Cem Astier. Autant lui demander de faire acte de charité, autrement dit vous rêvez en plein. Arrivée au restaurant elle se laissa débarrasser de son manteau et s'assit tranquillement adresser un seul regard aux personnels. Après tout, ils n'étaient pas de son rang, elle faisait déjà beaucoup en les gratifiant de sa seule présence.

« Alors ? Un bonne héritage familial hein ? Tu es quoi ? Lycan ? Vampire ? »

Angeline haussa dédaigneusement les épaules.

« Lycan? Tss non mais tu m'as bien regardée? Je ne suis pas un de ces vulgaire sac-à-puce... », autant dire tout de suite qu'elle ne dérogeait pas à la règle qui voulait que les vampires et les lycans ne s'apprécient guère, quoiqu'en ce qui la concernait, elle n'aimait pas plus les vampires. Ils étaient simplement un peu plus raffinés à son goût mais n'en restaient pas moins de la viande froide, souvent incapable de se contrôler. Tout était là d'ailleurs: le self-contrôle. Angeline était ce genre de maniaque qui ne perde jamais rien de vue alors bien sûr... d'ailleurs vous remarquerez qu'elle ne répondait pas vraiment à la question.
Elle le laissa houspiller le petit personnel jusqu'à plus soif, ne cachant pas qu'elle appréciait le spectacle. Mais pourtant elle ne fit aucun commentaire. Pour sa part elle avait déjà passé commande d'une pièce de viande noble, qu'elle voulait bleue et sans délais bien sûr. D'ordinaire elle avait tendance à choisir plus raffiné mais dans son état, quoique bien meilleur que celui de Cem, il lui fallait reprendre des forces.

« On dit « tout de suite » quand on parle à des clients. Fais gaffe à ton langage merde. »

Angeline eut un petit sourire amusé et murmura quelque chose pour elle en magyar. Dans sa bouche la langue roulait avec noblesse et froideur, c'était exquis. Elle observa Cem un petit instant, se disant qu'il ferait mieux de se ménager mais par égard pour l'orgueil du jeune homme elle ne dit rien. Ce n'était pas si souvent qu'elle se souciait de ne pas froisser un égo. Généralement elle y prenait même un malin plaisir, mais peut-être en avait-elle eu assez pour la journée.

« Le whisky de monsieur. Vous ne prenez rien madame? »
« C'est un peu tard pour s'en soucier. De toute façon je ne suis pas venue là pour boire mais pour manger. Je croyais l'avoir déjà fait savoir. »

Et la serveuse de se carapater, n'essayant même plus de se confondre en excuse. Angeline admira son travail avec un de ses petits sourires supérieurs qui lui allaient si bien puis reporta son attention sur Cem.

« Je ne sais pas de quoi tu te nourris d'ordinaire mais tu as intérêt à avaler quelque chose avec ce whisky parce que je n'irais pas te ramasser quand tu seras complètement assommé. D'autant que Ste Mangouste... », elle ne voulait même pas en parler...« ... enfin c'est ton problème. », conclut-elle en voyant arriver son assiette.

« Vampire donc… »

Angeline se contenta de le sonder du regard, un demi-sourire très "Corvin" sur les lèvres, sans apporter plus de réponse. Un Bathory ne parlait jamais de son sang, ni de ce que leurs dons avaient d'obscurs. Elle avait pourtant une certaine sympathie pour l'infecte Cem Astier, sans quoi, elle ne se serait pas privé de l'envoyer sur les roses sans même éclairer sa lanterne.
Mieux encore, elle le laissait l'observer sans avoir vraiment l'air d'y prêter attention quoiqu'en vérité, elle prenait un certain plaisir à l'observer elle aussi, complètement insensible aux regards de la serveuse affectée à leur table.

« Alors qu’est ce qu’une Corvin fait ici ? Tu devrais pas plutôt te les geler en Hongrie plutôt qu’ici chez les british ? Quoique je comprenne que Londres soit plus intéressante que Budapest. Après tout j’y vis.»

