Elle dormait du sommeil du juste, strictement indifférente à ce qui pouvait l'entourer, hormis probablement, les hurlements de son enfant. Mais celui ci dormait profondément, remuant de temps en temps au gré de ses rêves. La conscience d'Iranoe n'était pas troublée. Elle avait l'étrange satisfaction du travail bien fait même si son jugement semblait être mis en cause. Elle savait qu'elle avait raison et il n'y avait que cela qui l'importait.

Nul rêve ne la dérangeait et si ce n'était une intuition qui lui avait étreint le coeur, elle s'était tout de même couchée non sans avoir entouré la chambre de son fils d'une bonne douzaine de sorts divers dédié à la protection de l'être qui lui était le plus cher. Les heures s'écoulèrent, douces pour elle. Elle était inconsciente que celui qu'elle avait condamné avec la dernière de sévérité venait de se faire la malle.

Enfin, les premières lueurs de l'aube éclairèrent son visage et enclenchèrent le processus de réveil. Elle remua entre ses draps et son mouvements dévoila des épaules nues et d'une blancheur inhabituelle.

-Bien dormi?

Elle sursauta, soudainement éveillée. Ses prunelles grises s'ouvrirent et aussitôt, cherchèrent l'origine de la voix et lorsqu'elles la trouvèrent, la fusillèrent du regard alors qu'elle se redressait violemment. Son premier réflexe fut de se lever rapidement, en attrapant un draps pour couvrir sa nudité et couru jusqu'à la chambre de son fils. Haletente, elle ouvrit la porte doucement, malgré tout et quand elle vit son enfant allongé et dormant paisiblement, elle soupira de soulagement.

Elle referma la porte puis passa une main dans ses cheveux. Lentement, elle revint jusqu'à sa chambre et ouvrit son armoire pour choisir sa tenue du jour. Puis, toujours en silence, elle alla prendre sa douche et ressorti de la salle de bain quelques minutes plus tard, habillée et maquillée. D'une voix calme, elle lâcha.

-Bonjour. Avez vous petit déjeuné?

Visiblement, il n'avait pas dormit et avait passé une partie de la nuit à l'observer elle. Elle lui fit signe de la suivre jusqu'à la cuisine où elle se mis en devoir de leur préparer de quoi manger. Elle posa illico une tasse de lait devant lui et brisa de nouveau le silence.

-Si vous me disiez pourquoi vous m'observez en train de dormir?

Quand il lui annonça qu'il ne déjeunait pas, elle se contenta d'hausser les épaules. Il travaillait pour le ministère, elle le savait. Son dossier était un jour passé dans ses mains et elle avait la mémoire longue. Elle avait appris aussi qu'il aimait le lait... alors autant être aimable avant qu'il ne parte de chez elle. Elle n'avait pas besoin d'avoir une baby sitter. Sauf que...

-Dorian Adderblack est de nouveau en liberté, le ministère a pensé que vous pourriez être une cible de choix pour lui...

Une lueur indéfinissable passa dans ses prunelles métalliques. Elle eut un sourire narquois. Depuis quand le Ministère se souciait de sa personne? Elle passa une main dans ses mèches et continua à préparer son petit déjeuner et celui de son fils. Elle semblait accusait le choc de l'annonce mais en réalité, cherchait où elle pouvait bien planquer son fils pendant quelques temps... suffisamment pour enfermer Adderblack là où il devait être. En se détournant de Mélian, elle fit remarquer.

-Les nouvelles recrues des Aurors sont des incapables cette année.

C'était franc comme parole. Néanmoins, elle ne parvenait pas à être en colère. C'était presque prévisible. L'eau pour son thé en train de chauffer, elle repris la parole.

-Je n'ai pas besoin de Baby Sitter. A mon âge, je n'ai pas que ça à faire que d'être suivie partout... Même si je vous sais capable d'être invisible quand il le faut.

Elle atténua sa voix par un sourire puis soupira.

-Je présume que je n'ai pas le choix, n'est ce pas?

Elle haussa les épaules avant d'aller chercher un parchemin qu'elle couvrit de son écriture fine et toute en volutes. Elle attacha sa missive à une boule de cristal et murmura deux mots. Le parchemin disparu aussitôt. Son regard se posa sur Mélian.

-Je mets mon fils en sécurité. Il ne reste pas avec moi.

Pourquoi lui avait elle expliqué ce qu'elle faisait? Peut être parce qu'elle venait de demander à Kenji de la rejoindre après avoir usé du polynectar qu'elle lui avait donné. Elle se leva, versa l'eau à l'exacte température dans sa théière en fonte puis s'éloigna pour aller éveiller son gamin. Elle s'attendait à ce qu'il la suive. Arrivée près de la chambre de son fils, elle traversa les sortilèges sans efforts et ce fut avec une tendresse insoupçonnée qu'elle se pencha sur son enfant et murmura.

-Mon coeur, il faut que tu te lèves... Je sais qu'il est tôt mais tu pars en voyage ce matin...

Le gamin ronchonna et s'enfonça dans les couvertures. Elle le dégagea avec douceur et se mis en devoir de l'habiller. Le môme posa un regard inquisiteur sur Mélian dès qu'il fut en sa présence. Ses yeux étaient identiques à ceux de sa mère mais son visage n'avait pas les courbes de celui d'Iranoe. D'une voix curieuse mais méfiante, il demanda de but en blanc.

-T'es qui toi? Tu fais quoi ici?

Le regard d'Iranoe vola vers son fils aussitôt ses premiers mots pronnoncé. Elle ne l'avait pas éduqué ainsi mais elle savait qu'il prenait à coeur le rôle d' "homme de la maison". C'était Kenji qui lui avait foutu cette idée dans la tête et le voilà qui la mettait en pratique. Elle regarda la réaction de l'Auror et sourit, vaguement soulagée de voir qu'il l'avait plutôt bien pris. Ainsi, il s'appelait Mélian. C'était toujours bon à savoir. La sorcière, d'un coup de baguette, ouvrit armoires et placards pour en sortir les affaires de son enfant. Elle cala le tout dans un sac de voyage qui fut rétrécit.

-Lou', habilles toi et rejoins nous dans la cuisine. Tu as encore ton petit déjeuner à prendre.

-Oui m'man.

Elle se pencha pour lui déposer un baiser sur son front et tout en le surveillant du coin de l'oeil, retourna à la cuisine. Elle était ainsi, Iranoe. Elle laissait son fils se débrouiller pour qu'il ne soit pas vraiment dépendant des autres... au cas où. Elle sourit à son invité surprise et attrapa sa tasse de thé au passage. Elle ne fit aucun effort pour entretenir une quelconque conversation. Au contraire, elle s'enfonça dans ses pensées et n'en sortit que lorsque son fils arriva pour lui demander de lui mettre ses chaussures. Elle l'assit sur une chaise et se pencha pour le chausser correctement. Et se faisant, le petit trouva intelligent de demander.

-Elle est gentille maman au travail?

Iranoe manqua de s'étouffer sur le coup mais elle ne relèva pas. Elle se contenta de se redresser au moment même où le bruit reconnaissable d'un transplannage se fit entendre derrière la porte d'entrée et avant même qu'un geste pu être fait, un homme de petite stature fit son entrée et salua sans un mot Mélian. Il déposa un baiser sur la joue d'Iranoe et attrapa le petit bout de chou qui s'accrocha au cou de sa mère.

Tu vas bien t'amuser. Et puis, tu en as l'habitude non? Je viens te voir ce soir, juré.

L'enfant soupira puis se laissa emporter après un baiser de sa mère. En tout, l'opération n'avait duré moins de cinq minutes. Le couple disparu avec un portoloin et Iranoe alla refermer la porte. Oui oui, Kenji, l'un des hommes les plus recherchés du monde magique venait de faire un aller retour chez sa soeur, devant le nez d'un des plus illustres Aurors du ministère. Iranoe revint avec un sourire contrit.

-Désolée, il n'est pas très poli ni très bavard.