Elle leva un sourcil, les lèvres suspendues au dessus de son verre. Un petit éclat lumineux passa sur son visage, annonçant qu'elle allait être, par jeu, cette Angeline que très peu de gens pouvait supporter. Elle posa son verre, comme savourant ce moment. Elle eut un petit mh amusé et répondit enfin:

« J'ai bien peur que pour le moment, ça ne te regarde pas Cem. »

Elle fronça légèrement les sourcils comme il s'apprêtait à s'en griller une. Les addictions étaient pour Angeline des signes de faiblesse évidents. Elle ne pouvait donc qu'étriller quiconque se prêter devant elle à ce genre de chose. On l'avait même une fois entendue moquer le ministre hongrois pour son goût des femmes, sans qu'il ne lui en ai rien coûté au final. Mais curieusement là, elle ne fit aucune commentaire, forte de ce qu'à ce rythme là, Cem Astier ne finissait pas le dîner. Il n'aurait manqué qu'une petite contrariété pour affoler le reste de ses sens et le mettre K.O, toujours selon l'estimation de la belle magyare.

« Monsieur je ne peux vraiment pas vous laisser fumer ici. Si vous n'écrasez pas cette cigarette je serais contrainte d'en référer à la direction.»

Angeline eut un sourire moqueur et un pauvre folle, murmuré pour elle même. Mais elle ne s'ne mêla pas, se préférant spectatrice.

Angeline suivait la scène sans intervenir, d'une parce qu'il lui était complètement égal de savoir ce qu'il allait arriver à Cem et à la serveuse plus encore. Tout ce qui lui importait c'était de finir la pièce de viande qu'elle avait commandé. Une légère fièvre lui indiquait que sa guérison s'achevait à vitesse grand V, annonçant une grande fatigue à venir. Elle devait donc prendre des forces.

« J’espère que tu te rends compte que la barbie ici présente est une Corvin. »
« Voilà qui est bien facile... », se moqua Angeline pour elle même.
« Qu… Que ?... Veuillez m’excuser. »
« Je ne suis pas des gens qui prêtent pardon. Si vous voulez vous éviter mon courroux il vaudrait bien mieux pour vous ne pas vous mettre en situation d'avoir à vous excuser. », cingla la belle blonde sans même lever le nez.

Elle termina son assiette sans même que l'argent des couvertes ne fasse crisser la porcelaine, puis, prenant la grande serviette blanche à côté d'elle, elle s'essuya la bouche de cette manière toute aristocratique qui faisait de chacun de ses geste le parangon de l'élégance même. Le dos bien droit contre le dossier de sa chaise, la nuque de cygne dégagée sous ses cheveux attachées.
Elle releva ses yeux sur le sourire rossard de Cem, s'en délectant d'un battement de cils d'or. Pourtant l'embrassant d'un seul regard, elle le trouva pâle et curieusement faible. Inutile de dire que ça n'allait pas du tout au garçon qui l'avait importunée devant ce commerce de quatre-sous.

« Hm… Super pratique de t’avoir à ma table Angie. »

Elle leva un sourcil d'une finesse toute princière.

« Tu fais pâle figure Cem, ta mixture ne te réussit pas si tu veux mon avis. »

Angeline avait senti venir le coup rien qu'à voir le teint mortifère de Cem. Mais croyez vous qu'elle s'en soit particulièrement alarmée? Non. Bien sûr que non. Mademoiselle termina tranquillement son assiette et au moment où elle posait sa serviette, Cem s'effondra. La serveuse poussa un petit cri et se précipita pour lui venir en aide:

" Je vous interdis de le toucher.", annonça la hongroise presque indifféremment.

Son attitude froide et détachée stoppa net quiconque aurait eu l'idée de faire quelque chose. On entendait de loin donner ordre de prévenir Sainte-Mangouste. Angeline leva un sourcil et plia sa serviette tranquillement. Elle signa un petit billet et se leva tranquillement pour s'approcher de Cem, avec une étrange sensation d'agacement. C'était cette serveuse idiote qui trépigner de pouvoir venir ramasser son client. Ridicule.

" Vous n'aurez qu'à me l'adresser à la banque de Hongrie", ordonna-t-elle en désignant vaguement le billet qu'elle avait laissé sur la table.

On s'approcha pour lui demander quelque chose mais trop tard, elle avait déjà transplaner, avec Cem toujours inconscient. Elle n'avait aucune raison particulière de l'aider. En temps normal elle l'aurait même laissé crever dans le restaurant plutôt que de se fatiguer à transplaner alors qu'elle n'était quand même pas suffisamment forte pour se permettre ce genre de fantaisie. Mais qu'importe, dans l'état où il était lui, il ne la verrait pas saigner du nez.
Quand elle arriva dans ses appartements, les domestiques la débarrassèrent de son manteau et de Cem mais elle les congédia dès qu'ils l'eurent installé dans sa chambre à elle, là où le lit était le plus confortable. Les draps noirs étaient particulièrement douillets et une épaisse fourrure noire bien chaude attendait pliée au pied du lit. Elle avisa un instant l'anglais endormit dans SON lit et secoua ses cheveux blonds avant de disparaître. Il fallait qu'elle se mette à l'aise avant de venir se pencher sur le chevet de son hôte improvisé. Elle donna ordre qu'on ne la dérange sous absolument aucun prétexte.

Autour d'eux, la chambre était d'une impressionnante sobriété. On aurait pas su dire si c'était la chambre d'une homme ou d'une femme, simplement de quelqu'un d'érudit. Angeline Corvin dans ce qu'elle avait de plus vrai.
Il ne lui fallut presque rien pour estimer l'état de santé de Cem. Les lèvres posées sur son front pour juger de sa fièvre, il lui suffisait de tendre l'oreille pour sentir son pouls quoique faible. Deux doigts sur sa gorge - elle aurait si facilement pu le tuer - pour se faire une idée plus précise. Puis elle disparut un long moment dans une chambre adjacente, et ne revint qu'une fois un petit remontant de son cru concocté. Il lui faudrait dormir, sans doute très longtemps, plus qu'elle ne pouvait passer à son chevet sans mourir d'agacement.
Elle chargea Greed de l'intendance, l'envoyant chercher au besoin ce dont elle pouvait avoir besoin.
Après quelque temps de ce régime, Angeline finit par reprendre ses petites habitudes, n'hésitant plus à venir travailler à son bureau, dans sa chambre car il n'y avait pas d'endroit qu'elle préférait dans l'appartement. Elle n'ouvrait pas les volets, ce qui lui permettait de terminer sa convalescence à elle plus vite. Par ailleurs, elle ne dormait guère, contrariée de n'avoir pas son lit pour elle mais après tout, c'était son choix...

A force de mater des films, on pourrait croire que le coma, c’est rempli de rêves qui symboliseraient en quelque sorte nos soucis enfouis. Pour Cem, et en réalité, ce n’était qu’un tourbillon de fumée qui embrouillait la pensée. Aucune idée, aucune théorie, aucun mot. Le coma, c’était comme un trou noir, au sens premier du terme. La lumière de son intelligence y était étirée au point de s’évanouir comme si jamais elle n’avait existé. Mais lorsqu’elle revient, dissipant ce brouillard inhibant, les charmes de la réflexion reprennent leur ampleurs et on peut le dire, rien ne vaut une pensée claire et cohérente. La première chose qui vient à l’esprit du Astier ne fut pas d’ouvrir les yeux, juste d’apprécier le confort ambiant. Il était de toutes vraisemblances dans un endroit tout confort, où il sentait bon le vieux bois. Le blond n’eut pas envie d’ouvrir les yeux. Il profita juste un moment de sa condition, tout en reprenant peu à peu le parcours de pensées plus approfondies. Cem tenta de se souvenir de ce qui s’était passé. Pourquoi il se retrouvait au lit et pas forcément en bon état quoiqu’il avait guéri relativement vite grâce aux remèdes d’Angie.
Angie… Ou plutôt Angeline. Un démon dans un corps de danseuse slave. Une ballerine aux dents acérés. Une bouée de sauvetage au milieu d’une mer déchainée. Cem ouvrit les yeux.

« Oh, regardez donc la à mon chevet ! Comme c’est pathétique. »

Il avait beau dire cela comme il aurait parlé à n’importe qui. Avec cet air hautain et supérieur doublé d’un désagréable poussé à l’extrême. Mais tout de même, il ne pouvait pas se cacher qu’il était ravi de revoir son visage d’ange.
Le génie se redressa pour s’asseoir sur le lit. Une petite douleur se faisait encore sentir, mais ce n’était rien comparé à la catastrophe du restaurant. Il ne fallait pas être expert en la matière pour déduire de ce niveau de guérison qu’il avait surement dormi plusieurs jours. Il ne fallait pas non plus être expert pour comprendre à qui il devait les potions qui l’avaient guéri. Il aurait pu y rester, mais non. C’était cette princesse des glaces qui l’avait aidé. Pourtant il ne lui avait rien demandé, et il ne demandait rien à personne, se suffisant largement à lui-même. Alors qu’il aurait du penser à la remercier, l’original Cem maudissait le retard qu’il avait pris sur ses travaux. Il commença à sortir du lit.